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traduire

traduire [ tradɥir ] v. tr. <conjug. : 38>
• 1480; lat. traducere, proprt « faire passer »
IDr. Citer, déférer. Traduire qqn en justice, devant le tribunal, aux assises. « Il fut traduit en police correctionnelle » (France). Le président des États-Unis peut être traduit devant le Sénat. II
1(1520) Faire que ce qui était énoncé dans une langue naturelle le soit dans une autre, en tendant à l'équivalence sémantique et expressive des deux énoncés. rendre. Traduire un texte russe en français. « Un terme traduit de l'anglais » (Proust). Absolt Machine à traduire. traducteur (cf. Traduction automatique). Par ext. « Il a réussi à bien traduire son auteur » (Sainte-Beuve). Roman traduit de l'allemand. Auteur traduit en vingt langues. Pronom. (pass.) Les noms propres ne se traduisent pas.
2(fin XVIIe, répandu XIXe) Exprimer, de façon plus ou moins directe, en utilisant les moyens du langage ou d'un art. « traduisant par les mille combinaisons du son les tumultes de l'âme » (Baudelaire). « Les mots qui doivent traduire votre pensée » (Duhamel). Pronom. (pass.) « La joie des spectateurs se traduisait en exclamations » (Gautier).
3Manifester aux yeux d'un observateur (un enchaînement, un rapport). « Les mythes traduisent les règles de conduite d'un groupe social » (Rougemont). La fièvre traduit les réactions de défense de l'organisme. Traduire sa volonté dans des actes. Pronom. Prendre la forme (de). Cette haine « se traduit par un vague [...] désir de nuire » (Hugo). Sa politique s'est traduite par un échec. se solder.
4Par ext. transcoder . Traduire un programme informatique en langage machine. compiler.
Biochim. Synthétiser (une protéine) selon la séquence indiquée par un A.R.N. messager ( traduction, 3o ).

traduire verbe transitif (latin traducere, faire passer d'un point à un autre) Transposer un discours, un texte, l'exprimer dans une langue différente : Traduire du français en allemand. Exprimer un sentiment, une pensée, les rendre sensibles : Le ton de sa voix traduisait son anxiété.traduire (difficultés) verbe transitif (latin traducere, faire passer d'un point à un autre) Conjugaison Comme conduire. Sens Traduire / transcrire. Ne pas employer l'un pour l'autre ces deux verbes de sens différents. 1. Traduire un énoncé, un texte = le faire passer d'une langue dans une autre. Elle a traduit du russe plusieurs romans. 2. Transcrire un texte = le reproduire exactement par l'écriture (transcrire un entretien) ; le reproduire dans un système d'écriture différent (transcrire un mot grec en caractères latins). ● traduire (expressions) verbe transitif (latin traducere, faire passer d'un point à un autre) Traduire quelqu'un en justice, le citer, l'appeler à comparaître devant un tribunal. ● traduire (synonymes) verbe transitif (latin traducere, faire passer d'un point à un autre) Transposer un discours, un texte, l'exprimer dans une langue différente
Synonymes :
- transposer
Exprimer un sentiment, une pensée, les rendre sensibles
Synonymes :
- manifester
- montrer
- révéler
- trahir
Traduire quelqu'un en justice
Synonymes :
- convoquer

traduire
v. tr.
rI./r Traduire qqn en justice, le faire passer devant un tribunal.
rII./r
d1./d Faire passer d'une langue dans une autre en visant à l'équivalence entre l'énoncé original et l'énoncé obtenu. Cet ouvrage a été traduit en six langues.
d2./d Exprimer par des moyens divers. Traduis ta pensée en termes plus simples.
|| Manifester. Une peinture qui traduit un sens aigu des couleurs.
|| v. Pron. Sa nervosité se traduisait par un tremblement des mains.

⇒TRADUIRE, verbe trans.
A. — DR. [Le compl. d'obj. désigne une pers.; avec compl. prép.]
1. Vx. Transférer, mettre (en prison). Il fut traduit des prisons du Châtelet à la Conciergerie (Ac. 1835-1935). Ferdinand est encore traduit en prison pour savoir où vous êtes. J'ai dit de répondre que vous étiez embarqué pour l'Amérique. Ils enragent de ne pas vous tenir. (...) Ils vous auraient condamné indubitablement. Qu'une telle possibilité ait existé, on persécute, comme ce pauvre Ferdinand qui pourrait être aussi longtemps en prison qu'Ordinaire (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 8).
2. a) Citer, appeler à comparaître.
) Traduire à. L'Assemblée nationale a décrété, le 3 décembre, que vous seriez jugé par elle; le 6 décembre, elle a décrété que vous seriez traduit à sa barre (Le Moniteur Univ., 13 déc. 1792 ds Rec. textes hist., p. 64).
) Traduire devant. Traduire devant une commission militaire, un conseil de guerre, un tribunal révolutionnaire, une juridiction professionnelle. Vingt fois j'aurais pu traduire toute cette clique devant les tribunaux (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 166). Pour juger Pucheu, le Comité de la libération (...) fait traduire l'accusé devant le « tribunal d'armée » (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 179).
♦ [Avec attribut du compl. d'obj.] Traduire devant... comme.../en... Seriez-vous traduits en criminels devant la cour d'assises? (COURIER, Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 106). Le gouvernement examina la question de destituer Chatillon de ses grades et dignités et de le traduire devant la Haute-Cour comme factieux (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 239).
♦ [Avec compl. prép. exprimant le but ou la cause] L'assemblée a le droit constitutionnel (...) de le traduire [ministre] pour jugement devant la Haute Cour de Justice (LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p. 64). Tout instituteur privé pourra (...) être traduit pour faute grave dans l'exercice de ses fonctions, pour inconduite ou immoralité, devant le conseil départemental (Encyclop. Éduc., 1960, p. 70).
— [P. méton.] Empl. pronom. passif. Ce n'est plus devant les cours de justice ordinaire que doivent se traduire les crimes d'État; c'est devant le conseil de régence, seul tribunal compétent (SCRIBE, Bertrand, 1833, IV, 3, p. 197).
) Traduire en. Traduire en conseil de guerre, en cours d'assises. Boulanger (...), traduit en Haute-Cour, se réfugia à Bruxelles (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 243).
En partic. Traduire en justice. Préfets (...) Et du moins vous conserverez, Si l'on vous traduit en justice, Le droit de choisir les jurés (BÉRANGER, Chans., t. 2, 1829, p. 159).
) [Sans compl. prép.] Accusé chaque jour pendant seize ans [par des jaloux], jamais je ne fus traduit; une seule fois je fus interrogé par M. Vigny, juge d'instruction (...) je fus renvoyé sur-le-champ (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 27).
b) P. anal. Appeler à paraître. Ayant donc mon opium en poche au moment où je me vis traduit en spectacle devant M. de Sainte-Croix, j'éprouvai une espèce d'embarras dont il me parut plus facile de me tirer par une scène que par une conversation tranquille (CONSTANT, « Cahier rouge », 1830, p. 39).
B. — [Le compl. d'obj. désigne gén. une chose]
1. a) [Le suj. désigne une pers.] Formuler dans une autre langue (langue cible) ce qui l'était dans la langue de départ (langue source) sans en changer le sens. Traduire une lettre, une page; traduire une locution, un mot, un terme. J'ai reçu d'Amérique mon premier volume traduit, commenté, annoté par un Monsieur Hotz (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p. 262). Averrhoès (...) traduisit l'œuvre d'Aristote (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 120).
♦ [La traduction est orale] Quelle route? demanda le postillon en italien.Route d'Ancône, répondit le baron. Maître Pastrini traduisit la demande et la réponse (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 728). On lui posait des questions que traduisait un interprète annamite, et lui, il répondait en méo (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 186).
— [P. méton. du compl.] Traduire un auteur. Il était charmé de vous traduire après avoir traduit Shakespeare (HUGO, Corresp., 1866, p. 522).
Traduire une langue. Un matin, dans la bibliothèque de la Sorbonne, au lieu de traduire du grec, je commençai « mon livre » (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 239).
— [P. méton. du suj.] Lorsque plus tard le droit féodal déclara le serf attaché à la glèbe, il ne fit que traduire par une périphrase le sens littéral du mot Servus (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 169).
— [Avec adj. ou compl. prép. désignant]
♦ [la lang. source] Le Dr Ragu me prête un livre sur Tibère (traduit de l'allemand) (GIDE, Journal, 1942, p. 137). Assise devant le bureau de papa, traduisant un texte anglais (...), j'occupais ma place sur terre (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 68).
Part. passé en empl. subst. Le mur (...) était jaune, du jaune sale des dos de livres brochés, lus, relus, haillonneux. Quelques « traduits de l'anglais »un franc vingt-cinqrehaussaient de rouge le rayon du bas (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 55).
♦ [la lang. cible] Un roi d'Égypte (on ne sait lequel ni dans quel temps) fit traduire la Bible en grec (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 329). J'ignore s'il existe, traduite en français, une bonne histoire de la Russie soviétique (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 444).
— [Avec (loc.) adv. ou compl. prép. de manière] Traduire exactement, fidèlement, librement, littéralement, textuellement, à haute voix, à livre ouvert. Le russe étant resté sa spécialité, lui seul le traduisant couramment (ZOLA, Argent, 1891, p. 40). Le vulgarisateur ne conservera que les mots depuis longtemps reçus et il traduira les autres par des périphrases (Civilis. écr., 1939, p. 26-12).
En partic. Traduire mot à mot, mot pour mot (var.). Il fait des phrases anglaises que je traduis mot à mot, à mesure qu'il les prononce (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 434). Le journal officiel et secret du conclave (...) est traduit mot pour mot sur l'original italien (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 518). Traduire (un texte) en prose, en vers. [Il occupait] ses loisirs à traduire en vers français les Bucoliques de ce poète latin nommé Calpurnius (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 29).
b) [Le suj. désigne un énoncé, une phrase] Que dire aussi de « lead us not into temptation » qui traduit exactement l'original? (GREEN, Journal, 1943, p. 10).
Empl. pronom. passif. Le conducteur idéal est le « high grade moron » qui peut se traduire par « idiot supérieur » (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 41).
c) INFORMAT. Machine à traduire. Synon. traductrice (v. ce mot B 2 a). Après les machines à calculer (...) voici, en effet, les « machines à traduire ». (...) Vues de loin, calculatrices et traductrices se ressemblent comme des cousines (Le Nouvel Observateur, 29 oct. 1979, p. 14, col. 1).
2. P. anal.
a) Transposer dans un autre système ce qui était exprimé dans un premier. Voici, par exemple, une série chromatique traduite en tablature de luth (D'INDY, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 57). Le lexique qui traduit la théorie multiplicative en théorie additive est connu de tous; c'est la table de logarithmes (Gds cour. pensée math., 1948, p. 202).
INFORMAT. On commence à concevoir, et à construire des machines à lire, c'est-à-dire à traduire le graphisme en sons. Ce sont les premières machines vraiment parlantes (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 119). Il faut, avant que les machines puissent commencer leur travail, traduire les documents en perforations (COUFFIGNAL, Mach. penser, 1964, p. 23).
b) Transposer dans une autre forme artistique ce qui existait dans une première. Sur un bloc de noyer, de poirier ou de buis bien plané, l'artiste trace à la plume la composition que doit traduire le graveur (DACIER 1944, p. 6):
L'on a cru devoir (...) commander pour les niches à autels d'immenses peintures, traduites (...) en des mosaïques que façonnèrent des fabricants de pâtes de couleur, en Italie.
HUYSMANS, Foules Lourdes, 1906, p. 91.
Traduire en images une œuvre littéraire (vieilli). Adapter pour le cinéma. Si vous prenez une comédie pour la traduire en images, vous la gâchez! (Le Film, 21 oct. 1918 ds GIRAUD 1956).
c) ) Transposer la réalité, la représenter
— Transposer la réalité, la représenter par les arts graphiques ou plastiques. Il écrit, parce qu'on ne peut pas traduire l'homme en peinture (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1266). Empl. pronom. passif. Vers trois ans, ces traces commencent à devenir imitatives, mais le bonhomme se traduit par un rond et deux bâtons (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 116).
— Transposer la réalité, la représenter sur la scène. Aujourd'hui que la noblesse est mise au néant et pulvérisée, est-ce bien le cas de la traduire sur le théâtre, dans la personne d'un misérable souillé de toutes les bassesses et de tous les crimes? (MUSSET ds R. des Deux Mondes, 1832, p. 641).
) Représenter par un graphique, par une carte. La statistique peut traduire en courbes et en chiffres ce déséquilibre vécu par l'existence humaine entre l'homme et son univers (J. VUILLEMIN, Être et trav., 1949, p. 143).
d) Transposer un projet dans la réalité, le concrétiser. Un trait essentiel de la résistance française est la volonté de rénovation sociale. Mais il faut la traduire en actes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 95).
Empl. pronom. passif. Avaient-ils des idées neuves? Elles ne se traduisaient pas dans les faits (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 144).
e) ) Rendre sensible, rendre manifeste un sentiment (par un mot, par une expression du visage). Tu m'avais juré ... Il eut un hochement de tête. Il traduisit d'un mot son scepticisme:On jure tant de choses (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 426). Empl. pronom. passif. Tout (...) avait été dit, redit, répété cent fois, la parole devenait inutile, tout se traduisait par le regard et par le sourire (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 204).
) Interpréter un geste. Empl. pronom. passif. Debray (...) fit un geste qui pouvait se traduire par la formule la plus polie d'exprimer cette idée:Comme il vous plaira! (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 630).
3. P. ext.
a) Être l'expression d'un phénomène. Ni Réaumur ni Spallanzani ne pouvaient donner l'interprétation chimique des phénomènes qu'ils ont observés. En effet, on ignorait à cette époque (...) le type de réaction chimique qui traduit la digestion des aliments (CAMEFORT, GAMA, Sc. nat., 1960, p. 120). Empl. pronom. passif. Je déploie une grande activité soudaine qui se traduit par des nettoyages, des jardinages insensés ou un déménagement (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 55).
b) Empl. pronom. passif. Être la conséquence d'un fait. Hier j'ai appris que le lieutenant G... allait partir, ce qui va se traduire pour moi par un surcroît de travail (GREEN, Journal, 1942, p. 277). L'atteinte du nerf optique (...) se traduit par une baisse de l'acuité visuelle (QUILLET Méd. 1965, p. 349).
Prononc. et Orth.:[], (il) traduit [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1480 dr. « citer, déférer » (Confirmation du privilège accordé aux habitants de Besançon ds Ordonn. des Rois de France, t. 18, p. 614: [ils ne puissent être] tenuz ou traduits en cause et procez); 1668 (LA FONTAINE, Fables, I, 21: Devant certaine Guêpe on traduisit la cause); 1734 traduire en justice (J. B. DUBOS, Hist. crit. de l'établissement de la monarchie fr. dans les Gaules, éd. 1742, p. 381); 2. 1622 « transférer (quelqu'un) » (PEIRESC, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 6, p. 32: traduire en lieu de seure garde). B. 1. 1520 « faire passer d'une langue dans une autre » (Dialogue tres elegant intitule le Peregrin [...] traduict de vulgaire italien en langue françoyse par maistre Françoys Dassy ds Z. rom. Philol. t. 87, p. 101); 1559 p. méton. traduire un auteur (RONSARD, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 10, p. 107, 130: Si tous les bons auteurs [...] Estoient ainsi traduits); 1955 machine à traduire (A. SAUVAGEOT, La Machine à traduire ds Vie Lang., avr. 1955, p. 170); 1959 (E. DELAVENAY, La Machine à traduire, Paris, P.U.F.) . 2. 1654 p. ext. « expliquer, interpréter, exprimer » (GUEZ DE BALZAC, Dissertations chrestiennes et morales, éd. 1665, p. 369: traduire la pensée d'un veritable Romain); 1680 (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 793: à bien traduire tout ce que j'ai dit); rare av. la fin du XVIIIe s. 1788 (FÉR. Crit.); 3. 1807 « manifester, rendre sensible » (STAËL, Corinne, t. 2, p. 35: traduire aux regards tous les sentimens de son ame); 1810 pronom. (ID., Allemagne, t. 1, p. 174: cette terreur du ridicule [...] s'est traduite en férocité). À empr., puis adapté (d'apr. conduire, déduire, etc.) du lat. class. et b. lat. traducere « conduire au delà, faire passer, traverser; faire passer d'un point à un autre; gramm.: introduire (un mot dans une autre langue), dériver », formé de tra- (pour trans-) « au delà-de, par delà » et ducere « conduire, mener ». B empr., puis adapté du lat. des humanistes traducere « faire passer d'une langue dans une autre », néol. sém. créé vers 1400 par l'aut. ital. L. A. Bruni (soit consciemment, soit par fausse interprétation du passage de Aulu-Gelle I, 18, 1: vocabulum Graecum vetus traductum in linguam Romanam, où traducere signifie en fait « introduire, transporter », cf. MIGL. Ling. ital., p. 303, L. WOLF ds Z. rom. Philol. t. 87 1971, pp. 99-105), et répandu à partir de la 2e moit. du XVe s.: ca 1469 à Strasbourg, 1478 à Saragosse, 1490 à Paris (ds WOLF, loc. cit.). Cf. l'ital. tradurre (av. 1420, DOMENICO DA PRATO, ibid.). Traduire s'est substitué à l'a. fr. et m. fr. translater. Fréq. abs. littér.:3 344. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 115, b) 3 412; XXe s.: a) 4 437, b) 6 210. Bbg. FRANÇON (M.). Two Fr. notes. Language. 1948, t. 24, p. 178; Notes sur le vocab. poète, poésie, humaniste, traduire, cavillation. Bibl. Hum. Renaiss. 1967, t. 29, pp. 159-161. — QUEM. DDL t. 4, 21. — Traduire: les idées et les mots. Ét. Ling. appl. 1976, n° 24.

traduire [tʀadɥiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1480; du lat. traducere, proprt « faire passer », de trans, et ducere « conduire »; « traduire » chez Aulu-Gelle, acception qui ne s'est pas étendue aux dér. latins traductio et traductor.
———
I (1535; sens concret, dér. du sens propre du lat. traducere). Dr. (vx). Transférer.Mod. || Traduire en…, au…, devant… : citer, déférer. Passer (faire). || Traduire qqn en justice, devant un tribunal, au tribunal, aux assises, en police correctionnelle, par-devant le commissaire de police (→ Infamie, cit. 5; outrage, cit. 6; piètre, cit. 1; relaxer, cit. 1). || « Devant certaine guêpe on traduisit la cause » (cit. 44).
———
II
1 (1520). Faire que ce qui était énoncé dans une langue le soit dans une autre, en tendant à l'équivalence sémantique et expressive des deux énoncés. Rendre; gloser, interpréter. || Traduire un texte dans une langue, en français, en chinois. Mettre (→ Fidèlement, cit. 1; fragment, cit. 4; opérer, cit. 4). || Traduire un texte, un livre d'une langue (dans, vers une autre), du russe, de l'anglais. || Traduire un mot anglais, une locution anglaise, par un mot, une locution française. || Traduire (un texte) en prose, en vers (→ Rimeur, cit.).Par ext. || Traduire un auteur. Expliquer (→ Docte, cit. 4; rendre, cit. 40). || Traduire Virgile en style burlesque. Travestir. || Traduire en clair. Déchiffrer.
1 (…) tout le travail de la Traduction est une pesée de mots. Dans l'un des plateaux nous déposons l'un après l'autre les mots de l'auteur, et dans l'autre nous essayons tour à tour un nombre indéterminé de mots appartenant à la langue dans laquelle nous traduisons cet auteur, et nous attendrons l'instant où les plateaux seront en équilibre.
Valery Larbaud, Sous l'invocation de saint Jérôme, II, IV.
2 C'est là véritablement traduire, qui est de reconstituer au plus près l'effet d'une certaine cause, — ici un texte de langue espagnole au moyen d'une autre cause, — un texte de langue française.
Valéry, Variété, Études littéraires, Œ., Pl., t. I, p. 451.
Absolt. || Machine à traduire.
Par métaphore plais. (vx). Traduire (qqn, qqch.) en ridicule. Tourner (mod.).
2 (Fin XVIIe; répandu au XIXe). Exprimer, de façon plus ou moins directe, en utilisant les moyens du langage ou d'un art. || Hugo a traduit le mystère de la vie (→ Exprimer, cit. 28, Baudelaire). || L'ode (cit. 3, Sainte-Beuve) est un chant destiné à traduire l'ivresse publique. || Le chant du rossignol admirablement traduit par Chateaubriand (→ Harmonie, cit. 27, Sainte-Beuve). || Illustrer (cit. 7, Gautier), c'est traduire une page par un dessin. || Symphoniste (cit., Baudelaire) traduisant par les mille combinaisons du son les tumultes de l'âme.
3 Les gens du peuple font peu de réflexions en contant, ils accusent le fait qui les a frappés, et le traduisent comme ils le sentent. Ce récit fut aussi aigrement incisif que l'est un coup de hache.
Balzac, Un drame au bord de la mer, Pl., t. IX, p. 894.
3 Exprimer (le sujet désigne un signe, des signes). || Les mots qui traduisent notre pensée. Peindre (→ Dictionnaire, cit. 11). || La musique traduit certains sentiments (→ Émotionnel, cit. 1; gravité, cit. 10). || Des cris (cit. 6) qui traduisent nos sensations.Pron. (passif). || Leur joie se traduisait en exclamations (→ Enthousiasme, cit. 18, Gautier). || Toute idée (cit. 7) se traduit par des sons.
4 Manifester aux yeux d'un observateur un enchaînement ou un rapport. || La fièvre (cit. 5) traduit les réactions de défense de l'organisme. || Un rêve, un geste traduisent la nature profonde d'un homme. Trahir (→ Freudisme, cit.). || Les mythes (cit. 3) traduisent les règles de conduite d'un groupe social.Pron. (sens passif). || Cette haine (cit. 33, Hugo) se traduit par un vague désir de nuire (→ aussi Hystérie, cit. 1, Baudelaire). || L'éthérisme (cit.) se traduit par un énervement particulier (→ aussi Frigidité, cit. 3; réflexe, cit. 1). || Dépréciation qui se traduit par la hausse des prix (→ Inflation, cit. 2).
5 Didact. Transposer dans un autre système.
4 Erreurs de transcription qui, en vertu de la fidélité aveugle du mécanisme, seront, à d'autres perturbations près, automatiquement retranscrites. Elles seront tout aussi fidèlement traduites en une altération de la séquence des amino-acides dans le polypeptide correspondant au segment d'ADN dans lequel la mutation se sera produite.
Jacques Monod, le Hasard et la Nécessité, p. 147.
——————
traduit, ite p. p. adj.
|| Inculpé traduit en justice.Mot traduit du chinois, de l'anglais (→ Réaliser, cit. 8). || Ouvrage traduit de l'anglais (→ Pression, cit. 10). || Texte, livre traduit; bien, mal traduit.
DÉR. Traduisible. — V. aussi Traducteur, traduction.

Encyclopédie Universelle. 2012.