institution [ ɛ̃stitysjɔ̃ ] n. f.
• 1190; lat. institutio
I ♦
1 ♦ Rare Action d'instituer. ⇒ création, établissement, fondation. L'institution d'une fête annuelle, d'une commission d'enquête. L'institution du calendrier grégorien en 1582. « l'institution du couvre-feu » (Camus). Dr. Institution d'héritier. ⇒ désignation, nomination. — Dr. can. Institution canonique : collation par l'autorité ecclésiastique des pouvoirs spirituels attachés à une fonction cléricale. Institution d'un évêque.
2 ♦ Didact. Être de l'institution de qqn, avoir été institué par lui. Tout ce qui est d'institution religieuse relève du pape. — Absolt D'institution : institué par les hommes (par oppos. à ce qui est établi par la nature). Usages d'institution.
3 ♦ Par ext. Cour. La chose instituée (personne morale, groupement, régime). Institutions nationales, internationales. Institution financière. Institution de crédit. ⇒ banque, établissement (de crédit). Institutions politiques, religieuses. Le mariage civil est une institution. Les lois sont « des institutions du législateur, les mœurs et les manières des institutions de la nation en général » (Montesquieu).
♢ Absolt Les institutions : l'ensemble des formes ou structures sociales, telles qu'elles sont établies par la loi ou la coutume, et spécialt celles qui relèvent du droit public. Peuple attaché à ses institutions. Saper, défendre les institutions. Les institutions de l'an VIII. ⇒ constitution. Des institutions démocratiques. ⇒ 1. régime. En dehors du cadre des institutions. Donner un caractère d'institution à qqch. (⇒ institutionnaliser) .
♢ Fam. (Iron.) La mendicité est ici une véritable institution ! Élever qqch. à la hauteur d'une institution : faire passer qqch. dans les mœurs. La corruption élevée à la hauteur d'une institution.
♢ Fam. Personnage marquant qui sert de référence à d'autres. En volcanologie, Haroun Tazieff est une véritable institution.
II ♦
1 ♦ (1552) Vx Action d'instruire et de former par l'éducation. ⇒ instruction. « De l'institution des enfants » (Montaigne).
2 ♦ (1680) Mod. UNE INSTITUTION :un établissement privé d'éducation et d'instruction. ⇒ collège, école, institut, pension. Institution pour jeunes filles. Il est professeur dans une institution libre.
⊗ CONTR. (de I, 1o et 2o) Abolition.
● institution nom féminin (latin institutio, -onis) Action d'instituer quelque chose : L'institution des jeux Floraux date du Moyen Âge. Norme ou pratique socialement sanctionnée, qui a valeur officielle, légale ; organisme visant à les maintenir : L'O.N.U. est une institution internationale. Établissement d'enseignement privé : Institution religieuse. Familier et ironique. Habitude, coutume : La mendicité est ici une véritable institution ! Familier et ironique. Personnage très important, dont la pensée sert de référence irremplaçable et inattaquable : À l'époque, Sartre était une institution ! Établissement ou structure où s'effectue un travail d'analyse institutionnelle. ● institution (citations) nom féminin (latin institutio, -onis) Georges Bernanos Paris 1888-Neuilly-sur-Seine 1948 La réforme des institutions vient trop tard, lorsque le cœur des peuples est brisé. Les Grands Cimetières sous la lune Plon Henri Monnier Paris 1799-Paris 1877 Je jure de soutenir, de défendre nos institutions et au besoin de les combattre. Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, II, 13, Prudhomme ● institution (difficultés) nom féminin (latin institutio, -onis) Orthographe Les mots de la famille de institution s'écrivent avec deux n : institutionnaliser, institutionnel, institutionnellement. ● institution (expressions) nom féminin (latin institutio, -onis) Institution contractuelle, donation de biens à venir faite par contrat de mariage aux futurs époux ou à leurs enfants à naître. Institution canonique, acte par lequel un supérieur ecclésiastique met en possession d'une charge ou d'un ministère une personne jugée compétente. ● institution (synonymes) nom féminin (latin institutio, -onis) Action d' instituer quelque chose
Synonymes :
- création
- établissement
Établissement d'enseignement privé
Synonymes :
- collège
- école
- institut
- pension
institution
n. f.
d1./d Action d'instituer (qqch).
d2./d DR Nomination par testament. Institution d'héritier.
d3./d Chose instituée (règle, usage, organisme). Les institutions politiques et religieuses.
|| (Plur.) Lois fondamentales régissant la vie politique et sociale d'un pays.
d4./d établissement d'enseignement privé. Institution de jeunes filles.
⇒INSTITUTION, subst. fém.
1. [En parlant d'une chose] Institution d'un ordre religieux, d'un régime politique; institution des jeux olympiques, d'une fête nationale; institution de relations commerciales entre deux pays. Tel est le but de l'établissement des banques de dépôts : la plupart ont ajouté quelques opérations à celles qui découlaient de l'objet principal de leur institution (SAY, Écon. pol., 1832, p. 304). Toute complicité se scelle aussitôt par l'institution d'un vocabulaire réservé (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 100). L'institution en Afrique du Nord d'un pouvoir central français (...) était en contradiction flagrante avec la position affichée par Roosevelt et ses ministres (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 109) :
• 1. ... il en est du ton des sons comme de leur durée. Il est d'autant plus remarquable que l'on se rapproche davantage de l'institution du langage. Plus les langues sont près de leur origine, plus elles sont accentuées et chantantes; comme elles sont plus mesurées et cadencées.
DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 330.
— P. méton. État dans lequel se trouve une chose au moment de son institution. Le bal masqué de l'Opéra, tel qu'il est aujourd'hui, n'a dévié de son institution que dans les moyens et dans les formes : le but est le même (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 71) :
• 2.... le mariage eut toujours un caractère sacré (...). Le souvenir, partout conservé, de son institution primitive apprit aux hommes qu'à Dieu seul appartient le pouvoir de former le lien mystérieux, indissoluble, qui doit unir l'époux à l'épouse...
LAMENNAIS, Religion, 1825, p. 71.
♦ Ramener une chose à son institution. ,,En faire revivre les principes`` (LITTRÉ).
— D'institution. Qui ne s'est pas établi naturellement, mais a été institué par les hommes. Ce qui est d'institution est sujet à changement (LITTRÉ) :
• 3. Au temps de la chevalerie comme dans tous les temps, il y eut des ambitions, des guerres civiles, des révoltes, des ruses, des trahisons; nul n'acceptait aisément les liens de nature ou d'institution...
ALAIN, Propos, 1922, p. 363.
♦ [Avec un adj. précisant l'orig.] Lorsqu'il s'agit de déclarer d'institution nationale le projet de constitution qui alors triompha, les passions étaient (...) aussi excitées que possible (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 105). Tout ce qui est d'institution ou de coutume païenne dans une société soi-disant chrétienne, me révoltait (...) profondément (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 353) :
• 4. C'est ce mot qu'il nous cite d'une Anglaise : « Que les passions sont d'institution divine et que les vertus et les vices sont d'institution humaine, de création sociale. »
GONCOURT, Journal, 1860, p. 752.
2. DR. [En parlant d'une pers.]
a) Institution contractuelle. ,,Donation qui a pour objet tout ou partie des biens que le donateur laissera à son décès`` (BARR. 1974) :
• 5. L'institution contractuelle n'est permise par le Code civil, sous le nom de donation de biens à venir, que par contrat de mariage au profit des époux ou des enfants à naître du mariage.
CAP. 1936.
b) Institution d'héritier. Action de désigner un héritier par testament. V. Code civil, 1804, art. 967, p. 176.
c) DR. CANON. Institution (canonique). ,,Acte par lequel un supérieur ecclésiastique met un clerc en possession d'un office et de la juridiction qui y est attachée`` (Lar. 20e). Bulle d'institution canonique. Institution d'un curé (v. LAMENNAIS ds L'Avenir, 1831, p. 186). Institution d'un évêque (v. LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 748).
— Acte par lequel un supérieur ecclésiastique reconnaît officiellement l'existence d'une communauté religieuse, d'un établissement à caractère religieux :
• 6. Napoléon ne pensa pas à relever le monopole de la faculté de théologie. Il eût fallu pour cela demander à la cour de Rome une institution canonique dont le gouvernement impérial ne se souciait pas.
RENAN, Souv. enf., 1883, p. 210.
B. — P. méton. Ce qui est institué.
1. Organisme public ou privé, régime légal ou social, établi pour répondre à quelque besoin déterminé d'une société donnée. Institution de bienfaisance, charitable; institutions militaires, politiques, religieuses; institutions nationales, internationales. C'est une louable, une pieuse, une sainte institution (Ac. 1835-1935). L'Académie est l'objet de bien des risées (...). Mais c'est l'Académie, on a beau dire, l'Académie française, (...) institution respectable et au fond respectée (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Biogr. [Leconte de Lisle], 1896, p. 292). Le ménage était assurément des plus unis, en dépit des cyniques propos du docteur qui tenait le mariage pour « une institution ridicule » (GIDE, Geneviève, 1936, p. 1389). Quelque plaisir que je pourrais personnellement avoir à me trouver dans un congrès des membres des comités de libération (...) je ne saurais reconnaître, par ma présence, une institution qui n'est pas prévue par la loi (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 320) :
• 7. À la fin du quatrième et au commencement du cinquième siècle, le christianisme n'était plus simplement une croyance individuelle, c'était une institution : il s'était constitué; il avait son gouvernement, un corps du clergé, une hiérarchie déterminée pour les différentes fonctions du clergé, des revenus, des moyens d'action indépendans...
GUIZOT, Hist. civilisation, leçon 2, 1828, p. 22.
— Fam., p. plaisant. Élever sa paresse à la hauteur d'une institution; le vol est dans le pays une véritable institution. Le tourne-broche est comme le pouls ronflant de la vie provinciale. L'appétit y est une institution; le repas, une cérémonie bienheureuse; la digestion, une solennité (GONCOURT, Journal, 1857, p. 384). Ces dîners du mardi étaient devenus une véritable institution. Les convives s'y retrouvaient, comme à un devoir, juste à sept heures sonnant (ZOLA, Page amour, 1878, p. 821). Le chantage est une sainte institution, nécessaire au maintien des mœurs (GIDE, Caves, 1914, p. 859) :
• 8. Rien n'aurait pu la décider à interrompre, un seul moment, le saint office du ménage, cette sacro-sainte institution, qui prend chez tant de femmes la place de tous les autres devoirs moraux et sociaux.
ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 240.
♦ P. anal. [En parlant d'une pers.] Pour le petit peuple de la capitale il [Beaconsfield] était devenu une institution (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 318) :
• 9. La fille de cuisine était une personne morale, une institution permanente à qui des attributions invariables assuraient une sorte de continuité et d'identité, à travers la succession des formes passagères en lesquelles elle s'incarnait, car nous n'eûmes jamais la même deux ans de suite.
PROUST, Swann, 1913, p. 80.
2. En partic., au plur. Ensemble des structures politiques et sociales établies par la loi ou la coutume et qui régissent un État donné. Les institutions athéniennes; les institutions de la France; institutions démocratiques, monarchiques; permanence, progrès, réforme des institutions. Les révolutions seules savent détruire les institutions depuis longtemps condamnées (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 328) :
• 10. Les ducs viennent de se dire que tout de même il y avait lieu de donner une constitution, de consentir à des institutions. Chez nous, pensez à ce qu'il y aurait de légistes, de journaux proposant des institutions. Là-bas [en Allemagne] pas un journal, pas un juriste ne discute quelle chambre, quelles attributions, pas un ne s'avise d'en parler.
BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907, p. 142.
II. A. — Vx. Action d'instruire, d'éduquer quelqu'un; résultat de cette action. Synon. usuel éducation. L'institution de la jeunesse est d'une grande importance dans l'État (Ac. 1835, 1878).
B. — P. méton. Établissement privé destiné à l'instruction et à l'éducation des enfants et des jeunes gens. Institution libre ou religieuse; institution de jeunes filles; diriger, établir, ouvrir, tenir une institution. Institution des Aveugles, des Sourds-Muets (Ac. 1835-1935). Quand nous eûmes l'un quatorze ans et l'autre quinze, il nous mit en pension, à prix réduit, à l'institution ecclésiastique d'Yvetot (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Surprise, 1882, p. 15). À l'égard d'Antoinette, Mme Jeannin eût voulu qu'elle entrât dans une institution d'enseignement, pour y donner des leçons (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 866) :
• 11. Il y a [à l'institution Roustignac] des maîtres de comptabilité, de tenue de livres et d'histoire naturelle. Les mathématiques y sont en honneur : l'institution a fait recevoir quinze élèves sur seize à l'École polytechnique, dix-huit à l'École navale, douze à l'École normale.
REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 417.
— Vx. Chef d'institution. Maître de pension. M. Haffreingue chef d'institution à Boulogne. À la tête d'un pensionnat jouissant depuis longtemps et à justes titres d'une grande réputation dans tout le département du Nord, M. Haffreingue se voit à la veille de perdre le fruit de ses longs et pénibles travaux par la création d'un collège à Boulogne (LAMART., Corresp., 1835, p. 119).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « ce qui est institué, règle » (Sermons St Bernard, 112, 25 ds T.-L.); spéc. 1790 institutions « ensemble des structures fondamentales d'organisation sociale » (Moniteur universel, III, 91); 2. 1537 institution « action d'instituer quelqu'un en une situation » (Janv., Ste-Chap. de Dij., cart. 13, A. Côte-d'Or ds GDF. Compl.); 3. 1552 « éducation » (RABELAIS, Quart Livre, Épître liminaire, éd. R. Marichal, p. 4); 1680 (RICH. : Institution. Lieu à Paris où les Pères de l'Oratoire instruisent les novices). Empr. au lat. institutio, -onis « disposition, arrangement », « instruction, éducation », « principe, système » formé sur le supin institutum, v. institut. Fréq. abs. littér. : 3 002. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 186, b) 4 390; XXe s. : a) 2 749, b) 2 629. Bbg. LAUNAY (M.). Le Vocab. pol. de J.-J. Rousseau. Genève, Paris, 1977, pp. 121-122. - VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], pp. 253-254.
institution [ɛ̃stitysjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1190, au sens 2; lat. institutio, de institutum, supin de instituere. → Instituer.
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1 a (XIIIe). Rare. Action d'instituer, d'établir pour la première fois (qqch.) ⇒ Érection, établissement, fondation. || L'institution des Jeux olympiques, d'une fête annuelle. || Institution d'un ordre religieux, d'un tribunal d'exception. || L'institution du calendrier grégorien en 1582.
1 Il suffit de jeter les yeux sur l'histoire à l'époque de l'institution de la chevalerie religieuse, pour reconnaître les importants services qu'elle a rendus à la société.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, V, V.
2 La seule mesure qui sembla impressionner tous les habitants fut l'institution du couvre-feu.
Camus, la Peste, p. 190.
♦ ☑ Loc. Didact. Être de l'institution de qqn, avoir été institué par lui (→ Baïonnette, cit. 1). || Les archevêques (cit. 1) sont d'institution apostolique. — Absolt. || D'institution : institué par les hommes (par oppos. à ce qui est établi par la nature). || Usages d'institution.
3 Il ne fallait (…) pas dire (…) que le mariage est de pure institution : comme s'il n'était pas fondé sur la nature même (…)
Bossuet, IVe Avertiss. aux protestants, V.
4 Le stoïcisme eut aussi ses héros. Il les eut sans promesses éternelles, sans menaces infinies. Si un culte eût fait tant avec si peu, on en tirerait de belles preuves de son institution divine.
É. de Senancour, Oberman, XLIV.
♦ Dr. || Institution d'héritier : action d'instituer (qqn) héritier. ⇒ Désignation, nomination. || Institution contractuelle : donation, par contrat de mariage, de biens à venir appartenant à la succession du disposant.
5 Toute personne pourra disposer par testament, soit sous le titre d'institution d'héritier, soit sous le titre de legs, soit sous toute autre dénomination propre à manifester sa volonté.
Code civil, art. 967.
♦ Dr. can. || Institution canonique : collation par l'autorité ecclésiastique des pouvoirs spirituels attachés à une fonction cléricale. || L'institution d'un évêque (→ Concordat, cit. 2).
6 Le concordat, bien entendu, réinstituant le droit de nomination au profit du pouvoir civil, laisserait au pape le droit d'institution, — derniers recours de Rome contre des choix indignes, inopportuns ou simplement déplaisants.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, VIII.
2 Cour. La chose instituée (personne morale, groupement, fondation, régime légal, social). || Sage, louable, pieuse, utile, sublime, sainte, grande institution (→ Criminel, cit. 9; chantage, cit. 3; énoncé, cit. 1; hérédité, cit. 7). || Les institutions humaines ont altéré (cit. 7, Rousseau) nos penchants naturels. || Une institution nationale (→ Gymnastique, cit. 5), internationale. || Institutions politiques, religieuses (→ Assise, cit. 5; changer, cit. 26). || Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, œuvre de Fustel de Coulanges. || Ancienneté, origine, nature d'une institution (→ Esclavage, cit. 6; genèse, cit. 3; hospitalité, cit. 1). || Une institution d'assistance, de prévoyance.
7 L'institution peut se présenter sous la forme d'une personne morale de droit public (ex. : État, Parlement), ou de droit privé (ex. : association), ou d'un groupement non personnalisé, ou d'une fondation, ou d'un régime légal tel que la tutelle, la prescription, la faillite, l'expropriation pour cause d'utilité publique.
Capitant, Voc. juridique, art. Institution.
8 Les lois sont établies, les mœurs sont inspirées; celles-ci tiennent plus à l'esprit général; celles-là tiennent plus à une institution particulière; or, il est aussi dangereux, et plus, de renverser l'esprit général que de changer une institution particulière (…)
Nous avons dit que les lois étaient des institutions particulières et précises du législateur, les mœurs et les manières des institutions de la nation en général.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XIX, XII et XIV.
9 Il n'y a pas un beau souvenir, pas une belle institution dans les siècles modernes, que le christianisme ne réclame.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, V, I.
10 Que voit-on dans les comédies du grand Molière ? La sainte institution du mariage (style de catéchisme et de journaliste) bafouée et tournée en ridicule à chaque scène.
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, éd. critique Matoré, p. 10.
11 Le dandysme, qui est une institution en dehors des lois, a des lois rigoureuses auxquelles sont strictement soumis tous ses sujets (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, XVI, IX.
12 La première institution que la religion domestique ait établie fut vraisemblablement le mariage.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, II, II.
13 Les états généraux de 1614 seront les derniers avant ceux de 1789. Ils discréditèrent l'institution parce que l'idée du bien général en fut absente, tandis que chacun des trois ordres songea surtout à défendre ses intérêts particuliers.
J. Bainville, Hist. de France, XI, p. 195.
♦ (Fin XVIIIe). || Les institutions : l'ensemble des formes ou structures fondamentales d'organisation sociale, telles qu'elles sont établies par la loi ou la coutume (dans un groupe humain), et, spécialt, celles qui relèvent du droit public. || Les institutions athéniennes, de la Rome antique (→ Bizarre, cit. 5; époque, cit. 7, Fustel de Coulanges). || Peuple attaché à ses institutions (→ Conservateur, cit. 1). || Permanence, progrès des institutions (→ Consentement, cit. 4; exister, cit. 6; grandeur, cit. 9; habitude, cit. 2). || Saper, défendre les institutions. || Les institutions de l'an VIII. ⇒ Constitution (→ Centralisation, cit.). || Des institutions démocratiques. ⇒ Régime. || Réforme des institutions.
♦ Donner un caractère d'institution à qqch. ⇒ Institutionnaliser. || Fragments d'institutions républicaines, ouvrage de Saint-Just (1795).
14 Il nous a paru que ces institutions (de l'ancienne France) s'étaient formées d'une manière lente, graduelle, régulière, et qu'il s'en fallait beaucoup qu'elles pussent avoir été le fruit d'un accident fortuit ou d'un brusque coup de force. Il nous a semblé aussi qu'elles ne laissaient pas d'être conformes à la nature humaine; car elles étaient d'accord avec les mœurs, avec les lois civiles, avec les intérêts matériels, avec la manière de penser et le tour d'esprit des générations d'hommes qu'elles régissaient.
Fustel de Coulanges, Hist. des institutions politiques de l'anc. France, Introd., p. XII.
15 Tocqueville et d'autres penseurs illustres ont cru trouver dans les institutions des peuples la cause de leur évolution. Je suis persuadé au contraire (…) que les institutions ont sur l'évolution des civilisations une importance très faible. Elles sont le plus souvent des effets, et bien rarement des causes.
Gustave Le Bon, Lois psychologiques de l'évolution des peuples, p. 19.
16 (…) l'opinion n'est pas excessivement émue des incidents fâcheux qui se produisent et qui, promptement résorbés, démontrent la solidité profonde des institutions bien plus qu'ils ne la compromettent.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 79.
♦ Collectif. Didact. || L'institution : l'ensemble des structures organisées tendant à se perpétuer, dans chaque secteur de l'activité sociale. || L'institution juridique, littéraire, artistique d'une société. || Lutter contre l'institution. — L'institution psychiatrique, hospitalière (⇒ Institutionnel, 3.).
♦ Fam. (iron.). || La mendicité est dans ce pays une véritable institution ! || Ce maladroit élève la gaffe à la hauteur d'une institution.
17 — À ce point de vue-là, c'était extraordinaire, mais cela ne me semblait pas d'un art, comme on dit, très « élevé », dit Swann en souriant. — Élevé (…) à la hauteur d'une institution, interrompit Cottard en levant les bras avec une gravité simulée.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 54.
♦ Fam. (d'une personne). || Cet ancien champion est devenu une véritable institution.
———
II
1 (1552, Rabelais). Vx. Action d'instruire et de former (qqn) par l'éducation. ⇒ Éducation, formation, gouvernement (vx), instruction. || « De l'institution des enfants » (Montaigne, I, 26. → Expérience, cit. 28). || L'institution du peuple (→ Éthique, cit. 2, Diderot).
18 Ce sont natures belles et fortes (…) qui se maintiennent au travers d'une mauvaise institution. Or ce n'est pas assez que notre institution ne nous gâte pas, il faut qu'elle nous change en mieux.
Montaigne, Essais, I, XXV.
19 (…) la bonne institution sert beaucoup pour corriger les défauts de la naissance (…)
Descartes, les Passions de l'âme, 161.
2 (1680) Mod. || Une institution : établissement privé d'éducation et d'instruction. ⇒ Collège, école, pension, pensionnat. || Ouvrir, tenir, diriger une institution. || Professer dans une institution libre (→ Enseigner, cit. 7). || Directrice d'une institution de jeunes filles. || Le chef de cette institution n'est qu'un marchand de soupe.
20 Nous avons l'impression qu'il y a des dangers beaucoup plus urgents pour l'humanité que la présence des Sœurs dans tel hôpital, ou de quelques pères mal défroqués dans une institution libre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, X, p. 114.
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CONTR. (Du sens I, 1 et 2) Abolition.
DÉR. Institutionnel.
Encyclopédie Universelle. 2012.