1. gaillard, arde [ gajar, ard ] adj. et n.
• 1080; du gallo-roman °galia, de la rac. celt. gal- « force »
I ♦ Adj.
1 ♦ Plein de vie, du fait de sa robuste constitution, de sa bonne santé. ⇒ 1. alerte, allègre, 1. frais, vif. Malgré son âge, il est encore très gaillard. ⇒ vert.
♢ ( XVIIe) Mod. D'une gaieté un peu libre. ⇒ égrillard, grivois, léger, leste, licencieux. « chacun lui adressait quelque compliment gaillard sur sa tournure » (Mérimée).
II ♦ N.
1 ♦ UN GAILLARD : un homme plein de vigueur et d'entrain. ⇒ luron. Un grand et solide gaillard. ⇒ costaud. « un immense gaillard blond et musclé » (Aragon). — Vieilli Une gaillarde : une femme hardie, aux allures un peu libres.
2 ♦ N. m. Fam. Garçon, jeune homme. ⇒ drôle, gars, lascar. Ce sont de sacrés gaillards. Ah ! mon gaillard ! « Voilà un petit gaillard qui n'aura pas froid aux yeux » (Balzac).
⊗ CONTR. Faible; fatigué, triste.
gaillard 2. gaillard [ gajar ] n. m.
• 1516; ellipt pour château gaillard « château fort »
♦ Mar.
1 ♦ Sur les voiliers, Partie extrême du pont supérieur. Gaillard d'arrière, à l'arrière du grand mât. Gaillard d'avant.
2 ♦ Mod. Superstructure à l'avant du pont supérieur. Le gaillard d'avant et la dunette.
● gaillard nom masculin (abréviation de château gaillard) Superstructure placée à l'avant d'un navire, sur le pont supérieur. ● gaillard (expressions) nom masculin (abréviation de château gaillard) Gaillard d'arrière, synonyme ancien de dunette. ● gaillard (synonymes) nom masculin (abréviation de château gaillard) Gaillard d'arrière
Synonymes :
- dunette
● gaillard, gaillarde
adjectif
(gaulois galia, force)
Vieux. Qui est plein de vie, d'entrain : Il a un air tout gaillard.
Qui est un peu trop libre, grivois : Une chanson gaillarde.
● gaillard, gaillarde (synonymes)
adjectif
(gaulois galia, force)
Qui est plein de vie, d'entrain
Synonymes :
- alerte
- dispos
- frais
- fringant
- solide
- vaillant
- vert
Contraires :
- chétif
- débile
- épuisé
- faible
- fatigué
- malingre
- sénile
Qui est un peu trop libre, grivois
Synonymes :
- égrillard
- grivois
- leste
● gaillard, gaillarde
nom
Personne pleine de vigueur et d'allant : Cette femme, c'est une rude gaillarde.
Familier. Personne adroite, maligne et peu scrupuleuse, dont il faut se méfier, ou enfant rusé (surtout masculin) : Nous avons affaire à un drôle de gaillard.
Appellation familière (surtout au masculin) : Attends un peu, mon gaillard, je vais t'attraper.
● gaillard, gaillarde (synonymes)
nom
Personne pleine de vigueur et d'allant
Synonymes :
- colosse
- costaud (familier)
- hercule
Familier. Personne adroite, maligne et peu scrupuleuse, dont il faut se...
Synonymes :
- lascar (familier)
- loustic (familier)
- type
- zèbre (familier)
Appellation familière (surtout au masculin)
Synonymes :
- bonhomme
gaillard, arde
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui est plein de force, de santé et de vivacité, qui est en bonne condition physique. Syn. alerte, solide, vigoureux.
d2./d Un peu libre, leste, grivois. Chanson gaillarde.
rII./r n. m. Homme vigoureux, décidé. Un grand gaillard. Un solide gaillard.
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gaillard
n. m. MAR Gaillard d'avant.
— Gaillard d'arrière: V. dunette.
I.
⇒GAILLARD1, -ARDE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'une pers., de son corps] Plein de vigueur, de force et de santé. Synon. vigoureux; anton. faible. Il se porte bien maintenant, il est gaillard (Ac.). Se sentir gaillard; gaillard et dispos. Droite et gaillarde dans sa robe de chambre claire, Diane donnait en effet l'impression de la santé et de la vigueur (L. DAUDET, Médée, 1935, p. 38). — J'ai encore l'usage de mes jambes, protesta M. Ouine. Je les sens même assez gaillardes. Il pivota lourdement sur les talons, puis gagna la fenêtre en sautillant (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1553). À huit ans, je n'étais plus gaillarde comme dans ma première enfance mais malingre et timorée (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 63).
— P. anal. [En parlant d'un inanimé] Plein de force et de vigueur. Ce doit être un grand vin, pour que son explosion puisse prêter à confusion avec la déflagration d'une détonation. Il a l'air gaillard! Je comprends qu'il est gaillard! Dites, vous n'en boirez pas souvent comme celui-là (PAGNOL, Marius, 1931, 11, 2, p. 105). Ça sera bien beau sur la neige sous le soleil clair et gaillard (CLAUDEL, Annonce, 1948, 111, 1, p. 183) :
• 1. Si les cénacles parnassiens, naturalistes et symbolistes ont eu leur ridicule, ils ont porté leurs fruits, des fruits d'abord cultivés en serre chaude, et qu'aujourd'hui l'on retrouve acclimatés et gaillards, jusque sur les poiriers du chemin.
THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 106.
2. [En parlant d'un comportement, d'une attitude] Empreint de vigueur, de fermeté et de décision. Synon. ferme, décidé, alerte. Allure gaillarde. M. de La Seiglière (...) avança d'un pas plus assuré, et prit bientôt un trot tout gaillard (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 245). Là, solitaire et les mains dans ses poches, il se permettait d'abandonner l'air gaillard et sûr de soi, uniforme du boulevard (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 258).
♦ Emploi adv., rare, fam. Avec force et vigueur. Synon. gaillardement. Ils jouent gonflé, cambré, musclé, ils jouent costaud les Écossais (...). Ils jouent marrant la cornemuse, ils jouent gaillard, ils jouent poilu comme des molletons (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 312).
— Exagéré et pervers dans sa sévérité :
• 2. ... deux jeunes garçons sont morts à Rouen, dans la maison pénitentiaire, par suite d'une punition assez gaillarde qui consistait à les faire tenir debout plusieurs jours de suite dans une boîte à horloge...
FLAUB., Corresp., 1842, p. 103.
B. — 1. Vieilli. Plein d'entrain et de gaîté. Synon. gai, enjoué. Il est toujours gaillard; une humeur gaillarde (Ac.). Robinson! Robinson! appelai-je, gaillard, comme pour lui annoncer une bonne nouvelle (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 215).
2. Qui est d'une gaîté libre, provoquée par l'évocation de choses relatives au sexe. Rire gaillard; chanson gaillarde; propos, contes gaillards. Une série de planches gaillardes qui sont de purs chefs-d'œuvre d'invention obscène (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 226). Ce bain brûlant qui le rendait, disait-il, plus gaillard qu'un nouveau marié (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 118) :
• 3. — « C'est-il pour attirer les cabots ou bien pour régaler les moustiques que tu nous montres comme ça tes guiboles? » (...)
— « Qu'est-ce que ça peut vous faire, à vous? »
— « Sacré mauvaise langue », dit Joigneau, gaillard. « Je suis sûr que tu n'as même pas de culotte... tu mériterais une bonne tringlée sur tes fesses de petite garce! »
MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1055.
— [Avec un compl. introduit par à] Le teint framboisé, [le second sculpteur] (...) trousseur de filles, gaillard au badinage et au pince-fesses, rouscailleur en diable (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 137).
II. — Substantif
A. — Subst. masc. ou fém.
1. Personne de solide constitution physique qui est pleine de vigueur et d'allant. Synon. costaud. Un grand, solide, rude gaillard; être taillé comme un gaillard. Sa femme, une gaillarde haute et carrée dont le ventre était vaste et rond comme une futaille, les mains larges comme des battoirs (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bête à Maît'Belh., 1885, p. 195). Ce curé était un gaillard carré, ramassé, plutôt bas sur jambes et roux comme le chien de saint Roch (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 144). Mais la jeune bonne ne s'occupait pas de moi pour bavarder avec son amoureux, un beau gaillard, haut perché, le torse nu (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 189).
2. Au masc. Homme qui profite à l'excès des plaisirs de la vie, en particulier dans le domaine sexuel. Un sacré, un chaud gaillard. Je pense qu'avec un gaillard comme Pierre à ses côtés, elle ne doit pas fermer l'œil de la nuit (SARTRE, Mur, 1939, p. 40) :
• 4. Car, tu sais, le président, malgré son air glacé, on en chuchote de raides sur son compte. Il paraît que, du vivant de sa femme, toutes les bonnes y passaient. Enfin, un gaillard qui, aujourd'hui encore, vous trousse une femme...
ZOLA, Bête hum., 1890, p. 15.
— Vieilli, au fém. Femme libre, légère, hardie. Mais vous voyez bien, madame, que vous n'êtes pas une gaillarde... vous voyez bien que vous êtes une femme du meilleur monde (MEILHAC, HALÉVY, Vie paris., 1867, IV, 10, p. 101).
B. — Subst. masc., fam. [Pour qualifier (favorablement ou défavorablement) un homme (ou un enfant) auquel on attribue les qualités du gaillard aux sens supra A] Attention, gare à toi mon gaillard; quel gaillard. Maxime les a blousés tous les deux [Canalis et Giraud], dit Léon à son cousin. Ce gaillard-là se trouve dans les intrigues de la Chambre comme un poisson dans l'eau (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 357). Ah! mon gaillard, vous insultez Fontan, reprit Mignon, poussant la farce. En garde! une, deux, et v'lan dans la poitrine! (ZOLA, Nana, 1880, p. 1199). Et se sentant un peu essoufflé en reconduisant M. de Norpois, [il] pensa : « Sapristi, ces gaillards-là me laisseront crever avant de me faire entrer [à l'Institut] » (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 261).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 « vigoureux, qui respire la force » (Roland, éd. J. Bédier, 2895 : Cors a gaillard); ca 1130 « vaillant, valeureux » (Gormont, éd. A. Bayot, 557 : Miles le Gailart); 1266 « réjoui, plein d'entrain » (Vers de la Mort, 55, 11 ds T.-L.); 1re moitié XVIe s. « un peu trop libre » (B. DES PÉRIERS, Contes, I ds LITTRÉ : quelques passages trop gaillards). Dér. en -art, -ard de galia, formé de la racine celt. gal- « force » (cf. irl. gal « bravoure », DOTTIN, p. 258; POKORNY, p. 351) et du suff. -ia, lui-même soit d'orig. gaul., soit ajouté en gallo-rom. Le maintien du g- peut s'expliquer par suppression dissimilatrice de la palatalisation au stade gyalya; une infl. suppl. de gai (EWFS2) n'est pas à écarter du point de vue sémantique. Cf. DEAF, col. 47.
II.
⇒GAILLARD2, subst. masc.
MARINE
A. — [Dans l'ancienne marine à voile] Gaillard d'avant, d'arrière. Chacune des deux parties surélevées, à l'avant et à l'arrière du pont supérieur d'un navire, avec leurs superstructures. Un indien, qui était sur le gaillard d'arrière de ma frégate, lorsque notre canot arriva, fut arrêté par mon ordre et mis aux fers (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 202). La flotte réunie à Séville (...) se composait de vingt-huit galères castillanes (...) outre quatre-vingts navires marchands équipés pour le combat, c'est-à-dire ayant chacun un gaillard élevé, sur l'avant (MÉRIMÉE, Don Pèdre Ier, 1848, p. 258). L'argent ne lui manquait pas, et il en eut même assez pour acheter un canon à pivot qui fut établi sur le gaillard d'avant du yacht (VERNE, Enf. Cap. Grant., t. 1, 1868, p. 38).
B. — [Dans la marine moderne] ,,Superstructure placée sur l'avant du pont supérieur et qui s'étend (...) d'un côté à l'autre du navire`` (GRUSS 1952).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1573 mar. (Dict. fr.-lat. Paris, J. Du Puys ds FEW t. 4, p. 30 a). Abrév. de chasteaugaillard (1516, Doc. [...] mar. norm. éd. Ch. Bréard et Ph. Barrey, 35 ds R. Ling. rom. t. 37, p. 497), composé de château terme de mar. et de gaillard1 au sens de « fort, solide ».
STAT. — Gaillard1 et 2. Fréq. abs. littér. : 1 251. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 867, b) 2 556; XXe s. : a) 2 763, b) 1 548.
1. gaillard, arde [gajaʀ, aʀd] adj.
ÉTYM. 1080, « vigoureux »; probablt du gallo-roman galia « force », d'un rad. celtique gal- (cf. irlandais gal « bravoure ») que Guiraud rattache à l'indo-européen wall- « rouler; courir en s'élançant » et retrouve dans une famille (galir « s'élancer, jaillir »; → Jaillir; gail « plein de sève, vivace ») de même sémantisme que celle du lat. jactare (→ Jeter; éjaculer, jactation, jaculatoire). → 1. Galer, galerne, galet, galibot, galvauder.
❖
1 (Personnes). Plein de vie, du fait de sa robuste constitution, de sa bonne santé, ou de sa fraîcheur. ⇒ Alerte, allègre, dispos, dru (vx), frais, fringant, ingambe, sain, valide, vif, vigoureux (→ Coqueluche, cit. 2). || Il est complètement rétabli, plus gaillard que jamais. || Se sentir, se lever frais et gaillard. || Un vieillard encore très gaillard. ⇒ Vert.
1 Tu es gaillard, tu es jeune et dispos (…)
Ronsard, Pièces retranchées, « Chant de liesse ».
2 — Je viens de voir, pour mes péchés, cette méchante rapsodie de l'École des Femmes. Je suis encore en défaillance du mal de cœur que cela m'a donné, et je pense que je n'en reviendrai de plus de quinze jours (…)
— Je ne sais pas de quel tempérament nous sommes, ma cousine et moi; mais nous fûmes avant-hier à la même pièce, et nous en revînmes toutes deux saines et gaillardes.
Molière, Critique de l'École des femmes, 3.
3 (…) nous nous réveillâmes reposé et gaillard comme si nous avions dormi dans notre lit.
Th. Gautier, Voyage en Russie, XXI.
4 Soigne-toi toujours bien afin que, dans un mois (…) je te trouve plus florissante et plus gaillarde que jamais.
Flaubert, Correspondance, 73, fin janv. 1843.
♦ Air gaillard, allure gaillarde. ⇒ Décidé, ferme.
5 Jamais je ne vous vis un teint si frais et si gaillard.
Molière, l'Avare, II, 5.
6 Il avait son pas gaillard, si souple encore qu'il ne faisait aucun bruit.
Zola, la Faute de l'abbé Mouret, XVI, p. 426.
2 (1266). Vieilli. Plein d'entrain et de gaieté. ⇒ Enjoué (cit. 1), gai, jovial, joyeux. || Gai et gaillard. — Humeur gaillarde.
7 Tout cela me fit gaillarde, et je revins hier trouver mon fils, qui prit pour le moins la moitié de ma joie.
Mme de Sévigné, 599, 20 nov. 1676.
8 Gaillarde et rieuse population d'impétueux soldats et de joyeux conteurs (…)
Michelet, Hist. de France, IV, IV.
♦ (XVIIe). Spécialt. Mod. (Paroles, discours). D'une gaieté un peu libre. ⇒ Cru, égrillard, grivois, léger, leste, licencieux. || Propos, contes gaillards. || Chanson, refrain gaillards (→ Gai, cit. 7). || Les Gaillardes Anecdotes, de Tallemant des Réaux.
9 (…) une fort bonne servante y fut mise à la porte (de chez M. Lambercier) pour un mot un peu gaillard qu'elle avait prononcé devant nous.
Rousseau, les Confessions, I.
10 (…) chacun lui adressait quelque compliment gaillard sur sa tournure (…)
Mérimée, Carmen, III.
11 (…) notre magistrat aimait à hérisser sa conversation de pointes, d'équivoques et de propos gaillards, qu'il ne retenait pas même au tribunal.
Nerval, la Main enchantée, I.
12 (…) une stèle dressée de loin en loin au bord de la route, et couverte de signatures, d'inscriptions familières, d'encouragements gaillards, de gentilles obscénités.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VIII, p. 78.
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DÉR. 2. Gaillard, 3. gaillard, 1. gaillarde, gaillardement, gaillardise.
HOM. 2. Gaillard, 3. gaillard. (Du fém.) 1. et 2. Gaillarde.
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2. gaillard, arde [gajaʀ, aʀd] n.
ÉTYM. Fin XVIe; de 1. gaillard.
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1 Homme, femme qui a de la vigueur et de l'entrain. ⇒ Luron. || Un grand et solide gaillard. ⇒ Costaud. || Un gaillard décidé et énergique. || Quel gaillard ! || Ce sera un autre gaillard que son père ! (→ Amoureux, cit. 9). || Ah ! le gaillard. ⇒ Bougre. — Une gaillarde : une femme hardie et robuste, aux allures un peu libres. || C'est une rude gaillarde.
13 Il était un de ces gens dont le peuple dit : Voilà un fameux gaillard ! Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 858.
14 Marianne est très vieille et court sur ses cent ans,
Et comme dans sa fleur ce fut une gaillarde
Buvant, aimant, moulue aux nuits de corps de garde (…)
Verlaine, Invectives, « Buste pour mairies ».
15 Un grand gaillard entra, dans toute la force musculeuse de ses quarante ans, les cheveux bouclés, la barbe en pointe, longue et inculte, avec une face de Christ ravagé (…)
Zola, la Terre, I, II.
16 C'était cela pourtant qu'il aurait fallu à Raboliot, une gaillarde décidée, de poigne assez solide pour le saisir au fond de la culotte s'il lui prenait fantaisie de filer (…)
M. Genevoix, Raboliot, I, III.
2 N. m. (1690; comme appellatif, XIXe). Homme, garçon hardi et décidé. ⇒ Drôle (I., 1., vx), gars, lascar (→ Cabaler, cit. 3). || Ce sont des gaillards qu'il faut avoir à l'œil. || Attendez un peu, mes gaillards ! || Voilà mon gaillard qui se met à découcher. || Un petit gaillard qui promet. ⇒ Bonhomme.
17 Voilà un petit gaillard qui n'aura pas froid aux yeux !
Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 865.
18 On trouve à mon gaillard une excellente place, il mène une vie de Sardanapale avec une fille d'Opéra.
Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 905.
19 (…) nous étions accostés par des gaillards très bien mis, de la tournure la plus convenable, avec lorgnon et chaîne de montre, qui nous priaient de venir nous reposer et prendre des rafraîchissements (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 248.
20 Mais il lui faut sur place un braconnier, un gaillard assez fin pour détourner les surveillances à moins qu'il ne passe au travers, assez secret pour travailler seul, assez rude pour qu'on le craigne (…)
M. Genevoix, Raboliot, II, I.
21 L'essentiel, c'est que mes gaillards soient largement solvables.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VII, p. 63.
❖
HOM. 1. Gaillard, 3. gaillard. (Du fém.) 1. et 2. Gaillarde.
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3. gaillard [gajaʀ] n. m.
ÉTYM. 1516; ellipt pour château gaillard « château fort », du sens anc. de 1. gaillard « ferme, solidement établi », une superstructure défensive étant élevée autrefois à l'avant et à l'arrière des grands vaisseaux; cf. Rabelais, IV, 33.
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1 Anciennt. Partie extrême du pont supérieur. « Celle qui se trouve sur l'arrière du grand mât s'appelle gaillard d'arrière; celle qui se trouve sur l'avant du hauban de misaine le plus en arrière s'appelle gaillard d'avant » (Gruss). → Caloyer, cit. || Partie de la muraille renfermant les gaillards. ⇒ Vibord.
22 (…) la cloche de la prière sonna : j'allai mêler mes vœux à ceux de mes compagnons. Les officiers occupaient le gaillard d'arrière avec les passagers; l'aumônier, un livre à la main, un peu en avant d'eux, près du gouvernail; les matelots se pressaient pêle-mêle sur le tillac (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 273.
2 Mod. « Superstructure située sur l'avant du pont supérieur et qui s'étend en largeur d'un côté à l'autre d'un navire » (Gruss) [opposé à dunette]. ⇒ Roof, teugue.
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HOM. 1. Gaillard, 2. gaillard.
Encyclopédie Universelle. 2012.