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HERCULE
HERCULE

HERCULE

Le nom du dieu Hercule est une déformation du grec Héraklès (cf. le dieu Herclè des Étrusques), et la tradition romaine qui fait remonter son installation sur le site de Rome avant la fondation de la ville n’est en réalité qu’une variante des nombreuses légendes relatives au passage du héros en Italie que connaissaient les villes de la Grande Grèce (Locres et Crotone principalement): la lutte d’Hercule et du brigand Cacus, qui avait tenté de lui voler les bœufs de Géryon, le rôle du roi Faunus-Évandre servaient aux Romains à expliquer la fondation du sanctuaire de la porta Trigemina et celle de l’Ara maxima , où un culte était rendu au héros «selon le rite grec» (le sacrifiant ayant la tête nue). De fait, ces deux centres cultuels, bien que fort rapprochés géographiquement (dans le voisinage du forum Boarium, centre commercial et cosmopolite au bord du Tibre), ont une histoire différente et leurs relations sont relativement tardives. Près de la porta Trigemina, au pied de l’Aventin et hors du pomerium , une chapelle était consacrée à Hercule Victor; la personnalité de cet Hercule, installé par des commerçants grecs, est essentiellement celle d’un purificateur (ce qui explique les alliances successives de ce dieu avec des divinités chthoniennes et de la fécondité). L’Ara maxima, au pied du Palatin, était l’objet d’un culte privé de la part de deux familles, les Potitii et les Pinarii (on y honorait une statuette d’Hercule attribuée au sculpteur étrusque Volca). Deux dates témoignent de la naturalisation du dieu: en \HERCULE 399, il apparaît dans le premier lectisterne romain aux côtés de Diane, comme dieu purificateur et apotropaïque (comme l’Hercule de l’Ara maxima était honoré à cette date-là à titre privé, il est probable qu’il s’agissait de l’Hercule de la porta Trigemina). En \HERCULE 312, le culte de l’Ara maxima est transmis à l’État: la tradition annalistique rapporte que le censeur Appius Claudius «acheta» aux Potitii le sacerdoce de l’Ara maxima qui fut confié à des esclaves publics. Le dieu, irrité de cette transaction commerciale, punit Appius Claudius (en le frappant de cécité) et la famille des Potitii, dont tous les membres moururent dans l’année (faut-il voir dans cette tradition une légende traduisant la réprobation de la plèbe hostile à la pénétration des dieux helléniques dans la religion nationale?); les transactions entre les Potitii et Appius Claudius restent obscures (simple transmission du culte ou cession juridique?); elles traduisent sans doute le désir de l’État romain de prendre sous son monopole le contrôle du culte devenu trop important pour rester privé. À partir de cette date, les deux Hercules se confondent et, cultuellement, l’Hercule de l’Ara maxima absorbe les fonctions de celui de la porta Trigemina. L’influence d’un Hercule militaire, anciennement adoré à Tibur, fait de l’Hercule romain un dieu de la victoire (à Rome, il est dieu, et non un héros comme en Grèce). Le rituel conservé à l’Ara maxima est grec et la fête du 12 août, interdite aux femmes (d’après une légende, Hercule, assoiffé après le meurtre de Cacus, aurait été écarté d’une fontaine par des femmes célébrant les mystères de la Bonne Déesse; dans sa colère, il aurait exclu les femmes de son culte), consistait principalement dans un sacrifice de forme originale (une partie des rites le matin, l’autre le soir; les participants consommaient en entier l’animal sacrifié). On connaît une autre particularité du culte de l’Ara maxima: la dîme des biens ou du butin de guerre consacrée par les fidèles à Hercule (on attribuait l’institution de cette dîme à M. Octavius Herennus, qui, joueur de flûte devenu marchand, consacra à Hercule le dixième de son gain; pour remercier le dieu de sa protection, il l’appela Victor). À l’époque de la seconde guerre punique, Hercule est entièrement assimilé à l’Héraclès grec (dans les cérémonies propitiatoires consécutives à la défaite de la Trébie, il est associé à Juventas, équivalente ici de l’Hébè grecque; remarquons qu’en revanche le dieu est absent du grand lectisterne de \HERCULE 217). À la fin de la République, Hercule reçoit un culte en plusieurs endroits de la ville: outre les deux sanctuaires primitifs, plusieurs temples lui sont consacrés par des généraux victorieux, comme celui d’Hercule et des Muses (alliance pythagoricienne?), construit en \HERCULE 187 par M. Fulvius Nobilior, et celui d’Hercule Pompeianus, restauré par Pompée, preuve que le dieu est de plus en plus considéré comme celui qui donne la victoire (le cortège du général triomphateur, en montant vers le Capitole, s’arrêtait devant le temple du forum Boarium). S’opposant à Antoine, qui se prétendait descendant d’Hercule, Auguste préfère choisir Mars Ultor comme dieu de la victoire militaire; cependant, l’évocation du combat entre Hercule et Cacus est un des thèmes littéraires favoris des écrivains augustéens, qui l’intègrent sous sa forme définitive dans le patrimoine national. Hercule devient ensuite le symbole de la puissance impériale (il peut en effet, par les légendes concernant ses travaux et sa mort, patronner le triomphe et l’apothéose) et il est revendiqué comme protecteur personnel par la plupart des empereurs (Caligula, Néron, Domitien); Trajan et Hadrien se font représenter sous les traits du dieu; Commode est l’«Hercule romain» vivant et combat dans l’arène vêtu comme le dieu. Enfin, le culte de l’Hercule de Tibur, particulièrement vivace sous l’Empire, est officiellement uni au culte impérial.

hercule [ ɛrkyl ] n. m.
• 1550; nom d'un demi-dieu de la myth. gréco-latine (lat. Hercules, du gr. Hêraklês), symb. de la force physique
Homme d'une force physique exceptionnelle. colosse. Un homme athlétique, un véritable hercule. « Un homme d'assez haute taille, bâti en hercule » (Aragon).
Spécialt Hercule de foire, hercule forain, qui fait des tours de force.

hercule nom masculin (de Hercule, nom propre) Homme d'une très grande force physique. ● hercule (difficultés) nom masculin (de Hercule, nom propre) Orthographe Sans majuscule quand ce mot désigne un homme d'une grande force physique : un hercule de foire. ● hercule (expressions) nom masculin (de Hercule, nom propre) Hercule de foire, lutteur qui s'exhibe dans les foires et les fêtes foraines, qui exécute des tours de force. ● hercule (synonymes) nom masculin (de Hercule, nom propre) Homme d'une très grande force physique.
Synonymes :
- colosse
Hercule de foire
Contraires :
- avorton

hercule
demi-dieu de la myth. latine assimilé à l'Héraclès grec. Provenant de la myth. grecque, les Douze Travaux d'Hercule consistèrent à: étrangler le lion de Némée; tuer l'hydre de Lerne; capturer le sanglier d'érymanthe; capturer la biche de Cérynie, aux pieds d'airain, qu'il blesse; abattre les oiseaux du lac Stymphale; dompter un taureau furieux qui désolait la Crète; s'emparer des juments du roi de Thrace, Diomède; prendre sa ceinture à Hippolyte, reine des Amazones; nettoyer les écuries d'Augias, en y détournant un fleuve; capturer les boeufs de Géryon; s'emparer des pommes d'or du jardin des Hespérides; descendre aux Enfers pour capturer Cerbère (il libère Thésée au passage). Virgile raconte dans l' énéide (19 av. J.-C.) le combat d'Hercule contre un monstre à deux têtes qui, près de Rome, lui avait volé plusieurs bêtes.
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hercule
n. m. Homme d'une force exceptionnelle. être bâti en hercule: avoir une stature particulièrement imposante.
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hercule
(Colonnes d') le mont Calpé, européen, et le rocher Abyla, africain, qui marquent l'entrée orientale du détroit de Gibraltar et constituaient, pour les Anciens, les bornes du monde (censées avoir été posées par Hercule).

⇒HERCULE, subst. masc.
I. A. — [Dans la myth. gréco-romaine] Nom du demi-dieu, fils de Jupiter et d'Alcmène, célèbre par ses luttes et ses douze travaux, symbole de la force physique. Colonnes d'Hercule. V. colonne ex. 4 :
Un peu plus tard, ces mêmes dieux dégagent leur humanité ensevelie dans les énergies brutes de la nature, et (...) l'Apollon libérateur, l'Hercule dompteur des monstres (...) forment le noble chœur des figures (...) que les poèmes d'Homère vont asseoir sur des trônes d'or.
TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 346.
P. méton. Sculpture antique représentant le demi-dieu. L'art romain nous a laissé beaucoup d'Hercules qui ne sont que des copies des Héraclès grecs (LAVEDAN 1964).
Loc. exclam. Par Hercule. Par Hercule! on est prêt à jurer que ce vieux Un beau matin germa dans ce bloc chassieux [le pilier de l'église] (HUGO, Toute la lyre, t. 2, 1885, p. 108).
Rem. Lar. 19e-Lar. encyclop., QUILLET 1965 enregistrent les syntagmes travaux d'Hercule, un treizième travail d'Hercule, souvent p. iron. « travail demandant une force et une énergie exceptionnelles ».
B. — P. ext. Homme le plus souvent de forte carrure, doué d'une grande force physique; personne capable d'exploits de tous ordres. Bâti, taillé en hercule; fort comme un hercule; bras, épaules, poings d'hercule; c'est un hercule. Une âme chaste, mais logée dans un corps puissant d'hercule (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1039). Le capitaine, sorte de colosse à figure éteinte, d'hercule grisonnant, farouche et grave (LOTI, Matelot, 1893, p. 35). Ce cou de taureau, Dont se prévaudrait un hercule (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 214). V. essayer ex. 10.
En partic. Homme faisant des tours de force dans les spectacles forains. Hercule de foire; l'hercule de la troupe. Ce gaillard-là, qui (...) ferait fortune à poser pour les hercules dans les troupes de saltimbanques (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 504). Au milieu du groupe, écartant les autres d'un geste circulaire, comme un hercule forain qui va faire des poids, Hamel, les manches retroussées, donnait une exhibition (DORGELÈS, Croix bois, 1919, p. 183).
II. — Arg., vx. Billet de mille francs; forte somme (d'apr. FRANCE 1907 et ESN. 1966). Huit « hercules », huit billets de mille (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 71).
REM. Héraclide, subst. masc. et adj. a) Subst. masc., le plus souvent au plur. Descendant d'Hercule. Les Héraclides s'établirent dans le Péloponnèse (LITTRÉ). b) Adj., rare, littér. Qui ressemble à Hercule. Un pauvre homme (...) se nommait assez cocassement Hercule Joly et c'était bien le personnage le moins héraclide qu'on pût voir (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 258).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1550 (RONSARD, Odes, éd. P. Laumonier, livre V, 90, t. 3, p. 95). Empr. au lat. Hercules (à rapprocher du gr. ), demi-dieu rendu célèbre par ses travaux et sa force, attesté comme nom propre ca 1150, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 9487. Le juron Hercules « par Hercule » (RABELAIS, Tiers Livre, Prologue, éd. M. A. Screech, p. 18, 255), reprend le juron du lat. class. hercules, déjà sous la forme hercle chez Plaute, d'orig. controversée (v. ERN.-MEILLET). Fréq. abs. littér. : 140. Bbg. MIGL. 1968 [1927], p. 143.

hercule [ɛʀkyl] n. m.
ÉTYM. 1550, Ronsard; n. d'un demi-dieu de la myth. gréco-lat. (lat. Hercules, grec Hêraklês), célèbre par ses travaux, ses luttes contre les monstres, etc., symbole de la force physique.
Homme d'une force physique exceptionnelle. Colosse. || C'est un hercule; il est bâti en hercule. || Hercule précoce (→ Bras, cit. 8). || Force, muscles, carrure, bras d'hercule (→ Attaquer, cit. 26). || Les hercules peints par Rubens (→ Assommeur, cit.).REM. Certains écrivains maintiennent la majuscule à ce nom devenu nom commun.
1 (…) cet homme trapu, robuste, vivace, qui résumait en lui les vigueurs du sanglier et du taureau, moitié hercule, moitié satyre, fait pour dépasser cent ans (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, Balzac, IV.
2 À l'arrière, tandis qu'ils flânaient, apparut le capitaine, sorte de colosse à figure éteinte, d'hercule grisonnant, farouche et grave, avec des yeux désintéressés de tout, inexpressifs et sans vie.
Loti, Matelot, VIII.
3 C'était un homme d'assez haute taille bâti en Hercule (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XIV.
Spécialt. || Hercule de foire, hercule forain : acrobate qui fait des tours de force. Alcide (II.), bateleur, lutteur. || Exhibition (cit. 3) d'un hercule forain (→ Gras, cit. 34).
Par ext. Homme capable d'exploits remarquables, en quelque ordre que ce soit.
4 Notre intelligence est très bornée, ainsi que la force de notre corps. Il y a des hommes beaucoup plus robustes que les autres; il y a aussi des Hercules en fait de pensées; mais au fond cette supériorité est fort peu de chose. L'un soulèvera dix fois plus de matière que moi; l'autre pourra faire de tête, et sans papier, une division de quinze chiffres (…)
Voltaire, le Philosophe ignorant, IX.
CONTR. Avorton.
DÉR. Herculéen.

Encyclopédie Universelle. 2012.