rompu, ue [ rɔ̃py ] adj.
1 ♦ Arraché, cassé. Liens rompus. Maille rompue.
2 ♦ Fig. et vx Détruit, supprimé. Mod. Fiançailles rompues, annulées. — Couleur rompue, mélangée à une autre ou interrompue localement par une autre couleur.
3 ♦ Vx Interrompu par des arrêts ou des changements brusques. Mod. Style rompu. — À bâtons rompus.
4 ♦ (1552) (Personnes) Extrêmement fatigué. ⇒ fourbu, moulu. Être rompu de fatigue, de travail. « Elle était rompue, et son sommeil était si profond qu'elle semblait morte » (Gautier).
5 ♦ (1557) Littér. ROMPU À : très exercé, expérimenté. ⇒ expert, habitué. « l'agilité d'une ménagère rompue au travail » (France).
● rompu nom masculin Droits d'attribution ou de souscription qui ne correspondent pas à la quotité requise pour posséder ou souscrire à une action nouvelle.
rompu, ue
adj.
d1./d Cassé, brisé. Des liens rompus.
|| Loc. fig. Parler à bâtons rompus: V. bâton.
— être rompu de fatigue ou, absol., être rompu, extrêmement fatigué.
d2./d Rompu à: parfaitement exercé à.
⇒ROMPU, -UE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de rompre.
II. — Adjectif
A. — Qui a été brisé, enfoncé, détruit. Yves assurait que ces planches étaient les membres rompus des pins: déchiquetés, pelés vivants, ils embaumaient, ces corps sacrés des martyrs (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 103).
— BLAS. Arme, pièce rompue. Arme, pièce brisée. Chevron rompu. Dont la pointe du bout est coupée. (Dict. XIXe et XXe s.).
— PEINT. Couleur, ton rompu(e). Couleur mélangée, ton atténué. Si vous prenez un rouge, le sien [de Rubens], il vous est aisé d'en dicter la formule: c'est du vermillon et de l'ocre, fort peu rompu, à l'état de premier mélange (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 60). La Japonaise « comme il faut » a des robes (...) dont les tons sont cherchés dans les colorations de nature (...) les plus éloignées de ce que l'Europe appelle des couleurs franches (...) toutes couleurs rompues et charmeresses pour l'œil d'un coloriste (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 205).
♦ P. anal. Fait de pièces, de morceaux détachés. J'ai une autre idée: faire un volume très rompu — prose, vers assez mêlés — comme un cahier très artificiel de travaux, sans qu'on se fixe à être plus spécialement poète qu'autre chose (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 426).
B. — Dont la continuité est brisée, interrompue. Il lui fallut quelques minutes pour renouer le fil rompu de ses idées (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 288).
— [En parlant d'une suite d'escaliers interrompus par des paliers] Enfin nous arrivâmes, par une suite d'escaliers rompus, à une sorte de terrasse crevassée qui portait un pâté de maisons fort anciennes (SAND, Lettres voy., 1835, p. 200).
— [En parlant de pers.] Mariage rompu. L'hôtel est déjà suffisamment chargé de drames d'amour, de fiançailles rompues et de congrès inutiles pour s'occuper de conflits (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 230).
— MATH., vx. Nombre rompu. Nombre fractionnaire. (Dict. XIXe et XXe s.).
— MUS. Cadence rompue. La cadence rompue qui a lieu quand l'accord de la dominante ne va pas sur l'accord parfait tonal mais sur un autre accord (ROUGNON 1935, p. 136).
— Loc. fig. À bâtons rompus. Sans suite logique. J'ai été très pourchassé tous ces jours-ci (...), de sorte que j'ai écrit à bâtons rompus (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 122). Nous n'allons pas loin dans notre repas, et laissant la boîte aux trois quarts pleine, avec une belle miche à peine entamée, nous allumons des cigares et nous causons à bâtons rompus en regardant autour de nous (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 209).
C. — Qui éprouve une fatigue musculaire intense, brisé de fatigue. Rompu de fatigue. J'ai la tête malade, le cœur vide, j'ai d'ordinaire ce qu'on appelle le caractère gai, mais il y a des vides là-dedans, des vides affreux où je tombe brisé, rompu, anéanti! (FLAUB., Souv., 1841, p. 56). Parfois, les reins rompus, les membres lourds (...), l'excès même de ma fatigue m'empêchait de m'assoupir (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 72).
D. — Rompu à. Très habile, parfaitement exercé dans un domaine particulier. Rompu à la discipline militaire. Il faut que je devine la science des femmes rompues à ce manège (SAND, Villemer, 1861, p. 51). Il lui saisit un pied, inspecta le sabot et y découvrit une grande épine d'acacia eburnea dont il fit l'extraction avec l'habileté d'un homme rompu à ce genre de travaux (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 177).
REM. Rompu, subst. masc., banque. ,,Fraction de capital inférieure à la valeur nominale unitaire d'un titre. Rompu de souscription ou d'attribution, rompu de groupement`` (BERN.-COLLI 1981).
Prononc.:[]. Fréq. abs. littér.:1 838. Fréq. rel. littér.:XIXe. s.: a) 2 421, b) 2 627; XXe s.: a) 2 855, b) 2 624. Bbg. Dossiers de mots. Néol. Marche. 1977, n ° 3, pp. 113-114. — QUEM. DDL t. 21.
rompu [ʀɔ̃py] n. m.
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1 Techn. Partie, fraction qui reste d'une unité, d'un ensemble, après utilisation partielle. || Les rompus de rames de papier.
2 Fin. Quantité de titres (actions, obligations) à regrouper, insuffisante pour obtenir un titre nouveau. || Racheter les rompus. || Rompus de souscription, d'attribution; rompus de regroupement.
Encyclopédie Universelle. 2012.