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coutumier

coutumier, ière [ kutymje, jɛr ] adj. et n. m.
• v. 1160; de coutume
1Qui a coutume de faire qqch. « Je suis coutumière De payer toute la première » (La Fontaine). Il lui fit un cadeau; il en était coutumier. Loc. Être coutumier du fait : avoir déjà fait la même chose (souvent critiquable, répréhensible).
2Que l'on fait (subit) d'ordinaire en pareille circonstance. habituel, ordinaire. Les travaux coutumiers. Les corvées coutumières et quotidiennes.
3Droit coutumier : ensemble de règles juridiques que constituent les coutumes (opposé à droit écrit). Pays de droit coutumier, et absolt pays coutumier. Chef coutumier.
4 N. m. (1396) Recueil des coutumes d'une province, d'un pays. « plusieurs articles de nos codes et de nos coutumiers » (France).
⊗ CONTR. Exceptionnel, inaccoutumé, inattendu.

coutumier nom masculin Recueil des règles fixées par le droit coutumier. ● coutumier (expressions) nom masculin Grand coutumier, recueil général des coutumes particulières d'un pays. ● coutumier, coutumière adjectif Littéraire. Qui a l'habitude de faire quelque chose : C'est une chose dont il n'est pas coutumier. Littéraire. Qui est habituel, ordinaire : Un paysage coutumier. Se dit de ce qui est établi par la coutume. ● coutumier, coutumière (expressions) adjectif Droit coutumier, ensemble des règles juridiques établies par l'usage, la tradition, la coutume et ayant force de loi, par opposition à droit écrit. Être coutumier du fait, avoir l'habitude de faire cela, d'accomplir cet acte. ● coutumier, coutumière (synonymes) adjectif Littéraire. Qui est habituel, ordinaire
Synonymes :
- familier
- habituel
- ordinaire
- traditionnel
- usuel
Contraires :
- exceptionnel
- inaccoutumé
- inattendu
- inhabituel
- insolite
- inusité

coutumier, ère
adj.
d1./d Qui a coutume de faire qqch. Ne vous inquiétez pas de son silence, il est coutumier du fait.
d2./d Ordinaire, habituel. Les occupations coutumières.
d3./d Qui appartient à la coutume. Chef coutumier.
Droit coutumier, consacré par l'usage (par oppos. à droit écrit).
|| (Nouv.-Cal.) échange coutumier: échange de présents, selon la coutume.
|| (Afr. subsah.) Mariage coutumier. Tribunal coutumier.
Conseiller coutumier, qui assiste un fonctionnaire d'autorité pour ce qui concerne la coutume.

I.
⇒COUTUMIER1, IÈRE, adj.
A.— DR. ANC.
1. Qui appartient au droit non écrit ou codifié tardivement, généralement propre à une région. Anton. (droit) romain. Droit coutumier (synon. coutume, v. ce mot A 1); contrat, principe coutumier, règles coutumières; privilèges légaux ou coutumiers des diverses catégories. Ayant acquêts et baux francs de droit coutumier (HUGO, Quatre vents esprit, 1881, p. 250) :
1. Il y avait le droit coutumier, le droit écrit, et par-dessus tout il y avait le bon plaisir, la raison du plus fort.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 78.
2. Qui n'est pas noble, roturier (d'apr. Ac. Compl. 1842 et BESCH. 1845). Un vilain coutumier. En moquerie des théoriciens en général que le paysan coutumier méprise souverainement (SAND, Mare au diable, 1846, p. 212).
Rem. Le mot peut aussi être subst. en ce sens : les coutumiers.
B.— Usuel
1. [En parlant d'une pers.; suivi de la prép. de] Qui a l'habitude de faire quelque chose comme s'il s'agissait d'une obligation, d'une nécessité. Coutumière, une fois la semaine, des sacrements de confession et de communion (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 190). Une chose dont elle [la grande masse] n'est pas coutumière (STRAVINSKY, Chron. vie, 1931, p. 188) :
2. ... et les orientaux, plus fidèles que nous aux traditions antiques, sont coutumiers de perpétuer la mémoire des souverains sous lesquels ils ont joui de quelque bonheur ou de quelque gloire.
NODIER, La Fée aux Miettes, 1831, p. 115.
Souvent avec nuance péj. D'ignorance et d'envie elle [la plèbe] est trop coutumière (SULLY PRUDH., Justice, 1878, p. 262). Le médecin-chef du Stalag XII C était d'ailleurs coutumier de ces absurdités féroces (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 68) :
3. Car il est peu de mauvais prêtres qui répondent à l'image qu'en donnent volontiers les écrivains bien-pensants, intéressés à les peindre coutumiers du parjure, du vice et de l'impiété.
BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 1011.
Coutumier du fait. Si je m'embrouille, après tout, je n'étonnerai personne, étant coutumier du fait (COURIER, Lettres Fr. et It., 1809, p. 789). D'autant plus que Sa Majesté, qui est assez coutumière du fait, avait tenu à lui faire la surprise (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 460).
Rem. Ac. 1878 note que ,,ce sens est familier et peu usité`` et Lar. encyclop. le donne pour vieilli.
2. [En parlant de comportements ou de choses] Qui est habituel, ordinaire et comme inscrit dans la nature des personnes ou des choses. Amabilité coutumière; horaire coutumier; paysage coutumier; péripéties coutumières; tics coutumiers. Une vision de l'univers plus banale et plus coutumière (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 204). Une habileté coutumière et machinale (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 171).
Prononc. et Orth. :[kutymje], fém. [-]. Enq. : /kutymje, —/. Ds Ac. depuis 1694. Fréq. abs. littér. :374. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 94, b) 182; XXe s. : a) 777, b) 944.
DÉR. Coutumièrement, adv. D'une façon habituelle, courante, ordinaire. Ce n'était pas pour être taciturne d'habitude non plus que coutumièrement expansif (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 19). La Sacrée congrégation des Rites (...) exige coutumièrement des sommes immenses (BLOY, Lieux communs, 1902, p. 118). []. 1re attest. 1201 costumierement (GACE BRULÉ, Chanson, éd. H. Petersen Dyggve, 51, II, vers 8, p. 354); de coutumier « que l'on fait d'ordinaire », suff. -ment2.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 190. — GOHIN 1903, p. 312.
II.
⇒COUTUMIER2, subst. masc.
Recueil des règles de coutume régissant une province, une région, une juridiction, un pays; recueil qui est rédigé à titre privé par un jurisconsulte. Grand coutumier, coutumier général. Le Coutumier de la province (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 72). Le vieux coutumier de ses archives (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 14).
Prononc. et Orth. :[kutymje]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 adj. custumier de « qui a coutume de faire quelque chose » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 9167); 2. 1396 subst. masc. dr. coustumier « recueil de coutumes » (DELB., Rec. ds DG); 3. 1460 adj. coustumier « que l'on fait d'ordinaire » (Tempor. de l'év. de Bay., f° 44 v°, Chap. Bay. ds GDF. Compl.). Dér. de coutume « habitude » et terme de dr.; suff. -ier. Cf. le b. lat. consuetudinarius « habituel », attesté au Moy. Âge comme terme de dr. (NIERM.).

coutumier, ière [kutymje, jɛʀ] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1160, custumier; de coutume.
———
I Adj.
1 Vx ou littér. Qui a coutume de. || Être coutumier de (qqch., faire qqch.). || Elle est coutumière de l'église. || Cet enfant est coutumier de mentir.
1 Le dieu d'amour est coutumier
À ce jour, de fête tenir (…)
Charles d'Orléans, Ballades, 47.
2 Je suis coutumière
De payer toute la première.
La Fontaine, les Cordeliers de Catalogne, in Littré.
Loc. (Mod.). Être coutumier du fait (généralt péj.). || « D'autant plus que sa Majesté, assez coutumière du fait, avait tenu à lui faire la surprise » (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, in T. L. F.).
2 Que l'on fait d'ordinaire. Habituel, ordinaire. || Les travaux coutumiers. || Cette manière de penser lui est coutumière. || Chemin, route coutumiers, que l'on a l'habitude de suivre. || Une bonne humeur coutumière. || Un train-train coutumier.
3 (…) mes yeux, éclairés des célestes lumières,
Ne trouvent plus aux siens leurs grâces coutumières.
Corneille, Polyeucte, IV, 2.
4 (…) comme il avait négligé de tambouriner sur la porte son petit rappel coutumier (…)
Courteline, Boubouroche, Nouvelle, p. 50.
5 (…) on dirait qu'elle répugne à tout ce qui n'est pas coutumier; de sorte que le progrès dans la vie n'est pour elle que d'ajouter de semblables jours au passé.
Gide, la Symphonie pastorale, p. 63.
3 Spécialt. || Droit coutumier : ensemble de règles juridiques que constituent les coutumes. → Plaisir, cit. 2. || Pays de droit coutumier, et absolt, pays coutumier.
6 Si vous étiez en pays de droit écrit, cela se pourrait faire; mais (…) dans les pays coutumiers (…) c'est ce qui ne se peut (…)
Molière, le Malade imaginaire, I, 7.
7 C'est des Latins également que nous tenons notre conception du droit, de ce droit écrit, aux arêtes dures, si différent du droit coutumier britannique.
André Siegfried, l'Âme des peuples, III, IV, p. 65.
4 Vx. Roturier. || Vilain, paysan coutumier.
5 En franç. d'Afrique. Qui suit la coutume, relève de la coutume (2., spécialt). || Chef coutumier. || Mariage coutumier. || Tribunal coutumier (d'après I. F. A.).
———
II N. m. (1396). Didact. Recueil des coutumes d'une province, d'un pays. || Le Grand Coutumier normand du XIIIe siècle.
8 Le grimoire d'un sorcier semble facile à comprendre en comparaison de plusieurs articles de nos codes et de nos coutumiers.
France, les Opinions de J. Coignard, Œ. compl., t. VIII, XXI, p. 504.
9 Il venait du même coup de violer le coutumier de Bretagne qui interdisait à tout baron de lever des troupes sans le consentement du Duc (…)
Huysmans, Là-bas, XVI, p. 220.
CONTR. Exceptionnel, inaccoutumé, inattendu, inhabituel.
DÉR. Coutumièrement.

Encyclopédie Universelle. 2012.