fréquentation [ frekɑ̃tasjɔ̃ ] n. f.
• 1350; lat. frequentatio « emploi fréquent »
1 ♦ Action de fréquenter (un lieu, une personne). Ce que peut nous apporter la fréquentation des théâtres, des musées. « la fréquentation du monde » (Montaigne). « La seule habitude qu'on lui connût était la fréquentation assidue des danseurs et des musiciens espagnols » (Camus).
♢ Fait d'être fréquenté, pour un lieu. La fréquentation des cinémas est en hausse.
2 ♦ Relations habituelles, personnes que l'on fréquente. ⇒ relation. Avoir de bonnes, de mauvaises fréquentations. « quelqu'un qui choisissait ses fréquentations en dehors de la caste où il était né » (Proust). Surveiller les fréquentations de ses enfants.
3 ♦ Fig. Vieilli Pratique, usage habituel. La fréquentation des sacrements. La fréquentation des grandes œuvres.
● fréquentation nom féminin (latin frequentatio, -onis) Action de fréquenter un lieu, en particulier du point de vue de la fréquence et du nombre des personnes : Le taux de fréquentation d'une salle de cinéma. Action de fréquenter quelqu'un ; personne que l'on fréquente souvent (souvent pluriel) : Avoir de drôles de fréquentations. Littéraire. Fait d'avoir plus ou moins recours à quelque chose : La fréquentation des bons auteurs. ● fréquentation (synonymes) nom féminin (latin frequentatio, -onis) Action de fréquenter quelqu'un ; personne que l'on fréquente souvent (souvent...
Synonymes :
- accointances
- attaches
- liaison
Littéraire. Fait d'avoir plus ou moins recours à quelque chose
Synonymes :
- pratique
- usage
fréquentation
n. f.
d1./d Action de fréquenter un lieu. La fréquentation d'un club.
d2./d Relation sociale habituelle; personne fréquentée. De mauvaises fréquentations.
⇒FRÉQUENTATION, subst. fém.
A.— Action de se rendre souvent dans un lieu ou chez quelqu'un.
1. [Le compl. du n. désigne un lieu] Action de se rendre souvent dans un lieu où se déroule généralement une activité. La fréquentation des théâtres, des concerts (Ac. 1932). [Les] querelles, [les] maladies et (...) l'abrutissement, qui sont les suites infaillibles de la fréquentation des cabarets (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 249). La fréquentation des temples par les personnes auxquelles l'accès en est interdit (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 134) :
• 1. Le petit carreau de cette pièce, mis en couleur, n'avait pas encore été frotté; mais il était propre, ce qui annonçait une fréquentation publique assez rare.
BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 255.
2. [Le compl. du n. désigne une pers.] Action de se rendre souvent chez une personne avec laquelle on entretient des relations sociales, amicales; action de la rencontrer souvent. Je renouvelle dans une fréquentation journalière avec Paul et François les anciennes causeries (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1836, p. 243). Le sentiment de familiarité ou d'intimité que nous ressentons précisément dans la fréquentation d'autrui lorsqu'il se révèle dans sa singularité (J. VUILLEMIN, Être et trav., 1949, p. 42).
— P. ext., rare. [Le compl. du n. désigne des animaux] Dans la fréquentation des animaux, elle [une servante de ferme] avait pris leur mutisme et leur placidité (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 172) :
• 2. Saint-Pierre n'est fréquenté que par des pêcheurs de phoques, de rares baleiniers, gens fort grossiers d'habitude, et qui n'ont pas beaucoup gagné à la fréquentation des chiens de mer.
VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 31.
— En partic., vieilli ou région. Fait d'avoir des relations amoureuses avec quelqu'un, généralement en vue du mariage. Le mariage est souvent précédé de longues fréquentations (C. BÉRARD, Au cœur d'un vieux pays, Sierre, 1926, p. 188) :
• 3. Pour sa première visite à Florentine, celle qui marquerait le début de leurs nouvelles relations, il lui apparut qu'il valait mieux se présenter à la maison de la jeune fille, selon la coutume des fréquentations sérieuses.
ROY, Bonheur occas., 1945, p. 354.
— P. méton. Personne chez laquelle on se rend souvent, avec laquelle on entretient des relations sociales, amicales. Avoir de bonnes, de mauvaises fréquentations. Ça va cesser d'être si copains, mon mignon! (...) il est pas une fréquentation pour toi (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 506) :
• 4. On savait quelles avaient été les fréquentations de son père, on savait donc quelles étaient les siennes, avec quelles personnes il était « en situation » de frayer.
PROUST, Swann, 1913, p. 16.
B.— Au fig., littér. [Le compl. du n. désigne une chose abstr., une manifestation de l'esprit hum.] Fait d'être souvent en relations avec quelque chose. Daudet, dont la pensée est dans une continue et perpétuelle fréquentation avec la mort (GONCOURT, Journal, 1887, p. 1056). Un homme de goût, cultivé, entraîné à la fréquentation des chefs-d'œuvre classiques (LHOTE, Peint. d'abord, 124) :
• 5. L'initiative (...) s'éduque par l'exercice des responsabilités et par la fréquentation des obstacles, à un poste de commandement solitaire qui contraigne à prendre les devants pour n'être pas vaincu.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 427.
— Spécialement
♦ [Le compl. du n. désigne une œuvre littér. ou un aut.] Fait de lire souvent. Tu fais bien de te livrer au bon Plutarque : la fréquentation de ces bonshommes-là est tout ce qu'il y a de plus sain (FLAUB., Corresp., 1870, p. 119). Cf. aimable ex. 54 :
• 6. ... aucun livre de Gide n'a été pour moi un de ces livres de chevet, sur lesquels on se modèle insensiblement à la suite d'une lente et longue fréquentation.
MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1418.
♦ Fréquentation des sacrements. Fait d'avoir souvent recours aux sacrements. La pratique fidèle des commandemens de l'Église, et la fréquentation des sacrements que cette mère inépuisable en bienfaits offre à tous ses enfans (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 66) :
• 7. Le dimanche, on voit l'assistance entière se rendre à la communion, mais la messe dite, tout le monde sort sans attendre; pas d'oraison dans la vie du fidèle moyen; sans doute, la fréquentation des sacrements remédie-t-elle à ce manque.
GREEN, Journal, 1943, p. 7.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1350 « action de fréquenter » (G. LE MUISIT, Poésies, I, 272 ds T.-L.); 1853 « la personne elle-même que l'on fréquente » (au plur.) (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, p. 267). Empr. au lat. class. frequentatio « abondance, emploi fréquent ». Fréq. abs. littér. :260. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 154, b) 254; XXe s. : a) 487, b) 544.
fréquentation [fʀekɑ̃tɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1350; déb. XIVe « fréquence, manière d'être »; lat. frequentatio « fréquence », du supin de frequentare. → Fréquenter.
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1 Action de fréquenter (un lieu, une personne). || La fréquentation des théâtres, des musées, des lieux de plaisir, des cafés (par qqn). || Fréquentation assidue des cours et conférences (⇒ Assiduité). || Personne de fréquentation difficile. ⇒ Abord, approche, commerce, contact. || La fréquentation des artistes, des gens du monde. || La fréquentation d'un milieu, d'une société par une personne. || La fréquentation du monde. ⇒ Pratique, usage (→ Dérouter, cit. 3). || On ne connaît bien les gens que par leur fréquentation quotidienne. ⇒ (vieilli) User (à l'user).
1 Il se tire une merveilleuse clarté, pour le jugement humain, de la fréquentation du monde.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
2 Je cherche à la vérité plus la fréquentation de ceux qui me gourment que de ceux qui me craignent.
Montaigne, Essais, III, VIII.
3 Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité.
Flaubert, Mme Bovary, II, VIII.
4 La fréquentation des Parisiens a fait beaucoup de bien aux hôteliers de Chartres, mais la fréquentation des hôteliers de Chartres a fait beaucoup de mal aux Parisiens pour certaines raisons.
Max Jacob, le Cornet à dés, Rom. feuilleton.
5 (…) la fréquentation d'un homme actif, alerte, d'humeur vive, un peu chaude, vous donne du cœur et de l'esprit au travail.
Paul Léautaud, Journal littéraire, 4 janv. 1904.
6 (…) la seule habitude qu'on lui connût était la fréquentation assidue des danseurs et des musiciens espagnols, assez nombreux dans notre ville.
Camus, la Peste, p. 35.
♦ Le fait d'être fréquenté, de recevoir des personnes. || « La fréquentation des urgences de l'Hôtel-Dieu ne cesse d'augmenter depuis dix ans » (le Monde, 11 mars 2000, p. 15).
2 (Déb. XXe; av. 1922, Proust). || Une, des fréquentations. Relations habituelles; par métonymie, les personnes que l'on fréquente. ⇒ Accointance, connaissance, rapport, relation. || Surveiller les fréquentations de quelqu'un. || Choisir ses fréquentations (→ Déclassement, cit. 1). || Avoir de bonnes, de mauvaises fréquentations. || Il a de drôles de fréquentations, des fréquentations douteuses. || Ce garçon est une mauvaise fréquentation pour son fils.
7 Jusqu'à midi, monsieur, il me harangua sur les obligations que m'imposait ma nouvelle foi, sur mes lectures, sur mes fréquentations.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, V.
8 (…) des fréquentations aristocratiques de sa jeunesse (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 427.
♦ Régional (notamment Suisse). Relations sentimentales avec une personne de l'autre sexe.
8.1 Le mariage est souvent précédé de longues fréquentations.
C. Bérard, Au cœur d'un vieux pays, p. 188.
3 Fig. (vieilli). Usage habituel. ⇒ Pratique. || La fréquentation des sacrements. || La fréquentation des livres, des grandes œuvres classiques. ⇒ Commerce, contact, familiarité.
9 Les livres sont plaisants; mais, si de leur fréquentation nous en perdons enfin la gaieté et la santé (…) quittons-les.
Montaigne, Essais, I, 284.
10 Un homme a ses heures et ses temps marqués pour la prière, pour la lecture des bons livres, pour la fréquentation des sacrements (…)
Bourdaloue, Sermons, 5e dim. après la Pentecôte, I.
11 (…) il (Delacroix) ne connaissait la passion et le surnaturel que par sa fréquentation forcée avec le rêve.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Delacroix, IV.
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CONTR. Abandon, délaissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.