doigt [ dwa ] n. m. I ♦
1 ♦ Chacun des cinq prolongements qui terminent la main de l'homme. Les cinq doigts de la main. ⇒ pouce, index, majeur (ou médius), annulaire, auriculaire (ou petit doigt); -dactyle . Les doigts portent des ongles. Os des doigts. ⇒ phalange, phalangette, phalangine. « après avoir fait craquer, une à une, toutes les articulations de ses doigts » (Duhamel). Pulpe des doigts. Traces de doigt. Empreinte du doigt. ⇒ 1. digital. En forme de doigt. ⇒ digitiforme. — Doigts longs, courts, boudinés, effilés, crochus, noueux. « La demoiselle avait des doigts fins et blancs avec des ongles faits » (Sartre). Adresse, agilité des doigts. ⇒ doigté. Maladie, inflammation du doigt (engelure, panaris). Doigts gourds. Pansement du doigt. ⇒ poupée. Étui qui protège le doigt. ⇒ 2. dé, doigtier. — Prendre, pincer, presser, serrer avec ses doigts. Des « polissons qui se mouchent avec les doigts » (Baudelaire). Pétrir dans ses doigts. Tenir entre ses doigts. Prendre une pincée avec ses doigts. Caresser, effleurer, envoyer un baiser du bout des doigts; palper, tâter, toucher avec ses doigts. Fourrer ses doigts partout : toucher à tout. « Ses doigts, glissant doucement sur les touches, esquissèrent un air de Schumann » (Maurois). Tremper son doigt dans la sauce. Manger avec ses doigts (cf. Avec la fourchette d'Adam). Se lécher les doigts. Lever le doigt (pour demander la parole, etc.). — Compter sur ses doigts.
♢ Loc. On peut les compter sur les doigts (d'une main) : ils sont peu nombreux (moins de cinq). Vous avez mis le doigt sur la difficulté, vous l'avez trouvée. Mettre le doigt dessus. Mettre le doigt dans l'engrenage. Loc. prov. Entre l'arbre et l'écorce, il ne faut pas mettre le doigt. — Croiser les doigts (pour conjurer le sort)(cf. Toucher du bois). — Avoir les doigts verts, des doigts de fée. — Y mettre les quatre doigts et le pouce : saisir à pleine main, avidement. — Toucher qqch. du doigt, le voir clairement. Toucher du doigt le but, la fin, en être très près. Faire toucher une chose du doigt : convaincre qqn par des preuves palpables. « Je voudrais essayer ici de faire sentir ce défaut, de le faire toucher du doigt » (Sainte-Beuve). — Filer, glisser entre les doigts de qqn, lui échapper. — Se faire taper sur les doigts : se faire réprimander. — Désigner, montrer du doigt, au doigt (vieilli). « Tu ne seras qu'un objet de risée; tu chercheras en vain une rue déserte où ceux qui passent ne te montrent pas du doigt » (Musset). — Se mordre les doigts de qqch. : regretter, se repentir. « tu te mords les doigts de ton imprudence » (France). — Ne rien faire, ne rien savoir faire de ses dix doigts : être oisif, être incapable. Être comme les (deux) doigts de la main, très unis (cf. Être comme cul et chemise). — Avoir un morceau de musique dans les doigts, l'exécuter de mémoire à la perfection. « la toile ne vient pas mal. Je la sens. Je l'ai dans les doigts » (Aymé). — Fam. Les doigts dans le nez. Se mettre, se fourrer le doigt dans l'œil (jusqu'au coude) : se tromper grossièrement. — Être obéi, servi au doigt et à l'œil, exactement, ponctuellement. Faire marcher qqn au doigt et à l'œil (cf. À la baguette).
♢ Le BOUT DU DOIGT. Loc. Connaître, savoir qqch. sur le bout du doigt, sur le bout des doigts, très bien. Avoir de l'esprit jusqu'au bout des doigts.
♢ PETIT DOIGT : l'auriculaire. « Pendant qu'on trinquait j'ai remarqué qu'ils tenaient tous le petit doigt en l'air » (Aymé), signe d'affectation. Loc. Mon petit doigt me l'a dit : je l'ai appris (se dit à un enfant). « voilà un petit doigt qui sait tout, qui me dira si vous mentez » (Molière). Ne pas lever, ne pas remuer le petit doigt : ne pas faire le moindre effort. Se cacher derrière son petit doigt : feindre d'ignorer la réalité (qui déplaît).
♢ La bague au doigt.
2 ♦ Extrémité articulée des pieds, des pattes de certains animaux (et de la main du singe). Les oiseaux « se servent de leurs doigts beaucoup plus que les quadrupèdes » (Buffon) . Doigts munis de griffes.
3 ♦ Par anal. (1605) Les doigts d'un gant.
4 ♦ DOIGT DE PIED. ⇒ orteil. Les doigts de pied en éventail.
5 ♦ Se dit de pièces ayant la forme d'un doigt. Doigt de contact, d'encliquetage, d'entraînement. Doigt de came. Doigts de transfert.
6 ♦ Fig. et littér. L'aurore aux doigts de rose. Le doigt de Dieu.
II ♦ (doie, dea en a. fr.) Mesure approximative, équivalant à l'épaisseur d'un doigt. Sa jupe est trop courte de trois doigts. « Tu boiras bien un verre d'eau avec un doigt de vin blanc » (Bosco). ⇒ 1. goutte . — Fig. et fam. Faire un doigt de cour à une femme. ⇒ brin.
♢ Loc. À un doigt, à deux doigts de : très près. La balle est passée à un doigt du cœur. Il s'en est fallu d'un doigt (⇒ cheveu) . Être à deux doigts de la mort, de mourir.
⊗ HOM. Doit.
● doigt nom masculin (latin digitus) Chacune des parties libres et mobiles qui terminent la main de l'homme : Compter sur ses doigts. Chacune des parties d'un gant qui couvrent les doigts. L'index servant à manifester quelque intention : Montrer les gens du doigt. Un élève lève le doigt. Mesure approximative évaluée par l'épaisseur d'un doigt : Raccourcir une jupe de deux doigts. Mécanique Petite pièce servant d'appui ou d'arrêt à une autre. Zoologie Chacun des appendices formant ensemble la partie distale (ou acropode) de la main ou du pied, qui terminent les membres des animaux vertébrés terrestres. ● doigt (citations) nom masculin (latin digitus) Germain Nouveau Pourrières 1851-Pourrières 1920 On est bien forcé de croire au doigt de Dieu, quand on voit comme il se l'est mis dans l'œil. Album Richepin Cailler Commentaire L'Album Richepin a été écrit en collaboration avec Jean Richepin et ses amis du groupe des Vivants : Ponchon, Bourget et Mercier. Frédéric Mistral Maillane, Bouches-du-Rhône, 1830-Maillane, Bouches-du-Rhône, 1914 Les cinq doigts de la main ne sont pas tous égaux ! Li cinq det de la man soun pas tóuti parié ! Mireille, VII ● doigt (difficultés) nom masculin (latin digitus) Emploi Montrer du doigt/ montrer au doigt. Les deux constructions sont correctes. Montrer du doigt est courant, montrer au doigt appartient aujourd'hui au registre littéraire : « En m'retrouvant seul sous mon toit / Dans ma psyché j'me montre au doigt »(G. Brassens). ● doigt (expressions) nom masculin (latin digitus) Avoir des doigts de fée, être d'une adresse merveilleuse. Populaire. Avoir les doigts de pied en éventail, ne rien faire, se prélasser. Avoir une qualité jusqu'au bout des doigts, l'avoir à un très haut degré. Doigt(s) de pied, orteil(s). Du bout des doigts, très délicatement, avec beaucoup de précautions. Être à un (deux) doigt(s) de, être très près de. Être liés comme les doigts de la main, être des amis très unis. Faire toucher du doigt, convaincre de la réalité d'un fait par des preuves incontestables. Glisser, filer entre les doigts de quelqu'un, lui échapper. Familier. Les doigts dans le nez, très facilement. Mettre le doigt dans l'engrenage, commencer à participer à une entreprise, se mettre dans une situation dont on aura du mal à se sortir. Mettre le doigt sur quelque chose, découvrir quelque chose (de plus ou moins scandaleux ou difficile). (Mettre) le doigt sur la bouche, faire signe de garder le silence. Familier. Mon petit doigt me l'a dit, je l'ai su, mais je ne dirai pas comment (se dit à un enfant). Montrer du doigt, désigner quelqu'un ou quelque chose comme un objet digne de moquerie ou de réprobation. Ne pas lever le petit doigt, rester passif, ne faire aucun effort, ne pas venir en aide (à quelqu'un). Ne rien faire de ses dix doigts, ne rien faire, rester oisif. Obéir, marcher au doigt et à l'œil, obéir au premier signe, sans discuter, en suivant exactement les ordres. On peut les compter sur les doigts (de la main), il y en a très peu. Petit doigt, auriculaire. Savoir sur le bout du doigt, connaître parfaitement, par cœur. Se mettre, se fourrer, se ficher (familier), se foutre (populaire) le doigt dans l'œil (jusqu'au coude), se tromper grossièrement. Familier. Taper sur les doigts de quelqu'un, lui donner une leçon, le réprimander. Toucher quelque chose du doigt, avoir l'intuition d'une vérité, deviner juste. Un doigt (de quelque chose), un petit peu, un brin. Familier. Y mettre les quatre doigts et le pouce, prendre à pleine main ou agir brutalement. Règle des trois doigts, règle donnant le sens de la force qui s'exerce sur un conducteur parcouru par un courant, lorsqu'il est placé dans un champ d'induction magnétique. Pêche au doigt, pêche à la ligne à la main, le fil passant sur l'index de manière à percevoir facilement la touche. ● doigt (homonymes) nom masculin (latin digitus) dois forme conjuguée du verbe devoir doit forme conjuguée du verbe devoir doit nom masculin
doigt
n. m.
rI./r
d1./d Chacune des cinq parties articulées, mobiles, qui terminent la main. Les cinq doigts de la main sont: le pouce, l'index, le médius (ou majeur), l'annulaire et l'auriculaire. Chaque doigt comporte trois phalanges, sauf le pouce qui n'en a que deux.
|| Les doigts de pied: les orteils.
|| Les doigts d'un gant: les parties du gant qui gainent les doigts.
|| (Afr. subsah.) Un doigt de banane: une banane.
|| Loc. fig. Mettre le doigt sur: découvrir, deviner.
— Avoir des doigts de fée.
— Avoir les doigts verts: être bon jardinier.
— Se mordre les doigts.
— Donner, taper sur les doigts de qqn, le réprimander, le rappeler à l'ordre.
— Obéir au doigt et à l'oeil, ponctuellement, au premier signe.
— Mon petit doigt me l'a dit, s'emploie en parlant à un enfant pour lui faire croire que l'on connaît ce qu'il cache.
— être comme les deux doigts de la main, très liés.
— Savoir qqch sur le bout des doigts (ou du doigt).
— Avoir de l'esprit jusqu'au bout des doigts: être très spirituel.
— Fam. Se mettre le doigt dans l'oeil: se tromper lourdement.
d2./d Un doigt: un travers de doigt, pris comme mesure. Un doigt de vin.
|| à deux doigts de: très près de. Son plan était à deux doigts de réussir.
rII./r Chacune des parties articulées attachées à la patte, au pied de certains vertébrés (et à la main du singe).
rIII/r TECH Pièce servant de cran d'arrêt, de butoir.
⇒DOIGT, subst. masc.
I.— Chacune des parties distinctes, articulées et généralement libres qui terminent la main et le pied de l'homme et de certains animaux. La membrane qui réunit les doigts des oiseaux palmipèdes (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 556). Les « mammifères onguiculés » (...) ont quatre membres, des ongles aplatis ou pointus à l'extrémité de leurs doigts (LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 142) :
• 1. Les doigts sont les avances libres et mobiles qui terminent la main. (...) Ils sont au nombre de cinq. Chacun d'eux, à l'exception du pouce, est composé de trois phalanges ou articles, dont le premier, ou celui qui est reçu sur l'os du métacarpe, est le plus long. Le plus petit est celui qui termine le doigt et qui porte l'ongle ongueal.
CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 308.
— Spéc., ANAT. HUM. Doigt de pied. Synon. orteil. Une crampe dans les doigts de pied (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 42).
A.— [Le doigt considéré dans son aspect, son dessin] Une longue main aux doigts minces, rapide comme une patte (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 56).
SYNT. Joli(s), pauvre(s) doigt(s); doigt(s) blanc(s), boudiné(s), effilé(s), énorme(s), fin(s), fluet(s), fuselé(s), ganté(s), maigre(s), menu(s), mince(s), noir(s), noueux, osseux, rose(s), rouge(s), velu(s).
1. P. allus. littér. L'aurore aux doigts de rose. Quand des fiers combats Homère se repose, Il aime à colorer l'aurore aux doigts de rose (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. 38).
2. P. anal. Ce qui a la forme d'un doigt. Le long doigt du gaz dans l'entrée, cru et sifflant, s'appuyait sur les passants (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 428). La grande fourchette à deux doigts (FARAL, Vie temps St Louis, 1942, p. 157).
— En partic. Membrane de protection qui recouvre le doigt en épousant sa forme. Des gantelets sans doigts enfermaient leurs mains (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 150). Synon. doigtier. Un doigt de caoutchouc lui retroussait une paupière (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 117).
— Spéc., TECHNOL. Petite pièce, généralement métallique, servant à mettre en position, arrêter ou pousser une autre pièce. Le pignon de commande porte un doigt excentré qui, aux fins de course, vient s'insérer dans une rainure de guidage (Civilis. écr., 1939, p. 812).
B.— En partic. [Le doigt considéré en tant qu'élément de la main]
1. [Les doigts considérés dans leur unité, leur nombre]
SYNT. Cinquième, premier, second, seul doigt; doigt de la main droite/gauche, du milieu; nombre de doigts.
— Expr. et loc. Agir/tirer au doigt mouillé. Tirer au sort en demandant de choisir entre différents doigts dont un est mouillé d'avance par en dessous. Ils veulent partager comme de bons amis; Chacun en garde six, il en reste un treizième : L'aîné le veut, l'autre le veut aussi. — Tirons au doigt mouillé (FLORIAN, Fables, 1792, p. 124). Au fig. Agir au hasard. L'homme moderne a acquis trop de puissance sur la nature pour que nous puissions continuer à agir au doigt mouillé (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p. 194). Compter sur ses doigts. Compte sur tes doigts jusqu'à cent cinquante (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 188). Donner un doigt de sa main (p. réf. au nombre et à l'utilité des doigts). Je suis épuisé par l'insomnie. (...) Je donnerais un doigt de ma main pour une vraie nuit, complète (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 87). Être unis, se tenir comme les doigts de la main. Indiquant par geste que c'était comme son frère, (...) ils étaient unis ainsi que les deux doigts de la main (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 198). Ces gens-là se tiennent comme les doigts de la main (BERNANOS, Crime, 1935, p. 818).
2. [Certains doigts considérés dans leur mode d'expr. symbolique]
a) [Le doigt tendu (gén. l'index), pour indiquer une direction, pour désigner qqn ou qqc. à l'attention gén., pour accuser] Des lorettes de premier choix qui désignent du doigt les célébrités du fond du café (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 115). :
• 2. Le silence était complet dans la salle quand elle a eu fini. Le procureur s'est alors levé, très grave et d'une voix que j'ai trouvé vraiment émue, le doigt tendu vers moi, il a articulé lentement : « Messieurs les jurés, le lendemain de la mort de sa mère, cet homme prenait des bains, commençait une liaison irrégulière, et allait rire devant un film comique. Je n'ai rien de plus à vous dire ».
CAMUS, L'Étranger, 1942, p. 1190.
♦ P. anal. [En parlant de ce qui ressemble à un index tendu] Le doigt noir du cadran solaire tournait sur le mur de la villa (JOUVE, Paulina, 1925, p. 73) :
• 3. La mer tient l'homme et l'isole,
Et l'égare loin du port;
Par le doigt de la boussole
Il se fait montrer le nord.
HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Liberté, 1865, p. 258.
♦ P. métaph. Je pensais à l'âme de ma pauvre sœur envolée, (...) sans aucun doigt pour lui montrer la route (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 177).
— Expr. et loc. Le doigt de Dieu, du destin, de la providence. Ce qui conduit les événements, qui dirige les hommes. On discute, on piétine : une femme s'avance avec le mot juste qui éclaire deux heures de raisonnements (...). Ce n'est pas qu'elle soit alors nécessairement touchée du doigt des dieux (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 607). Mais, pour moi comme pour ce bateau, touchés à mort sans que cela se sache, nous continuâmes à courir sur notre erre jusqu'à notre fin déjà marquée par le doigt du destin (VIALAR, Risques et périls, 1948, p. 203). Lever le doigt (pour attirer l'attention, demander la parole). Violaine, « levant le doigt ». — Écoute! (CLAUDEL, Annonce, 1948, III, 2, p. 200). Marcher/obéir au doigt et à l'œil (p. réf. au geste qui accompagne un ordre). Elle le regardait en dressant les oreilles, et lui obéissait au doigt et à l'œil (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 221). Montrer au/du doigt. Comme s'il redoutait encore d'être montré au doigt par les gamins (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1365). Au fig. Montrer/désigner du doigt. Il [Chateaubriand] sait retenir et citer de beaux vers d'André Chénier encore inconnu, en le désignant du doigt comme poëte (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 98). Se fourrer le doigt dans l'œil (fam.). Se tromper grossièrement. Claude Monet (...), un paysagiste de talent parfois, un détraqué souvent, un homme qui se fourre le doigt dans l'œil jusqu'au coude (HUYSMANS, Art. mod., 1883, p. 109).
b) [L'auriculaire (le petit doigt), considéré dans son apparence de faiblesse, de petitesse relative, etc.] Vous valez mieux dans votre petit doigt que le Buckingham, dans toute sa personne (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, II, 4, p. 44).
— Expr. Boire en levant le petit doigt. Témoigner de l'affectation dans son comportement. Cf. désenchanteur ex. 1. Mon petit doigt l'a dit/ne ment pas (pour exprimer l'idée d'une connaissance secrète et infaillible). Elle hochait la tête, elle assurait que son petit doigt ne mentait jamais (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 256).
Rem. L'auriculaire serait le doigt sacré, symbole de la connaissance, de la divination (cf. Divin. 1964, p. 381).
c) [L'annulaire] Alliance, bague au doigt. Cœuvre. — Je te donnerai une robe d'épouse, je passerai mon anneau à ton doigt (CLAUDEL, Ville, 1893, I, p. 334).
Rem. On remarque un rapprochement fréq. du doigt et des organes des sens, ou d'une partie du visage avec une valeur symbolique pour marquer l'attention : doigt sur la bouche (pour demander le silence); doigt au front, sur la tempe (méditation, réflexion, etc.); doigt dans les oreilles (refus d'entendre); doigt sur les paupières (refus de voir), etc.
C.— 1. [Le doigt considéré comme instrument de travail, d'action servant à saisir, frapper, écrire, etc.] Phonsine faisait pivoter la tarte qu'elle dentelait de ses doigts malhabiles (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 40). Il y a en nous un nerf alerté, tapi, qui pour jamais est à l'écoute de ce seul bruit, rien d'autre ne peut l'atteindre. Moi, c'était le Farghestan dont je guettais le coup du doigt replié sur la vitre (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 339).
♦ Au fig. Cinq doigts de fer se crispèrent sur le cœur de Mathieu (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 137).
SYNT. (S')essuyer, frapper, taper, tapoter du/les doigt(s); froisser, glisser, pétrir, presser, rouler, saisir, serrer entre les/ses doigts.
— Expr. et loc. À pleins doigts. À pleine main. Les doigts dans le nez. Facilement, sans l'aide des mains. Je les rejoints [sic] « les doigts dans le nez » (Match, 27 août 1935, 6 ds GRUBB, Fr. sp. neol., 1937, p. 34). Il n'aurait qu'à bouger/lever/remuer un doigt. Chef d'état-major et ministre étaient, depuis l'origine, au courant de l'affaire. Ils n'avaient qu'à lever le doigt pour que l'enquête du colonel Picquart fût étouffée dans l'œuf (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 305). S'en lécher les doigts (à propos d'un mets partic. bon). Tu en as mangé une cuisse ce soir... hein? Tu t'en es léché les doigts! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1483). Manger avec les doigts. Ce festin, je ferai des milliards de lieues Pour me l'offrir et le manger avec les doigts, Goulûment, salement, sans grand goût ni grand choix (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 312). Mettre le doigt à (au fig.). Il ne trempe nullement dans la révolution qui s'accomplit sous ses yeux! Il ne met pas le bout du doigt à cette pâte libérale (MUSSET, Revue des Deux-Mondes, 1833, p. 734). Rester oisif, ne rien faire de ses dix doigts. Si ta femme avait voulu, disait-elle à son frère, je lui aurais appris le tricot; mais elle aime mieux rester oisive de ses dix doigts et regarder par la fenêtre (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 62).
2. En partic. [Le doigt comme instrument professionnel caractérisé par certaines qualités] Le doigt du potier indigène (...) pétrit la matière au gré de ses fantaisies et de ses besoins (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 201).
— Expr. et loc. Sous les doigts de (au fig.). Modelé, dirigé par quelqu'un. Le chef ne trouve plus sous ses doigts la matière résistante, la matière étrangère, si énergiquement nommée le matériel humain (ALAIN, Propos, 1928, p. 774). Avoir des doigts de fée, avoir qqc. dans les doigts. Avoir un don pour un travail manuel ou artistique. Oh! toi, tu seras reçu : les sculpteurs sont plus larges que les peintres. Et, du reste, tu sais très bien ton affaire, tu as dans les doigts quelque chose qui plaît (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 88).
D.— [Le doigt considéré comme mode de connaissance]
1. [Le doigt dans sa sensibilité physique]
— Expr. et loc. Brûler les doigts; les doigts lui cuisent, lui démangent. Son argent te brûlerait les doigts (BALZAC, Goriot, 1835, p. 107). Donner/taper sur les doigts (en manière de réprimande; au fig.). Donner une leçon. Il faut que chaque œuvre maintenant ait sa signification morale (...) qu'un drame tape sur les doigts aux monarques et qu'une aquarelle adoucisse les mœurs (FLAUB., Corresp., 1846, p. 322). Mettre le doigt dans un engrenage; (ne pas) mettre le doigt entre l'arbre et l'écorce/l'enclume et le marteau/sous l'arçon. (Éviter de) se mettre dans une situation embarrassante. Va donc lui demander, Olivares, à lui, qui passe pour sorcier, ce que fait Maria en ce moment. — Ami! Ne mettons pas le doigt entre le marteau et l'enclume (BOREL, Champavert, 1833, p. 67). Nous t'apprendrons alors à ne point mettre les doigts sous l'arçon pour trotter, sacré renard! (ADAM, Enfant Aust., 1902, p. 311). Quel homme, à condition qu'il réfléchisse un peu, ne se dira pas, lorsqu'il s'approche d'une femme, qu'il met le doigt dans un engrenage de malheurs (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1011). Par déformation littér. Après tout, pourquoi fourrer son doigt entre la pelote et l'épingle? (GENEVOIX, Mains vides, 1928, p. 89).
2. [Le (bout du) doigt considéré dans sa précision tactile, dans sa finesse d'appréhension] :
• 4. ... M. Gustave Charpentier (...) donne le goût (...) aussi bien dans l'art que dans la vie à des jeunes filles (...) et leurs jolis doigts fuselés si adroits à chiffonner les rubans, caressent la harpe chromatique...
DEBUSSY, Monsieur Croche antidilettante, 1926, p. 120.
SYNT. Contact, extrémité, pression du/des doigt(s); ôter, passer, poser, tremper un/son doigt; sentir, suivre du doigt.
♦ Expr. et loc. Du bout du doigt. Avec légèreté. Effleurant du bout du doigt le clavier (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 78). Touchant du bout du doigt le paquet (CLAUDEL, Échange, 1954, I, p. 749). Connaître, savoir sur le bout du doigt. Connaître très bien. Je savais mon catéchisme sur le bout du doigt dès la première semaine (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 52). Mettre le doigt sur une plaie/sur un point faible (au fig.). Aviver une douleur physique ou morale, frapper juste. Les larmes qui montèrent aux yeux de Mouret lui prouvèrent qu'il avait mis le doigt sur une plaie vive (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 117). P. ext. Dévoiler une vérité. Mes présomptions sont fondées : j'ai mis le doigt sur la vérité (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 170). Toucher du doigt (au fig.). [Chez MM. de Goncourt] une méthode qui tient du spectacle et qui fait toucher du doigt toutes les matérialités du récit (ZOLA, Romanc. natur., 1881, p. 188).
— P. allus. à St Thomas. J'ai vu le saint Thomas du Titien poser son doigt sur la plaie du Christ (...) Il touche la plaie; le blasphème étonné s'arrête sur ses lèvres (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 286).
E.— [Les doigts considérés comme mode d'expr. d'un sentiment, du caractère] Il sait celui qui rit, qui cause, qui sommeille, (...) et quel doigt polisson D'une adroite boulette a visé son menton (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. 59). Avec le même geste agaçant de ses doigts voraces (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 899) :
• 5. Le doigt distrait de cet illustre passant décrivait, le long des murs fuyants à l'inverse de sa marche, des arcs inconscients, qui trahissaient l'état profond d'un cerveau de géomètre...
VALÉRY, Variété II, 1929, p. 161.
♦ Au fig. Vinet, dont la reconnaissance fut réveillée par les doigts crochus de l'intérêt personnel (BALZAC, Pierrette, 1840, p. 81).
— Loc. Se mordre les doigts (en signe de nervosité). S'en mordre les doigts (au fig.). Regretter quelque chose. Joli chevalier (...) Dites, venez m'assumer, vous ne vous en mordrez certainement pas les doigts (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 113).
II.— P. méton. Unité de mesure grossièrement évaluée à l'épaisseur d'un doigt. Un doigt de vin. Une couche épaisse de deux ou trois travers de doigt (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 578) :
• 6. ... on pouvait croire que l'un des cinq doigts était l'unité de mesure [du corps], et, dans ce cas, c'était le médius qui avait dû être choisi, parce que le médius était, pour les initiés au symbolisme antique, le doigt de la destinée, comme il est pour les chiromanciens, originaires de l'Égypte, le doigt de Saturne.
Ch. BLANC, Gramm. des arts du dessin, 1876, p. 41.
— P. ext. Un doigt de. En petite quantité. Synon. un brin de, un peu de. Quoique jamais, peut-être, il n'y ait eu si belle occasion de lui faire monter aux joues [à Jacqueline] deux doigts de honte (TOULET, Demois. La Mortagne, 1920, p. 89). J'ai pourtant mis un doigt de poudre sur les cernes, pour n'avoir pas l'air malade (MONTHERL., Songe, 1922, p. 209).
♦ Au fig. Je vais faire un doigt de cour à ma mère (PROUST, Temps retr., 1922, p. 704). Au fig.À deux/trois doigts de. Très près. Une névrose enragée, à deux doigts des convulsions (ROLLAND, J.-Ch., Foire, 1908, p. 709).
Prononc. et Orth. :[dwa]. ,,Le t se lie dans le parler soutenu`` (LITTRÉ). Cependant GRAMMONT Prononc. 1958 est d'avis qu'on ne lie plus au doigt et à l'œil. Ds Ac. dep. 1694. Homon. devoir aux formes dois, doit; doit substantif. Étymol. et Hist. 1. a) [Ca 1100 plur. dous deie « largeur d'un doigt » (Roland, éd. J. Bédier, 444 : Cuntre dous deie l'ad del furrel getee), attesté en a. fr., cf. T.-L.]; b) XIIIe s. [ms.] plain doi ne demi pié (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 226 var.); 1552 être à deux doigts de (RABELAIS, Le Quart-Livre, éd. R. Marichal, XXIII, 123); 2. a) ca 1120 demustrer al dei (PH. DE THAON, Best., 2453 ds T.-L.); ca 1223 monstrer au doit (G. DE COINCY, Mir. Vierge, éd. V. F. Kœnig, II, Mir. 17, 133); b) av. 1570 compter sur ses doigts (J. GREVIN, La Trésor., éd. L. Pinvert, p. 64); c) 1665 savoir sur le bout des doigts (MOLIÈRE, Dom Juan, I, 2); 3. 1174-80 (CH. DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 8796 : le plus petit doi de mon pié). Du lat. class. digitus, ditus « doigt de la main, du pied », forme doigt par réfection étymol.; l'a. fr. deie, doie plur. de genre indéterminé (1 a) est issu du plur. neutre dita à valeur collective. Fréq. abs. littér. :10 416. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 9 852, b) 16 186; XXe s. : a) 17 564, b) 16 655. Bbg. ALLARD (I.). Lang. de la bouvine. Vie Lang. 1972, p. 290. — ANDRÉ (P.). Le Vocab. du violoniste. Vie Lang. 1973, p. 49. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GUIRAUD (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 96-109; Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, p. 70. — QUEM. Fichier. — ROG. 1965, pp. 27-28, p. 180. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925] p. 194. — VAN WINDEKENS (A. J.). Grec « doigt, doigt de pied »... Orbis. 1975, t. 24, pp. 125-129.
doigt [dwa] n. m.
ÉTYM. 1552; deie, 1080; doi, XIIIe; du lat. pop. ditus, contraction de digitus. → Digital, dé, datte.
❖
———
A Emplois au sens propre.
1 Extrémité articulée (des pieds, des pattes de certains animaux, oiseaux et mammifères). ⇒ -dactyle. || Les doigts de la main du singe. || Doigts du chat, armés de griffes. || Animal qui marche sur les doigts. ⇒ Digitigrade. || Doigts palmés, soudés. ⇒ Palmure, syndactylie.
1 (…) en général, ils (les oiseaux) se servent de leurs doigts beaucoup plus que les quadrupèdes, soit pour saisir, soit pour palper les corps (…)
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Œ., t. V, p. 36.
2 Spécialt (chez l'homme). Chacun des cinq prolongements qui terminent la main ou le pied de l'homme. || Les doigts de la main (absolt et cour. les doigts), les doigts du pied (cour. doigts de pied; ⇒ Orteil).
3 Cour. Doigt de la main humaine. || Les cinq doigts. ⇒ Pouce, index, majeur (ou médius), 2. annulaire, auriculaire. || Doigts surnuméraires (⇒ Polydactylie); sixième doigt (⇒ Sexdigitisme). || Malformations des doigts. ⇒ Syndactylie; palmature. || Distance entre les extrémités du pouce et du petit doigt. ⇒ Empan. || Intervalle des doigts. ⇒ Interdigital. || L'ongle couvre l'extrémité supérieure du doigt. || Pulpe des doigts. || Os des doigts. ⇒ Phalange, phalangette, phalangine. || Articulations (cit. 4), artères, veines, nerfs du doigt. || Empreinte du doigt. ⇒ Digital. || En forme de doigt. ⇒ Digitiforme.
2 (Des verres) Où les doigts des laquais, dans la crasse tracés,
Témoignaient par écrit qu'on les avait rincés (…)
Boileau, Satires, III.
♦ Loc. || Le petit doigt : l'auriculaire. || Il s'est tordu le petit doigt. (→ Ci-dessous B., 4.) — Doigts fins, longs, fuselés; boudinés (⇒ Boudin, 2.); doigts courts, spatulés (→ Carré, cit. 1). || Doigts allongés, ouverts; écartés; fermés, crispés, crochus. || Adresse, agilité, légèreté des doigts. ⇒ Doigté. || Avoir les doigts déliés. || Être habile de ses doigts. ☑ Loc. Avoir des doigts de fée. ☑ Avoir les doigts verts. — Doigts gourds (cit. 2), raides, noueux (cit. 2). || Avoir l'onglée aux doigts. || Souffler sur ses doigts, dans ses doigts pour les réchauffer (→ Dégourdir, cit. 1). || Maladie, inflammation, déformation du doigt. ⇒ Engelure, nodosité, panaris. || Pansement du doigt. ⇒ Poupée. || Étui qui protège le doigt. ⇒ Dé, délot, doigtier. || Doigts couverts de bagues (→ Anneau, cit. 6 et 7).
3 (…) ses doigts, depuis longtemps engourdis et maintenant gonflés d'œdème, se refusaient à tout service.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 122.
4 La demoiselle avait des doigts fins et blancs avec des ongles faits. Zézette prit une cigarette entre ses doigts rouges.
Sartre, le Sursis, p. 245.
♦ Les doigts, organes de la préhension. || Prendre, pincer, presser, serrer qqch. avec ses doigts. || Prendre qqch. entre deux doigts, dans ses doigts. || Pétrir dans ses doigts. || Tenir entre ses doigts. || Prendre une pincée avec ses doigts. || Égrener un chapelet avec ses doigts.
5 Navarin me tenailla de ses doigts de fer.
France, le Petit Pierre, VII, p. 35.
6 Il ne dit pas un mot, mais ses doigts se crispèrent; leurs bouts pointus, aux ongles durs, s'enfoncèrent (…)
M. Genevoix, Raboliot, I, I, p. 16.
7 De celui qui tend trop avidement vers les biens de ce monde des doigts crochus, la langue populaire dit qu'il est intéressé (…)
Daniel-Rops, Ce qui meurt et ce qui naît, V, p. 183 (→ Désintéressement, cit. 2).
♦ Les doigts, organes du toucher. || Caresser, effleurer, palper (cit. 4), tâter, toucher avec ses doigts.
8 Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique (…)
Baudelaire, Spleen et Idéal, XXXIV.
9 Mais le doigt se contenta de frôler le papier.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 200.
10 (…) sans raison précise, elle sentit monter en elle une telle allégresse, qu'elle passa les doigts sur son visage, pour palper, lui semblait-il, cette joie sur ses traits.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 51.
11 Ses doigts, glissant doucement sur les touches, esquissèrent un air de Schumann.
A. Maurois, Bernard Quesnay, V, p. 31.
1 Loc. div. — ☑ Fam. Y mettre les quatre doigts et le pouce : saisir avidement, et, par ext., faire qqch. sans délicatesse.
♦ ☑ Vx. À pleins doigts : à pleine main.
♦ ☑ Mettre, fourrer ses doigts partout : toucher à tout.
♦ Mettre le doigt sur, dans qqch. ☑ Fig. Mettre le doigt sur la plaie : trouver la source du mal. ☑ Mettre le doigt dessus : découvrir, deviner. || Vous avez mis le doigt sur la difficulté. — ☑ Mettre le doigt dans l'engrenage. — ☑ Prov. Entre l'arbre et l'écorce, il ne faut pas mettre le doigt.
12 (…) si je ne mets mon doigt dans la marque des clous (…) je ne croirai point. (Jésus) dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois.
Bible (Segond), Évangile selon saint Jean, XX, 25-27.
♦ ☑ Fam. (Faire qqch.) les doigts dans le nez, très facilement.
♦ ☑ Toucher qqch. du doigt, voir clairement. || Toucher du doigt le but, la fin, en être très près. || Faire toucher à qqn une chose du doigt : convaincre qqn par des preuves indubitables, palpables.
13 Je voudrais essayer ici de faire sentir ce défaut, de le faire toucher du doigt.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 8 oct. 1849, t. I, p. 31.
♦ ☑ Lever le doigt : demander la parole en levant le bras et l'index haut (lang. scol.). Syn. : lever la main. — ☑ Faire qqch. (et, spécialt, boire) en levant le petit doigt, avec affectation. || Le petit doigt en l'air.
13.1 Pendant qu'on trinquait, j'ai remarqué qu'ils tenaient tous le petit doigt en l'air, bien détaché des autres doigts. C'est un détail, vous me direz.
M. Aymé, Travelingue, p. 263.
♦ ☑ Avoir la bague au doigt : avoir obtenu une promesse de mariage. || Menacer qqn du doigt. || Montrer qqch. avec le doigt. || Désigner (cit. 3), indiquer qqch., qqn du doigt. ☑ Loc. fig. Montrer du doigt : décrier, railler, ridiculiser (qqn.) || Il se fait montrer du doigt (Académie) : il se fait moquer. || On se les montrait du doigt (→ Manquer, cit. 24).
♦ ☑ Vx. Montrer qqn au doigt; à deux doigts (à la fois pour désigner et pour évoquer les cornes, attribut traditionnel des maris trompés).
14 Faut-il que désormais à deux doigts l'on te montre,
Qu'on te mette en chansons, et qu'en toute rencontre
On te rejette au nez le scandaleux affront (…)
Molière, Sganarelle, 9.
15 Tu ne seras qu'un objet de risée; tu chercheras en vain une rue déserte où ceux qui passent ne te montrent pas au doigt.
Musset, la Confession d'un enfant du siècle, V, V, p. 323.
♦ ☑ Vx. Donner un doigt de la main pour…, ce qu'on a de très précieux. || Il donnerait un doigt de la (sa) main pour… (cf. Il donnerait la prunelle de ses yeux, sa chemise…).
♦ ☑ Vx. Tirer au doigt mouillé : tirer au sort (un doigt de la main étant mouillé). || Agir au doigt mouillé, au hasard (Beaufre, in T. L. F.).
♦ Mettre le doigt sur la bouche, les lèvres, pour obtenir le silence (⇒ Chut, cit. 2).
15.1 Qu'as-tu ? lui demanda vivement le moujik, très étonné de ce brusque mouvement.
— Silence, se hâta de répondre Michel Strogoff, en mettant un doigt sur ses lèvres.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 205 (1876).
♦ Manger avec les doigts (→ Fourchette du père Adam). || Se rincer les doigts (⇒ Rince-doigts). — ☑ Se lécher les doigts, (au fig.) trouver beaucoup de plaisir dans qqch.
♦ ☑ Loc. fig. Se mordre les doigts de qqch., s'en mordre les doigts, regretter, se repentir.
16 Tu t'es ingénié à lui déplaire et maintenant tu te mords les doigts de ton imprudence.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, p. 236.
♦ Faire craquer ses doigts. || Claquer des doigts (→ Danse, cit. 3). || Coup donné avec le doigt. ⇒ Chiquenaude, pichenette. — ☑ Loc. Avoir les doigts qui démangent : avoir envie de battre qqn. ☑ Donner (vx), taper sur les doigts de qqn, à qqn : punir qqn en lui donnant des coups sur les doigts, et, par ext., le réprimander. ☑ Avoir, prendre, recevoir sur les doigts : éprouver les conséquences d'une faute. || Recevoir un coup sur les doigts. || Il va se faire taper sur les doigts, punir. — Vx. || Donner des cinq doigts (à…) : frapper de la main.
17 Je lui donnai de mes cinq doigts
Au beau milieu de son minois (…)
17.1 On est libre, alors il faut se débrouiller et comme ils ne veulent surtout pas de la liberté, ni de ses sentences, ils prient qu'on leur donne sur les doigts, ils inventent de terribles règles, ils courent construire des bûchers pour remplacer les églises.
Camus, la Chute, p. 156.
♦ Compter sur ses doigts (pour s'aider, dans le calcul mental). — ☑ Loc. Ne rien faire, ne rien savoir faire de ses dix doigts. ☑ Vx. Ne faire œuvre de ses dix doigts (Académie) : ne rien faire.
♦ ☑ Fig. et fam. Avoir qqch. dans les doigts : être adroit, expert en qqch. || Avoir un morceau de musique dans les doigts, l'exécuter de mémoire à la perfection.
17.2 Et j'ai décidé de reprendre le haut, je trouve la lumière trop jolie. Mais je crois que la toile ne vient pas mal. Je la sens. Je l'ai dans les doigts.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La bonne peinture », p. 173.
♦ ☑ Brûler les doigts (en parlant d'une chose qu'on est impatient de donner, de dilapider). || L'argent leur brûle les doigts. ☑ Se brûler les doigts : (au fig.) tomber dans un péril, se compromettre dans une affaire délicate.
♦ ☑ (1640, in D. D. L.). Être comme les deux doigts de la main, les deux doigts de la même main, se dit de personnes très unies. ⇒ Accord (être d'accord); intime.
17.3 Nous remercions Mme Pragen de sa confiance, qu'elle veut que son fils repose dans la terre de Belgique où il a laissé son sang. La Belgique et la France, c'est les deux doigts de la main pour la paix universelle.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 105.
2 (Loc. avec œil). — (1819). || Au doigt et à l'œil. ☑ Être obéi, servi au doigt et à l'œil, exactement, ponctuellement. → Pédale, cit. 5. ☑ Faire marcher qqn au doigt et à l'œil (→ À la baguette). ⇒ Œil.
♦ ☑ Se mettre (se fourrer, etc.) le doigt dans l'œil (jusqu'au coude) : se tromper grossièrement.
17.4 La plupart des philosophes trouvent une preuve de l'existence de Dieu dans le spectacle de la nature, qui leur semble sublime. Pour moi, Dieu n'a existé que le jour où j'ai compris que la création était une œuvre ratée. En effet, on est bien forcé de croire au doigt de Dieu, quand on voit comme il se l'est mis dans l'œil.
Attribué à Germain Nouveau, Album Richepin (vers 1875) paru en 1925, in Œ. compl., Pl., p. 803.
3 Le bout du, des doigt(s). ☑ Loc. Connaître, savoir qqch. sur le bout du doigt, etc. ⇒ Bout (cit. 10, 11 et supra).
18 Notre principal avantage est le bout de nos doigts. Nos paysans (…) ont eu l'industrie de travailler en horlogerie (…)
Voltaire, Correspondance, 4287, 25 févr. 1776, À M. de Fargès.
4 Petit doigt (l'auriculaire). — ☑ Loc. Mon petit doigt me l'a dit : je l'ai su (se dit à un enfant). ⇒ Dire (cit. 66). ☑ Faire qqch. avec le petit doigt, sans le moindre effort. — ☑ Ne pas remuer le petit doigt : ne rien faire pour aider qqn. || Ne pouvoir remuer le petit doigt sans en demander la permission. — ☑ Se cacher derrière son petit doigt : faire semblant de ne pas connaître la vérité pour échapper à qqch. de désagréable. → Faire l'autruche.
18.1 Ils sont avec moi… des jeunes de votre âge pour qui je n'ai jamais levé le petit doigt, à qui je n'ai jamais rien donné… et qui spontanément sans que je leur demande rien… ils m'entourent, me soutiennent…
N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 188.
18.2 Tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour son fils, dit Marthe; pour moi, il ne lèverait pas le petit doigt.
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 144.
5 ☑ Par métaphore ou fig. Le doigt de Dieu, manifestation de sa puissance, de sa volonté; son intervention.
19 Nous y avons vu un de ces traits du doigt divin qui écrit des paroles sévères dans la vie des plus heureux; un de ces avertissements lamentables qui vous crient que tout est vain, hors ce monde de l'âme et de Dieu que vous nous avez révélé.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, p. 163.
19.1 (… nous sommes) plus loin encore, s'il se peut, de l'Adam de Michel-Ange s'éveillant dans sa perfection au contact du doigt de Dieu.
M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 20.
6 ☑ Poét. L'aurore aux doigts de rose. ⇒ Aurore (cit. 20 et supra). — L'envie aux doigts crochus (cit. 3).
1 Par anal. Partie (d'un gant) où l'on place les doigts. || Les doigts d'un gant. || Ce gant a deux doigts percés.
2 Doigt de pied. ⇒ Orteil. || Avoir mal à un doigt de pied. || Le petit doigt de pied. || Il s'est fait écraser un doigt de pied. — ☑ Loc. Les doigts de pied en éventail.
3 Techn. Pièce ayant la forme d'un doigt. || Doigt de contact, d'encliquetage, d'entraînement, de transfert.
♦ Spécialt. Élément d'un engrenage, d'une crémaillère, etc., capable d'entraîner une pièce mobile. || Doigt de came.
———
II
1 Mesure approximative, équivalant à un travers de doigt (ancienne mesure). || Sa jupe est trop courte de trois doigts. || Boire un doigt de vin, une très petite quantité de vin. ⇒ Goutte (→ Animer, cit. 30).
20 Théophile, sauvé, n'a plus bu que de l'eau rougie et un doigt de champagne dans les petits soupers.
Nerval, Petits châteaux de Bohême, I, II, « Portraits ».
♦ Mar. Unité de grandeur des mailles de filet. || Mailles de trois doigts.
♦ Se mettre un doigt de rouge, de fard, un peu de rouge.
21 Une fois les joues enfarinées, on ne peut pas rester (…) comme un pierrot; il faut un doigt de rouge, c'est fatal.
2 ☑ Loc. fig. Faire un doigt de cour à une femme (⇒ Brin).
3 ☑ (Dans des loc. : à un, deux doigts, d'un doigt…). Distance infime. ⇒ Près, proche. La balle est passée à un doigt du cœur.
22 (…) ce vent vous avait jetée rapidement sous une arche, à deux doigts du pilier (…)
Mme de Sévigné, 150, 1er avr. 1671.
♦ ☑ Fig. Il s'en est fallu d'un doigt que… (⇒ Cheveu). — ☑ (1552, Rabelais). Être à deux doigts de la ruine, de sa perte, de sa mort.
23 (…) quelle horreur (…) d'être toujours à deux doigts de la mort affreuse !
Mme de Sévigné, 1147, 9 mars 1689.
24 À deux doigts de la guerre… Depuis notre enfance, que de fois les aurons-nous mesurés de l'œil, ces deux doigts !
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 257.
❖
DÉR. et COMP. Doigter, doigtier, doitée. Rince-doigts.
Encyclopédie Universelle. 2012.