pernicieux, ieuse [ pɛrnisjø, jøz ] adj.
• 1314 méd.; lat. perniciosus, de pernicies « ruine », de nex, necis « mort violente »
1 ♦ Vx (êtres vivants) Qui cause du mal. ⇒ dangereux, malfaisant, nocif, nuisible. « Jetez cet animal traître et pernicieux. Ce serpent » (La Fontaine).
2 ♦ Méd. Se dit d'une affection dont l'évolution est très grave. Accès pernicieux de paludisme.
3 ♦ (Abstrait) Littér. Nuisible moralement. ⇒ mauvais, nocif. Exercer une influence pernicieuse. Théories très pernicieuses. ⇒ diabolique. « ces chants moqueurs, aussi pernicieux pour leurs enfants qu'insultants » (Barrès). Vx « des relations pernicieuses au salut de votre âme » (Vigny). — Adv. PERNICIEUSEMENT .
⊗ CONTR. Avantageux, bienfaisant, 1. bon, salutaire.
● pernicieux, pernicieuse adjectif (latin perniciosus, de pernicies, ruine) Qui est dangereux pour la santé, nocif : Abus pernicieux du tabac. Littéraire. Qui est moralement mauvais, nuisible : Doctrine pernicieuse. Se dit d'une maladie particulièrement grave. ● pernicieux, pernicieuse (expressions) adjectif (latin perniciosus, de pernicies, ruine) Accès pernicieux, accident d'une haute gravité observé au cours du paludisme à Plasmodium falciparum. Anémie pernicieuse, ancien nom de la maladie de Biermer. ● pernicieux, pernicieuse (synonymes) adjectif (latin perniciosus, de pernicies, ruine) Qui est dangereux pour la santé, nocif
Synonymes :
- fatal
- immoral
- maléfique
- malin
- malsain
- mauvais
- morbide
- mortel
- nocif
- nuisible
- pervers
Contraires :
- bénéfique
- bon
- édifiant
- élevé
- moral
- noble
- sublime
pernicieux, euse
adj.
d1./d Nuisible moralement, malfaisant. Exemple pernicieux.
d2./d MED Se dit de certaines formes graves de maladies, dues à la nature même de celles-ci. Fièvre, anémie pernicieuse.
— Accès pernicieux.
⇒PERNICIEUX, -EUSE, adj.
A. — Pernicieux (à qqc., à qqn (vieilli), pour qqn). Synon. dangereux, malfaisant, mauvais, nocif, nuisible; anton. bénéfique, bienfaisant, salutaire.
1. Vieilli. Dangereux pour la santé, pour la vie. Le froid des champs est moins pernicieux que celui de Paris (SAND, Corresp., 1842, p.275). Les parties de l'Afrique centrale où existent des insectes pernicieux pour nos animaux de transport (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.218).
— MÉD. [Qualifie un subst. désignant une maladie] Dont l'évolution très grave, voire fatale, est due à sa nature même et non aux circonstances ou au terrain. Synon. malin. Fièvre pernicieuse; paludisme pernicieux. On admettra sans peine que les agents carcinogènes, goudron, rayons X, etc., déclenchent la pernicieuse mutation (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p.117). Les plaies (...) continuent de saigner goutte à goutte en de petites et pernicieuses hémorragies (GARCIN, Guide vétér., 1944, p.76).
♦Anémie pernicieuse.
2. Littér. Qui cause un mal d'ordre moral ou social. Doctrine, idée, lecture pernicieuse; livre pernicieux. L'émulation, qui est bonne pour les hommes, est pernicieuse pour les femmes (TAINE, Notes Paris, 1867, p.79). La pernicieuse, la déplorable influence de Barrès (GIDE, Journal, 1930, p.971):
• ♦ L'Académie (...) demandait que le projet de loi contre la presse fût amendé ou retiré comme pernicieux aux sciences, aux lettres et à la propagation des lumières.
DELÉCLUZE, Journal, 1827, p.403.
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Là est le danger. Là est le pernicieux (PÉGUY, Argent, 1913, p.1207). V.équitable B 1 ex. de Cournot.
3. Rare. Qui cause de graves dommages à quelque chose. L'effet pernicieux de l'air sur les tableaux (MOREAU-VAUTHIER, Peint., 1933, p.269).
B. —Rare. [Qualifiant un subst. désignant une pers.] Qui exerce une action malfaisante. De pernicieux sophistes ont directement tenté de détruire radicalement cette admirable économie naturelle (COMTE, Philos. posit., t.4, 1839-42, p.62). Pour eux [des rabbins], un cabaliste n'était pas moins pernicieux que le plus cynique des Épicure (THARAUD, Rose de Sâron, 1927, p.147).
— Empl. subst. Quand ils m'ont fait venir, je croyais que c'était pour l'enterrer... Mais non, c'était pour m'interroger, les pernicieux (MALRAUX, Espoir, 1937, p.503).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1314 pernicieus «grave (en parlant d'une lésion)» (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. Bos, t.2, p.99, 1705); 1505 pernicieux «dangereux pour la santé» (DESDIER CHRISTOL, Platine en françoys, 96 v° b ds Mél. J. Séguy, p.76); 1810 fièvre pernicieuse (CAPURON, Nouv. dict. de méd.); 2. a) 1370-72 pernicieus «qui cause du mal (en parlant d'une personne)» (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.240, 71b); b) 1531 «qui cause le mal (en parlant d'une chose)» (Nouv. Coutumier Gén., éd. Bourdot de Richebourg, t.3, p.866). Empr. au lat. perniciosus «funeste, dangereux», dér. de pernicies «ruine, perte, fléau». Fréq. abs. littér.:265. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 498, b) 333; XXes.: a) 310, b) 336.
DÉR. Pernicieusement, adv. D'une manière pernicieuse. Pernicieusement inclinée, elle cueille avec nonchalance de grands iris couleur de la passion qui vont mourir dans sa corbeille (BLOY, Journal, 1900, p.20). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. fin XIVes. [date du ms.] (J. GOULAIN, Trad. du Ration. de G. Durant, B.N. 437, f° 14 r° ds GDF. Compl.); de pernicieux, suff. -ment2.
pernicieux, euse [pɛʀnisjø, øz] adj.
ÉTYM. 1314; lat. perniciosus, de pernicies « ruine », de nex, necis « mort violente ». → 1. Noyer.
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1 Vx. (Êtres vivants). Qui cause du mal. ⇒ Dangereux, malfaisant, malin (cit. 7), mauvais (cit. 1), nocif, nuisible. || Pernicieux à…, pour quelqu'un.
1 Jetez cet animal traître et pernicieux,
Ce serpent.
La Fontaine, Fables, X, 9.
2 Mod. Dangereux pour la santé, la vie. || Surmenage pernicieux (→ Amusement, cit. 12). || Usage pernicieux pour les enfants; (vx) aux enfants (→ Berceau, cit. 1). || L'alcool est particulièrement pernicieux dans son cas.
♦ (1810). Méd. Se dit d'une affection dont l'évolution est très grave. || Anémie pernicieuse. || Accès pernicieux de paludisme.
♦ Littér. Nuisible moralement. ⇒ Funeste. || Erreur pernicieuse (→ Attendre, cit. 107). || Tentatives pernicieuses. ⇒ Dangereux. || Des liens forts et pernicieux (→ Attacher, cit. 48). || Doctrines, théories très pernicieuses. ⇒ Peste, poison (fig.). — Littér. || Pernicieux à qqn. || Il y a des talents qui nous sont pernicieux (→ Guéri, cit. 10). — Idée pernicieuse pour la jeunesse. — Pernicieux conseils (→ Hérisser, cit. 27). || Pernicieux amusements des esprits oisifs (→ Billevesée, cit. 2). || Invention, machination pernicieuse. ⇒ Diabolique. — (Personnes). || Un individu pernicieux (⇒ Sinistre). || Pernicieuse beauté (→ Enlaidir, cit. 3). || Ange pernicieux : mauvais ange.
2 (…) la paix n'étant juste et utile que pour la sûreté du bien, elle devient injuste et pernicieuse quand elle le laisse perdre (…)
Pascal, Pensées, XIV, 949.
3 Leur tort n'a donc pas été de m'écarter de la société comme un membre inutile, mais de m'en proscrire comme un membre pernicieux (…)
Rousseau, Rêveries…, VIe promenade.
4 (…) une femme perdue de réputation, qui ne peut avoir avec vous que des relations pernicieuses au salut de votre âme (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, XIX.
5 (…) il se perdait avec une femme mariée; et aussitôt la bonne dame, entrevoyant l'éternel épouvantail des familles, c'est-à-dire la vague créature pernicieuse, la sirène (…)
Flaubert, Mme Bovary, III, VI (→ Lettre, cit. 23).
6 Les plus coupables, ce sont ces parents cruels qui, au lieu de réprimer ces chants moqueurs, aussi pernicieux pour leurs enfants qu'insultants pour ceux qu'ils attaquaient, les ont soufferts complaisamment et souvent même les excitaient par leurs éclats de rire.
M. Barrès, la Colline inspirée, XIII.
7 (…) Sully Prudhomme, dont je raffolais alors et dont l'exemple et le conseil étaient bien les plus pernicieux que pût écouter et suivre l'écolier sentimental que j'étais.
Gide, Si le grain ne meurt, I, VIII, p. 221.
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CONTR. Avantageux, bienfaisant, bon, salutaire.
DÉR. Pernicieusement, perniciosité.
COMP. Antipernicieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.