cultiver [ kyltive ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1200; lat. médiév. cultivare, de cultus, p. p. de colere « cultiver »
1 ♦ Travailler (la terre) pour lui faire produire des végétaux utiles aux besoins de l'homme. ⇒ 1. bêcher, défricher, fertiliser, labourer, planter, semer; agriculture. Cultiver un champ, un lopin de terre. « des bras pour cultiver la terre, ensemencer les champs, récolter les moissons » (Jules Verne). Pronom. (pass.) Cette terre se cultive facilement.
2 ♦ Soumettre (une plante) à divers soins en vue de favoriser sa venue; faire pousser, venir. ⇒ 1. faire (fam. faire du blé), soigner. Cultiver la vigne, des céréales. « Il était bien préférable, pour obtenir un bon rendement, de ne cultiver que deux variétés de pommes » (Duhamel).
♢ (cultiver les abeilles 1869) Soigner, élever (certains animaux inférieurs ou fixés). « Parmi les coquillages les plus goûtés, certains sont cultivés » (Lambert).
♢ Biol. « cultiver des fragments de tumeurs humaines » (J. Rostand).
3 ♦ (1538) Fig. Former par l'éducation, l'instruction. ⇒ développer, éduquer, former, perfectionner. Cultiver l'intelligence, les bonnes dispositions d'un enfant. Cultiver un goût, un don.
4 ♦ Fig. S'intéresser à (qqch.), consacrer son temps, ses soins à. ⇒ s'adonner, s'intéresser. Littér. Cultiver les sciences. « M. et Mme Dupin cultivèrent ensemble les lettres et la musique » (Maurois). — Cour. Cultiver sa réputation, son image. Cultiver sa tristesse. ⇒ entretenir. « Il aimait peu cultiver en lui les humeurs sombres et le soupçon » (Romains).
5 ♦ Entretenir des relations amicales avec (qqn), souvent dans un but intéressé. Cultiver ses relations. ⇒ soigner. C'est un homme à cultiver, qu'il est prudent de cultiver. Odette « souhaitait qu'il cultivât des relations si utiles » (Proust).
6 ♦ SE CULTIVER v. pron. Cultiver son esprit, son intelligence. ⇒ apprendre, s'enrichir, s'instruire. Avoir le souci de se cultiver.
● cultiver verbe transitif (ancien français coutiver, du latin cultus, de colere, cultiver) Travailler la terre pour la faire produire. Donner à des végétaux les soins nécessaires à l'obtention d'une récolte ; en assurer la production : Cultiver des légumes, des fleurs. Mettre des microbes en culture sur des milieux appropriés. ● cultiver (citations) verbe transitif (ancien français coutiver, du latin cultus, de colere, cultiver) François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. Candide ● cultiver verbe transitif (de cultiver) Développer, entretenir une qualité, un don ; former : Cultiver sa mémoire. Développer une idée, un sentiment, les faire prospérer : Journal qui cultive la curiosité morbide. Littéraire. S'intéresser à un art, une science, s'y adonner : Cultiver la poésie. Se livrer avec plaisir à une manière d'être ou d'agir : Il cultive le paradoxe. Entretenir des relations suivies avec quelqu'un, en général dans un esprit intéressé : C'est une relation à cultiver. ● cultiver (citations) verbe transitif (de cultiver) Ferdinand Foch Tarbes 1851-Paris 1929 Académie française, 1918 Il n'y a pas d'homme cultivé, il n'y a que des hommes qui se cultivent. ● cultiver (synonymes) verbe transitif (de cultiver) Développer, entretenir une qualité, un don ; former
Synonymes :
- éduquer
- exercer
- façonner
Développer une idée, un sentiment, les faire prospérer
Synonymes :
- nourrir
Littéraire. S'intéresser à un art, une science, s'y adonner
Synonymes :
- s'appliquer à
- se donner à
Se livrer avec plaisir à une manière d'être ou d'agir
Synonymes :
- nourrir
cultiver
v. tr.
rI./r
d1./d Travailler la terre de manière à lui faire produire des végétaux. Cultiver un champ, un jardin.
— (Afr. subsah.) (Absol.) être cultivateur; travailler la terre. Mon frère est parti cultiver.
d2./d Faire pousser, faire venir (un végétal). Cultiver des fleurs.
rII./r Fig.
d1./d Développer, perfectionner (une faculté intellectuelle) par l'éducation, l'instruction. Cultiver sa mémoire. Cultiver un don.
|| v. Pron. Enrichir, cultiver son esprit. Lire pour se cultiver.
d2./d Fig., litt. S'adonner à (un art, une science, etc.). Cultiver les sciences.
|| Cultiver la vertu, la sagesse: s'appliquer à être vertueux, sage.
d3./d Conserver, entretenir des relations amicales avec (qqn). Cultiver l'amitié d'un grand personnage.
— C'est une relation à cultiver, qui peut être utile.
⇒CULTIVER, verbe trans.
I.— Traiter le sol en vue de la production agricole.
A.— Absol. Exécuter l'ensemble des travaux et techniques mis en œuvre pour traiter la terre et en tirer des produits de consommation. La condition des hommes qui cultivent (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 6). Ces villageois cultivent, font la récolte (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914-18, p. 36). Faire des routes, défricher, cultiver, transporter, échanger (ALAIN, Propos, 1921, p. 292) :
• 1. Le propriétaire moissonne et ne laboure pas, récolte et ne cultive pas, consomme et ne produit pas, jouit et n'exerce rien.
PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 245.
B.— [Le suj. désigne un individu ou un groupe d'individus] Mettre en valeur une terre d'étendue variable, destinée à la production agricole. Cultiver un, son, ses champ(s), son jardin, le sol. Ils défrichèrent, ils cultivèrent, et mirent les bois de Georges-Jean en valeur (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 8) :
• 2. ... lorsque lui travaillait encore, il louait des terres qu'il faisait valoir; tandis que, maintenant, elle avait bien de la peine à cultiver toute seule l'arpent qui leur appartenait; et elle (...) soignait ses salades, ses haricots, ses pois, pied à pied, arrosait jusqu'à ses trois pruniers et ses deux abricotiers, finissait par tirer un profit considérable de cet arpent.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 127.
Rem. Les dict. gén. attestent cultivation, subst. fém. Mise en culture d'une étendue de terre. La cultivation de toute l'Amérique septentrionale ne ferait pas sensiblement baisser la valeur du blé en Europe (SAY, Écon. pol., 1832, p. 286).
C.— Assurer et éventuellement améliorer la production d'un végétal par un ensemble de soins appropriés. Cultiver des fleurs, les plantes, sa vigne. J'ai acheté du terrain qui est très bon marché et je cultive du cacao (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 63). Il ne cultive ici que manioc, sésame, patates et un peu de ricin (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 769) :
• 3. Par mon avis, un jardinier pépiniériste vint s'établir dans le bourg, où je prêchais aux plus pauvres de cultiver les arbres fruitiers afin de pouvoir un jour conquérir à Grenoble le monopole de la vente des fruits.
BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 44.
— Emploi pronom. passif. [Le suj. désigne un végétal] Être soumis à un ensemble de soins appropriés destinés à assurer et à améliorer la production. Le riz se cultiverait avec succès dans les terrains humides (ABOUT, Grèce, 1854, p. 111).
— P. métaph.
♦ [Le compl. désigne une pers.] Quelle jolie plante à cultiver [le fils de la narratrice]! Combien de joie ont les mères! (BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833 p. 213).
♦ [Le compl. désigne une abstraction] :
• 4. Il faut non-seulement cultiver ses amis, mais cultiver en soi ses amitiés, les conserver avec soin, les soigner, les arroser, pour ainsi dire.
JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 184.
D.— P. ext. Entretenir et exploiter les qualités d'un être vivant à des fins utilitaires ou esthétiques.
1. Élever certaines espèces animales dans un milieu qui favorise leur croissance ou p. ext., développer leurs productions naturelles. On cultive depuis long-temps les vers-à-soie (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 346). L'élevage des abeilles (...) était confié dans les forêts à une catégorie d'agents forestiers, les bigres, qui recherchaient les essaims, les cultivaient, et recueillaient, pour le compte d'un seigneur, le miel et la cire (FARAL, Vie temps St Louis, 1942, p. 172).
2. Exploiter une substance naturelle. Quelques paludiers, nom donné à ceux qui cultivent le sel (BALZAC, Un Drame au bord de la mer, 1835, p. 195).
3. En partic., BIOL. EXP.
a) Faire vivre et proliférer des microbes dans un milieu nutritif approprié. Il isola et cultiva le microbe de cette maladie (H. COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 20).
— P. métaph. La tristesse (...) C'est un poison, un microbe qu'on a tort de cultiver (L. DE VILMORIN, Histoire d'aimer, 1954, p. 64).
b) Assurer en milieu artificiel la survie et le maintien des fonctions de fragments de tissu vivant. Procédés qui permettent de cultiver les tissus dans des flacons (CARREL, L'Homme, 1935, p. 83).
Rem. On trouve parfois un emploi intrans. de cultiver avec le sens de « s'entretenir, se développer ». Il [l'entérocoque] cultive facilement à la température du laboratoire (M. Macaigne ds Nouv. Traité Méd., fasc. 1, 1926, p. 330). L'avulsion des dents cariées supprima le foyer où cultivaient les streptocoques (G.-H. Roger, ibid., p. 177).
4. Entretenir et assurer sa forme physique, le développement harmonieux d'un organe. Cultiver sa voix. Cet exercice [la chasse] cultivait la santé (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 165; cf. également accroître ex. 5).
II.— Au fig. [Le suj. désigne un homme] Faire fructifier les dons naturels permettant de s'élever au-dessus de sa condition initiale et d'accéder individuellement ou collectivement à un état supérieur.
A.— [Le compl. désigne une pers. autre que le suj.] Éduquer quelqu'un, l'instruire, l'entourer de soins et de conseils en vue d'assurer le développement harmonieux de sa personnalité :
• 5. Il [Ernest] me dégrossissait, me cultivait, m'enseignait les bonnes manières et les choses secrètes du physique et du (...) moral...
A. ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 278.
— Emploi pronom. réfl. Tendre par un travail assidu et méthodique à s'élever au-dessus de l'état de nature, à développer ses qualités, à corriger ses défauts, à favoriser l'éclosion harmonieuse de sa personnalité. Sylvaine prit goût à la lecture et se cultiva un peu (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 141) :
• 6. « Faire des confitures, quand pendant ce temps-là je pourrais me cultiver, découvrir un grand écrivain que je ne connaissais pas, apprendre quoi que ce soit, fût-ce en lisant le Larousse! »
MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 954.
B.— [Le compl. désigne les éléments de la nature morale et intellectuelle d'un individu] Soumettre les composantes de sa personnalité à un exercice en vue de les développer, de les faire s'épanouir et acquérir leur plein pouvoir.
1. [Le compl. désigne des vertus, des qualités morales] Cela ne l'empêche pas (...) d'être bon, d'aimer la justice et de cultiver la vérité (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 303).
2. [Le compl. désigne des facultés intellectuelles et artistiques] Il [un peuple] cultive à la fois son « imagination » et sa « raison » (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 138). Cultivez votre intelligence, (...) c'est plus qu'un droit : un devoir (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 223) :
• 7. Dans l'éducation, je considère comme certain que l'on cultive trop la mémoire. Cela ne vient-il pas de la paresse et de la routine des professeurs? Peut-être aussi de l'incapacité où ils seraient de cultiver jugement et imagination.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1848, p. 1267.
3. [Le compl. désigne des sentiments] Le soin (...) de cultiver (...) les affections douces et tendres (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 73). Cultiver des sentiments de famille (PROUST, Sodome, 1922, p. 773). Nous cultivions de beaux espoirs (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 213) :
• 8. Quels sentiments leurs œuvres tendent-elles à éveiller et à cultiver? La fierté, le désir de se dominer, le désir de se dépasser?
BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1911-12, p. 298.
— Emploi pronom. passif. [Le suj. désigne des sentiments] L'espérance est une vertu, par conséquent peut et doit se cultiver et au besoin se conquérir (AMIEL, Journal, 1866, p. 412).
— Péjoratif
a) Développer de façon artificielle et excessive des sentiments qui compromettent l'équilibre de la personnalité, manifester une complaisance coupable à leur égard. Les exploiteurs du désastre qui cultivaient notre désespoir afin d'étrangler à la fois notre honneur et nos libertés (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 512).
b) Entourer une ou plusieurs personnes de marques de sympathie ou d'amitié intéressées. L'électeur (...) que l'on cultive pour devenir conseiller municipal, ou conseiller d'arrondissement (PÉGUY, De la Grippe I, 1900, p. 14).
C.— P. ext. [Le compl. désigne un domaine d'activité intellectuelle, artistique] Pratiquer, perfectionner certains modes de connaissance ou d'expression. Cultiver les arts, les lettres, les sciences. Il faudrait exclusivement cultiver la littérature grecque (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 239). Elle cultivait le chant (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 143) :
• 9. Ils cultivèrent l'astronomie, l'optique, toutes les parties de la médecine, et enrichirent ces sciences de quelques vérités nouvelles.
CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794 p. 101.
— P. iron. En province, où l'on cultive encore la périphrase, la polémique met le catéchisme poissard en beau langage (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 83).
Prononc. et Orth. :[kyltive], (je) cultive [kylti:v]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1119 cultiver (PH. DE THAON, Comput, 760 ds T.-L.); 1543 p. ext. « former, développer par l'exercice » (EST.); 1549 cultiver la langue (DU BELLAY, Deffence et illustration, éd. Chamard, p. 24); 1666 cultiver une amitié (FURETIÈRE, Roman bourgeois, éd. Colombey, p. 240 ds IGLF). Cultiver réfection sav. de l'a. fr. coutiver (1155 « vénérer (une divinité) » et « travailler [la terre] » WACE, Brut, 644 et 3306 ds KELLER) dér. d'un type cultivus (lui-même dér. en -ivus de cultus part. passé de colere « cultiver » [au propre et au fig.]); le lat. médiév. cultivare (1284 ds DU CANGE) est une latinisation de l'a. fr. coutiver. Fréq. abs. littér. :1 307. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 989, b) 1 627; XXe s. : a) 1 568, b) 1 190.
cultiver [kyltive] v. tr.
ÉTYM. V. 1119; réfection de l'anc. franç. coutiver « vénérer »; du lat. médiéval cultivare, de cultus, p. p. de colere « cultiver ». → Culture.
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1 Travailler (la terre) pour lui faire produire des végétaux utiles aux besoins de l'homme. ⇒ Agricole (travaux, opérations agricoles), culture; bêcher, défricher, fertiliser, labourer, planter, semer. || Cultiver un champ, un coin (cit. 12) de terre, son domaine, sa propriété, son jardin (cf. Planter ses choux).
1 Pourquoi venir troubler une innocente vie ?
Nous cultivions en paix d'heureux champs, et nos mains
Étaient propres aux arts ainsi qu'au labourage (…)
La Fontaine, Fables, XI, 7.
2 (…) la terre ne se lasse jamais de répandre ses biens sur ceux qui la cultivent; son sein fécond ne peut s'épuiser.
Fénelon, Télémaque, V.
3 Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.
Voltaire, Candide, XXX.
4 (…) à cause du père Maurice et de la qualité des terres que vous cultivez, j'aimerais mieux que ce fût vous. Mais ma fille est majeure et maîtresse de son bien : elle agira selon son idée.
G. Sand, la Mare au diable, XII, p. 102.
♦ Absolt. || Cultiver et récolter.
♦ En franç. d'Afrique. Travailler la terre; être paysan. || Il cultive.
2 Soumettre (une plante) à divers soins en vue de favoriser sa venue. ⇒ Entretenir, faire (faire du blé…), pousser (faire pousser), soigner, venir (faire venir). || Cultiver une vigne. || Cultiver des céréales. Absolt. || Cultiver sous abri.
5 Les hommes sont comme les plantes, qui ne croissent jamais heureusement, si elles ne sont pas bien cultivées (…)
Montesquieu, Lettres persanes, 123.
6 (…) le paysan n'est pas sans ressembler à la betterave qu'il cultive avec tant d'assiduité.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XX, p. 222
(→ Bucolique, cit. 2).
7 L'Amérique leur a fait comprendre qu'il était bien préférable, pour obtenir un bon rendement, de ne cultiver que deux variétés de pommes et qu'une seule « variété » de poire, si le mot variété souffre un tel contresens.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XV, p. 230.
♦ (1869, cultiver les abeilles). Élever (certains animaux inférieurs et fixés). || « Parmi les coquillages les plus goûtés, certains sont cultivés » (L. Lambert, les Coquillages comestibles, p. 8). ⇒ Culture.
♦ (1880, in Année sc. et industr. 1881, p. 403). Biol. || Cultiver des microbes dans un bouillon de culture. — Cultiver des tissus, les maintenir artificiellement vivants.
3 (1538). Fig. Former (une faculté) par l'éducation, l'instruction. ⇒ Développer, diriger, éduquer, élever, entretenir, former, instruire, perfectionner; culture (II.). || Cultiver l'intelligence, les bonnes dispositions d'un enfant. || Cultiver un goût, un don. || Cultiver son caractère (→ Chevalier, cit. 7). || Cultiver l'insensibilité. || Cultiver en soi une erreur, un vice. || Cultiver sa mémoire, sa raison. || Cultiver son esprit par les sciences, la lecture, les voyages.
8 On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père :
Le peu de soin, le temps, tout fait qu'on dégénère.
Faute de cultiver la nature et ses dons,
Oh ! combien de Césars deviendront Laridons !
La Fontaine, Fables, VIII, 24.
9 Heureux ceux qui se divertissent en s'instruisant et qui se plaisent à cultiver leur esprit par les sciences !
Fénelon, Télémaque, II.
10 Il y a deux sortes d'hommes dont les corps sont dans un exercice continuel, et qui sûrement songent aussi peu les uns que les autres à cultiver leur âme, savoir, les paysans et les sauvages.
Rousseau, Émile, II.
11 Voulez-vous donc cultiver l'intelligence de votre élève; cultivez les forces qu'elle doit gouverner.
Rousseau, Émile, II.
12 C'est, pour le romancier observateur aussi bien que pour le médecin, un devoir professionnel que de cultiver une certaine insensibilité naturelle (…)
A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 12.
13 (…) il aimait peu cultiver en lui les humeurs sombres et le soupçon.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 180.
14 L'homme cultive les vices qui lui sont profitables; mais il a besoin de les légitimer; il ne veut pas les sacrifier; il faut qu'il les idéalise.
R. Rolland, Au-dessus de la mêlée, p. 86.
♦ (Compl. n. de personne). Rare. Rendre cultivé (→ ci-dessous).
4 Fig. (Littér. ou style soutenu). S'intéresser à (qqch.) en y consacrant son temps, ses soins… ⇒ Adonner (s'adonner à), apprendre, donner (se donner à), intéresser (s'intéresser à), plaire (se plaire à…), travailler… || Cultiver les sciences. || Cultiver la poésie, la musique, les arts. || Cultiver les Muses (→ 1. Muse, cit. 6). — Cultiver sa réputation, son image. ⇒ Entretenir. — Cultiver sa tristesse, son pessimisme, y prendre plaisir, s'y complaire. — Cultiver le bien, la vertu. || Cultiver le mal.
15 Pour réussir dans un art, il faut le cultiver toute sa vie.
Voltaire, Disc. sur la tragédie, Avant Brutus.
16 Il cultivait Dieu comme certains honnêtes gens cultivent un vice, avec un profond mystère.
Balzac, Honorine, Pl., t. II, p. 261.
17 Les conservatoires de Venise cultivaient avec succès la musique instrumentale.
R. Rolland, Voyage musical au pays du passé, p. 238.
18 M. et Mme Dupin cultivèrent ensemble les lettres et la musique.
A. Maurois, Lélia, I, I, p. 22.
♦ ☑ Fam. et vx. Cultiver la bouteille : boire beaucoup.
5 Entretenir des relations amicales avec (qqn). ⇒ Conserver, entretenir. || Cultiver l'amitié de qqn, par attachement ou par intérêt. || Cultiver la bienveillance de qqn. || Cultiver ses relations. ⇒ Soigner. || C'est une relation, c'est un homme à cultiver, qu'il est prudent de cultiver. || Cultiver ses électeurs, ses lecteurs.
19 (…) les cultiver (ses amis) par intérêt : c'est solliciter.
La Bruyère, les Caractères, IV, 57.
20 (…) il cultive les jeunes (femmes), et entre celles-ci les plus belles et les mieux faites, c'est son attrait (…)
La Bruyère, les Caractères, XIII, 24.
21 Sensible à l'amitié, il la cultivait avec soin (…)
Marmontel (→ Amitié, cit. 22).
22 Je la cultivai, je sus lui plaire, et elle devint non pas ma protectrice, mais une amie dont les sentiments eurent je ne sais quoi de maternel.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 911.
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se cultiver v. pron.
1 (Passif). Être cultivé. || Ces terres se cultivent facilement, sont cultivables. || Plante qui se cultive dans les pays tropicaux.
♦ Fig. Être entretenu, conservé. || Image de marque qui se cultive. — (Relations, amitié). || La véritable amitié se cultive par beaucoup de détachement de soi-même.
23 L'amitié qui se cultive aux dépens du devoir, n'a plus de charmes.
2 (Réfl.). Se former par l'éducation, l'instruction. ⇒ Éduquer (s'), instruire (s'), perfectionner (se). || Se cultiver par la lecture, les voyages.
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cultivé, ée p. p. adj.
2 (Avec un n. désignant une faculté humaine, un être humain). Qui a de la culture, une instruction générale bien assimilée (d'une faculté, de l'esprit). || Esprit cultivé. ⇒ Érudit, lettré, savant.
24 Pour de l'esprit (…) elle n'en manque pas; elle l'a même assez cultivé.
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, 6.
25 Un bon esprit cultivé est, pour ainsi dire, composé de tous les esprits des siècles précédents.
26 Si ce siècle n'est pas celui des grands talents, il est celui des esprits cultivés.
Voltaire, Lettre à Mme du Deffand, 24 sept. 1766.
27 (…) un esprit cultivé diffère d'un esprit simplement instruit.
Alain, Abrégés pour les aveugles, in les Passions et la Sagesse, Pl., p. 837.
♦ Plus cour. (Personnes). Qui a une forte culture intellectuelle. || Il n'est pas très cultivé, mais remarquablement intelligent. || Des gens cultivés et distingués. || Ses études supérieures ne l'ont pas rendu plus cultivé. || Il est plus brillant que vraiment cultivé.
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Encyclopédie Universelle. 2012.