Akademik

beaucoup

beaucoup [ boku ] adv.
• 1379; biau cop 1272; de beau et coup; a éliminé moult
Marque d'une façon indéterminée un grand nombre, une grande quantité, une grandeur, une valeur assez élevée, une certaine intensité, un haut degré.
1(Devant un nom) BEAUCOUP DE. On a coupé beaucoup d'arbres. 1. bien (des), maint, nombre (de), nombreux, plusieurs. Avec beaucoup de détails. force. Beaucoup de gens. foule, multitude. Avoir beaucoup d'argent. plein. En avoir beaucoup. amplement, énormément, largement (cf. À foison, fam. à gogo, à profusion, en quantité). Il n'en a pas beaucoup (cf. fam. Pas des masses, pas bésef, pas lerche). Il n'y a pas beaucoup de monde. grand. Beaucoup de patience; de chance.
2(Nominal) De nombreuses choses, personnes. Beaucoup sont de notre avis. Parmi ces objets, beaucoup me tentent. Il a beaucoup à faire, à apprendre. Il en sait beaucoup à ce sujet. Cela compte pour beaucoup. C'est déjà beaucoup. C'est beaucoup dire. À beaucoup près.
♢ DE BEAUCOUP : avec une grande différence. Il s'en faut de beaucoup. loin (s'en faut). Se tromper de beaucoup. Il est le plus vieux de beaucoup. Il est de beaucoup le plus vieux.
3(Avec un verbe) Boire, manger, beaucoup. copieusement (cf. Comme quatre). Il a beaucoup travaillé. considérablement, énormément. Plaire beaucoup. 1. bien, infiniment. S'intéresser beaucoup à qqch. vivement. Il a beaucoup changé. diablement, joliment, terriblement; fam. bougrement, drôlement, rudement, sacrément, vachement. « Elle avait fait beaucoup parler d'elle » (F. Mauriac). Je vous remercie beaucoup. Merci beaucoup.
4(Devant un adj.) Vx « Leur savoir à la France est beaucoup nécessaire » (Molière). très. Mod. Aimable, il l'est beaucoup.
5Avec un compar. (v., adv.) 1. bien. C'est beaucoup plus rapide. Beaucoup mieux. Beaucoup trop. « Pauline prenait son parti beaucoup moins facilement qu'elle ne le disait » (A. Gide).
⊗ CONTR. Peu. Rien. Aucun, nul, 2. personne.

beaucoup adverbe (de beau et de coup, au sens de « portion d'une chose ») Après un verbe, exprime l'intensité, l'importance de l'action qu'indique le verbe, de la qualité qu'indique un adjectif représenté par le pronom attribut le : Il s'amuse beaucoup. Il n'est plus aussi timide ; il l'était beaucoup autrefois. Un grand nombre de gens : Beaucoup sont inquiets de la situation. Exprime une intensité particulière devant les adverbes de quantité plus, moins, mieux, trop : Une maison beaucoup plus grande.beaucoup (difficultés) adverbe (de beau et de coup, au sens de « portion d'une chose ») Emploi 1. Beaucoup / bien. Ces deux adverbes sont en concurrence dans un certain nombre d'emplois. Devant un adjectif à la forme positive, on emploie bien : vous êtes bien gentil ; elle est bien jolie. Mais, si l'adjectif est repris par le pronom l', beaucoup remplace bien : gentil, vous l'êtes beaucoup ; jolie, elle l'est beaucoup. On peut dire gentil, vous l'êtes bien ; jolie, elle l'est bien, mais le sens est alors : « gentil, vous l'êtes en effet », « jolie, elle l'est en effet » et non « vous êtes très gentil », « elle est très jolie ». Devant un adjectif à la forme comparative, on peut employer indifféremment beaucoup ou bien : vous êtes beaucoup plus gentil (ou bien plus gentil) que lui ; elle est bien plus jolie (ou beaucoup plus jolie) que moi. Devant les comparatifs meilleur, moindre et pire, on emploie de préférence bien : il est bien meilleur dans le répertoire classique que dans le jazz ; la perte est bien moindre qu'on ne le craignait ; la situation est bien pire que la dernière fois. Mais, après le comparatif, de beaucoup est de rigueur : il est meilleur, de beaucoup, dans le répertoire classique que dans le jazz ; la perte est moindre, de beaucoup, qu'on ne le craignait ; la situation est pire, de beaucoup, que la dernière fois. Devant les adverbes mieux, trop, plus, moins, on emploie indifféremment beaucoup ou bien. 2. Beaucoup / de beaucoup. Avec un verbe ou un comparatif, on emploie de beaucoup pour insister sur ce qui est dit : une voiture plus rapide de beaucoup (plus fort que : une voiture beaucoup plus rapide, bien plus rapide) ; le bâtiment dépasse de beaucoup les toits voisins ou dépasse les toits voisins de beaucoup (plus fort que : le bâtiment dépasse beaucoup les toits voisins). Avec un superlatif relatif, on utilise de beaucoup : il est de beaucoup le plus fort. Placé après le superlatif, de beaucoup renforce l'insistance : il est le plus fort, de beaucoup (aussi : il est le plus fort, et de beaucoup). Accord Accord du verbe employé avec beaucoup. 1. Beaucoup employé seul (pour « beaucoup de choses, de personnes »). Le verbe est au pluriel : quelques tableaux ont pu être sauvés ; beaucoup ont brÛlé. Beaucoup regretteront ton départ. 2. Beaucoup avec un nom au singulier. Le verbe est au singulier : beaucoup d'eau a passé sous les ponts ; beaucoup de misère reste sans secours. 3. Beaucoup avec un nom au pluriel. Le verbe est au pluriel : beaucoup de personnes voudront sans doute venir. Dans certains cas, c'est le groupe beaucoup de (+ nom au pluriel) qui est pris globalement pour sujet du verbe. L'accord se fait alors au singulier : beaucoup de personnes implique une excellente organisation (ce ne sont pas des personnes, en tant que telles, qui impliquent une excellente organisation, mais un nombre élevé de personnes). ● beaucoup (expressions) adverbe (de beau et de coup, au sens de « portion d'une chose ») Beaucoup de, un grand nombre de, une grande quantité de : Il y a beaucoup de mécontents. Il reste beaucoup de travail à faire. À beaucoup près, la différence restant considérable. C'est beaucoup de, que, si, c'est un résultat important, remarquable de, que, si. C'est beaucoup dire, il serait excessif de le dire. De beaucoup, exprime une différence ou un degré très notables : Il est de beaucoup le plus jeune. Être beaucoup pour quelqu'un, avoir à ses yeux une grande importance. Il s'en faut de beaucoup que, indique que quelque chose d'important manque pour qu'un fait se réalise. Merci beaucoup, renforcement de merci. Familier. Un peu beaucoup, trop, excessivement. ● beaucoup (synonymes) adverbe (de beau et de coup, au sens de « portion d'une chose ») Après un verbe, exprime l'intensité, l'importance de l'action qu'indique le...
Synonymes :
- à profusion
- abondamment
- amplement
- considérablement
- copieusement
- énormément
- excessivement
- extrêmement
- fortement
- fréquemment
- infiniment
- intensément
- largement
- libéralement
- longtemps
- longuement
- passionnément
- puissamment
- souvent
- vigoureusement
- violemment
- vivement
Contraires :
- à peine
- brièvement
- doucement
- faiblement
- guère
- jamais
- laconiquement
- médiocrement
- modérément
- rarement
- succinctement
Un grand nombre de gens
Synonymes :
- bien des
- force (littéraire)
- maint
- nombre de
- pas mal de (familier)
- quantité de
- un tas de (familier)
- une masse de
Contraires :
- peu
Exprime une intensité particulière devant les adverbes de quantité plus...
Synonymes :
- bien

beaucoup
adv.
d1./d Beaucoup de (+ subst.): une grande quantité, un grand nombre de. Il a beaucoup d'argent.
d2./d (Emploi nominal.) Un grand nombre (de personnes, de choses). Beaucoup l'ont cru. Je lui dois beaucoup.
d3./d (Avec un verbe, un adverbe.) Il a beaucoup bu. Il est beaucoup trop fatigué.
|| (Avec un comparatif.) Il va beaucoup mieux. Il est beaucoup plus doué que moi.
d4./d Loc. adv. De beaucoup: nettement. C'est de beaucoup préférable.

⇒BEAUCOUP, adv.
Adverbe exprimant, selon le terme auquel il se rapporte une grande quantité ou une forte intensité.
I.— Exprimant une grande quantité.
A.— Déterminant d'un subst. (ou d'un pronom).
1. [Le subst. est, gén., au plur.] Grande quantité de personnes ou de choses :
1. Beaucoup de gens ressemblent pour le courage, à ces avares qui gémissent à chaque petite somme qu'ils sont forcés de dépenser, et qui sont capables d'en donner une très-grosse sans en être affectés.
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1941.
2. Lors du débarquement de l'Empereur, beaucoup de bruits avaient couru dans le pays sur cette auberge des Trois-Dauphins.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 78.
3. On ne saurait oublier que le Jardin des Plantes de Paris a (...) des souvenirs de science, de dévouement, de passion qui en font autre chose qu'un square organisé militairement et privé de charme, comme sont beaucoup d'établissements étrangers.
FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 117.
Le subst. peut être au sing. lorsqu'il a une valeur collective. Beaucoup de monde l'entouroit (NODIER, Jean-François les bas-bleus, 1844, p. 16).
L'accord du verbe (sauf dans le cas du coll.) se fait gén. au plur. Cependant GREV. 1964, § 807 a) rem. 2. cite un ex. où le verbe est au sing. : Beaucoup de cierges valait mieux (FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 245 dans GREV. 1964, § 807).
2. [Le subst. est au sing.] Partie importante de quelque chose que l'on considère comme un tout (comme le sont, par exemple, une qualité physique, intellectuelle, un sentiment, une valeur morale ou des facteurs extérieurs : pluie, vent, temps, etc.) :
4. C'est bien de la témérité de ta part, Pierre, d'avoir cru, à ton âge, pouvoir faire seul, sans conseils, ce qui exige beaucoup d'expérience et de réflexion.
A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 306.
5. Il m'a fallu beaucoup de temps et de vagabondages pour arriver à établir un tracé commode et aussi fourni que possible.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 11.
6. Je lui devais donc mes premières élégances et mes premières amours et lui en avais beaucoup de reconnaissance.
F. SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 19.
3. [Le subst. est remplacé par un pron.] (Supra 1 et 2). [Le subst. est remplacé par le pron. indéf. autres.]Lire tous ces vers et beaucoup d'autres encore (GREEN, Moïra, 1950, p. 49). [Le subst. est remplacé par le pron. indéf. en antéposé mis pour un subst. au plur.] Des palais et des ruines, j'en ai retrouvé beaucoup (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 418) ou mis pour un subst. au sing. (type : du talent, il en a beaucoup). [Le subst. est remplacé par le pron. rel. dont.] Un réseau (...) de règles et de contraintes, dont beaucoup nous sont insensibles! (VALÉRY, Variété 3, 1936, p. 226). [Except., le subst. peut être remplacé par un pron. pers. (avoir1 ex. 51) où beaucoup d'elle signifie beaucoup de choses d'elle.]
Rem. 1. Le subst. est introd. à l'aide de la prép. de. Toutefois ,,si ce nom est déterminé par un compl. ou par une prop. rel. ou, plus gén., si l'on exprime vraiment l'idée partitive, il demande du, de la, de l', des`` (GREV. 1964, § 329) :
exe=7. Mais, du seul fait qu'elle existait, (...) elle attira vers son orbite, sans les y enfermer, beaucoup des écrivains que lisait un public moins rare.
MAURRAS, L'Avenir de l'Intelligence, 1905, p. 46.
exe=8. Je conçus en même temps qu'il devait y en avoir beaucoup des comme lui dans notre armée, [des comme lui mis pour des gens comme lui].
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 18.
Certains subst. peuvent être précédés non seulement de l'art. mais aussi d'un adj. dém. ou poss. La physionomie de beaucoup de ces femmes (Voyage de La Pérouse, t. 2, 1797, p. 83). Beaucoup de nos généraux (JOFFRE, Mémoires, t. 1, 1931, p. 38) ou remplacés par des pron. dém. (beaucoup de celles-là) ou poss. beaucoup des nôtres (HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 148). La présence de l'art., du dém. ou du poss. a permis le remplacement de la prép. de par la prép. entre : beaucoup entre ces hommes (A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 56).
Rem. 2. Les pron. pers. ne peuvent être introd. directement par de mais par d'entre : beaucoup d'entre nous (H. POINCARÉ, La Valeur de la sc., 1905, p. 173) par parmi synon. de d'entre : beaucoup parmi eux (MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 46).
Rem. 3. Pas beaucoup de. Rarement employé. Synon. de peu. Pas beaucoup de jours auparavant (P. BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 80), ce que nous lisons, avec pas beaucoup de plaisir (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 765).
Rem. 4. Un adj. en rapport avec beaucoup suivi d'un subst. s'accorde gén. avec ce subst. mais il peut se mettre au masc. sing., tout se passant comme si l'adj. s'accordait avec beaucoup :
exe=9. Beaucoup de sagesse serait bien surprenant de sa part.
MART. Comment parle 1927, p. 324 dans GREV. 1964, § 376 N.B. 2.
Rem. 5. Le subst., toujours déterminé, peut précéder beaucoup. Vous avez (...) de l'esprit beaucoup (TOCQUEVILLE, Correspondance [avec Gobineau], 1843, p. 43), beaucoup équivaut alors à un renchérissement, à une précision donnée après coup, ce tour est comparable à ceux où beaucoup est introd. à l'aide de et ou de mais. Elle avait des canons et beaucoup (SUE, Atar Gull, 1831, p. 8); il y a des âmes (et beaucoup) religieusement ardentes (BARBEY D'AUREVILLY, Memorandum pour l'A... B..., 1864, p. 442); ça en avait [de l'importance] (...), et beaucoup (COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, p. 181); n'avoir pas une seule femme, mais beaucoup (PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 352).
B.— Nominal.
1. Il fonctionne comme suj., attribut ou compl. et peut commuter avec la constr. beaucoup de + subst.
a) Fonctionne comme sujet :
10. Et beaucoup qui n'auraient pas voulu pénétrer dans la sacristie de Léopold venaient pousser des pointes jusque sur la colline, ...
BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 166.
11. Ces boutiques sont étroites de façade, et très creuses. Beaucoup ressemblent à un long couloir, tout grand ouvert sur la rue; ...
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 19.
Rem. 1. Le suj. est gén. de l'animé, toutefois il peut désigner de l'inanimé (cf. ex. 11). 2. Employé en constr. parallèle avec un peu de, beaucoup mis pour beaucoup de passion commande l'accord du verbe à la 3e pers. du sing. un peu de passion augmente l'esprit, beaucoup l'éteint (STENDHAL, Vie de Henry Brulard, t. 2, 1836, p. 362).
b) Fonctionne comme attribut :
12. Quatre ans d'austérité, quatre ans à ne s'occuper que des autres : c'est beaucoup, c'est trop.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 11.
c) Fonctionne comme compl. déterminatif :
13. L'erreur de beaucoup est de s'imaginer que la philosophie naît d'une sorte d'échec de la science et a pour but d'y remédier.
J. LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, p. 61.
d) Fonctionne comme compl. d'un verbe :
14. ... c'était une femme très aimable, très bonne et très belle, à qui beaucoup devaient certainement beaucoup.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 962.
e) Fonctionne comme compl. prép. (beaucoup désigne gén., dans ce cas, de l'animé et se trouve après de nombreuses prép. comme : à, après, chez, contre, de, envers, par, pour, etc.) :
15. Honneur à celui qui fut seul contre beaucoup.
ALAIN, Propos, 1929, p. 894.
Pour beaucoup (beaucoup toujours de l'inanimé et après des verbes tels que être, compter, contribuer, entrer). Pour une grande part :
16. Bien qu'il eût plusieurs fois mérité la Croix de la Légion d'honneur, elle ne lui fut jamais offerte. Son père était pour beaucoup la cause de cette injustice : ...
RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, p. 31.
f) Fonctionne en phrase ell. :
17. — Combien de gâteaux? — Beaucoup, de toutes les sortes, une grande quantité, tous les gâteaux que vous avez...
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 57.
Rem. Pas beaucoup, synon. de peu employé pour désigner l'animé ou l'inanimé connaît les mêmes emplois que beaucoup (supra). Pas beaucoup ne t'aimeront autant que Rouart et que moi (GIDE, Correspondance [avec Valéry], 1894, p. 214); j'ai aperçu un peu de fumée, oh pas beaucoup! (SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, p. 291).
2. Locutions
a) À beaucoup près. « À beaucoup de choses près », être loin de... :
18. Après le dîner, MM. de Locmaria et Coëtlogon dansèrent (...), d'un air que les courtisans n'ont pas à beaucoup près : ...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 197.
Rem. Cette loc. a permis la création de à beaucoup moins :
19. On sait bien qu'on peut se passer de tout, qu'on pourrait ne pas mourir à beaucoup moins; ...
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823. p. 366.
b) Il s'en faut beaucoup, il s'en faut de beaucoup. LITTRÉ et l'Ac. voient dans la 1re loc. une différence de qualité et dans la seconde une différence de quantité. Actuell., ces deux loc. ont même signif. mais seule la seconde demeure vivante. Être loin du compte :
20. ... d'ailleurs il s'en faut beaucoup qu'il soit toujours désirable que l'action soit si soudaine et si rapide.
DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu, 1807, p. 189.
21. Que n'a-t-il assez de dévotion pour aller au couvent! Mais il s'en faut de beaucoup qu'il en ait assez.
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 758.
c) C'est déjà beaucoup, c'est beaucoup que... (ou de + inf.). C'est déjà une grande chose :
22. C'était beaucoup que de séparer le client du patron dans les moments les plus solennels de la vie, ...
FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, p. 347.
23. Ce serait déjà beaucoup, ce serait même à peu près tout, que, sans préoccupation ou arrière-pensée religieuse, je me reprisse en mains, ...
DU BOS, Journal, 1926, p. 46.
d) C'est beaucoup dire. Dans cette loc., beaucoup glisse vers le sens de trop :
24. Tous appartiennent à des familles juives. Diamantaires, c'est peut-être beaucoup dire.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 79.
Rem. C' peut être remplacé par un subst. :
25. ... je parle de la ville arabe. Ville est beaucoup dire. Une rue large à maisons basses où sont les bazars.
FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, p. 68.
II.— Exprimant une forte intensité.
A.— Modifiant un verbe ou une loc. verbale :
26. ... et, en effet, je l'aime [L'Éducation sentimentale] beaucoup, mais beaucoup!
LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 232.
27. ... le médecin m'inquiète beaucoup. Pense qu'une boule de neige a suffi pour le renverser, ...
COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, p. 99.
28. Pourquoi est-ce que dès qu'un être humain témoigne qu'il a peu ou beaucoup besoin d'un autre, celui-ci s'éloigne?
WEIL, Le Judaïsme, 1931, p. 11.
Avec un verbe suggérant une idée de mouvement, beaucoup se prête à un emploi spatial :
29. Cette pratique a les plus grands inconvénients en ce qu'elle attire machinalement tous les acteurs vers le trou, bien que ce qu'ils ont à dire dût au contraire les en éloigner souvent beaucoup.
DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 467.
Beaucoup peut suggérer une idée de grande fréquence :
30. — Télémaque, il est beaucoup sur le quai, fit Colline. On l'y trouve à toute heure, je l'ai acheté cinq sous, parce que c'était une occasion; ...
MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 131.
31. Clotilde attend depuis longtemps Mme Simpson qui n'a pas l'air de venir beaucoup; ...
BECQUE, La Parisienne, 1885, II, 9, p. 312.
♦ Souvent employé sous la forme négative :
32. — Vous avez monté la garde? — Pas beaucoup.
RENARD, Journal, 1906, p. 1026.
,,tient lieu quelquefois d'adv. de temps.`` (Ac. 1798).,,Ainsi on dit, Parler beaucoup, marcher beaucoup, attendre beaucoup, pour dire, Parler long-temps, marcher long-temps, attendre long-temps`` (Ac. 1798).
Rem. Dans cet emploi, beaucoup précédé de et peut ajouter, après coup, une précision suppl. (supra I A rem. 5). Toutes vos lettres me font plaisir et beaucoup (COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1793, p. 649); il avait souffert et beaucoup (VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 2, 1868, p. 72); il aimait l'autre et beaucoup (HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 61). Précédé de mais il peut aussi servir à renforcer beaucoup employé précédemment (cf. ex. 26).
B.— Renforçant un compar. de supériorité ou d'infériorité. Beaucoup plus..., beaucoup moins..., beaucoup trop..., beaucoup mieux..., beaucoup moindre... :
33. Ainsi les guerres n'étant plus provoquées, seront et beaucoup plus rares et beaucoup moins cruelles...
MARAT, Les Pamphlets, Suppl. de l'Offrande à la Patrie, 1789, p. 64.
34. Ma santé m'interdit le professorat. Elle est devenue cependant beaucoup meilleure.
ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 180.
35. Ici c'est un beaucoup plus beau château.
VERCORS, Le Silence de la mer, 1942, p. 32.
36. — Je suis beaucoup trop fatigué. Je m'endormirais au volant et nous nous réveillerions dans le fossé.
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 157.
Rem. 1. Au XVIIe s., beaucoup pouvait modifier un adj. au sens positif et ,,Aubert l'admet dans cet emploi avec la négation`` (HAASE 1914, p. 242); à présent c'est bien qu'il faut employer. Toutefois ,,Avec le pronom le représentant un adjectif, on met beaucoup, et non bien : Aimable, il l'est beaucoup`` (GREV. 1964, § 844 a). Actuell., dans certains emplois où le part. passé fonctionne comme adj., c'est sans doute à cause de sa valeur verbale que l'emploi de beaucoup est possible : il en donnait une seconde bien améliorée et beaucoup enrichie (A. FRANCE, La Vie littér., t. 1, 1888, p. 305); ce visage beaucoup aimé (CLAUDEL, Connaissance de l'Est, 1907, p. 119). Précédé par et et ajouté après coup, beaucoup modifie un adj. : un peu triste et beaucoup (E. DE GUÉRIN, Journal, 1840, p. 402). Dans certaines loc. verbales avec être, beaucoup est empl. avec un sens voisin de très. Des femmes qui sont beaucoup femmes (A. FRANCE, Sur la pierre blanche, 1905, p. 302); je suis beaucoup sensible (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 2, p. 13). 2. Emplois rares de beaucoup mis pour bien dans qq. ex. : beaucoup au-dessous de l'état sauvage (LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 236); beaucoup avant minuit (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Yvette, 1884, p. 481); l'occasion d'un enthousiasme nouveau, beaucoup plutôt qu'une fin rigoureuse (É. FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 157).
C.— Loc., fam. Un peu beaucoup. Trop :
37. Elle [Suzanne] aime un peu beaucoup le bal et la valse, cette dévote.
O. FEUILLET, Scènes et proverbes, 1851, p. 346.
38. « ... on y montrait de jeunes gars en plein travail rédempteur, un peu beaucoup abrutis par « l'émulation socialiste ».
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 36.
Merci beaucoup. ,,Au lieu de grand merci, formule de politesse de l'usage classique`` (GREV. 1964, § 844, a, rem. 2) :
39. CORTE. — Mais non. Je me ferai un plaisir, voyons...
CLARETTA. — Merci, merci beaucoup. Je savais qu'avec vous tout s'arrangerait immédiatement.
CAMUS, Un Cas intéressant, adapté de D. Buzzati, 1955, 2e temps, 6e tabl., p. 670.
III.— De beaucoup. Loc. adv. Loc. adv. qui signifie l'importance en quantité ou en intensité d'une différence suggérée soit par certains termes (subst., adj. ou verbes), soit par le compar. ou par le superlatif.
Loc. qui signifie l'importance en quantité :
40. Parmi les premiers, de beaucoup les plus nombreux, se trouvaient Grégoire, évêque de Tours, ...
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 140.
41. ... mais il n'en est pas moins vrai que l'eau montait toujours, pas de beaucoup, de deux pouces peut-être par heure, mais enfin elle montait.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 355.
SYNT. L'aîné de beaucoup; antérieur de beaucoup; déborder, dépasser, excéder, passer (au sens de dépasser), précéder, retarder de beaucoup; de beaucoup le(s), le plus, le(s), la moins...
Loc. qui signifie l'importance en qualité :
42. Le monde attend que de beaucoup elle vaille mieux que l'Allemagne.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 12, 1919-1920, p. 94.
43. Ce film, de beaucoup celui qui m'a le plus frappé, s'appelait : L'Étreinte de la pieuvre.
BRETON, Nadja, 1928, p. 31.
SYNT. Dépasser (au sens fig.), emporter, préférer, prédominer, surclasser, surpasser, se tromper de beaucoup; de beaucoup le(s), la plus, moins; plus..., moins... de beaucoup.
Rem. 1. ,,Beaucoup, placé après un comparatif d'adjectif ou après un verbe d'excellence, ou employé avec un superlatif, doit être précédé de la préposition de (...) Placé avant un comparatif d'adjectif, il peut être précédé de la préposition de`` (GREV. 1964, § 844 a) rem. 1). 2. De beaucoup précédé de et peut s'ajouter après coup ou s'intercaler dans les mêmes conditions que ci-dessus. Antérieurs et de beaucoup (R. ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1928, p. 17); il lui préfère, et de beaucoup (J. ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, p. 51); une expression moins inadéquate (et de beaucoup) (PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 423).
Employé substantivement. [P. oppos. avec peu] :
44. Dans le chemin de fer, choisir n'importe quel compartiment; et dans le métro entrer par la première porte qui se présente, sans chercher mieux. Ne pas dédaigner les petites victoires; dès qu'il s'agit de la volonté, le beaucoup n'est que la patiente addition du peu.
GIDE, Journal, 1912, p. 359.
PRONONC. :[boku]. La majorité des dict. signale que devant voyelle le p se lie. À ce sujet cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 475 : Il l'a beaucoup⁀aimée. Cf. aussi MART. Comment prononce 1913, p. 360. Pour KAMM. 1964, p. 233 : ,,Il a beaucoup⁀étudié; il est trop⁀heureux sont des liaisons admises en style oratoire, nécessaires en poésie ou sur la scène tragique; le style familier peut s'en passer; mais on lie toujours des expressions comme trop⁀aimable.``
ÉTYMOL. ET HIST. — [XIIIe s. biau cop « grande et belle chose » (JOINVILLE, 221 dans LITTRÉ : Nos engins getoient aus leurs; et les leurs aus nostres; mès onques n'oy dire que les nostres feissent biau cop)]; 1. avec valeur de subst. 1379 beaucoup précédé d'un verbe « une grande quantité » (J. DE BRIE, Bon Berger, éd. Lacroix, 109 dans T.-L., s.v. coup : Et n'est force que les brebis menge[nt] beaucoup au mois de juing); fin XIVe s. beaucoup de + subst. « id. » (FROISSART, Chron., II, 320 dans GDF. Compl. : Qui vous fera encores biaucop de bien); 2. 1465 adv. (J. AUBRION, Journ., ibid. : Le vin en fuit plux chier, et le bledz aussi belcop).
Composé de beau et de coup.
STAT. — Fréq. abs. littér. :37 149. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 59 247, b) 49 711; XXe s. : a) 42 973, b) 54 957.
BBG. — BENARY (W.). Zum franz. beaucoup. Z. rom. Philol. 1936, t. 56, pp. 67-70. — BENVENISTE (É.). Mécanismes de transpos. Cah. F. Sauss. 1969, n° 25, pp. 54-57. — COHEN 1946, p. 60. — DEUTSCHMANN (Q.). L'Emploi de n. d'action désignant d'abord une « volée de coups » pour signifier « beaucoup » en territoire gallo-rom. R. Ling. rom. 1937, t. 13, pp. 83-125. — FOSTER (B.). Beaucoup. Vie Lang. 1959, pp. 334-335. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 27, 35, 125, 127. — RAT (M.). Var. sur le mot coup. Vie Lang. 1966, p. 644.

beaucoup [boku] adv.
ÉTYM. 1379, sens II; biau cop, 1272, comme nom; adv., 1465, belcop; composé de beau, et de coup; a éliminé moult au XVIe.
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I
1 Beaucoup de.(Suivi d'un nom au pluriel). Un grand nombre de. Bien (de), énormément, maint, nombre (de), (de) nombreux, (fam.) plein (de). → Une foule, une infinité, des masses, une multitude, un paquet, une quantité, un, des tas; fam. une chiée, une flopée, une foultitude, une tapée… (→ Quantité, infra cit. 2). || Avoir beaucoup de choses à faire, à dire. || Il y a beaucoup de choses dans ce magasin. || Je connais beaucoup de personnes, de gens qui… || Beaucoup de gens pensent… || Beaucoup d'appelés (cit. 46) et peu d'élus. || Dire beaucoup de choses en peu de mots. Multa paucis. || Beaucoup de couleurs, de formes, de fleurs me plaisent. || Beaucoup de livres ne valent rien. || Beaucoup de sujets n'ont pas encore été abordés. || Beaucoup des lieux que nous avons visités. || Beaucoup de ses textes sont admirables. || Beaucoup de ces gens, beaucoup de nos soldats… || Beaucoup d'autres, beaucoup d'entre eux. || Beaucoup de mâts, d'embarcations. Fourmillement, grouillement, pullulement; forêt (de mâts). || Avec beaucoup de détails. Force. || Faire beaucoup d'excès. || Qui a beaucoup de, concerne beaucoup de… Multi-, pluri-, poly-.Beaucoup d'entre eux, parmi eux…Fam. || Pas beaucoup de… Peu. || « Pas beaucoup de jours auparavant » (P. Bourget). Quelque(s).
(Suivi d'un nom au singulier). Une grande quantité de… || Il a vraiment beaucoup d'argent. → Il est plein, pourri, rempli d'argent. || Ces bijoux ont beaucoup d'éclat. || Il m'a fait beaucoup de mal, de peine, de plaisir. || Il lui faudra beaucoup de chance, de patience, d'astuce. || Cela lui a demandé beaucoup de temps. Longtemps. || Il n'y a pas beaucoup de monde. Grand. || Beaucoup de monde est venu hier soir. || La question a fait couler beaucoup d'encre. Flot. || J'en ai déjà dit beaucoup. || Beaucoup de patience me surprendrait de sa part.
(Avec un pron.). || Beaucoup d'autres.Avec en, remplaçant un nom au pluriel. || Il y en a beaucoup. Abondamment, (en) abondance, amplement, (à) foison, (à) gogo, largement, (en) quantité, (en) profusion. || Il n'y en a pas beaucoup.fam. Pas des bottes, des masses…; pas besef, pas lerche.
1 Comme c'est le caractère des grands esprits de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses, les petits esprits, au contraire, ont le don de beaucoup parler, et de ne rien dire.
La Rochefoucauld, Maximes, 142.
2 En peu de mots, sans façon, sans vous amuser à beaucoup de discours (…)
Molière, la Jalousie du barbouillé, 6.
3 Ainsi la première victoire fut le gage de beaucoup d'autres (…)
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
4 On leur tua beaucoup de monde en cette action.
Racine, le Siège de Namur.
5 Un peu de philosophie écarte de la religion, et beaucoup y ramène.
Rivarol, Maximes et Pensées.
6 Il (un article) me donna beaucoup de mal; c'est dire qu'il m'a fait beaucoup de bien.
Gide, Journal, 17 nov. 1905.
7 Qui s'intéresse à beaucoup de choses, beaucoup de choses lui sont données.
Claudel, Feuilles de Saints, sainte Thérèse.
REM. 1. Beaucoup de… avec un nom au pluriel, requiert un verbe au pluriel. Dans l'ex. de Flaubert : beaucoup de cierges valait mieux (Grevisse), beaucoup est considéré comme un substantif. 2. On trouve exceptionnellement beaucoup du, de la, des, si le nom est déterminé par une relation (« beaucoup des écrivains que lisait un public… », Maurras). Fam. || Il n'y en a pas beaucoup des comme lui.
Et beaucoup (après le n.). || Il y avait des invités, et beaucoup. || Il a de l'argent et beaucoup. || Il y en a, et beaucoup.
2 (Nominal : sujet ou compl.). De nombreuses personnes. || Beaucoup pensent que tu n'y arriveras pas. || Il y en a beaucoup qui n'osent pas parler. Nombreux (sont ceux qui…). || Pour beaucoup, cela semble une folie. || C'est une illusion de beaucoup.De nombreuses choses, activités, événements (en compl.). || Il y avait beaucoup à boire, à manger. || Il en sait beaucoup là-dessus. Long. || Il est capable de beaucoup. || Vous avez fait beaucoup pour moi. || Il reste beaucoup à faire, à apprendre. || Compter pour beaucoup : être considéré comme très important. || Il donne beaucoup aux pauvres.
8 Il y en a beaucoup que le trop d'esprit gâte (…)
Molière, Critique de l'École des femmes, 5.
9 Quelque étendue d'esprit que l'on ait, l'on n'est capable que d'une grande passion, capable de peu et de beaucoup, de tout et de rien (…)
Pascal, in Cousin.
10 Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
La Fontaine, Fables, I, 4.
11 Il comptait pour beaucoup de l'avoir auprès de lui (…)
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 5.
12 Beaucoup en ont parlé, mais peu l'ont bien connue (…)
Voltaire, Henriade, II.
13 Le sport n'est plus, pour beaucoup, un harmonieux amusement (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XII, p. 186 (→ Amusement, cit. 12).
(Reprenant un nom, sans le répéter; → ci-dessus, cit. 5). || J'ai acheté un lot de vieilles vestes; beaucoup n'ont plus de boutons. || Parmi ces gâteaux, beaucoup me tentent. || Il a du courage, (et) même beaucoup.
(En attribut). Une chose considérable, remarquable. Énorme. || C'est beaucoup pour son âge. || Ils sont quarante dans sa classe, c'est beaucoup.C'est déjà beaucoup s'il ne nous met pas dehors. || C'est beaucoup qu'il accepte de venir. Bien.
14 C'était beaucoup pour moi, ce n'était rien pour vous (…)
Racine, Britannicus, IV, 2.
15 À ceux qui n'ont ni rang ni richesse qui en imposent, il leur reste une âme, et c'est beaucoup (…)
Marivaux, IV, la Vie de Marianne.
C'est déjà beaucoup si… Déjà. || C'est beaucoup s'il vous regarde (Académie). || C'est beaucoup de ou que… : on peut être content, heureux, satisfait… Assez.
16 C'est assez pour soi d'un fidèle ami; c'est même beaucoup de l'avoir rencontré.
La Bruyère, in Pierre Larousse.
Loc. fam. C'est beaucoup dire : c'est trop dire, c'est exagéré.
Loc. Il s'en faut beaucoup (vx); il s'en faut de beaucoup (mod.); beaucoup s'en faut (littér.) : il y a une différence considérable, on en est loin.
17 L'abbaye (…) ne vaut pas, beaucoup s'en faut
Les deux mille francs qu'il me faut (…)
Mathurin Régnier, Épîtres, III.
18 Il s'en faut beaucoup que nos commerçants nous donnent l'idée de cette vertu dont nous parlent les missionnaires; on peut les consulter sur les brigandages des mandarins (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXI.
19 Le pays n'est pas peuplé à proportion de son étendue, il s'en faut de beaucoup (…)
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie, I, 2.
20 Il s'en faut de beaucoup que nos rois aient fait tout ce qu'ils auraient voulu.
J. Bainville, Hist. de France, VI.
À beaucoup près : avec de grandes différences.
21 Assurément, tu ne parais pas ton âge, même à beaucoup près.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, I, XI.
De beaucoup : d'une grande quantité; de loin. || Préférer, surpasser, se tromper de beaucoup. || Précéder, retarder de beaucoup. || Il est de beaucoup le plus jeune. || Il valait mieux, et de beaucoup, qu'elle s'en aille.
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II
1 (Avec un verbe). En grande quantité. Abondamment, (en) abondance, amplement, autant (autant qu'on en veut), considérablement, énormément, (à) foison, gogo (à gogo, fam.), largement, libéralement, plein (à pleines mains), (à) profusion, (à) tire-larigot, (à) volonté, vouloir (fam. en veux-tu, en voilà). || Gagner beaucoup. || Boire beaucoup. || Manger beaucoup. Copieusement, plantureusement. || Il travaille beaucoup (→ Comme une bête, un cheval, un nègre…). || Il écrit beaucoup, c'est un pisseur de copie. || Risquer beaucoup. Gros. || Il a beaucoup plu, neigé. Fort, longuement. || Cela ne durera pas beaucoup. Longtemps. || Aimer beaucoup qqch. Bien, infiniment, passionnément. || Je n'aime pas beaucoup son attitude (euphém. pour : pas du tout). || Ça me plaît beaucoup. Grandement, singulièrement. || S'intéresser beaucoup à qqch. Prodigieusement, vivement. || Vous vous êtes beaucoup trompé. Diablement, joliment; (fam.) bigrement, bougrement, salement, vachement.Le connaissez-vous beaucoup ? Non, mais je le connais un peu.Il a beaucoup changé. || Cela m'a beaucoup fait plaisir. Bien. || S'éloigner, s'écarter beaucoup, d'une grande distance. || Il va beaucoup au cinéma. Souvent. || Je vous remercie beaucoup.
22 La langue turque (…) dit beaucoup en peu de paroles.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 4.
23 Mais les femmes enfin n'aiment pas qu'on les gêne; et c'est beaucoup risquer que de leur montrer des soupçons (…)
Molière, le Sicilien, 6.
24 Quiconque a beaucoup vu
Peut avoir beaucoup retenu (…)
La Fontaine, Fables, I, 8.
25 Je promettais beaucoup et j'exécutais peu (…)
Corneille, Rodogune, I, 6.
26 On promet beaucoup pour se dispenser de donner peu.
Vauvenargues, Maximes, 436.
27 Parler beaucoup et bien, disait-il, est d'un bel esprit; peu et bien d'un sage; beaucoup et mal, d'un fat; peu et mal, d'un sot.
D'Alembert, Éloges, « Terrasson ».
28 Robespierre a dit hardiment qu'il n'avait rien fait au 2 septembre. En actes, rien, cela est vrai. Mais, en paroles, beaucoup, et ce jour-là, les paroles étaient des actes.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, p. 1045.
29 Qui sait beaucoup, doute beaucoup.
Michelet (→ Douter).
30 Il a beaucoup appris celui qui a souffert.
J. Bédier, la Chanson de Roland, 134, p. 193.
31 Elle avait fait beaucoup parler d'elle.
F. Mauriac, la Pharisienne, VI, p. 83.
31.1 Et elle m'a demandé si cela me plaisait et je lui ai répondu : « Oui, beaucoup ».
Arrabal, l'Enterrement de la sardine, p. 43.
2 Vx (langue class.). Devant un adj. au positif. Bien, très; extrêmement.
32 Leur savoir à la France est beaucoup nécessaire (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 3.
REM. En français moderne, cet emploi serait une faute; il est vivant régionalement. Il est beaucoup gentil. « Je suis beaucoup sensible » (Pagnol, Fanny). On le rencontre encore, littérairement, avec les participes passés : « ce visage beaucoup aimé » (Claudel, in T. L. F.).
Fam. (fautif). Devant un subst. || J'en ai beaucoup envie, besoin. Très; fort.
Avec le, pron. qui représente l'adj. || Aimable, il l'est beaucoup (Grevisse).
3 (Avec des comparatifs d'adjectifs ou d'adverbes). Bien. || Ce vin est beaucoup meilleur (Académie). || Beaucoup plus. || Beaucoup moins. || Beaucoup mieux. || Beaucoup trop.
33 (…) ce serait une cause beaucoup plus digne de votre audience.
H. Estienne, Précellence, Ép. au Roy.
34 Vous avez le don de vous faire aimer quand il vous plaît, et quelquefois plus, beaucoup plus que vous ne voudriez (…)
Mme de Sévigné, 432.
35 Le nombre des pièces de Corneille est beaucoup plus grand que celui des pièces de Racine, et cependant Corneille s'est beaucoup moins répété lui-même que Racine n'a fait (…)
Fontenelle, Parallèle entre Racine et Corneille.
36 Le cabinet de M. de Julienne a rendu à la vente beaucoup au delà de ce qu'il avait coûté (…)
Diderot, Salon de 1767, 1 t. XIV, p. 7.
37 Il y aura toujours de l'esprit dans la nation; il y aura du raisonné, et malheureusement beaucoup trop, et même du raisonné fort obscur et fort inintelligible (…)
Voltaire, Lettre à Richelieu, 8 juin 1772.
38 La complaisance envers autrui n'est pas beaucoup moins ruineuse que celle envers soi-même.
Gide, Journal, 25 nov. 1905.
39 Pauline prenait son parti beaucoup moins facilement qu'elle ne le disait (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, III, X, p. 406.
De beaucoup. Avec un adjectif, exprime une grande différence. Plus, moins. || Il est de beaucoup plus savant. || Vous êtes plus savant de beaucoup (Académie). → Sans comparaison possible.
40 Son dernier état deviendra de beaucoup pire que le premier (…)
Massillon, Sur l'inconstance.
Iron. Un peu beaucoup : trop, vraiment trop. → Peu, cit. 65. || Il est un peu beaucoup content de lui. || Abruti, il l'est un peu beaucoup.
41 Vous vous jouez un peu beaucoup de mon père.
Molière, le Malade imaginaire, III, 14.
Loc. Merci beaucoup.
4 Rare (pour bien). || Beaucoup avant minuit.
5 N. m. Rare. || Le beaucoup (par oppos. au peu).
42 Ne pas dédaigner les petites victoires; dès qu'il s'agit de la volonté, le beaucoup n'est que la patiente addition du peu.
Gide, Journal, janv. 1912.
CONTR. Peu, rien. — Aucun, nul, personne.

Encyclopédie Universelle. 2012.