lécher [ leʃe ] v. tr. <conjug. : 6>
• déb. XIIe; frq. °lekkon
1 ♦ Passer la langue sur (qqch.). Chien qui lèche un plat, la main de son maître (⇒ caresser) . Lécher une glace. ⇒ sucer (cf. aussi Licher). Se lécher les babines. ⇒ se pourlécher. Fig. et fam. S'en lécher les babines, les badigoinces.
♢ Enlever en léchant. Lécher la confiture et laisser le pain d'une tartine.
♢ Par métaph. Flammes qui lèchent la plaque d'une cheminée. ⇒ effleurer. Vague qui lèche le rivage.
2 ♦ Loc. fam. Lécher les bottes, (vulg.) le cul à qqn, le flatter avec servilité. ⇒ lèche-botte, lèche-cul (cf. Cirer les bottes, faire de la lèche). « léchant les bottes à toute une escouade de ministres » (Aymé).
♢ Lécher les vitrines, les regarder de très près avec grand plaisir. ⇒ lèche-vitrine.
♢ (de la légende de l'ourson informe que sa mère lèche pour le façonner) UN OURS MAL LÉCHÉ : (vx) un être mal fait, difforme, et par ext. (mod.) un individu d'aspect rébarbatif, de manières grossières.
3 ♦ (1680) Fig. Finir, polir (une œuvre littéraire ou artistique) avec un soin trop minutieux. ⇒ fignoler. Il lèche trop les détails. — P. p. adj. Tableau léché.
● lécher verbe transitif (francique lekkôn) En parlant d'un animal, passer sa langue sur un autre animal, sur quelque chose ou quelqu'un et, en particulier, nettoyer un petit, une partie de son corps à coups de langue : La chatte lèche ses petits. Passer sa langue sur quelque chose pour absorber ce qui s'y trouve : Lécher sa cuiller. Lécher la confiture sur ses doigts. En parlant de l'eau, du feu, effleurer légèrement quelqu'un ou quelque chose, les toucher à peine : Les flammes commençaient à lécher la façade. Familier. Fignoler quelque chose, le finir avec soin, attention. ● lécher (difficultés) verbe transitif (francique lekkôn) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : je lèche, nous léchons ; il lécha. ● lécher (expressions) verbe transitif (francique lekkôn) Familier. Lécher les bottes, le cul (populaire) à quelqu'un, avoir une attitude servile à son égard, le flatter bassement. Lécher les vitrines, s'attarder à regarder les vitrines des magasins. ● lécher (homonymes) verbe transitif (francique lekkôn) ● lécher (synonymes) verbe transitif (francique lekkôn) Passer sa langue sur quelque chose pour absorber ce qui s'y...
Synonymes :
- se pourlécher
En parlant de l'eau, du feu, effleurer légèrement quelqu'un ou...
Synonymes :
- caresser
- frôler
Familier. Fignoler quelque chose, le finir avec soin, attention.
Synonymes :
- ciseler
- perler (vieux)
Familier. Lécher les bottes, le cul (populaire) à quelqu'un
Synonymes :
- flagorner (littéraire)
- passer la pommade (familier)
lécher
v. tr.
|| (Faux Pron.) Le chat se lèche le ventre.
— Fig. Il s'en est léché les doigts: il a trouvé cela bon.
|| Fig., péjor. Lécher les bottes à qqn, être servile à son égard.
|| Fig., Fam. Lécher les vitrines, les regarder en flânant.
d2./d Effleurer. Les flammes lèchent le mur.
|| Toucher doucement. Les vagues lèchent le sable.
⇒LÉCHER, verbe trans.
I. — Qqn lèche qqc.
A. [L'obj. désigne un animé ou un inanimé]
1. Passer la langue sur quelque chose pour nettoyer ou en signe d'attachement.
a) [Le suj. est une pers.] :
• 1. ... élever laborieusement l'enfant, le coucher gorgé de lait tous les soirs, l'embrasser tous les matins avec le cœur inépuisé de la mère, le lécher sale, le vêtir cent fois des plus belles jaquettes qu'il déchire incessamment...
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 196.
— Emploi pronom.
♦ réfl. [Les femmes au théâtre] tirent d'une sorte de cabinet de toilette portatif appelé minaudière, des accessoires (...) et se lavent, se lèchent, se brossent, se poudrent, se peignent et grimacent dans un miroir (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 5).
♦ réciproque. Ces deux visages se léchaient avec fureur, comme s'ils étaient le sel l'un de l'autre (GIONO, Eau vive, 1943, p. 326).
♦ réciproque indir. Faut pas les déranger, paraît-il. C'est propre! (...) Ah! oui, ils sont bien trop occupés à se lécher la figure, là-haut! (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 944).
— Au fig., emploi pronom. réfl. indir. Se lécher les babines, les badigoinces, les doigts, les lèvres.
♦ Savourer (un mets) avec un vif plaisir. J'étais bon cuisinier là-bas : te rappelles-tu comme on se léchait les doigts de ma cuisine? Et toi tout le premier, tu en as goûté de mes sauces, et tu ne les méprisais pas, que je crois (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 323). Tu en as mangé une cuisse ce soir... hein? Tu t'en es léché les doigts! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1483).
♦ Se réjouir. Une vengeance d'écolier et sauvage dont il se léchait d'avance les lèvres (FRANCE, Chat maigre, 1879, p. 224). Vous avez toléré que je me perde (...) — et sans doute vous léchiez-vous les lèvres, là-haut, en pensant que l'âme du pécheur est délectable (SARTRE, Mouches, 1943, III, 5, p. 75).
b) P. anal. [Le suj. est un animal] Ulysse est de retour, ô spectacle touchant! Son chien le reconnoît, et meurt en le léchant (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. 136). Terré au secret de son repaire, le loup haletant lèche ses blessures (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 197) :
• 2. ... un chien est un ami fidèle; on peut trouver en lui le meilleur des serviteurs, comme on peut voir aussi qu'il se roule sur les cadavres, et que la langue avec laquelle il lèche son maître sent la charogne d'une lieue.
MUSSET, Lorenzaccio, 1834, III, 2, p. 190.
— Emploi pronom. réfl. Les chats, qui, maigres et ardents, miaulent dans la saison d'amour, ou gras et indolents, se lèchent au soleil d'août (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 138). Les plus fins et les plus propres des animaux [les renards], qui se peignent, qui se lèchent et s'arrangent jusqu'au bout des ongles (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 312).
♦ réfl. indir. Les daims et les cerfs ont recours, dit-on, au dictame, quand ils sont blessés. D'autres animaux se lèchent leurs plaies (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 50).
2. En partic. [Le suj. est une pers. ou un animal] Passer de petits coups de langue sur un aliment pour le manger. Des chiens, sous l'échafaud, léchaient le sang de la veille (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 179). Pendant que la confiture faisait des bulles dans la grande cuvette en cuivre posée sur une manière de poêle... On me donnait à lécher l'écume des confitures, que je trouvais bien meilleure que la confiture elle-même (TRIOLET, Prem. accroc., 1945, p. 295). Les hommes en chemises fleuries qui croquaient des hot-dogs ou qui léchaient des glaces (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 522).
3. Loc. verb., fig., fam. Lécher les vitrines. Revoir des banques, St. Mary's Cathedral, retourner au Cannery, magasin en briques ultra-moderne, pour lécher boutiques (E. DE BRISSAC, Ballade américaine, Paris, Stock, 1976, p. 133).
B. — Au fig.
1. Qqn lèche (qqn). Flatter servilement. Elle fut adulée, courtisée, léchée à cause de son faste et du crédit dont elle jouissait auprès de sa fameuse amie (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 109).
♦ Emploi abs. Quand on n'est pas Tibère, on est Trimalcion. L'un rampe, lèche et rit pendant que l'autre opprime (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 131).
— [P. méton. de l'obj.] Lécher le cul du bon Marat (CHÉNIER, Iambes, 1794, p. 265). Tout pouvoir a des salaires À jeter aux flatteurs qui lèchent ses genoux (LAMART., Corresp., 1830, p. 86). Nous léchons les bottes des Fritz pour gagner notre bifteck (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 41).
2. Qqn lèche qqc. Achever et polir (un ouvrage) avec un soin excessif. Moi je l'ai vu [le portrait], les avis sont partagés, il y en a qui trouvent que c'est un peu léché, un peu crème fouettée, moi, je le trouve idéal (PROUST, Swann, 1913, p. 375).
— [P. méton. du suj.] Ces infatigables polisseurs dont la lime lèche les porphyres les plus durs! (BALZAC, Gaudissart, 1834, p. 5).
II. — Qqc. lèche qqc. P. anal., littér. Synon. de effleurer.
A. — [Le suj. est une flamme] Des flammèches montèrent encore, léchèrent le plafond, s'éteignirent dans une lueur saignante de braise (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1487). Un torchon brûle, et la flamme lèche déjà le bois blanc du buffet (RENARD, Journal, 1901, p. 647). Deux landiers supportent les bûches, dont la flamme lèche les flancs de la marmite (FARAL, Vie temps St Louis, 1942, p. 157).
B. — P. anal. Des capillaires lèchent les flancs d'un marbre éboulé (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 287). Sans un buisson pour s'abriter (...) du bruit éternel de la mer qui brise, de son écume qui lèche sans relâche le rocher poli (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 109). Un village, parmi les arbres, se mire dans le fleuve. On voit les cyprès et les croix du cimetière par-dessus le mur blanc, que lèche le courant (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 68).
REM. 1. Le verbe a donné lieu à de nombreux dér. notamment au XIXe s., la plupart sans lendemain. Ainsi : a) [Correspond à lécher I A 1] ) Léchades, subst. fém. plur., hapax. Quand il a été trop loin, essayant de désarmer par (...) des léchades de porc à sa femme (GONCOURT, Journal, 1860, p. 755). ) Léchante, adj. fém., hapax. Des heures de repos, des rapatriements de bête châtiée et léchante (GONCOURT, Journal, 1858, p. 502). ) Léchotter, verbe trans. Lécher à petits coups répétés. Le chaton court après sa mère, (...) la léchotte, la mordille. (LÉAUTAUD, Journ. litt., 5, VIII ds QUEM. DDL t. 2). ) Léchouillis, subst. masc., hapax. Il est né 7 petits cochons, la nuit d'hier ou d'avant-hier. Ils étaient luisants de léchouillis. C'est un mot que je fabrique pour exprimer l'action, sur eux, du groin de la truie (JAMMES, Corresp. [avec Gide], 1896, p. 76). b) [Correspond à lécher I B 1] Léchables, subst. masc. plur., hapax. L'époque des Lèchements de pieds approchait (...) on faisait des visites aux Léchables (L. DAUDET, Morticoles, 1894, p. 233). c) [Correspond à lécher I B 2] ) Léchoter, verbe trans., hapax. Un médiocre parmi les médiocres, un employé blond qui (...) léchotait de petits paysages en savon (BLOY, Hist. désobl., 1894, p. 109). ) Léchotteries, subst. fém. plur., hapax. De l'art qui palpite et qui vive, pour Dieu! Et au panier toutes les déesses en carton et toutes les bondieuseries du temps passé! Au panier toutes les léchotteries (...)! (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 14). ) Léchouiller, verbe trans. ,,Lécher minutieusement et sans art`` (ROB. Suppl. 1970). d) [Correspond à lécher II B] Léchure, subst. fém., hapax. Ne touche pas du doigt l'aile de ce papillon. — (...) Rien qu'à la place fauve-noir où glisse (...) ce feu violet, cette léchure de lune (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 14). 2. Lèche-, élém. de compos. V. lèche-bottes, lèche-cul, lèchefrite, lèche-vitrine(s) et aussi : a) Lèche-carreau(x), (Lèche-carreau, Lèche-carreaux)subst. masc. Synon. de lèche-vitrine(s). Voici quelques prix relevés au hasard d'un lèche-carreau (La Croix, 25 juin 1969 ds GILB. 1971). b) Lèche-doigt(s) (À), (Lèche-doigt , Lèche-doigts )loc. adv., littér. et vx. ) En trop petite quantité. Il nous a fait servir d'assez bonnes choses, mais il n'y en avait qu'à lèche-doigts (Ac.). ) [Chez Sainte-Beuve] S'en donner à lèche-doigt (loc. verb.). Prendre un grand plaisir à. Synon. s'en donner à cœur joie. Les savants et les critiques érudits modernes qui ont à en parler [de l'amour] font d'ordinaire les dégoûtés en public, et ils s'en donnent à lèche-doigt dans le cabinet (Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 432). c) Lèchemiettes (À), loc. adv., hapax. Le sentiment de notre fragilité empoisonne chaque désir, jamais un plaisir pur, plus de franche lippée. C'est à lèchemiettes qu'on prend part désormais au banquet de l'existence (AMIEL, Journal, 1866, p. 264). d) Lèche-pied, subst. masc., littér. Synon. de lèche-bottes. Le lèche-pied se replie dans une rêverie trouble (ARNOUX, Solde, 1958, p. 37).
Prononc. et Orth. : [], (il) lèche []. Conjug. cf. abréger. Ac. 1694 : lescher; 1718 : lecher; dep. 1740 : lécher. Étymol. et Hist. 1. a) 1re moitié du XIIe s. « passer la langue sur quelque chose » (Psautier Oxford, 71, 9 ds T.-L.); b) ca 1170 « enlever en léchant » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 170); c) 1678 ours mal léché « ours qui n'est pas accompli » (LA FONTAINE, Fables, XI, 7; v. aussi ID., ibid., VIII, 10); 1694 « enfant difforme et mal fait » (Ac., s.v. ours); 1718 « homme mal fait et grossier » (Ac.); 2. a) début du XIVe s. « flatter quelqu'un » (Ovide moralisé, éd. C. De Boer, XIII, 3289, 3293), attest. isolées; de nouv. 1879 (CLADEL, loc. cit.); b) 1798 lécher le cul à qqn (Ac.); c) 1848 lécher les bottes de qqn (BALZAC, Cous. Pons, p. 220); 3. a) 1680 léché « exécuté avec un soin minutieux » (RICH.); b) 1690 lécher « exécuter (une œuvre littéraire ou artistique) avec un soin minutieux » (FUR.); 4. 1826 « effleurer (en parlant de flammes) » (CHATEAUBR., Natchez, p. 135); 5. 1959 lécher les vitrines (ROB.). De l'a. b. frq. lekkôn « lécher », cf. le m. néerl. licken, lecken, a. h. all. , all. lecken « id. ». Cf. aussi lecator = gulosus (v. lécheur) dans les gloses attribuées à Isidore de Séville (CGL t. 5, p. 602, 51). La loc. ours mal léché fait allusion à la légende antique (déjà rappelée par RABELAIS, Tiers Livre, XLII, éd. M. A. Screech, pp. 285-288 et LA FONTAINE, Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, pp. 257-258, note 2) selon laquelle les ours naissent informes et que leurs mères les façonnent en les léchant. Fréq. abs. littér. : 491. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 553, b) 627; XXe s. : a) 954, b) 706.
DÉR. 1. Léchage, subst. masc. a) Action de lécher. La voûte [de ces fours] est (...) très peu incurvée dans le sens transversal afin d'augmenter le léchage du bain par la flamme et d'accroître le rayonnement (BARNÉRIAS, Aciéries, 1934, p. 31). Ces effusions dévoyées, (...) ces léchages de museau (MORAND, Extrav., 1936, p. 20). Loc. vulg. Léchage de cul. Action de flatter servilement; résultat de cette action. C'est depuis que la république existe que s'est développé cet asservissement, ce léchage-du-cul de l'étranger (GONCOURT, Journal, 1894, p. 514). Loc. fam. Faire du léchage de vitrine(s). Synon. de faire du lèche-vitrine(s). (Ds ROB. Suppl. 1970, Lexis 1975). b) Au fig. Action de mettre un soin extrême (pour finir une œuvre ou un ouvrage). Envoyez-moi encore d'autres photographies (...) je vous y examine, avec une loupe, pour retrouver, sur chacune, malgré le léchage des retouches, les lumières travaillées, un peu de votre être secret! (COLETTE, Vagab., 1910, p. 252). — []. — 1res attest. a) 1894 « action de flatter » (GONCOURT, loc. cit.); b) 1907 « action d'effleurer (en parlant d'un courant d'air, etc.) » (PÉRISSE, Automob., p. 156); c) 1910 « action d'exécuter avec un soin minutieux » (COLETTE, loc. cit.); d) 1925 « action de lécher (SERRE ds Nouv. Traité Méd. fasc. 4, p. 17); de lécher, suff. -age. 2. Lécherie, subst. fém. a) Action de lécher. Des tendresses, des câlineries, une voluptueuse lècherie de mère chatte (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 136). b) Fam. Gourmandise. (Ds ROB., Lar. Lang. fr., Lexis 1975). c) Démonstration exagérée de tendresse. Pour embrasser son fils (...) il lui fallait des circonstances extraordinaires. « Dans la famille, nous n'aimons pas les lécheries », disait-elle volontiers (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 36). — []. [-] ds Lar. Lang. fr. (infl. de lèche). — 1res attest. a) 1155 « luxure » (WACE, Brut, 10745 ds T.-L.); b) 1178 « extrême gourmandise » (Renart, éd. M. Roques, XII, 13233); c) 1785 « action de lécher » (SADE, Les 120 journées de Sodome, part. 1, t. 1, p. 129 ds QUEM. DDL t. 14); de lécher, suff. -erie.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 299. - SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], p. 298, 433. - WALT. 1885, p. 73.
lécher [leʃe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. V. 1120; traditionnellement rapporté au francique lekkon; P. Guiraud y voit plutôt, éventuellement combiné à l'influence francique, une origine romane, doublet de lisser (du lat. lixicare), le passage du i au e étant explicable par la fermeture du e initial sous l'infl. d'un yod.
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1 (Sujet n. d'être animé). Passer la langue sur (qqch.). || Chien (cit. 3 et 19) qui lèche un plat, qui lèche la main de son maître (⇒ Caresser), lécher une plaie pour la cicatriser (cit. 1). || Femelle qui lèche ses petits. || Lécher ses doigts, ses lèvres. || Lécher une glace. || « On me donnait à lécher l'écume des confitures » (Elsa Triolet, le Premier Accroc…, p. 295). || Lécher à petits coups de langue. ⇒ Lichotter, et aussi léchouiller.
1 (…) les ours façonnent leurs petits en les léchant à loisir (…)
Montaigne, Essais, II, XII.
2 La chatte était couchée sur le flanc, dans un panier rempli de chiffons, où grouillaient de petites boules de poils gluants qu'elle léchait et pourléchait de sa langue râpeuse.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 115.
3 (…) un nouveau venu qui (…) écoutait, tout en léchant un timbre-poste pour le coller sur une enveloppe.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VII.
4 Il avait léché la paume de sa main pour lisser ses cheveux.
J. Giono, Jean le Bleu, I.
♦ (Dans un contexte érotique). Faire des caresses linguales à…
2 Enlever (qqch.) à petits coups de langue. || Lécher le beurre et laisser le pain (→ 2. Fripe, cit.). || Animal qui lèche le sang d'une plaie.
5 (…) je vois dans l'herbe flétrie un cadavre de cheval écorché qu'un chien dépèce. La bête me regarde en léchant le sang qui lui découle des babines (…)
Claudel, Connaissance de l'Est, p. 136.
3 Loc. (Fig. et fam.). a ☑ Lécher les bottes (⇒ Cirer), les genoux, les pieds (ou, vulg., le cul) de qqn, à qqn, le flatter avec servilité. ⇒ Flagorner. → Faire de la lèche (2. Lèche).
6 Tu fais le crâne aujourd'hui, parce que tu es avec le maire, avec l'adjoint, avec ton député de quatre sous ! Hein ? Tu lui lèches les bottes, à celui-là, tu es assez bête pour croire qu'il est le plus fort et qu'il t'aide à vendre ton blé.
Zola, la Terre, III, III.
7 On vous a vu, dans le scandale des licences, léchant les bottes à toute une escouade de ministres (…)
M. Aymé, la Tête des autres, I, 12.
b ☑ Lécher les vitrines : regarder de si près et avec tant de plaisir les vitrines des magasins qu'on a l'air de les lécher. — On dit aussi faire du lèche-carreaux, faire du lèche-vitrines.
♦ ☑ N'être pas gras (cit. 18) de lécher les murs.
c Au p. p. ☑ Mal léché (par allus. à la tradition populaire qui prétendait que l'ourson naissait informe et que sa mère le léchait longuement pour lui façonner le corps. → ci-dessus, cit. 1). || Un ours mal léché : un être mal fait, difforme (→ Cacher, cit. 52), et, par ext., un individu d'aspect rébarbatif, mal élevé, de manières grossières.
8 Que sont les hommes avant qu'ils passent par nos mains ? Des corps tout d'une pièce, des ours mal léchés; mais nos leçons (de danse) les développent peu à peu, et leur font prendre insensiblement une forme (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, XII, V.
9 Il avait vécu dans le monde; il avait des talents, quelque savoir, de la douceur, de la politesse; il savait la musique, et comme j'étais de chambrée avec lui, nous nous étions liés de préférence au milieu des ours mal léchés qui nous entouraient.
Rousseau, les Confessions, V.
♦ (Avec d'autres noms que ours). || Un rustre mal léché. || « Une bourgeoisie mal léchée » (S. de Beauvoir).
4 Par métaphore (en parlant du feu, les flammes étant comparées à des langues de feu). || Les flammes léchaient la plaque de la cheminée (→ Coquemar, cit. 1). — Par ext. ⇒ Effleurer. || Mer qui lèche les roches (→ Écumer, cit. 2).
9.1 On voit les cyprès et les croix du cimetière par-dessus le mur blanc, que lèche le courant.
Romain Rolland, Jean-Christophe, l'Aube, p. 68, in T. L. F.
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II (1680). Finir, polir (une œuvre littéraire ou artistique) avec un soin trop minutieux. ⇒ Fignoler. || Ce peintre a le tort de lécher, de trop lécher ses tableaux (Académie). — Au p. p. || Un tableau léché. — N. m. (1767, Diderot). || Le léché revient à la mode avec le goût de l'art pompier.
10 Lécher en Peinture, c'est finir extrêmement les tableaux, mais d'une façon froide et insipide; et où l'on connaît partout la peine que cela a coûté au peintre.
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se lécher v. pron.
a (Récipr.) || Chiens qui se lèchent. — (Réfl.) || Chat qui lustre son poil en se léchant. || « (Les femmes) se lavent, se lèchent, se brossent, se poudrent… » (Cocteau, in T. L. F.)
11 Hamilcar (un chat) qui se léchait, s'arrêta soudain et, la patte par-dessus l'oreille, me regarda d'un œil fâché.
France, le Crime de S. Bonnard, I, Œuvres, t. II, p. 297.
b Faux pron. (réfléchi indirect). || Le chat se lèche les moustaches. — ☑ Fig. et fam. Se lécher les babines, les badigoinces. ⇒ Pourlécher (se).
12 Les curieux impénitents, ceux que j'appelais, naguère, « les amateurs de chair crue » se sont jetés sur la Correspondance. Repus, ils ont déclaré, en se léchant les badigoinces : « Voilà l'œuvre de Flaubert ! Son œuvre véritable ! Le reste est donné par surcroît ! »
G. Duhamel, Refuges de la lecture, VI.
♦ (Avec un complément direct et un complément indirect). || Fouine (1. Fouine, cit. 4) qui se lèche les lèvres du sang des poulets. — ☑ Fig. et fam. S'en lécher les doigts, les babines : manger un plat succulent avec un très vif plaisir. ⇒ Délecter (se), savourer. || Haricots (cit. 3) cuisinés à s'en lécher les doigts.
♦ ☑ Fig. Se lécher les doigts, les lèvres de qqch., s'en réjouir.
♦ ☑ Loc. fam. Récipr. Se lécher la poire, la pomme, la frimousse… : se donner réciproquement des baisers.
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léché, ée p. p. adj. et n. m.
♦ Voir à l'article ci-dessus.
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DÉR. Léchage, 2. lèche, lèchement, lécherie, lécheur, léchouiller — V. aussi Licher. — REM. On trouve le dér. fam. léchotter chez Léautaud.
COMP. Allécher, pourlécher. — Lèche-bottes, lèche-carreaux, lèche-cul, lèche-doigts, lèchefrite, lèche-vitrines.
Encyclopédie Universelle. 2012.