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sueur

sueur [ sɥɶr ] n. f.
• v. 1307; suor v. 1160; sudor 980; lat. sudorem, accus. de sudor
1Physiol. Produit de la sécrétion des glandes sudoripares, liquide organique légèrement trouble, d'odeur plus ou moins forte, de saveur salée, essentiellement composé d'eau, de chlorure de sodium, d'autres sels et d'acides gras, qui, dans certaines conditions (chaleur, travail, émotion, etc.), au lieu de se vaporiser au contact de l'air ( perspiration), s'amasse à la surface de la peau, sous forme de gouttes ou de gouttelettes. sudation, transpiration. « Quelques gouttes de sueur perlaient sur son front » (Camus). Mouillé, trempé, baigné, ruisselant de sueur. En sueur, couvert de sueur (cf. En eau, en nage). « Une sueur d'effroi couvrit tout son corps » (Barrès). La sueur de l'agonie. Loc. Gagner son pain à la sueur de son front, le gagner durement par son travail, allusion à la malédiction prononcée par Dieu après la faute d'Adam.
2Par ext. Sueur de sang : hématidrose. — Spécialt La sueur de sang du Christ.
3 ♦ UNE, DES SUEURS : le fait de suer. ⇒ suée, transpiration. « J'avais des sueurs et des crachements de sang » (Chateaubriand). Sueurs abondantes. Sueur froide, accompagnée d'une sensation de froid et de frisson, dans certains états émotifs ou pathologiques. Loc. fam. Cela me donne, j'en ai des sueurs froides : cela me fait peur, m'inquiète vivement (cf. Cela me fait froid dans le dos).
4Par métaph. et fig. La sueur : symbole du travail et de l'effort. « J'aime les œuvres qui “sentent la sueur”, celles où l'on voit les muscles à travers le linge » (Flaubert).

sueur nom féminin (latin sudor, -oris) Liquide incolore, salé, sécrété par les glandes sudoripares, qui suinte par les pores de la peau. Symbole d'un effort intense, d'un travail pénible : S'engraisser de la sueur des autres. Rejet en surface d'un des constituants d'une pièce métallique brute de coulée. (La sueur se produit en particulier dans les bronzes.) ● sueur (citations) nom féminin (latin sudor, -oris) Bible À l'homme, il dit : « À la sueur de ton visage Tu mangeras ton pain, Jusqu'à ce que tu retournes au sol Puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise Et tu retourneras à la glaise. » Ancien Testament, Genèse III, 19 Dieu Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». sir Winston Leonard Spencer Churchill Blenheim Palace, Oxfordshire, 1874-Londres 1965 Je n'ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat. Commentaire Paroles prononcées par Winston Churchill le 13 mai 1940 devant la Chambre des Communes, au moment de l'attaque allemande en Belgique et en France. John Donne Londres 1572-Londres 1631 Tu sais quelle dure scorie est ce monde… Il est vain de tenter de le fléchir ou de l'attendrir par tes larmes, ta sueur ou ton sang. Thou know'st how dry a cinder this world is… That 'tis in vain to dew, or mollifie it With thy tears, or sweat, or blood. An Anatomy of the World, 1st anniversarysueur (expressions) nom féminin (latin sudor, -oris) À la sueur de son front, en se donnant beaucoup de peine, très durement. Donner, avoir des sueurs froides, inquiéter, s'inquiéter vivement, donner, avoir une peur intense. Test de la sueur, examen ayant pour but la mise en évidence d'une sécrétion de sueur anormalement riche en chlorure de sodium.

sueur
n. f.
d1./d Liquide salé, d'odeur caractéristique, de la transpiration cutanée. Visage ruisselant de sueur.
|| Loc. Sueur froide, accompagnée de frissons et d'une sensation de froid, causée par la fièvre, la peur, etc.
Gagner son pain à la sueur de son front, à force de travail et de peine.
d2./d Fig. Travail, peine. S'enrichir de la sueur des autres.

⇒SUEUR, subst. fém.
A. — 1. [Chez les hum. et certains animaux supérieurs] Liquide aqueux fortement dilué, incolore, d'odeur caractéristique plus ou moins pénétrante, produit par les glandes sudoripares et évacué par les pores à la surface de la peau où il se vaporise ou se condense en gouttelettes sous l'effet de certains facteurs (température élevée, effort physique, émotion, état morbide, etc.). Par la fenêtre ouverte sur la rue n'entrait rien que de la chaleur. Son front ruisselait. Une goutte de sueur coula le long de son nez, et s'en alla tomber sur une lettre qu'il tenait en main (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 933). Pendant quelques instants il s'abîma dans la reviviscence d'odeurs qui donnaient tant de luxueux attrait à la sueur féminine (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 77).
Sueur froide. Sueur accompagnée d'une sensation de froid et de frissons dans certains états pathologiques ou d'angoisse. Sueur froide de l'agonie. Mon ami avait déjà tout le côté gauche paralysé. C'était une hémiplégie, une congestion cérébrale, et tout était fini après une horrible sueur froide, qui le trempait des pieds à la tête en une demi-heure (GONCOURT, Journal, 1884, p. 368).
MÉD., PATHOL.
Test, épreuve à/de la sueur. Dosage du chlorure de sodium dans la sueur, utilisé pour le diagnostic de la mucoviscidose. Le test à la sueur confirme le diagnostic de la mucoviscidose chez les enfants (Pt Lar. Méd. 1976).
Sueur de sang. Synon. de hématidrose. C'est sur la trahison qu'il pleure, c'est l'exécrable idée de la trahison qu'il essaie vainement de rejeter hors de lui, goutte à goutte, avec la sueur de sang (BERNANOS, Joie, 1929, p. 684).
En partic. [P. allus. à Luc verset XXII, 44, qui décrit la sueur de sang de Jésus, lors de son agonie à Gethsémani] Il montre Jésus suant la sueur de sang sur le mont des Oliviers et appelant en vain son père céleste (A. FRANCE, Vie littér., 1890, p. 257).
En sueur. Qui transpire abondamment, qui est couvert de sueur. Chair, corps, front, mains, nuque, tempes, visage en sueur; être (tout) en sueur; femme, homme en sueur. Par peur d'être vue, elle ne prenait pas ordinairement le chemin le plus court. Elle s'engouffrait dans les ruelles sombres, et elle arrivait tout en sueur vers le bas de la rue nationale (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 112):
Elle le sentait, avec un dégoût innommable, s'assouvir en un spasme. Il s'endormait sur elle, d'un sommeil alcoolique, coupé de cris brefs et de sursauts. Lentement, elle essayait de se dégager de l'étreinte, ressaisie parfois, ramenée contre la peau en sueur par le réflexe brutal du mâle repu.
VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 50.
SYNT. Sueur acide, aigre, brûlante, chaude, épaisse, fine, glaciale, glacée, légère, nocturne; sueur animale, humaine; gouttelettes, rigole, ruisselet de sueur; (être) baigné(e), couvert, inondé, mouillé, ruisselant, trempé de sueur; sueur qui coule, dégoutte, perle, ruisselle; odeur de sueur; habit taché de sueur; ruisseler, dégouliner de sueur; mains, peau moite(s) de sueur; cheveux collés par la sueur; sueur d'agonie, d'angoisse, d'épouvante.
P. anal. Condensation qui se produit en surface.
♦ [À propos de qqc.] Je l'adore, cette odeur montante, moutardeuse, verte, si l'on peut dire verte,comme les cuirs qui faisandent dans l'humidité ou qui font sécher leur sueur au soleil (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 53). En sueur. Cette population qui fermentait sur la chaussée, les femmes sortant d'essuyer les plâtres en sueur des corridors, les hommes fumant des têtes de sultanes et se prélassant (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 28).
♦ [À propos d'un végétal] [Bertin] se laissa tomber sur un banc, et aspirant la sueur fraîche des pelouses arrosées, il se sentit assailli par toutes les attentes passionnées qui font de l'âme des adolescents le canevas incohérent d'un infini roman d'amour (MAUPASS., Fort comme la mort, 1889, p. 264). Arrosés la veille au soir, les géraniums et les coquerets alkékenges gardaient une sueur irisée que le premier rayon du soleil essuyait (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p. 31). En partic. ,,Humidité condensée dans les germoirs sur les couches supérieures des grains d'orge et qui marque le développement des radicelles`` (DUVAL 1959). La sueur [de l'orge] apparaît au moment du développement des radicelles (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 127).
2. Action, fait de suer; état d'une personne qui sue, qui transpire. Synon. sudation, suée, transpiration. Il hésita, se promena devant les boutiques, en se demandant dans laquelle il oserait entrer, pris d'une sueur, tellement il souffrait du combat qui se livrait en lui (ZOLA, J. Damour, 1884, p. 338). Qu'il faisait bon à respirer, loin des baraques fétides et des sueurs recuites! (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 367).
Loc. fig. Avoir, donner des sueurs (froides); être pris d'une sueur (froide). Ressentir, causer une vive inquiétude, un sentiment de peur ou d'angoisse. Elle se sentait prise d'une sueur devant l'avenir et se comparait à un sou lancé en l'air, retombant pile ou face, selon les hasards du pavé (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 417). Démobilisé il avait regagné Paris sans donner signe de vie. Et voilà maintenant qu'il revenait. Hector en avait des sueurs froides (AYMÉ, Brûlebois, 1926, p. 30).
B. — Au fig. Symbole d'un travail pénible nécessitant des efforts intenses. Avez-vous entendu avec quelle emphase ce fils de bouvier a parlé des sueurs de son père?. Quand ils ont dit cela, ils ont tout dit. La sueur du peuple! La sueur de leurs pères! Les impertinents et les sots! Comme si leurs pères avaient inventé la sueur et le travail! (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 146).
Loc. S'engraisser de, vivre de, boire la sueur de qqn. S'enrichir, vivre en exploitant quelqu'un. Les seuls qui en profitent, ce sont les patrons et leurs actionnaires, ce sont les grands banquiers, les grands industriels (...) que tu te représentes, naturellement, oisifs et jouisseurs, engraissés de la sueur du peuple et sablant le champagne avec des filles de joie? (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 153).
♦ [P. allus. à la Genèse III, 19: à la suite de sa faute, Dieu condamne Adam à manger son pain « à la sueur de son visage »] Gagner/manger son pain à la sueur de son front/de son visage (vx). Gagner sa vie en travaillant durement. P. ext. Acquérir qqc. à la sueur de son front. Obtenir quelque chose après avoir travaillé durement. Ce produit [le fric] (...) sapide et polygène s'évapore avec la plus grande facilité cependant qu'il ne s'acquiert qu'à la sueur de son front (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 201).
P. méton. La classe ouvrière, les travailleurs manuels. Aux alentours de Pâques, il n'y a point d'estivants sur le sable, l'eau n'est pas polluée par la sueur en vacances (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 159).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin Xe s. sudor « humeur aqueuse qui sort par les pores de la peau » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 128); 1160-74 suor (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3858); ca 1360 en sueur (Hugues Capet, 66 ds T.-L.); b) ca 1260 « transpiration provoquée par la fièvre ou une émotion quelconque » (ROBERT DE BLOIS, Beaudous, 1050, ibid.: Puis sue une froide sueur); c) 1309 « humidité qui s'exhale de quelque chose » (Statuts des émailleurs, sept. ds FAGNIEZ t. 2, p. 20); d) 1648 sueur de sang (SCARRON, Virgile travesti, liv. II ds Œuvres, Paris, J. F. Bastien, t. 4, 1786, p. 86); 2. a) 1210-30 « peine qu'on se donne pour réussir » estre au travail e au süor (GUILLAUME DE NORMANDIS, Ste Marie-Madeleine, 174 ds T.-L.); b) 1422 à la sueur et travail de mon corps (ALAIN CHARTIER, Quadriloge invectif, éd. E. Droz, 1950, p. 20, ligne 18); 1762 manger son pain à la sueur de son front (Ac.); d'où 1801 la sueur du front (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, p. 365). Du lat. class. , acc. de « sueur, transpiration; travail pénible, peine, fatigue; humidité, suintement », dér. de sudare, v. suer. Fréq. abs. littér.:2 346. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 815, b) 3 580; XXe s.: a) 3 682, b) 3 441.

sueur [sɥœʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1307; suor, v. 1155; sudor, v. 980; du lat. sudorem, accusatif de sudor, de sudare. → Suer.
1 Produit de la sécrétion des glandes sudoripares, liquide légèrement trouble, d'odeur plus ou moins forte, de saveur salée, essentiellement composé d'eau, de chlorure de sodium, d'autres sels et d'acides gras, qui, dans certaines conditions (chaleur, travail, émotion, etc.), au lieu de se vaporiser au contact de l'air ( Perspiration), s'amasse à la surface de la peau, sous forme de gouttes ou de gouttelettes. || Excrétion de la sueur. Sudation, transpiration (→ Humecter, cit. 4; lustrer, cit. 3; plaquer, cit. 6). || La sueur était comptée parmi les humeurs. || Sueur qui coule (cit. 13), dégoutte (→ Frayeur, cit. 1), perle (cit. 2), ruisselle (→ Moiteur, cit. 2). || Mouillé, trempé, baigné, ruisselant de sueur (→ Cou, cit. 8; émacier, cit. 2; essuyer, cit. 4; respiration, cit. 2). || Peau moite de sueur. Halitueux. || Front qui luisait (cit. 10) de sueur. || Être couvert de sueur. → ci-dessous, En sueur.La sueur de l'agonie (cit. 8). || Sueur mortelle (→ Glacer, cit. 10). — ☑ Loc. Sueur froide, accompagnée d'une sensation de froid et de frisson, dans certains états émotifs ou pathologiques (→ Angoisse, cit. 1; écroulement, cit. 7; frissonner, cit. 3; glace, cit. 5).Froide (cit. 11) sueur d'angoisse.Cheval couvert de sueur. Écume. || Sécher la sueur de son cheval. Bouchonner.Par ext. || Sueur de sang. Hématidrose.Spécialt. || La sueur de sang du Christ à Gethsémani (Évangile selon saint Luc, XXII, 44).
1 (…) il y avait assez de douleur pour lui donner le coup de la mort. « Mon âme est triste jusqu'à en mourir; » et il a voulu nous le faire entendre par une marque bien évidente. Cette sueur étrange et inouïe, qui (…) a fait ruisseler par tout son corps des torrents de sang, n'est-ce pas pour nous en convaincre ? Je ne recherche point de cause naturelle de cette sueur; elle est divine et miraculeuse (…)
Bossuet, Premier sermon pour le vendredi saint, I.
1.1 Ces paroles me font tressaillir; une sueur froide s'empare de moi, je chancèle; il faisait nuit, nulle lumière ne guidait nos pas, mon imagination effrayée me fait voir le spectre de la mort balançant sa faulx sur ma tête; mes genoux fléchissent…
Sade, Justine…, t. I, p. 141.
2 Soudain, il sentit quelque chose entrer dans sa chambre et s'arrêter auprès de son lit. Une sueur d'effroi couvrit tout son corps (…)
M. Barrès, la Colline inspirée, III.
Loc. adj. et adv. (V. 1155, en suor). En sueur : qui sue abondamment. Eau (en), nage (en); → Éponger, cit. 1; exhalaison, cit. 3. || Des coureurs en sueur.Être, se mettre (→ Essouffler, cit. 1) en sueur (→ Engouffrer, cit. 5).
Loc. Gagner son pain (cit. 2) à la sueur de son front, le gagner durement par son travail (allusion à la malédiction prononcée par Dieu après la faute d'Adam). → Retourner, cit. 19; malédiction, cit. 16.
3 — (…) Mais où prenez-vous tant d'argent ? reprit-il.
— Je ne le prends pas, dit César, je le gagne à la sueur de mon front.
Balzac, César Birotteau, Pl., t. V, p. 580.
2 (Une, des sueurs). Fait de suer. Suée, transpiration. || Les continuelles petites sueurs dont je suis importunée (cit. 12). || J'avais des sueurs et des crachements de sang (→ Entreprendre, cit. 19). || Sueurs abondantes. Hidrorrhée.
Loc. Sueur froide. || Cela me donne des sueurs froides, me fait peur, m'inquiète vivement (→ ci-dessus, cit. 1.1, avec une autre valeur du mot).
3 (Déb. XIIIe, suour). Par métaphore, fig. || La sueur, symbole du travail et de l'effort (→ Entretenir, cit. 12). || Sol arrosé (cit. 11) des sueurs du paysan, payé de sueur et de sang (→ Propriétaire, cit. 2). || Oisifs engraissés de la sueur du peuple (→ 2. Champagne, cit. 1). || Un long jour de sueurs (→ Nasse, cit. 1).
4 (…) ces cruels Spartiates en jaquette noire en usaient avec leurs esclaves Indiens, comme les Lacédémoniens avec les Ilotes; les avaient condamnés à un travail assidu; s'abreuvaient de leur sueur, ne leur avaient laissé aucun droit de propriété (…)
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, I.
5 J'aime les œuvres qui sentent la sueur, celles où l'on voit les muscles à travers le linge et qui marchent pieds nus (…)
Flaubert, Correspondance 421, 26 août 1853.
COMP. Pompe-la-sueur, pue-la sueur.

Encyclopédie Universelle. 2012.