perle [ pɛrl ] n. f.
• 1140; it. perla, altér. du lat. perna « jambe »
1 ♦ Concrétion dure et brillante, précieuse, le plus souvent sphérique, formée de couches concentriques de nacre sécrétées par l'épithélium du manteau chez certains mollusques (huître, etc.) pour enrober et isoler un corps étranger. « Un petit écrin contenant trois perles, trois perles du plus bel orient — un parangon et deux princesses » (Cendrars). L'eau d'une perle. Pêcheurs de perles, d'huîtres perlières. Collier, rang de perles. Perle fine. Perles naturelles; perles de culture, obtenues par l'introduction d'un grain de nacre dans une coquille d'huître d'élevage. Fausses perles, d'imitation. — Loc. (d'o. bibl.) Jeter des perles aux pourceaux, aux cochons : accorder à qqn une chose dont il est incapable d'apprécier la valeur (cf. De la confiture aux cochons). Enfiler des perles.
2 ♦ Par ext. Petite boule percée d'un trou. Perle d'ambre, de buis d'un chapelet. ⇒ grain. « des rideaux de perles de bois dansaient devant les portes » (J. Réda). Perle de verre, de métal.
3 ♦ (par anal. du 1o) Les perles de rosée. ⇒ 1. goutte. « Le sang apparut en petites perles » (Mac Orlan). ⇒ perler.
♢ Archit. Ornement en forme de grain, taillé dans les moulures dites baguettes.
♢ Poét. (Vx) Dent. Le rire « Qui montre en même temps des âmes et des perles » (Hugo).
4 ♦ (1532) Personne de grand mérite. Leur domestique est une perle. « Mademoiselle Godeau, la perle du Havre, riche héritière fort courtisée » (Musset). Une perle rare : une personne très compétente, parfaite en son genre et difficile à trouver.
♢ Chose de grande valeur. Cet ouvrage est la perle de sa collection. « Cette île, perle de la Méditerranée » (Maupassant).
5 ♦ (1935) Par antiphr. Erreur grossière et ridicule. Perles relevées dans des copies d'élèves, recueillies dans un sottisier.
⊗ HOM. Pairle.
● perle nom féminin (italien perla) Concrétion nacrée, le plus souvent sphérique, qui se forme entre la coquille et le manteau de certains mollusques. Petite masse percée de part en part et destinée à être enfilée avec d'autres sur un fil, pour servir en particulier d'ornement : Rideau de perles. Ce qu'il y a de mieux en son genre : La perle des femmes de ménage. Chose de grande valeur : La perle de sa collection de timbres. Goutte d'un liquide limpide : Des perles de rosée. Familier. Erreur, méprise ou maladresse grossière qu'on relève dans les propos ou les écrits de quelqu'un. Synonyme de globule. Insecte (perlidé) plécoptère brun ou roussâtre, dont l'abdomen porte deux filaments. (Sa larve vit dans les cours d'eau.) ● perle (citations) nom féminin (italien perla) Nicolas Edme Rétif, dit Restif de La Bretonne Sacy, Yonne, 1734-Paris 1806 Les mœurs sont un collier de perles ; ôtez le nœud, tout défile. Cité par Gérard de Nerval dans les Illuminés Bible Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs. Évangile selon saint Matthieu, VII, 6 John Dryden Aldwinkle, Northamptonshire, 1631-Londres 1700 Les erreurs, comme des pailles, flottent à la surface. Celui qui veut chercher des perles doit plonger en profondeur. Errors, like straws, upon the surface flow. He who would search for pearls must dive below. All for love, Prologue ● perle (expressions) nom féminin (italien perla) Jeter des perles aux pourceaux, offrir quelque chose de délicat à quelqu'un qui est incapable de l'apprécier. Perle baroque, perle de forme irrégulière. Perle de culture, perle obtenue artificiellement, dans les parcs d'élevage. Perle fine ou perle d'Orient, perle naturelle. ● perle (homonymes) nom féminin (italien perla) pairle nom masculin perle verbe perlent forme conjuguée du verbe perler perles forme conjuguée du verbe perler ● perle (synonymes) nom féminin (italien perla) Ce qu'il y a de mieux en son genre
Synonymes :
- modèle
- phénix (littéraire)
Familier. Erreur, méprise ou maladresse grossière qu'on relève dans les propos...
Synonymes :
- bévue
- bourde (familier)
Synonymes :
- globule
● perle
adjectif invariable
Gris perle, couleur d'un gris proche du blanc mat.
● perle (expressions)
adjectif invariable
Gris perle, couleur d'un gris proche du blanc mat.
● perle (homonymes)
adjectif invariable
pairle
nom masculin
perle
forme conjuguée du verbe perler
perlent
forme conjuguée du verbe perler
perles
forme conjuguée du verbe perler
perle
n. f.
d1./d Concrétion globuleuse d'un blanc irisé, formée de couches de nacre concentriques extrêmement minces, que certains mollusques lamellibranches sécrètent autour des corps étrangers. Perle fine, de culture.
|| Perle noire: perle de culture produite par une espèce partic. d'huître (Pinctada margaritifera), dont les reflets irisés vont du gris clair au noir profond.
d2./d Par ext. Petite boule percée en bois, en métal, en verre, etc. Enfiler des perles pour faire un collier.
|| (Afr. subsah.) Anc. Perle d'aigri: hydrozoaire bleu-vert dont on faisait des colliers.
d3./d (Par comparaison.) Ce qui ressemble à une perle, qui est rond et brillant comme une perle. Perles de sang, de sueur.
d4./d Fig. Personne, chose sans défaut. La perle des maris.
|| Spécial. Employée de maison irréprochable.
d5./d (Par antiphrase.) Absurdité, ineptie. Perle trouvée dans une copie d'examen.
d6./d ENTOM Insecte ptérygote, au mode de vie voisin de celui de l'éphémère.
⇒PERLE, subst. fém.
A.— 1. Petite concrétion, généralement sphérique, d'un blanc argentin à reflets irisés, qui se forme par sécrétion de couches concentriques de nacre autour d'un corps parasite entré dans la coquille de certains mollusques marins (huîtres) ou d'eau douce, et qui est recherchée pour la fabrication des bijoux ou des parures. Collier, broderies, parures de perles; rang de perles; perles d'une belle eau; perle blanche, grise, rose, noire; perle d'eau douce; orient d'une perle; pêcheur de perles; huître à perle. Les femmes n'ont qu'une ficelle ou qu'un rang de perles autour des reins (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 951). La perle la plus appréciée a un orient rosé qui émerge d'une surface lustrée crème (METTA, Pierres préc., 1960, p. 120) :
• 1. Il vivait à Anvers avec sa sœur, guérisseuse ou plutôt éplucheuse de perles, au doigté et au toucher prestigieux, renommée dans tous les ateliers, et on lui envoyait des tas de perles malades ou défectueuses de Paris, de Londres et de New-York.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 81.
— En partic.
♦ Perle fine. Perle véritable. J'avais aussi (...) la sabretache avec un aigle brodé en perles fines (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 198).
♦ Loupe de perle. V. loupe1 A 2.
♦ Loc. Gris (de) perle. Couleur de la nacre. Une grande femme maigre fit son entrée dans le salon d'attente gris perle où Maigret restait debout (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 157). Stoïque, pantalonné de gris perle, le jeune premier reste debout (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 197). V. nuance I A 2 c ex. de Gautier.
♦ Pêcheur de perles. Pêcheur d'huîtres perlières. V. catamaran A ex. de Claudel.
— JOAILLERIE
♦ Perle baroque. V. baroque B.
♦ Perle de compte. Perle assez grosse pour être comptée (d'apr. LITTRÉ).
♦ Semence de perles. Perles trop petites pour être comptées et qui se vendent au poids. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Perle de culture, japonaise. Perle produite par l'introduction d'un corps parasite à l'intérieur d'une huître, généralement une sphérule de nacre. Les Japonais produisent artificiellement des perles de culture (HUSSON 1970).
♦ Perle morte. Perle que l'âge a terni et qui a perdu son éclat. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. P. anal. Petite boule ou cylindre (de bois, de verre, de plastique, etc.) percé(e) de part en part, utilisé(e) principalement pour confectionner des bijoux ou diverses garnitures. Synon. grain. Perle de verre, d'ambre, de quartz; perles bleues, rouges, vertes; perles du chapelet. Du petit sac en perles d'acier, sortirent deux pièces d'or et un billet fin, bleu et rose, cinquante francs (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 309).
♦ Enfiler des perles. Passer son temps à ne rien faire. Et veux-tu savoir ce qui t'embête, chéri?... C'est que toi-même tu trompes ta femme. Hein? Tu ne découches pas pour enfiler des perles. Ta femme doit s'en douter (ZOLA, Nana, 1880, p. 1415).
— Spécialement
♦ ARCHIT. Décoration consistant en de petits grains ronds sculptés sur les moulures. Des entrelacs, des losanges, des lignes de perles s'alternaient sur les murs (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 79).
♦ IMPR., vx. ,,Le plus petit des caractères, appelé maintenant corps-4`` (CHESN. 1858).
♦ PÊCHE. Petite boule de verre à facettes, noire, bleue ou rouge, attachée près de l'hameçon et utilisée comme leurre pour pêcher le gardon (d'apr. POLLET 1970). En général, on pêche à la perle très près du fond, en lançant la ligne en amont pour la laisser dériver (SCHREINER 1975).
♦ TAPISS. Petite boule de bois recouverte de laine ou de soie dans laquelle passent les fils d'une frange. Le fil fixe est passé dans le maillon de la lame et entre les liais qui supportent la perle ou anneau (ARAUD, Ch. THOMAS, Fabric. drap, 1921, p. 26).
♦ MÉD. Abcès de la cornée. Les cellules (...) s'imbriquent, formant une sphérule (...) : c'est la perle ou le globe épidermique (ROUSSY ds Nouv. Traité Méd. fasc. 5, 2 1929, p. 130).
B.— P. anal. Ce qui a la sphéricité et l'éclat d'une perle. Les vieux troncs des peupliers portent souvent des touffes de scolopendre; ceux des pommiers, le gui aux perles argentées (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 76). Jusqu'à passé minuit les enseignes multicolores, les phares, les perles électriques délimitent le lac (COLETTE, Fanal, 1949, p. 25) :
• 2. Un cognassier tortueux, quelques genévriers aux perles noires et une immense torche d'aubépine (...) s'étaient enracinés dans une corniche naturelle du roc.
LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 412.
— En partic. [La chose désignée est un liquide] Synon. goutte. Et les purs diamants et les perles humides Ruisselaient de sa bouche et de ses blonds cheveux (BANVILLE, Stalactites, 1846, p. 354). De longues et fines végétations (...) égrenant, l'une après l'autre, à leur extrémité, une goutte d'eau, une perle (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 280).
♦ [En parlant du vin] Le vin [du Muscadet] contient encore une certaine dose de gaz carbonique qui, au moment du débouchage, donne ce chapelet de bulles fines que l'on appelle « la perle » (R. DUMAY, Guide du vin, Paris, Stock, 1967, p. 217).
♦ Perle de + subst. Perle de sang; perles de feu, de rosée. Une branche d'un cèdre, ainsi qu'un noir nuage, S'abaissant sur la place avec tout son feuillage, Dont les perles d'écume étincelaient au jour (LAMART., Chute, 1838, p. 814). Elle laissa couler de ses yeux le long de ses joues deux grosses larmes sans répondre, et Lousteau ne s'en aperçut qu'au moment où elle prit son mouchoir pour essuyer ces deux perles de douleur (BALZAC, Muse départ., 1844, p. 226). Tout effort s'achève en perles de sueur (RODENBACH, Règne sil., 1891, p. 164).
♦ Loc. adv. Perle à perle. Goutte à goutte. Il buvait sur elle [la joue de sa mère] une amère rosée, versée perle à perle (COLETTE, Gigi, 1944, p. 125).
♦ Loc. verb. Faire la perle. Laisser apparaître des gouttelettes. Synon. perler. La rosée couvrait les champs où le blé avait été coupé et l'éteule en était rose comme un beurre qui fait la perle (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p. 181).
C.— Au fig.
1. a) Ce que quelqu'un ou quelque chose peut produire de mieux. Victurnien brillait partout, car partout il jetait les perles de son esprit, il jugeait par des mots profonds les hommes, les choses, les événements (BALZAC, Cabinet ant., 1839, p. 72). Je vais vous montrer le chef-d'œuvre du Monrealese : oui, Excellence, son chef-d'œuvre! Une Adoration des bergers! C'est la perle de l'école sicilienne! (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 319).
♦ [P. allus. biblique Matt. VII, 6] Jeter des perles aux pourceaux. Donner, fournir à quelqu'un qui ne saura pas en tirer profit quelque chose de précieux. Ce n'était pas parce qu'ils étaient riches qu'ils écœuraient Costals, mais parce que de cette richesse ils étaient si indignes : des perles aux pourceaux, vraiment (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1062).
b) Personne ou chose qui, par sa grande valeur, surpasse toutes celles de son genre. Synon. parangon. Joseph était redevenu silencieux et dévoué, le serviteur familial, la perle rare (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 370). Il entreprenait de reconquérir Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti, la perle des Antilles, qui avait si longtemps fourni la France de sucre et de café (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 111).
— Perle de + subst. indiquant l'ensemble de référence. Enfin je me décidai pour un jeune étalon blanc de trois ans, qui me parut la perle de tous les chevaux du désert (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 223). Or, ce jeune homme avait la perle des maîtresses (BANVILLE, Odes funamb., 1859, p. 85).
♦ Empl. en nom de qualité. Perle de + subst. Elle me juge un peu ours mal léché pour sa perle de fille (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 122).
♦ Loc. Être une perle de + subst. exprimant une qualité, une capacité ou une fonction. Exceller dans telle ou telle activité, dans telle ou telle fonction. La servante de feu M. l'abbé Vayssier était une « perle » de discrétion, d'ordre, d'économie et de talent culinaire (BOURGET, Disciple, 1889, p. 16). Ah! ma pauvre Martine, c'est donc ça que nous avons mangé tant de pommes de terre! Vous êtes une perle d'économie, mais vraiment gâtez-vous un peu plus (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 180) :
• 3. Comment avez-vous pu écouter une pareille proposition sans éclater de rire! Une fille, qui est une perle de vertu et d'innocence, qui n'a jamais dansé que devant les personnes les plus respectables...
GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 35.
c) Arg., pop. Pet. Lâcher une perle. S'il dit : « Je lâche une perle » ou « Une perlouze a tombé », il veut dire qu'il a pété d'une certaine façon, très doucement, que le pet s'est coulé sans éclat. Admirons qu'en effet il évoque une perle à l'orient mat : cet écoulement, cette fuite en sourdine nous semblent laiteux autant que la pâleur d'une perle, c'est-à-dire un peu sourds (J. GENET, Notre-Dame des Fleurs, Paris, Gallimard, 1976 [1948], p. 51).
2. P. antiphr. Mot, phrase, écrit dont la cocasserie et le ridicule, souvent involontaires, suscitent la moquerie. Là-dessus, lettre pressante d'Aurel, reçue ce matin par Dumur (...) et se terminant par cette perle, qui la montre encore tout entière (LÉAUTAUD, Journal littér., 4, 1923, p. 163). Recueillons seulement deux de ces « perles », comme ils ont dit sans ironie [les journaux] (LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, 1926, p. 44).
REM. 1. Perlouse, perlouze, subst. fém., arg. a) Perle. Gonzesse à perlouzes. Tu remontes de taule? Et à voix basse : — Les perlouzes, bien sûr que c'était pas catholique; on les a lavées en vitesse, et, tu vois, je me suis établie... Finie la poisse (MORAND, Bouddha, 1927, p. 132). [Les frangines voient déjà] les diams, les perlouzes et la grosse mensualité (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 186). b) Pet. Qui c'est qu'a lâché une perlouse? (LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1928, p. 154). V. supra ex. de Genet. 2. Éperler, verbe trans., rare, littér. a) Faire entendre une suite de sons, en les détachant un à un. Synon. égrener, perler. Et puis, soyons joyeux, ou plutôt sois joyeuse, Toi dont la joie éperle une gamme soyeuse (VERLAINE, Poèmes div., 1896, p. 799). La petite cadence de flûte (...) que Bertram nous a délicatement éperlée (WILLY, Notes sans portées, 1896, p. 81). Empl. pronom. réfl. Ah! ce rire de sa mère, comme il était joli! Et il l'écoutait s'éperler dans son souvenir (D'ESPARBÈS, Yeux clairs, 1894, p. 137). b) Empl. pronom. réfl. S'écouler en une suite de perles. Synon. perler. Une source qui s'éperle dans les hautes régions de l'air (SUARÈS, Voy. Condottière, t. 1, 1910, p. 191). 3. Perlette, subst. fém. Petit grain en forme de perle. Les cerises sont fraîches à souhait, et craquent sous la dent comme des perlettes de grésil (FABRE, Norine, 1889, p. 64).
Prononc. et Orth. :[]. Homon. pairle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1re moit. XIIe s. « petite concrétion ronde, brillante et dure, qui se forme à l'intérieur de certaines huîtres » (1re trad. du Lapidaire de Marbode, 854 ds Anglo-Norman Lapidaries, éd. P. Studer et J. Evans, p. 64); spéc. a) 1260 pelles fausses (É. BOILEAU, Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 193); b) id. fines pelles (ID., ibid.); c) 1307 perles d'orient (doc. ds Kalendars and inventories, éd. Fr. C. Palgrave, t. 3, p. 139); d) 1690 mère perle (FUR.); e) 1936 perles de culture (Cat. Madélios, Cadeaux); f) 1534 emphiller des perles (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, chap. 31, p. 200 : passons avec les dames nostre vie à emphiller des perles, ou à filer comme Sardanapalus!); g) 1553 jeter des perles aux pourceaux (Bible Gérard, Matthieu 7, 6 d'apr. REY-CHANTR. Expr.); 2. 1260 désigne un petit ornement de même forme que les perles mais d'une autre matière, ici, pelles d'argent (É. BOILEAU, loc. cit.); 3. 1552 au fig. ici, désigne les dents de la femme aimée (RONSARD, Amours ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 94); 4. p. ext. a) 1751 typogr. désigne le plus petit des caractères d'imprimerie (Encyclop. t. 2, p. 663); b) 1835 archit. (Ac.); c) 1853 pharm. (Dr CLERTAN in Journ. de méd. et de chir. pratiques, t. 24, p. 170 ds QUEM. DDL t. 8). B. P. métaph. 1. 1532 « personne remarquable dans un domaine particulier » (P. Crignon in J. PARMENTIER, Œuvres poétiques, p. 4 ds QUEM. DDL t. 30); 1549 « personne qui dépasse toutes les autres en son genre » (EST.); 2. 1923 « mot, expression ou phrase involontairement cocasse » (LÉAUTAUD, loc. cit.). C. 1669 gris de perle (WIDERHOLD d'apr. FEW t. 8, p. 254a); 1671 gris perle (POMEY, s.v. gris). Issu du lat. perna « cuisse », également « coquillage », prob. par l'intermédiaire d'un dimin. lat. vulg. pernula. Un empr. à l'ital. perla « perle » (BL.-W.1-5; REW3 n° 6418; HOPE, p. 47) est peu probable car le mot ital. n'est att. que dep. le XIIIe s. (GIAMBONI d'apr. DEI; lat. médiév. perla à Rome ds BLAISE Latin. Med. Aev.). V. FEW t. 8, p. 256a et COR.-PASC. Fréq. abs. littér. :1 950. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 466, b) 4 445; XXe s. : a) 2 763, b) 2 148. Bbg. BARB. Misc. 28 1944-52, pp. 345-347. — GALL. 1955, p. 484. — KRISTOL (A. M.). Color : les lang. rom. devant le phénomène de la couleur. Berne, 1978, pp. 89-91. — QUEM. DDL t. 15.
perle [pɛʀl] n. f.
ÉTYM. 1140, ital. perla, altér. du lat. perna « cuisse; pinne marine ».
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1 Concrétion dure et brillante, le plus souvent sphérique, formée de couches concentriques de nacre sécrétées par l'épithélium du manteau chez certains mollusques (⇒ Huître, mulette) pour enrober et isoler un corps étranger, qui est utilisée pour faire des bijoux. || Orient (cit. 9) d'une perle fine. || Perle de belle eau, d'un bel œil. || Perle parangon, vierge. || Perles irisées, qui étincellent (cit. 13). || Perle qui meurt, perle morte, qui perd, qui a perdu son éclat. || Perle trouble. ⇒ Loupe. — Perle blanche, rose, noire… || Une blancheur de perle (→ Emplir, cit. 5; étoile, cit. 8). — (1669). || Gris (cit. 21 et 23) de perle et, par appos. (1671), gris perle, gris (cit. 25) -perle. Couleur perle. Ellipt. || Des gants perle (→ 1. Goutte, cit. 47). — Formes des perles : perle ronde, en larme, en poire, perle baroque. || Semence de perles : perles minuscules et de peu de valeur. — Pêcheurs de perles, d'huîtres perlières. || Les Pêcheurs de perles, opéra de Bizet. || Pêcheries de perles du golfe Persique. — Perles véritables, naturelles; perles spontanées; perles de culture, obtenues par l'introduction d'un grain de nacre dans la coquille d'huître d'élevage.
1 Rien ne s'obtient qu'avec effort; tout a son sacrifice. La perle est une maladie de l'huître et le style, peut-être, l'écoulement d'une douleur plus profonde.
Flaubert, Correspondance, 426, 16 sept. 1853.
2 Mais les perles valent cent mille roubles, et jamais pêcheur n'en rapportera de plus rondes ni d'un orient plus pur des profondeurs de l'Océan !
Th. Gautier, Voyage en Russie, XI.
3 (…) un petit écrin contenant trois perles, trois perles du plus bel orient — un parangon et deux princesses (…)
B. Cendrars, Bourlinger, p. 94.
4 L'imagination chez Stendhal est semblable à la naissance des perles qu'on nomme de culture, par opposition aux perles naturelles et aux perles artificielles. Les huîtres auxquelles on fait une minuscule blessure, en y plaçant un très petit noyau, construisent autour de lui une perle tout à fait naturelle, mais provoquée.
Claude Roy, l'Homme en question, p. 104.
➪ tableau Désignations de couleurs.
♦ (V. 1268). Techn. || Perle fausse (1. Faux, cit. 13), perle d'imitation : petite sphère creuse de verre fin, emplie d'essence d'orient incorporée à de la cire.
♦ ☑ Loc. Perle d'aigri : substance analogue au corail, de couleur bleu-vert, translucide, qui faisait l'objet d'un commerce sur la côte du Bénin (I. F. A.).
♦ Utilisation des perles en bijouterie, joaillerie… || Acheter, vendre des perles. || Porter des perles. ⇒ argot Perlouse. — ☑ Loc. Enfiler (cit. 1 et 2) des perles. — Incruster (cit. 11) des perles. — Collier (cit. 2), rang de perles. || Chaîne de grosses perles (→ Jouer, cit. 14). || Bijou enrichi de perles. ⇒ Emperler. || Front ceint (cit. 7) d'un cercle, d'un diadème de perles (→ Ferronnière, cit.). || Des mariées (cit. 12) chargées de dentelles et de perles. — Les perles de la couronne.
5 D'un pli de l'écharpe blanche surgit, serpenta et resplendit au jour un sautoir de perles, que Chéri reconnut. Captives sous la peau de la perle, tissu immatériel, les sept couleurs d'Iris jouaient comme une secrète ignition aux flancs de chaque sphère précieuse. Chéri reconnaissait la perle frappée d'une fossette, la perle un peu ovoïde, la perle la plus grosse qui se signalait par un rose unique.
Colette, la Fin de Chéri, p. 97.
♦ (1783). Par ext. Petite boule de matière dure, percée d'un trou, et destinée à être enfilée avec d'autres pour former un bijou, un objet décoratif, etc. || Perles d'ambre, de buis, d'un chapelet. ⇒ Grain. || Perles de jais. || Perles de plastique. || Perles de verre pour couronnes mortuaires, pour rideaux…, en verre filé et coloré (→ Café, cit. 7). || Le Jeu des perles de verre, roman de Hermann Hesse. || Souffleur de perles. || Abat-jour en perles de bois multicolores.
6 Les rideaux de perles qui tombaient devant la porte des boutiques frémissaient sur leur passage avec un bruit de roseaux secs.
P. Nizan, le Cheval de Troie, I, I.
7 Et prépare-moi deux petites couronnes de perles bleues, pour la tombe des jumeaux Azioume, qui sont nés et morts le même jour.
Colette, la Maison de Claudine, p. 74.
♦ ☑ (1553). Loc. (Bibl.). Jeter des perles aux pourceaux, devant les pourceaux (lat. margaritas ante porcos) : faire à qqn une faveur, lui apporter un avantage dont il est incapable d'apprécier la délicatesse, le prix. ⇒ Marguerite (1., vx).
8 Gardez-vous bien de donner les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, et que se retournant, ils ne vous déchirent.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, VII, 6.
9 Dans une Université pourtant très désireuse d'un rapprochement entre l'Occident et l'Orient, un éminent sanscritiste hindou fut prié (…) de traduire pour le public européen, tel et tel texte de chansons : « Est-ce qu'on jette des perles au-devant des pourceaux ? » telle fut la réponse.
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 76.
2 Par métaphore. Littér. Dent petite et d'un blanc éclatant (→ Écrin, cit. 2; gencive, cit. 4). || Bouche qui laisse voir une double file de perles d'orient (→ Grenade, cit. 5). || Le rire « qui montre en même temps des âmes et des perles » (→ Ironique, cit. 3, Hugo).
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II
1 (Mil. XVIe). Petite quantité d'un liquide, de forme sphérique et brillant. ⇒ Goutte. || Une grosse perle de mercure (cit. 4). || Les perles de la grêle (cit. 2), de la rosée (→ Aurore, cit. 11).
10 L'air sur les fleurs en perles se résout.
Molière, la Princesse d'Élide, I, 2.
11 Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent, à la pointe de chaque lance bleue, une perle (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 13.
12 Il prit d'une main le bras nu et doré d'Aïscha et, de la pointe de son couteau, il traça une croix sur la peau fine. Le sang apparut en petites perles.
P. Mac Orlan, la Bandera, XII.
2 Confis. Minuscule dragée ronde. — (1853). Pharm. Capsule renfermant un médicament liquide et volatil de goût désagréable. — (1835). Archit. Ornement en forme de grain taillé dans les petites moulures dites baguettes.
3 (1721). Insecte de couleur brunâtre à reflets nacrés, proche de l'éphémère.
➪ tableau Classification des insectes.
4 (1894). Pop. Pet. ☑ Lâcher, laisser tomber une perle.
12.1 De quoi donc ?… on dirait d'un merle,
Ej' viens d'entende un coup d'sifflet !…
Mais non, c'est moi que j'lâche eun' perle,
(…) Va, mon vieux, pèt' dans ta culbute,
T'es dans la ru', va, t'es chez toi.
A. Bruant, Dans la rue, « Philosophe ».
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III Fig.
1 (1549). Personne de grand mérite, chose de grande valeur; ce qui surpasse tout en son genre. || La perle des duègnes (→ Dragon, cit. 4). || La perle de la littérature galloise (→ Kymrique, cit. 2). — Absolt. || Leur cuisinier, leur bonne est une perle. ⇒ Parfait. || La petite était une perle (→ Distingué, cit. 38).
13 (…) mademoiselle Godeau, la perle du Havre, riche héritière fort courtisée.
A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », I.
♦ (Par jeu avec jeter des perles aux pourceaux.)
13.1 Cette exquise petite, et ce mufle qui lui fait la tête !
Si ce n'est pas une pitié, une telle perle à ce pourceau !
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 45.
14 Ce jeu fut applaudi de toute la salle, et le seigneur de Bruyères se disait tout bas qu'il avait eu le bon goût en jetant son dévolu sur cette perle des soubrettes.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, V.
15 Cette île, perle de la Méditerranée (…)
Maupassant, la Vie errante, « La Sicile ».
16 Ah ! ma pauvre Martine, c'est donc ça que nous avons mangé tant de pommes de terre ! Vous êtes une perle d'économie, mais vraiment gâtez-nous un peu plus.
Zola, le Dr Pascal, XIII.
2 (1935). Par antiphr. Erreur grossière et ridicule. || Perles relevées dans des copies d'élèves. || Perles recueillies dans un sottisier.
♦ Déclaration, phrase ridicule, dérisoire.
17 Ce juste propos de M. Antoine Pinay répondait à cette perle (…) : « Il faudrait mobiliser quatre classes et les envoyer au Maroc pour maintenir l'ordre. »
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 194.
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COMP. et DÉR. Emperler. — Perlé, perler, perlier, perlite, 2. perlot, perlouse, perlure.
HOM. Pairle.
Encyclopédie Universelle. 2012.