frissonner [ frisɔne ] v. intr. <conjug. : 1>
1 ♦ Avoir le frisson, être agité de frissons. Frissonner de fièvre. ⇒ trembler. « Une sueur froide la faisait frissonner » (Martin du Gard).
2 ♦ Être saisi d'un léger tremblement produit par une vive émotion. ⇒ frémir, tressaillir. « des choses qui me firent frissonner aussitôt de remords et de volupté » (Proust).
3 ♦ (Choses) Poét. Trembler légèrement (avec ou sans bruit). « l'herbe effleurée frissonnait comme le pelage d'une bête vivante » (Genevoix). « Une large lueur frissonnait sur l'eau » (Hugo).
● frissonner verbe intransitif Être agité d'un tremblement dû au froid ou à un état fébrile ; avoir des frissons : Frissonner de fièvre. Littéraire. S'agiter vivement et légèrement, en parlant de quelque chose : Les feuilles frissonnent sous la brise. Être agité d'un léger bouillonnement ; frémir : L'eau frissonne dans la casserole. Être saisi d'un frémissement causé par un sentiment très vif : Frissonner d'espoir. ● frissonner (synonymes) verbe intransitif Être agité d'un tremblement dÛ au froid ou à un...
Synonymes :
- trembler
Être saisi d'un frémissement causé par un sentiment très vif
Synonymes :
- frémir
- vibrer
frissonner
v. intr.
d1./d Avoir des frissons. Frissonner de froid, de fièvre.
d2./d Par ext. Trembler légèrement sous l'effet d'une émotion intense. Frissonner d'horreur.
|| Par anal. (Choses) Poét. Eau, arbre qui frissonne sous le vent.
⇒FRISSONNER, verbe intrans.
A.— Avoir le frisson, être agité de frissons, d'un tremblement involontaire causé par le froid ou la fièvre. Frissonner de froid; le malade frissonne. On versa du vin de Champagne à la glace. Emma frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 56) :
• 1. ... les murs ruisselaient d'une humidité froide, et, une fois ou deux, je vis distinctement les épaules de Marino frissonner sous la capote lourde.
GRACQ, Syrtes, 1951, p. 297.
B.— P. ext.
1. Être saisi d'un tremblement à la suite d'une sensation intense, d'une émotion vive. La pauvre égyptienne frissonna de se voir seule avec cet homme (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 531). Elle me passa la main dans les cheveux, et toute ma chair frissonna sous ses doigts (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 114). On entend des cris et des coups de feu dans la rue. Hélène frissonne (SARTRE, Engrenage, 1948, p. 72) :
• 2. Quelle nuit j'ai passée, Henry; l'amour n'en donne pas d'aussi fiévreuses. Je n'ai d'abord pas pu écrire, tant j'étais ému; j'avais la plume dans les mains, mais je frissonnais de joie, je tremblais; j'essayais de me calmer, je voulais penser, impossible!
FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845 p. 79.
SYNT. Frissonner d'angoisse, de peur, de plaisir; frissonner à un bruit, à un grincement, à des récits affreux; frissonner sous un regard; frissonner de tout son corps, des pieds à la tête.
2. P. anal. [Le suj. désigne une chose] Trembler légèrement. Le drapeau, le rideau, la rivière frissonne; les blés, les feuilles frissonnent. Des bouleaux fins frissonnaient de toute leur chevelure (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 118) :
• 3, La mer était gaie, vive, spirituelle au milieu du jour, lorsqu'elle frissonnait en répétant l'éclat de la lumière par ses mille facettes éblouissantes...
BALZAC, Enf. maudit, 1831-36, p. 391.
Prononc. et Orth. :[], (il) frissonne []. FÉR. Crit. t. 2 1787 écrit frissoner. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1368 (Miracles de N.-D, éd. G. Paris et U. Robert, IV, p. 189, 284). Dér. de frisson; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1 487. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 877, b) 3 730; XXe s. : a) 2 480, b) 1 229.
frissonner [fʀisɔne] v. intr.
ÉTYM. XVIe; friçonner, déb. XVe; de frisson.
❖
1 (Déb. XVe). Sujet n. d'être animé. Avoir le frisson, être agité de frissons (⇒ Frisson, 1.). || La fièvre fait frissonner le malade (→ Feu, cit. 69). || Blessé qui frissonne (→ Chanceler, cit. 2). || Frissonner de froid sous la pluie (→ Bruine, cit. 1). ⇒ Grelotter, trembler. || Cheval qui frissonne (→ Caparaçon, cit. 1). || Les bœufs frissonnent sous la piqûre des mouches.
1 Transi de froid, immobile et perclus,
Au désespoir, bientôt il s'abandonne,
Claque des dents, se plaint, tremble, et frissonne.
La Fontaine, Contes, « L'oraison de Saint Julien ».
2 Les ânes passeront en frissonnant de mouches.
Francis Jammes, Choix de Poèmes, « Laisse les nuages… »
3 Elle (…) avait grimpé jusqu'à sa chambre et s'était jetée sur son lit. Une sueur froide la faisait frissonner.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 270.
4 Le voyageur frissonne, noue son foulard et boutonne son paletot.
G. Duhamel, Salavin, III, I.
2 (V. 1540). Sujet n. de personne. Être saisi d'un bref et léger tremblement produit par une vive émotion, une sensation intense, agréable ou pénible. ⇒ Frémir, tressaillir; et aussi frisson (2.). || Frissonner de bonheur, de colère, de crainte, d'horreur (→ Emperler, cit. 1). || Frissonner d'admiration, d'épouvante, de honte, d'indignation aux paroles de qqn, à la pensée, au souvenir, à la vue de qqch. (→ Blesser, cit. 10). || Frissonner d'émoi, de passion, de plaisir au seul nom de la personne aimée (→ Aimer, cit. 21). — (Sans compl. en de). || Il frissonne à ses paroles.
5 J'aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
Racine, Phèdre, I, 3.
6 Qu'un autre à cet aspect (de la mort) frissonne et s'attendrisse (…)
Lamartine, Première méditations, « L'immortalité. »
7 Et il la regardait d'une façon si perspicace et si terrible, qu'elle en frissonna jusqu'aux entrailles.
Flaubert, Mme Bovary, III, VI.
8 (…) Abélard les faisait frissonner d'enthousiasme en leur parlant des « nominaux » et des « universaux » (…)
Jules Lemaître, Impressions de théâtre, III, Villon.
9 (Il) m'apprit des choses qui me firent frissonner aussitôt de remords et de volupté.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 142.
3 (Av. 1813, Delille). Poét. (Sujet n. de chose). Trembler légèrement (avec ou sans bruit). ⇒ Frémir, friser. || Les roseaux frissonnent. || L'eau frissonne dans la bouilloire. || Un volant de dentelle frissonne au bas de son jupon (→ Broche, cit. 5). || Drapeau, voile qui frissonne. — Par métonymie. || La brise frissonne à travers les branchages (cit. 2).
10 Les feuilles mortes, mises en danse par quelques tourbillons soudains, frissonnaient sur les pierres de la cour (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 788.
11 Sur une terre en feu, je voudrais me coucher et mourir, écoutant frissonner et claquer les voiles des pêcheurs le long des îlots pâles.
Francis Jammes, Choix de Poèmes, « Existences ».
12 (…) l'herbe effleurée frissonnait comme le pelage d'une bête vivante.
M. Genevoix, Rroû, II, VIII.
♦ Lumière, reflet qui frissonne. ⇒ Trembler, trembloter, vaciller. || Les étoiles frissonnent. ⇒ Clignoter, scintiller.
13 Une large lueur blême frissonnait sur l'eau.
Hugo, les Travailleurs de la mer, II, II, X.
14 Des moires frissonnaient sur la robe de satin, blanche comme un clair de lune.
Flaubert, Mme Bovary, III, IX.
15 Déjà, dans les hauteurs du ciel, les premières étoiles frissonnaient.
France, le Lys rouge, II.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
❖
DÉR. Frissonnant, frissonnement.
Encyclopédie Universelle. 2012.