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essuyer

essuyer [ esɥije ] v. tr. <conjug. : 8>
essuier XIIe; bas lat. exsucare « exprimer le suc »
1Sécher (ce qui est mouillé) en frottant avec une chose sèche absorbante. Laver et essuyer la vaisselle. Essuyer ses mains à une serviette, avec une serviette. S'essuyer la bouche. Tarrou « essuya le petit visage trempé de larmes et de sueur » (Camus). Essuyer ses pieds : frotter ses semelles sur un paillasson. Pronom. S'essuyer en sortant du bain. Fig. et fam. ESSUYER LES PLÂTRES : occuper une habitation qui vient d'être achevée. Par métaph. Subir le premier les conséquences d'une situation fâcheuse.
Ôter (ce qui mouille qqch.). Essuyer l'eau qui a coulé sur la table. éponger. Essuyer ses larmes.
2Par ext. Ôter la poussière, la saleté de (qqch.) en frottant. Essuyer les meubles avec un chiffon de laine. dépoussiérer, épousseter.
Ôter (ce qui salit). Essuyer une empreinte, la poussière.
3(fin XVIe) Fig. Avoir à supporter (qqch. de fâcheux). éprouver, subir. Essuyer une tempête. Essuyer le feu de l'ennemi. Essuyer des pertes. Essuyer des reproches, des dédains, un refus. endurer, souffrir, subir. « Elle essuie l'outrage avec fierté » (Sainte-Beuve).
⊗ CONTR. Mouiller. Salir, souiller.

essuyer verbe transitif (bas latin exsucare, extraire le suc) Sécher quelque chose avec un chiffon, un torchon, etc., qui absorbe le liquide dont il est couvert : Essuyer la vaisselle. Essuyer son front avec une serviette. Absorber un liquide avec un chiffon, une serviette, etc. : Essuyer la sueur sur le front du malade. Nettoyer quelque chose, le débarrasser de la poussière, des salissures en frottant : Essuyer ses pieds sur le tapis-brosse. Faire disparaître la poussière, les traces en frottant : Essuyer des salissures de plâtre. Subir un événement fâcheux : Le voilier essuya une violente tempête. Recevoir de quelqu'un quelque chose de désagréable : Essuyer des reproches de ses parents.essuyer (difficultés) verbe transitif (bas latin exsucare, extraire le suc) Conjugaison Attention, le y devient i devant e muet : j'essuie mais j'essuyais. Bien noter le i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous essuyions, (que) vous essuyiez. ● essuyer (expressions) verbe transitif (bas latin exsucare, extraire le suc) Essuyer ses larmes, cesser de pleurer en épongeant ses larmes. Essuyer les plâtres, habiter le premier une maison nouvellement construite ; être le premier à subir les inconvénients d'une nouvelle affaire. ● essuyer (synonymes) verbe transitif (bas latin exsucare, extraire le suc) Sécher quelque chose avec un chiffon, un torchon, etc., qui absorbe...
Synonymes :
- éponger
Contraires :
- imbiber
- mouiller
- tremper
Nettoyer quelque chose, le débarrasser de la poussière, des salissures en...
Contraires :
- salir
Recevoir de quelqu'un quelque chose de désagréable
Synonymes :
- encaisser (familier)
- endurer
- souffrir
Contraires :
- causer
- provoquer

essuyer
v. tr.
d1./d Sécher ou nettoyer en frottant avec un linge sec. Essuyer la vaisselle.
|| (Faux Pron.) S'essuyer les lèvres.
d2./d Fig. Supporter, subir. Essuyer un échec, un affront.
|| Loc. fig., Fam. Essuyer les plâtres: être le premier à supporter les conséquences fâcheuses d'une situation.

⇒ESSUYER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne qqc. de mouillé ou qui mouille]
1. [Le compl. désigne qqc. de mouillé] Sécher en frottant avec une éponge, un linge qui absorbe l'humidité.
a) [Le compl. désigne un obj.] Essuyer une gamelle, un plat, la vaisselle. La chandelle que la petite servante avait emportée pour laver les cuillers, essuyer les verres (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 219). Bon! Ouvrez le placard, et donnez-moi une assiette, n'importe laquelle. Si vous essuyez comme il faut votre vaisselle, pourquoi cette buée? (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 81).
b) [Le compl. désigne une pers., le corps ou une partie du corps] Essuyer sa bouche, ses doigts, sa figure, ses mains; essuyer la face, le front de qqn. Il [Armand] essuyait gentiment les grands yeux baignés [de sa mère] avec ses petites mains malhabiles (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 52). Il essuyait délicatement, du bout de ses doigts, ses tempes luisantes de sueur (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 942) :
1. ... debout et mouillée, [Chrysis] dit à l'esclave : « Essuie-moi. » La Malabaraise prit une large éponge à la main, et la passa dans les doux cheveux d'or de Chrysis, tout chargés d'eau et qui ruisselaient en arrière; elle les sécha, les éparpilla, les agita moelleusement...
, Aphrodite, 1896, p. 19.
Emploi pronom. réfl. [Abs. ou suivi d'un compl. désignant le corps ou une partie du corps du suj.] Elle sanglota. Elle avait tiré son mouchoir, s'essuyait les yeux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1195). Le grand-oncle patriarche (...) passait (...) pour s'essuyer une fois de plus dans l'essuie-mains de la cuisine (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 194). La dernière bouchée avalée, elle s'essuya la bouche d'un geste large (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 52).
c) P. anal. [Le suj. désigne le vent ou le soleil] Synon. sécher. Une verdure débarbouillée par la pluie et essuyée par le rayon (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 464). Parfois, d'une traînée lumineuse, le soleil essuie lentement un pré, un village, un bois (RENARD, Journal, 1960, p. 1025).
Emploi pronom. à sens passif. [Avec un compl. circ. désignant le vent ou le soleil] Sous les haleines vives qui emportaient les nuages, les trottoirs s'étaient essuyés (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 469). Une couche de terre de lande, blanche, légère, que les averses dament au lieu de l'entraîner, qui s'essuie vite, au premier coup de soleil, au premier souffle de vent (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 126).
d) Loc. fig. Essuyer les plâtres. Occuper le premier une habitation qui vient d'être achevée en en subissant les éventuels inconvénients. [Nana] occupait (...) le second étage d'une grande maison neuve, dont le propriétaire louait à des dames seules, pour leur faire essuyer les plâtres (ZOLA, Nana, 1880, p. 1122).
P. compar. Une femme ne peut aimer passionnément qu'après avoir été mariée. Si je la pouvais comparer à une maison, je dirais qu'elle n'est habitable que lorsqu'un mari a essuyé les plâtres (MAUPASS. Contes et nouv., t. 1, Ruse, 1882, p. 832).
P. ext. Subir les premiers inconvénients d'une situation nouvelle, d'un fait nouveau. Goncourt a complètement terminé sa « Fille Élisa ». Seulement, il ne veut paraître qu'en Avril, sans doute pour laisser « L'Assommoir » essuyer les plâtres (ZOLA, Corresp., 1877, p. 464). Les deux grandes dames qui avaient l'habitude d'essuyer les plâtres dans les salons nouvellement ouverts (PROUST, Sodome, 1922, p. 871).
2. [Le compl. désigne qqc. qui mouille] Ôter en séchant. Essuyer l'eau, la buée; essuyer les larmes sur le visage de qqn. [Françoise] détachait de son cou sa serviette, la pliait en essuyant à ses lèvres un reste d'eau rougie et de café (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 17). La sueur coulait en si grande abondance sur mon visage et sur mon corps qu'au bout d'un moment, j'ai renoncé à l'essuyer (GREEN, Journal, 1944, p. 121) :
2. Henriette avait renversé l'un des deux minces vases posés sur cette commode, avec chacun un lourd dahlia, et l'eau avait coulé sur le bois ciré et la serviette brodée, et quand Henriette voulut enrayer le désastre, elle renversa le deuxième... Ce fut Alexis qui essuya l'eau avec son grand mouchoir de linon, bien soigneusement...
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 212.
Au fig. Essuyer les larmes de qqn. Calmer son affliction, le consoler. ,,Essuyer ses larmes, se consoler`` (Ac. 1835-1932).
B.— P. ext.
1. [Le compl. désigne qqc. qui est poussiéreux, sali, souillé] Nettoyer en frottant afin d'enlever la poussière, ce qui souille.
a) [Le compl. désigne un obj.] Essuyer ses lunettes, une armoire, le sol. Débouchant les bouteilles avec précaution, essuyant le goulot de la paume de sa main pour en faire tomber les parcelles de cire (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 43). J'ai infatigablement, rituellement essuyé les mêmes meubles cirés avec un torchon de laine, jusqu'à s'y mirer parfaitement (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 691) :
3. Tantôt elle oubliait de mettre son couvert, tantôt elle lui donnait une fourchette sale, ou bien, encore, en essuyant la table, elle laissait à dessein des miettes devant sa bru. Au besoin, elle y amassait en tas celles des autres.
RENARD, Journal, 1889, p. 22.
Essuyer ses chaussures, ses semelles, ses souliers, ses pieds. Frotter ses semelles sur un paillasson ou ce qui peut en tenir lieu. Essuyez vos pieds, Caporal, parce que, voyez-vous, ils font un tas d'histoires avec la propreté (ZOLA, Terre, 1887, p. 296). Il essuie soigneusement contre le talus ses semelles pleines de boue (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1482). Emploi pronom. réfl. S'essuyer les pieds. Joseph, après s'être essuyé les pieds sur un confortable tapis brosse, heurta le battant de la porte (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 142).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois pronom. où le suj. désigne les souliers. Un bruit de sabots claquant ou s'essuyant sur le seuil (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 31).
b) [Le compl. désigne le corps ou une partie du corps] J'essuie mes paumes remplies de boue à un mur ou à un tronc d'arbre (SARTRE, Nausée, 1938, p. 35). [Ils] essuyèrent dans l'herbe mouillée leurs mains noires de cambouis et de boue (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 24).
Emploi pronom. réfl. [Abs. ou suivi d'un compl. désignant le corps ou une partie du corps du suj.] Je venais enfin de faire une bonne pointe à mon crayon et je m'essuyais les doigts sur le fond de ma culotte, où la mine de plomb ne marque pas (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 10) :
4. Cette poussière de foin est partout, on se dirait noire de puces (...) Elle enleva sa chemise, prit le bon torchon rude pour s'essuyer, puis elle souffla la bougie et elle s'approcha de la fenêtre qui soufflait des étoiles et du vent. Elle passa le torchon épais sous ses seins, bien autour, puis dessus avec la main ronde. Elle faisait comme quand on essuie des petits melons tachés par la boue d'arrosage.
GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 49
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois métaph. ou fig. Ce visage de chrétienne dévorée que la chaude pluie des larmes semblait avoir essuyé de sa pâleur (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 50). La lune qu'essuie une charpie de nuages (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 227).
2. [Le compl. désigne la poussière, ce qui salit ou souille] Ôter en frottant. Essuyer la poussière. Toute la blancheur de son mouchoir passa à essuyer les taches de confiture (ROMAINS, Copains, 1913, p. 40). Sa soutane a une petite tache de boue qu'il essuie soigneusement, longtemps (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 515).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois métaph. La misère est géante, elle se sert pour essuyer les ordures du monde de votre figure comme d'une toile à laver (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 270).
C.— Au fig.
1. [Le compl. désigne qqc. de fâcheux ressenti physiquement, matériellement] (Quasi-)synon. éprouver, subir, supporter. Essuyer un assaut, une défaite, des pertes, une tempête; essuyer un coup de feu, le feu de l'ennemi. Il est à remarquer que, pour avoir essuyé les plus effroyables revers, une armée ne déchoit pas de son rang de première du monde (FRANCE, Île ping., 1908, p. 220). Nous avons eu le temps (...) de préparer en douce notre mobilisation, sans avoir essuyé cette fameuse attaque brusquée qui était la terreur de notre état-major (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 483) :
5. Le vieux Bélisaire, attaché trop bas, s'était pris une patte de devant dans sa longe (...) il s'était débattu furieusement; les deux hommes avaient essayé de le délivrer, mais si maladroitement qu'ils avaient réussi à l'empêtrer davantage, tout en risquant d'essuyer de dangereux coups de sabots.
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 271.
2. [Le compl. désigne un désagrément ressenti moralement, intellectuellement] (Quasi-)synon. endurer, souffrir. Essuyer un affront, une offense, un refus. Le mépris qu'avait essuyé La Brière, et surtout l'irrespectueux discours de la fille au père, contristaient tellement ce pauvre jeune homme (BALZAC, M. Mignon, 1844, p. 215). Une sorte de résignation dédaigneuse qui me permit d'essuyer sans rougir le sermon de Mme Bertrand (GIDE, Si le grain, 1924, p. 449) :
6. Jallez aurait bien voulu, disait-il, pour son propre confort moral, se représenter l'immense foule des poilus bleu-horizon comme d'émouvantes victimes qui, non contentes de payer les sottises politiques du temps de paix, devaient encore essuyer en silence les éclaboussures de sottise du temps de guerre.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 219.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. a) Le subst. masc. essuiement ou essuyement. Action d'essuyer; résultat de cette action. [Une toile] où l'admirable palette des tons jaunâtres et azurés est comme faite d'essuiements de pinceaux (GONCOURT, Journal, 1886, p. 572). b) Le subst. fém. essuyette. Action d'essuyer sommairement, légèrement. Claudette en astique une partie à fond, chaque samedi, et la servante n'en a que l'essuyette (LA VARENDE, Manants du Roi, 1938, p. 142). c) Le subst. fém. essuyure. Ce qu'on essuie. Une tasse mal lavée, ces essuyures, ces ronds laissés par les verres (MAURIAC, Chemin mer, 1939, p. 67). d) Qq. mots composés ) Essuie-voitures, subst. masc. Chiffon servant à essuyer une voiture. Son imperméable (...) chiffonné, de sa grosse main qui le serre comme un torchon essuie-voitures (BUTOR, Modif., 1957, p. 19). ) Essuie-tout, subst. masc. Torchon, de tissu ou de papier, utilisé pour essuyer. L'essui-tout têtu qui n'abandonne pas avant d'avoir fini son travail (Jour de France, 29 sept. 1970 ds A. CLAS, Néologismes publicitaires ds Meta, t. 17, n° 1, 1972, p. 74). 2. Les dict. récents attestent les composés ) Essuie-pieds, subst. masc. Grille, paillasson métallique pour décrotter la semelle des chaussures. ) Essuie-meubles, subst. masc. ,,Torchon, morceau d'étoffe destiné à enlever la poussière des meubles`` (Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. :[], (j')essuie []. Prononc. [-] ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834, LITTRÉ et, à titre de var., ds BARBEAU-RODHE 1930 et ds WARN. 1968. Cf. essai. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Change y en i devant syll. muette : j'essuie, j'essuierai(s). Étymol. et Hist. 1. 1135 « sécher » (Cour. Louis, 752 ds T.-L.); 2. av. 1630 fig. « avoir à supporter quelque chose de fâcheux » (A. D'AUBIGNÉ, Le Printems, livre III, Odes, éd. Réaume et Caussade, p. 119 : J'ay trop essuié mon désastre). Du b. lat. exsuccare « tirer le suc de ». Fréq. abs. littér. : 2 521. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 368, b) 3 873; XXe s. : a) 3 985, b) 3 372. Bbg. ORR (J.). Two cases of pseudo-semantic development : OFr. aerdre, Fr. essuyer. Rom. Philol. 1952/53, t. 6, pp. 294-298. — SIMONIS (F.). Von altfranzösisch terdre zu neufranzösisch essuyer. Köln, 1963, 194 p.

essuyer [esɥije] v. tr. [CONJUG. appuyer.]
ÉTYM. XIIe, essuier; du bas lat. exsucare « exprimer le suc », de ex-, sucus « sève » (→ Suc), et suff. verbal.
1 Sécher (ce qui est mouillé) en frottant avec une chose sèche absorbante. || Essuyer qqch., une surface avec une éponge, une serpillière, un torchon. Éponger, torcher. || Essuyer la vaisselle, son assiette. || Essuie donc la table, la toile cirée, c'est tout mouillé. || Essuyer ses mains à une serviette, avec une serviette (Académie). || S'essuyer la bouche. || Essuyer un front ruisselant de sueur. || Madeleine lava et essuya les pieds de Jésus (→ Arroser, cit. 6). || Essuyer ses pieds (en frottant ses semelles sur un paillasson, un tapis…). || Essuyer un cheval. Bouchonner.
1 (…) Lava les mains des Dieux et puis les essuya,
D'un linge bien filé, bien plié (…)
Ronsard, le Second Livre des hymnes, « De l'hiver ».
2 L'Allemagne aurait tort de croire que Paris n'est peuplé que de polissons qui se mouchent avec les doigts, à cette fin de les essuyer sur le dos d'un grand homme qui passe.
Baudelaire, l'Art romantique, Richard Wagner.
3 Tu me mouilles, dit M. B en s'essuyant la joue. Et tu me mets du rouge. Quelle fricassée de museaux.
Sartre, le Sursis, p. 76.
4 Tarrou se pencha et, de sa lourde main, essuya le petit visage trempé de larmes et de sueur.
Camus, la Peste, p. 234.
Enlever (ce qui mouille qqch.). || Essuyer l'eau qui a coulé sur la table. || Essuyer la buée sur des verres de lunettes. || Essuyer ses larmes (au fig. : se consoler).
5 Quelques pleurs se présentaient au bord de vos paupières; ou vous les reteniez, ou vous détourniez la tête pour les essuyer furtivement.
Diderot, Salons, La jeune fille qui pleure son oiseau mort.
6 J'essuyai une larme dont la bise qui soufflait sur le quai avait obscurci ma vue.
France, le Crime de S. Bonnard, I, t. II, p. 267.
Par anal. (en parlant du vent, du soleil). Sécher. || Ce temps chaud a essuyé les chemins détrempés.
Loc. fig., fam. Essuyer les plâtres; (vieilli) essuyer les murs : occuper une habitation qui vient d'être achevée; par métaphore : subir le premier les conséquences d'une situation fâcheuse ou nouvelle, expérimentale (cf. Payer les pots cassés).
6.1 Il est bête de venir en un temps en construction, l'âme y a des malaises comme un corps qui essuierait des plâtres.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. I, p. 269.
6.2 Rien de plus vrai. Une femme ne peut aimer passionnément qu'après avoir été mariée. Si je la pouvais comparer à une maison, je dirais qu'elle n'est habitable que lorsqu'un mari a essuyé les plâtres.
Maupassant, Mademoiselle Fifi, p. 98.
Fig. Essuyer les larmes de qqn, le consoler.
2 Enlever la poussière de…, sur… (qqch.) en frottant. || Essuyer les meubles avec un chiffon de laine. Dépoussiérer, épousseter.
7 Elle était maintenant au milieu du salon, un chiffon à la main, et regardait avec tristesse ces meubles qu'une habitude (…) la forçait à essuyer tous les jours (…) En essuyant la garniture de cheminée, elle se regarda dans la glace (…) Elle continua sa promenade, examinant chacun des bibelots posés sur les tables, passant son chiffon sur le dossier des chaises.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 247.
3 Fig. (Fin XVIe, d'abord en parlant des soldats qui subissent le feu de l'ennemi). Avoir à supporter (qqch. de fâcheux). Éprouver, subir. a (Compl. concret). || Essuyer une tempête (→ Écoutille, cit. 1), une bourrasque, une averse, un orage. || Essuyer le feu de l'ennemi, essuyer un assaut. || Essuyer une défaite. || Essuyer des pertes (→ Assiette, cit. 7). → Boire un bouillon.
8 La flotte d'Alexandre, partant de Patale au mois de juillet, essuya bien des tempêtes, et le voyage fut long, parce qu'elle navigua dans une mousson contraire.
Montesquieu, L'Esprit des lois, XXI, IX.
9 À Berlin, dès le début de la matinée, les guichets des banques avaient, paraît-il, essuyé l'assaut des rentiers pris de panique.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 257.
b (XVIIe). Moral. Endurer, souffrir, subir. || Essuyer une avanie, un affront, des outrages, des reproches, une humiliation, une vexation (→ Cuirasser, cit. 4). || Essuyer un refus (→ Accabler, cit. 18), une rebuffade, un camouflet, une réprimande. || Essuyer les dédains, la mauvaise humeur de qqn. || Essuyer les banalités d'une conversation (→ Convention, cit. 14). || Essuyer des visites inopportunes.
10 Ces conversations ne font que m'ennuyer
Et c'est trop que vouloir me les faire essuyer.
Molière, le Misanthrope, II, 4.
11 Parbleu ! s'il faut parler de gens extravagants,
Je viens d'en essuyer un des plus fatigants.
Molière, le Misanthrope, II, 4.
12 Il est des contretemps qu'il faut qu'un sage essuie.
Racine, Esther, III, 1.
13 La plus brillante fortune ne mérite point (…) ni les petitesses où je me surprends, ni les humiliations, ni les hontes que j'essuie (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 66.
14 (…) la mère, ayant essuyé des banqueroutes, fit mal ses affaires, quitta le commerce, et vint à Paris avec son mari et sa fille, qui les nourrissait tous trois de son travail.
Rousseau, les Confessions, VII.
15 Aux journées fatales, aux journées d'insurrection et d'émeute, quand sa demeure tout entière est envahie, elle est à son poste; elle essuie l'outrage avec fierté, avec noblesse, avec clémence, en même temps qu'elle couvre de son corps ses enfants.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 14 juil. 1851.
16 J'ai trop souci de la vérité pour taire le fâcheux accueil que je dus essuyer à mon retour au foyer.
Gide, la Symphonie pastorale, p. 18.
——————
s'essuyer v. pron.
(Réfl.). Ôter l'humidité, les taches, la saleté qu'on a sur soi. Nettoyer (se). || S'essuyer en sortant du bain.Faux pron. || S'essuyer la bouche (avec une serviette, du revers de la main…).
17 Tandis que dans un coin en grondant je m'essuie (d'éclaboussures),
Souvent pour m'achever, il survient une pluie (…)
Boileau, Satires, VI.
(Passif). Rare. || Terre qui s'essuie sous le soleil, qui sèche.
CONTR. Humecter, imbiber, mouiller, tremper. — Maculer, salir, souiller. — Causer, infliger, provoquer.
DÉR. Essuyage, essuyeur.
COMP. Essuie-glace, essuie-mains, essuie-meubles, essuie-phares, essuie-pieds, essuie-plume, essuie-tout, essuie-verres, essuie-vitre.

Encyclopédie Universelle. 2012.