propos [ prɔpo ] n. m.
• 1265; purpos 1180; de proposer, d'apr. lat. propositum
I ♦
1 ♦ Littér. Ce qu'on se propose; ce qu'on se fixe pour but. ⇒ dessein, intention, résolution. « Je formais le propos de ne jamais chicaner » (Duhamel). Être dans le propos de, dans l'intention. Il n'est pas dans mon propos de... Ce n'est pas mon propos aujourd'hui. — Relig. Ferme propos : résolution ferme (de ne plus commettre le péché). — De propos délibéré.
2 ♦ Cour. À PROPOS DE : au sujet de. « Le programme ébauché il y a deux ans, à propos de la guerre balkanique » (Martin du Gard). ⇒ concernant, relatif (à). À quel propos ? À propos de quoi ? « Comment deux hommes [...] pouvaient-ils s'attraper sans cesse à propos de la politique ? » (Zola). — À propos d'un rien, de rien, de tout. Loc. À propos de tout et de rien : sans motif. — À tout propos (cf. À tout bout de champ; à tout moment). « Une irritation incessante qui se manifestait à tout propos » (Maupassant). — À propos; à ce propos, sert à introduire dans la suite du discours une idée qui surgit brusquement à l'esprit (souvent formule de transition pour introduire une question). Ah ! à propos, je voulais vous demander... (cf. Au fait). « À propos, camarade, ma femme va être forcée d'aller passer un jour à Paris » (Zola). — Mal à propos : sans raison sérieuse, de manière intempestive, inopportune.
♢ À propos : de la manière, au moment, à l'endroit convenable; avec discernement. Très à propos. « pour un solliciteur, il n'y a pas de plus grande éloquence que de savoir se taire à propos » (Musset). « l'on peut dire que tu viens à propos » (France). Voilà qui arrive, qui tombe à propos. ⇒fam. 3. pile; à-propos. — Il est à propos de (et inf.). ⇒ 1. bon, convenable, opportun. « La geôle étant en mauvais état, M. le juge d'instruction trouve à propos de faire transférer Champmathieu » (Hugo).
♢ Hors de propos (cf. À contretemps). « Don Jaime lui trouva l'air poli d'un vieux soldat qui veut faire le bon et sourit à tout propos et hors de propos » (Stendhal). Il serait hors de propos de... ⇒ inopportun.
II ♦ UN, DES PROPOS : paroles dites ( par ext. phrases écrites) au sujet de qqn, qqch., mots échangés, prononcés au cours d'une conversation. ⇒ discours, parole. Échanger des propos. « des propos en l'air, des on-dit, des ouï-dire » (Hugo). « Toutes sortes de propos s'ensuivirent : calembours, anecdotes, vantardises, gageures, mensonges [...] , assertions improbables, un tumulte de paroles » (Flaubert). Tenir à qqn des propos inacceptables. « Ces dames faisaient les frais de la conversation et égayaient la compagnie de propos plus ou moins piquants » (Musset). Propos blessants, injurieux, déplacés.
● propos nom masculin (de proposer, d'après latin propositum, dessein) Ce que l'on se propose de faire, but que l'on se fixe : Il n'est pas dans mon propos de vous critiquer. ● propos (difficultés) nom masculin (de proposer, d'après latin propositum, dessein) Orthographe 1. À-propos, avec un trait d'union : elle a eu beaucoup d'à-propos dans ses réponses. 2. À propos de qqch, à propos, sans trait d'union : à propos de politique, avez-vous lu le journal ? à propos, vous connaissez la nouvelle ? Orthographe 1. On écrit au singulier à tout propos, de propos délibéré. 2. Les locutions adverbiales à propos, hors de propos et mal à propos s'écrivent sans trait d'union. 3. Ne pas confondre à propos et à-propos. À propos loc. adverbiale, sans trait d'union = au fait ; à point nommé. À propos, il faut que je vous dise... ; il est arrivé fort à propos. À-propos n.m., avec un trait d'union = pertinence, sens de la repartie. Il est intervenu avec à-propos ; avoir l'esprit d'à-propos ; manquer d'à-propos. ● propos (expressions) nom masculin (de proposer, d'après latin propositum, dessein) À ce propos, à ce sujet, là-dessus. À propos, mal à propos, de façon opportune, inopportune. À propos !, sert à introduire une idée dont ce qui vient d'être dit fait plus ou moins souvenir tout à coup. À propos de, à l'occasion de quelque chose, au sujet de quelqu'un. À propos de rien, de tout, sans motifs raisonnables. À tout propos, en toute occasion, à chaque instant. Hors de propos, d'une manière inopportune, à contretemps. Juger à propos de, que, trouver convenable, souhaitable de, que : Il n'a pas jugé à propos de nous prévenir. ● propos (homonymes) nom masculin (de proposer, d'après latin propositum, dessein) à-propos nom masculin invariable ● propos (synonymes) nom masculin (de proposer, d'après latin propositum, dessein) Ce que l'on se propose de faire, but que l'on...
Synonymes :
- décision
- désir
- dessein
- détermination
- parti
- pensée
- projet
- volonté
À propos, mal à propos
Synonymes :
- à point
- à temps
- opportunément
À propos !
Synonymes :
- au fait
● propos
nom masculin pluriel
Paroles dites, mots prononcés au cours d'une conversation : Des propos subversifs.
● propos (synonymes)
nom masculin pluriel
Paroles dites, mots prononcés au cours d'une conversation
Synonymes :
- boniment
- cancan (familier)
- commérage (familier)
- déclaration
- discours
- on-dit
- potin (familier)
- ragot (familier)
propos
n. m.
d1./d Ce que l'on se propose; intention, dessein. Mon propos n'est pas de vous condamner.
|| Ferme propos: résolution bien arrêtée.
|| Loc. adv. De propos délibéré: intentionnellement.
d2./d Loc. Prép. à propos de: au sujet de. Je veux vous voir à propos de votre fils.
— Loc. adv. à tout propos: à chaque occasion.
— Absol. à propos: à ce sujet, et, par ext., tant que j'y pense. à propos, comment va-t-il?
— Opportunément. Arriver à propos, fort à propos.
|| Mal à propos, hors de propos: d'une façon inopportune, sans raison.
— Loc. adj. Opportun, convenable. Il n'a pas jugé à propos de nous le dire. Des liaisons mal à propos. Tout cela est hors de propos.
|| n. m. à-propos: présence d'esprit. Avoir de l'à-propos. Manquer d'à-propos.
d3./d n. m. pl. Suite de paroles. Tenir des propos désobligeants.
⇒PROPOS, subst. masc.
I. —[Corresp. à se proposer de (v. proposer III)] Ce que l'on se propose. Synon. dessein, intention. Mon propos est de; il n'est pas de mon propos de. Mon propos n'est pas de prendre à parti le dodécaphonisme en général (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.137). Notre propos est d'effectuer des recherches et d'autres opérations sur un champ statique (JOLLEY, Trait. inform., 1968, p.225). V. impossibilité ex. 2:
• 1. ... réalité, beauté, poésie, tels seront les trois déesses, trinité plutôt que triade, à laquelle il [le peintre] rendra son culte. Selon son propos ou selon le moment, selon sa nature aussi, le grand peintre invoque sans doute l'une plutôt que l'autre...
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.95.
— [En parlant d'une oeuvre de l'esprit] Ainsi font (...) grammaires et dictionnaires dont le propos est moins de condamner les sens et les tournures erronées (...) que de leur fixer un sens juste (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p.144).
— De propos délibéré.
— Ferme propos
♦Dessein arrêté, résolution. Chacun faisait le ferme propos de servir (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1916, p.204). Il n'y a que le travail (...) et le ferme propos de ne se préoccuper en rien de la façon dont il est accueilli (LARBAUD, Journal, 1935, p.367).
♦RELIG. Volonté (de ne plus pécher) (d'apr. Foi t.1 1968). Ils faisaient des prières publiques et tenaient le ferme propos de s'amender (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.274).
II. —Ce que l'on dit ou ce dont il est question.
A. —Ce que l'on dit.
1. Souvent au plur. Paroles échangées. De propos en propos, l'aîné, peu patient Jette à la tête de son frere Le perdreau disputé (FLORIAN, Fables, 1792, p.124). Leurs propos s'échangèrent à voix basse (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.214). Et dussiez-vous trouver mon propos hasardeux (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p.142). Certaines personnes (...) émettaient des propos violemment bellicistes (Arts et litt., 1936, p.34-3).
SYNT. Des propos anodins, désobligeants, diffamatoires, égrillards, grivois, ignobles, incohérents, inconsidérés, inconvenants, indécents, libres, méprisants, obscènes, pittoresques, puérils, rassurants, salés, sibyllins, vifs; de méchants propos; de doux propos; échanger des propos; tenir des propos injurieux; se répandre en propos amers; un échange de propos.
— En propos seulement; en propos et non en acte. Uniquement en paroles. Hier (...) l'envie m'a pris de répondre un peu à Ernest Raynaud sur la Rime, qu'il attaque avec une virulence qui m'a fait réfléchir aux torts que j'ai pu avoir, en propos seulement, du moins je l'espère, envers elle (VERLAINE, OEuvres posth., t.2, Crit. et conf., 1896, p.281).
— Péj. Paroles en l'air ou paroles médisantes. Je me moque des propos (Ac. 1935). Je ne savais qui approchait de la maison, et l'on fait tant de propos sur mon compte! (SAND, Beaux MM.Bois-Doré, t.2, 1857, p.53). Mais l'écrivain est plus diffamé par sa condition réelle que par tous les propos dont il est l'objet (MAURRAS, Avenir intellig., 1905, p.90).
— Propos de table. Conversation tenue à table; p.ext., conversation assez superficielle qui roule sur divers sujets d'actualité. Tendez l'oreille dans les restaurants: l'insécurité a pris le pas sur les vacances dans le hit-parade des propos de table. On se raconte des histoires de femmes attaquées, de voitures volées, de pavillons de grand-mère cambriolés (Le Nouvel Observateur, 16 févr. 1976, p.36, col. 3).
— Propos interrompus. Jeu de société dans lequel les joueurs sont assis en cercle, adressent à voix basse une question à l'un de leurs voisins, répondent à la question de l'autre et associent ensuite la réponse qu'ils ont reçue à la question qu'ils ont posée, ce qui produit des coq-à-l'âne risibles. Jouer aux propos interrompus (ou rompus). P. anal., vx. Propos interrompus. Discours sans suite. Pendant un quart d'heure, jouant aux propos interrompus, ils parlèrent sans se comprendre, de l'urgence d'un bon mariage pour Lauriane (SAND, Beaux MM.Bois-Doré, t.1, 1857, p.155).
— Avant-propos.
2. P. méton. Façon de s'exprimer, de mener la conversation. Avoir le propos brusque, sec, méchant, caustique; leste dans le propos. Et ici je rencontre un témoin brave, spirituel, galant et brillant, au propos bien français (...), le marquis de Valfons (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.11, 1867, p.99). Ce grand garçon (...) n'avait pas seulement l'air résolu, il en avait aussi le propos (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.149). La bienséance a civilisé la vie mondaine des salons, où la galanterie s'essaie à respecter la décence par l'ingéniosité du propos (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.44).
3. [P. réf. au genre pratiqué par le philosophe Alain qui a intitulé ainsi divers recueils de ses articles] Article, bref essai. Le propos, genre littéraire, fut inventé par Alain (A. MAUROIS, Préf. aux Propos d'Alain ds FOULQ.-ST-JEAN 1962).
4. LING. (dans la terminol. de Ch. Bally). Ce qui est dit du thème. Synon. prédicat (psychologique), rhème. La pensée qu'on veut faire connaître est (...) le but, la fin de l'énoncé, ce qu'on se propose, en un mot: le propos; on l'énonce à l'occasion d'une autre chose qui en forme la base, le substrat, le motif: c'est le thème (BALLY Ling. 1950, § 61):
• 2. La phrase suivante est interrogative: Quand aura lieu la rentrée? Tout le propos interrogatif de cette phrase porte sur la date, car personne ne met en question que la rentrée aura lieu. On dit que quand exprime le propos de la phrase; aura lieu la rentrée en exprime le thème (du grec thêma «ce qui est posé»). Cette distinction est de nature «logique». Si quelqu'un répond: La rentrée aura lieu le 15 septembre, les mots La rentrée aura lieu n'ont aucune valeur informative; l'élément d'information est apporté par la date, le 15 septembre, à laquelle se réduit la portée du «propos» déclaratif; les mots qui précèdent constituent le «thème».
H. BONNARD, Code du fr. cour., 1981, p.22.
B. —1. Ce dont il s'agit, ce dont il est question. Synon. sujet. Sortir de son propos; revenir à son propos. Mgr Duberville détourna la tête, geste qui pouvait s'interpréter comme signifiant son désir de changer de propos, mais j'étais résolu à insister jusqu'à ce que j'eusse obtenu de lui une réponse à l'interrogation qui me brûlait les lèvres (BILLY, Introïbo, 1939, p.182).
— Laisser tomber le propos. Quitter le sujet. Pour le coup, Jourdan haussa les épaules et, conscient d'avoir affaire à un imbécile, laissa tomber le propos (AYMÉ, Uranus, 1948, p.200).
— GRAMM. Complément de propos. ,,[Le] complément de propos (...) mentionne le thème dont quelque chose est dit... Il dit du mal de Pierre. Il a écrit un article sur le chômage`` (G. MOIGNET, Systématique de la lang. fr., 1981, § 375).
2. À propos (de)
a) Au sujet de, en ce qui concerne. À propos de notre dossier; à propos de l'inflation. Les Arabes soulevaient de grosses difficultés à propos des notions d'être et d'unité (Théol. cath. t.4, 1 1920, p.1182). En 1901, il m'était arrivé, à propos de Jaurès, de me battre à l'épée avec Gérault-Richard (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p.127). Nous verrons plus loin à propos de l'émeraude [que...] (METTA, Pierres préc., 1960, p.39).
— À tout propos. À chaque instant, en toute occasion, sous n'importe quel prétexte. Il disait à tout propos: «Cela regarde l'autorité administrative» (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.91). Elle s'exagérait démesurément mes bonnes qualités et laissait voir à tout propos cette exaltation qui m'était pénible (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.11).
Rem. Rare au plur. à tous propos (HANSE 1949).
— À propos de rien; à propos de tout et de rien. Sans raison, sans motif véritable. Cette secte avait été importée à Burbach par un faquin appelé Schmidt. Dans certains pays, on appelle ceux qui en font partie «les chrétiens gais», parce que, à propos de tout et de rien, ils se mettent à crier comme des échaudés sous prétexte de chanter des psaumes (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.117).
— Fam., vx. À propos de bottes. Même sens. Il est venu me quereller à propos de bottes (Ac. 1935).
b) À ce propos. À ce sujet. [Sert notamment à introd. une rem. incidente] Plusieurs (...) ne craignent pas d'évoquer à ce propos le souvenir de la féodalité (MEYNAUD, Groupes pression Fr., 1958, p.281):
• 3.En effet, fit remarquer Brichot, la rue du Temple s'appelait rue de la Chevalerie-du-Temple. Et à ce propos, me permettez-vous une remarque, Baron? dit l'universitaire. —Quoi? Qu'est-ce que c'est? dit sèchement M. de Charlus, que cette observation empêchait d'avoir son renseignement. —Non, rien, répondit Brichot intimidé. C'était à propos de l'étymologie de Balbec qu'on m'avait demandée.
PROUST, Sodome, 1922, p.1105.
c) P. ell. À propos. [Marque que l'on va parler de quelque chose dont on se souvient subitement (en continuité ou, plus gén., en rupture avec ce qui précède)] —Bah! dit-elle en plaisantant, il peut bien perdre, puisqu'il va tous les nettoyer aux courses. Il se contenta de répondre par un mince sourire mystérieux. Puis, légèrement: —À propos, je me suis permis de donner votre nom à mon outsider, une pouliche... Nana, Nana, cela sonne bien. Vous n'êtes point fâchée? (ZOLA, Nana, 1880, p.1370). Je partais ce soir si je l'avais trouvé. Mais Bruidequille est un mufle, il aura porté l'affaire à un autre... À propos, est-ce qu'on dîne? (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.34).
III. —À propos (hors de propos, mal à propos)
A. —Loc. adv. De façon opportune, d'une manière qui convient. Synon. opportunément.
1. [En parlant de pers. qui agissent volontairement] Faire qqc. à propos, bien à propos, fort à propos. Ce père d'adoption, qui m'avait réservé si à propos cette ressource contre des revers inattendus (NODIER, Fée Miettes, 1831, p.88). Ainsi, employer toutes ses forces à propos, et sans passion comme sans crainte, ce serait être pleinement homme (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.238). Quelques horions distribués à propos rebutèrent les persécuteurs de Marquez (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.88). V. inventer A 1 ex. de STENDHAL, L. Leuwen.
2. [En parlant de faits indépendants de la volonté hum.] Qqc. arrive, tombe (fam.), vient à propos. Voilà une rivière qui ne pouvait déborder plus à propos (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.198). Une énorme paire de lunettes bleues qui venaient là bien à propos pour corriger ce qu'il y avait d'un peu trop farouche dans la tournure de notre héros! (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.46). Cette lecture arrive à propos pour me distraire des tristesses de l'heure présente (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1906, p.3).
— Mal à propos. De manière intempestive, inopportune, à contretemps. Des railleries de mauvais goût viennent se mêler mal à propos à des sentimens de désespoir ou d'adoration (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1681). La Limagne, dans ses dimensions vraies, qu'on a parfois mal à propos étendues, ne dépasse guère 600 ou 700 kilomètres carrés (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.299).
— Hors de propos. De façon inopportune, sans raison. En applaudissant hors de propos et sans mesure (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.208).
B. —Loc. adj. Opportun.
1. [Comme attribut de l'obj.] Je crois à propos de le renvoyer (FOURIER, 1821 ds Doc. hist. contemp., p.160). Tant qu'on jugera à propos de conserver un impôt sur le sel (Monopole et impôt sel, 1833, p.24).
2. [Comme attribut du suj. réel en tournure impers.] Mais comme cette cure n'est que palliative, il est à propos de chercher à détruire la cause du mal (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p.400).
3. Rare. [Comme épithète] Un ravalement de la plaine, un mouvement de terrain, un sentier transversal à propos, un bois, un ravin, peuvent arrêter le talon de ce colosse qu'on appelle une armée et l'empêcher de reculer (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.378).
4. Hors de propos. [Comme attribut ou comme épithète] Inopportun. Une réaction hors de propos. Cette lettre m'apparut hors de propos (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.228). Le jeu revêt une importance telle qu'on ne le juge pas hors de propos dans une cérémonie sacrée (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.198).
C. —À(-)propos, subst. masc.
1. Vieilli. Caractère de ce qui vient à point nommé, opportunité. L'à-propos fait le mérite de tout, donne du prix à tout (Ac. 1798). Je ne vois pas l'à-propos de cette plaisanterie (Ac. 1935). Il est impossible d'obtenir la guerre aussi-tôt qu'on la désire, de saisir l'à-propos du moment dont on en fait dépendre le succès (ROBESP., Discours, Guerre, t.8, 1792, p.88).
2. Capacité de réagir de manière convenable et à point nommé. Répondre avec à-propos; esprit d'à-propos; manque d'à-propos. Voilà pourquoi les femmes écrivent (...) bien (...) Leur faculté d'à-propos, leur lucidité extrême dans certains cas, trouvent ici merveilleusement leur application (DELACROIX, Journal, 1853, p.9). Ce sourire rapide et très-séduisant dont il savait faire avec tant d'à-propos tantôt une caresse et tantôt une arme (FROMENTIN, Dominique, 1863, p.94). C'était plus que des questions de technique! d'astuce! d'à-propos!... À nous de démontrer nos talents! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.515).
3. P. méton., vieilli. Réaction opportune. Elle eut des à-propos de crime et de raison qui étonnent et font frémir de frayeur et d'admiration (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1809, p.47).
— En partic. Parole opportune. Le ton, les manières, une certaine élégance qui cache le défaut de solidité, l'art des à propos, tout cela se trouve sans effet au milieu d'hommes étrangers au grand monde et habitués à réfléchir (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1588).
4. Rare, LITT. OEuvre de circonstance, notamment courte pièce de théâtre. Quand un de ces à-propos d'anniversaire conquiert d'emblée le public (...), on le joue quinze fois, vingt fois de suite (A. DAUDET ds J.O., 24 janv. 1876, p.720, col. 3 ds LITTRÉ Suppl. 1877). On fit encore appel à Lecocq pour écrire la musique d'une fantaisie en un acte, un simple à-propos de Paul Gavault, les Poupées de M. Dupont (L. SCHNEIDER, Maîtres opérette fr., 1924, p.239).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1214-27 «ce qu'on se propose de faire, intention, projet» (MANESSIER, 3e Continuation de Perceval, éd. W. Roach, 39113); 1216 ferm propos (ANGER, Vie de St Grégoire, 187 ds T.-L.); 1re moit. XIIIes. [ms.] (Fragments d'une ,,Vie de St Thomas de Cantorbery`` éd. P. Meyer, fol. IV v°, 66); 2. a) ca 1380 «ce dont on parle, qu'on se propose de traiter dans un ouvrage» (JEAN LEFÈVRE, VIEILLE, 74 ds T.-L.: feray ci un peu de pause, Pour mon propos examiner); fin XVes. (PHILIPPE DE COMMYNES, Mém., Prol., éd. J. Calmette, t.1, p.3); b) ca 1510 au plur. «mots échangés au cours d'une conversation» (PH. DE VIGNEULLES, Cent nouvelles [Livingstone, R.S.S., X, 196] ds HUG.). B. A propos 1. a) fin XVes. a tous propos «à chaque instant» (PHILIPPE DE COMMYNES, op. cit., II, VI, t.1, p.129); 1549 a quel propos...? (EST.); 1580 à propos de «au sujet de» (MONTAIGNE, Essais, I, 4, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p.22); id. à ce propos «à ce sujet» (ID., ibid., I, 17, p.73); b) 1579 p.ell. à propos introduisant une phrase (G. CHAPPUYS, trad. S. GUAZZO, La civile conversation, 204 ds QUEM. DDL t.19); 2. a) fin XVes. à propos «en relation avec les circonstances, de manière opportune» (PHILIPPE DE COMMYNES, op. cit., VIII, XIII, t.3, p.204); 1538 bien a propos; mal a propos (EST., s.v. commodum, commode); b) 1549 empl. adj. issue hors de propos «digression» (EST.); 3. 1700, 21 déc. empl. subst. «oeuvre littéraire composée pour une circonstance» (MAINTENON, Lett. au duc de Noailles ds LITTRÉ). Déverbal de proposer. Fréq. abs. littér.:8791. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 9438, b) 13773; XXes.: a) 14475, b) 13247. Bbg. KELLER (H.-E.). Notes d'étymol. gallo-rom. et rom. Mél. Wartburg (W. von) t.2 1968, p.240. — MÉTRAL (J.). À partir d'Agora... Cah. Ling. Fr. Genève. 1982, n° 4, pp.224-226. — QUEM. DDL t.19.
propos [pʀɔpo] n. m.
ÉTYM. 1265; 1180, purpos; de proposer, d'après le lat. propositum, supin de proponere. → Proposer.
❖
———
I Au sing.
1 Littér. Ce qu'on se propose, ce qu'on se fixe pour but. ⇒ Dessein, intention, résolution. || Le propos de qqn. || Son propos est de…, suivi de l'inf. (→ aussi Erroné, cit. 3). || Il n'est pas dans mon propos de… || J'étais venu dans le ferme propos de… (→ Assurance, cit. 14). — ☑ Loc. Relig. Ferme propos : résolution ferme de ne plus commettre le péché. || Le ferme propos, condition d'une confession sincère.
1 (…) je formais le propos de ne jamais chicaner, de ne jamais mettre en mouvement la mécanique judiciaire.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, XV.
♦ De propos délibéré. ⇒ Délibéré.
2 Vx. Ce dont on parle, ce qu'on se propose de traiter dans un ouvrage, etc. ⇒ Sujet. || Quand quelqu'un extravague de son premier propos (→ Mouton, cit. 10). — Se mettre sur le propos de… (Cf. La Fontaine, Fables, I, 14).
3 ☑ (Fin XVe). Mod. Cour. À propos de : à l'occasion de, au sujet de. || Dire, faire, etc., quelque chose à propos de… (→ Hache, cit. 6; intensifier, cit. 2; manœuvrer, cit. 2; 1. porte, cit. 3). || Dire des horreurs à propos de quelqu'un. ⇒ De (supra cit. 74). — Le dilemme (cit. 1) d'Omar à propos de l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie. ⇒ Concernant, relatif (à). — À ce propos. || À propos de quoi ? || À quel propos ?
2 Comment deux hommes qui partageaient tout le reste pouvaient-ils s'attraper sans cesse à propos de la politique ?
Zola, l'Assommoir, t. II, XI, p. 191.
♦ À propos d'un rien (→ Embrasser, cit. 11), de rien (→ Estimer, cit. 28; langueur, cit. 7). ☑ À propos de tout (→ Mystère, cit. 21; obliquer, cit.). || À propos de tout et de rien. ⇒ Motif (sans motif). — ☑ À tout propos. ⇒ Bout (à tout bout de champ), coup (à tous les coups, à tous coups), instant (à chaque instant). → Irritation, cit. 1; petit, cit. 2. || Un homme qui se cite (cit. 9) à tout propos.
3 (…) c'est devenu chez elles un gentil usage de s'installer ainsi les unes chez les autres, pendant des jours et même des semaines, à propos de tout et de rien, quelquefois pour se faire une simple visite (…)
Loti, les Désenchantées, I, II.
♦ ☑ (1579). À propos. || À ce propos, à propos de…, servant à introduire dans la suite du discours une idée qui surgit brusquement à l'esprit, soit par hasard, soit par association d'idées avec un mot qui vient d'être prononcé (souvent avec la valeur d'une simple formule de transition, pour introduire une question, une remarque, etc. → 2. Piloter, cit. 2). || À ce propos, il faut que je vous dise… || Ah ! à propos, je voulais vous demander…
4 — Je m'imagine que le plaisir est grand de se voir imprimé. — Sans doute. Mais à propos, il faut que je vous die (dise) un impromptu que je fis hier (…)
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
4.1 Quand Thérèse dit : « À propos », cela ne signifie pas du tout qu'il y ait le moindre rapport entre ce qu'elle va dire et ce qui vient d'être dit.
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 63.
♦ ☑ (1538). Mal à propos : sans raison sérieuse, sans sujet, de manière intempestive, inopportune (→ Impasse, cit. 1). || Très mal à propos (→ Littérateur, cit. 1). — Vieilli. || Bien à propos (→ Fausseté, cit. 5). — À propos : de la manière, au moment, à l'endroit convenable; avec discernement. ⇒ Opportunément, point (à point, à point nommé), temps (à temps); → Opprimer, cit. 5; 1. point, cit. 41. || Très à propos (→ Merveilleux, cit. 9). || Si à propos (→ Finement, cit. 3; pinceau, cit. 1). || Ce qui se fait, ce qui vient à propos (⇒ À-propos). || Voilà qui arrive, qui tombe à propos. ⇒ Pile (fam.). → aussi Arriver comme marée en carême. || Ne parler qu'à propos (→ Exagérateur, cit. 1). || « La libéralité (cit. 2) consiste moins à donner beaucoup qu'à donner à propos » (La Bruyère).
5 Le vrai moyen de gagner beaucoup est de ne vouloir jamais trop gagner et de savoir perdre à propos.
Fénelon, Télémaque, III.
6 Souvenez-vous que, pour un solliciteur, il n'y a pas de plus grande éloquence que de savoir se taire à propos (…)
A. de Musset, Contes, « La mouche », VII.
7 (…) nous nous réjouissons tous de te voir parmi nous et l'on peut dire que tu viens à propos.
France, Thaïs, II, p. 156.
♦ Il est, il serait à propos que…, suivi du subj. (→ Guider, cit. 7; haut, cit. 55). || Il est à propos de…, suivi de l'inf. ⇒ Bon, convenable, expédient, opportun (→ Cassation, cit. 1). || Croire, juger, trouver à propos de… (→ Geôle, cit. 1; grâce, cit. 74; 2œillère, cit. 2).
8 (…) de sorte qu'après tant d'épreuves de leur faiblesse, ils ont jugé plus à propos et plus facile de censurer que de repartir parce qu'il leur est bien plus aisé de trouver des moines que des raisons ?
Pascal, les Provinciales, III.
♦ ☑ Hors de propos. ⇒ Contretemps (à), saison (hors de saison); → Étrange, cit. 11. || À tout propos et hors de propos : sans motif sérieux. || Il serait hors de propos de…, suivi de l'inf. ⇒ Inopportun.
9 (…) il ne sera pas hors de propos de dire deux paroles des ornements qu'on a mêlés avec la comédie.
Molière, les Fâcheux, Avertissements.
10 Don Jaime lui trouva l'air poli d'un vieux soldat qui veut faire le bon et sourit à tout propos et hors de propos.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Le coffre et le revenant ».
10.1 — À propos, dit Mao apparemment hors de propos, j'ai reçu, il y a quelques mois, une délégation parlementaire de chez vous. Vos partis socialiste et communiste croient vraiment ce qu'ils disent ?
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 549.
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II (XVe). Un, des propos.
1 Paroles dites au sujet de qqn. ou de qqch., mots échangés, prononcés au cours d'une conversation. Par ext. Phrase, texte écrit. ⇒ Discours, parole, phrase (supra cit. 15). || Échange de propos. ⇒ Conversation, entretien. || Les propos d'un personnage de roman, d'une pièce de théâtre (→ Nombre, cit. 28). || Vivacité dans les propos. || De propos en propos (→ De fil en aiguille, cit. 11). || Répéter un propos inutile (→ Opportunité, cit. 2). || Propos en l'air. ⇒ Bruit. || Tenir des propos… ⇒ Parler (infra cit. 15). || Tenir à quelqu'un des propos inacceptables (cit. 1). || Propos caustiques, mordants, vifs… ⇒ Boutade. || Propos spirituels : mots d'esprit. || Propos blessants, comminatoires, diffamatoires, injurieux (→ Dommage, cit. 3), insultants, mensongers, offensants, etc. ⇒ Insinuation, médisance, vilenie. || Propos calomnieux sur… (→ Désaveu, cit. 4), sur le compte de… ⇒ Calomnie. || Mauvais propos (→ Fait, cit. 45). || Propos austères (cit. 17). || Propos gais, guillerets, joyeux. ⇒ Gaieté. || Propos de table. || Propos cajoleurs, galants. ⇒ Cajolerie, douceur (supra cit. 19), galanterie. || Propos badins, frivoles, futiles, oiseux, extravagants, etc. ⇒ Badinage, badinerie, bagatelle, baliverne, boniment (fam.), calembredaine, chanson, faribole, papotage, turlutaine… || Propos banals, rebattus (⇒ Banalité), maladroits, stupides (⇒ Balourdise, bêtise, sottise), incohérents (→ 1. Fou, cit. 8), dépourvus de sens. ⇒ Insanité. || Ce ne sont que des propos de vantard. ⇒ Vantardise, vanterie. || Propos blasphématoires (⇒ Blasphème), impudents (→ Avec, cit. 63), cyniques (→ Indigner, cit. 9), déplacés, grossiers, inconvenants, malséants, malsonnants. || Des propos de chambrée, de corps de garde, de garnison (→ Impudent, cit. 5). || Propos égrillards, gaillards (cit. 11), gaulois, graveleux, grivois, légers (cit. 27), lestes, libertins, libres, licencieux, obscènes, salés, scatologiques, etc. ⇒ Cochonnerie, gaillardise, gaudriole, gauloiserie, grivoiserie, obscénité, polissonnerie, saleté.
11 Ces dames faisaient les frais de la conversation, et égayaient la compagnie de propos plus ou moins piquants aux dépens de leurs amis et connaissances (…)
A. de Musset, Contes, « Mimi Pinson », III.
12 Ce n'étaient guère encore que des paroles, transparentes, mais vagues; quelquefois des propos en l'air, des on-dit, des ouï-dire.
Hugo, les Misérables, IV, I, V.
13 Toutes sortes de propos s'ensuivirent : calembours, anecdotes, vantardises, gageures, mensonges tenus pour vrais, assertions improbables, un tumulte de paroles qui bientôt s'éparpilla en conversations particulières.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, I.
14 J'aime à sentir chez un auteur la richesse intérieure et non exploitée, et qui ne fasse qu'affleurer dans les rares propos qu'il nous livre.
Gide, Journal, 2 janv. 1931.
♦ Littér. || Propos, essais d'Alain.
♦ ☑ Loc. (XVe). Vx. Entrer en propos, en conversation (→ Compliment, cit. 1, La Fontaine).
2 (1553). Vx. Bavardage, indiscrétion. || Vous n'êtes point une bavarde (cit. 9), on peut parler devant vous sans craindre les propos. ⇒ Médisance. || Sa conduite a donné lieu à bien des propos. ⇒ Commentaire, commérage, dire (qu'en-dira-t-on).
3 Ling. Ce qu'on dit de qqch. (appelé le thème). ⇒ Prédicat, thème.
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COMP. À-propos, avant-propos.
Encyclopédie Universelle. 2012.