pinceau [ pɛ̃so ] n. m.
1 ♦ Objet composé d'un faisceau de poils (blaireau, martre, putois,...), ou de fibres, fixé à l'extrémité d'un manche, servant à appliquer des couleurs, du vernis, de la colle, etc. ⇒ blaireau, brosse, 1. queue. Pinceau de peintre en bâtiment. Pinceaux et brosses d'un artiste peintre. Pinceau à aquarelle. « l'étrange vieillard touchait à toutes les parties du tableau : ici deux coups de pinceau, là un seul » (Balzac).
♢ Le pinceau : la peinture. « Par le pinceau ou le ciseau » (Baudelaire). — Le pinceau d'un artiste, sa technique. « D'une mollesse de pinceau qui fait pitié » (Diderot). Loc. Avoir un bon coup de pinceau : bien peindre.
2 ♦ Par compar. Touffes (de poils). « Autour de la bouche, des pinceaux de poils blancs » (Hugo).
3 ♦ (1691; par anal.) Faisceau lumineux de rayons émis par une source ponctuelle et passant par une ouverture étroite. Un pinceau de lumière.
♢ Géom. Pinceau harmonique.
4 ♦ (1859; dér. plaisant de pince) Pop. Pied. « Les soldats disent quelquefois, lors des marches forcées : “J'ai les pinceaux en fleurs” » (Genet). S'emmêler les pinceaux.
● pinceau nom masculin (latin populaire penicellus, du latin classique penicillus, brosse) Assemblage de poils d'animaux ou de fibres végétales ou artificielles, fixé à l'extrémité d'un manche et que l'on utilise pour étendre de la peinture, du vernis, de la colle. Littéraire. Art ou manière de peindre des tableaux. ● pinceau (expressions) nom masculin (latin populaire penicellus, du latin classique penicillus, brosse) Pinceau lumineux, faisceau de petite ouverture.
pinceau
n. m.
d1./d Instrument formé d'un faisceau de poils attaché au bout d'un manche, et qui sert à appliquer les couleurs, la colle, etc.
d2./d Fig. Manière de peindre d'un artiste. Il a le pinceau délicat.
d3./d étroit faisceau de rayons lumineux.
⇒PINCEAU, subst. masc.
A. —Touffe, souvent effilée, de poils ou de fibres souples serrés par une virole au bout d'un manche, servant à étendre en couche mince une substance liquide ou semi-liquide sur un support. Pinceau fin; trait de pinceau; laver, nettoyer un pinceau; petit pinceau; pinceau trempé dans; pinceau à colle, à vernis; pinceau à aquarelle, à lavis; pinceau à filets. J'ai pu m'assurer que l'emploi du pinceau, au lieu de la brosse [dans le Saint-Just de Rubens], a déterminé l'exécution lisse et plus achevée, c'est-à-dire sans plans heurtés (DELACROIX, Journal, 1853, p.11). Pietro (...) trempait son pinceau chargé de couleur dans un godet plein d'eau, avant d'en frotter l'enduit de la muraille (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.139). V. barbouiller ex. 1:
• 1. Albert déposait palette et pinceaux, et nous nous mettions à causer. Albert me racontait sa vie (...). De sensibilité vive, mais le pinceau lourd et maladroit, tout ce qu'il peignait restait déplorablement en deçà de lui-même; il avait conscience de son impuissance, mais à chaque nouveau tableau, l'espoir d'en triompher par l'excès d'émotion l'exaltait.
GIDE, Si le grain, 1924, p.508.
♦Coup de pinceau. Une accumulation de petits coups de pinceau qui faisait penser à la technique des impressionnistes (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p.LXXIV).
Donner le dernier coup de pinceau à (un tableau). Le terminer. Lorsque Laurent eut donné à la toile le dernier coup de pinceau, toute la famille se réunit pour crier à la ressemblance. Le portrait était ignoble, d'un gris sale, avec de larges plaques violacées (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p.34).
Donner un/quelques coup(s) de pinceau. Mettre une couche de peinture. Coller du papier propre, planter des clous, donner quelques coups de pinceau, ce n'est quand même pas sorcier (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.86).
P. méton. Manière de peindre, technique picturale. Quel dessin (...)! Et quel coup de pinceau! Un Courbet de la bonne époque (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p.25). P. anal. Manière de décrire:
• 2. La description du mari d'Estelle m'a fait rire tout haut. Ça se voit. Vous avez des coups de pinceau à la Saint-Simon qui sont exquis.
FLAUB., Corresp., 1872, p.383.
♦Tenir un pinceau. Tenir un pinceau dans sa main; p. méton., peindre. Un ancien ouvrier peintre, un vieillard de soixante-dix ans, qui habitait dans la maison une soupente, où il crevait de faim et de froid (...) il vivait au petit bonheur, depuis deux ans qu'il ne pouvait plus tenir un pinceau (ZOLA, Assommoir, 1877, p.552). Moi qui sais à peine tenir un pinceau, il me semble que si je vous peignais, rien qu'en représentant ce que je vois, je ferais un chef-d'oeuvre (PROUST, Guermantes 2, 1921, p.502).
♦En pinceau(x). En forme de touffe de poils semblable à celle d'un pinceau. Les folioles du pin sont agrégées en pinceaux (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.181). Un vieux Chinois à la barbe en pinceau (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.256).
♦P. anal. On plonge dans le flacon qui les renferme un petit pinceau de charpie porté à l'extrémité d'un bâtonnet, et on applique ce pinceau sur les parties qu'on se propose de cautériser (NÉLATON, Pathol. chir., t.1, 1844, p.40). Boîtes à poudre, avec leurs gros pinceaux de cygne (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.164).
Pinceau à barbe ou à savon. Synon. vieilli de blaireau. Ce ne fut qu'en sentant sur son visage l'impression froide et humide du pinceau à savon qu'il [le barbier] fut rappelé à la situation présente (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p.17). Pendant qu'on se tenait devant nos petits miroirs avec le pinceau à barbe (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.258). Pinceau (à) maquillage. Votre maquillage réussi... Et dessiné avec précision avec ces pinceaux à lèvres (...). Les 5 pinceaux maquillage (Catal. Vitrine magique, 1987).
Arg. (de l'armée), vieilli. Balai. Les coups de pinceau que j'ai donnés dans notre corridor où ses marmots viennent faire le boucan (VIDAL, DELMART, Caserne, 1833, p.197).
— P. méton.
♦La peinture. C'est une des beautés les plus innocentes et les plus parfaites qu'ait produites le pinceau (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.508). Les artistes les mieux capables de rendre ses charmes par le pinceau (BLANCHE, Modèles, 1928, p.211).
Vivre de son/ses pinceau(x). Vivre en faisant de la peinture. Le désespoir de ne pas vivre de ses pinceaux (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.240).
♦Le peintre. Quel fidèle pinceau pourra m'offrir l'image De l'astre du printemps levé sur ce bocage (MICHAUD, Printemps proscrit, 1803, p.63). Comme un beau cadre ajoute à la peinture, Bien qu'elle soit d'un pinceau très vanté (BAUDEL., Fl. du Mal, 1860, p.64):
• 3. Point n'aurais-je espéré que le pinceau fameux,
Qui vêt de pourpre et d'or les princes de la terre,
Voulût bien retracer les traits d'un pauvre hère.
BARBIER, Satires, 1865, p.46.
♦L'art du peintre. Pour peindre une bataille, il faut de ces puissants peintres qui aient du chaos dans le pinceau (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.382). Delacroix, qui lui doit tant [à Gros], a dit l'audace de ses inventions et la vigueur de son pinceau (HAUTECOEUR, Art sous Révol. et Emp., 1954, p.102). V. aussi ex.1.
P. anal. Art de la description. Un incendie général vient éclairer les horreurs de cette nuit, que le pinceau seul de Virgile pourroit rendre (CHATEAUBR., Essai, t.2, 1797, p.136). Pour donner aux objets tout leur jeu et leur relief, Molière ne craint donc pas de grossoyer; il a le pinceau, avant tout, dramatique (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.3, 1848, p.230). Le pinceau coloriste de M. Thiers, dans ses descriptions de batailles (GONCOURT, Journal, 1893, p.479).
B. —P. anal. (d'aspect)
1. Touffe de poils ou d'éléments comparables. Dans la Scyllée, Ce sont des pinceaux de filamens, dispersés sur des feuillets charnus (CUVIER, Anat. comp., t.4, 1805, p.424). Les oreilles hérissant leurs pinceaux de poils (PERGAUD, De Goupil, 1910, p.145). [Le nerf maxillaire supérieur] sort par le trou sous-orbitaire pour s'épanouir en un pinceau de terminaisons nerveuses (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p.300).
♦[À propos de moustache ou de barbe] Il tirait et tordait nerveusement, sous une énorme moustache, un pinceau d'impériale grisonnante (GIDE, Porte étr., 1909, p.538). Mordant son pinceau de moustache (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.130).
2. Pinceau (de lumière). Faisceau lumineux étroit. Des Hermies, qui l'entendait grimper, ouvrit la porte, jeta dans la nuit en spirale un pinceau de jour (HUYSMANS, Là-bas, t.1, 1891, p.205). Le soleil couchant, qui darde d'obliques pinceaux (COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p.130). L'un de nos hôtes qui s'était fait surprendre au passage des barbelés par le pinceau lumineux d'un phare (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.178).
PHYS., OPT. Faisceau de rayons provenant d'une source ponctuelle et traversant une ouverture réduite. Une source de rayons monochromatiques, formant un pinceau d'une certaine ouverture (M. DE BROGLIE, Rayons X, 1922, p.115). Le faisceau lumineux qui arrive sur la plaque en une multitude de petits pinceaux (Civilis. écr., 1939, p.10-3). Il se forme au point d'impact du pinceau d'électrons de petites cavités qui diminuent l'intensité du rayonnement (CAILLÈRE, HÉNIN, Minér. argiles, 1963, p.88).
♦P. anal. Deux tuyaux de cheminée lançaient l'un des pinceaux d'une fumée verte, l'autre des bouffées d'une vapeur orangée (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.230).
C. —Pop. ou arg.
1. Pop., gén. au plur. Pieds, jambes. Synon. panards, pinces. Un garde-chasse Qui plus loin [au bord du même ruisseau] lavait ses pinceaux (MARCUS, Quinze fables, 1947, p.11). Le Troquet (...) un large comptoir de six mètres, solide, épais, avec du cuivre rouge dessus. Y avait même une barre de cuivre dans le bas pour y poser les pinceaux (LE BRETON, Razzia, 1954, p.21).
2. Arg. Membre viril. Il laissait entendre aux frangines qu'il avait un coup de pinceau mortel (Pt Simonin ill., 1957, p.223).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 peincel [de peintre] (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 22411 ds T.-L.); 1680 pinceau à la colle; pinceau à jasper (RICH.); 2. a) 1552 «art, travail du peintre» le pinceau et la plume (RONSARD, Odes, 5e livre, XI, 77 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.3, p.179); b) 1690 «le peintre lui-même» (FUR.: Poussin étoit un sçavant pinceau); 3. 1609 «(en parlant d'un écrivain) art de peindre, de décrire» donner quelques traicts de pinceau (RÉGNIER, Satires, XI, 130, éd. G. Raibaud, p.136); 1665 coup de pinceau (MOLIÈRE, Don Juan, I, 1); 4. 1761 p. anal. «touffe de poils» (BUFFON, Hist. nat., t.9, p.231). B. 1. Conchyliol. [1555 penicillus marinus, G. Rondeletii Universae aquatilium historiae pars saltera, Lugduni, ap. M. Bonhome, p.11] 1558 pinceau de mer (G. RONDELET, 2e partie de l'Hist. entière des poissons, Lion, Mace Bonhome, p.76: De la similitude des pinceaux desquels usent les peintres... j'ai appelé Pinceau de mer...); 2. 1691 pinceau optique; pinceau dioptrique (OZANAM, p.468); 3. 1800 arg. «pied» coup de pinceau (GOUFFE et DUVAL, Cri-Cri, p.18 ds QUEM. DDL t.19); 1962 id. «jambe» (ROB.). Du lat. vulg. penicellus, issu, par substitution de suff., de penicillus (dér. de peniculus «brosse, pinceau», dimin. de penis «queue des quadrupèdes; brosse à peindre», v. penis) «pinceau de peintre; l'art du peintre, la peinture; la manière, la touche de l'écrivain». Le sens arg. B 3 est moins prob. issu du sens A 1 (la touffe du pinceau suggérant le pied; le manche suggérant la jambe), que tiré de pince au sens de «partie antérieure du pied du cheval» et de l'arg. pincette, plur. «jambes». Fréq. abs. littér.:758. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1260, b) 1214; XXes.: a) 968, b) 914. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p.423. — QUEM. DDL t.19.
pinceau [pɛ̃so] n. m.
ÉTYM. XVe; peincel, v. 1268; pincel, v. 1160; d'un lat. pop. penicellus, lat. class. penicillus, dimin. de penis « queue ».
❖
1 Instrument composé d'un faisceau de poils (de blaireau, de martre, de putois…), ou de fibres végétales ou artificielles, serrés au moyen d'une virole à l'extrémité d'un manche, dont on se sert pour appliquer et étendre des couleurs, du vernis, de la colle, etc. (→ Dessin, cit. 2; orfèvre, cit.). ⇒ Blaireau, brosse, pied-de-biche, queue-de-morue. || Hampe et soies du pinceau. || Laver, nettoyer un pinceau (⇒ Ante, pincelier). || Pinceaux du peintre (→ Broyer, cit. 4; empâter, cit. 1; enluminer, cit. 1; main, cit. 15). || Tremper son pinceau dans les couleurs, l'encre (cit. 4) de Chine… (→ Coloris, cit. 1). || Manier le pinceau (→ Coutume, cit. 1). || Coups de pinceau (→ Intégrité, cit. 1). ⇒ Touche. ☑ Donner le dernier coup de pinceau à un tableau, l'achever.
1 (…) l'étrange vieillard touchait à toutes les parties du tableau : ici deux coups de pinceau, là un seul, mais toujours si à propos qu'on aurait dit une nouvelle peinture (…) Le vieillard allait disant : « (…) venez, mes petites touches, faites-moi roussir ce ton glacial (…) — Vois-tu, petit, il n'y a que le dernier coup de pinceau qui compte (…) Personne ne nous sait gré de ce qui est dessous. Sache bien cela ! ».
Balzac, le Chef-d'œuvre inconnu, Pl., t. IX, p. 398.
♦ (1690). Brosse du graveur, du doreur.
2 (1665). || Le pinceau : la peinture. || Une merveilleuse production du pinceau (→ Émaner, cit. 1). || Le travail du pinceau et celui du ciseau : la peinture et la sculpture (→ Heureusement, cit. 3; 2. idéal, cit. 5). — Le pinceau d'un artiste, son art, sa technique. || Pinceau hardi, vigoureux, délicat (cit. 13). || Mollesse (cit. 3) de pinceau. || Le pinceau d'Apelle (→ Désespoir, cit. 9). || Quelques traits du pinceau de Michel-Ange (→ 1. Ombre, cit. 1). || « L'inimitable pinceau de la nature » (→ Fondre, cit. 8, Buffon).
2 Degas fit une troisième visite à l'atelier d'Ingres (…) Ingres montrait ses œuvres à un monsieur (Degas disait : à un idiot), qui passant d'un Homère à un Bain Turc, s'écrie : « Ah ! Celui-ci, Monsieur, c'est la grâce et la volupté (…) et quelque chose de plus (…) » Ingres répond : « Monsieur, j'ai plusieurs pinceaux. »
Valéry, Degas, Danse, Dessin, p. 57.
3 (1669). Art ou manière de décrire, de peindre, chez un écrivain. ⇒ Peinture. || Quelle vigueur de pinceau ! (→ Énergie, cit. 5). || Coups de pinceau (→ Ébauche, cit. 6; 1. ferme, cit. 8; manière, cit. 14). || Complaisances, lapsus (cit. 2) de pinceau (→ Indulgence, cit. 8).
3 Si d'un coup de pinceau je vous avais bâti
Quelque ville aux toits bleus, quelque blanche mosquée (…)
Quelque description de minarets flanquée (…)
M'auriez-vous répondu : « Vous en avez menti ? »
A. de Musset, Premières poésies, « Namouna », XXIV.
B (Par compar. ou anal.).
1 Touffe (de poils). || Oreilles du lynx (cit. 1) surmontées d'un pinceau de poils noirs. || Cils (cit. 1) rayonnant comme des pinceaux. || En forme de pinceau, en pinceau. ⇒ Pénicillé.
4 (…) ses lèvres rentraient sous ses gencives, et elle avait tout autour de la bouche des pinceaux de poils blancs qui lui donnaient la mine embabouinée d'un chat.
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, VII, VII.
2 (1691). Faisceau lumineux constitué par les rayons émis par une source ponctuelle et passant par une ouverture étroite. || Un pinceau de lumière.
3 (XXe). Techn. Dans une gare de triage, groupe de voies issues d'une branche commune.
4 ☑ Pop. (Dér. plaisant de pince I., 4.). Jambe, pied. Tricoter des pinceaux. ☑ S'embrouiller les pinceaux. — Vx. (1800). || Coup de pinceau : coup de pied.
❖
DÉR. Pinceauter. — V. Pincelier.
Encyclopédie Universelle. 2012.