saison [ sɛzɔ̃ ] n. f. A ♦
1 ♦ Époque de l'année caractérisée par un climat relativement constant et par l'état de la végétation. La belle saison : fin du printemps, été et début de l'automne. La saison nouvelle, du renouveau : le printemps. La mauvaise saison, la saison des frimas, fin de l'automne, hiver. Saison sèche et saison des pluies (sous un climat tropical).— Il fait froid, c'est la saison ! C'est, ce n'est pas un temps de saison. Le temps est chaud pour la saison. Il n'y a plus de saisons ! le temps est déréglé. — En cette saison. En toute saison, en toutes saisons : pendant toute l'année. — La saison morte, la morte saison, où la terre ne produit rien, où les travaux agricoles sont interrompus. Par ext. ⇒ morte-saison.
♢ L'époque où poussent certains produits de la terre. La saison des feuilles (feuillaison), des fleurs (floraison), des fruits (fructification). Cultiver un légume, un fruit dans sa saison, avant sa saison (⇒ primeur) , à contre-saison, hors saison. Fruits, légumes de saison. — Loc. Marchand de (ou des) quatre-saisons , des quatre saisons [ katsɛzɔ̃ ] :marchand ambulant de légumes et de fruits. « Jérôme Crainquebille, marchand des quatre-saisons, allait par la ville, poussant sa petite voiture et criant “Des choux, des navets, des carottes !” » (France).
♢ La saison de... : l'époque de l'année où se font certains travaux agricoles, où la flore, la faune présente tel caractère. La saison des foins (fauchaison, fenaison), de la moisson, des vendanges. — Saison de la pêche au hareng (harengaison). Chasse La saison des cailles, des perdrix..., du sanglier (porchaison).— Saison des amours : la période où une espèce d'animaux s'accouple. ⇒ accouplement, pariade.
2 ♦ Chacune des quatre grandes divisions de l'année qui partagent l'orbite terrestre entre un équinoxe et un solstice ou vice versa, et qui correspondent, du fait de l'inclinaison de l'écliptique, à des périodes de longueur inégale des jours. Les quatre saisons. ⇒ printemps, été, automne, hiver. — La saison est avancée.
B ♦
1 ♦ Fig. et littér. Période particulière (de la vie). ⇒ âge . « Chronique des saisons amères », de Duhamel. « La jeunesse fait plus encore [...] ce n'est qu'à cette saison de la force, que les hommes sont capables de mourir pour une idée vague » (Suarès). « Une Saison en enfer », de Rimbaud.
2 ♦ Vx Temps quelconque, époque, moment (favorable à une activité). Donner saison : donner l'occasion, le temps. — Mod. Loc. N'être pas, n'être plus de saison : n'être pas, n'être plus de circonstance. Ton pessimisme n'est vraiment pas de saison. ⇒ inopportun . « J'aurais dû sentir que ce langage n'est pas de saison dans votre siècle » (Rousseau). Cela est hors de saison, hors de propos; déplacé.
C ♦
1 ♦ LA SAISON DE..., POUR...; SAISON (et adj.) :temps de l'année propice à (une activité). ⇒ époque, moment. La saison des vacances. C'est la bonne, la meilleure saison pour visiter tel pays. — Époque où une activité bat son plein (⇒ saisonnier). La saison théâtrale. La saison des soldes. La saison des prix littéraires.
♢ Absolt Époque de l'année où les touristes, les visiteurs, les vacanciers affluent. Dans cette station la saison commence en juin et se termine en septembre. Pendant la saison, en saison. Hors saison (⇒ intersaison) . « Vichy, avec son improvisation de bâtisses, de baraquements, de boutiques pour la grande saison » (Goncourt). Haute saison : période saisonnière d'affluence (hôtels, transports). Les tarifs de haute saison sont plus élevés que ceux de la basse saison. — Ensemble des résultats financiers obtenus pendant cette période d'activité. Les hôteliers ont fait une mauvaise saison, cet été.
2 ♦ Absolt Les nouveautés, les nouvelles collections de la saison : les modèles d'été ou d'hiver, présentés au printemps ou à l'automne.
3 ♦ Durée pendant laquelle on prend les eaux. Faire une saison à Vittel. ⇒ 1. cure. « La durée d'une saison est de vingt-sept jours [à Bourbonne] » (Diderot).
● saison nom féminin (latin satio, -onis, action de semer) Chacune des quatre parties en lesquelles l'année se trouve divisée par les équinoxes et les solstices. Climat, conditions atmosphériques, activité de la nature qui correspondent à chacune de ces parties de l'année : La saison n'est pas très avancée. Époque de l'année où dominent certains états de l'atmosphère : La saison des pluies. Époque de l'année correspondant à la récolte de certains produits ou à des travaux agricoles : La saison des vendanges. Époque de l'année caractérisée par une activité de type périodique : La saison théâtrale recommence en septembre. Littéraire. Période de la vie humaine caractérisée par un trait particulier : La quarantaine est une saison critique. Époque de l'année correspondant au maximum d'activité d'un secteur donné ; résultats obtenus dans cette activité : Les hôteliers ont fait une bonne saison. Cure que l'on fait dans une station balnéaire, thermale, etc. : Faire une saison à Vittel. ● saison (citations) nom féminin (latin satio, -onis, action de semer) Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 Ô saisons, ô châteaux Quelle âme est sans défauts ? Derniers Vers, Ô saisons… ● saison (expressions) nom féminin (latin satio, -onis, action de semer) Basse saison, haute saison, périodes correspondant au minimum, ou au maximum d'affluence dans les lieux touristiques. De saison, opportun, approprié. Être hors de saison, être inopportun, hors de propos. La belle saison, le printemps, l'été. La mauvaise saison, la saison froide, l'hiver. ● saison (synonymes) nom féminin (latin satio, -onis, action de semer) Littéraire. Période de la vie humaine caractérisée par un trait particulier
Synonymes :
- âge
- époque
- moment
- temps
saison
n. f.
d1./d Période de l'année caractérisée par la constance de certaines conditions climatiques et par l'état de la végétation.
— Saison sèche, saison des pluies ou hivernage: V. encycl. ci-après.
— La belle (la mauvaise) saison: en zone tempérée, l'époque de l'année où le temps est chaud, ensoleillé (froid, pluvieux).
— Morte-saison.
|| La saison de: la saison pendant laquelle on trouve en abondance (tel produit naturel, telle denrée), ou pendant laquelle on peut se livrer à (telle activité liée au rythme de la nature).
— Fruits de saison, propres à la saison où l'on se trouve.
d2./d En zone tempérée, chacune des quatre grandes divisions de l'année, dont deux commencent aux solstices et deux aux équinoxes.
d3./d Période de l'année où une activité bat son plein. La saison sportive.
— Absol. Période d'affluence des vacanciers, saison touristique. L'hôtel ouvre pendant la saison.
d4./d Loc. être de saison: être approprié aux circonstances, venir à propos.
|| Hors de saison: mal à propos, déplacé.
Encycl. Météo. - Dans les pays tropicaux, il n'y a que deux saisons: la saison sèche et la saison des pluies. En se rapprochant de l'équateur, on voit apparaître deux périodes de sécheresse inégales (grande saison sèche, petite saison sèche), séparées par deux périodes pluvieuses (grande saison des pluies, petite saison des pluies), plus ou moins rapprochées. Les régions polaires ne connaissent pas de saisons intermédiaires: l'été et l'hiver se succèdent brutalement.
⇒SAISON, subst. fém.
I. A. — ASTRON., GÉOGR. Période de trois mois comprise entre un équinoxe et un solstice, dont l'alternance climatique au cours d'une année est provoquée par l'inclinaison de l'axe polaire sur le plan de l'orbite terrestre. Dans l'hémisphère nord ou boréal, l'été est la saison chaude, l'hiver la saison froide, le printemps et l'automne les saisons intermédiaires. Dans l'hémisphère sud ou austral, l'été est la saison froide et l'hiver la saison chaude (GUYOT 1953):
• La rotation de la Terre sur elle-même manifestée par les alternances de nuit et de jour a donné naissance aux heures et aux jours, la révolution autour du soleil, déroulant le cycle des saisons, a défini les années...
DECAUX, Mesure temps, 1959, p. 11.
B. — Époque de l'année caractérisée par un climat relativement constant et par un certain état de la végétation. Marche, renouvellement, retour, rythme, succession des saisons; changement de saison; il fait chaud, froid pour la saison; la saison est bien avancée. Depuis que l'homme cultive la terre, il a des dieux qui s'intéressent à la moisson, qui dispensent la chaleur, qui assurent la régularité des saisons (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 201). Il avait été frappé que ce retour des saisons qui le réjouissait comme une fête pût aussi bien terrifier par sa monotonie, — comme un cercle infernal dont on a perdu tout espoir de s'échapper (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 136).
1. Syntagmes et loc. nom.
a) [Dans les régions tempérées de l'hémisphère nord] Les quatre saisons (printemps, été, automne, hiver). V. automne ex. 1.
— Vieilli. Saison d'automne, d'été, etc. En cette saison d'automne, Oxford est un lieu de profond recueillement (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 57). Toute cette saison d'été fut mauvaise (VERNE, Île myst., 1874, p. 584).
— La saison nouvelle, la saison du renouveau (littér.). Le printemps. C'est la saison nouvelle. Au printemps, les martinets, que l'on appelle surtout des hirondelles, envahissent la Lorraine (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1896, p. 26).
— La belle saison, la saison chaude. La fin du printemps, l'été et le début de l'automne. L'hiver, on y entretenait [dans l'immense chambre] du feu depuis le matin. À la belle saison, les deux fenêtres étaient ouvertes (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 24). Le directeur général avait revêtu, pour célébrer la saison chaude, une courte jaquette d'alpaga (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 168). V. beau ex. 20.
— La mauvaise saison, la saison froide. La fin de l'automne, l'hiver et le début du printemps. Cyrus Smith lui offrit de venir passer la mauvaise saison à Granite-House, où il serait mieux logé qu'au corral (VERNE, Île myst., 1874, p. 414). Il s'agit d'un érythème particulièrement intense (...) qui (...) se reproduit au printemps et en été et disparaît pendant la saison froide, quand l'exposition au soleil est réduite (QUILLET Méd. 1965, p. 299).
b) [En Asie] V. mousson ex. de Dopter.
c) [Dans les régions tropicales] Saison des pluies. V. pluie A 2. Saison sèche. Période de l'année marquée par l'absence ou la rareté des pluies. Les pluies cessèrent. La saison sèche revint avec le vent de mer (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 9).
2. Locutions
a) adv. En toute(s) saison(s). Constamment, toute l'année. Un grand chapeau de paille, qui couchait dehors en toute saison (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 46).
b) adj.
— De saison
♦ Qui correspond (du point de vue du climat et/ou de la végétation) à la saison dans laquelle on se trouve. Fruits, temps de saison. Un tribut annuel de trois cents poulets (...) et les légumes de saison (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 120).
♦ Qui convient pour une saison donnée. Vêtement de saison. Madame, dit le Grand-Maître à la reine, le fils de votre pelletier vous apporte vos fourrures, qui sont de saison pour le voyage, car il est probable que nous côtoierons la Loire (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 134).
— Des quatre(-)saisons.
C. — 1. Époque de l'année où ont lieu certains travaux agricoles, certaines activités liées à la nature, où apparaissent certains produits de la terre et où la flore et la faune présentent certains caractères, manifestent certaines tendances. On entrait dans la saison de tailler les ifs (A. FRANCE, Putois, 1904, p. 66). L'automne, le commencement et la fin de l'hiver, et le commencement du printemps, sont les saisons les plus favorables à la chasse du chien courant (LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 152).
— Saison de + subst. Saison des semailles, des moissons, des vendanges; saison de la chasse, du sanglier, des perdrix; saison des asperges, des fraises, des mûres, des lilas, des violettes; saison des nids, du frai, de la ponte, de reproduction. Il n'y avait plus que des roses blanches et rouges (...) ; cela le surprit d'autant plus que ce n'était plus la saison des fleurs (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 58).
♦ Saison des amours. Période où le mâle et la femelle d'une même espèce animale s'accouplent. Comme l'anguille qui, à la saison des amours, sait retrouver le chemin de ces abîmes de la mer où seul est demeuré pour elle le pouvoir de donner la vie (CLAUDEL, Ours et lune, 1919, 2, p. 600).
a) Loc. nom. La morte(-)saison, la saison morte. Époque de l'année où la terre ne produit plus rien, où les activités agricoles sont réduites. Le cultivateur profite souvent d'une période de morte-saison pour transporter le fumier à pied d'œuvre sur le bord du champ à fumer (BALLU, Mach. agric., 1933, p. 179).
— P. anal. Époque de l'année où certaines activités liées à l'industrie, au commerce ou au tourisme, sont ralenties. C'est l'ouvrière pauvre qui, dans une saison morte pour sa profession, veut échapper à la prostitution qui la guette, lui offrant malheureusement dans ce cas, le seul moyen de vivre (DUMONT, Organ. Monts-de-Piété, 1905, p. 61). Malgré le soleil vertical, la vallée en effet gardait sa solitude de la morte-saison qui sépare le temps des courses à ski des mois de l'escalade (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 12).
b) Loc. adv. Hors saison. En dehors de la période normale de culture, d'activité commerciale ou touristique. Quelques cultures peuvent être pratiquées hors saison (...) tel fut longtemps le cas des textiles, lin et chanvre (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 18). V. hors II A 1 ex. de Céline.
2. a) Époque de l'année propice à certaines activités liées aux loisirs, à la mode, aux événements culturels et sportifs, au tourisme. Au cours de la saison 1946-1947, le Théâtre National Populaire a donné 29 pièces classiques (Théâtres nat. Fr., 1954, p. 26). [Suivi d'un adj. ou d'un subst.] Saison musicale, balnéaire; saison de football, de ski; saison des concerts, des prix littéraires. Voilà bientôt l'hiver, la saison des bals et des dîners! (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 12). La saison des courses cyclistes ne commence guère en France que vers le mois d'avril (BAUDRY DE SAUNIER, Cycl., 1892, p. 374).
b) En partic. Époque de l'année où les lieux de tourisme, les stations thermales, reçoivent les vacanciers, les curistes. La grande saison d'une ville de cure; passer la saison à Deauville; tout est ouvert durant la saison; la saison a été bonne, mauvaise pour l'hôtellerie. Tous les soirs pendant la saison, à neuf heures pétantes, elle va s'asseoir à côté de la caissière de l'Alpinic-Railway et de son poste d'observation elle surveille le park [à attractions] (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 45).
— Loc. nom.
♦ Haute saison, basse saison, saison creuse, morte-saison. Période de l'année correspondant dans un lieu de tourisme ou de villégiature à l'afflux maximum ou minimum des vacanciers. Parmi les hôtels, la Résidence (...) offre trois formules: locations avec kitchenette (pour 3-6 personnes, 380 F par semaine en basse saison, 430 F en haute saison) (Elle, 20 janv. 1969, p. 111, col. 1).
— Loc. adv. En saison. Durant la période d'affluence des touristes. Ses pourboires dépassaient, en saison, cinquante francs par jour (HAMP, Champagne, 1909, p. 233).
— Loc. adj. Hors saison. [En parlant d'un tarif] Qui est pratiqué en dehors de la période d'affluence des touristes, donc en saison creuse. Quelle que soit l'opinion sur le coût de la vie, le même pourcentage de touristes se renseigne sur les tarifs hors saison (Tour. Fr., 1960, p. 17).
— Loc. verb. Faire la saison. Exercer (dans un lieu de tourisme ou de villégiature) une activité liée au commerce durant la période d'affluence des vacanciers. (Dict. XXe s.).
— P. méton. Séjour durant lequel on fait une cure, on suit un traitement dans une station thermale ou balnéaire. Synon. cure1. Faire une saison à Vichy. Le docteur Marchal, médecin de ces eaux, lui commande à elle, et me commande à moi une saison entière, à elle pour sa goutte plus intense que jamais, à moi pour ma sciatique (HUGO, Corresp., 1871, p. 290).
c) MODE. ,,Collection établie pour une saison donnée, ou campagne de ventes sur cette saison, ou travaux de fabrication résultant de ces ventes`` (RAMA 1973). Soldes de fins de saisons.
II. — Vieilli ou littér.
A. — Période, époque. Dans cette saison du moyen âge qu'on peut comparer à une effervescente adolescence, l'enthousiasme des théories laissait peu de place aux soucis de l'action (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 260). Je me sens gaillard et jeunet comme à la saison de mon amourette de Monte-Carlo (ARNOUX, Paris, 1939, p. 13).
♦ Expr. Tout vient en sa saison. Tout vient à point, au moment où cela doit arriver. (Dict. XIXe et XXe s.).
— En partic., au plur. Saisons de la vie. Périodes, étapes de la vie. Les cerveaux les plus futiles n'ignoraient pas qu'ils ne fallait voir dans ces fêtes que des distractions momentanées, un épisode dans les saisons de la vie (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 255).
♦ La jeune saison. L'enfance, la jeunesse. Reste! Ne quitte pas la tranquille maison Où mes bras t'ont bercée en ta jeune saison (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1874, p. 275). La mûre saison. Période de l'âge mûr. Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 105).
B. — Loc. verb.
♦ Être de saison. Être de circonstance. [La grosse cloche] sonnera le glas des morts, qui, dans cette ville en deuil, est toujours de saison! (SARDOU, Patrie! 1869, II, tabl. 3, 3, p. 76).
♦ N'être pas, n'être plus de saison. N'être pas, n'être plus de circonstance, être inopportun. La plaisanterie n'est pas de saison, je vous jure Victor (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 36). Malgré sa folle trahison N'est-elle pas encore la même? La fierté n'est plus de saison. Je l'aime (CROS, Coffret Santal, 1873, p. 63).
♦ Être hors de saison. Être inopportun, déplacé. Je crus voir à certains signes que ma visite était hors de saison, et que je devais laisser la marquise seule (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1842, p. 526).
REM. 1. -saison, élém. de compos. V. arrière-saison, demi-saison, morte-saison, quatre(-)saisons. 2. Saisonnal, -ale, aux, adj. Synon. rare de saisonnier. L'imagination d'un Wells se plairait sans doute à décrire ce que serait l'existence des habitants d'une planète dont l'axe serait incliné de façon à échapper aux variations diurnes et saisonnales (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 106). 3. Saisonner, verbe trans., arboric. ,,Produire des fruits tous les ans, ou tous les deux ans`` (FÉN. 1970). Le poirier non taillé saisonne tous les 2 ans (FÉN. 1970). 4. Saisonnement, subst. masc., arboric. Fait de produire des fruits en plus ou moins grande abondance selon les années. On désigne sous le nom d'alternance une succession de fortes et de faibles récoltes (« saisonnement »). C'est là une source importante d'irrégularité de la production des fruits (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 66).
Prononc. et Orth.:[], [-e-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1119 « temps qu'il fait » Averum bele saisun (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. I. Short, 2614); 2. ca 1140 « laps de temps, délai » (GEOFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1787); 1176 venir an leu et an seison (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 2240); 1266 etre hors de saison (Vers de la mort, éd. C. A. Windhal, 228, 1); 3. 1554-57 « chacun des âges de la vie » (J. DU BELLAY, Regrets, éd. E. Droz, XXXVII, 9). II. 1. a) 1215 « époque de l'année où l'on se trouve, considérée dans son climat, sa végétation, ses productions » un cras cerf de seson (Aymeri de Narbonne, 2158 ds T.-L.); cf. ca 1275 de saison (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 244, notes); b) 1225-30 « époque de maturité des productions de la terre, où se font certains travaux de la terre, où se déroulent certaines phases de la vie des animaux » (GUILLAUME DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 1640); c) 1382 morte-saison; d) 1770 la saison de l'amour (BUFFON, Oiseaux, IV, p. 200 ds LITTRÉ); 1805 la saison des amours (CUVIER, Anat. comp., t. 5, p. 16); 2. ca 1260 « division de l'année » (PHILIPPE DE NOVARE, Quatre Ages, éd. M. de Fréville, 73: .IIII. tens et saisons de l'an); 1668 la saison nouvelle (LA FONTAINE, Fables, I, 1, 11 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. I, p. 59); 1837 quelques rosiers des quatre-saisons (BALZAC, Vieille fille, t. IV, p. 242 ds ROB., s.v. massif); 1844 une marchande des quatre-saisons (ID., Splend. et mis., p. 154); 3. 1286-1316 « période où apparaissent ou dominent certains phénomènes atmosphériques » la seison froide (JEHAN MAILLART, Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 7351); 4. 1376 « période de l'année pendant laquelle s'exercent habituellement certaines activités » la saisson de chassier (Modus et Ratio, 329, 31 ds T.-L.); en partic. a) 1868 « dans une région touristique, période pendant laquelle affluent les touristes » la saison de villégiature commençait (ZOLA, M. Férat, p. 209); b) 1770 « durée de séjour que l'on fait dans une station thermale, balnéaire... à des fins thérapeutiques » (DIDER, Mém. voy. Bourbonne ds LITTRÉ); 1796 la saison des eaux (DUSAULX, Voy. Barège, t.1, p. 326). Du lat. class. , acc. de « action de semer, de planter, semailles, saison favorable pour faire quelque chose », formé sur le supin satum de serere « semer ». Fréq. abs. littér.:3 773. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 486, b) 5 652; XXe s.: a) 4 820, b) 5 437. Bbg. BONN. 1920, p. 125.
saison [sɛzɔ̃; sezɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIe; probablt du lat. sationem, accus. de satio « semailles », d'où « saison des semailles, début de l'année agricole »; on a proposé aussi le lat. statio « arrêt » (du Soleil dans les signes du zodiaque; → Station), satio, forme rurale, correspondant à une confusion entre la division astronomique du temps et les époques de l'activité agricole.
❖
1 Cour. Époque de l'année caractérisée par un climat relativement constant et par l'état de la végétation. || La belle saison : fin du printemps, été et début de l'automne, où il fait généralement beau en France et dans sa zone géographique (→ Bocage, cit. 1; décliner, cit. 5; ermitage, cit. 2). || La saison nouvelle, du renouveau : le printemps. || La mauvaise saison (→ Autoriser, cit. 23), la saison des brumes, des frimas, des pluies (→ Inclémence, cit. 2). || La brutalité (cit. 6), les rigueurs de la saison (→ Dérangement, cit. 3; fièvre, cit. 2). || Saison chaude, froide. || « Monts gelés et fleuris, trônes des deux saisons » (→ Front, cit. 25, Vigny). || Temps chaud (ou frais, sec, etc.) pour la saison. — La saison sèche et la saison des pluies, sous un climat tropical. || Saison chaude, saison des pluies, en Afrique. ⇒ Hivernage. (En franç. d'Afrique). || Grande, petite saison des pluies. || La grande saison des pluies s'étend d'avril à juillet; la petite saison des pluies de septembre à décembre (dans le sud). || Saison froide, de novembre à février (syn. : saison sèche). — Saison de la mousson, en Asie. — La belle saison, l'été dans l'hémisphère austral correspond à l'hiver de l'hémisphère nord. — En cette saison (→ Église, cit. 16). || En toute saison (→ Garantir, cit. 16; pied, cit. 9), en toutes saisons (→ Garder, cit. 19) : pendant toute l'année.
1 (…) l'année s'y partage naturellement en quatre saisons, dont il faut tenir compte, en automne, du fait des pluies, en hiver, à cause de la neige et de la tramontane, au printemps, parce qu'on y a des gelées et de violents orages; et en été, un soleil dur qui dévore tout.
H. Bosco, le Mas Théotime, p. 75.
1.1 Ce jour-là (…) la bonté de ce temps fut telle, pour la saison bien entendu, que lorsque le ciel ne se recouvrait pas trop de nuages, lorsque les éclaircies duraient un peu, on aurait pu le croire encore meilleur (…), plus proche encore de l'été.
M. Duras, Moderato cantabile, p. 143.
1.2 Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?
Rimbaud, Fêtes de la patience, Pl., p. 139.
♦ Par métaphore. || « Mon automne éternelle ô ma saison mentale » (Apollinaire, Alcools, p. 134). — La saison morte, la morte saison, où la terre ne produit rien, où les travaux agricoles sont interrompus (→ 2. Mort, cit. 17). Par ext. ⇒ Morte-saison.
2 Le carnaval venait de finir; aux neiges de février succédaient les pluies glaciales de mars. N'étant distrait ni par le plaisir ni par la société de ses amis. Frédéric se livra avec amertume à l'influence de ce triste moment de l'année, qu'on nomme avec raison une saison morte.
A. de Musset, Nouvelles, « Frédéric et Bernerette », VII.
♦ Époque où poussent certains produits de la terre. || La saison des feuilles (feuillaison), des fleurs (floraison), des fruits (fructification). || Cultiver un légume, un fruit dans sa saison (⇒ Assaisonner, vx), avant sa saison (⇒ Primeur, 2.), à contre-saison, hors-saison. || À la saison des mûres, des prunelles (cit. 1). || Les fruits de la saison (→ Profusion, cit. 6). || Manger des fruits de saison. — (1837). || Rosier des quatre saisons, qui fleurit toute l'année (→ Massif, cit. 12).
3 Chaque saison donne ses fruits :
L'Automne nous donne ses pommes;
L'Hiver donne ses longues nuits,
Pour un plus grand repos des hommes;
Le Printemps nous donne des fleurs;
(…) Et l'autre saison nous apporte
Ce qui fait jaunir nos guérets.
Théophile de Viau, « À M. le Marquis de Boquignant ».
♦ ☑ Marchand de (ou des) quatre saisons, des quatre-saisons [katseʒɔ̃] : marchand ambulant de légumes et de fruits.
4 Jérôme Crainquebille, marchand des quatre-saisons, allait par la ville, poussant sa petite voiture et criant : Des choux, des navets, des carottes !
France, Crainquebille, II.
5 (…) une marchande de quatre-saisons, poussant sa voiturette, usait pour sa litanie de la division grégorienne :
À la tendresse, à la verduresse
Artichauts tendres et beaux
Ar — tichauts (…)
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 118.
♦ Saison de…, des… : époque de l'année où se font certains travaux agricoles (⇒ Campagne), où la flore, la faune présente tel ou tel caractère. || Les saisons des semailles (semaison), des foins (fauchaison, fenaison), du cueillage (cueillaison), de la moisson (aoûtage, moisson), des vendanges, de la récolte des olives (olivaison)… || Faire la saison : travailler dans une exploitation agricole pour la durée d'une saison (⇒ Saisonnier). — Saison de la pêche au hareng, au maquereau (harengaison, maqueraison). Chasse. || La saison des cailles, des perdrix…, du sanglier (porchaison).
♦ ☑ (1870; la saison de l'amour, 1770). La saison des amours : la période où une espèce d'animaux s'accouple. ⇒ Accouplement, pariade (oiseaux). || La saison du frai (cit. 1; montaison), de la ponte (pondaison)…
♦ Icon. || Les quatre saisons, les Saisons, représentées avec leurs attributs traditionnels (→ Camaïeu, cit. 1). — (Dans des titres). || « Les Saisons », poème de Thomson, oratorio de Haydn. || « Les Quatre Saisons », titre donné à quatre concertos de Vivaldi.
2 (V. 1240). Didact. (Astron., géogr.). Chacune des quatre grandes divisions de l'année, qui partagent l'orbite terrestre entre un équinoxe et un solstice ou vice versa, et qui correspondent, du fait de l'inclinaison de l'écliptique (cit.), à des périodes de longueur inégale des jours. || Les quatre saisons. ⇒ Printemps, été, automne (cit. 10), hiver (cit. 5 et 6). || Le cours (→ Indifférent, cit. 12), le rythme des saisons (→ Cycle, cit. 2). || Le retour des saisons. — La saison est avancée (cit. 78).
6 Le jour étant une période de réchauffement et la nuit une période de refroidissement, on comprend (…) comment les saisons sont dues à l'inclinaison de l'écliptique. La saison chaude est pour tout point de la surface terrestre la période des longs jours, la saison froide est la période des longues nuits. L'inégalité des jours augmentant avec la latitude, les saisons devront être de plus en plus tranchées au fur et à mesure qu'on s'éloigne de l'équateur.
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. I, p. 41.
1 (Mil. XVIe). Fig., littér. Période particulière (de la vie). ⇒ Âge (→ Mieux, cit. 28; ressaisir, cit. 2). || Mes jeunes saisons (→ Errance, cit. 4). ⇒ Jeunesse. || Une courte saison où… (→ Course, cit. 18). — « Chronique des saisons amères », de Duhamel.
7 Il est une saison pour la galanterie;
Il en est une aussi propre à la pruderie.
Molière, le Misanthrope, III, 4.
8 Quoique jeune sur la terre,
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison (…)
Lamartine, Harmonies…, II, XII.
9 La jeunesse fait plus encore (…) ce n'est qu'à cette saison de la force, que les hommes sont capables de mourir pour une idée vague, et les femmes de tuer pour une sensation.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VI.
♦ « Une saison en enfer », œuvre (poèmes en prose) de Rimbaud.
2 (V. 1138, seison). Vx. Temps quelconque, époque, moment (favorable à une activité). || Il est saison de… (→ Âge, cit. 37). || Donner saison : donner l'occasion, le temps (→ Disposer, cit. 14).
10 (…) saison, occasion, circonstance, comme l'emploie Corneille, Pomp. I, 1, 51 : « Et qui veut être juste en de telles saisons », n'est plus compris par Volt. (Voltaire) qui soupçonne un mot « pour la rime ». Plus nettement encore, il est saison pour il est temps, « ne se dit plus », Volt. s. Ment. IV, 9, 46.
F. Brunot, Hist. de la langue franç., t. VI, p. 1349.
♦ ☑ (V. 1220). Loc. mod. Être de saison : être convenable, de circonstance. ⇒ Opportun (→ Iambe, cit. 1). ☑ N'être pas, n'être plus de saison : n'être pas, n'être plus de circonstance (→ Entendre, cit. 84; gaminerie, cit. 2). ☑ Cela est hors de saison, hors de propos; à un mauvais moment. ⇒ Contretemps (à), déplacé, inopportun; → Assez, cit. 51.
11 Maintenant que je suis sur l'automne et grison
Les amours pour Ronsard ne sont plus de saison (…)
Ronsard, Sonnets à diverses personnes, « À lui-même ».
3 (XVe). || La saison de…, pour…; saison (et adj.) : temps de l'année propice à (une activité). || La saison des vacances (→ Épouvante, cit. 8). || C'est la bonne, la meilleure saison pour visiter tel pays.
♦ Époque où une activité bat son plein. || La saison théâtrale, la saison des réunions mondaines, des bains de mer. — La saison des prix littéraires.
12 Il se prépare ici une saison assez littéraire, assez poétique même : nous allons avoir dans une quinzaine un volume lyrique de Hugo (…)
Sainte-Beuve, Correspondance, 488, 23 sept. 1835.
♦ (Sports). Période de l'année pendant laquelle se pratique un sport. || Saison hippique. || Saison cycliste. || Répertoire des épreuves de la saison. ⇒ Calendrier. — Durée de l'ensemble des rencontres d'un championnat, d'une coupe, etc. (jeux de ballon).
♦ (Mil. XIXe). Absolt. Époque de l'année où les touristes, les visiteurs, les vacanciers affluent. || Pendant la saison. || En pleine saison. || Hors saison. — Faire la saison. ⇒ Saisonnier (→ Hôtel, cit. 16).
13 Vichy, avec son improvisation de bâtisses, de baraquements, de boutiques pour la grande saison, a quelque chose de la construction féerique d'une ville d'Amérique.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 31 mai 1893, t. IX, p. 100.
♦ ☑ Haute saison (opposé à basse saison) : période saisonnière d'affluence (tourisme, transports aériens et maritimes). || Les tarifs de haute saison sont plus élevés.
♦ Absolt. (Modes). || Les nouveautés, les nouvelles collections de la saison (d'été ou d'hiver, présentées au printemps ou à l'automne). (→ Pesage, cit.).
4 (XVIIIe). Durée pendant laquelle on prend les eaux. || Faire une saison à Vittel. ⇒ Cure.
14 Le temps de l'usage du remède s'appelle une saison; la durée d'une saison est de vingt-sept jours (…)
❖
Encyclopédie Universelle. 2012.