1. mère [ mɛr ] n. f. I ♦
1 ♦ Femme qui a mis au monde un ou plusieurs enfants. ⇒ maman; fam. 4. mater, vieille. La mère et l'enfant se portent bien (après l'accouchement). Elle est mère de trois enfants. Le père, la mère (⇒ parent) et les enfants. ⇒ famille. La mère de ses parents (⇒ grand-mère) , de son conjoint (⇒ belle-mère) . Mère de famille. Mère au foyer. La fête des Mères. « Oh ! l'amour d'une mère ! amour que nul n'oublie ! » (Hugo). ⇒ maternel. « On aime sa mère presque sans le savoir » (Maupassant). Mère affectueuse, consolatrice (⇒ materner) . Mère poule. Mère indigne. Mauvaise mère. ⇒ marâtre. Mère abusive, castratrice. Orphelin de mère. Frères par la mère (⇒ utérin) . Filiation par la mère (⇒ matrilinéaire) . Appos. La reine mère. Adj. « elle est plus mère qu'épouse » (Sartre).
♢ (1961) Mère célibataire : femme non mariée qui a un ou plusieurs enfants (cf. vx Fille-mère). « Elle était mère célibataire, séduite et abandonnée par un musicien » (Mallet-Joris).
♢ Relig. chrét. Marie, mère de Dieu, vierge et mère. La Bonne Mère : Notre-Dame. Bonne mère ! exclamation marseillaise.
2 ♦ (XIVe) Femelle qui a un ou plusieurs petits. Veau qui tète sa mère. « Le faon fut tué. Alors sa mère brama » (Flaubert).
3 ♦ Femme qui a conçu et porte un enfant (⇒ 2. enceinte). « Elle devient mère. L'état de grossesse est pénible » (Diderot).
♢ Mère d'accueil : femme dont l'utérus sert de réceptacle, le temps de la grossesse, à l'ovule fécondé d'une autre femme qui est la mère génétique, biologique. Mère couveuse.
♢ (1984) Mère porteuse, mère d'emprunt, mère de substitution : femme inséminée artificiellement qui porte un enfant pour un couple dont la femme est stérile. — Abusivt Mère d'accueil.
4 ♦ Femme qui est comme une mère. Mère adoptive. Tu es une vraie mère pour lui. « une seconde mère pour vous tous » (Maurois).
5 ♦ (XVIIe) Supérieure d'une communauté religieuse. « des nonnes qui se liguent pour discuter les volontés de leur Mère » (Huysmans). — Titre de vénération donné à une religieuse professe. « La mère Crucifixion est morte » (Hugo). Appellatif Oui, ma mère.
6 ♦ Fam. Madame, en parlant d'une femme d'un certain âge, ou qu'on n'apprécie pas. « C'est la mère Michel qui a perdu son chat » (chanson populaire). Appellatif « Au revoir, mère Rollet » (Flaubert).
7 ♦ Littér. Femme qui est à l'origine d'une race. Ève, la mère de tous les vivants. Nos mères : nos aïeules. Par anal. Mère patrie : État qui a fondé des colonies, d'autres États (⇒ métropole) ; pays où l'on est né.
8 ♦ Vx ou littér. Pays d'origine ou d'élection. « France, mère des arts, des armes et des lois » (du Bellay). — Notre mère la terre.
9 ♦ (1552) Origine, source. PROV. L'oisiveté est la mère de tous les vices. Méfiance est mère de sûreté. — Spécialt (Appos.) Branche mère d'un arbre. Les sociétés mères et leurs filiales. Cellule mère. Le latin est la langue mère du français.
II ♦
1 ♦ (1840) Techn. Moule en plâtre, obtenu par le surmoulage d'un modèle type, servant à la fabrication de pièces de poterie. — Matrice (en galvanoplastie). — Appos. « fabriquer une bande mère [...] afin de dupliquer les cassettes » (Le Monde, 1983).
2 ♦ (1767) Mère de vinaigre : membrane gélatineuse formée à la surface d'un liquide alcoolique par les mycodermes de la fermentation acétique.
⊗ HOM. Maire, mer.
mère 2. mère [ mɛr ] adj. f.
• 1369; lat. mera, fém. de merus « pur »
♦ Techn. Pur, fin. La mère goutte.
● mère nom féminin (latin mater) Femme qui a mis au monde un ou plusieurs enfants : Être mère de trois enfants. Cette femme par rapport à ses enfants : Demande à ta mère si tu peux sortir ce soir. Femelle d'un animal qui a eu des petits : Des chatons qui tètent leur mère. Femme qui joue le rôle d'une mère : Une mère adoptive. Symbole littéraire de la source de quelque chose, du pays d'origine, d'élection de quelqu'un : L'oisiveté est la mère de tous les vices. En apposition à un mot, indique ce qui est à l'origine, au centre : Quelle est l'idée mère de cet ouvrage. Agriculture et Arboriculture Végétal cultivé en vue de la reproduction. Céramique Contre-épreuve en plâtre d'un modèle type dont on tire des séries de moules destinés au façonnage des céramiques. Électroacoustique Synonyme de disque mère. Histoire Dans le compagnonnage, titre donné à des femmes tenant une auberge à l'usage des compagnons. Mythologie Surnom de plusieurs déesses grecques ou romaines (Rhéa, Cybèle, Gaia, Matuta, Déméter). Religion Titre donné à une Église ou à une abbaye qui en a fondé d'autres. Titre qu'on donne aux abbesses et supérieures de couvent, et à toutes les religieuses de chœur dans certaines communautés. Supérieure d'une communauté religieuse. Sylviculture Couche génératrice des formations subéreuses du chêne-liège. Viticulture Synonyme de bras de vigne. ● mère (citations) nom féminin (latin mater) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Le cœur d'une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon. La Femme de trente ans Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa mère. Fables, la Carpe et les Carpillons Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 L'asile le plus sûr est le sein d'une mère. Fables, la Mère, l'Enfant et les Sarigues Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Oh ! l'amour d'une mère ! amour que nul n'oublie ! Pain merveilleux qu'un dieu partage et multiplie ! Table toujours servie au paternel foyer ! Chacun en a sa part, et tous l'ont tout entier ! Les Feuilles d'automne, Ce siècle avait deux ans Gabriel Marie Legouvé Paris 1764-Paris 1812 Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois ta mère. Le Mérite des femmes Bible Honore ton père et ta mère, comme te l'a commandé Yahvé, ton Dieu, afin d'avoir longue vie et bonheur sur la terre que Yahvé ton Dieu te donne. Ancien Testament, DeutéronomeV, 16 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● mère (difficultés) nom féminin (latin mater) Orthographe 1. On écrit sans trait d'union les expressions : fille mère (→ fille), idée mère, langue mère, maison mère, reine mère, société mère, dans lesquelles mère est en apposition. 2. On écrit avec trait d'union : grand-mère, mère-grand, belle-mère, ainsi que les termes d'anatomie : dure-mère et pie-mère. 3. On écrit, avec une minuscule : la mère Agnès, supérieure de l'abbaye de Port-Royal. - Avec une majuscule : la fête des Mères. Construction Le père et la mère / les père et mère. → le ● mère (expressions) nom féminin (latin mater) Familier. La mère X, madame X : Qu'est-ce qu'elle t'a encore raconté la mère Durand ? Fête des Mères, jour de l'année où l'on honore les mères de famille. Mère de famille, femme qui a un ou des enfants. Mère patrie, pays où l'on est né, patrie considérée sur un plan affectif. Mère porteuse, mère de remplacement ou de substitution, femme portant dans son utérus un ovule fécondé d'une autre femme. Petite mère, appellatif affectueux à l'égard d'une femme âgée ou d'une petite fille. Mère de vinaigre, voile qui se forme sur un liquide alcoolique, constitué de micro-organismes capables de transformer l'alcool en acide acétique, mais aussi de suroxyder l'acide acétique en gaz carbonique. Mère de famille, synonyme de joubarbe. Maison mère, établissement principal d'une firme où sont situés, le plus souvent, les services généraux et la direction. Société mère, société ayant sous sa dépendance financière, d'autres sociétés dites filiales. Madame Mère, titre donné à Letizia, mère de Napoléon Ier, à partir de la proclamation de l'Empire. Langue mère, état de langue qui est à l'origine d'autres états de langue dans le processus d'évolution linguistique. Grande mère ou Mère des dieux, autres noms de Cybèle. Maison mère, principal établissement d'un ordre religieux dont dépendent les autres communautés. Mère de Dieu, nom donné à Marie, mère de Jésus. ● mère (homonymes) nom féminin (latin mater) maire nom masculin mer nom féminin ● mère (synonymes) nom féminin (latin mater) Symbole littéraire de la source de quelque chose, du pays d'origine...
Synonymes :
- ferment
- germe
- origine
- point de départ
- préliminaires
Botanique. Mère de famille
Synonymes :
- joubarbe
Synonymes :
- Électroacoustique. disque mère
- Viticulture. bras de vigne
● mère
adjectif féminin
(ancien français mier, pur, du latin merus)
Mère goutte, vin qui coule de la cuve ou du pressoir avant que le raisin ait été pressé ; première huile qui coule des olives pressées.
Mère laine, laine la plus fine.
● mère (expressions)
adjectif féminin
(ancien français mier, pur, du latin merus)
Mère goutte, vin qui coule de la cuve ou du pressoir avant que le raisin ait été pressé ; première huile qui coule des olives pressées.
Mère laine, laine la plus fine.
mère
n. f.
rI./r
d1./d Femme qui a donné naissance à un ou plusieurs enfants. Mère de famille.
|| RELIG CHRET La mère de Dieu: la Vierge Marie.
|| (Afr. subsah.) Fam. Petite mère ou mère: soeur cadette de la mère.
|| Litt. Femme dont, symboliquement ou par filiation, est issue une lignée. ève, la mère de tous les hommes.
— Fig. La mère patrie: la patrie.
d2./d Femelle d'un animal qui a eu un, des petits.
d3./d La mère supérieure: la supérieure d'un couvent de femmes.
|| Titre donné aux religieuses professes de certains ordres. Mère Teresa.
rII./r
d1./d Terre d'élection, lieu où qqch prend naissance. La Grèce, mère des arts.
|| Fig. L'oisiveté est mère de tous les vices.
d2./d (En appos.) Source, point de départ. Langue mère.
|| Maison mère: V. maison, sens III, 3.
|| Fig. Idée mère d'une oeuvre.
|| CHIM Eau mère: solution aqueuse qui a laissé déposer des cristaux.
d3./d TECH Pièce obtenue à partir d'un original.
— Spécial. Pièce qui sert à obtenir la matrice à partir de laquelle les disques sont pressés.
|| Mère du vinaigre ou mère: membrane formée par les bactéries qui transforment le vin en vinaigre.
I.
⇒MÈRE1, subst. fém. et adj.
I. —Emploi subst. fém.
A. —Femme qui a mis au monde, élève ou a élevé un ou plusieurs enfants. Elle vient d'accoucher de son treizième; la mère et l'enfant se portent bien (DUMAS père, Kean, 1836, II, 2, p.125):
• 1. La femme est faite pour être mère: c'est sa fonction dans la nature et dans la société; tout ce qui ne sert pas à cette fonction est un hors-d'oeuvre.
MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p.112.
1. [Rapport de filiation naturelle]
a) [La mère, considérée dans ses rapports maternels et affectifs avec ses enfants] Être mère, (être) bonne, excellente mère; mère indigne; les bras, le coeur, les genoux, le giron d'une mère; la tendresse d'une mère, les larmes d'une mère. Ô l'amour d'une mère! Amour que nul n'oublie! Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie! (HUGO, Feuilles automne, 1831, p.717). Sans ordre, sans soins, mauvaise maîtresse de maison, mauvaise mère, et mauvaise épouse (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, M. Parent, 1886, p.597).
— En partic. Celle qui a porté, qui nourrit son enfant. Mère qui allaite son enfant; enfant qui tète sa mère. L'enfant participe plus sûrement de l'hypocrisie générale et des mensonges et des conventions de ses parents qu'il ne se nourrit de la mamelle de sa mère (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.190).
♦Le sein de la mère, le ventre de la mère. L'utérus. Les faibles mouvemens du foetus dans le ventre de sa mère doivent sans doute être regardés comme un simple prélude aux actes de la véritable vie animale (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.6). Cette femme, déterminée comme telle à trois mois dans le sein de la mère, le sexe la forme, la sculpte (MICHELET, Journal, 1856, 302).
— Être mère. Être enceinte. Suzanne m'envoya sa ceinture, le jour où elle sentit qu'elle était mère (JANIN, Âne mort, 1829, p.214).
♦Future mère. Le plaisir, la grâce d'orgie, l'élégance, le désordre, la mangeuse de fortune. Et voici l'opposé: le mariage, la dot, le ménage, l'économie, la future mère, l'épouse et le mariage (GONCOURT, Journal, 1865, p.153).
♦Rendre mère. Rendre une femme enceinte. C'est Fanette, au visage clair, Qu'un goujat rendit mère (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p.18).
b) [L'enfant considéré par rapport à sa mère] Aimer, adorer sa mère. — Ô mère bien-aimée, à qui je dois le jour, je te promets (...) de ne jamais imiter cet homme. — C'est parfait, mon fils: il faut obéir à sa mère, en quoi que ce soit (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.147).
— Rester, vivre dans les jupes de sa mère. V. jupe A 2.
— Jurer sur la tête de sa mère. Faire une promesse sur ce que l'on a de plus cher. Jurez-moi sur la tête de votre mère que vous ne parlerez à personne du mal qu'on vous a fait (ABOUT, Roi mont., 1857, p.258).
— PSYCHOL. Faire une fixation à la mère (v. aussi complexe oedipien). Une des [erreurs les] plus courantes, et qui vient renforcer dangereusement la fixation à la mère, est l'idéalisation déréglée de la femme (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.152).
c) [La mère, considérée par rapport au père, à la famille et à la société] La fête des mères. L'enfant ayant besoin d'une mère pour l'allaiter et l'élever, d'un père pour le protéger et le guider dans la vie, la famille est la raison d'être et la finalité de l'amour (MÉNARD, Rêv. paien, 1876, p.113):
• 2. La Française est un être de maison; elle veut garder les enfants chez elle et les élever (...) elle a un goût tenace de la famille, elle veut que la famille soit réunie dans les mêmes murs; avant tout, elle est une mère.
CHARDONNE, Ciel, 1959, p.16.
— Emploi adj. Dont l'instinct maternel est (plus ou moins) développé. [La mère] agit et prévoit, elle aime plus ou moins; elle est plus ou moins mère (MICHELET, Oiseau, 1856, p.3).
♦Être plus mère qu'épouse, plus épouse que mère. Être plus soucieuse de ses devoirs de mère que d'épouse (ou inversement). Elle était, aux yeux de Daniel, devenue autre, à la fois moins grisante et plus humaine, — plus épouse et plus mère (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.143).
♦Mère abusive. V. abusif.
— Père et mère. [Emploi coll. pour parents] N'avoir ni père ni mère. Synon. être orphelin. [P. exagér. pour désigner des pers. auxquelles on est très attaché] Quand elle rit, c'est ben simple, le meilleur des hommes renierait père et mère (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.238).
♦[P. allus. biblique Tes père et mère honoreras] Ce mystère le troubla, lui rappelant la parole de Dieu: Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.122).
— Mère de famille. Femme mariée s'occupant de la maison et des enfants. Elle est encore jolie, bonne, douce; c'est une excellente mère de famille, fidèle à tous ses devoirs, pieuse et non dévote (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.292).
♦Mère gigogne (fam.). Mère de famille nombreuse. Neveux et nièces, petits-neveux et petites-nièces de madame Danquin qui, sans enfants, était néanmoins une mère Gigogne (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.502).
— DR. Mère au foyer. Mère se consacrant aux charges de son foyer et bénéficiant à ce titre d'une allocation spéciale. Le montant mensuel de l'allocation de salaire unique et celui de l'allocation de la mère au foyer sont fixés par décret en fonction, le cas échéant, du nombre d'enfants à charge et de leur âge (Réforme Séc. Soc., 1968, p.49).
— Mère célibataire, fille(-)mère. V. fille II A 2 b.
— RELIG. La mère de Dieu, la vierge mère. Marie, mère de Jésus et p. ext. mère de tous les chrétiens. Douce Vierge d'un Voeu, Toi notre bonne Mère, Appuie auprès de Dieu Les paroles de feu De toute humble prière, En ce lieu de Porrière (NOUVEAU, Valentines, 1886, p.244).
d) P. anal. [Chez les animaux] Femelle ayant eu ou élevant des petits. Les animaux nouveau-nés n'ont besoin de leur mère que pendant quelques mois (LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p.451). La mère lièvre (COLETTE, Sido, 1929, 95):
• 3. Il y a des Poil de Carotte parmi les petits poulets. J'en vois un que sa mère chasse de dessous ses ailes, qu'elle crible de coups de bec, simplement peut-être parce qu'il a une tache noire mal placée au goût de sa maman.
RENARD, Journal, 1901, p.670.
— Mère poule. Des pouillards déjà gros trottaient autour d'une mère poule (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.319). P. anal. Femme qui fait preuve d'une vigilance inquiète à l'égard de ses enfants. Quelle admirable mère poule vous faites, ma chérie (AYMÉ, Tête autres, 1952, p.105).
— Loc. fig. (allus. littér.). Faire des contes de ma mère l'oie. Raconter des histoires peu crédibles. Qu'importent ces balivernes à un enfant de son âge. Il s'amuse de cela comme de contes de la mère l'oye (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.119).
e) Appellatif
— Madame mère. [Titre donné à la mère d'une personnalité importante ou employé ironiquement] Je me dirigeai vers la bibliothèque. Madame mère faisait de la chaise longue (H.BAZIN, Vipère, 1948, p.93).
— Madame + nom de famille + mère. [Appellation permettant de distinguer la mère de l'épouse portant un nom identique] Madame Bovary mère pensait à son mari. Les pires jours d'autrefois lui réapparaissaient enviables (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.99).
— Reine(-)mère. Mère d'un roi régnant. C'est la reine-mère, Marie-Julie; reine douairière, à son âge, c'est de bonne heure, c'est terrible (SCRIBE, Bertrand, 1833, I, 1, p.122).
Rem. En ce qui concerne les rapports de filiation au second, troisième degré, voir: (arrière)-grand-mère, mère-grand, archaïsme ou emploi plaisant pour grand-mère (plur. mères-grand). Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C'est la maclotte qui sautille Toutes les cloches sonneront (APOLL., Alcools, 1913, p.81). Rapport de filiation indirecte: belle-mère.
2. P. ext. [Sans rapport de filiation naturelle]
a) Mère adoptive, d'adoption. Femme ayant obtenu le statut de mère par un acte légal lui ouvrant des droits identiques à ceux d'une mère naturelle; p. ext. personne que l'on considère un peu comme sa propre mère. Un mariage lui acquérait le droit de vivre avec sa tante, la duchesse de Verneuil, soeur du prince de Blamont-Chauvry, qui pour elle était une mère d'adoption (BALZAC, Lys, 1836, p.60).
b) Mère nourrice, nourricière. Femme ayant élevé au sein un ou plusieurs enfants autres que les siens:
• 4. Toute science ne s'acquiert que par l'expérience. Enseigner aux enfants la vertu par la théorie de la morale, c'est leur enseigner à parler par la grammaire, et à marcher par les lois de l'équilibre: sur tous ces points, leurs mères nourrices leur feraient faire plus de progrès que tous les professeurs des académies.
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.283.
— Au fig. L'agriculture est sainte; elle est la mère nourrice de l'homme, et celui qui sème un grain de blé fait une action agréable aux dieux (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.268).
c) Toute femme ou jeune fille remplissant un rôle maternel. Agir, se comporter en mère, être une vraie mère pour qqn. Elle est digne de l'aimer en mère; mais elle est trop aimable pour n'être pas aimée d'une autre manière (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.42).
— THÉÂTRE. Type de rôle d'acteur. Jouer les mères nobles. Étant la seule femme de la troupe, elle jouait les mères, les épouses, les amantes (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.76).
— P. anal. Mère (aux chats). Femme reportant toute son affection sur un animal:
• 5. Je me méfie, dit le Duc, des gens qui ont tant d'amour pour les bêtes: c'est souvent qu'ils reportent sur elles l'amour qu'ils n'ont pas pour les hommes. La mère aux chats est presque toujours une femme méchante.
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.445.
d) Arg., vieilli. Mère d'occase. Entremetteuse; ,,pseudo-mère d'actrice. Mère de fille galante qui fait la cuisine, cire les bottes et débat les prix`` (RIGAUD, Dict. du jargon paris., 1878 ds QUEM. DDL t.23).
3. Expr. proverbiales vieillies
a) [P. réf. à FLORIAN, La Mère, l'enfant et les Sarrigues, 1792, III, 1]: L'asile le plus sûr est le sein d'une mère.
b) C'est le ventre de ma mère, je n'y retourne plus. L'expérience ne vaut pas la peine qu'on la renouvelle. (Dict. XIXe s.).
c) Il veut apprendre à sa mère à faire des enfants. Vouloir donner des leçons à une personne plus expérimentée que soi (Dict. XIXe s.).
B. —P. anal.
1. Femme qui par sa position sociale dirige d'autres personnes ou exerce des responsabilités auprès d'elles.
a) Supérieure d'un couvent. Mère-abbesse. Rien n'existe à ses yeux, ni l'ordre, ni la mère supérieure devant qui chacun tremble, ni les pensées du saint fondateur (JOUVE, Paulina, 1925, p.181).
— Religieuse professe. Mère Marie de Sainte-Anne-d'Auray, mère Marie de la Visitation, mère Marie de je ne sais plus quel saint (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.76).
b) Vieilli. [Dans les sociétés de compagnonnage] Hôte ou hôtesse d'une auberge fournissant gîte et couvert à des compagnons (v. ce mot II B); p. méton. l'auberge elle-même:
• 6. Par Mère, on entend l'hôtellerie où une société de compagnons loge, mange et tient ses assemblées. L'hôtesse de cette auberge s'appelle aussi la Mère; l'hôte, fût-il célibataire, s'appelle la Mère. Il n'est pas rare qu'on joue sur ces mots et qu'on appelle un bon vieux hôtelier le père la Mère
SAND, Compagn. Tour de Fr., 1840, p.92.
2. a) [Comme appellation fam.]
— Mère + nom propre. Titre donné à une personne âgée par familiarité ou ironie. La Mère Michel. Cette pauvre mère Chantemesse, elle a au moins soixante-douze ans. J'étais gamine, qu'elle achetait déjà ses navets à mon père (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.613).
— Grosse mère. Femme d'un certain âge arrondie par l'obésité. Une grosse mère, échouée sur une banquette au milieu d'une tribu de mioches mal mouchés (ZOLA, Œuvre, 1886, p.310).
Rem. S'applique de manière hypocoristique à une petite fille bien potelée (v. gros père). Synon. grosse mémère.
b) Appellatif fam. ou jurons
— Petite mère. [Terme d'affection pour appeler, désigner sa mère ou toute pers. qui en tient lieu]:
• 7. Mais l'enfant, égayé justement par cette aubaine, gigotait, riait à s'étouffer. — Non, non... Reste, petite mère... Joue, petite mère... Elle patientait, elle se montrait très douce, répétant avec des caresses: — Fais dodo, mon chéri... Fais dodo, pour me faire plaisir.
ZOLA, Débâcle, 1892, p.532.
♦Appellatif pop. — Ma fille, vous savez que cette lampe coûte très cher, et qu'on ne peut la réparer qu'en Angleterre. (...) — Hé! dis donc, la petite mère, et ton pot de chambre... Est-ce qu'il coûte très cher?... (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.24).
— Bonne mère. [Région., p. réf. à Notre-Dame de la Garde de Marseille, appelée «bonne mère»] Juron marseillais. Bonne mère, que les diables de la mer lui mangent son bateau [à Marius] sous les pieds! (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 6, p.96).
C. —Celle, ce qui est à l'origine des êtres ou des choses
1. [Désignant des pers. ou des personnages mythol.]
a) Ève, mère du genre humain. — I dit qu'alle a eu un éfant. — Elle n'est pas la première à qui ça arrive, depuis notre mère Ève (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Père Amable, 1886, p.216).
b) MYTH. Mère, déesse(-)mère. Nom donné à plusieurs déesses de la fécondité (Astarté, Cybèle, Isis). Toi [Astarté], déesse, toi la mère des dieux et des hommes, la joie et la douleur du monde! (LOUYS, Aphrodite, 1896, p.41).
2. P. métaph. [Désignant, par personnification des entités communes au genre humain ou à une partie de l'humanité]
a) Mère, mère universelle. La nature. Nature! abri de toute créature! Ô mère universelle! indulgente nature! (HUGO, Voix intér., 1837, p.290).
b) Mère, mère commune, terre(-)mère. La terre, celle qui engendre, produit et nourrit. Les entrailles de la terre, notre seconde mère, nous enfanteront à l'éternité dont nous n'avons pas aujourd'hui la plus légère notion (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.623).
— Emploi adj. Ces rapports réciproques entre la terre mère ou nourrice et la vie organisée qu'elle supporte et alimente, ne sont pas également apparents (VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p.117).
c) RELIG. L'église, qui rassemble tous les fidèles chrétiens. Révérendissime père, notre Mère la Sainte Église vous demande d'élever ce sous-diacre à la charge de diacre (BILLY, Introïbo, 1939, p.138).
3. [Désignant un lieu] Ville, pays d'origine de. Synon. berceau. La Grèce est la mère des ergoteurs, des rhéteurs et des sophistes (TAINE, Philos. art, t.2, 1865, p.102).
— La mère(-)patrie. Patrie d'origine. J'ai reçu bien des lettres de nos religieux accourant pour défendre la mère patrie (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1914, p.117).
4. Au fig.
a) Source, cause de. La haine est la mère de la guerre; la mère est infâme, la fille est affreuse (HUGO, Actes et par., 4 1885, p.96).
b) Proverbes et maximes
— La prudence est mère de la sûreté (v. PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, III, 2, p.131). La chasteté est la mère des vertus (v. JOUBERT, Pensées, 1824, p.200) L'ignorance est la mère de tous les crimes (v. BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.404). L'oisiveté est la mère de tous les vices (v. REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.344).
1. BOT., HORTIC. [En compos.] Branche, pied, plante destiné(e) à la multiplication. La vulgarisation des méthodes de sélection clonale en France est récente et la surface plantée en pieds-mères de clones est encore réduite (LEVADOUX, Vigne, 1961, p.124):
• 8. ... s'obstinant à vouloir coucher d'équerre les duchesses qui devaient former les cordons unilatéraux, il les cassait ou les arrachait invariablement. Quant aux pêchers, il s'embrouilla dans les sur-mères, les sous-mères et les deuxièmes sous-mères.
FLAUB., Bouvard, t.1, 1880, p.41.
2. POTERIE. Moule en plâtre destiné à reproduire de nouveaux modèles. On peut couler sur [un] modèle-type cinquante modèles qu'on appelle des mères (Al. BRONGNIART, Arts céram., t.1, 1844, p.129).
3. Mère du vinaigre. Membrane gélatineuse se formant à la surface du vinaigre et étant à l'origine d'une nouvelle production. N'oublions pas la bonbonne de vinaigre, où nage une mère vineuse et plantureuse comme un poumon (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p.256).
II. —Emploi adj. ou en appos. Qui est à l'origine, qui est la source, la cause principale (de).
A. —Lang. cour. Shakespeare est au nombre des cinq ou six écrivains qui ont suffi aux besoins et à l'aliment de la pensée: ces génies-mères semblent avoir enfanté et allaité tous les autres (CHATEAUBR., Litt. angl., t.1, 1836, p.276). Tout à coup on se trouve dans la principale rue, dans la rue mère d'où s'engendre tout le village, lequel est situé sur la croupe de la falaise (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p.152).
— Idée(-)mère. Idée principale (d'une théorie, d'un ouvrage), dont découlent toutes les autres. Synon. idée maîtresse. La distinction de l'acte et de la puissance, une des idées mères de sa philosophie (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p.21).
— Maison mère. Établissement religieux principal dont relèvent un certain nombre de communautés. Le moine faisait en Illyrie de fréquents voyages, chargé de missions entre la maison mère de la rue des Fourneaux et les couvents franciscains de Zara et de Raguse (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p.131).
♦P. ext. Établissement principal dont dépendent un certain nombre de succursales. Société mère. Commerce entre maisons mères et filiales (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p.187).
B. —Emplois techn.
1. BEAUX-ARTS. Couleur mère. Couleur primitive permettant d'en composer de nouvelles. Les couleurs peuvent être profondes ou légères, riches de teinture ou neutres, c'est-à-dire plus sourdes, franches, c'est-à-dire plus près de la couleur mère (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p.318).
2. BIOL. Cellule mère.
3. BOT. Branche mère. Il y a une combinaison harmonique visible de la vibration affolée de la feuille avec celles de la tigelle, du rameau, puis de la branche mère et de la grosse branche aïeule (VALÉRY, Tel quel II, 1943, p.123).
4. CHIM. Liqueur, solution mère. Eau(-)mère. Eau saline saturée après cristallisation. L'eau mère qui a fourni ces cristaux est elle-même complétement inactive (PASTEUR ds Ann. chim. et phys., t.24, 1848, p.458).
5. DOCUM., MICROGRAPHIE. Microfiche-mère. V. microfiche.
6. GÉOL. Roche(-)mère. Roche servant de base principale à certains terrains. La roche mère des Cévennes, un moment abolie sous les avalanches d'humus (...) reparaît ici dans toute sa force (FABRE, Oncle Célestin, 1881, p.162).
7. LING. Langue(-)mère. Langue d'où sont normalement issues un certain nombre d'autres langues. La plupart des langues que nous appelons mères, ne sont elles-mêmes que des dérivés (BOUCHER DE PERTHES, Création, t.3, 1864, p.345). Le latin est la langue-mère du français (MAR. Lex. 1951):
• 9. Le premier comparatiste qui proposa des reconstitutions précises, Schleicher, figura la genèse des langues indo-européennes sous la forme d'un arbre généalogique: de la langue-mère se seraient détachés comme d'un tronc commun des rameaux qui (...) aboutiraient aux différentes langues par une série de ramifications successives.
Lang. Monde, 1952, p.XXX.
8. MUS. Note(-)mère. V. médian I.
Rem. V. les comp. dure-mère, pie-mère.
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: mere; 1740: mére; dep. 1762: mère. Étymol. et Hist. 1. a) 2e moitié du Xe s. medre «femme qui a mis un enfant au monde» (St léger, 137 ds T.-L.); 1510 mère de famille (Nouveau coutumier général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.4, p.1168); 1848 fille-mère (H. TAMPUCCI, Poésies anciennes et nouv., 309 ds QUEM. DDL t.15); b) fin Xe s. madre «la vierge Marie» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 353); ca 1200 la mere Deu (J.BODEL, Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, t.1, 714); 1324 mère «nourrice» (doc. ds LA CURNE); 1552 mère nourrice (EST.); c) 1874 mère noble (Lar. 19e); d) 1721 ma bonne mère (Trév. avec citat. de Mlle L'Héritier [1664-1734]); 1756 ma petite mère (Théâtre des boulevards, Léandre grosse, III, 188 ds QUEM. DDL t.18); 2. a) ca 1130 mere iglise de parosse «église métropolitaine» (Lois G. Le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 1, 1); fin XIIe s. nostre meire Sainte Eglise (Sermons St Bernard, éd. W.Foerster, p.33, 15); b) 1580 mère «hôtesse mariée» (d'apr. ESN.); 1790 aubergiste mère (Proc.-Verb. Com. Agr. et Comm. du 27 oct. ds BRUNOT t.9, p.1186); c) 1612 mère (une telle) «religieuse professe» (D'AUBIGNÉ d'apr. FEW t.6, 1, p.469a); 1664 la mère supérieure (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre à M. de Pompone du 24 nov. ds Lettres, éd. Monmerqué, t.1, p.446); 3. a) ca 1200 mère «femelle d'un animal qui a des petits» (Aiol, 2712 ds T.-L.); b) 1546 oysiveté est mère de luxure (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXXI, p.219); c) 1558 mère (des arts, des lois, etc.) «lieu d'origine» (DU BELLAY, Regrets IX, éd. Droz, p.43); 1616 nostre mère hardie (la France) (A. D'AUBIGNÉ, Tragiques, éd. E. Réaume et De Caussade, t.4, p.73); 1774 mère patrie «pays qui a fondé une colonie» (Gazette des Deux-Ponts, n°14, 17 févr., 110 ds QUEM. DDL t.21); d) 1605 mère-souche «souche d'un arbre coupé à ras, dont on tire des marcottes ou des greffes» (OL. DE SERRES, Théâtre d'agriculture, 163); 1721 mère branche (Trév.); 1690 langue mère (FUR.); 1745 idée mère (CHARP, Hist. nat. de l'âme, p.112); 4. 1868 mère de vinaigre (LITTRÉ). Du lat. mater «mère (d'un homme ou d'un animal); métropole, patrie; cause, origine». Fréq. abs. littér.: 37022. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 47267, b) 72605; XXe s.: a) 50402, b) 47903. Bbg. BALDINGER (K.). «Mutter (seelen) allein, mutternackt», «mère-seul, mère-nu»... Z. rom. Philol. 1956, t.72, pp.88-107. — GAK (V.G.). On the problem of general semantic laws. Linguistics. La Haye. 1976, n°182, p.50. — KUZNECON (A.M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye. 1974, n°125, p.8. — QUEM. DDL t.2, 14, 18, 19, 21.
II.
⇒MÈRE2, adj.
TECHNOL. [Uniquement en compos.]
A. — Mère(-)goutte. Jus coulant du raisin dans le pressoir avant que l'on ne le presse pour le transformer en vin. Le vin, dit de mère-goutte, était apprécié autrefois et choisi pour acquitter les redevances (FÉN. 1970).
B. — Mère laine. Laine la plus fine que l'on puisse obtenir de la tonte des brebis. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth. V. mère1. Étymol. et Hist. a) 1369 mere goute (d'apr. GDF. Compl.); ca 1393 (Ménagier, Sté Bibliophiles fr., t.2, p.260); b) 1606 maire-laine (NICOT); 1680 mère-laine (RICH.). Empr. au lat. merus «pur» qui a donné la forme pop. mier «pur (en parlant de l'or)», ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 2538. BL.-W.5.
1. mère [mɛʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1050; madre, medre, v. 980; lat. mater.
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1 Femme qui a donné naissance à un ou plusieurs enfants. || Être mère à vingt ans. || Être, devenir mère : avoir un enfant, accoucher. || Elle va être mère, devenir mère pour la troisième fois. || Future mère. → ci-dessous B., 3. || La joie d'être mère (⇒ Maternité). — (V. 1935). || Fête des Mères.
1 (…) la femme n'est dans sa véritable sphère que quand elle est mère; elle déploie alors seulement ses forces, elle pratique les devoirs de sa vie, elle en a tous les bonheurs et tous les plaisirs. Une femme qui n'est pas mère est un être incomplet et manqué.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 251.
♦ Une mère, la mère de qqn. || Coûter (cit. 17) la vie à sa mère. || Fille blonde comme sa mère (→ Ardent, cit. 7). || Une veuve, mère de deux garçons. || La mère de sa femme (⇒ Belle-mère), de son père (⇒ Grand-mère, mère-grand). || Madame (cit. 9) votre mère. || La mère du roi; par appos. la reine mère.
2 Telle était la mère de Dostoïevski, docile, totalement soumise à son mari, la servante chrétienne de la famille, partagée entre le ménage, les couches, la prière et le soin des enfants.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », I.
♦ (1510). || Mère de famille : femme mariée qui a un ou plusieurs enfants (→ Héroïsme, cit. 13; 2. idéal, cit. 7).
♦ Relig. chrét. || Marie, mère de Dieu (→ Adorer, cit. 4). Par appos. || La Vierge mère (→ Intégrité, cit. 5). ⇒ Conception (Immaculée Conception). || Sanctuaire de la Bonne Mère (Notre-Dame de la Garde) à Marseille. — Marie, mère de tous les chrétiens.
3 Je ne veux plus aimer que ma mère Marie.
Verlaine, Sagesse, II, I.
♦ (1832). Régional. || Bonne mère !, exclamation.
4 (César, les yeux au ciel) — Bonne mère, c'est un meurtre, mais c'est lui qui l'a voulu !
M. Pagnol, Marius, II, 2.
➪ tableau Principales interjections.
2 (XIIIe). En parlant des animaux. Femelle (cit. 3) qui a un ou plusieurs petits. || Un faon (cit. 2) et sa mère (→ Bramer, cit. 1). || Agneau qui tète encore sa mère (→ Frère, cit. 15). || L'autruche, dès sa naissance, s'éloigne de sa mère (→ Éducation, cit. 17).
5 (…) Bijou (une chatte), en trois ans quatre fois mère, qui portait à ses mamelles un chapelet de nouveau-nés (…)
Colette, la Maison de Claudine, p. 65.
♦ Apic. Reine d'un essaim d'abeilles.
3 Mère porteuse.
B (Emplois spéciaux du sens A, 1).
1 Femme, par rapport à ses enfants, dans la société, dans la famille (cit. 15, 19 et 25), devant la loi. || Régime donnant l'autorité légale à la mère. ⇒ Matriarcat. || Parents par leurs mères (⇒ Cognat, cognation); frères (cit. 1) et sœurs de mère (⇒ Utérin). || Ascendance du côté de la mère. ⇒ Matrilinéaire. || Orphelin de mère, de père et de mère. || Droits de la mère sur ses enfants (→ Administrateur, cit. 1; contribuer, cit. 4; curateur, cit. 4). || Devoir des enfants (cit. 22) envers leur mère. || « Tes père et mère honoreras » (Bible). ⇒ Parent.
6 Eugénie pourra renoncer purement et simplement à la succession de sa mère (…) Mais, pour obtenir un partage de ce genre, ne la rudoyez pas.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 617.
♦ Les relations entre mère et enfants. || Affection (cit. 5 et 15), amour, caresses (cit. 5), dévouement, gâteries (cit. 1), sollicitude d'une mère. ⇒ Maternel (cit. 2). || L'instinct de mère. ⇒ Maternel. || Jeune mère qui allaite, berce, cajole son nourrisson (→ Câlin, cit. 1), lui donne le sein… || Enfants pendus aux jupons (cit. 3) de leurs mères. || Appeler sa mère « Maman », « Mère », « petite mère »… || Il faudra que j'en parle à ma mère, et, pop. (dans le parler rural), à la mère. — Mère qui raffole de son fils (→ Assortir, cit. 3), l'élève jalousement (cit. 2), le couve. — Fam. || Mère cigogne, mère poule. — Mère abusive, castratrice. || Enfant sous le joug de sa mère (→ Indépendance, cit. 4). — Fils qui a un culte (cit. 10) pour sa mère. || Enfant dénaturé (cit. 10), injuste (cit. 4) envers sa mère. — Mère dénaturée. ⇒ Marâtre. || Tuer sa mère (⇒ 1. Matricide, 2. matricide, parricide). || Inceste (cit. 2 et 3) d'une mère et de son fils.
7 L'asile le plus sûr est le sein d'une mère.
Florian, Fables, II, 1.
8 Oh ! l'amour d'une mère ! amour que nul n'oublie !
Pain merveilleux qu'un dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer !
Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier !
Hugo, les Feuilles d'automne, I.
9 (…) et la première pensée des mères est, comme l'a si poétiquement dit Virgile, de serrer leurs enfants sur leur sein au moindre événement…
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 927.
10 On aime sa mère presque sans le savoir, sans le sentir, car cela est naturel comme de vivre; et on ne s'aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière.
Maupassant, Fort comme la mort, II, I.
♦ Adj. (attribut). Qui assume la fonction maternelle (d'une femme). || Femme qui est plus mère qu'épouse (cit. 8), qui aime mieux ses enfants que son mari. || Elle se sentit moins mère, moins attachée à ses enfants (→ Loger, cit. 20).
11 Thérèse n'était pas mère, — inexplicablement dénuée de cet instinct qui permet aux autres femmes de transférer leur propre vie dans les êtres qu'elles ont mis au monde.
F. Mauriac, la Fin de la nuit, III.
2 N. f. (1961). || Mère célibataire : femme non mariée qui a un ou des enfants. Ce mot composé a remplacé fille mère, considéré comme péjoratif. — REM. On écrit parfois mère-célibataire.
11.1 C'est la situation classique de la femme absorbée par son travail, dont l'enfant est en crèche. La vie de ces femmes sera mieux décrite, ultérieurement, par les mères célibataires, qui représentent le point ultime de l'aliénation et de l'éclatement.
Hélène Larrive, les Crèches, p. 39.
3 (1690). Femme qui a conçu et porte un enfant (syn. : future mère, au sens 1). ⇒ Enceinte. || Le ventre, les flancs, les entrailles, le sein de la mère. || Union intime du fœtus (cit. 2) et de la mère pendant la gestation. — Rendre une femme mère (→ fam. Mettre enceinte). || Il refuse d'épouser la jeune fille qu'il a rendue mère.
12 On lui choisit un époux. Elle devient mère. L'état de grossesse est pénible presque pour toutes les femmes.
Diderot, Sur les femmes.
13 (Il) Détache la ceinture à la belle étrangère,
Et la vierge en ses bras devient épouse et mère.
André Chénier, les Bucoliques, XXV.
———
II
1 (1616). Femme qui est comme une mère.
♦ (1893). || Mère adoptive. — Servir de mère à une jeune fille (→ Guide, cit. 4), être une vraie mère pour elle (⇒ Maternel).
14 Le général Hugo avait deux objectifs : (…) faire accepter par ses enfants la nouvelle Mme Hugo qui était, disait-il, « une seconde mère pour vous tous ».
A. Maurois, Olympio, III, I.
15 Je n'ai aucune sympathie particulière pour votre mère adoptive (…) Mais (…) son attitude répondait à des sentiments louables. Elle a voulu vous traiter comme son enfant, se faire aimer de vous comme d'un enfant à elle (…)
J. Romains, Une femme singulière, IV.
♦ (1552). || Mère nourrice : femme qui allaite et soigne un enfant qu'elle n'a pas elle-même mis au monde.
♦ (1874). Théâtre. || Jouer les mères nobles, les rôles de femme âgée et d'une condition sociale élevée.
2 Celle qui veille aux intérêts d'une communauté, d'une collectivité.
♦ (1612). Spécialt. (Dans des expressions). Supérieure d'un couvent. || La mère prieure. || La mère abbesse.
♦ Ellipt. || La mère Angélique Arnaud. || Religieuses qui discutent les ordres de leur Mère (→ Liguer, cit. 3).
16 La mère de Moni n'approuvait point ces exercices de pénitence qui se font sur le corps (…) Elle voulait que ses religieuses se portassent bien, et qu'elles eussent le corps sain et l'esprit serein.
Diderot, la Religieuse, Pl., p. 297.
♦ Fig., spécialt. || Notre mère la sainte Église. || L'Église, mère des fidèles.
♦ Titre de vénération donné à une religieuse professe. || Mère Saint-Jean de la Croix. — (Appellatif). || Merci, ma Mère.
17 Les prieures et les mères portent presque toujours des noms empreints d'une gravité particulière, rappelant, non des saintes et des martyres, mais des moments de la vie de Jésus-Christ, comme la mère Nativité, la mère Conception, la mère Présentation, la mère Passion.
Hugo, les Misérables, II, VI, II.
♦ (1580). Dans le compagnonnage, Femme qui tenait une auberge pour les compagnons.
3 (1798). Appellation familière, pour madame, dont on use à l'égard d'une femme d'un certain âge. || La mère Chasle (→ Hibou, cit. 6). || La mère Plutarque (→ 1. Lire, cit. 21). || C'est la mère Michel qui a perdu son chat, chanson enfantine. — Mère Chose (→ Machin, cit. 2).
♦ (1736). Appellatif. || Ma petite mère !
♦ (1874). || La mère !, mère Un tel ! || Hé ! la mère, la petite mère !
♦ Spécialt. || La mère Gigogne (→ Fécondité, cit. 2). || Contes de ma mère l'Oie.
18 — C'est bien, c'est bien ! dit Emma. Au revoir, mère Rollet !
Flaubert, Mme Bovary, II, III.
19 La mère Bouquet, une femme énorme, se défend à son comptoir contre vingt mains avides.
R. Dorgelès, les Croix de bois, VI.
♦ Franç. d'Afrique. Terme de respect à l'égard d'une femme plus âgée que soi, avec qui on a des liens affectifs.
4 (V. 1265). Littér. Femme qui est à l'origine d'une race. || Ève, notre mère à tous. || Les romances que chantaient nos mères. ⇒ Aïeul (→ Inédit, cit. 2).
♦ Myth. || Cybèle, mère des dieux. — Par ext. || Les déesses mères, symboles de fertilité, de fécondité, dans les religions primitives (spécialt en Égypte, Phénicie…).
5 Littér. Réalité fondatrice. || La terre, notre mère commune, et, par appos., la terre mère (→ Inclinaison, cit. 5). — La patrie, mère commune d'un peuple (→ Berceau, cit. 4). — (1774, in D. D. L.). || La mère patrie (d'un État, d'une colonie…), l'État qui l'a fondée. ⇒ Métropole.
6 (1558). Vx ou littér. || Mère de… : lieu, pays d'origine et d'élection de… || France, mère des arts… (→ Lait, cit. 5, Du Bellay). || « Italie, mère de mes pensées » (→ 1. Hypogée, cit. 5, Apollinaire). || La Grèce, mère des ergoteurs (cit., Taine).
20 Grèce, ô mère des arts, terre d'idolâtrie,
De mes vœux insensés éternelle patrie (…)
A. de Musset, Premières poésies, « Vœux stériles ».
21 (Lesbos) Mère des jeux latins et des voluptés grecques (…)
Baudelaire, les Épaves, « Pièces condamnées », II.
7 (1552). Origine, source.
♦ ☑ Prov. Méfiance est mère de sûreté (→ Expérimenter, cit. 3, La Fontaine). ☑ La pauvreté est la mère des crimes (→ Défaut, cit. 2).
22 La révolte (…) est au principe de ce combat. Mère des formes, source de vraie vie, elle nous tient toujours debout dans le mouvement informe et furieux de l'histoire.
Camus, l'Homme révolté, p. 372.
23 L'oisiveté est mère de tous les vices, mais de toutes les vertus aussi.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 133.
♦ (En appos., fig.). || Branche mère d'un arbre, d'une rivière. || Les deux rues mères d'une ville (→ Artère, cit. 3). || Maison mère : établissement dont dépendent d'autres établissements ou succursales. — Biol. || Cellule mère (→ Gamète, cit. 2). — Chim. || Eau mère : ce qui reste d'une solution après cristallisation de la substance qui y était dissoute. — Ling. || Langue mère : « celle d'où est issue selon une descendance normale telle langue observée : le latin est la langue mère du français » (Marouzeau, Lexique de terminologie ling.). — Fictions mères de toute pensée humaine (→ Archétype, cit. 5). || Idée mère d'un ouvrage, celle dont il est le développement.
———
♦ Technique.
1 (1840). Moule en plâtre obtenu par le surmoulage d'un modèle type et servant à la fabrication des pièces de poterie. — Matrice (en galvanoplastie). || « Des réduplications successives par galvanoplastie (…) fournissent un “père” (en relief) et une “mère” (en creux) » (Science et Vie, 1974, no 105, p. 76).
2 (1867). || Mère du vinaigre : membrane gélatineuse formée à la surface d'un liquide alcoolique par les mycodermes de la fermentation acétique.
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CONTR. Fille, fils.
DÉR. et COMP. Mémère. Belle-mère, dure-mère, fille-mère, grand-mère, pie-mère. Mère-grand. Remérage. V. Commère.
HOM. Maire, mer, 2. mère.
————————
2. mère [mɛʀ] adj. f.
ÉTYM. 1369; lat. mera, fém. de merus « pur ».
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♦ Techn. Pur, fin (seulement dans quelques syntagmes).
0 (…) le plus pur jus de nos récoltes, la mère-goutte de nos cuvées passe par ces gosiers septentrionaux qui ne regardent pas au prix de ce qu'ils avalent.
Th. Gautier, Voyage en Russie, XVI.
Encyclopédie Universelle. 2012.