cochon [ kɔʃɔ̃ ] n. m.
• 1090; o. inconnue
I ♦
1 ♦ Mammifère de l'ordre des artiodactyles. Cochon sauvage. ⇒ sanglier. Cochon domestique. ⇒ porc. — Spécialt Le porc élevé pour l'alimentation (le plus souvent châtré) (opposé à verrat). ⇒ goret, pourceau. Cochon de lait : jeune cochon. ⇒ cochonnet, porcelet. Femelle du cochon. ⇒ truie. Groin, oreilles, pieds, queue de cochon. Élever, engraisser des cochons (⇒ porcherie, soue) . Tuer le cochon. — Viande de cochon. ⇒ charcuterie, fam. cochonnaille.
♢ Loc. fig. Nous n'avons pas gardé les cochons ensemble : pas de familiarités entre nous. Se demander si c'est du lard ou du cochon. Gros, gras, sale comme un cochon. Manger comme un cochon, très salement ou d'une manière vorace. Des yeux de cochon, petits et rapprochés. Écrire comme un cochon. Travail de cochon, mal fait, sans soin. C'est donner de la confiture aux cochons, offrir qqch. de beau à qqn qui est incapable de l'apprécier (cf. Jeter des perles aux pourceaux). — Ils sont copains comme cochons, très amis. — Il a une tête de cochon : il a mauvais caractère, il est très entêté. Quel caractère de cochon ! — Par ext. Un temps de cochon : un temps exécrable.
2 ♦ Par anal. Cochon d'Inde : cobaye. — Cochon de mer : marsouin. — Cochon d'eau : cabiai.
II ♦ N. et adj. COCHON,COCHONNE [ kɔʃɔ̃, kɔʃɔn ] Fam.
1 ♦ Personne qui est sale ou qui salit. ⇒ dégoûtant. Quel cochon, il a mis de la peinture sur le tapis !
2 ♦ Individu qui a le goût des obscénités. ⇒ vicieux. C'est un vieux cochon. — Par ext. Adj. Livres, films, dessins cochons. ⇒ pornographique. Une histoire cochonne, licencieuse. ⇒ grivois, paillard. Des yeux cochons.
3 ♦ Personne grossière, immorale. Cochon qui s'en dédit ! Loc. TOUR DE COCHON : sale tour. ⇒ vacherie. Il lui a joué un tour de cochon.
4 ♦ C'est pas cochon : c'est réussi, excellent.
● cochon nom masculin (peut-être onomatopée exprimant le cri du cochon) Synonyme de porc. Familier. Viande de porc. Sanglier, dans la terminologie cynégétique. ● cochon (citations) nom masculin (peut-être onomatopée exprimant le cri du cochon) Léon Bloy Périgueux 1846-Bourg-la-Reine 1917 Tout chrétien sans héroïsme est un porc. Quatre Ans de captivité à Cochons-sur-Marne Mercure de France François de Salignac de La Mothe-Fénelon château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715 La patrie d'un cochon se trouve partout où il y a du gland. Dialogue des morts Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 C'est pour la plupart des hommes un exemple décourageant que la sérénité d'un cochon. La Vie littéraire Calmann-Lévy Charles Monselet Nantes 1825-Paris 1888 Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille. Commentaire L'attribution de ce vers à Monselet est contestée. Il pourrait avoir pour auteur le sculpteur Auguste Préault (1809-1879). Georg Christoph Lichtenberg Ober-Ramstadt 1742-Göttingen 1799 Il pleuvait si dru que tous les cochons furent propres et tous les hommes crottés. Es regnete so stark, daß alle Schweine rein und alle Menschen dreckig wurden. Aphorismes ● cochon (expressions) nom masculin (peut-être onomatopée exprimant le cri du cochon) Familier. Amis, copains comme cochons, vivant dans une extrême familiarité, très amis. Familier. C'est donner des confitures à un cochon, c'est faire un cadeau à quelqu'un qui ne sait pas l'apprécier à sa valeur. Cochon de lait, jeune porc abattu précocement en vue de la consommation. Cochon d'eau, cabiai. Cochon d'Inde, cobaye. Cochon de mer, humantin. Cochon de terre, oryctérope. Familier. Comme un cochon, très salement. Familier. De cochon, très mauvais, très désagréable : Caractère de cochon. Familier. Le cochon qui sommeille, les instincts sexuels. Familier. Mon cochon !, appellation admirative devant une certaine audace. Familier. N'avoir pas gardé les cochons avec quelqu'un, être par rapport à lui dans une situation qui n'autorise pas des familiarités. Familier. Tête de cochon, personne qui a mauvais caractère et qui est très têtue. Familier. Tour de cochon, action méchante commise au préjudice de quelqu'un. Familier. Un cochon n'y retrouverait pas ses petits, c'est le plus grand désordre. ● cochon (homonymes) nom masculin (peut-être onomatopée exprimant le cri du cochon) cochons forme conjuguée du verbe cocher ● cochon (synonymes) nom masculin (peut-être onomatopée exprimant le cri du cochon)
Synonymes :
- porc
● cochon, cochonne
adjectif et nom
(de cochon)
Familier
Qui est malpropre, sale, dégoûtant, grossier (souvent terme d'injure).
Qui est égrillard, obscène : Tais-toi, vieux cochon !
Qui est malfaisant, déloyal : Ce cochon, il a mangé tout le gâteau.
Chose très mauvaise : Un cochon de temps.
● cochon, cochonne
adjectif
Familier. Égrillard, licencieux, pornographique : Un spectacle cochon.
● cochon, cochonne (synonymes)
adjectif et nom
(de cochon)
Familier
Qui est malpropre, sale, dégoÛtant, grossier (souvent terme d'injure).
Synonymes :
- dégoûtant
- sagouin (familier)
- souillon
Qui est égrillard, obscène
Synonymes :
- débauché
- dépravé
- paillard
- pervers
- vicieux
● cochon, cochonne (expressions)
adjectif
Populaire. Ce n'est pas cochon, marque l'admiration ; c'est beau, bon.
● cochon, cochonne (synonymes)
adjectif
Familier. Égrillard, licencieux, pornographique
Synonymes :
- égrillard
- grivois
- leste
- obscène
- polisson
- raide (familier)
- salé (familier)
cochon, onne
n. (et adj.)
rI./r n. m.
d1./d Animal domestique omnivore, porc élevé pour sa chair. Cochon de lait: petit cochon, encore à la mamelle.
|| Viande de cet animal. Manger du cochon.
d2./d Loc. fig., Fam. Tête de cochon: caractère têtu, mauvais caractère.
d3./d Cochon d'Inde: cobaye.
— Cochon de mer: marsouin.
— Cochon de terre: oryctérope.
rII./r n. et adj. Fam. Personne malpropre; personne indélicate, malfaisante. Cochon d'Untel!
— Loc. Tour de cochon: mauvais tour.
|| adj. Licencieux. Des gravures cochonnes.
— Libidineux, vicieux. Des jeux cochons.
⇒COCHON, ONNE, subst. et adj.
I.— Subst. masc.
A.— [Désigne un animal]
1. Mammifère omnivore domestique, de l'ordre des ongulés, de la famille des suidés. Un gros cochon; garder les cochons. Synon. porc. J'entends grogner, derrière les panneaux, des cochons qui attendent leur pitance (T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 200) :
• 1. Au milieu de toutes ces bêtes se traîne (...) une énorme truie (...) Il faut être un fier cochon pour faire la cour à une pareille créature.
HUGO, France et Belgique, 1885, p. 144.
SYNT. Cochon gras; groin, hure, soies du cochon; auge, étable à cochons; élever, engraisser, tuer un cochon.
a) Spécialement
— Cet animal, en particulier le mâle châtré, élevé pour l'alimentation :
• 2. Voilà une mère! (...) Un verrat la suit, avec son énorme vessie au derrière. (...) Non loin d'eux, un autre cochon, ni truie, ni verrat. Il a dû tomber dans l'eau par mégarde, car il est propre, presque blanc, et gras comme un moine.
RENARD, Journal, 1898, p. 478.
— Cochon de lait. Petit cochon qui tète encore.
— Cochon à l'engrais. Cochon en train d'être engraissé.
b) P. méton. Viande de cet animal. Synon. fam. de porc. Cochon salé. Des coquins qui ne croient pas en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui adorent Mahomet, et ne veulent pas manger du cochon (MÉRIMÉE, La Jacquerie, 1828, p. 78).
♦ Fromage de cochon. Sorte de pâté fait avec la chair de la tête du cochon. Synon. Fromage de tête. Un peu de fromage de cochon, car le père avait besoin de viande (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1209).
c) Loc. fig.
♦ Marchand de cochons (péj.). Nouveau riche. Tous ces marchands de cochons, ces cordonniers spéculateurs, ces anciens concierges archimillionnaires et ces bougnats richissimes (AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, p. 204).
♦ Ne pas savoir, se demander si c'est du lard ou du cochon. Ne pas savoir à quoi s'en tenir sur la signification de tels propos, de telle plaisanterie. Il n'est pas très convaincu. Il se demande si c'est du lard ou du cochon (GIONO, Les Grands chemins, 1951, p. 29).
♦ [Avec sans doute allusion à la parabole de l'Enfant prodigue (Luc, XV, 11-32) montrant un jeune fils de famille s'abaissant à garder les cochons d'un étranger, et bien reçu à son retour au scandale de son frère aîné] Nous n'avons pas gardé les cochons ensemble. Formule orgueilleuse destinée à rappeler à l'ordre un inférieur ou une personne que l'on connaît peu et qui se comporte avec une familiarité excessive. Où est-ce que j'ai gardé les cochons avec vous, pour me tutoyer? (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 158).
2. P. ext.
a) Cochon (sauvage). Sanglier. Le père tuait des cochons sauvages, des pluviers (VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 195).
b) Cochon noir ou cochon d'Amérique. Pécari.
3. P. anal. [Pour désigner divers animaux ayant certains traits de ressemblance avec le cochon] Cochon + compl. prép. de
a) Cochons des blés. Hamster.
b) Cochon d'Inde ou cochon de Barbarie. Cobaye. Les cochons de Barbarie firent en hauteur un bond absolument extraordinaire (GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 441). Il me volait des animaux de laboratoire, des cochons d'Inde et surtout des lapins (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 116).
c) Cochon de mer. Marsouin. Sa grosse couenne invulnérable de cochon de mer (MORAND, Magie noire, 1930, p. 58).
B.— Gén. péj. [L'animal comme élément de compar., comme symbole, pour désigner un être hum. ou certaines de ses caractéristiques] Subst. + de (à, pour) cochon; verbe ou adj. + comme + (un ou autre déterminatif) cochon.
1. [Cochon comme terme de compar.]
a) [Pour désigner une caractéristique physique] Avoir des yeux, de petits yeux de cochon. Le grand savant Jules Soury, avec ses yeux de cochon, sa graisse pâle, sa timidité de sulpicien (BLANCHE, Mes modèles, 1928, p. 54).
♦ Gros, gras comme un cochon. Très gros, très gras.
b) [Pour désigner un type de comportement]
— [P. réf. à sa réputation de saleté, de manque de soin] Auge, toit à cochons. Maison, pièce très mal tenue. Elle souffre de la saleté quand elle reste au lit. C'est, sauf notre respect, comme un toit à cochons (RENARD, Journal, 1906, p. 1078).
♦ Sale comme un cochon. Très sale. Avec cela je suis sale comme un cochon; je m'en vais prendre un bain tout à l'heure (CLAUDEL, Partage du midi, 1re version, 1906, III, p. 1037).
♦ Manger comme un cochon. Manger de manière très malpropre.
♦ Écrire comme un cochon (cf. cochonner). Je suis sûr que cela est écrit comme 36 cochons (BALZAC, Correspondance, 1831, p. 628)
♦ Loc. proverbiale. Un cochon n'y retrouverait pas ses petits. C'est un endroit où règne un désordre extrême. Un micmac de paperasses à défier un cochon d'y retrouver ses petits (COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, p. 47).
— [P. réf. à la grossièreté de ses mœurs ou de ses goûts, à son apparente inintelligence]
♦ Saoul comme un cochon. Je rentrais saoul comme un cochon (SARTRE, Huis clos, 1944, p. 142).
♦ Bête comme cochon. Bête comme cochon, voilà ce qu'on est (CAMUS, L'État de siège, 1948, p. 191).
♦ [Avec allus. à l'Évangile, Matth. VII, 6 Ne jetez pas vos perles devant les cochons, de peur qu'ils les piétinent, puis se retournent contre vous pour vous déchirer] C'est de la confiture, des perles pour les cochons. C'est un présent, matériel ou moral, dont le bénéficiaire n'est pas capable d'apprécier la valeur. Quel genre de perles jetées aux cochons mes hommes épluchaient-ils au fond de leur âme avilie (CENDRARS, L'Homme foudroyé, 1945, p. 29).
— [P. réf. au caractère difficile qu'on lui attribue] Très mauvais.
♦ Caractère de cochon. Il l'a bien prouvé à l'Académie son caractère de cochon pendant les vingt années qu'il y passa (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 353).
♦ Tête de cochon. Caractère dur et obstiné. Avec une tête de cochon comme la mienne, on pouvait craindre une résistance acharnée (H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 198).
— [En parlant du temps] Temps de cochon. Très mauvais temps. Il faisait un temps de cochon noir (AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 2e tabl., p. 67).
c) P. antiphrase, fam. Amis, camarades, copains comme cochons. Camarades très liés (dans les parties de plaisir, les sorties, le travail, etc.). Le rossignol n'avait qu'un œil. L'anvot itou n'avait qu'un œil. Et ils étaient copains comme cochons (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 130).
2. [Désignation métaph. ou fig.] Pop. ou fam.
a) Personne sale physiquement (cf. supra 1. b) :
• 3. Vous avez changé les draps du 28, Renée? Ils étaient sales... Le 28, c'est un grand cochon...
DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, p. 64.
b) Personne à la sensualité grossière. Ce bon vivant, ce goinfre, ce cochon d'Anthelme (BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1358) :
• 4. Avouez-le! ... Que c'est du nouveau qu'il vous faut! ... De la partouze! ... Pourquoi pas de la pucelle? Bande de dépravés! Bande de cochon! ...
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 609.
— Le cochon qui sommeille. [P. allus. au vers attribué à l'écrivain Ch. Monselet (1825-1888). Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille] Vice latent en tout homme :
• 5. Ce cycle est tel. Là-dedans, il faut faire tenir mon petit univers, mes embardées secrètes, mon Protée, mon Napoléon, mon âme et mon cochon personnels.
VALÉRY, Lettres à quelques-uns, 1945, p. 73.
c) Personne au comportement très désagréable, qui use de procédés bas et malhonnêtes. Je ne serai pas un saint. Je ne serai même pas un brave homme. Un cochon, rien de plus qu'un cochon (G. DUHAMEL, Journal de Salavin, t. 3, 1927, p. 78).
— Tour de cochon. Méchant tour :
• 6. C'est trop salaud tout d'même de la part du bon Dieu de nous lâcher, comme il le fait, ses robinets et ses réservoirs sur la gueule tout exprès pour nous embêter! C'est un tour de cochon, mon vieux, voilà tout ce que j'ai à te dire!
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, III, p. 128.
— Cochon qui s'en dédit! Formule plaisante pour appuyer le caractère irrévocable d'un serment. Trente pistoles, bonté! Cochon qui s'en dédit! (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 34).
d) [Par atténuation de sens, terme d'injure ou de mépris] Sale cochon; sacré cochon. Pour ce qu'ils payaient, ces cochons d'ouvriers (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 38).
— Spéc., vocab. du théâtre. [P. oppos. aux bénéficiaires de billets gratuits] Cochon de payant. Le public qui paie sa place. Les gens des loges, les abonnés, les « cochons de payants » les salonnards protestaient (L. DAUDET, Quand vivait mon père, 1940, p. 111).
e) P. antiphrase, fam. Terme d'affection. Vous êtes de braves cochons (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 201).
II.— Emploi adj. (gén. fam.)
A.— [Appliqué à une pers. (cf. supra I B 2 b)] Qui est porté au vice, à la débauche, qui manque à la décence dans ses actes, ses écrits, ses propos. Des peintres cochons (BAUDELAIRE, Pauvre Belgique, 1867, p. 719) :
• 7. Tu es, en effet, la pucelle cochonne et saturée de parfums, dont nos prêtres sont édifiés, qui communie régulièrement à sa paroisse, qu'aucun homme n'a contaminée et qui s'agenouille, avec élégance, pour recevoir le corps de son Dieu dans les latrines de son cœur! ...
BLOY, Journal, 1894, p. 120.
B.— [Appliqué à un inanimé en relation avec une pers.]
1. Pénible. Superl. de sale. Un cochon de métier (COLETTE, La Vagabonde, 1910, p. 47).
— P. ext. Mauvais. Par litote, fam. C'est pas cochon du tout. C'est très beau ou très bon. Du vin rosé qui est loin d'être cochon (GIONO, Les Grands chemins, 1951, p. 63).
2. Qui exprime, révèle le vice ou y incite. Gestes, yeux cochons; histoires cochonnes; c'est cochon! Les Journaux à femme, les chics petits journaux cochons (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 132).
— P. ext. Frivole. De petits relèvements cochons de jupes (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1889, p. 970).
♦ Emploi substantivé (avec valeur de neutre abstr.). Il y a là des profils d'un cochon charmant (FLAUBERT, Correspondance, 1850, p. 205).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932, uniquement en tant que subst. masc. Noter que dans ce mot qui peut être empl. comme une injure on observe souvent un déplacement d'accent de la 2e syll. sur la 1re syll., accent émotionnel (à ce sujet cf. NYROP Phonét. 1951, g 141). Étymol. et Hist. A. Subst. [1091 n. propre (Cart. de Redon, 276 d'apr. Delboulle ds QUEM.)]; 1. 1268-71 « jeune porc » (E. BOILEAU, Métiers, éd. de Lespinasse et Bonnardot, LXIX, VIII, p. 146); 2. 1611 « porc adulte » (COTGR.); 3. fin XVIIe s. « personnage grossier (physiquement ou moralement) » (Mme de Sévigné ds Lar. 19e). B. Adj. XVIIe s. au propre une truye cochonne (GAULTIER GARGUILLE, Œuvres, éd. Fournier, 82 ds IGLF), attest. isolée; 1850 « indécent, osé » ici dans un emploi subst. qui suppose un usage habituel de l'adj. Orig. obsc.; peut-être issu, avec suff. -on1, de l'onomatopée - exprimant le grognement du porc, d'où le cri d'appel de cet animal (STANGIER, Die Bezeichnung des Schweines im Galloromanischen, Bonn, 1929; FEW t. 2, p. 1254 sqq.; G. Rohlfs ds Mélanges Wartburg, Tübingen, 1968, t. 2, pp. 205-206; cf. goret de formation analogue). L'étymon b. lat. cutio « cloporte » (MÉN. 1694; EWFS2) fait difficulté des points de vue phonét. et sém., la dénomination du cloporte étant plus aisément issue de celle du porc (cf. cochon de St Antoine) que l'inverse. V. aussi coche3 « truie ». Fréq. abs. littér. :1 602. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 534, b) 1 770; XXe s. : a) 4 594, b) 1 791.
DÉR. 1. Cochonnée, subst. fém., vieilli. Portée d'une truie. Elle a fait tant de petits cochons en une cochonnée (Ac. 1798-1878). — []. Ds Ac. 1694-1932. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. cochonée. — 1re attest. 1642 (OUDIN, Recherches italiennes et françoises, ou Dict. ital. et fr., 2e part.); de cochon, suff. -ée. 2. Cochonnément, adv., rare. D'une manière cochonne, malpropre. Il ne fallait pas maintenant se cocarder cochonnément, si l'on voulait respecter les dames (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 457). — []. — 1re attest. 1877 (id.); de cochon, cochonne, adj., prob. d'apr. l'infl. d'autres adv. à terminaison -ément (v. -ment2). — Fréq. abs. littér. : 1. 3. Cochonnier, subst. masc., rare. Celui qui fait des cochonneries, qui fait son travail grossièrement ou se livre à des actions grossières. Ta dégaine de tocard, ta gueule pas bien franche, tes airs de cochonnier sournois (AYMÉ, Clérambard, 1950, IV, 1, p. 190). — []. — 1re attest. 1890 (J. RICHEPIN, Le Cadet, p. 239); de cochon d'apr. cochonner et cochonnerie, suff. -ier. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — BAIST (G.). Vermischtes. Z. rom. Philol. 1923, t. 43, pp. 86-89. — BEHRENS (D.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1889, t. 13, pp. 413-414. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 60. — ROG. 1965, p. 119, 177. — ROHLFS (G.). Traditionalismus und Irrationalismus in der Etymologie. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, pp. 205-206. — STANGIER (M.M.). Die Bezeichnung des Schweines im Galloromanischen. Bonn, 1929.
cochon [kɔʃɔ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1270, E. Boileau; comme nom propre, 1091; orig. incert. Signifie en anc. franç. « jeune porc »; on a proposé l'onomat. kos, kos servant à appeler les porcs, ainsi que le bas lat. cutio « cloporte »; P. Guiraud rapproche coche « truie » de coche « cénelle, fruit de l'églantier », suggérant une forme coccum « cochenille »; il propose aussi le roman codica « souche », suff. -on.
❖
———
1 Animal domestique, porc élevé pour l'alimentation (le plus souvent châtré; opposé à verrat). ⇒ Goret, porc, pourceau. || Engraisser, élever des cochons. — Cochon de lait : petit cochon non sevré. ⇒ Cochonnet, porcelet. || Cochon à l'engrais, en train d'être engraissé. || Cochon gras, bon à tuer. || Femelle du cochon. ⇒ 2. Coche, truie. || Une truie et ses petits cochons. ⇒ Cochonnée; porcelet. || Le cochon se vautre dans la fange, fouille la terre de son groin. || Cri du cochon. ⇒ Grognement, grogner. || Vendre un cochon. || Marchand de cochons. || Tuer un cochon, le cochon. || Saler un cochon. || Soies du cochon.
♦ Par ext. La viande de cet animal. ⇒ Porc. || Manger de la viande de cochon, manger du cochon. ⇒ Charcuterie, cochonnaille (fam.). || Groin, oreilles, pieds, queue de cochon. || Graisse du cochon. ⇒ Panne. || Peau du cochon. ⇒ Couenne. — Fromage de cochon : pâté fait avec la chair de la tête (joues) du cochon. (On dit plus souvent fromage de tête).
1 Après donc qu'elle (Circé) leur eut donné à boire, elle les frappa d'une baguette (les compagnons d'Ulysse), et les renferma dans un toit à cochon; et ils prirent tous la figure de cochon, la tête, la voix, le corps et le poil.
Racine, Remarques sur l'Odyssée d'Homère, X.
2 Nous sommes juifs comme vous, ne mangeant point de cochon, point de boudin.
Voltaire, Philosophie, III, 174.
3 Je nommai le cochon par son nom; pourquoi pas ?
Hugo, les Contemplations, I, 7.
4 (…) un fort cochon, bon à tuer, rond comme une bedaine de chantre.
Zola, la Faute de l'abbé Mouret, p. 466.
5 À l'extrémité du camp, les cochons, noirs comme des sangliers, grognaient rageusement en donnant de la tête contre la porte des soues, car l'heure de leur souper approchait.
P. Mac Orlan, la Bandera, VII, p. 82.
♦ Par ext. || Cochon sauvage. ⇒ Sanglier. — Cochon d'Amérique, cochon noir. ⇒ Pécari.
2 (Qualifié). Autres mammifères. || Cochon d'Inde (cour.), ou cochon de Barbarie. ⇒ Cobaye. — Cochon des blés. ⇒ Hamster.
♦ Cochon de mer. ⇒ Marsouin.
3 ☑ Loc. compar. adv. (péj.; intensif des idées de saleté, grosseur, abjection, négligence…). Être gros, gras comme un cochon. || Sale comme un cochon. — ☑ Écrire comme un cochon, très mal, salement. ☑ Manger comme un cochon, malproprement. — ☑ Soûl comme un cochon : très ivre. — ☑ Bête comme cochon, comme trente-six cochons : très bête.
♦ ☑ Avoir des yeux, de petits yeux de cochon, petits et enfoncés.
♦ ☑ Loc. fam. Nous n'avons pas gardé les cochons ensemble : nous n'avons rien de commun (se dit pour indiquer à qqn que sa familiarité est déplacée).
5.1 — Vous d'v'nez sourd, père Taupe.
— Un moment. D'abord, j'vous permets pas de m'appeler père comme ça, on n'a pas gardé les cochons ensemble. Hein.
R. Queneau, le Chiendent, p. 337.
♦ ☑ Fam. Ils sont copains, camarades comme cochons : ils sont dans des rapports de grande familiarité, de familiarité excessive.
♦ ☑ Fam. Un cochon n'y retrouverait pas ses petits : c'est un très grand désordre.
♦ ☑ Fam. Il a une tête de cochon, un caractère de cochon, un mauvais caractère, très entêté. ⇒ Obstiné; → Tête de lard.
♦ ☑ Fam. Se demander, ne pas savoir si c'est du lard ou du cochon.
♦ ☑ Loc. prov. Des perles aux cochons; de la confiture aux (pour les) cochons.
———
II N. et adj. (1611). || Cochon, onne [kɔʃɔ̃, ɔn].
1 Personne malpropre, sale. ⇒ Porc. || Petite cochonne ! || Regarde comment tu manges ! tu es un vrai cochon ! || Quel cochon !
♦ Adj. || Il est vraiment trop cochon. (Choses). || Des manières cochonnes.
2 Personne d'une sexualité grossière (rare au fém.). — ☑ Vx. Mener une vie de cochon, de débauche.
♦ Adj. || Ce qu'il est cochon ! || Taisez-vous, vieux cochon ! || Ce cochon de Morin, nouvelle de Maupassant. ⇒ Débauché, dégoûtant, dépravé, vicieux.
3 Personne grossière et immorale. || Quel cochon ! || Ah la cochonne !
5.2 « Non, voyez-vous, conclut-elle, c'est une cochonne. » Une telle expression était rendue possible à Mme de Guermantes par la pente qu'elle descendait du milieu des Guermantes agréables à la société des comédiennes, et aussi parce qu'elle greffait cela sur un genre XVIIIe siècle qu'elle jugeait plein de verdeur, enfin parce qu'elle se croyait tout permis.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1028.
♦ ☑ Cochon qui s'en dédit !, formule pour renforcer une promesse, un serment. → Parier, cit. 3.1.
♦ ☑ Jouer un tour de cochon à qqn, le desservir, le trahir. ⇒ Cochonnerie, tour (sale tour).
6 Quel est (…) ce gros cochon qui me disait tant de mal de la pièce (…)
Voltaire, Candide, XXII.
7 Il ne faut pas que ce cochon meure, car avant de mourir, il serait capable de me « donner ».
P. Mac Orlan, la Bandera, XVI, p. 200.
4 (Sans contenu précis). → Salaud; saleté. — ☑ Loc. (1926, in D. D. L.). Les cochons de payants : les clients. — (Choses). || Encore ce cochon de brouillard ! || Un cochon de métier : un métier pénible. → Un métier de chien.
8 (…) son ciel trop bleu, ses rues ramonées par ce cochon de vent du nord deux cent soixante-cinq jours de l'année et les cent autres suintants d'humidité (…)
Claude Simon, le Vent, p. 112.
5 Adj. (Choses). Libidineux, grossier dans le domaine sexuel (personnes ou, plus souvent, choses). || Des histoires cochonnes. ⇒ Égrillard, paillard; cochonceté, cochonnerie. — Spécialt. || Cinéma, film cochon, pornographique.
9 J'aime bien entendre des choses cochonnes (…) mais je n'aime pas en lire (…)
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 75.
10 L'Européen veut pouvoir toucher. L'air de ses tableaux est épais. Ses nus sont presque toujours cochons, même dans les sujets tirés de la Bible. La chaleur, le désir, les mains les tripotent.
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 182.
11 Il a signé deux ou trois manifestes en faveur d'un assassin condamné à mort ou d'un film cochon interdit par la censure.
J. Dutourd, Pluche, XI, p. 170.
6 ☑ Loc. fam. C'est pas cochon, pas cochon du tout : c'est réussi, c'est beau, agréable, bon, etc. (→ C'est pas sale, pas dégueulasse; c'est pas mal).
———
III Jeux de boules. ⇒ Cochonnet.
❖
CONTR. Propre, pur.
DÉR. et COMP. 2. Coche, cochonceté, cochonnaille, cochonnée, cochonnement, cochonner, cochonnerie, cochonnet. Rince-cochon.
Encyclopédie Universelle. 2012.