blesser [ blese ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Causer une lésion aux tissus vivants, par un coup, un contact. ⇒ abîmer, contusionner, écorcher, estropier, meurtrir, mutiler; fam. amocher, arranger, esquinter. Blesser grièvement qqn. On l'a blessé, il a été blessé avec une arme blanche (⇒ balafrer, entailler, érafler, percer, poignarder) . Blessé par balles. Blesser mortellement, à mort. « Tué, peu importait. Son angoisse était d'être blessé au ventre » (Malraux). — Pronom. Il s'est blessé en tombant, avec son couteau. ⇒ couper.
♢ Occasionner une blessure à. Il est tombé sur un tesson qui l'a blessé au genou.
♢ (Sujet chose) Causer une douleur, faire mal à (qqn, une partie du corps). Le bât le blesse. « Des souliers qui me blessent furieusement » (Molière).
2 ♦ Causer une impression désagréable, pénible à (un organe des sens). ⇒ 3. affecter. Des sons discordants qui blessent l'oreille. ⇒ déchirer, écorcher. Lumière qui blesse la vue.
3 ♦ Fig. Porter un coup pénible à, toucher ou impressionner désagréablement. ⇒ choquer, contrarier, déplaire (à), heurter, irriter, offenser, outrager, ulcérer. Blesser qqn dans ses sentiments. Blesser l'amour-propre, l'orgueil par des railleries. ⇒ froisser, humilier, mortifier, piquer, vexer. Un rien le blesse (⇒ susceptible, vulnérable) . « L'immoralité du monde [...] la blessa cruellement » (Proust). Des paroles qui blessent.
4 ♦ Vx ou littér. Enfreindre, aller à l'encontre de. ⇒ enfreindre, heurter, violer (cf. Porter atteinte à). Blesser les convenances, la pudeur. ⇒ attenter (à). « Une sorte d'américanisme qui blesse nos idées raffinées » (Renan).
⊗ CONTR. Flatter, 1. louer.
● blesser verbe transitif (gallo-roman blettiare, meurtrir) Atteindre quelqu'un, un animal d'un coup, d'un projectile qui produit une plaie, une lésion : Blesser quelqu'un avec un couteau. En parlant de quelque chose, léser, meurtrir quelqu'un, une partie du corps, par frottement, compression, etc. : Des chaussures qui blessent les pieds. Frapper désagréablement un organe des sens : Cette musique me blesse les oreilles. Affecter douloureusement et profondément quelqu'un, l'offenser : Il l'a cruellement blessée dans son amour-propre. Littéraire. Heurter quelque chose, lui porter atteinte : Blesser la vérité, les intérêts de quelqu'un. ● blesser (synonymes) verbe transitif (gallo-roman blettiare, meurtrir) Atteindre quelqu'un, un animal d'un coup, d'un projectile qui produit...
Synonymes :
- balafrer
- léser
Contraires :
- panser
- protéger
- soigner
En parlant de quelque chose, léser, meurtrir quelqu'un, une partie du...
Synonymes :
- écorcher
- entamer
- irriter
- labourer
- meurtrir
Frapper désagréablement un organe des sens
Synonymes :
- affecter
- déchirer
- écorcher
Contraires :
- caresser
- charmer
- fasciner
- ravir
Affecter douloureusement et profondément quelqu'un, l'offenser
Synonymes :
- choquer
- froisser
- heurter
- offenser
- toucher
- ulcérer
- vexer
Contraires :
- consoler
- flatter
- plaire
- séduire
Littéraire. Heurter quelque chose, lui porter atteinte
Synonymes :
- contrevenir à
- faire tort
- nuire
- porter atteinte à
- préjudicier
- violer
Contraires :
blesser
v. tr.
d1./d Donner un coup qui fait une plaie, une fracture ou une contusion. Blesser d'un coup d'épée, de bâton, de revolver.
|| Provoquer une blessure. Ce collier blesse le cheval.
— Par ext. Gêner jusqu'à causer une douleur. Ses chaussures neuves la blessent.
d2./d Causer une impression désagréable (à la vue, à l'ouïe). Une fausse note qui blesse l'oreille.
d3./d Fig. Choquer, froisser, outrager. Son orgueil en fut blessé.
— Blesser quelqu'un au coeur, à vif, douloureusement.
d4./d Litt. Enfreindre. Blesser la pudeur, le bon goût.
d5./d Causer un tort, un préjudice à. Blesser l'honneur de quelqu'un.
d6./d v. Pron. Se blesser avec un couteau.
— Fig. Elle se blesse pour un rien.
⇒BLESSER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. [L'agent, exprimé ou non, est un être vivant] Causer, involontairement ou avec l'intention — en général — de nuire, une blessure; au passif, recevoir une blessure. Blesser mortellement, à mort, grièvement; il la frappa de nouveau et la blessa jusqu'au sang (MONTALEMBERT, Hist. de Ste Élisabeth de Hongrie, 1836, p. 238) :
• 1. Cependant, ses trois autres compagnons avaient réussi à se jeter dans le canot, et déjà ils faisaient force de rames, tandis que les hommes de Koupriane, entrés dans l'eau jusqu'à la poitrine, déchargeaient leurs revolvers dans la direction des fuyards... Ceux-ci, peut-être dans la crainte de blesser Natacha, ne répondirent point aux coups de feu.
G. LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, p. 147.
♦ [L'objet désigne un arbre, une plante, etc.] Faire une entaille. On obtient ces sucs en blessant les plantes (DESCHAMPS D'AVALLON, Compendium de pharm. pratique, 1868, p. 144).
— Emploi abs. :
• 2. En certaines parties de l'Afrique du Sud, le vol était un délit d'ordre privé et la partie lésée était indemnisée, mais blesser ou tuer était un crime et l'on payait l'indemnité au chef, et non à la victime ou à sa famille.
R.-H. LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, p. 313.
2. [L'agent est une chose]
a) Occasionner une blessure. La boue et les gravillons frottent, râpent et blessent la peau qui s'infecte (E. GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 138) :
• 3. Il ne verra longtemps dans les puissances élémentaires que des causes insensibles et quelquefois nuisibles. La terre blesse ses pieds; il court risque de se noyer dans l'eau; l'air et les vents l'offensent...
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 133.
b) Causer de la douleur, faire mal :
• 4. Ferdinand présentait des revendications gémissantes au sujet d'une paire de chaussures qui le blessaient.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 105.
— P. ext. Frapper désagréablement, produire une sensation pénible. La lumière la blessa, elle souffla la bougie (ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 130) :
• 5. Mozart disait : « ... même dans les situations horribles la musique ne doit jamais blesser les oreilles et cesser d'être de la musique ».
E. DELACROIX, Journal, t. 1, 1852, p. 290.
• 6. Le jeune homme, la fenêtre fermée, s'assit, baissa un peu l'abat-jour car la lumière blessait ses yeux, puis il s'expliqua posément.
BARRÈS, Sous l'œil des Barbares, 1888, p. 208.
B.— Au fig.
1. Blesser qqn.
— Littér. Toucher, atteindre par (les traits de) l'amour; marquer profondément. Car Vénus l'a blessé [Pluton] soudain des mêmes traits (MORÉAS, Poèmes et sylves, 1896, p. 229) :
• 7. Toi qui blessas Vénus, ah, si Vénus te blesse, Diomède, bénis sa force et sa faiblesse.
TOULET, Les Contrerimes, 1920, p. 125.
— Offenser, choquer, déplaire, faire du mal :
• 8. À la fin, se levant de sa chaise et se promenant par le cabinet, le comte fort embarrassé, se prit à enfiler des protestations. — Loin de lui l'intention de blesser la personne à qui cette lettre était adressée! Comment l'avait-elle pu supposer?
BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 65.
• 9. S'il ressentait comme des offenses personnelles les mesures les plus générales, c'est qu'elles le blessaient au vif, dans son instinct profond de chef de guerre, cet instinct des routiers qui se débandaient, le combat fini, et retrouvaient au moins la liberté, à défaut de la bataille!
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 91.
♦ Loc. proverbiale. C'est là que le bât blesse (qqn). C'est là la cause des désagréments, des inquiétudes :
• 10. Nous écririons donc comme tout le monde, quitte à compiler comme quelques autres, n'était certain lieu où le bât nous blesse.
MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1837, p. 748.
— Emploi abs. :
• 11. ... non seulement elles [les vieilles filles] blessent, mais elles éprouvent du plaisir à blesser, et à faire voir à leur victime qu'elles l'ont blessée.
BALZAC, Le Curé de Tours, 1832, p. 180.
• 12. Certains jours, il ne voulait pas parler; ou il avait des accès de malice diabolique, il cherchait à blesser.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 1011.
2. Blesser qqc.
— Blesser la vue, les regards de qqn. Importuner, déplaire :
• 13. Ainsi il a été convenu que l'empereur pourrait aller désormais dans l'île; que l'officier que les instructions attachaient à sa personne n'exercerait qu'une surveillance lointaine, qui ne pourrait blesser les regards de l'empereur; ...
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 288.
— [En parlant de sentiment, de tout ce qui peut correspondre à des normes : pudeur, vraisemblance, bon goût, etc.] Aller contre. Honoré avait déjà oublié les paroles coupables qui blessaient la pudeur de son frère (AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 143) :
• 14. Son style [de Victor Hugo] pourtant ne blesse jamais la grammaire ni le vocabulaire de la langue, et ne présente ni mots, ni tours inusités.
SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, t. 1, 1869, p. 186.
♦ Blesser l'amour-propre de qqn.
— Blesser les intérêts. Léser, porter préjudice :
• 15. L'abolition de la servitude faite de manière à ne blesser les droits de personne, est tellement difficile, qu'il y a un siècle que le Danemarck y travaille sans avoir achevé ce bel ouvrage.
BONSTETTEN, L'Homme du Midi et l'homme du Nord, 1824, p. 38.
• 16. La loi est uniforme, les mœurs, les terres, les intelligences ne le sont pas; or, l'administration est l'art d'appliquer les lois sans blesser les intérêts, tout y est donc local.
BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 59.
C.— Emploi pronom. Se faire une blessure, se faire du mal. Mais Gustave se meurt, madame : il s'est blessé, En tombant de cheval (DUMAS Père, Christine, 1830, IV, 3, p. 259).
— P. métaph. :
• 17. ... ces malheureux personnages de Racine ... même quand ils ne sont pas ennemis, même quand ils ne se battent pas, ils se blessent toujours. Ils sont naturellement blessants. Ils blessent par métier, par office, par nature.
PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 778.
Prononc. :[] ou [ble-], (je) blesse []. [] ouvert pour l'inf. dans BARBEAU-RODHE 1930 (qui transcrit la forme pronom. avec plusieurs possibilités : , sb-, zb-) et dans Pt Lar. 1968 (cf. aussi NOD. 1844 et LITTRÉ). [e] fermé dans DUB. et Pt ROB.; WARN. 1968 réserve la prononc. avec [] au lang. soutenu, celle avec [e] au lang. cour. À ce sujet, cf. également BUBEN 1935, § 51. Pour FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 : ,,Le 1er è [est] moyen entre l'ouvert et le fermé``. Enq. :/bles/ (il) blesse.
Étymol. ET HIST. — 1. Mil. XIe s. blecier « meurtrir (des olives, des fruits, pour les faire mûrir) » (RASCHI, Gloses dans LEVY Trésor), encore attesté dans les dial. du Nord et de l'Est, notamment le liég. blessi « broyer, piler » (HAUST), le suisse romand (Genève) blyési « amollir (un fruit), blettir » (Pat. Suisse rom., s.v. blesser); ca 1100 blecer « mettre à mal, porter atteinte à (qqn) » (Roland, éd. Bédier, 590); 2. 1165-70 « porter une blessure à qqn » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, 3792 dans T.-L.); 1176 fig. (ID., Cligès, 2119, ibid.); 2e tiers XIIe s. paroles blesantes (EVERARD DE KIRKHAM, Distiques de Caton, str. 102a dans GDF. Compl.); 1541 « enfreindre, offenser » (CALV., Instit., 103 dans LITTRÉ).
D'un gallo-roman blettiare « meurtrir » dér. du subst. a.b.frq. corresp. au subst. a.h.all. bleizza « ecchymose suscitée par un coup; trace d'une blessure, cicatrice » (STEINMEYER, SIEVERS, Die althochdeutschen Glossen, 2, 198, 61 dans Karg-Gasterstädt et Frings, s.v. bleizza) et attesté lui-même dans le composé frq. freobleto, frioblitto « plaie qui s'étend » (Pactus legis salicae, éd. Eckhardt, II, 1, 65 Titel-Text, art. XVII, § 7, p. 176); ce subst. a.b.frq. est aussi à rapprocher de l'adj. ags. blate « pâle, blême » (ca 1000, Cod. Vercell., I, 63 dans NED, s.v. blate). Blesser, au sens 2, a supplanté l'a.fr. nafrer, navrer un peu plus anc. que lui en ce sens (Roland), également d'orig. germ. Voir aussi blèche et blet.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 886. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 388, b) 2 961; XXe s. : a) 2 480, b) 2 050.
BBG. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 260-264. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 298. — SIGURS 1963/64, p. 37, 97.
blesser [blese] v. tr.
ÉTYM. Mil. XIe, blecier « meurtrir des fruits »; blecer, 1080, « mettre (qqn) à mal »; sens mod. v. 1170; d'un gallo-roman blettiare, du francique blettjan « meurtrir »; Guiraud suppose en outre un croisement avec un blattiare gallo-roman, de blatta, blattea « sève de la pourpre noire ».
❖
1 (Sujet n. d'être animé). Frapper d'un coup qui cause une lésion à l'organisme. ⇒ Blessure; abîmer, amocher, arranger (fam.); assommer, contusionner, écorcher, éreinter, estropier; maltraiter, meurtrir, mutiler, navrer (vx). || Blesser qqn grièvement. ⇒ 1. Écharper. || Blesser qqn à coups de cornes (⇒ Encorner), à coups de couteau (⇒ Couper; balafrer, entailler, percer, poignarder), de dents (⇒ Mordre). || Blesser qqn par écrasement, pression. ⇒ Broyer, écraser, fouler, froisser; contondant. || Blesser qqn par brûlure. ⇒ Brûler. || Blesser qqn légèrement (cf. Faire un bobo, une égratignure à…). || Blesser qqn mortellement, à mort. || Chacun peut être blessé. ⇒ Blessable, vulnérable. — Spécialt (au combat, à la guerre). || Blesser deux ennemis et en tuer un. || Se faire blesser et être évacué du front.
1 L'intention de celui qui blesse ne soulage pas celui qui est blessé.
Pascal, les Provinciales, 7.
2 Tué, peu importait. Son angoisse était d'être blessé au ventre.
Malraux, la Condition humaine, Pl., p. 233.
♦ (Sujet n. de chose). Occasionner une blessure à (qqn, un animal, une partie du corps). || Il est tombé sur un tesson qui l'a blessé au genou. — (Projectiles). || La flèche, la balle qui l'a blessé. || La balle a blessé le poumon. || Le mors a blessé la bouche du cheval. — ☑ Fig. Le bât blesse. ⇒ Bât (supra cit. 4).
♦ Causer une douleur, faire mal à (qqn, une partie du corps). || Son corset la blessait. || Le rocher blessait ses pieds nus.
3 (…) des souliers qui me blessent furieusement (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 5.
♦ Techn. Pratiquer une entaille dans (un arbre, une plante).
2 a (Abstrait). Littér. Causer une impression désagréable, pénible à (un sens, la sensibilité). ⇒ Affecter. || Cette horrible scène blesse la vue. ⇒ Effaroucher.
b (Concret). Produire une sensation pénible, désagréable sur (un, les sens). || La lumière trop vive blessait les yeux, la vue. || Des sons qui blessent l'oreille. ⇒ Déchirer, écorcher.
4 Mes yeux sont trop blessés, et la cour et la ville
Ne m'offrent rien qu'objets à m'échauffer la bile (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
5 J'ai remarqué que les enfants ont rarement peur du tonnerre, à moins que les éclats ne soient affreux et ne blessent réellement l'organe de l'ouïe; autrement cette peur ne leur vient que quand ils ont appris que le tonnerre blesse ou tue quelquefois.
Rousseau, Émile, I.
3 a Vieilli, par métaphore. (Le sujet désigne un sentiment, un affect; le compl. désigne une personne). Toucher, atteindre (cit. 15).
6 La main qui me blessait a daigné me guérir ?
Corneille, Rodogune, IV, 3.
7 (…) la pitié qui me blesse
Sied bien aux plus grands cœurs, et n'a point de faiblesse.
Corneille, Polyeucte, I, 1.
♦ Fig., vx. Frapper par l'amour. — Au passif. || Être blessé par, de…
8 (…) ces hommes saints qui ont été autrefois blessés des femmes.
La Bruyère, les Caractères, III, 40.
b (1176). Mod. Porter un coup pénible à (qqn), toucher ou impressionner désagréablement les sentiments. ⇒ Choquer, contrarier, déplaire, heurter, irriter, offenser, ulcérer (fig.). || Une attitude, des paroles qui blessent qqn, son amour-propre. ⇒ Blessant. ☑ Blesser qqn au vif, douloureusement. ⇒ Vif (piquer, toucher… au vif). || Blesser l'amour-propre, la fierté (→ 2. Manifeste, cit. 1), l'orgueil de qqn par des railleries, des moqueries, des taquineries. ⇒ Égratigner, froisser, piquer, vexer. || Un rien le blesse : il est susceptible, vulnérable. || Blesser une susceptibilité. — Absolt. || Ce sont des paroles qui blessent, peuvent blesser.
9 Mais une grande offense est de cette nature
Que toujours son auteur impute à l'offensé
Un vif ressentiment dont il le croit blessé (…)
Corneille, Rodogune, I, 5.
10 Et je ne vois rien là, si j'en puis raisonner,
Qui blesse la pensée et fasse frissonner.
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
11 (…) la vie est pleine de choses qui blessent le cœur.
Mme de Sévigné, 438, 30 août 1675.
12 Les petits esprits sont trop blessés de petites choses; les grands esprits les voient toutes, et n'en sont point blessés.
La Rochefoucauld, Maximes, 357.
13 C'était un fier gueux que ce seigneur, sa vanité était blessée pour peu de chose.
Voltaire, Dict. philosophique, Amour-propre.
14 Si elles (les lois divines) blessent notre raison, c'est parce qu'elles y sont supérieures et qu'elles s'accordent avec les vraies fins de l'homme et non avec ses fins apparentes.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, XV.
15 (…) l'immortalité du monde, qui jusque-là l'avait laissée indifférente, eut prise sur elle et la blessa cruellement, comme la dureté des saisons terrasse les corps que la maladie rend incapables de lutter.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 62.
16 Jacques eut un mauvais rire. L'attitude de son frère le blessait au vif.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 272.
4 (Sujet n. de personne). Vx ou littér. Enfreindre, aller à l'encontre de (un principe, une règle sociale). ⇒ Atteinte (porter atteinte à), contraire (être contraire à), enfreindre, heurter, violer. || Il lui arrive de blesser les bienséances, les convenances, les règles, les principes, les usages, les goûts. — (Sujet n. de chose). || Ce récit blesse la vraisemblance. || Blesser la pudeur (⇒ Attenter [à]), la charité. || Propos qui blessent le respect. ⇒ Irrespectueux…
17 C'est un peu librement expliquer sa pensée
Pourquoi ? La bienséance y semble un peu blessée.
Molière, Mélicerte, I, 4.
18 Sans blesser la charité et votre conscience mortellement (…)
Pascal, Lettres, 7.
19 (…) l'on n'y blesse point (à la cour) la pureté de la langue.
La Bruyère, les Caractères, IX, 53.
20 Celui qui dit (…) de soi, et sans croire blesser la modestie, qu'il est bon (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 84.
21 Celui qui blesse la vérité offense les dieux (…)
Fénelon, Télémaque, III.
22 (…) je vous jure d'être décent, et de ne pas dire un seul gros mot, ni rien qui blesse les convenances.
A. de Musset, Il ne faut jurer de rien, II, 1.
5 (Sujet n. de personne ou, plus souvent, de chose). Faire tort, porter préjudice à (un intérêt). ⇒ Léser, nuire, préjudicier. || Cet accord blesse nos intérêts. ⇒ Atteinte (porter).
23 Parle; et sans espérer que je blesse ma gloire,
Voyons comment tu sais user de la victoire.
Racine, Alexandre, V, 3.
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se blesser v. pron.
1 Se faire une blessure à soi-même. || Se blesser en tombant. || Se blesser volontairement. || Se blesser grièvement. ⇒ Estropier (s'), mutiler (se). || Il s'est blessé au genou en tombant.
2 Fig. S'offenser. ⇒ Formaliser (se), offenser (s'), piquer (se). || Il se blesse pour un rien. ⇒ Susceptible.
24 (…) elle dont la susceptibilité de paysanne fière se blessait d'un regard (…)
Zola, la Terre, p. 55.
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blessé, ée p. p. adj. ⇒ Blessé à l'ordre alphabétique.
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CONTR. Épargner, panser, soigner. — Caresser, charmer, complaire, complimenter, flatter, louer, réparer. — Respecter. — Avantager.
DÉR. Blessable, blessant, blessé, blessement, blessure. — V. aussi Blet.
Encyclopédie Universelle. 2012.