charmer [ ʃarme ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Vx Exercer une action magique, un charme sur. ⇒ enchanter, ensorceler. Charmer un serpent (⇒ charmeur) .
2 ♦ (1560) Littér. Faire céder à une influence magique. « Je charmerai ta peine en attendant le jour » (Lamartine).
3 ♦ (XVIIe) Mod. Captiver par un attrait puissant; plaire par son charme. ⇒ attirer, enjôler, ravir, séduire. « Il n'a pas cette espèce d'intérêt qui passionne, ou qui charme, ou qui émeut agréablement » (Maupassant). Ce livre, ce spectacle nous a charmés. ⇒ captiver, délecter, enthousiasmer, transporter. « Mlle Rachel a su charmer le public » (Stendhal).
4 ♦ Causer une grande joie à. J'ai été charmé de vous voir, de votre visite. — P. p. adj. Charmé de vous connaître ! (présentation). Charmé ! ⇒ enchanté, ravi.
⊗ CONTR. Attrister, déplaire, mécontenter, offenser, répugner.
● charmer verbe transitif (de charme) Littéraire. Soumettre quelqu'un, un animal à un pouvoir magique. Tenir quelqu'un sous le charme, le jeter dans le ravissement : Sa conversation charmait les invités. ● charmer (synonymes) verbe transitif (de charme) Littéraire. Soumettre quelqu'un, un animal à un pouvoir magique.
Synonymes :
- envoûter
Contraires :
- désenchanter
- désillusionner
Tenir quelqu'un sous le charme, le jeter dans le ravissement
Synonymes :
- captiver
- émerveiller
- enivrer
- griser
- ravir
- séduire
Contraires :
- décevoir
- déplaire
charmer
v. tr.
d1./d Litt. Adoucir, apaiser comme avec un charme. Charmer l'ennui de qqn.
d2./d Plaire beaucoup, ravir par son charme. Cette chanteuse a charmé son auditoire.
d3./d (Terme de politesse.) Je suis charmé de vous voir, j'en suis heureux.
⇒CHARMER, verbe trans.
A.— Vieilli. Soumettre à un charme, à un pouvoir magique. Enchanter, ensorceler, envoûter. Les Muses charment Amphion endormi, prodiguent sur lui des gestes d'enchantement (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 97) :
• 1. « Ô Monsieur Patience! criait l'enfant en joignant les mains, ne me maudissez pas, ne me charmez pas, ne me donnez pas de maladie ».
G. SAND, Mauprat, 1837, p. 37 ds L. VINCENT, La Langue et le style rustiques de George Sand dans les « romans champêtres », 1916, p. 197.
— P. anal. Charmer les oiseaux, les serpents, les tigres. Charmer la fureur des loups (BÉRANGER, Chansons, Le Chasseur et la laitière, t. 3, 1829, p. 189).
— P. ext. Enchaîner, leurrer, tromper. On peut charmer l'impatience de généreux coursiers en leur donnant à mâcher un frein d'or (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 778). Telles sont les chimères qui charment et égarent au matin de la vie (DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, p. 159) :
• 2. La rêverie attire, enjôle (...) puis fait de vous son complice. Elle vous met de moitié dans les tricheries qu'elle fait à la conscience. Elle vous charme. Puis vous corrompt.
HUGO, L'Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 146.
B.— Briser les effets d'un charme; endormir, calmer, apaiser.
SYNT. Charmer la fièvre, la maladie de qqn. [Sylvinet à Fadette] — (...) vous êtes grande remégeuse, et vous savez charmer la maladie (G. SAND, La Petite Fadette, 1849, p. 319).
— P. métaph. Charmer sa misère, ses tourments; charmer l'ennui, la mélancolie, la solitude de qqn.
— Pop. Charmer le cabot. ,,Fermer la gueule à un chien en lui jetant une boulette empoisonnée ou quelque morceau de viande`` (FRANCE 1907). Charmer la volaille. ,,Empêcher, par un moyen quelconque, les poules de crier quand on les vole`` (FRANCE 1907). Charmer les puces. ,,S'enivrer. L'ivrogne, ne sentant plus la piqûre des puces, ou n'ayant pas la force de se gratter, les laisse s'ébattre à leur aise`` (FRANCE 1907).
C.— Enchanter, émerveiller. Synon. captiver, séduire, plaire.
SYNT. Charmer l'oreille, les yeux de qqn; charmer l'âme, l'esprit, l'imagination de qqn; charmer les jours, les loisirs de qqn. Mes filles embellissent et charment ma vie (MAINE DE BIRAN, Journal, 1819, p. 233). « Weber me charmait jusqu'à l'extase, » écrit-il dans ses Souvenirs (R. DUMESNIL, Hist. illustrée du théâtre lyrique, 1953, p. 136) :
• 3. ... il met tout en œuvre avec plus de faste que de discernement. Pour lui, charmer c'est éblouir, c'est surprendre, ...
VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'archit., 1872, p. 185.
• 4. ... enfin c'était une volupté déjà étrange, (...) à céder à la fascination de l'eau. L'eau qui m'a toujours attiré, séduit, pris, charmé...
J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 12.
• 5. Les gosses comprennent très tôt que l'important pour eux c'est d'être mignon et de nous plaire. Leur coquetterie s'éveille en même temps que la conscience. Ils s'initient d'abord à leur métier qui est de charmer ce monstre : la grande personne. Quelles flatteries, dans les petites classes, à l'égard du maître!
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 191.
— Emploi pronom. Françoise se reprit à se charmer de l'avenir qu'elle lui imaginait [à Xavier] (S. DE BEAUVOIR, L'Invitée, 1943, p. 113).
— Au passif, cour., mais moins usuel que enchanté. Être très heureux. Je suis charmé de faire votre connaissance, de vous voir.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 « soumettre à une opération magique » (Thèbes, 8880 ds T.-L.) d'où 1550 part. prés. adj. charmant « qui a le pouvoir magique de charmer » (RONSARD, Odes, 75b d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 30); 2. 1560 « apaiser, adoucir » (J. GRÉVIN, Olimpe, p. 241 ds IGLF : Charmer l'ennuy des ans); 3. 1560 « faire céder à un pouvoir attrayant, fasciner » (J. GRÉVIN, Olimpe, p. 266, dsIGLF) d'où 1629-30 part. prés. adj. charmant « séduisant, qui plaît beaucoup » (CORNEILLE, Mélite, II, 7, dsIGLF). Dér. de charme « pouvoir magique »; dés. -er. Fréq. abs. littér. :952. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 043, b) 1 770; XXe s. : a) 1 031, b) 735. Bbg. DUCH. Beauté 1960, pp. 81-84. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 13-14.
charmer [ʃaʀme] v. tr.
ÉTYM. V. 1150; de 2. charme.
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1 Vx ou littér. Exercer une action magique, un charme (1.) sur (qqn ou qqch.). ⇒ Enchanter, ensorceler. || Charmer qqn par des paroles, par des regards, par un philtre. — Charmer un serpent. ⇒ Charmeur.
1 (…) si tu voulais rester encore à me charmer, le sommeil ne saurait s'abattre sur mes yeux.
V. Bérard, trad. Homère, Odyssée, p. 332.
♦ Au p. passé :
2 Il reconnut des yeux dont la douceur exerçait sur lui la puissance du magnétisme, et demeura pendant un moment comme charmé.
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 900.
⇒ Fasciner. || Le serpent charme l'oiseau.
2 (1560). Littér. (Compl. nom abstrait). Tenir sous le charme, faire céder à une influence magique. || Charmer une douleur, une peine. || Charmer l'ennui, les regrets de l'absence. ⇒ Adoucir, apaiser, consoler.
3 (…) ils prédisent aux hommes qu'ils feront fortune, aux filles qu'elles épouseront leurs amants, consolent les enfants dont les pères ne meurent point, et charment l'inquiétude des jeunes femmes qui ont de vieux maris (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 69.
4 (…) tous les divertissements qui peuvent charmer les chagrins des plus mélancoliques.
Molière, les Amants magnifiques, I, 2.
5 Je charmerai ta peine en attendant le jour.
Lamartine, Méditations, II, 3.
♦ Rendre agréable. || Charmer ses loisirs. || Charmer la solitude.
3 a (Sens fort). Littér. ou style soutenu. Captiver (qqn) par un attrait puissant. ⇒ Attirer, émerveiller, enjôler, entraîner, ravir, séduire. || Se laisser charmer par la gloire, la volupté; par un spectacle, un chant… || Charmer qqn par des attraits. || Cette femme charme tous ceux qui l'approchent.
6 Il n'a dit que deux mots, qui m'ont ravie, et votre fille va être charmée de lui.
Molière, le Malade imaginaire, II, 4.
7 (…) toutes les belles ont droit de nous charmer (…)
Molière, Dom Juan, I, 2.
8 Il n'est pas sympathique, vous me comprendrez ? Je veux dire qu'il n'a pas cette espèce d'intérêt qui passionne, ou qui charme, ou qui émeut agréablement.
Maupassant, Contes, « Le garde », p. 11.
9 A quoi se passait sa vie ? D'abord à écrire des lettres (…) qui caressaient la vanité du destinataire, l'inquiétaient par l'ironie de leurs hyperboles, le tourmentaient par leur méfiance et le charmaient par leur ton.
A. Maurois, A la recherche de Marcel Proust, III, IV, p. 86.
b (Sens faible; → Charmant, 2.; 1. charme, 2.). Cour. Plaire extrêmement à… || Ce spectacle, sa beauté nous a charmés. ⇒ Donner (dans l'œil, dans la vue), parler (aux yeux). || Ce livre, ce spectacle nous a charmés. ⇒ Captiver, délecter, enlever, enthousiasmer, transporter. || Charmer son auditoire. — Par ext. || Charmer les yeux, l'ouïe, les sens de qqn.
10 (…) ces deux sœurs si pareilles (la poésie et la peinture)
Charment, l'une les yeux, et l'autre les oreilles.
Molière, la Gloire du Val-de-Grâce, 68.
11 Mlle Rachel a su charmer le public, parce que dans ce siècle de l'exagéré, elle a su marquer la passion sans l'outrer.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 313.
c Cour. Causer une grande joie, de la satisfaction à (qqn). || Cette réputation me charme (⇒ Flatter). || Ta lettre m'a charmé (⇒ Ravir).
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charmé, ée p. p. adj.
1 Enchanté, pris par un charme. → ci-dessus, cit. 2.
12 (…) la fée Viviane enchanta l'enchanteur et le retint charmé dans un buisson d'aubépine.
A. France, Vie de Jeanne d'Arc, 1908, p. 201, in T. L. F.
2 (Au sens 3, b ou c; dans des formules de politesse). || Être charmé : avoir du plaisir, être très heureux. || Je suis charmé de vous voir, de faire qqch. pour vous. || Je suis charmé de votre visite. || Votre invitation m'a charmé. — Ellipt. || Charmé, enchanté ! ⇒ Enchanté.
B Phys. Se dit d'un quark, d'un hadron caractérisé par le charme. || Les quarks sont dits hauts, bas, étranges et charmés. || « Le quark charmé qc relayant le quark étrange au tableau des appellations pittoresques » (la Recherche, no 86, p. 58).
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CONTR. Dégriser, désenchanter. — Attrister, blesser, chagriner, choquer, déplaire, heurter, mécontenter, offenser, offusquer, rebuter, répugner, révolter.
DÉR. Charmant, charmeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.