offenser [ ɔfɑ̃se ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1450; de offense; a remplacé l'a. fr. offendre XIIe; lat. offendere
I ♦
1 ♦ Blesser (qqn) dans sa dignité ou dans son honneur, par la parole ou par l'action. ⇒ blesser, froisser, humilier, injurier, outrager, vexer. « Don Gormas fait tout ce qu'il peut pour offenser Don Diègue » (Péguy). Elle a été offensée par votre remarque. Soit dit sans vous offenser, sans vouloir vous offenser.
2 ♦ Manquer, déplaire à (Dieu) par le péché. « On n'offense que Dieu qui seul pardonne » (Verlaine).
3 ♦ Vieilli ou littér. Blesser, porter atteinte à. « De peur d'offenser sa délicatesse » (Stendhal).
♢ Manquer gravement à (une règle, une vertu). ⇒ braver. Offenser le bon sens, le bon goût. « Les lois de la décence se trouvaient souvent offensées » (Flaubert).
II ♦
1 ♦ Vx Blesser, meurtrir. « Un coup de mousquet qui n'offense pas l'os » (Mme de Sévigné).
2 ♦ Vieilli Blesser (les sens) par une sensation pénible. « D'un ton rauque, si fort qu'il offense l'oreille » (Buffon ). ⇒ écorcher.
III ♦ S'OFFENSER v. pron. Réagir par un sentiment d'amour-propre, d'honneur blessé à ce que l'on considère comme une offense. ⇒ se fâcher, se formaliser, se froisser, s'offusquer, se vexer (cf. Prendre mal) . « Ne s'offensant de rien, bon flatteur de tous » (Stendhal).
⊗ CONTR. Flatter, plaire.
● offenser verbe transitif (de offense) Blesser quelqu'un dans sa dignité, son honneur : Il m'a offensé par cette remarque. Porter atteinte à la réputation, la mémoire de quelqu'un. Enfreindre un principe, une règle, ne pas les respecter : Un tel acte offense la justice. ● offenser (citations) verbe transitif (de offense) Tacite, en latin Publius (ou Caius) Cornelius Tacitus vers 55-vers 120 après J.-C. Il est naturel à l'homme de haïr celui qu'il a offensé. Proprium humani ingenii est odisse quem laeseris. Vie d'Agricola, 42 ● offenser (expressions) verbe transitif (de offense) Offenser Dieu, lui déplaire par le péché. Soit dit sans vous offenser, introduit une remarque, une critique qui risquerait de peiner, bien que ce ne soit pas l'intention de celui qui la fait. ● offenser (synonymes) verbe transitif (de offense) Blesser quelqu'un dans sa dignité, son honneur
Synonymes :
- choquer
- faire affront
- froisser
- humilier
- insulter
- mécontenter
- outrager
- vexer
offenser
v.
rI./r v. tr.
d1./d Heurter, blesser, froisser. Offenser un ami.
— Litt. Un spectacle qui offense la vue.
d2./d RELIG Offenser Dieu, par le péché.
rII./r v. Pron. Se vexer, se considérer comme offensé.
⇒OFFENSER, verbe trans.
A. —Qqc. offense qqc./qqn
1. [Le compl. désigne une partie du corps] Vx ou littér. Blesser quelqu'un, lui causer un trouble ou une douleur corporelle. Je lutte depuis huit jours contre ce chien de rhumatisme qui, deux fois déjà, m'a paralysé le bras droit. Maurice prétend que c'est la fatigue d'écrire qui offense le muscle (SAND, Corresp., 1875, p.336). Les nuées loqueteuses pendaient plus bas encore (...) traînant un lent crachin qui offensait la peau (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.34). L'air séché offense la gorge et les bronches (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p.195).
2. En partic. Affecter désagréablement. Synon. gêner, incommoder, troubler.
a) [Le compl. désigne un organe des sens] Le pâle soleil couchant offensait mes yeux (BARRÈS, Homme libre, 1889, p.129).
b) [Le compl. désigne une pers.] Celui qui jouit le plus vivement du parfum de la rose sera le premier offensé des méchantes odeurs (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.8, 1864, p.122). Un auteur byzantin note qu'à l'arrivée des croisés français de 1202 ses compatriotes, comme lui-même, furent vivement offensés par leurs haleines, chargées du relent de ces plantes indiscrètes (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.170).
B. —Qqn ou qqc. offense qqn/qqc.
1. Porter atteinte à l'honneur ou à la dignité de quelqu'un. Synon. blesser, outrager.
a) [Le suj. désigne une pers.] Souvent, au moment même où je venais d'offenser Brigitte par quelque raillerie cruelle, je me disais: —S'il était à ma place, il en ferait bien d'autres que moi (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p.244). Il a fallu que je déclarasse par écrit n'avoir pas eu l'intention d'offenser le gouvernement (FLAUB., Corresp., 1851, p.139). Dieu, qu'elle était fatiguée de cette vie! Servir des hommes mal élevés qui l'offensaient de leurs avances (ROY, Bonheur occas., 1945, p.20). Je n'ai pas voulu t'offenser. Je veux t'aider, comprends-tu? (GREEN, Moïra, 1950, p.67):
• 1. Monsieur Rohner, s'il a pu m'arriver de vous offenser dans mes paroles ou mes écrits, sachez que je le regrette et que je suis venu ce soir vous en demander pardon.
DUHAMEL, Maîtres, 1937, p.255.
— Loc. fam. (Soit dit) sans vous/t'offenser. Sans vouloir vous/te blesser. Oh! On peut bien dire que vous faites la paire... Je dis ça, sans vouloir vous offenser, parce que c'est vrai (ZOLA, Page amour, 1878, p.827). Qui était donc cette fille ravissante (...) pour qui, soit dit sans t'offenser, tu faisais le paon à propos de la Grèce, de l'Italie et de toutes choses en général? (NIZAN, Conspir., 1938, p.128).
— Emploi abs. Se repent-il autant qu'il a offensé? (MUSSET, Confess. enf. s., 1836 p.286). Quand je veux offenser, je sais m'y prendre. Je n'ai jamais voulu ni vous outrager, ni vous offenser même (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p.820).
b) Emploi pronom. Il faut qu'une femme soit morte pour ne pas s'offenser de l'épithète de vieille (JOUY, Hermite, t.1, 1811, p.135):
• 2. ... vous avez bien voulu m'honorer, maintenant il y a de la modestie à ne plus vous revoir. Je vous supplie à mains jointes de ne pas vous offenser de cette phrase.
BALZAC, Corresp., 1832, p.683.
— [P. méton. du suj.] Leur modestie ne s'en offensera pas, pour la raison qu'ils ne liront jamais ce livre (PROUST, Temps retr., 1922, p.846). Rien de ma dignité ne s'offense des engagements que je contracte (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.866).
c) RELIG. Offenser Dieu
— [Le suj. désigne une pers.] Commettre une action contraire aux principes de Dieu. Synon. pécher. Si Job prie Dieu, s'il cesse de l'offenser, il redeviendra prospère et heureux (Théol. cath. t.4, 1 1920, p.981):
• 3. ... «c'est à vous que je me rends. —À moi! —Oui, à vous. J'ai offensé Dieu, j'ai dû le haïr. Oui, je crois maintenant que je serais morte avec cette haine dans le coeur (...)»
BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p.1163.
— [P. méton.; le suj. désigne un acte, un comportement] Les crimes les plus impardonnables aux yeux du clergé sont ceux qui offensent Dieu (ABOUT ds Lar. 19e).
2. Vieilli ou littér.
a) Porter atteinte à une chose respectée, digne de considération ou d'intérêt, léser un sentiment respectable ou légitime. Synon. blesser. Offenser la mémoire de quelqu'un. Il craindrait d'offenser l'orgueil d'une maîtresse (LEGOUVÉ, Mort Henri IV, 1806, II, 2, p.366). Ce n'est pas parce que mon pauvre frère est mort que je laisserai offenser mon honneur (SAND, Fr. le Champi, 1848, p.175). Elle semblait avoir peur d'offenser d'un mouvement trop brusque, d'un son de voix trop haut, la présence douloureuse qui ne la quittait pas (PROUST, Sodome, 1922, p.769). Vous avez pas le droit d'offenser mon honnêteté en vous livrant devant moi à des obscénités (AYMÉ, Mouche, 1957, p.74).
b) En partic.
— Manquer gravement à (une règle, un principe). Synon. enfreindre. Offenser la bienséance. L'effort viril, conscient, contre tout ce qui tend à amoindrir l'être, à offenser les lois de la nature et de la vie (MASSIS, Jugements, 1923, p.214).
— Troubler, gêner. De telles paroles offensent les oreilles (Ac.). La musique est une bonne compagne du silence et l'offense rarement (COLETTE, Jumelle, 1938, p.151). Le tableau doit être bordé d'or mat qui s'unit doucement aux couleurs sans les offenser (L. BENOIST, Musées, 1960, p.50):
• 4. Si, au lieu d'appliquer à l'extérieur des édifices des colonnes ou des pilastres, comme simple ornement, on justifiait cette décoration en la faisant contribuer à la solidité, la raison et le goût n'en seraient pas offensés...
VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p.16.
3. Constituer une atteinte à la dignité ou à l'honneur (de quelqu'un).
a) [Le suj. désigne un inanimé concr.] Ces drapeaux en liesse viennent offenser le deuil et la colère de l'électeur (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p.87).
b) [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Vingt fois Corinne voulut dire à lord Nelvil que son irrésolution l'offensait, et qu'elle était décidée à s'éloigner de lui (STAËL, Corinne, t.3, 1807, p.16).
— Emploi abs. On a bien raison de dire, continuait l'empereur, qu'il n'y a que la vérité qui offense (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.307):
• 5. On attend toujours le grand homme, parce qu'il est flatteur pour une nation de l'avoir produit. Mais jamais la grande pensée, parce qu'elle offense.
SARTRE, Sit. II, 1948, p.52.
Prononc. et Orth.:[], (il) offense []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1433 fig. offencer (JEAN REGNIER, Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, p.117, 3312); 1548 part. passé subst. offensé «celui qui a subi un affront» (DU FAIL, Baliverneries, éd. J.Assézat, t.1, p.158); 2. 1546 «blesser, léser (physiquement)» (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 49, p.329, 75). Dér. de offense; dés. -er, plutôt qu'empr. au lat. offensare «heurter, choquer» et «hésiter en parlant», fréquentatif de offendere «heurter» mais aussi «blesser», «porter atteinte à», d'où le m. fr. offendre «contrevenir» 1362 (Ordonnances des rois de France, t.3, p.583, art. 35), «offenser (fig.)» 2emoitié XIVe s. (Lettre ds FROISSART, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, 2e rédaction, t.6, p.301) —XVIe s. ds HUG., et souvent employé avec deffendre au sens d'«attaquer» dans un cont. judiciaire 1507-08 (ELOY D'AMERVAL, Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p.130) et surtout au propre 1513 (Archives du Nord L.M. 29888). Offenser a éliminé offendre, dont il n'a cependant pas conservé tous les sens. Fréq. abs. littér.:914. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1784, b) 833; XXe s.: a) 1152, b)1225.
DÉR. Offensable, adj. Qui s'offense facilement. Faure (...) est si offensable, que je ne puis jamais lui parler avec abandon (STENDHAL, Journal, 1811, p.296). Je me considère comme n'ayant rien reçu, je ne suis point offensé, ni offensable, mais je n'ai pas été invité, je ne le suis pas (HUGO, Corresp., 1866, p.451). — []. — 1res attest. 1530 «qui peut être offensé, blessé» (Contredictz de Songecreux, f° 157 v° ds GDF.), de nouv. 1811 (STENDHAL, loc. cit.); de offenser, suff. -able. Cf. le m. fr. offenssable «offensif» (Enq., Bourges, XIVe s., Arch. J 1034, pièce 44 ds GDF.), ex. répertorié par GUÉRIN 1892) —XVIe s. ds GDF.
offenser [ɔfɑ̃se] v. tr.
ÉTYM. V. 1450; de offense; a remplacé l'anc. franç. offendre, XIIe; lat. offendere.
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I (Sens abstrait).
1 Blesser (qqn) dans sa dignité ou dans son honneur, par la parole ou par l'action. ⇒ Offense; atteindre (dans sa dignité…), blesser, choquer, froisser, humilier, injurier, manquer (à), offusquer, outrager, piquer (au vif), vexer (→ Atteindre, cit. 16; fagot, cit. 4; harengère, cit. 2; impertinent, cit. 7 et 8; mauvais, cit. 16). || N'offenser personne (→ Fortune, cit. 35). || Se laisser offenser impunément (cit. 11). || Être facile à offenser. ⇒ Susceptible. || Je n'avais pas voulu vous offenser. — ☑ Prov. Il n'y a que la vérité qui offense, qui blesse…
1 Qui pardonne aisément invite à l'offenser (…)
Corneille, Cinna, IV, 2.
2 (…) l'on n'y blesse point (à la cour) la pureté de la langue; l'on n'y offense que les hommes ou que leur réputation (…)
La Bruyère, les Caractères, IX, 53.
3 (…) nous haïssons violemment ceux que nous avons beaucoup offensés.
La Bruyère, les Caractères, IV, 68.
4 Nous sommes moins offensés du mépris des sots que d'être médiocrement estimés des gens d'esprit.
Vauvenargues, Maximes et Réflexions, 65.
5 (…) il était quelquefois ombrageux et facile à offenser.
Rousseau, les Confessions, III.
6 Je m'en tiens, Monsieur, à vous déclarer que vos sentiments m'offensent, que leur aveu m'outrage (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXVI.
7 La gloire d'un homme ordinaire n'offense personne. Elle est plutôt une secrète flatterie au vulgaire (…)
France, les Opinions de J. Coignard, Œ., t. VIII, p. 312.
8 Don Gomes, comte de Gormas, fait tout ce qu'il peut pour offenser don Diègue. Il est venu exprès pour lui chercher une grande querelle. Il accumule les mots blessants, (preuve de son impuissance), les parodies, les imitations de mots, les allusions blessantes, les rappels, les reprises de mots, les traits, les pointes et les coups de marteau (d'armes). Tout cet appareil (lui) réussit si peu que pour en finir il est forcé de lui donner un soufflet.
Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, p. 174.
♦ Absolument :
9 Parler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose.
La Bruyère, les Caractères, V, 27.
2 (1552). Manquer, déplaire à (Dieu) par le péché. || Offenser Dieu (cit. 38). ⇒ Pécher. || Offenser le ciel (→ 3. Mal, cit. 37), les dieux (→ Blesser, cit. 21). || Se repentir d'avoir offensé Dieu (⇒ Contrition).
10 Si le ciel est désert, nous n'offensons personne;
Si quelqu'un nous entend, qu'il nous prenne en pitié !
A. de Musset, Poésies nouvelles, « L'espoir en Dieu ».
11 On n'offense que Dieu qui seul pardonne.
Verlaine, Sagesse, I, XV.
12 (…) la réalité des êtres ne survit pour nous (…) que peu de temps après leur mort, et au bout de quelques années ils sont comme ces dieux des religions abolies qu'on offense sans crainte parce qu'on a cessé de croire à leur existence.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 228.
13 Ne se damne pas qui veut. Ne partage pas qui veut le pain et le vin de la perdition (…) Nul ne peut offenser Dieu cruellement qui ne porte en lui de quoi l'aimer et le servir.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 38.
3 (1546). Vieilli ou littér. Blesser, léser, nuire à… || Offenser l'honneur, la mémoire, la réputation de qqn. ⇒ Déchirer, entamer, toucher (à). — Offenser l'amour-propre, la délicatesse, les sentiments de qqn. — REM. La langue classique employait offenser, au sens métaphorique de blesser, avec un grand nombre de compléments. Offenser la gloire (Corneille, Cinna, 816), la colère (Racine, Andromaque, 1233), l'amitié (Mme de Sévigné, I, 511), etc.
14 Cette gaieté artiste, éclatant soudain comme une flamme, caressait l'amour sans l'offenser.
France, le Lys rouge, XXXI.
♦ Spécialt. Blesser moralement (les sens, l'esprit) par une impression pénible. || Spectacle immoral, répugnant…, qui offense la vue. || Grossièreté qui offense l'oreille, qui choque, scandalise.
15 (…) le petit homme est joli, et craignait d'offenser mes chastes oreilles (…)
Mme de Sévigné, 551, 24 juin 1676.
16 Et mon esprit enfin n'est pas plus offensé
De voir un homme fourbe, injuste, intéressé,
Que de voir des vautours affamés de carnage (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
♦ Manquer gravement à (une règle, une vertu). ⇒ Braver. || Offenser la vérité. ⇒ Écorcher (→ Arracher, cit. 10). || Offenser la raison (→ Imprégner, cit. 10), le bon sens, le bon goût… || Récit obscène, qui offense gravement la pudeur, la bienséance… ⇒ Alarmer.
17 (…) dans l'Église, quand la vérité est offensée par les ennemis de la foi, quand on veut l'arracher du cœur des fidèles pour y faire régner l'erreur (…)
Pascal, Pensées, XIV, 949.
18 (…) pourvu que l'honneur n'y soit pas offensé, on peut se libérer un peu de la tyrannie d'un père.
Molière, l'Amour médecin, I, 4.
19 Dieu de mes pères, qu'ai-je fait pour mériter une pareille récompense ! Toute ma vie j'ai offensé vos lois (…)
Chateaubriand, les Martyrs, XIII.
20 (…) des espèces de farces appelées mystères, dans lesquelles les lois de la décence se trouvaient souvent offensées.
Flaubert, Mme Bovary, II, XIV.
♦ Par ext. Vx. Manquer aux règles de (un principe, une science), constituer une atteinte à ses principes. || Offenser la géographie (→ Impertinence, cit. 4). ☑ Allus. littér. Offenser la grammaire (cit. 1, Molière).
———
II
1 (V. 1530). Vx. Blesser, léser, meurtrir (→ Guêpe, cit. 1, Montaigne). || Peau offensée par les coups (→ Livide, cit. 1).
21 La blessure de M. de Marsillac est un coup de mousquet dans l'épaule (…) qui n'offense pas l'os.
Mme de Sévigné, 285, 17 juin 1672.
2 (1546). Vieilli ou littér. Blesser (les sens) par une sensation pénible. || Sons qui offensent l'ouïe, l'oreille. ⇒ Écorcher (→ Musique, cit. 6). || Odeur qui offense les narines (cit. 10). || Vive lueur qui offense la vue. ⇒ Offusquer, troubler.
22 (…) elle repoussa doucement les rideaux et découvrit son enfant en mettant une main devant la bougie, afin que la clarté n'offensât pas les paupières transparentes et à peine fermées de la petite fille.
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 732.
23 Une imagination trop forte (…) détache, découpe trop les objets, les rapproche et les tire à soi dans une saillie qui éblouit, qui offense parfois le regard plutôt que de le reposer et de le réjouir.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. I, p. 174.
3 (V. 1530). Vx ou littér. Causer des dégâts matériels à (qqch.); enlaidir en endommageant. || « La terre était offensée par la fumée des forges » (A. France, in G. L. L. F.).
——————
s'offenser v. pron.
ÉTYM. (1559).
♦ Réagir par un sentiment de dignité, d'amour-propre, d'honneur blessé à ce que l'on considère comme une offense. ⇒ Fâcher (se), formaliser (se), froisser (se), indigner (s'), piquer (se), vexer (se). → Prendre en mal, en offense… || Ne s'offenser de rien (→ Faufiler, cit. 3). — Sa délicatesse s'offense de peu de chose. ⇒ Scandaliser (se). → Arracher, cit. 32. — S'offenser contre quelqu'un. Vx. || S'offenser de quelqu'un.
24 (…) cette délicatesse d'honneur qui (…) s'offense de l'ombre des choses.
Molière, Critique de l'École des femmes, 3.
25 La compagnie est assez nombreuse pour que je ne m'offense point de cette condescendance.
Balzac, les Ressources de Quinola, III, 15.
——————
offensé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XVe).
♦ Qui a subi, ressenti une offense. || Amour-propre (cit. 5) offensé. — (1674). Par ext. || Air offensé, de dignité offensée. ⇒ Offusqué, outré (→ Cambrer, cit. 2). || Un regard offensé (→ Éclair, cit. 13).
26 (…) il prit l'air offensé et glacial qu'ont, lorsqu'on a l'air de les croire légères, les femmes qui ne le sont pas, et encore plus celles qui le sont.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 75.
♦ N. (1610). Personne qui a subi une offense. ⇒ Insulté (→ Auteur, cit. 5; guérir, cit. 21). || Dans un duel, l'offensé a le choix des armes. || L'offenseur et l'offensé.
27 En cet affront mon père est l'offensé,
Et l'offenseur le père de Chimène !
Corneille, le Cid, I, 6 (1636).
28 C'est arrangé, dit-il, vous vous battrez demain à dix heures avec Mme de Saint-Panachard… Comme votre adversaire est l'offensée, elle a le choix des armes…
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 245.
❖
DÉR. Offensant, offenseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.