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INDE
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A CHACUN son Inde: celle des guru qui se dévalorise à mesure qu’elle prend de l’extension, celle de la misère, de la faim, des bidonvilles que des âmes généreuses rêvent de transformer, celle des touristes chasseurs d’images – dépaysement assuré –, celle, tout simplement, des affaires, où l’argent coule à flot, «sale» ou «propre», étranger ou national, où surtout l’Occident cherche un marché. L’Inde n’a jamais un visage neutre ou indifférent, vue de l’extérieur. Et, si nous essayons de la comprendre un peu plus profondément dans sa complexité, avec comme seule ambition de connaître son visage humain particulier, n’oublions pas que c’est encore un regard occidental que nous portons sur elle. Qu’est-ce donc pour nous que l’indianité? Pouvons-nous rejoindre ses catégories mentales à l’aide des nôtres?

Devant la masse énorme de textes que nous a livrés l’Inde depuis plus de trois millénaires, tant en sanscrit qu’en langues vernaculaires du Nord et du Sud, une constatation s’impose: c’est la littérature religieuse qui domine, et elle tend à nous livrer une vision assez statique, alors même que les textes, puis les monuments, trahissent une évolution. Ce n’est sans doute pas une «société froide», au sens lévistraussien du terme, mais ses brâhmanes veillent à la permanence de la vision traditionnelle qu’ils essaient d’en donner. Peut-être avons-nous déjà énoncé ainsi l’un des facteurs déterminants de cet effet d’immobilisme: la société est elle-même structurée selon des principes religieux et garantie par la religion. Les brâhmanes en sont les castes sacerdotales productrices et gardiennes des textes fondamentaux, et ils occupent la position hiérarchique dominante. Sans avoir pour eux la force, ils ont l’autorité dernière, et les rois eux-mêmes ne peuvent gouverner sans eux. Autant dire que, dans la société de castes de l’Inde hindoue (mais aussi musulmane ou jaïn), le religieux est le principe englobant.

La phase la plus ancienne (conventionnellement entre 1 500 et 500 avant notre ère), celle du Veda, comporte d’abord des hymnes à des divinités qui sont déjà associées à un culte sacrificiel, puis des textes de rituel proprement dits, où les hymnes ne reparaissent qu’à l’état de fragments disloqués et qui livrent un ensemble de pratiques sacrificielles extrêmement élaborées et parfois peu intelligibles malgré les justifications mythiques qui en sont données. Cet ensemble constitue la Révélation et comme tel il est intangible. Socialement, il tient en dehors de lui les castes de bas statut et surtout celles que leurs fonctions héréditaires rendent impures. Ce n’est déjà pas un bloc religieux unique, car il comporte, face au sacrifice dans le feu, une négation de la valeur de ces rites, destinés à produire des résultats souhaités plus qu’à rendre un culte aux divinités qui reçoivent les offrandes versées dans le feu. Ceux que l’on a appelés les «renonçants» voient dans le rite la promesse de futures renaissances (et de remords) nécessaires à la production des effets des rites non acquis en cette vie. Ils refusent cette perspective et cherchent au contraire à accéder, au-delà de la mort, à une éternité bienheureuse, la délivrance (des renaissances), qu’ils conçoivent aussi selon des modes différents. De cette opposition au ritualisme védique, nous n’avons aussi que des témoignages textuels, inclus dans la Révélation et issus des mêmes hautes castes.

En continuité avec cette phase védique et en rupture aussi avec elle se construit ensuite une masse de littérature didactique: grammaire, prosodie, astronomie, architecture, commentaires aphoristiques des textes de rituel, qui sont autant d’annexes du Veda. Puis des traités de l’art politique, des codes de lois socio-religieuses, puis les premiers aphorismes fondant les futurs systèmes de pensée appelés «points de vue» qui tiennent pour nous à la fois de la philosophie et de la théologie puisqu’ils ne font pas de coupure entre l’argumentation logique et l’adhésion au Veda. Mais il y a aussi un traité de l’amour – célèbre en Occident quoique fort ennuyeux – qui montre que l’englobement de la société par la religion n’est pas un vain mot: elle ne laisse pas à la porte le plaisir humain, quel qu’il soit, et la courtisane a sa place, c’est-à-dire sa fonction, dans les temples, dans les palais des rois aussi bien que chez les riches marchands.

Tout cela, qui constitue ce que l’on appelle le brahmanisme, ne serait pas complet, ni sans doute intelligible dans son surgissement même, si ne naissaient aussi – à peu près en même temps et, là encore, les dates font défaut – les deux énormes monuments littéraires que sont les épopées sanscrites, sources d’inspiration de tant d’œuvres littéraires poétiques ou dramatiques ultérieures et qui forment sans doute la charte, narrative pour l’essentiel, de ce que l’on appellera plus tard l’hindouisme. Si l’on tient absolument à distinguer le brahmanisme ancien de l’hindouisme, on pourra dire que le brahmanisme reste le cœur de l’orthodoxie des brâhmanes, le lien par lequel ils continuent de se rattacher au moins nominalement à la Révélation védique. Mais c’est l’hindouisme qui est la religion dominante et qui couvre le pays de ses temples et templiaux, de ses pierres enduites de minium au pied des arbres, qui commande aussi toute la pratique actuelle des hindous, ceux du haut et ceux du bas, les purs et les impurs, les riches et les pauvres, chacun trouvant les formes religieuses qui s’accordent à son statut social (et à ses moyens financiers).

Peu importe que nous ne puissions pas faire l’histoire de ce passage du védisme à l’hindouisme. Il est plus satisfaisant d’en trouver une sorte de schéma directeur, l’orientation de la réflexion et des pratiques qui vont d’un terme à l’autre. Nous les résumerons en deux grands thèmes que nous réduirons à l’essentiel: l’émergence de deux grands dieux qui, contrairement à ce que l’on a pu dire, étaient les dieux essentiels du sacrifice védique, Vi ルユu, le dieu qui ouvre l’espace de ses trois pas, qui mesure l’aire sacrificielle et pose son pied sur le sommet du poteau sacrificiel, et えiva qui, lui, a habité dès le début sous le nom de Rudra le feu du sacrifice. D’un culte aniconique émergent ainsi deux «personnalités» divines, plus ou moins anthropomorphiques, qui sont très vite associées à une divinité féminine, celle que nous appellerons simplement ici la Déesse, mais qui se démultipliera à l’infini sur la terre indienne: elle est sans doute née aussi du sacrifice védique par un détour, mais sa forme panindienne est d’abord celle de la Tueuse du démon Buffle.

Il faudrait alors montrer comment ces divinités, passées par la réflexion des renonçants, ont rendu accessible à tous le salut dans l’au-delà, sous la forme où chacun l’envisage, du fait même qu’elles s’étaient détachées des rites élitistes du sacrifice. Dieux et Déesse deviennent l’objet d’une relation personnelle à son dévot, relation affective avant même d’être traduite dans la littérature sous sa forme la plus sentimentale, voire la plus érotique. C’est ce que l’on appelle la religion de dévotion – bhakti . L’universalisme du salut par la bhakti a eu pour contrepartie la perpétuelle segmentation de l’hindouisme en sectes, où les conflits de castes ont recoupé des oppositions religieuses et souvent des rivalités de maîtres spirituels (les fameux guru). Il n’y a pas d’église organisée, pas d’unité hindoue, mais une recomposition sans cesse à l’œuvre de groupes d’allégeance religieuse autour de maîtres dotés ou non d’une postérité. C’est dans ce cadre infiniment complexe que les hindous vivent leur vie quotidienne, faite comme la nôtre de besoins immédiats à satisfaire, de tâches à accomplir, de solidarités familiales, sociales et religieuses, de querelles et de tensions. Mais la structure en castes demeure et organise la vie économique et sociale, sans doute avec des conflits, mais aussi avec un maximum de solidarité: chacun reçoit de sa caste son identité, sa place, et un «intouchable» pieux pourra être vénéré comme tel.

La vie moderne, avec l’impact de plus en plus grand des formes occidentales de vie économique et même sociale, a urbanisé et industrialisé très partiellement l’Inde. La campagne environnant la ville en subit l’attirance et même les idées circulent. Mais ne pavoisons pas. Si des idées font leur chemin, si des changements pour le mieux se font jour parfois dans des vies perdues, si les castes savent mieux s’adapter aux conditions modernes de vie qu’on aurait pu le croire, pour le moment les tensions entre les castes et les religions s’exacerbent. De vieilles solidarités disparaissent parce qu’elles n’ont plus d’objet, et les disparités sociales et économiques paraissent beaucoup moins acceptables que dans les formes traditionnelles de vie où chacun avait sa place. Là encore nous avons fait irruption dans des modes de vie qui nous étaient étrangers avec nos gros sabots, nos fusils et notre sentiment de supériorité. C’est surtout par là que l’Occident à l’heure actuelle montre sa présence. On y parle beaucoup de démocratie, mais qui croirait qu’il suffit de prononcer ce mot magique pour le comprendre et, plus encore, pour lui donner un contenu effectif?

inde [ ɛ̃d ] n. m.
XIIe; lat. indicum indigo
Couleur bleu foncé violacé extraite de l'indigo. Teindre en inde.

inde nom masculin (latin indicum, indigo, de Indicus, Indien) Ancien nom de l'indigo. Couleur bleue tirée de l'indigo.

Inde
(république de l') (Bharat Inktarashtra), état d'Asie mérid. constituant un sous-continent séparé du reste de l'Asie par l'Himalaya; 3 287 782 km2; 935 millions d'hab., la 2e pop. du monde après la Chine (croissance démographique: 2 % par an); cap. New Delhi. Nature de l'état: rép. fédérale membre du Commonwealth (25 états et 7 territoires). Langue off.: hindi (avec l'anglais). Monnaie: roupie. Pop.: descend essentiellement d'une souche hypothétique, les Aryens, le reste étant composé princ. de Dravidiens. Relig.: hindouisme (83 %), islam (13 %), christianisme, bouddhisme, sikhisme. Géogr. phys. et hum. - Trois ensembles naturels constituent le territoire indien. - L'Himalaya, puissante barrière montagneuse, surtout présente au N.-O. et au N.-E. du pays, compte une série de sommets à 8 000 m, dont le K2, point culminant du territoire (8 620 m). - La plaine Indo-Gangétique, plus au S., est un ancien golfe marin remblayé de sédiments et d'alluvions arrachés à la montagne par les puissants fleuves himalayens (Indus et Gange princ.). Inondable dans ses parties basses, elle se termine sur le golfe du Bengale par le plus grand delta du monde. - Le Dekkan forme la partie péninsulaire de l'Inde. Ce socle cristallin, élément de l'ancien continent Gondwana, a été fracturé à l'ère tertiaire et recouvert au N.-O. de vastes épanchements de basalte (trapps). Sur les bords, les Ghâts dominent une étroite plaine littorale à l'O. (côte de Malabar); moins élevées à l'E., elles s'abaissent vers une plaine côtière plus large. Le climat, rythmé par la mousson, oppose une saison sèche d'hiver (nov.-mai) à une saison des pluies d'été (juin-sept.). On distingue une Inde humide (à l'O., au S. et au N.-E.), qui concentre les plus fortes densités humaines du pays, et une Inde sèche (Dekkan intérieur, au N.-O.), moins peuplée. à l'extrême N.-O. du pays s'étend le Thar, désertique. La forêt de l'Inde humide et les épais fourrés de l'Inde sèche (jungle) ont été largement défrichés. Aux populations autochtones de Noirs dravidiens (auj. 100 millions de personnes groupées au S.) et de tribus du N. du pays sont venus s'ajouter, entre 1700 et 1000 av. J.-C., les Aryens, envahisseurs venus du N. par la passe de Khaybar. On dénombre auj. plus de 1 600 langues et dialectes, dont 15 importants. L'hindi, langue officielle, est en progrès (30 % de la pop.), mais l'anglais, parlé par l'élite, reste la langue véhiculaire. L'hindouisme, religion majoritaire, s'accompagne du système des castes, qui demeure, bien que Gandhi l'ait aboli. Malgré le planning familial, l'excédent démographique dépasse 18 millions de personnes par an. Plus de 70 % des Indiens sont encore des ruraux et l'exode entraîne une explosion urbaine. écon. - L'Inde est la 3e puissance économique du tiers monde, après le Brésil et la Chine. Sur le legs brit. (réseau de transports, ferroviaire notam., ports, infrastructures énergétiques, bases agricoles et industrielles, équipements d'hygiène et de santé) elle a bâti un système original faisant coexister un secteur public puissant et de grands groupes privés. à partir de 1984, l'état a libéralisé l'économie, mais le Front uni qui gouverne dep. 1996 a suspendu les privatisations et n'encourage pas les investissements étrangers (satisfaisant ainsi la demande du B.J.P.). L'agriculture emploie encore 60 % des actifs: cultures kharif, de saison des pluies (riz, millet, jute, coton), et cultures rabi, de saison sèche (blé, orge, colza); les plantations (thé) et le bois (teck, bois de santal, bois de rose) constituent des exportations appréciables. Le cheptel est considérable mais sous-utilisé pour des raisons religieuses; la pêche apporte un complément. La révolution verte, les progrès techniques, l'extension de l'irrigation ont apporté à l'Inde l'autosuffisance céréalière. 40 % des ruraux vivent encore dans la misère; seul le Nord a réussi son décollage. Les ressources du sous-sol sont relativement abondantes: houille, hydrocarbures, fer, bauxite, manganèse. Le pays renforce son potentiel hydroélectrique et nucléaire. Les industries lourdes (charbonnage, sidérurgie, pétrochimie, engrais) sont contrôlées par l'état, qui a développé des branches de pointe. Le pays apparaît donc comme une puissance industrielle évoluée à faible compétitivité internationale; il souffre aussi d'un réseau de transports saturé et d'une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. L'industrie se concentre dans les grandes métropoles. L'Inde dispose d'une recherche de haut niveau et de la première industrie cinématographique mondiale, qui produit plus de films qu'Hollywood. Les difficultés (fort endettement, inflation élevée) sont compensées par une croissance élevée. Hist. - La protohistoire de l'Inde est marquée par une civilisation urbaine, dite de l'Indus (2500-1500 av. J.-C.). L'introduction de la civilisation aryenne apr. le XVe s. av. J.-C. nous est connue par le Veda (recueil littéraire et religieux). Au VIIe s. av. J.-C., cette civilisation, profondément marquée par le pouvoir religieux des brahmanes, s'étend vers l'E. et se développe. Au siècle suivant, en réaction contre le système des castes du brahmanisme, naissent le jaïnisme et, surtout, le bouddhisme. Le N.-O. du pays connaît l'invasion perse de Darius Ier, qui s'empare de la vallée de l'Indus (fin du VIe s. av. J.-C.). Deux siècles plus tard, l'expédition d'Alexandre met l'Inde en contact direct, mais bref, avec le monde grec. Chandragupta fonde en 321 av. J.-C. la dynastie des Maurya, repousse Séleucos Ier, lieutenant d'Alexandre, et établit un empire que son fils, le roi bouddhiste Açoka (v. 264-226 av. J.-C.), élargit considérablement. Après la chute de l'empire des Maurya (déb. du IIe s. av. J.-C.), l'Inde subit une nouvelle invasion (indo-scythe) et le royaume des Kushâna se forme, accordant un rôle considérable à la culture hellénique (Ier-IIIe s. apr. J.-C.). L'Empire Ândhra des çâtakarni s'établit en même temps dans le Dekkan. Avec la formation de l'Empire gupta (IVe-VI<sup>e</sup> s.), l'Inde retrouve unité et éclat culturel. C'est l'âge classique de l'Inde, placée sous l'autorité d'une dynastie nationale. Mais l'invasion des Huns, au VIe s., provoque l'éclatement politique de l'Inde du Nord; le Dekkan est le lieu d'un bel essor de l'hindouisme (art d'Ajantâ, de Tellora). La conquête musulmane, commencée par le Turc Mahmûd de Ghaznî (999-1030), est poursuivie par le prince iranien Muhammad de Ghor à la fin du XIIe s. Le sultanat de Delhi, qui avait rendu à l'Inde son unité, ne résista pas à l'invasion de Tamerlan (1398-1399) et se morcela en de nombr. principautés musulmanes et hindoues en lutte perpétuelle. Grâce aux contacts avec le monde arabe, les échanges commerciaux, intellectuels et artistiques sont en plein essor; en 1498, Vasco de Gama débarque à Calicut à la recherche d'épices. Un descendant de Tamerlan, Bâber, fonde l'Empire moghol, qui atteint son apogée de 1556 à 1707, puis l'Inde est à nouveau morcelée. Depuis la fin du XVe s., les contacts avec les Portugais, puis les Hollandais, enfin les Français et les Anglais, avaient été commerciaux. Au XVIIIe s., Dupleix, gouverneur des établissements français en Inde, intervint le premier dans les querelles indiennes, afin de créer un empire colonial. Désavoué par le roi de France, il laissa le champ libre à la Compagnie anglaise des Indes qui l'emporta définitivement après la défaite du Français Lally-Tollendal (1761). Devenue une colonie rattachée à la Couronne (1858) après la révolte des soldats à la solde des Européens (1857-1858), l'Inde est transformée par les Anglais (qui confient des postes import. aux Indiens): impôt foncier, justice, voies ferrées. En 1877, la reine Victoria est proclamée impératrice des Indes. Mais le parti du Congrès demande le statut de dominion (1885), une participation politique et la création d'une industrie nationale. Gandhi, porté à la tête du mouvement national, refuse la violence et préconise la "désobéissance civile". Londres accorde en 1919 (Government of India Act) une représentation indienne dans les assemblées locales et centrale; en 1935, un nouveau Government of India Act crée une réelle autonomie. L'indépendance est accordée en 1947, mais l'antagonisme irréductible entre les hindous et les musulmans oblige les Anglais à partager l'anc. empire des Indes en deux états: l'Union indienne et le Pakistan (lui-même constitué de deux parties distinctes, au N.-O. et au S.-E. de l'Inde). Ce partage créera de terribles conflits entre les deux communautés et entre les deux états. Après l'assassinat de Gandhi (janv. 1948), l'Inde, dotée d'une Constitution parlementaire, se donne comme chef du gouvernement le pandit Nehru, qui crée une puissante industrie lourde. Sa politique internationale, fondée sur le neutralisme, donne à l'Inde une place capitale dans le tiers monde. En 1962 éclate un conflit avec la Chine au sujet du Tibet. Après la mort de Nehru (1964) et de son successeur, Shastri (1966), Indira Gandhi, fille de Nehru, devient Premier ministre. Elle se heurte à l'opposition des "grands féodaux" et des révolutionnaires. En 1971, une nouvelle guerre (après celle de 1965) contre le Pakistan, donne naissance au Bangladesh (ex-Pakistan oriental). En mai 1974, l'Inde fait exploser sa première bombe atomique. En 1975, le Sikkim est annexé, devenant le vingt-deuxième état de l'Union. Face aux problèmes écon. (liés notam. à l'explosion démographique) et à une violente contestation politique, I. Gandhi instaure l'état d'urgence (1975-1977). Vaincue aux élections de 1977, elle laisse le pouvoir à Morarjî Desai mais remporte triomphalement celles de 1980. Alors se dessine un essor économique régulier, mais l'accentuation des particularismes culturels culmine en 1984 avec l'agitation sikhe et Indira Gandhi est assassinée. Son fils, Rajiv Gandhi, qui lui succède, remporte les élections de déc. 1984. En 1986, l'Arunachal Pradesh et, en 1987, le Mizoram et le territoire de Goa deviennent états de l'Union indienne. En 1989, compromis dans des scandales financiers, R. Gandhi est battu aux élections, mais joue un grand rôle polit. jusqu'à son assassinat lors des législatives de 1991, que remporte le parti du Congrès: Narasimha Rao, devient Premier ministre. Sur le plan international, l'Inde s'est illustrée, dans cette période, en prêtant main-forte au gouvernement du Sri Lanka dans sa lutte contre les séparatistes tamouls (1987-1989). Elle a également fait peser sur le Népal un blocus économique qui ne fut levé qu'en 1990, après d'importants changements politiques à Katmandou. Suite à l'effondrement de l'U.R.S.S., N. Rao a accéléré l'ouverture du pays sur l'Occident et la libéralisation de l'économie. Dep. 1990, la montée du fondamentalisme hindou, qui s'est traduite par les succès électoraux du parti Bharatiya Janata (B.J.P.), est à l'origine de violents affrontements entre hindous et musulmans, notam. à propos du lieu saint d'Ayodhya (Uttar Pradesh) revendiqué par les deux communautés, qui ont entraîné plus de 1 200 morts dans tout le pays en déc. 1992. En mai 1996, le B.J.P. remporte les élections législatives, mais le Front uni (regroupant quatorze partis de gauche et de centre gauche) forme le gouv., le centriste Deye Gowda devenant Premier ministre (1er juin). Mis en minorité au Congrès, il démissionne en avril 1997 et le ministre des Affaires étrangères, Inder Kumar Gujral, lui succède, mais de nouv. élections se révèlent indispensables. En fév.-mars 1998, le B.J.P. les remporte, obtenant presque la majorité absolue contre le Congrès, alors que la gauche s'est effondrée. Un modéré du B.J.P., Atal Bihari Vajpayee, forme le gouvernement.

⇒INDE, adj. et subst. masc.
Couleur bleu foncé violacé, extraite de l'indigo ou de la guède. Bleu d'inde; teindre en inde; robe de taffetas couleur inde. Le roi parut avec une cotte de samit inde (soie violette) (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 181).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 adj. « d'une couleur bleu foncé violacé » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4051); 2. ca 1165 subst. « couleur bleu foncé violacé » (BENOIT DE STE-MAURE, Troie, 13401 ds T.-L.); 3. 1559 « couleur bleue extraite de la guède » (M. MATHÉE, Les Six livres de Pedacion Dioscoride d'Anazarbe de la matiere medicinale, Lyon, Th. Payan, p. 481a); 4. 1559 « fécule de l'indigotier qui donne une couleur bleu foncé violacé » (ID., ibid.). Empr. au lat. indicum « indigo », neutre subst. de l'adj. indicus « de l'Inde », prob. par l'intermédiaire de l'a. prov. indi, endi « d'une couleur bleu foncé violacé » (XIIe-XIIIe s. ds RAYN.). L'a. fr. n'a connu que l'adj. et le subst. désignant la couleur. Le subst. désignant la matière tinctoriale n'a été introduit qu'au XVIe s., avec le produit lui-même (il est également plus anc. en prov. : endi, indi, XIIIe-XIVe s. ds RAYN.), v. FEW t. 4, p. 645. Par la suite, inde a été remplacé par indigo. Fréq. abs. littér. : 47.

inde [ɛ̃d] n. m.
ÉTYM. XIIe, « bleu foncé violacé », adj. et n. m.; lat. indicum (→ Indigo), probablt par l'anc. provençal indi.
Techn. Couleur bleu foncé tirant sur le violet.Syn. : bleu d'Inde. || Teindre en inde.
tableau Désignations de couleurs.
(Mil. XVIe). Substance tinctoriale donnant ce bleu, extraite de l'indigotier ou de la guède.Syn. : indigo.

Encyclopédie Universelle. 2012.