houille [ 'uj ] n. f.
• 1611; oille de charbon 1502; wallon hoye, du frq. °hukila « bosse, tas »
♦ Combustible minéral de formation sédimentaire, généralement noir, à facettes brillantes, et renfermant 75 à 93% de carbone pur. ⇒ charbon. La houille, charbon naturel fossile, autrefois nommée « charbon de terre, charbon de pierre ». La houille provient de végétaux décomposés (processus de houillification [ n. f. , 1907 ] des végétaux). Composition de la houille : carbone, hydrogène, oxygène, azote, soufre (pyrites, sulfates); silicates, alumine, oxyde de fer, chaux, eau. Variétés de houilles : houilles grasses (plus de 25% de matières volatiles), demi-grasses (15 à 18%), maigres (12 à 14%) et anthraciteuses (4 à 11%). ⇒ anthracite. Gisement de houille (cf. Bassin houiller). Filon, veine de houille. Extraction de la houille. Gaz dans les mines de houille (grisou, méthane). Aspect des morceaux de houille dans le commerce : fines, poussier, aggloméré, briquettes, boulets. Emploi de la houille comme combustible. Produits de la distillation de la houille. ⇒ 1. coke, goudron; gaz (d'éclairage). Gaz de houille. Goudron de houille. ⇒ coaltar.
♢ (1906; par anal. d'utilisation) HOUILLE BLANCHE : énergie hydraulique fournie par les chutes d'eau en montagne. ⇒ barrage; hydroélectrique. — Houille bleue : énergie hydraulique fournie par les vagues et les marées (⇒ marémoteur) .
⊗ HOM. Ouille.
houille
n. f.
d1./d Charbon de terre, roche sédimentaire de couleur noirâtre, à cassure brillante, que l'on utilise comme combustible.
d2./d La houille blanche: l'énergie des cours d'eau, l'hydroélectricité.
Encycl. La densité de la houille varie entre 1,2 et 1,5, et sa teneur en eau entre 2 et 7 %. Elle contient au moins 75 % de carbone. Les houilles brûlent en dégageant de la chaleur (pouvoir calorifique inférieur compris entre 32 600 et 36 000 kJ/kg) et sont utilisées comme source d'énergie (chauffage industriel et domestique). La pyrogénation de la houille donne des hydrocarbures, du goudron, de l'ammoniac, etc., et un résidu: le coke. à partir de la houille, on fabrique des matières plastiques, des engrais, des carburants, etc. (carbochimie). La houille est extraite des gisements houillers par exploitation souterraine ou découverte (mine à ciel ouvert). Les réserves mondiales de houille se situeraient entre 1 000 et 3 000 milliards de tonnes.
⇒HOUILLE, subst. fém.
A. — Combustible solide résultant de la fossilisation de végétaux au cours des temps géologiques, et qui se présente en gisements. Synon. charbon. Houille grasse, maigre; filon, mine, veine de houille; distillation, extraction de la houille. C'est la houille qui fait bouillonner les chaudières, Rugir les hauts fourneaux tout chargés de matières, Et rouler sur le fer l'impétueux wagon (BARBIER, Iambes, 1840, p. 241). L'achat d'un sac de houille soulevait de grands problèmes et de véhémentes discussions (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 243). Les houilles sont utilisées en chauffage, carbonisation et gazéification (BADER-TH. 1962) :
• Sa galerie bientôt fut en avance sur les autres, il s'y battait contre la houille d'un élan si farouche, qu'on entendait monter du boyau le souffle grondant de sa poitrine...
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1553.
B. — [P. anal. d'utilisation; en parlant de certaines forces naturelles susceptibles de se transformer en énergie industr.]
1. Houille blanche. Énergie fournie par les chutes d'eau et utilisée dans les centrales hydrauliques pour la production du courant électrique. La houille verte a-t-elle autant d'avenir que la houille blanche? (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 178).
2. Houille bleue. ,,Énergie marine susceptible d'être captée pour des fins industrielles : force des marées, des vagues et des courants`` (GRUSS 1952). Une nouvelle source d'énergie électrique est née : la houille bleue, énergie par la mer et plus précisément par les marées (Écho de la Mode, 31 juill. 1966, suppl., p. 4).
3. Houille verte. Énergie fournie par le courant des cours d'eau. Supra B 1 GIRAUDOUX, loc. cit.
4. Houille d'or. Énergie solaire. Le soleil? Un colloque sur la « houille d'or » s'est tenu à Paris en juillet dernier (Le Point, 17 déc. 1973, p. 70).
REM. Houillification, subst. fém. Processus de transformation en houille des débris végétaux, au cours des âges géologiques. Lemière ramenait la houillification à une suite de fermentations (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p. 275).
Prononc. et Orth. : [uj] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1510 oille (doc. ds GDF. Compl.); b) 1590 ouille (G. COQUILLE, Œuvres, I, 503, ibid., s.v. houillere); 1611 houille (COTGR.); 2. 1906 houille blanche (L'Illustration, 20 janv. 48d ds QUEM. DDL t. 4). Mot de l'a. liégeois hulhes 1278 et 1295 hulhes ou cherbons (HAUST, Étymol., p. 161, note 3), d'où le wallon mod. hoye, la houille ayant été découverte en Hesbaye vers 1195 (cf. ibid., p. 160, note 1 et la forme latinisée hullae en 1198 ds DU CANGE). Il représente prob. l'a. b. frq. hukila « tas, monceau, motte », dimin. de hukk- (cf. le m. néerl. hokke « tas », l'all. Hocke « moyette »), lequel est attesté dans les dial. néerl. sous les formes heukel, eukel « veillote »; cf. FEW t. 16, pp. 258b-259. Fréq. abs. littér. : 217. Fréq. rel. littér. : XIXe : a) 84, b) 476; XXe s. : a) 551, b) 263.
DÉR. Houilleur, subst. masc. Ouvrier qui travaille dans une mine de houille. Le milieu de houilleurs flegmatiques où il vivait (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1275). — [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1835. — 1res attest. fin XIVe s. (J. FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce et G. Raynaud, t. 9, p. 85), de nouv. 1780 (MORAND, L'Art d'exploiter les mines de charbon de terre ds BRUNOT t. 6, p. 401); de houille, suff. -eur2 cf. a. liég. hulhier « id. » (ca 1260 Pauvres-en-Ile ds Dialectes belgo-romans, t. 7, p. 165). — Fréq. abs. littér. : 12.
BBG. — HAUST (J.). L'Étymol. du fr. houille. Romania. 1936, t. 62, pp. 532-533.
houille ['uj] n. f.
ÉTYM. 1661, Cotgrave; houle, 1596; oille, 1510; oille de charbon, 1502; du wallon hoye; hulhes, mot liégeois, signalé en 1278 (aujourd'hui en wallon hoge), du francique hukila « bosse, tas ».
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1 Combustible minéral de formation sédimentaire (densité moyenne 1,3), généralement noir, à facettes plus ou moins brillantes, renfermant de 70 à 95% de carbone pur. || La houille, charbon naturel fossile, autrefois nommée « charbon de terre, charbon de pierre » (opposé à charbon de bois). ⇒ Charbon. REM. Houille s'emploie surtout dans le langage didactique; dans le langage courant, on lui préfère charbon employé absolument, la houille étant le meilleur des charbons naturels, qu'on utilise de préférence à tout autre. — La houille provient de végétaux (calamite, cordaïte, fougère, prêle, sigillaire) qui se sont décomposés. ⇒ Houillification. || Composition de la houille : matière combustible : carbone, hydrogène, oxygène, azote, soufre (pyrites, sulfates); silicates à bases multiples, alumine, oxyde de fer, chaux; eau. || Variétés de houilles classées d'après leur teneur en carbone. || Houille sèche (70 à 80% de carbone), houille grasse (80 à 85%) et houille demi-grasse; houille maréchale (84 à 88%), houille à coke (88 à 92%), houille à anthracite (93 à 95%). || Gisement de houille : gisement, bassin houiller. || Filon, veine de houille (⇒ Airure, sillage). || Extraction de la houille. ⇒ Houillère, mine, mineur. || Les installations, les puits, les corons d'une mine de houille. || Haveur qui attaque la houille avec son pic (→ Charbon, cit. 2). || Gaz inflammable dans les mines de houille. → Grisou (cit. 1), méthane. || Épierrage, criblage, triage, lavage de la houille. || Aspect des morceaux de houille après l'extraction, dans le commerce. ⇒ Fines, gailletin, gaillette, poussier (aggloméré, boulet, briquette), tête-de-moineau, tout-venant. || Utilisation de la houille. || Emploi de la houille comme combustible. → Foyer, cit. 6. || Résidus de la combustion de la houille. ⇒ Escarbille, mâchefer, scorie, senisse. || Produits de la distillation de la houille. ⇒ Coke, gaz (d'éclairage), goudron. || Gaz de houille, gazéification de la houille dans la mine; goudron (cit. 4) de houille. ⇒ Coaltar. || La distillation du goudron de houille donne de nombreux sous-produits (→ Extraire, cit. 11; goudron, cit. 4) : le benzène, l'acridine, etc. || Hydrogénation de la houille. ⇒ Essence (synthétique).
1 Ces fameux amas de charbons de terre ou de houille, ressource de l'âge présent et reste des premières richesses végétales qui aient orné la face du globe (…)
2 Et, au milieu du silence lourd, de l'écrasement des couches profondes, on aurait pu, l'oreille collée à la roche, entendre le branle de ces insectes humains en marche, depuis le vol du câble qui montait et descendait la cage d'extraction, jusqu'à la morsure des outils entamant la houille, au fond des chantiers d'abatage.
Zola, Germinal, I, III.
2.1 Les échantillons de minerai que j'ai recueillis dans la montagne sont sensiblement analogues à nos bons fers. Les spécimens de houille sont assurément très beaux et de qualité éminemment métallurgique (…)
J. Verne, les Cinq Cents Millions de la Bégum, V, p. 86.
3 La transformation des végétaux en houille est certainement due à des actions comparables à celles qui donnent naissance à la tourbe, aux lignites, aux bogheads, etc. Elle est le résultat d'une macération dans l'eau et ce phénomène semble dû à des actions microbiennes (…) Les nombreux ferments apportés par les végétaux prolifient (sic)… Ensuite, le milieu devenant anaérobie, ils dédoublent les hydrates de carbone en gaz (CO2 et CH4) et en hydrocarbures liquides ou solides qui forment le combustible fossile.
Émile Haug, Traité de géologie, t. I, p. 135-136.
4 Pour en séparer et en extraire les gaz, les goudrons et le coke qui la composent, la houille est soumise en vase clos (four ou cornue), pour éviter la combustion, à l'action de la chaleur pendant un certain temps (de quatre à vingt-quatre heures). C'est ce qu'on appelle carbonisation, cokéfaction ou distillation… Avant d'être enfournée, la houille est concassée si elle n'est pas déjà en poussier (dit « fines de houille ») ou en petits morceaux.
Jean Beck, le Goudron de houille, p. 9-10.
♦ ☑ Loc. Houille noire : la houille en tant que combustible.
➪ tableau Classes de roches.
2 Par anal. d'utilisation, dans des syntagmes. (1889, in D. D. L.). Cour. || Houille blanche : énergie hydraulique fournie par les chutes d'eau en montagne et transformée en énergie électrique (comme la houille). ⇒ Hydro-électricité, hydro-électrique (installation, usine hydro-électrique).
♦ (1906, ex. ci-dessous). Didact. || Houille verte : énergie hydraulique fournie par le courant des fleuves et des rivières. || « La houille verte, mise en valeur des (…) chutes d'eau en France » (Rev. gén. des sc., 30 nov. 1906, no 22, p. 994).
♦ Didact. || Houille bleue : énergie hydraulique fournie par les vagues et les marées. ⇒ Marémoteur (usine marémotrice).
5 (…) l'eau, obéissant à la pesanteur et dévalant de la montagne vers la mer, est une force et peut devenir une source d'énergie. Cette force, employée selon des techniques aussi variées qu'ingénieuses, a depuis des siècles actionné roues de moulins, roues d'irrigation, scies verticales, etc. Puis, l'heure est venue de l'accroissement et du perfectionnement quasi infini des modes d'utilisation de la « houille blanche », et de la « houille verte », voire de la « houille bleue ». « Cette eau si rebelle, dit Gabriel Hanotaux, pourquoi ne pas la bâillonner dès sa naissance ? » Et durant ces quarante dernières années, par le développement des usines hydro-électriques et le transport de la force, une grande révolution industrielle (…) s'est déjà manifestée, qui rend à des pays privés de houille comme la Suisse une puissance économique et un rang qu'il eût été impossible d'imaginer et de prévoir.
Jean Brunhes, la Géographie humaine, t. I, p. 76.
♦ Didact. et rare. || Houille incolore : énergie obtenue à partir du vent. ⇒ Éolienne, moulin (à vent).
♦ Rare. || Houille rouge : énergie obtenue des couches internes et chaudes de la terre.
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DÉR. Houiller, houillère, houilleur, houilleux, houillification.
HOM. Ouille; formes du v. ouiller.
Encyclopédie Universelle. 2012.