1. vague [ vag ] n. f.
• 1150; a. scand. vâgr;cf. all. Woge
1 ♦ Inégalité de la surface d'une étendue liquide (mer, en particulier), due aux diverses forces naturelles qui s'exercent sur le fluide en mouvement (courants, vent, etc.); masse d'eau qui se soulève et s'abaisse en se déplaçant ou en paraissant se déplacer. ⇒ flot, houle , lame, moutonnement, onde, vaguelette; clapot. La courbe, le dos, la crête, l'écume des vagues. Les vagues déferlent (⇒ déferlante) , se brisent. Le bruit des vagues (⇒ clapotis) . Faire du surf, de la planche à voile sur les vagues.
♢ Hydrogr. Déplacement d'ensemble des particules superficielles d'un fluide (spécialt sous l'effet de forces perturbatrices, contrairement aux oscillations libres de la houle). Hauteur d'une vague. Vagues au rivage, rouleaux, barres. ⇒aussi mascaret.
2 ♦ Fig. Mouvement qui se développe, fait remuer un milieu, comparable à la vague (par l'ampleur, la puissance, la progression...). « Une vague d'oubli submerge tout » (Martin du Gard). « Une petite vague de chaleur humaine » (F. Mauriac). Une vague de violence. ⇒ déferlement. Vague de fond : ce qui déferle irrésistiblement (mouvement d'opinion, etc.). ⇒ raz (de marée).Loc. Être au creux de la vague. Fam. Faire des vagues : faire des remous, des difficultés; inquiéter, scandaliser. Pas de vagues !
♢ Masse (d'hommes, de choses qui se répandent brusquement). Vagues successives d'immigrants. « Des assauts, vague par vague, se propagent » (Barbusse). La première vague des départs en vacances. — La Nouvelle Vague : les jeunes cinéastes des années cinquante.
♢ Phénomène physique qui se propage, envahit un lieu. Une vague de parfum. « Surpris par une vague de gaz délétère » (Duhamel). — Météor. Vague de chaleur, de froid : afflux de masses d'air chaud, froid.
3 ♦ Surface ondulée. « Sur les vagues fauves des fougères » (F. Mauriac).
♢ Archit. Ligne ondulée figurant des flots, et servant de motif décoratif.
vague 2. vague [ vag ] adj. et n. m.
• 1589; vake de « dénué de » 1230; lat. vacuus « vide »
♦ Terrain vague : terrain vide de cultures et de constructions, dans une ville.
♢ N. m. Vx Espace vide. « Le vague de l'air » (Buffon).
♢ (avec infl. de 3. vague) Mod. Espace indéterminé, sans limite précise. Regarder dans le vague; avoir le regard perdu dans le vague, les yeux dans le vague : ne fixer aucun objet précis.
vague 3. vague [ vag ] adj. et n. m.
• 1485; n. 1213; lat. vagus
I ♦ Adj.
1 ♦ Vx Errant, vagabond.
♢ (1771; du lat. méd.) Mod. Anat. Nerf vague (à cause de ses ramifications dispersées) :nerf pneumogastrique. ⇒ vagal.
2 ♦ (déb. XIVe) Que l'esprit a du mal à saisir, à cause de son caractère mouvant, de son imprécision ou de son sens mal défini. ⇒ confus, flou, imprécis, 1. incertain, indécis, indéfini, indéterminé. Le mot esprit « est un de ces termes vagues auxquels tous ceux qui les prononcent attachent presque toujours des sens différents » (Voltaire). « Les indications que j'obtiens sont vagues et contradictoires » (Loti). « Plus tard », c'est vague ! Précisez. — Par ext. Il est resté vague et prudent, s'est contenté de propos vagues et prudents. — (Avant le nom, dans un sens affaibli) « Des choses dont vous n'avez peut-être qu'une vague idée » (Romains).
3 ♦ Dont l'objet, la raison manquent de netteté, sont changeants. ⇒ indéfini. « Une inquiétude vague l'envahissait » (Maupassant). ⇒ sourd.
♢ Que le caractère lointain, indiscernable de son objet rend faible. Un vague espoir. ⇒ faible. « Des sensations confuses, des souvenirs vagues s'éveillaient en elle » (Zola).
♢ Qui exprime des pensées ou des sentiments indécis. ⇒ absent, distrait. « D'un air vague et rêveur, elle essayait des poses » (Baudelaire).
4 ♦ (Réalité sensible) Qui est perçu d'une manière imparfaite; qui est reconnu sans pouvoir être analysé. ⇒ flou, imprécis, indéfinissable, obscur. « On distinguait çà et là des formes confuses et vagues » (Hugo).
♢ Qui n'est pas ajusté, serré. Manteau vague.
♢ Qu'on ne peut localiser avec précision. « Souffrant d'un malaise général, vague et énervant » (R. Rolland).
5 ♦ (fin XIXe) (Toujours avant le nom) Péj. Dont l'identité précise importe peu. ⇒ insignifiant, quelconque. « Scribouillard dans un vague état-major » (Sartre). Un vague journaliste.
II ♦ N. m. (fin XVIIe)
1 ♦ Ce qui n'est pas défini, fixé (dans le domaine intellectuel, affectif ou sensible). ⇒ imprécision, indécision, indétermination. « Besoin de rigueur, horreur du vague » (Maurois). Rester dans le vague : ne pas préciser sa pensée, ses intentions. « Laisser tout dans le vague » (Flaubert).
2 ♦ Littér. Caractère vague, imprécis ou indécis. « Le vague des passions » (Chateaubriand).
♢ (1830) VAGUE À L'ÂME :sentiment d'insatisfaction, de tristesse, sans cause discernable, empreint de rêverie. ⇒ mélancolie. « ce petit vague à l'âme qui s'invite, ce petit mal et bien qui revient, familier — c'est le dimanche soir » (Ph. Delerm). Avoir du vague à l'âme. « Il n'avait ni vague à l'âme, ni passion d'homme » (Gautier).
⊗ CONTR. Défini, déterminé, distinct, 1. précis. — Précision.
● Vague pendant la Première Guerre mondiale, unités de premier échelon dans une attaque ; formation serrée d'avions de bombardement ou de transport, échelon de bateaux de débarquement ou d'assaut.
vague
adj. et n. m.
rI./r ANAT Nerf vague ou, n. m., le vague: le nerf pneumogastrique (à cause de ses ramifications très étendues).
rII./r
d1./d Dont les contours, les limites manquent de précision, de netteté. Formes vagues.
|| n. m. Le vague des contours, dans un tableau.
d2./d Se dit d'un vêtement qui n'est pas ajusté; ample. Robe, manteau vague.
d3./d Qui manque de précision, mal défini. Des explications trop vagues. Syn. flou, imprécis.
|| n. m. Rester, être dans le vague.
— Avoir les yeux dans le vague, regarder dans le vague, dans le vide.
d4./d (Personnes) évasif. Il est resté vague quant à son avenir.
d5./d Que l'esprit ne sait analyser de façon précise. Il a la vague impression de s'être fait duper. Syn. confus, obscur.
|| Loc. Vague à l'âme: mélancolie sans raison bien définie.
d6./d (Avant le nom.) Péjor. Quelconque, insignifiant. Il a un vague diplôme d'une vague école.
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vague
n. f.
d1./d Soulèvement local, plus ou moins volumineux, de la surface d'une étendue liquide dû à diverses forces naturelles (vent, courants, etc.); masse d'eau ainsi soulevée, au moment où elle déferle sur un rivage. Plonger dans une vague.
— Loc. Vague de fond: lame de fond; fig. large mouvement (d'opinion, social, etc.) qui se manifeste de façon irrésistible.
d3./d Fig. Ce qui évoque le mouvement, le flux des vagues. Les réfugiés arrivèrent par vagues successives. Une vague de froid. Une vague de dégoût le submergea.
— Manifestation collective soudaine. Une vague de violence.
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vague
adj. Terrain vague ou (Québec) terrain vacant: terrain qui n'est ni planté, ni construit, dans une ville ou à proximité.
I.
⇒VAGUE1, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — Que l'esprit a du mal à saisir.
1. [En parlant d'une entité abstr.] Synon. confus, flou, imprécis, incertain, indéterminé. Concept, idée, indication, mot, notion, parole, promesse, propos, réponse, sens, terme vague; vague idée, notion. Du reste, médiocres en tout, ils [les rapports] étoient erronés dans les faits, vagues dans les vues, et décousus dans les moyens (CHATEAUBR., Mél. pol., t. 2, 1816, pp. 118-119). On a fait tort jusqu'ici au personnalisme en le considérant comme une philosophie particulière (...). Elle prend alors la forme d'un vague éclectisme qui ne peut que le desservir auprès de tous ceux qui estiment à juste titre qu'une pensée véritable doit être systématique et rigoureuse (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 1).
2. [En parlant d'une entité concr.] Synon. approximatif, douteux, incertain. Forme, murmure, reflet, soupir, son, vapeur vague; contours vagues. Quel calme! J'entends monter, confondues en une rumeur vague, les conversations des promeneurs, les voix joyeuses des enfants qui jouent (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 32).
— En partic. [En parlant d'une couleur, d'un dessin, d'une nuance, d'une teinte, etc.] Qui reste flou, imprécis et comme voilé. Contours vagues. Quand la nuit tombe, il n'y a plus de lumière nulle part. On aperçoit seulement contre une vague lueur de lune, du côté du port, un pont tournant en fer coupé au milieu (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 66).
B. — Qui traduit, qui exprime des pensées, des sentiments, un comportement indécis, confus, incertain. Air, œil, regard vague. Au delà des fortifications, trébuchant dans les ornières de plâtre, je rencontre le battu, l'assommé, allant devant lui avec des gestes vagues, sans chapeau, sans redingote, des lambeaux de chemise pendants (GONCOURT, Journal, 1864, p. 42).
— [P. méton.; en parlant d'une pers.] Qui reste imprécis dans ses propos, indécis dans ses engagements. Il faut pourtant se décider. Excuse-moi si je suis vague et pénible! Je suis si fatigué (RIVIÈRE, Corresp. [avecAlain-Fournier], 1906, p. 340).
C. — [Antéposé, l'adj. a un sens légèrement atténué] Qui n'est pas très discernable, qui est difficile à percevoir, à identifier, à définir. Synon. indéfini. Vague appréhension, besoin, désir, inquiétude, intention; vague ennui, vague sourire. N'est-il pas permis de soutenir que, sans connaître ces théories, nous en avons un vague pressentiment, (...) et que nous faisons allusion à ce rapport mathématique très précis, quoique confusément aperçu, quand nous affirmons d'un son qu'il présente une intensité supérieure? (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 18). Aussi n'est-ce pas pur caprice de ma part, ou vague intuition, qui me portait à ouvrir les portes du studio de musique concrète à la fois aux poètes en rupture de langage verbal, et aux musiciens en rupture de ban mélodique (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 163).
D. — Imprécis, lointain; qui demeure dans un flou qui ne manque pas parfois d'agrément. Synon. approximatif, faible. Vague murmure, souvenir. À la grande voix qui disait la mélancolie vague et flottante du siècle naissant répond, après cinquante années, une voix moins harmonieuse, plus tourmentée, plus pénétrante aussi, qui précise ce que chantait la première, qui dit dans une langue plus serrée des tristesses plus réfléchies et des impressions plus subtiles (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 38). La scène (...) d'où je sors comme d'un cauchemar, courbaturé et meurtri, sans souvenir précis (...) sinon un souvenir vague d'épouvante et d'humiliation (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 115).
E. — Qui n'est pas ou qui est mal ajusté. Robe, manteau vague. Quelqu'un de ces passants, fier, aveugle et muet, Hôte de son linceul vague, se transmuait En le vierge héros de l'attente posthume (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 54).
F. — Qu'il est difficile ou impossible de définir, de localiser; p. méton., dont le fonctionnement est incertain. Douleurs vagues. Le rhumatisme inflammatoire commence par l'articulation des genoux, et de là se répand dans d'autres parties. Le rhumatisme est donc tantôt fixe, tantôt il est vague et change de place (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 409). Pitteaux avait de la peine à avaler, et l'estomac, l'estomac surtout (...) était vague et gargouilleur (SARTRE, Sursis, 1945, p. 114).
— ANAT. Nerf vague ou, empl. subst. masc., le vague. Nerf aux ramifications dispersées. Synon. nerf pneumogastrique. Nous sommes sous la puissance du vague pendant la digestion et dans le sommeil; il [le vagotonique] a plus de pouvoir chez la femme qui conçoit, nourrit et protège que chez l'homme qui sème, s'agite et conquiert (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 174).
G. — [Gén. devant le nom] Dont l'identification est difficile ou importe peu. Synon. insignifiant, quelconque.
1. [En parlant d'un animé] Il tombait dedans [dans le canot] des passants, des passantes, des camarades des deux sexes, des à peu près de peintres, des espèces d'artistes, des femmes vagues dont on ne savait que le petit nom (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 98). C'est Labri, le chien de l'autre escouade. Labri, vague berger mâtiné à queue coupée, est couché en rond sur une toute petite litière de poussière de paille (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 150).
2. [En parlant d'un inanimé] Occuper de vagues fonctions. Je sentais errer en moi une désolation si affreuse, si définitive, que je n'ai voulu rien dire, rien demander à l'enfant qui m'accompagnait. On sentait, amèrement, de vagues habitations, parfois, sur le bord du chemin. Dans l'une, tout près, on s'est mis à jouer du cor de chasse (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1910, p. 232).
II. — Subst. masc.
A. — Dans le domaine affectif, intellectuel, sensible. Ce dont on ne peut pas prendre conscience avec précision, netteté, rigueur. Synon. imprécision, flou. Il se souvint seulement alors des lettres de Mme de Fervaques (...). Il les chercha; elles étaient réellement presque aussi amphigouriques que celles du jeune seigneur russe. Le vague était complet. Cela voulait tout dire et ne rien dire (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 407). Nous ne travaillons pas à l'aventure, dans le vague et l'indéterminé; mais l'ordre des choses dirige notre effort, soutient notre pensée, oriente notre action par d'insensibles contradictions (BLONDEL, Action, 1893, p. 224).
— [Le suj. désigne une pers.] Être, rester dans le vague. Tenir des propos, avoir des projets qui manquent de clarté, de précision. Lorsqu'il l'interrogeait sur ses projets, avec la discrétion et le respect dont il était coutumier, M. Élie restait dans le vague. Léon hésita longtemps à parler à son oncle avec énergie (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 866).
— Caractère de ce qui est imprécis, indécis, mal défini. Il reste à parler d'un état de l'ame, qui, ce nous semble, n'a pas encore été bien observé; c'est celui qui précède le développement des grandes passions (...). Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 411). Le Gide toujours fin, bien qu'un peu monotone, le Saint-Pol Roux étincelant et naïf, des vers de Griffin extrêmement beaux, des vers de Mockel d'un vague charmant (RIVIÈRE, Corresp., [avec Alain-Fournier], 1906, p. 326).
B. — Espace mal délimité où se perdent les regards. Tout point de vue, quel qu'il soit, ne saurait être attachant qu'autant qu'il est gradué, et terminé par des masses assez fortes pour empêcher les regards de se perdre dans le vague: comme il arrive en pleine mer, où la vue défaillante et rebutée se lasse bientôt de chercher un point d'appui (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 331). Il regardait dans le vague. Je crois qu'il cessait de me voir et oubliait que c'était à un enfant qu'il parlait (GIDE, Si le grain, 1924, p. 493).
C. — Vague à l'âme. Difficulté d'être, mal de vivre sans cause bien définie où se sont complus notamment les Romantiques. Dans notre romantisme moderne, la pédérastie et la masturbation remplacent le spleen et le vague à l'âme du romantisme des premiers âges (AYMÉ, Confort, 1949, p. 91). Avoir du vague à l'âme. Ce que j'allais faire n'était pas très raisonnable; après huit jours passés avec Philippe, je ne le quitterais sûrement pas sans un sérieux vague à l'âme; mais tant pis; d'abord j'avais envie de lui; quant au vague à l'âme, j'en aurais de toute façon. J'en avais déjà (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 308).
REM. 1. Vagotomie, subst. fém., méd. [Corresp. à supra I F] Opération chirurgicale par laquelle on procède à la section du nerf pneumogastrique. On adjoint souvent à cette dernière opération une section des nerfs, pneumogastriques parasympathiques, ce qui tend à diminuer la sécrétion gastrique: c'est la vagotomie (QUILLET Méd. 1965, p. 139). 2. Vaguesse, subst. fém., peint. Touche de couleur qui donne au tableau un ton léger, vaporeux, indécis. Mais la touche de Téniers (...) est inégale (...) parce que sa main est guidée par le sentiment continuel de la perspective (...) Plus l'atmosphère s'épaissit par la distance, plus la couleur s'amincit pour en indiquer les couches successives par sa transparence et sa vaguesse (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 578). 3. Vagulaire, adj., littér., rare. Qui erre, qui suit un parcours fantaisiste. Il n'est plus rien de plus sage (...) que le peuple français dans ses familles, ses besoins (...) Il n'est rien de plus délirant que cette plèbe comiciale, infestée d'étrangers, errante et vagulaire (L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 24). 4. Vagulant, -ante, adj., littér., rare. Qui se laisse volontiers aller au vagabondage, à la divagation. Demandons-nous quel est cet acte d'intelligence qui organise et concentre la vagulante distraction en méditation sur un thème donné (L. DAUDET, Rêve éveillé, 1926, p. 81).
Prononc. et Orth.:[vag]. Homon. et homogr. vague2, 3 et 4. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1213 « errant, vagabond », ici subst. (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 100, ligne 15); 1485 adj. vague et fugitif vagabond (Mystere Viel Testament, V, 2781, éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 106), en a. et m. fr. B. 1. 1316-28 « imprécis, non défini » ces vagues cojitacions (Ovide moralisé, livre VIII, 3687, éd. C. de Boer, t. 3, p. 198); cf. 1531 [éd.] (J. DE VIGNAY, Mir. histor., XX, 73 ds GDF. Compl.); 2. 1690 « dont le sens est difficile à saisir du fait de son caractère imprécis ou flottant » discours vague (FUR.); 3. fin XVIIe s. « qui traduit, exprime des pensées, des sentiments indécis, confus » des oppositions vagues et en l'air (BOSS., Lett., 211 ds LITTRÉ); 4. 1763 « que le caractère mal établi, lointain de son objet rend faible ou peu perceptible; que l'on ne peut préciser » une image confuse d'une image vague (MARMONTEL, Poétique fr., p. 179); 5. 1869 « (d'une personne) qui manque d'exactitude, de précision dans l'expression de sa pensée » (Th. GAUTIER, Feuilleton du Journ. offic., du 26 juin ds LITTRÉ). C. 1. 1611 « qu'on ne peut localiser avec précision ou certitude » fièvre vague (COTGR.); 2. a) 1672 « qu'on ne peut distinguer nettement, dont l'apparence sensible reste indéfinissable » de vagues chimères (CORNEILLE, Pulchérie, IV, 3); b) 1745 peint. (BOSSE, Manière de graver, p. 74); 3. 1864 « se dit d'un mouvement imprécis, à peine ébauché et dont la signification n'apparaît pas clairement » un geste vague (GONCOURT, loc. cit.); 4. 1890 « dont l'identité précise importe peu; insignifiant, quelconque » [toujours avant le subst.] un vague service rendu (ZOLA, Bête hum., p. 96); 5. 1895 « (d'un vêtement) qui n'est pas ajusté » la forme de ses robes... semblait vague (GYP, Leurs âmes, p. 65). D. 1771 anat. nerf vague (Trév.). II. Subst. 1. 1550 « portion d'espace d'un milieu déterminé où les objets sont perçus très confusément » le grand vague liquide (RONSARD, Odes, V, VIII, 683 ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 3, p. 156); 2. 1699 « caractère de quelque chose qui est imprécis, indécis dans son apparence sensible », ici terme de peint. (R. DE PILES, Vie des Peint., p. 321 ds BRUNOT t. 6, p. 710, note 9: une maniere claire, que les Italiens appellent Vague); 3. 1763 « caractère de ce qui est confus, indéfinissable dans le domaine intellectuel, affectif, sensible » c'est dans le vague qu'il se plaît (MARMONTEL, op. cit., p. 350); 4. 1765 « ce qui manque de netteté, de précision dans la pensée ou dans l'expression » (Encyclop. t. 16); 1793 laisser dans le vague « ne pas donner de précisions » (STAËL, Lettres L. de Narbonne, p. 202); 5. 1803 le vague des passions (CHATEAUBR., Génie, t. 1, p. 411); 1830 vague à l'âme (BRAZIER et DUMERSAN, Les Brioches à la mode ds QUEM. DDL t. 2). Empr. au lat. class. vagus « vagabond, errant » (d'où les 1res attest. du mot en a. fr. et m. fr.); puis « inconsistant, flottant, indéterminé, indéfini ». Bbg. QUEM. DDL t. 2 (s.v. vague à l'âme), 12.
II.
⇒VAGUE2, adj.
Vieilli. [En parlant d'une étendue de terre] Qui est vide de cultures et de constructions à proximité des maisons; non entretenu. Synon. inculte, inoccupé, en friche. Au XVIIIe siècle, nous le verrons, il n'y avait pour ainsi dire point de prairies artificielles, de sorte que les contenances portées aux prés ne concernent que les prairies permanentes, et, dans une certaine proportion, des terres vagues servant au pâturage (GUYOT, Agric. Lorr., 1889, p. 14).
— Usuel. Terrain vague. Les ravins crayeux, les prairies argileuses s'étaient rétrécis en terrains vagues (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 199).
Prononc. et Orth.:[vag]. Homon. et homogr. vague1, 3 et 4. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1230 vake de « dénué de, dépourvu de, vide de » vake de prestre (Cart. du V. S. Lamb., Richel., l. 10176, f° 29 r° ds GDF.); ca 1260 « vide » siege vagues (MENESTREL DE REIMS,338, Wailly, ibid.), en a. et m. fr.; 2. a) 1266 terre vacque « terrain où l'on n'a pas fait de constructions » (Franchise d'Orgelet, Droz, t. XXVI, Bibl. Besançon, ibid.), en fr.-prov. et dans les parlers du Nord (cf. ex. ds GDF., v. aussi FEW t. 14, p. 110a); b) 1413 « où l'on n'a pas fait de construction » un courtil vague (ds RUNK., p. 155); c) ca 1500 « laisser dans un état d'abandon et de dévastation » laissoient tout vaghe, hostelz et maisons (J. FROISSART, Chron., éd. S. Luce, t. 4, p. 12); d) 1589 « qui n'est pas bâti, ni cultivé, ni occupé, dans une ville » vague et en friche (Attestation par les mayeurs de Houdschoote au sujet des terres abandonnées, Ch. des Comptes, Lille, B 2721 ds GDF.); d'où 1690 dr. terres vaines & vagues (FUR.). Empr. au lat. class. vacuus « vide, inoccupé »; la lang. hésite au Moy. Âge entre les formes vaque et vague (supra), cette dernière forme a triomphé par confusion avec vague1.
STAT. — Vague1 et 2. Fréq. abs. littér.:6 151. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 644, b) 9 859; XXe s.: a) 10 142, b) 8 261.
III.
⇒VAGUE3, subst. fém.
A. — Mouvement ondulatoire qui apparaît à la surface d'une étendue liquide sous l'action du vent ou d'autres facteurs. Vague blanche, déferlante, effrayante, énorme, forte, grande, menaçante, noire, petite, puissante; vague de fond; bruit, clapotis, crête, écume, moutonnement, murmure des vagues; vague qui arrive, se dresse, s'élève, engloutit, se soulève, submerge. Une rive ainsi appelle, pour se rafraîchir, l'épanchement des vagues de la mer, et les vagues se succèdent éternellement. L'une après l'autre s'use (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 515). À peine sait-il encore si l'hirondelle à tire-d'aile est l'oiseau des étangs de Combourg (...), celui qui voletait autour de la voile d'un exilé volontaire bercé par les vagues du lac de Lugano (DURRY, Nerval, 1956, p. 75).
— OCÉANOGR. ,,Système ou train d'ondes progressives à mouvement oscillatoire dessinant des crêtes et des creux qui affectent la surface de la mer`` (GEORGE 1984). Vagues forcées, libres, océaniques, perpendiculaires; vagues d'arrivée, de retour; déferlement des vagues. On est effrayé par la solidité qu'il faudrait donner aux installations utilisant cette énergie [de la mer déchaînée], pour leur permettre de résister victorieusement aux chocs répétés des vagues de tempête (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p. 16).
— P. méton., littér., sing. coll. La vague. Surface de la mer en mouvement; flot. Ton fin sommeil se noue et ta bouche se fronce Quand se perd ton bel œil sur une mer de toits. Un gars bien balancé par la vague et le vent Dans sa gueule ébréchée où je voyais souvent S'entortiller la pipe à mes jupes de femmes Ce gars passait terrible au milieu d'oriflammes (GENET, Poèmes, 1948, p. 60).
— P. métaph. (Être au) creux de la vague.
B. — Au fig. ou p. anal.
1. Phénomène qui naît, s'amplifie et retombe selon un mouvement qui rappelle celui des vagues. Vagues d'applaudissements, de protestations, de tendresse; vagues de la passion. La vague de douleur se retira, emportant avec elle la volonté qui lui avait été opposée, et ne laissa que la souffrance ensommeillée, à l'affût (MALRAUX, Voie roy., 1930, p. 227). Au matin, les concierges trouvaient des nouveaux-nés dans tous les ascenseurs. Bien plus, une vague de sentimentalité, d'un ordre nouveau, déferla sur la France (AYMÉ, Puits, 1932, p. 112).
♦ Vague de fond. Déferlement de forces irrésistibles qui prennent naissance loin dans le temps et dans l'espace. Synon. lame de fond, raz de marée. J'ai été mêlé si fort à quantité de choses qu'il m'en tombe de la mémoire, et pas une, cinquante. Une vague de fond me les remonte à la surface, avec, comme dit la Bible, tout ce qu'il y a dedans (COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p. 175).
♦ Fam. Faire des vagues. Choquer, scandaliser. (Dict. XIXe et XXe s.). Ne pas faire de vagues, ou p. ell., pas de vagues! Éviter tout éclat, toute prise de position choquante. Dans un domaine qui peut être ressenti (à tort) comme inattendu par les inconditionnels du son et les fans de l'image, la Fnac intervient ainsi. Pour « déverrouiller », là encore, une profession où l'on veillait à ne surtout pas « faire de vagues » (L'Express, 28 août 1972, p. 5, col. 3).
2. Grand nombre d'hommes ou d'animaux qui déferlent en un même lieu à un même moment. Vagues d'immigrants. Magnifiquement lui-même dans ce décor de soutanes, dont la moire épuise toutes les nuances du violet, le défenseur de la foi considère, d'une prunelle affaiblie, son innombrable famille qui ne cesse maintenant d'affluer, qui vient respectueusement déferler, vague par vague, aux pieds de son fauteuil (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 236).
— [Durant la première Guerre mondiale] Vague d'assaut. Ensemble des soldats de première ligne qui partaient en masse à l'assaut des positions ennemies qu'ils essayaient de submerger sous leur nombre et par la soudaineté de leur attaque. Devant notre feu les vagues d'assaut refluent, mais avec les prisonniers que leur a laissé notre première ligne débordée (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 81).
3. Mouvement d'idées qui se répandent à un même moment. Vague rose, verte. [Watts] condamne le béton, les villes livrées à l'automobile, il chante la nature. Il annonce avec une quinzaine d'années d'avance la vague écologique (L'Express, 28 mars 1977, p. 41, col. 1).
— La nouvelle vague. La dernière génération dans ce qu'elle a de novateur dans ses modes de vivre et de penser, dans les tendances qu'elle exprime notamment en art et en littérature. Qu'il faut peu de temps à la nouvelle vague pour n'être plus si nouvelle! Une autre se gonfle et déjà vous presse. Vous laisserez-vous recouvrir? L'important est de survivre à tous ces brillants papillons (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1960, p. 340).
♦ En partic. Les créateurs du cinéma, de la littérature de la fin des années 50. La révolution de l'écriture cinématographique qui se fait ainsi intéresse les producteurs, parce que le coût des films en est notablement diminué. On misera donc sur la « nouvelle vague », quitte à ce qu'elle soit, par la suite, une incitation à l'amateurisme, à l'à-peu-près, aux bredouillements d'un cinéma d'auteurs qui n'ont pas réellement compris la démarche de Truffaut, Godard, Chabrol, Resnais, Rivette, Rohmer, Demy, Agnès Varda et quelques autres (Le Monde aujourd'hui, 18-19 août 1985, p. IV, col. 2).
C. — P. anal.
1. Vaste étendue ondulée. Vagues d'un champ de blé, d'un désert de sable. Assis sur le bord du fossé, et les yeux perdus devant lui, il regarde longtemps, sans les voir, les grandes vagues de blé qui ondoient à l'infini, les villages enclos dans leur ceinture d'acacias (THARAUD, Ombre de la Croix, 1917, p. 190). J'ai traversé l'Atlas, les hauts plateaux et le désert (...) et les vagues de sable pendant des centaines de kilomètres, échevelées, avançant puis reculant sous le vent (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1580).
— Spécialement
♦ ARCHIT. Motif décoratif représentant la ligne ondée des vagues. (Dict. XXe s.).
♦ COIFF. Large ondulation de la chevelure. Il regarde (...) ces cheveux en vague argentée (COLETTE, Ingénue libert., 1909, p. 246).
2. SPORTS ATHL. Dans le lancer du disque, mouvement particulier du bras du lanceur dans un style dit en vague (d'apr. PETIOT 1982). ÉDUC. PHYS. ,,Dosage du travail en plein air réalisé par la formation de groupes homogènes appelés vagues`` (PETIOT 1982).
3. Phénomène physique qui se déclenche brusquement et se propage. Vague de gaz, de parfum. Ma chambre est au troisième étage. Les vagues de sons montent du premier; il faut aller voir (GIDE, Si le grain, 1924, p. 361).
— MÉTÉOR. Vague de chaleur, de froid. Remarqué bien des fois l'aspect singulier que prend un appartement pendant une vague de chaleur. Il y a un air de désastre dans toutes les pièces, quelque chose d'indéfinissable, comme si la scène était prête pour une catastrophe (GREEN, Journal, 1943, p. 50). Si seulement ce voyage avec Henriette n'avait pas eu lieu ainsi stupidement en plein hiver, en pleine vague de froid (BUTOR, Modif., 1957, p. 124).
REM. Vagueux, -euse, adj. [En parlant d'une surface liquide] Où se forment des vagues. Papier ornementé (...) avec son en-tête représentant une mer toute vagueuse, chargée de vaisseaux, une mer aux vagues ayant l'air d'une illustration (PROUST, Temps retr., 1922, p. 710). P. anal. Qui ondule. Des allégories aux robes fluides et vagueuses (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 165).
Prononc. et Orth.:[vag]. Homon. et homogr. vague1, 2, 4. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1155 « inégalité de la surface d'une étendue liquide » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 2484); b) 1749 sing. coll. la vague « mouvement de la surface de l'eau » (BUFFON, Hist. et théorie de la Terre ds Hist. nat., t. 1, p. 84); 2. a) 1775 « surface horizontale d'une certaine étendue agitée d'un mouvement ondulatoire dû au vent » (VOLTAIRE, Hist. de Jenni ds Romans et contes, éd. H. Bénac, p. 531); b) 1842 « large ondulation de la chevelure » (BALZAC, Mém. jeunes mariées, p. 169); c) 1842 « ligne ondulée figurant des vagues et servant de motif décoratif » (Ac. Compl.); 3. a) 1830 « phénomène qui naît, s'enfle et retombe comme une vague » (LAMART., Harm., p. 329); b) 1909 « phénomène physique qui se déclenche brusquement et qui envahit un lieu » (E. DE MARTONNE, Traité de géogr. physique, pp. 201-202 ds QUEM. DDL t. 30, s.v. cold wave); c) 1913 « déclenchement brusque d'un comportement » (MARTIN DU G., J. Barois, p. 373); d) 1964 « difficulté, scandale » (ROB.); 4. a) 1892 « masse importante de personnes qui déferlent en un lieu » (ZOLA, Débâcle, p. 234); b) 1916 vague d'assaut (BARBUSSE, Feu, p. 377); c) 1957 la nouvelle vague « la dernière génération » (L'Express, 23 août ds GILB. 1980); 1958 cin. (Le Monde, 9 nov. ds GILB. 1971). De l'a. scand. v gr « mer », cf. aussi le m. néerl. wage, m. h. all. wâge « vague ». Fréq. abs. littér.:2 858. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 941, b) 4 485; XXe s.: a) 4 594, b) 3 616.
DÉR. Vaguette, subst. fém. Synon. rare de vaguelette. La mer (...) semblait assister, recueillie, au baptême de sa nacelle, roulant à peine, avec un tout petit bruit de râteau grattant le galet, des vaguettes hautes comme le doigt (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 43). P. anal. De temps en temps, la brise de la mer, soulevant les flasques vêtements des femmes immobiles et comme endormies, faisait courir sur le modelage des deux corps (...) de petites vaguettes d'étoffes (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 2). — []. — 1re attest. 1879 (ID., Zemganno, p. 20); de vague3, suff. -ette (v. -et).
BBG. — HASSELROT 20e s. 1972, p. 62 (s.v. vaguette). — MONLÉON (M.-M. de). Dossiers de mots... Néol. Marche 1979, n° 15, p. 89. — QUEM. DDL t. 15, 16, 27, 36.
IV.
⇒VAGUE4, subst. fém.
Arg. Poche. Paumé comme un rat!... Je retourne encore un coup mes vagues... Je recommence! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 224). Vous étiez certain, passé dix plombes, de vous faire retourner les vagues par les malfrats (Pt Simonin ill., 1957, p. 287).
REM. Vaguer, verbe trans., arg. a) Fouiller les poches de (quelqu'un). — (...) Le soir, je fais l'emballage là-haut, le matin je descends ça tranquillement dans ma savate... — Pourquoi la savate? — Et si elle me vague par surprise à l'ouverture? Je carre les bafouilles dans leur cachette définitive après la toilette... — Mais elle va vous fouiller encore plus minutieusement que d'habitude! (A. SARRAZIN, La Cavale, 1965 [1962], p. 271). Empl. pronom. réfl. Ali (...) se frotta les narines, se vagua (...) il ramena le petit packson de coco. Il s'en bourra le tarin (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 87). b) P. ext. Fouiller. C'est pas les planques qui manquaient dans la strasse. Ils avaient beau les vaguer une à une, glisser leurs paluches dans les moindres recoins (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 99).
Prononc. et Orth.:[vag]. Homon. et homogr. vague1, 2, 3. Étymol. et Hist. 1889 arg. (arg. des voyous d'apr. ESN. 1965); cf. 1901 (BRUANT, s.v. poche). Dér. par apocope de vaguenaude « poche de vêtement », attest. en 1880 (?) d'apr. ESN. 1965, lui-même var. de baguenaude1 au sens de « poche » (dep. 1866, DELVAU, p. 20); v. aussi CELLARD-REY.
1. vague [vag] n. f.
ÉTYM. 1150; wage, v. 1130; anc. scandinave vâgr (cf. all. Woge, moyen all. wâge), selon le F. E. W.; mais Guiraud se base sur les variantes romanes pour postuler un étymon latin vadum « gué », mais aussi « eau, mer ».
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1 Inégalité de la surface d'une étendue liquide (mer, en particulier; → Nuer, cit. 1), due aux forces naturelles qui s'exercent sur le fluide en mouvement (pesanteur, courants, vent, etc.); masse d'eau qui se soulève et s'abaisse en se déplaçant ou en paraissant se déplacer. ⇒ Houle, lame (II.), onde (I., 1.). || L'ondoiement (cit.), le rythme des vagues. ⇒ Flot. || La courbe (cit. 7), le dos (→ Dérober, cit. 23), la crête, l'écume, le moutonnement (⇒ Mouton) des vagues. || Petites vagues (⇒ Clapotement, vaguelette); vagues hautes, monstrueuses (cit. 2). || Vagues écumantes (cit. 2). ⇒ Écumer (cit. 1). || Embruns des vagues. || Vagues de gros temps. ⇒ Tempête. || À la merci des vagues et des tempêtes (→ Navigation, cit. 2). — Les vagues déferlent, se brisent; battent (cit. 38) les rochers, fouettent le rivage. ⇒ Barre, ressac, rouleau. || Construction pour amortir la force des vagues. ⇒ Brise-lames. — Le bruit (→ Agitation, cit. 1), le refrain (cit. 4), les murmures des vagues (→ Exhaler, cit. 22). ⇒ Clapotis. — Les peintres de marine (1. Marine, cit. 4) font des portraits de vagues.
1 Pas de vision comme les vagues. Comment peindre ces creux et ces reliefs alternants, réels à peine, ces vallées, ces hamacs, ces évanouissements de poitrails, ces ébauches ? Comment exprimer ces halliers de l'écume, mélangés de montagne et de songe ?
Hugo, l'Homme qui rit, I, II, VI.
2 (Vieil océan, tu déroules) tes vagues incomparables, avec le sentiment calme de ta puissance éternelle. Elles se suivent parallèlement, séparées par de courts intervalles. À peine l'une diminue, qu'une autre va à sa rencontre en grandissant, accompagnée du bruit mélancolique de l'écume qui se fond (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, I.
2.1 (…) il alla sur cette plage déserte (c'était déjà décembre) jusqu'au bord de la mer qui, dans tout l'infini de la plage, montait à la fois à toutes petites vagues perlées sur le sable. C'était une plage où jamais de sa vie il n'était venu, une mer qu'il ne connaissait pas, où tout lui donnait l'impression de l'étranger, et pourtant ces petites vagues il les connaissait. Peut-être tout au plus avaient-elles changé un tout petit peu de couleur, une couleur grise et froide qui leur donnait comme un accent du Nord. Mais pourtant il les reconnaissait : c'étaient bien les mêmes qu'il avait vues tant de milliers de fois, sur la Manche, dans tant de plages qu'il connaissait. Leur forme, leur mouvement, leur enchaînement l'une à l'autre formaient cette physionomie qui fait que les choses nous affirment qu'elles sont les mêmes, que nous les connaissons.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 393.
♦ Sillage d'un bateau qui produit des vagues. || Faire des vagues en agitant l'eau. — Par compar. || Comme des vagues contre un rocher (→ Battre, cit. 40). || « Graphismes roulés, déferlants comme la vague » (→ Écriture, cit. 9).
♦ Littér. (Sing. collectif). || La vague : le mouvement de la surface de l'eau, le flot. || Abaissement (cit. 1) et gonflement de la vague. || « Comme sur l'océan la vague au doux roulis » (→ Bercer, cit. 3). || La vague écumait (→ Fraîchir, cit. 1). || « Son beau corps écumait sous la vague marine » (→ Flot, cit. 6, Chénier). || « La vague est hypocrite… » (→ Receler, cit. 3, Hugo).
2.2 La mer fouette la côte de sa vague courte et monotone. De petits nuages blancs passent vite à travers le grand ciel bleu, emportés par le vent rapide, comme des oiseaux; et le village, dans le pli du vallon qui descend vers l'océan, se chauffe au soleil.
Maupassant, le Retour, Pl., t. II, p. 206.
♦ Didact. (en hydrographie). Déplacement d'ensemble des particules superficielles d'un fluide (spécialement sous l'effet de forces perturbatrices; opposé aux oscillations libres de la houle). || Hauteur des vagues. || Trains de vagues, dus à la superposition de houles de périodes différentes. || Profil d'une vague (crête). || Vague moutonnante, dont la crête s'écroule. ⇒ aussi Déferler. || Vagues au rivage : rouleaux; barres. — Vagues non périodiques, produites par une ondulation des couches profondes que la diminution de profondeur transforme en lame de fond, en raz de marée. — Vagues stationnaires des lacs. ⇒ 2. Seiche. || Vague produite par la marée dans un estuaire. ⇒ Mascaret. — Vagues et marées (cit. 1), et courants (⇒ Mer, océan). — L'érosion par les vagues (→ Falaise, cit. 2).
2 (1830). Fig. Mouvement qui se développe, fait remuer un milieu, comparé à la vague (par l'ampleur, la puissance, la progression…). || Les vagues d'un océan (cit. 6) humain. || De pauvres hères charriés par on ne sait quelle vague de misère (→ Épave, cit. 8). — Vague de tendresse (→ Retrouver, cit. 18), de détresse (→ Lame, cit. 12), sentiment subit qui envahit, submerge l'âme. || « Tranquille amour, vague assoupie… » (→ 2. Calme, cit. 3). || Une petite vague de chaleur humaine (→ Respiration, cit. 3). || Des vagues d'enthousiasme.
♦ ☑ Loc. Vague de fond : ce qui déferle irrésistiblement (mouvement d'opinion, etc.). ⇒ Raz-de-marée.
3 Nonchalant, délicieux glissement dans l'indifférence. Une vague d'oubli submerge tout.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 185.
♦ Fam. || Il y a des vagues, des remous, des difficultés. || Pas de vagues ! ☑ Faire des vagues : inquiéter, scandaliser.
3.1 (…) Sartre part faire des vagues, et je reste dans cette grande pièce vide qui s'éclaire peu à peu.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, 1960, p. 430.
♦ Masse (d'hommes, de choses qui se répandent brusquement). || Vagues successives d'immigrants. — ☑ Loc. Vague d'assaut : unité de premier échelon dans une attaque, durant la Première Guerre mondiale.
4 Des multitudes fourmillent par masses distinctes. Sur des champs, des assauts, vague par vague, se propagent, puis s'immobilisent (…)
H. Barbusse, le Feu, I, I.
♦ ☑ (1957). La nouvelle vague. a La génération des personnes nées entre 1919 et 1939, à la fin des années cinquante. || « Nous mettons au point avec la collaboration des sociologues (…) un questionnaire qui s'adressera à tous ceux qui constituent la nouvelle vague, c'est-à-dire une génération complète, celle qui a aujourd'hui de 18 à 38 ans environ » (l'Express, 23 août 1957). — Par ext. La dernière génération ou tendance (en littérature, en art).
5 Toutes les vagues, depuis qu'il y a des hommes et des femmes qui se pourchassent, ont subi la loi qui est celle de toutes les marées. Pourquoi faire à la nouvelle vague l'honneur de la croire plus « sexuelle » que les autres ?
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes, 9 janv. 1959.
5.1 Au vrai, la nouvelle vague est un mythe. Il n'y a pas de nouvelle vague, mais un moutonnement de vagues courtes et pressées qui s'écroulent l'une sur l'autre.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 370.
b (1958, in Gilbert). Spécialt. Hist. du cin. Courant du cinéma français des années 1960-1970, issu de l'équipe des Cahiers du cinéma et caractérisé par des films dits « d'auteur ».
3 Phénomène physique qui se propage, envahit un lieu. || Une vague de parfum (→ 1. Fraise, cit. 2). || Une vague de gaz délétère (cit. 1). ⇒ Nappe. — Vagues de sons. || Les vagues orchestrales (→ Poser, cit. 36). — Météor. || Vague de chaleur, de froid : afflux de masses d'air chaud, froid.
6 À mesure que le soleil s'élève sur l'horizon, les vents du pôle nous arrivent; de là ces vagues de froid qui suivent les beaux printemps.
Alain, Propos, 2 mars 1909, Fête de la lumière.
4 Surface ondulée. ⇒ Houle. || Les vagues de blé (cit. 8). || Les vagues fauves des fougères (→ Lamenter, cit. 11). || Une plaine sans vagues (→ Îlot, cit. 4). — Archit. Ligne ondulée figurant des flots, et servant de motif décoratif. ⇒ Ondé.
♦ Large ondulation de la chevelure.
5 (1908, in D. D. L.). Vx. Danse à la mode au début du XXe siècle, variété de boston qui se danse en diagonale.
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DÉR. et COMP. Vaguelette, vaguette. Contre-vague.
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2. vague [vag] adj. et n. m.
ÉTYM. 1307, « inhabité »; vaque « vide; sans titulaire (d'une fonction) », 1265; lat. vacuus « vide ». → Vacant, vacuité.
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1 Adj. (1611). Vide de cultures et de constructions. ⇒ Inoccupé, vacant. || Terrain vague. ⇒ Terrain (cit. 5). || Champ vague (→ Garde-feu, cit. 2). || Terres vagues (→ Monastère, cit. 2), vaines et vagues. ⇒ Inculte. — REM. Cet emploi est vieux ou stylistique sauf dans le syntagme courant terrain vague.
1 Le soleil tape dur sur l'herbe grise des talus. De l'usine de linoléum, de l'autre côté de la voie, parvient une odeur de bonbon sur. Ordures et papiers usagés complètent un paysage de terrains vagues et de planches.
R. Queneau, le Chiendent, 1932, p. 52.
♦ Par métaphore (vx). || « Le vague champ des imaginations » (Montaigne, I, XXXII).
♦ Mod. (avec infl. de 3. vague). Espace indéterminé, sans limite précise.
2 Haverkamp, les reins bien calés contre la banquette, regarde devant lui, dans le vague.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VI, p. 43.
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3. vague [vag] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1375; lat. vagus « vagabond ».
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I Adj.
1 Vx. Errant, vagabond. || Le « vague peuple hébreu » (Ronsard, Sonnets pour Hélène, VII).
2 (1690; du lat. médiéval). Mod. Anat. || Nerf vague (à cause de ses ramifications dispersées) : nerf pneumogastrique.
0.1 Il pensait que peut-être chez son patient le nerf vague restait dans un état constant de demi-excitation supérieur au tonus qu'il semble garder chez l'individu normal, et surtout dans un état d'alerte (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XII, XVIII, p. 181.
3 (1531). Choses. Que l'esprit a du mal à saisir, à cause de son caractère mouvant; dont le sens n'est pas précisément défini, établi, fixé. ⇒ Confus, flou, imprécis, incertain, indécis, indéfini, indéterminé. || Mot vague (→ Âme, cit. 2; mouvement, cit. 3). || Phrase (→ Concrétiser, cit.), termes vagues (→ Énigme, cit. 3; esprit, cit. 137). ⇒ Approximatif, douteux, nébuleux, obscur. || Sens vague et général, pouvant correspondre à plusieurs concepts (→ 1. Fou, cit. 27; poésie, cit. 1). — Indications (cit. 2) vagues et contradictoires. || Indices (cit. 7 et 8) vagues, qui ne permettent pas de tirer des conclusions sûres. — Concept, idée (cit. 19) vague (→ Germanique, cit. 4). ⇒ Confus, flou (infra cit. 5), fumeux (fig.), grossier. || Idée indécise, vague, flottante (→ Rigoureux, cit. 4). || Le sujet de cette discipline, de cette science est encore vague (→ Enfance, cit. 14), mal délimité. || Notions vagues (→ Influence, cit. 12), sans référence à une réalité précise. ⇒ Général; abstrait. — Paroles, propos (cit. 12); déclarations, discours vagues. || Promesses vagues.
1 (…) je ne veux pas me contenter de connaissances vagues, car il n'y a rien de plus faux que les demi-vérités.
Fustel de Coulanges, Leçons à l'impératrice, p. 51.
♦ (Personnes). Dont les propos sont imprécis. || Vague et prudent (→ On, cit. 19). || Il a été très vague : il n'a rien dit qui puisse l'engager, il n'a dit ni oui ni non.
♦ (Employé avant le nom, dans un sens affaibli). || Avoir une vague idée (cit. 22) de… ⇒ Faible. || Il n'avait, il ne possédait pas la plus vague notion de (→ Pirouette, cit. 2) : il n'avait aucune idée de… || Il a fait de vagues dénégations.
4 (Avant ou après le nom). Dont l'objet ou la raison manque de netteté, est changeant. ⇒ Indéfini. || La vague appréhension (cit. 6), l'appréhension vague d'une menace. || « Tourmentés d'une inquiétude vague, qui se promène sur tout et qui ne trouve rien qui la calme » (→ Mélancolie, cit. 5). || Une inquiétude (cit. 16) vague l'envahissait. ⇒ Sourd (II., 3.). || De vagues pensées. — Nous avions une vague intention, nous la précisons par des mots (→ 1. Dire, cit. 22). || Un vague et incessant désir de nuire, n'importe à qui (→ Haine, cit. 33). || Éprouver un besoin vague (→ Homme, cit. 58). || Rêve vague (→ 2. Idéal, cit. 18).
♦ Que le caractère lointain, indiscernable de son objet rend faible. || Souvenir vague. ⇒ Faible (→ Couvent, cit. 5; poignant, cit. 2; réminiscence, cit. 7). || Tristesse vague (→ Ennui, cit. 24; imprégner, cit. 11). || Tentation lointaine et vague (→ Résister, cit. 20). || Espoir vague (→ Atroce, cit. 4). || Un air de vague ennui (→ Démon, cit. 19).
2 (…) Françoise, à petits pas, faisait le tour, regardait partout. Des sensations confuses, des souvenirs vagues s'éveillaient en elle.
Zola, la Terre, IV, VI.
♦ (Après le nom). Surtout dans le vocabulaire romantique. Que son caractère imprécis rend doux et plutôt agréable. || Une vague mélancolie, rêverie. || « Les pensées vagues que font naître la nature et l'amour » (Mme de Staël, in Littré). — Par ext. Qui exprime des pensées ou des sentiments vagues, indécis. ⇒ Distrait. || D'un air vague et rêveur (→ Lubricité, cit. 3). || Regard (cit. 6) lourd et vague. || Œil vague (→ Régler, cit. 7). || Ses yeux de myope (cit. 1) vagues et absorbés.
5 (Réalité sensible; plutôt après le nom). Qui est perçu d'une manière imparfaite; qui est reconnu sans pouvoir être analysé. ⇒ Confus, flou, imprécis, incertain, indéfini, indéfinissable, obscur; changeant, vaporeux. || Formes (cit. 12) confuses et vagues (→ aussi Mirage, cit. 1). || Point vague et confus. ⇒ Imperceptible (→ Écartement, cit. 1). || Quelque chose de plus vague qu'un spectre (→ Bosseler, cit. 1). || Linéaments (cit. 5), contours vagues. — Lueur (cit. 7), reflet vague. ⇒ Indécis. || Vapeur vague (→ Estomper, cit. 7). — Vague murmure (→ Litanie, cit. 1). || Quelques soupirs vagues et inarticulés (cit.). || Son vague (→ Inachevé, cit. 1).
3 La mémoire d'Elvire y gagnerait-elle ? Cette vague figure, que l'on n'avait entrevue qu'à la clarté des étoiles, en devenant plus précise, resterait-elle aussi élevée et aussi pure ?
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 29 oct. 1849.
♦ (1762). Qui n'est pas appuyé, reste vaporeux (en peinture, dessin…). || Manière vague, floue (cit. 3). ⇒ Vaporeux. || Dans les plus vagues ébauches, il a laissé l'empreinte de son talent (→ Produire, cit. 3).
6 (Après le nom). Qui n'est pas ajusté, serré. ⇒ Flou (infra cit. 4), lâche. || Manteau, veste vague.
7 (1611). Après le nom. Qu'on ne peut localiser avec précision ou certitude. || Malaise (cit. 5) vague et énervant. || Douleurs vagues.
4 (…) la panne d'oxygène n'est pas sensible à l'organisme. Elle se traduit par une euphorie vague qui aboutit, en quelques secondes, à l'évanouissement, et en quelques minutes à la mort.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, V.
8 (1893). Toujours avant le nom. Dont l'identité précise importe peu. ⇒ Insignifiant, quelconque. || Un vague sous-ordre (→ Envoyer, cit. 4). || Dans un vague état-major (→ Planque, cit. 3). || Un vague boulot. || Une vague réunion, un vague congrès.
5 Qu'importe la mort de vagues humanités si le geste est beau !
———
II N. m. (1765).
1 Ce qui n'est pas défini, fixé (dans le domaine intellectuel, affectif ou sensible). ⇒ Imprécision, indécision, indétermination (cit. 1). → Indécis, cit. 4; mélancolie, cit. 7. || Le besoin de rigueur, l'horreur du vague (→ Contenu, cit. 1). || Se perdre dans le vague. ☑ Rester dans le vague : ne pas préciser sa pensée, ses intentions. || Laisser qqch. dans le vague et la confusion. || Le vague lamartinien d'une phrase (→ Fluer, cit. 2). ⇒ Clair-obscur (fig.).
6 Le vague était complet. Cela voulait tout dire et ne rien dire.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XXVII.
♦ (1699). Peinture :
7 (…) tout cela d'un léger, d'un flou, d'un vague, d'un limpide, d'un clair à n'être rendu par aucune palette, ni aucun vocabulaire.
Th. Gautier, Voyage en Russie, V.
2 Littér. Caractère vague, imprécis ou indécis. || Sensation dont le vague n'exclut pas l'intensité (→ Infini, cit. 25). || Le vague d'une rêverie (→ Monologue, cit. 5). || Le vague des passions.
8 Il reste à parler d'un état de l'âme qui, ce nous semble, n'a pas encore été bien observé; c'est celui qui précède le développement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières, mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet. Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente (…) On est détrompé sans avoir joui; il reste encore des désirs, et l'on n'a plus d'illusions (…) On habite, avec un cœur plein, un monde vide; et, sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout.
Chateaubriand, Génie du christianisme, II, III, IX.
3 ☑ Loc. cour. (1830). Vague à l'âme : état de l'âme, indécis et mélancolique, empreint de rêverie. || Avoir du vague à l'âme : être dans un état de douce mélancolie.
9 Tout le divertissait. Il ne s'ennuya jamais. Vous ne trouveriez pas dans les milliers de ces feuillets une trace de vague à l'âme, de « À quoi bon ? » ou de neurasthénie.
R. Rolland, le Voyage intérieur, L'arbre.
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CONTR. Décidé, défini, déterminé, distinct, évident, géométrique, précis. — Évidence, précision.
DÉR. Vaguement.
HOM. 1., 2., 4., 5. Vague.
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4. vague [vag] n. f.
ÉTYM. 1751; de 2. vaguer.
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♦ Techn. Rateau servant à vaguer la bière.
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HOM. 1., 2., 3., 5. Vague.
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5. vague [vag] n. f.
ÉTYM. 1889, Esnault; orig. obscure; p.-ê. abrév. de vaguenaude « poche », altér. de baguenaude; l'idée de vide (→ 2. Vague) a pu jouer.
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♦ Argot. Poche. ⇒ Fouille. || « Je retourne encore un coup mes vagues… » (Céline, Mort à Crédit, p. 370, in Cellard et Rey).
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DÉR. 3. Vaguer.
HOM. 1., 2., 3., 4. Vague.
Encyclopédie Universelle. 2012.