siège [ sjɛʒ ] n. m.
• 1080; lat. pop. °sedicum, de °sedicare, de sedere « être assis »
I ♦
1 ♦ Lieu où se trouve la résidence principale (d'une autorité, d'une société). Rome est le siège de la papauté. Siège d'un tribunal, localité où il tient régulièrement ses audiences. — Siège social : domicile statutaire d'une société. Le siège social est à Paris, à Milan. Absolt Il a quitté l'agence, il est maintenant au siège.
2 ♦ Littér. Centre d'action, lieu où réside la cause (d'un phénomène). « Cette glande est le principal siège de l'âme » (Descartes). « Une douleur exagérée qui n'a plus de siège précis » (Duhamel).
II ♦ (XIIIe) Lieu où s'établit une armée, pour investir une place forte; ensemble des opérations menées pour prendre une place forte. Opérations, travaux, engins de siège. ⇒ poliorcétique. Mettre, faire le siège devant une ville. ⇒ assiéger, investir. Guerre de siège. — Lever le siège d'une place, cesser de l'assiéger; fig. se retirer. « Quand le café fut servi, [...] les convives bientôt levèrent le siège » (Flaubert). — ÉTAT DE SIÈGE : régime spécial comportant la mise en application d'une législation exceptionnelle qui soumet les libertés individuelles à une emprise renforcée de l'autorité publique. L'état de siège est proclamé. « la ville reste en état de siège et toute circulation est interdite à partir de huit heures du soir » (A. Gide). — Loc. fig. Faire le siège de qqn, l'importuner jusqu'à ce qu'il cède.
III ♦
1 ♦ (fin XIIe) Objet fabriqué, meuble disposé pour qu'on puisse s'y asseoir. ⇒ banc, banquette, bergère, canapé, chaise, chauffeuse, divan, escabeau, fauteuil, pliant, 2. pouf, stalle, strapontin, tabouret, trépied, trône . Les bras, le dossier, les pieds d'un siège. Siège de bois, de rotin, métallique. Siège de cuisine, de bureau, de jardin. Siège pliant. Siège relax. Donner, offrir un siège à qqn. Prenez un siège, asseyez-vous. Par ext. Le siège d'une balançoire, d'un cabinet d'aisances. — Siège avant, arrière, siège baquet, siège couchette, sièges transformables d'une automobile. ⇒ banquette. Approcher, reculer son siège du volant. Siège-auto : siège de sécurité pour enfant dans une automobile. Des sièges-autos. Siège éjectable de pilote.
2 ♦ Dr. Place où se tient assis un magistrat. Jugement rendu sur le siège, aussitôt la clôture des débats (sans que les juges se soient retirés pour délibérer). Magistrature du siège, assise (par opposition à magistrature du parquet, debout).
♢ Place, fonction de député, ou place honorifique à pourvoir par élection. Le parti a gagné vingt sièges aux dernières élections. Siège vacant, à pourvoir. Siège d'académicien. ⇒ fauteuil.
3 ♦ Dignité d'évêque, de pontife (symbolisée par le siège qu'occupe le prélat). Siège épiscopal, pontifical. Le siège apostolique : le Saint-Siège (voir ce mot).
IV ♦ (1538) Partie du corps humain sur laquelle on s'assied (dans quelques expr.).⇒ 2. derrière, fondement. Bain de siège. Enfant qui se présente par le siège (dans un accouchement).
● siège nom masculin (latin populaire sedicum, du latin classique sedere, être assis) Meuble ou tout autre objet fait pour s'asseoir : Prendre un siège. Partie horizontale de ce meuble, de cet objet, sur laquelle on s'assied. Postérieur, fesses : Bain de siège. Place, fonction, mandat de membre d'une assemblée délibérante : Gagner plusieurs sièges aux élections. Endroit où réside une autorité, où se réunit une assemblée délibérante, où est installée la direction d'une société, d'une association, d'une entreprise, etc. : Le siège de l'O.N.U. est à New York. Endroit où un phénomène a sa source, et notamment partie du corps, organe où se situent certaines fonctions : Le foie est le siège de nombreuses fonctions métaboliques. Point, endroit de l'organisme où l'on situe l'origine des troubles ressentis par un malade : Localiser le siège d'une douleur. Droit Place où s'assied un juge. Lieu des séances. Mines Ensemble d'une exploitation minière, considérée comme une unité, avec ses puits et ses installations du jour et du fond. (On dit aussi siège d'extraction et, dans les mines de charbon, fosse.) Technique Portée d'étanchéité du à corps d'un appareil de robinetterie qui vient en contact étanche avec la portée d'étanchéité de l'obturateur. ● siège (citations) nom masculin (latin populaire sedicum, du latin classique sedere, être assis) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Prends un siège, Cinna, prends et sur toute chose Observe exactement la loi que je t'impose. Cinna, V, 1, Auguste ● siège (expressions) nom masculin (latin populaire sedicum, du latin classique sedere, être assis) Jugement rendu sur le siège, jugement rendu dès la clôture des débats et sans que les juges se retirent en chambre du conseil pour délibérer. Magistrature du siège, synonyme de magistrature assise. Siège d'exploitation, lieu où s'exercent certaines opérations techniques ou commerciales pour le compte d'une société. Siège social, domicile d'une société, en principe déterminé dans les statuts. Présentation du siège, présentation dans laquelle la partie fœtale qui se présente à l'engagement dans le bassin est constituée par les fesses. ● siège (synonymes) nom masculin (latin populaire sedicum, du latin classique sedere, être assis) Droit. Magistrature du siège
Synonymes :
● siège
nom masculin
(de siège)
Opération menée contre un ouvrage ou une place forte en vue de s'en emparer de vive force.
● siège (citations)
nom masculin
(de siège)
René Aubert, abbé de Vertot
1655-1735
Mon siège est fait.
Cité par d'Alembert dans Réflexions sur l'histoire
Commentaire
C'est d'Alembert qui rapporte cette anecdote sur l'abbé de Vertot, historien réputé. Ayant achevé la relation du siège de Rhodes, il renvoya de cette façon quelqu'un qui lui apportait des documents nouveaux.
● siège (expressions)
nom masculin
(de siège)
État de siège, régime conférant des prérogatives exceptionnelles au gouvernement, en raison d'un péril national grave, et comportant, notamment, un transfert de compétence aux autorités militaires pour le maintien de l'ordre public.
Faire le siège de, attendre aussi longtemps qu'il le faut pour être reçu par quelqu'un à qui on doit exposer une demande.
Guerre de siège, guerre dans laquelle les actions principales sont des opérations de siège. (On disait autrefois guerre de forteresse.)
Lever le siège, replier l'armée assiégeante sans s'être emparé de la place ; partir, quitter les lieux où l'on était installé depuis un certain temps ; se lever et partir.
Mon siège est fait, mon opinion est définitivement arrêtée.
siège
n. m.
rI./r
d1./d Meuble fait pour s'asseoir. Offrir un siège.
— Prenez un siège: asseyez-vous.
|| Partie de ce meuble sur laquelle on s'assied.
d2./d Place occupée dans une assemblée d'élus.
— Fonction de celui qui occupe cette place. Notre parti a gagné trois sièges.
rII./r Partie du corps de l'homme sur laquelle il s'assied. Prendre un bain de siège.
|| OBSTETR Présentation du foetus par le siège, les fesses se présentant d'abord lors de l'accouchement.
rIII/r
d1./d Lieu où réside une autorité. Siège d'un tribunal.
— Siège social d'une société, son domicile légal.
— Place où s'assoit le juge pour rendre la justice. Magistrat du siège (par oppos. à magistrat du parquet): V. magistrat.
|| RELIG Dignité de pontife, d'évêque. Siège épiscopal.
d2./d Fig. Endroit d'où part, où se fait sentir (un phénomène). Le siège d'une douleur.
rIV./r Opération militaire qui consiste à installer des troupes devant ou autour d'une place forte pour la prendre. Lever le siège. Faire le siège d'une ville.
— Fig. Faire le siège de qqn, s'imposer à lui avec insistance pour obtenir qqch.
|| état de siège: régime exceptionnel sous lequel le maintien de l'ordre est confié à l'autorité militaire.
⇒SIÈGE, subst. masc.
I. — Meuble comprenant généralement quatre pieds, une partie horizontale où l'on s'assied et éventuellement un dossier et des accoudoirs. Il s'aperçut alors de sa fatigue; il était resté debout trois ou quatre heures de suite. Il chercha un siège pour s'asseoir (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 882). La règle du maçon: il faut qu'une belle porte soit d'abord une porte. Si un siège n'est point fait pour que l'on y soit bien assis, il ne sera jamais beau (ALAIN, Propos, 1923, p. 552).
A. — MOBILIER
1. Objet à usage domestique, fait pour s'asseoir, et qui meuble les différentes parties d'une maison ou de ses dépendances: pour une personne, à dossier (v. chaise), à dossier et accoudoir (v. bergère, fauteuil), sans accoudoir ni dossier (v. tabouret), sans pieds (v. pouf2), pour plusieurs personnes, sans dossier (v. banc), avec ou sans dossier (v. banquette, canapé). Les causeuses, les fauteuils, les poufs, étaient recouverts de satin bouton d'or capitonné (...). Et il y avait encore des sièges bas, des sièges volants, toutes les variétés élégantes et bizarres du tabouret (ZOLA, Curée, 1872, p. 350):
• 1. Mme de Saint-Euverte voulut donner son fauteuil à la princesse qui répondit: — Mais pas du tout! Pourquoi? Je suis bien n'importe où! Et, avisant avec intention, pour mieux manifester sa simplicité de grande dame, un petit siège sans dossier: — Tenez, ce pouf, c'est tout ce qu'il me faut. Cela me fera tenir droite.
PROUST, Swann, 1913, p. 336.
SYNT. Siège canné, capitonné; siège rembourré, rustique; siège bas, élevé, haut; siège en/de bois, cuir, marbre, paille, pierre, rotin; siège Louis XIV, Louis XV; affreux, beau, grand siège; siège boiteux, confortable; siège de cuisine, de salle à manger, de jardin; siège à bascule; siège pliant, pivotant; housse pour siège; s'asseoir, bondir, sauter sur un siège; se laisser tomber sur un siège; avancer, chercher, indiquer, montrer, occuper, offrir, prendre un siège; quitter son siège.
— [P. allus. à CORNEILLE, Cinna V, 1] Il revint vers son oncle, qui lui indiqua une chaise, en ajoutant: — Prends un siège, mon ami, bien que tu ne sois pas Cinna et que je ne sois pas Auguste (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 92).
2. P. méton. Endroit précis du siège où l'on s'assied. Le siège d'une chaise, d'un fauteuil, d'un canapé. Chaises de bois à siège bas et dossier élevé (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 41).
B. — Objet conçu pour s'asseoir et adapté à des usages particuliers.
1. HYGIÈNE
a) Vieilli. Siège pour la toilette. Synon. de bain de siège, bidet. Sièges pour la toilette. — On trouve de nombreux modèles de ces sièges indispensables pour la toilette intime (Lar. mén. 1926, p. 1169).
b) Siège (d'aisance). Partie d'un appareil sanitaire comprenant la cuvette et l'abattant. Siège à l'Anglaise; siège à bascule; abattant de siège; siège des W.C. On y voyait une table qui, la nuit, se dépliait pour devenir un lit, un escabeau enchaîné, une petite armoire, et un siège hygiénique en faïence à chasse d'eau (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 277).
♦ Siège à la Turque. V. turc.
2. LOISIRS. Petite chaise ou tabouret pliant de bois, de métal léger ou de toile utilisé dans la pratique de certains sports (chasse, pêche). Synon. pliant. Siège d'affût. Mon père manifestait le « sens du dimanche », le besoin urbain de fêter un jour entre les sept jours, au point qu'il se munissait de cannes à pêche, et de sièges pliants (COLETTE, Sido, 1929, p. 92).
3. PUÉRICULTURE
♦ Siège de bébé. Siège de sécurité adapté à la taille des bébés. Mon père possédait (...) une traduction de Shakespeare en deux volumes sur lesquels on m'asseyait pour hausser ma chaise devant la table quand le temps fut venu de quitter mon siège de bébé (BOURGET, Disciple, 1889, p. 78).
♦ Siège(-)relax. Sorte de chaise longue; siège de repos et de sécurité pour bébés. Pour les tout-petits, le baby-roi fait la transition entre le lit et le siège-relax traditionnel (Catal. CAMIF, hiver 1984-85, p. 237).
4. SELLERIE. Partie d'une selle où s'installe le cavalier. (Ds ST-RIQUIER-DELP. 1975, TONDRA Cheval 1979).
5. SPECTACLES. Sièges d'un théâtre, d'un cinéma, d'une salle de spectacles. Le rang supérieur est divisé en loges. Pas de sièges au parterre, qui est la scène même du théâtre (ROSTAND, Cyrano, 1898, I, p. 13). C'était, derrière le Panthéon, une petite salle aux sièges de bois, dont l'orchestre se réduisait à un piano (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 239).
6. TRANSPORTS
a) Endroit généralement surélevé où s'asseyait le cocher dans une voiture hippomobile. Un cocher, en petite livrée du matin, mais cependant poudré comme tout cocher anglais de bonne maison, se tenait droit et raide sur son siège élevé, le fouet dans la main droite, verticalement appuyé sur la cuisse (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 394). [Sa vie] se passait en grande partie sur le siège élevé d'un énorme coach à quatre chevaux, perpétuellement en voyage entre l'avenue Marigny (...) et les divers champs de courses de la banlieue (VERNE, 500 millions, 1879, p. 169).
b) Partie d'une automobile, d'un train, d'un avion où s'asseyent le conducteur ou ses passagers. Siège avant, arrière (v. banquette); siège basculant, rabattable; siège baquet, siège couchette. La solution techniquement et socialement la plus viable pour le voyage de nuit nous paraît se trouver dans la voiture à sièges inclinables (DEFERT, Pol. tour. Fr., 1960, p. 71). Une version « super-Magister » avec sièges éjectables et réacteurs Turbomeca (Industr. aéron. fr., 1962, p. 16):
• 2. Il y avait alors parmi les riches patrons de la ville une espèce de jeune fou qui, pour nous émerveiller, jouait au seigneur. Il avait fait venir de Paris une étonnante voiture peinte en jaune canari. Elle portait, sur quatre hautes roues caoutchoutées, deux sièges à l'avant, deux sièges à l'arrière séparés par une sorte de grande caisse vernissée.
GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1937, p. 29.
♦ Siège(-)auto. Siège de sécurité utilisé en voiture pour le transport des bébés et des jeunes enfants. Siège auto de sécurité à coque enveloppante. Prévu pour enfant de 1 à 4 ans (Catal. CAMIF, hiver 1984-85, p. 235).
7. P. anal. (de fonction ou de forme)
a) Installation de fortune faisant office de siège. Servir de siège; faire siège; siège de hasard, de fortune. Ils se mettaient à deux, à trois, à quatre, selon la difficulté, leur faisaient un siège de leurs poings unis (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 300). Anne-Marie songe, installée au pied du cerisier, où la bergère a fait un siège de trois grosses pierres (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 214).
b) TECHNOL. [Dans divers mécanismes] Siège (de soupape). Partie où vient reposer une soupape à l'entrée de l'orifice qu'elle obture. [La soupape] s'appuie par un rebord très étroit sur un siège horizontal sur lequel elle est parfaitement rodée (HERDNER, Constr. et conduite locomot., t. 1, 1887, p. 110).
C. — 1. Place assise officielle, honorifique, considérée comme le symbole d'une autorité supérieure, religieuse, politique ou juridique. Siège abbatial, pontifical, présidentiel, royal; siège d'apparat (v. chaire, trône). Derrière le chœur, très élevé, on a placé le siège épiscopal en pierre sur lequel l'archevêque primat d'Angleterre, investi d'un pouvoir souverain, plus roi que le roi, attend assis, qu'il vienne humblement se faire couronner (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 17). Les barons francs aperçoivent leur roi assis dans la gloire sur un siège d'honneur, à côté du siège, protocolairement plus élevé, du basileus (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 205).
a) P. métaph. [P. réf. à l'idée de toute-puissance que le mot évoque] Après les châtiments, les fléaux, les déluges, Les hommes ont assis sur des sièges sacrés D'autres hommes savants, austères, vénérés, Pour être au milieu d'eux comme la loi vivante (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 349). Je ne sais si celui qui a réglé les affaires du monde a la même pensée que moi, et j'incline au contraire à le croire disposé à prendre obstinément le parti de l'amour. Du haut de son siège, il discerne peu de ridicule, il échappe au dégoût (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 238).
b) [P. allus. biblique au Magnificat] Il a déposé les puissants de leurs sièges et il a relevé les humbles (CLAUDEL, Poés. div., 1952, p. 861).
— DR. Place où un juge, un magistrat s'assied pour rendre la justice. Siège présidial. Selon l'usage ancien de Norvège, les juges qui prononcent sans appel doivent rester sur leurs sièges jusqu'à ce que l'arrêt qu'ils ont rendu soit exécuté (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 506). C'est la grande salle moyenâgeuse d'un palais de justice (...). Le général qui préside est juché, au milieu du prétoire, sur un siège élevé (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 720).
♦ Magistrat du siège. Synon. de magistrat assis (p. oppos. à magistrat debout ou magistrat du Parquet).
♦ HIST. ANTIQUE. Siège curule. Siège d'ivoire sur lequel les magistrats romains s'asseyaient. (Dict. XIXe et XXe s.). Synon. chaise curule. P. anal. Fauteuil de style empire. L'aïeul, posé sur son siège curule, se taisait et regardait François de son air soupçonneux de vieux sphinx (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 39).
2. [P. réf. à la place occupée par certaines personnalités dans des assemblées diverses] Dignité, fonction, charge attachée à une autorité officielle, attribuée soit à vie soit par un vote la nommant pour un mandat déterminé. Siège parlementaire, présidentiel; siège vacant, à pourvoir; siège à la Chambre, au Conseil, au Parlement, au Sénat; siège de conseiller, de député; perdre, gagner des sièges; perdre son siège. Lorsqu'un siège épiscopal est vacant, le chapitre cathédral se rassemble et nomme un vicaire capitulaire à qui sont dévolus tous les pouvoirs de juridiction (BILLY, Introïbo, 1939, p. 60):
• 3. Dans le choix des ministres, comme dans l'œuvre nationale commune, je n'entendais exclure aucune des grandes tendances de l'opinion et, notamment, aucun des trois partis qui ont obtenu, et de beaucoup, le plus de voix aux élections et le plus de sièges à l'Assemblée.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 627.
— [P. réf. au fauteuil où l'académicien siège lors des séances publiques] Il a l'honneur d'appartenir à l'Académie des sciences morales, et il brigue un siège à l'Académie tout court (BERNANOS, Joie, 1929, p. 535).
— RELIGION. Siège apostolique, pontifical. Synon. de Saint-Siège. Siège patriarcal. V. patriarcal B 1.
II. — Lieu où quelqu'un ou quelque chose est officiellement établi.
A. — 1. Endroit où réside une autorité religieuse, politique, administrative. Siège central, épiscopal, catholique; siège du conseil, du comité national, du commandement, de la cour d'appel, de l'évêché, du gouvernement, du pouvoir, d'un tribunal. Un vieux domestique m'ouvrit la porte et me dirigea en silence sur un long corridor sombre au bout duquel je trouvai le siège de l'académie (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 422). Je me rendis rue Le Peletier, au siège du Parti Communiste (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 152).
— En appos. Ville, commune siège (de). Seuls les hôpitaux de villes sièges de faculté et école de plein exercice de médecine peuvent recruter des externes et des internes (Organ. hospit. Fr., 1957, p. 5).
— DR. Siège social (d'une société), absol. siège. Lieu, ensemble des locaux ou édifices où s'exerce officiellement l'activité administrative d'une société. Synon. domicile légal. La société anonyme doit avoir un domicile que l'on appelle le siège social. — Elle peut posséder des biens, ester en justice, conclure des alliances (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 22).
— Avoir son siège (à, dans). Avoir son lieu d'implantation (à, dans). [Le directeur] est de même appelé à un service de surveillance des cantines, en participation avec les maîtres de l'école, quand la cantine a son siège dans l'établissement (Encyclop. éduc., 1960, p. 124).
2. Vieilli. Capitale d'un pays; p. anal., pays, lieu géographique constituant le point de départ d'une activité spirituelle, intellectuelle, commerciale. Soit qu'un dessein d'en haut ait ainsi fait l'Italie pour être le siège principal du catholicisme (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 58). Avec les Phéniciens, la Méditerranée est le siège d'un commerce maritime actif (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 9).
— [P. allus. littér. à un vers de Vigny dans Le Cor: Monts gelés et fleuris, trônes des deux saisons] On découvre toutes les Pyrénées de la première [halte], ou presque, « siège de deux saisons », avec leurs neiges et leurs forêts de sapins éternelles (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 68).
— LITT. Lieu où un auteur a situé l'action principale de son œuvre. Ernest Daudet y a mis le siège d'un roman [à Saint-Baslemont] (BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1906, p. 207).
3. MINES. Siège d'exploitation, d'extraction (ou suivi d'un déterminatif permettant son identification). ,,Unité d'exploitation tant technique qu'administrative, construite et organisée pour extraire le charbon d'une zone délimitée de gisement`` (Charbon s.d.). Des ingénieurs de fosse sont spécialisés chacun à la surveillance et à la conduite des travaux d'un siège d'exploitation (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 368). Autour du siège d'extraction sont groupées les installations affectées à la préparation et à la transformation du charbon (CHENOT, Entr. national., 1956, p. 36):
• 4. ... les Mines Domaniales mirent en chantier en 1929 deux nouvelles fabriques, l'une au siège Joseph-Else (dont la capacité devait atteindre 600 tonnes de chlorure par jour), l'autre au siège Anna (d'une capacité de 300 tonnes de chlorure par jour)...
Industr. fr. engrais chim., 1956, p. 11.
B. — 1. MÉD. Siège d'une douleur, d'un mal. Point précis du corps où le malade ressent une affection douloureuse. Presque chaque point du corps devenait le siège d'une douleur, et ce n'était, d'une crise à l'autre, qu'un long hurlement (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1278).
— Avoir son siège dans. Être localisé précisément dans. J'ai été saisi par un rhume avec accès de fièvre, qui affaiblit singulièrement ma tête et qui a son principal siège dans l'estomac (MAINE DE BIRAN, Journal, 1819, p. 252).
2. En partic.
a) Point de l'organisme où se produisent certains phénomènes, où s'exercent certaines fonctions d'ordre physiologique. Tandis que les réflexes inconditionnés ont leur siège en deçà du cerveau ou dans le cerveau moyen, le siège des réflexes conditionnés est dans les hémisphères cérébraux (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 91).
— P. anal. Qu'est-ce donc que l'âme? (...) Elle réside en un corps, elle occupe un lieu (...). Mais l'esprit n'a ni siège ni lieu. Il est étranger à la peine comme au plaisir (FLAUB., Tentation, 1856, p. 516). La glande pinéale, dont Descartes faisait le siège de l'âme, et que nous appelons aujourd'hui épiphyse, est sans action connue sur le psychisme (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 172).
b) PHYSICOCHIM. Le noyau, siège ou inducteur des protéosynthèses, est indispensable à la vie du neurone (P. MORAND, Confins vie, 1955, p. 133). Sous l'influence d'énergies extérieures de natures diverses, les cristaux sont le siège de phénomènes remarquables dont l'étude peut éclairer sur leur constitution (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 477).
III. — GUERRE
A. — HISTOIRE
1. Lieu où s'établit une armée, devant une ville ou une place forte dans le but de l'investir. Elle fut obligée de longer en voiture et de très près, le siège de Mantoue. On tira sur elle de la place, et quelqu'un de sa suite fut même atteint (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 985).
2. Ensemble des opérations militaires menées devant une ville, une place forte pour l'attaquer et s'en emparer (siège offensif); ensemble des moyens de défense utilisés pour y résister (siège défensif). Le siège de Carthage, de Troie; le siège de Paris. Au temps de l'invasion des Mores, les habitants de Tolède furent forcés de se rendre après un siège de deux ans (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 152). Nous inclinions encore, à la veille de la guerre, à croire que ces corps d'armée, suivant en deuxième ligne, ne seraient utilisés qu'au siège des places fortes, à la garde des communications, à la tenue de fronts passifs (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 135).
♦ Guerre de siège. Guerre de position où prédominent les opérations de siège. Dès le 17 septembre, le front était stabilisé, les tranchées se creusaient face à face: une sorte de guerre de siège, atroce et journellement meurtrière, commençait (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 263).
♦ Soutenir un siège. Résister aux attaques répétées de l'assaillant tout en supportant l'état d'isolement et d'affaiblissement que cette situation entraîne. L'arsenal se composait de sept carabines et de sept revolvers, et permettait de soutenir un siège assez long, car ni les munitions ni les vivres ne manquaient (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 233).
♦ Mettre le siège devant, faire le siège de, tenir un siège. Synon. de assiéger. En avril-mai 1110 Maudoud, avec une puissante armée vint mettre le siège devant Édesse (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 87).
♦ Lever le siège. Renoncer à poursuivre l'assaut, se retirer avec armes et troupes. La Pucelle tient ses promesses. Elle a fait lever le siège d'Orléans, sacrer le Roi à Reims (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 73). Fam., lang. cour. S'en aller, se retirer d'une assemblée. Quand le café fut servi, Félicité s'en alla préparer la chambre dans la nouvelle maison, et les convives bientôt levèrent le siège (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 96).
3. Ensemble des dispositifs de guerre utilisés pour assiéger une ville, une place forte. Travaux de siège; affût, artillerie, batterie, pièce de siège. Ils abaissèrent les ponts-levis devant dix-huit cents hommes qui ne traînaient pas un seul canon de siège dans leur convoi (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 347).
— En partic.
♦ Journal de siège. Journal publié pendant un siège et où sont consignés tous les faits de guerre relatifs à ce siège. Puis Masson nous révèle l'existence d'un journal du siège de Detaille, qui serait très intéressant (GONCOURT, Journal, 1895, p. 728).
♦ Monnaie de siège. Échange des monnaies de siège, (...) transport des malades et des blessés par eau (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 130).
4. État de siège
a) [En temps de guerre] État dans lequel se trouve une ville assiégée et où l'autorité militaire exerce tous les pouvoirs. La loi de 1791 faisait résulter l'État de Siége des circonstances qui, réellement, constituent la place en nécessité de se défendre contre une armée assiégeante ou un investissement séditieux (Pol. 1868).
b) [En temps de paix] Régime spécial promulgué par les pouvoirs publics et donnant des pouvoirs renforcés à l'autorité militaire en cas de trouble ou d'insurrection. Proclamer l'état de siège. Je vous rappelle que, dans le cas de péril grave, extérieur ou intérieur, la proclamation de l'état de siège peut donner à l'autorité militaire les pouvoirs les plus étendus (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 670):
• 5. ... les grèves russes étaient une arme à double tranchant: elles pouvaient, en effet, paralyser les velléités belliqueuses de l'état-major; mais elles pouvaient aussi offrir à un gouvernement en mauvaise posture la tentation de faire une diversion brutale: de décréter l'état de siège, sous prétexte du danger de guerre, et d'étouffer net l'insurrection populaire par une répression implacable.
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 293.
c) P. anal. Nous fûmes tous habillés de neuf. Grande affaire et qui mit en état de siège l'appartement à peine installé (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 60).
B. — P. anal. ou au fig.
1. Siège (d'un lieu). Prise de possession autoritaire. Hier soir, vers 10 heures, en notre absence, attaque et siège de notre maison par un groupe de pions qui se prétendent offensés (BLOY, Journal, 1893, p. 82).
— Faire le siège (de), soutenir un siège. Investir, occuper un lieu avec persévérance et obstination. Quand elle était rentrée, le soir, en son écurie, la foule des chiens faisait le siège de la propriété (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mlle Cocotte, 1883, p. 811). Figurez-vous que ces deux gamins ont soutenu un siège de quatre jours sur les toits de leur collège de Paris (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 356).
2. Patiente entreprise de séduction et de conquête amoureuse. Commencer, entamer le siège (de). Clarisse est un ouvrage de stratégie, en quelque sorte. Vingt-quatre volumes employés à décrire le siège d'un cœur et sa prise. C'est digne de Vauban (VIGNY, Journal poète, 1833, p. 986). Ces regards luisants de Maurice (...) cette patience avec laquelle il avait fait mon siège, n'étaient-ce pas des indices... (H. BAZIN, Qui j'ose aimer, 1956, p. 140).
3. Loc. fig. [P. allus. à un mot de l'abbé de Vertot qui écrivit en 1726 un ouvrage sur le siège de Rhodes] Mon siège est fait. Ma décision est prise, mon opinion est arrêtée, je n'en changerai pas. Il a son siège fait, se disait le comte, il s'est mis en tête de me contredire. Rien ne l'en fera démordre (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 892). La partie importante de son œuvre [de Verhaeren] fut publiée à l'époque de ma vie où mon siège était fait, mon choix tellement arrêté que je ne savais pas lire plus avant (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 128).
IV. A. — ANAT., p. euphém. Partie du corps sur laquelle on s'assied. Synon. derrière, fondement. C'était la sœur qui parlait au malade (...): « Vous souffrez du siège? » Le malade a grommelé quelque chose d'une voix édentée et râlante (GONCOURT, Journal, 1860, p. 853).
B. — Spécialement
1. HYG. Bain(s) de siège. Bain limité au bassin se prenant dans un récipient adapté (baignoire spéciale, bidet, bassine) et recommandé dans le traitement de certaines affections. Elle prit un bain de siège, qui lui fit du bien. Sa pudeur excessive, qui l'empêche d'employer sa bonne, fit qu'elle se mouilla fort (MICHELET, Journal, 1857, p. 384).
♦ P. méton. Récipient contenant l'eau destinée à ce bain. V... tout plein d'insolence Se balance Aussi ventru qu'un tonneau, Au-dessus d'un bain de siège, Ô Barège, Plein jusqu'au bord de ton eau! (BANVILLE, Odes funamb., 1859, p. 156).
♦ P. anal., rare. Fauteuil ayant la forme de ce récipient. V. bain ex. 5.
2. OBSTÉTR. Accouchement par le siège. Accouchement au cours duquel l'enfant se présente dans une position inhabituelle, le siège en premier, les jambes fléchies sur les cuisses (siège complet) ou étendues devant le tronc (siège décomplété). [L'hémorragie méningée sous-arachnoïdienne] s'observe spécialement chez les prématurés, après les accouchements difficiles, notamment chez la primipare, et chez les nouveau-nés qui sont accouchés par le siège (QUILLET Méd. 1965, p. 357).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: siege; 1740-1835: siége; dep. 1878: siège. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1100 « place que l'on occupe » (Roland, éd. J. Bédier, 1135: Se vos murez, esterez seinz martirs, Sieges avrez el greignor pareïs); 2. 1119 « place où on est assis, en parlant d'une personne exerçant une fonction importante » (PHILIPPE DE THAON, Comput, 979 ds T.-L.: Que cil ki le siveient [Notre-Seigneur] Grant gueredon avreient: Que sur siege serreint E le munt jugereint); déb. XIVe s. seige real (Vie de S. Denis, Brit. Mus. add. 15606, fol. 137c ds GDF. Compl.); 1549 d'un juge (EST.); 3. a) 1160-74 « meuble fait pour s'asseoir » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3118); ca 1210 siege emperial « trône impérial [remis en signe de pouvoir] » (ROBERT DE CLARI, Constantinople, éd. Ph. Lauer, LII, p. 53); b) 1260 « partie de la selle où on peut s'asseoir » (ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, 209 ds T.-L.); c) fin XVIIe s. siège d'aisance « latrinarum sedile » (D'AVILER d'apr. Trév. 1732); 4. ca 1160 « situation, position [d'un bâtiment] » sieges d'un chastel (Eneas, 7282 ds T.-L.); 5. 1210-20 « lieu, tombeau où reposent les restes d'un apôtre » siege d'apostoile en parlant de Compostelle (Pseudo-Turpin, I, 23.8, ibid.). II. A. 1. Ca 1100 « lieu où est établie une autorité » en parlant de l'empereur al siege ad Ais (Roland, 435); ca 1245 du pape a Roume al siege (PHILIPPE MOUSKET, Chron., 29848 ds T.-L.); mil. XIIIe s. sege del Latran (Horn, éd. M. K. Pope, 1424, leçon ms. O); 1306 siege de Cantorbiere (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, I, 138 ds T.-L.); 2. ca 1245 « réunion, assemblée » (PHILIPPE MOUSKET, op. cit., 29819, ibid.); ca 1283 « séance » jour de siege (Livre Roisin, éd. R. Monier, § 3, p. 8); 3. a) 1283 « cour où un juge rend la justice » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutume de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1246); b) 1340-41 Champagne « charge d'un prévôt » (Doc. rel. au comté de Champagne, éd. A. Longnon, t. 3, p. 340b). B. 1. a) Ca 1265 « lieu où réside l'origine, le principe d'un élément, d'un fait physiologique » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, CI, 4, p. 84: Sanc [...] a son siege el fois); b) 1812 « endroit du corps atteint par la maladie » (MOZIN-BIBER); 2. 1580 fig. (MONTAIGNE, Essais, II, 16, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 621: l'ame, où est le vray siege de la vertu). III. 1. Ca 1100 « investissement d'une ville » (Roland, 71; 212: metre le sege); 1812 place en état de siège (MOZIN-BIBER, s.v. État); 2. ca 1462 p. anal. avoir [une femme] sans siege « avoir facilement ses faveurs » (Cent Nouvelles nouvelles, éd. Fr. P. Sweetser, XXIV, 75, p. 156). IV. XIIIe s. « anus, derrière [d'un oiseau de proie] » (Aviculaire des oiseaus de proie, ms. Lyon 867, fol. 221 v ° ds G. TILANDER, Glanures lexicogr., 1932, p. 242); 1377 [faucon] de large siege (GACE DE LA BUIGNE, Deduis, 9425 ds T.-L.); 1538 en parlant d'un homme (EST., s.v. sedes: Les fesses. Le siege de l'homme); spéc. 1835 obstétr. présentation du siège (J. HATIN, Cours complet d'accouchemens, p. 236, titre ds QUEM. DDL t. 8). Prob. déverbal d'un verbe siegier, disparu dès l'époque prélittér., mais att. par le verbe a. fr. assegier (1180-90 estre assegiés « être assis, placé » (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, III, 5062 ds Elliott Monographs, n ° 37, p. 256; fin XIIe s. estre assigiez, Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, I, p. 4, 39), ce dernier corresp. à un verbe assedicare, semble différent de assiéger « faire le siége d'une place ». Fréq. abs. littér.:3 376. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 043, b) 5 953; XXe s.: a) 4 657, b) 4 062. Bbg. NEWBERRY MC DOWELL (C.). L'Analyse sém. et le terme d'identification Fr. R. 1979, t. 52, pp. 563-566. — QUEM. DDL t. 8, 21, 27 (s.v. siège de relais), 28 (s.v. siège social).
siège [sjɛʒ] n. m.
ÉTYM. 1080, « lieu où l'on s'établit, demeure; place où l'on se tient assis »; du lat. pop. sedicum ou sedica, qui suppose un verbe sedicare, du lat. class. sedere « être assis ». → Seoir.
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1 Vx. Endroit où qqn, qqch. est établi. || Le siège d'un empire : la capitale (→ Établir, cit. 6).
2 Mod. Lieu où se trouve la résidence principale (d'une autorité, d'un tribunal, d'une société…); (1538) locaux où sont installées (ces autorités, sociétés). || Le siège d'un évêché (⇒ Cathédral), d'un diocèse (cit. 2). — Siège d'un tribunal, localité où il tient régulièrement ses séances. ⇒ Juridiction, justice. — Siège d'une assemblée, d'un parlement. — Par ext. || « Siège des opérations » (d'une compagnie de commerce). Cf. Raynal, in Littré.
♦ ☑ Loc. (1936). Siège social : lieu où se trouve concentrée la vie juridique d'une société. ⇒ Domicile. — Siège d'exploitation, où s'exerce effectivement l'activité technique, commerciale. — Le siège d'un parti, d'un organisme. ⇒ aussi Résidence. || Le siège du gouvernement.
♦ Absolt (le contexte étant clair). || Rendez-vous au siège.
♦ Techn. (siège étant suivi d'un numéro d'ordre). Unité d'exploitation minière. || « Je travaillais au siège 9/17 du groupe d'Hénin-Liétard » (J. Lenoir, Nouveau tour du monde par deux enfants). || Chef de siège, ingénieur qui dirige une telle unité.
0.1 Le siège, nom donné à l'ensemble de l'exploitation (minière), comprend : un puits d'extraction et d'entrée d'air, un puits de service et de retour d'air, éventuellement des puits secondaires; l'étendue terrestre et souterraine correspondant à l'importance du gisement, enfin des installations de surface nécessaires à l'épierrage et au lavage du charbon brut, à l'administration et aux locaux de services, ainsi qu'à la fourniture de l'énergie. Les « sièges » importants complètent généralement cette installation par un ensemble, souvent complexe, d'usines de transformation, de telle sorte que la compagnie se trouve en mesure de fournir directement des produits propres à la consommation.
Jean Romeuf, le Charbon, p. 37.
3 (V. 1265). Littér. Lieu où réside, où se trouve la cause (d'un phénomène). || Le principal siège de l'âme (cit. 19, Descartes). || Le siège des sensations (→ Atmosphère, cit. 11), de la raison (→ Cœur, cit. 147). ⇒ aussi Base, centre. — Spécialt. || Le siège d'une douleur (→ Diffus, cit. 4), d'une maladie (⇒ Foyer, III., 2.) : l'endroit de l'organisme où un phénomène physiologique est considéré comme la cause du symptôme.
1 (…) une distinction de sièges attribuée à l'exercice de chaque faculté, telle que certains physiologistes se sont crus autorisés à la supposer, se réfère nécessairement elle-même à un système fondé sur une méthode de division tout à fait différente (…) indépendante (…) de toutes les considérations physiologiques.
Maine de Biran, Du physique et du moral de l'homme, I, §IV.
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II
1 (V. 1138, sege). Vx, sauf en loc. Lieu où s'établit une armée, auprès ou autour d'une place forte, pour l'investir.
♦ Mod. Ensemble des opérations menées pour prendre une place forte. ⇒ Poliorcétique (→ Arracher, cit. 14; goujat, cit. 1). || Opérations au cours d'un siège. ⇒ Approche (travaux d'), assaut, attaque, blocus, cheminement, contre-approche, contre-mine (et contre-miner), investissement, sortie. || Travaux de siège. ⇒ Circonvallation, contrevallation, sape, tranchée. || Engins de siège. ⇒ Machine (de guerre) : beffroi, bélier (2.), corbeau (II., 1.), hélépole, 1. onagre, tour, etc. || Artillerie, pièce de siège. — Mettre le siège devant une ville. ⇒ Assiéger, bloquer, investir. || Soutenir un siège. || Place qui résiste aux sièges. ⇒ Inexpugnable; imprenable. || Capitulation, reddition après un siège. ⇒ aussi Chamade. — (1871). || Guerre de siège. — Le siège de Troie, conté dans l'Iliade. || Le siège d'Orléans par les Anglais (→ Rendre, cit. 31). || Le siège de Paris, en 1870.
♦ ☑ Loc. Lever le siège, se dit de l'armée assiégeante qui renonce à prendre la place assiégée, et se retire. || La levée d'un siège. ⇒ aussi Débloquement. — Fig. || Lever le siège : s'en aller, quitter la place. ⇒ Partir, retirer (se).
2 Je ne songe point à vous parler de la levée du siège de Bude : cette petite nouvelle (…) ne vaut pas la peine d'en parler (…)
Mme de Sévigné, 942, 26 nov. 1684.
3 Quand le café fut servi (…) les convives bientôt levèrent le siège.
Flaubert, Mme Bovary, II, II.
♦ ☑ (1835; autre sens, 1811). État (cit. 47) de siège : régime spécial comportant la mise en application d'une législation exceptionnelle qui soumet « les libertés individuelles à une emprise renforcée de l'autorité publique » (Capitant). || État de siège militaire (dans une place attaquée ou investie), politique (déclaré sur tout ou partie du territoire national). || Proclamer l'état de siège.
4 (…) la ville reste en état de siège et toute circulation est interdite à partir de huit heures du soir.
Gide, Journal, 10 mai 1943.
♦ ☑ Loc. Mon siège est fait, réponse de l'abbé de Vertot, auteur en 1719 d'une histoire du siège de Rhodes par Soliman II, quand lui parvinrent des documents qu'il n'avait pas attendus. — ☑ Fig. Avoir son siège fait, son opinion arrêtée. ⇒ Parti (II.).
5 Ceux qui étaient informés de sa mission pensaient que c'était un homme qui n'avait pas son siège fait, et ne le renseignaient qu'avec plus de zèle.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, XIII, p. 160.
2 (Mil. XVe). Par métaphore et vx. Dans le voc. de la galanterie. ⇒ Assiéger. || Faire le siège d'une femme (→ Humilier, cit. 35).
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III Endroit où une personne s'assied.
1 (Fin XIIe). Objet manufacturé disposé pour qu'on puisse s'y asseoir. ⇒ Ameublement, meuble; banc, banquette, berceuse, bergère, borne (spécialt), boudeuse, canapé, causeuse, chaire, chaise, coin-de-feu, divan, escabeau, fauteuil, guérite, pouf (III., 2.), prie-dieu, selle (I., 1.), sellette, sofa, stalle, strapontin, tabouret, trépied, trône, vis-à-vis. || Siège à une, à plusieurs places; siège à dossier, sans dossier, siège à une place sans bras (chaise). || Les bras, le dossier, les pieds d'un siège. || Garniture des sièges; sangles (sanglage), ressorts (guindage), rembourrage d'un siège. || Siège bas (cit. 1; → Pose, cit. 4), haut. || Siège canné (cit. 1), capitonné, dur, rembourré. || Siège de tapisserie, de paille, dont le fond est en tapisserie, en paille. || Siège de bois, de rotin, siège métallique. || Sièges pliants. ⇒ Chaise (longue), pliant (n. m.), transatlantique. || Siège de salon, de cuisine, de bureau, de jardin. || Sièges d'un parloir, d'une exèdre. || Siège ancien, de style; sièges Louis XV (→ Composite, cit. 2). — Siège boiteux (cit. 6). || Siège dépaillé. || Embourrer (vx), rembourrer, rempailler un siège (→ aussi Rempailleur, cit.). || Faire recouvrir des sièges. || Housses pour sièges. — Offrir, avancer un siège. || Prenez un siège : asseyez-vous. || « Prends (cit. 76) un siège, Cinna ». || S'asseoir sur le bord d'un siège (→ Articuler, cit. 6). || Se lever, sauter de son siège (→ Ciel, cit. 27; et aussi imperceptible, cit. 11).
6 (…) et les sièges, de toutes les formes, de toutes les grandeurs, éparpillés au hasard dans l'appartement, chaises longues, fauteuils énormes ou minuscules, poufs et tabourets, étaient couverts de soie Louis XVI ou de beau velours d'Utrecht, fond crème à dessins grenat.
Maupassant, Bel-Ami, I, II.
♦ (XIVe). Partie (d'un siège) où l'on s'assied. || « Les parties (de la chaise) sont le siège, le dossier…, les pieds » (Encyclopédie, 1765). || Siège recouvert d'une galette. — Le siège d'une selle (opposé au pommeau, etc.).
7 Adrienne heurta le dossier d'un fauteuil (…) et recula en apercevant sur le siège un coussin un peu aplati (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 270.
♦ Par ext. || Le siège d'un cacolet, d'une balançoire. — (1680). Partie (d'une voiture) sur laquelle on s'assied. || Sièges d'une voiture à cheval. || Monter sur le siège (du cocher). — Manège à sièges tournants (→ Limonaire, cit. 1). — Siège avant, arrière, d'une automobile. ⇒ aussi Banquette, coussin. || Siège baquet. || Siège-auto : siège de sécurité pour enfant dans une automobile.
♦ Sièges transformables (d'automobile, d'avion). || Siège éjectable de pilote.
8 (…) les voitures nouvelles ont des sièges devant et derrière pour que les domestiques y soient bien assis (…)
G. Sand, Histoire de ma vie, III, VI.
♦ Place assise (dans un moyen de transport). || Les sièges d'un avion. || Coût d'exploitation au siège-kilomètre (ch. de fer).
♦ (1721). Spécialt. Vasque (d'un cabinet d'aisance). || Siège à l'anglaise. || Siège d'aisance. || Ouverture du siège. ⇒ Lunette.
2 (V. 1283). Dr. Place où se tient assis un magistrat, un député en fonction. ⇒ Siéger. || Siège curule.
♦ (1936). || Jugement rendu sur le siège, aussitôt la clôture des débats (sans que les juges se soient retirés pour délibérer). || Magistrature du siège, assise (opposée à la magistrature du parquet, debout). ⇒ Asseoir (p. p.).
♦ Spécialt. Place, et, par ext., fonction de député, ou place honorifique à pourvoir par élection. ⇒ Fauteuil (d'académicien). || Siège de député (→ Opinion, cit. 4; 3. poste, cit. 8). || Candidats et sièges (→ Liste, cit. 4).
3 Relig. Dignité d'évêque, de pontife (symbolisée par le siège qu'occupe le prélat). || Siège épiscopal, patriarcal, primatial; siège pontifical (⇒ Saint-Siège). — (1688). || Le siège apostolique. — Absolt. || Cet évêque a occupé le siège dix ans. || Vacance du siège.
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IV (1538). Seult dans quelques emplois. Partie du corps humain sur laquelle on s'assied. ⇒ Fondement; fesse(s). || Bain de siège. — (1835, in D. D. L.). || Présentation du siège, dans un accouchement. || Enfant qui se présente par le siège, le bassin le premier. — Ellipt (langue médicale). || C'était un accouchement difficile, un siège.
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V (XXe). Techn. (Partie sur laquelle qqch. repose). Partie d'un corps de robinet sur laquelle repose une soupape. — Partie d'une soupape en contact avec son appui.
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DÉR. Siéger.
COMP. Multisiège, télésiège.
Encyclopédie Universelle. 2012.