lion [ ljɔ̃ ] n. m.
• 1080; lat. leo, leonis
I ♦
1 ♦ Grand mammifère carnivore, grand félin à pelage fauve, à crinière brune et fournie, à queue terminée par une grosse touffe de poils, vivant en Afrique et en Asie. Les lions de l'Atlas ont disparu. Rugissement du lion. Chasse au lion. L'antre du lion. Fosse aux lions. « C'était l'heure tranquille où les lions vont boire » (Hugo).
♢ Spécialt Cet animal, adulte et mâle. Le lion, la lionne et les lionceaux.
2 ♦ Loc. Se battre, se défendre comme un lion, courageusement. Tourner comme un lion en cage : s'impatienter (avec une idée de force impuissante). Se tailler la part du lion : s'adjuger la plus grosse part. — Fam. Avoir bouffé du lion : être animé d'une énergie ou d'une agressivité inaccoutumées. PROV. Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort.
3 ♦ Fig. Personne courageuse. C'est un lion ! ⇒ brave. « Vous êtes mon lion superbe et généreux » (Hugo).
♢ (1833; angl. lion) Vx Homme en vue, célèbre. — Homme à la mode (notamment de 1830 à 1860).
II ♦
1 ♦ (1498; lat. Leo, allus. myth. au lion de Némée) Astron. Constellation zodiacale de l'hémisphère boréal formée de 25 étoiles visibles à l'œil nu (dont le dessin général évoque un lion).
♢ Astrol. Cinquième signe du zodiaque (23 juillet-22 août). — Ellipt Elle est Lion, née sous le signe du Lion.
2 ♦ (1611) Lion de mer : otarie à crinière.
● lion nom masculin (latin leo, -onis, du grec leôn, -ontos) Grand mammifère félidé carnivore d'Afrique et d'Asie occidentale. ● lion (citations) nom masculin (latin leo, -onis, du grec leôn, -ontos) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Vous êtes mon lion superbe et généreux ! Hernani, III, 4, Dona Sol Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Une immense bonté tombait du firmament : C'était l'heure tranquille où les lions vont boire. La Légende des siècles, Booz endormi Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Henri Michaux Namur 1899-Paris 1984 Qui s'est abaissé devant une fourmi, n'a plus à s'abaisser devant un lion. Tranches de savoir Cercle des Arts Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Je sais, quand il le faut, quitter la peau du lion pour prendre celle du renard. Cité par Talleyrand dans Mémoires, I Phèdre, en latin Caius Julius Phaedrus Macédoine vers 10 avant J.-C.-54 après J.-C. Je prends la première, parce que je m'appelle Lion. Ego primam tollo, nominor quoniam Leo. Fables, I, 5 la première part Homère IXe s. avant J.-C. Il n'est pas de pacte loyal entre les hommes et les lions. L'Iliade, XXII, 262 (traduction P. Mazon) Pindare Cynoscéphales, près de Thèbes, 518 avant J.-C.-Argos ? 438 avant J.-C. Jamais le renard fauve et les lions rugissants n'échangeront entre eux leur nature. Onzième Olympique, 20 Plutarque Chéronée, en Béotie, vers 50 après J.-C.-Chéronée, en Béotie, vers 125 « Partout où la peau du lion ne peut atteindre, il faut y coudre celle du renard. ». Vies parallèles, Vie de Lysandre, VII (traduction D. Ricard) Commentaire Mot attribué à Lysandre. Bible Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort. Ancien Testament, Ecclésiaste IX, 4 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Soyez sobres, veillez. Votre partie adverse, le Diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Épîtres de saint Pierre, Ire, V, 8 Talmud Sois plutôt la queue d'un lion que la tête d'un chien. Talmud, I, 10 Talmud C'est un opprobre pour le lion de pleurer face au renard. Talmud, Tana Deve Eliyahou, 225 William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Le sang s'enflamme plus vite à relancer un lion qu'à faire lever un lièvre ! … the blood more stirs To rouse a lion than to start a hare ! Henry IV, première partie, I, 3, Hotspur Abu Hafsa ibn al-Khattab Umar Ier La Mecque vers 581-Médine 644 Fais peur au lion avant qu'il ne te fasse peur. Sentences ● lion (expressions) nom masculin (latin leo, -onis, du grec leôn, -ontos) Familier. Avoir mangé du lion, manifester une énergie, une vitalité ou une agressivité inaccoutumée. La part du lion, la plus grosse part, celle qui revient au plus fort. Lion de mer, nom donné à plusieurs espèces d'otaries de l'océan Indien et du Pacifique à cause de la longue crinière qui recouvre le cou des mâles. ● lion (homonymes) nom masculin (latin leo, -onis, du grec leôn, -ontos) lions forme conjuguée du verbe lier ● lion, lionne nom Symbole de la force, du courage, de la fougue. Au XIXe s., jeune homme ou jeune femme riche, d'une élégance recherchée.
Lion, lionne
n.
rI./r
d1./d Grand mammifère carnivore d'Afrique (Panthera leo, Fam. félidés) au pelage fauve, à la puissante crinière (chez le mâle), dont la queue se termine par une touffe de poils. Le rugissement du lion. Le lion, "roi des animaux". Le courage et la force légendaires du lion.
|| n. f. Lion femelle.
d2./d (Par comparaison.) Fort, courageux comme un lion. Il s'est battu comme un lion.
— Homme d'une grande bravoure, d'un grand courage. C'est un lion!
|| Loc. La part du lion, la plus grosse, celle que s'adjuge le plus fort dans un partage. Se tailler la part du lion. (V. contrat léonin.)
d3./d Par anal. Lion de mer: nom cour. de l'otarie de Steller, répandue dans le Pacifique nord, dont le mâle a une crinière.
rII./r
d1./d ASTRO Le Lion: constellation zodiacale de l'hémisphère boréal.
d2./d ASTROL Signe du zodiaque (23 juillet-23 août).
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Lion
(golfe du) vaste golfe de la côte française de la Méditerranée, entre le delta du Rhône et les Pyrénées.
⇒LION, LIONNE, subst.
I. — Subst. masc.
A. — Mammifère carnivore, de la famille des Félidés, de forte taille, caractérisé par sa face large, sa crinière touffue, son tronc et ses membres trapus, son pelage fauve, et vivant à l'état sauvage surtout en Afrique. Les lions reposaient la poitrine contre le sol et les deux pattes allongées (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 155). Cette image de la force majestueuse, ce Jupiter des animaux, qu'on nomme le lion (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 11). V. aussi fauve II B ex. de A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 30 :
• 1. Le lion jouit d'une force si puissante, il est armé de dents et de griffes si redoutables, que presque tous les animaux le fuient avec un profond sentiment d'effroi. Suivant le rapport des voyageurs qui n'ont pas craint de parcourir les déserts embrasés, où ses muscles vigoureux et son naturel dominateur peuvent acquérir un entier développement, les chiens, les chevaux, les bœufs, perdent tout courage à son aspect...
CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 330.
SYNT. Lion roux; lion de l'Atlas; crinière, dent, griffe, gueule, mufle, peau, rugissement de/du lion; courage de lion; chasse aux lions.
♦ Loc. verb. fig., pop. et fam. Bouffer, manger du lion. Avoir, manifester une énergie extraordinaire. Qu'est-ce qui vous a pris, ma petite Lulu? Vous avez mangé du lion (SARTRE, Mur, 1939, p. 108).
— Proverbe Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort/chien en vie vaut mieux que lion mort. V. chien1 II B 4 a.
— MYTH. Lion néméen/de Némée. Lion tué par Hercule en Argolide. Hercule combattait le lion de Némée (...). Parfois il étreignait le monstre dans ses bras (BANVILLE, Exilés, 1874, p. 21).
— P. métaph. C'était [Stanley] le lion au repos, un lion correct, qui comprimait ses bâillements et de temps en temps, dans un rapide sourire, montrait ses crocs étincelants (L. DAUDET, Entre-deux-guerres, 1915, p. 282).
♦ Loc. adj. De lion. Synon. de léonin. Elle le regardait avec des yeux de tigresse : lui la fixait avec des yeux de lion, car il était en colère (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 66). Henley avait un masque de lion, des moustaches fauves et grises, une figure formidable dont l'imposant aspect était parfois joyeusement transformé par les éclats d'un rire immense (VALÉRY, Entret. avec F. Lefèvre, 1926, p. 14).
B. — P. méton.
1. Représentation de cet animal, à valeur décorative ou symbolique. Une admirable statue (...) représentait le génie de la douleur, appuyé sur un lion, emblême de la force (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 44). Statues Aux mains jointes, d'habits seigneuriaux vêtues, L'homme avec son lion, la femme avec son chien (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 525). Têtes de lions qui terminaient les bras de son fauteuil (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 381).
♦ Lion de Belfort. Lion exécuté par Bartholdi pour symboliser la résistance de cette ville en 1870. Ils ont brûlé Jeanne d'Arc et si on les avait laissé faire, ils auraient tondu le lion de Belfort en caniche (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 46).
2. Spécialement
a) HÉRALD. Figure d'armoiries représentant un lion sous diverses attitudes. Il porte d'argent au lion léopardé de sable, armé, lampassé et couronné de gueules, à la queue nouée, fourchue et passée en sautoir (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 3) :
• 2. Lion. L'attitude ordinaire de cet animal est d'être debout, sur ses pattes de derrière, la tête de profil. C'est le lion [it. ds le texte] rampant (...). Si le lion est représenté reposant sur trois pattes, la patte antérieure dextre levée, la tête de profil, il est dit passant, ou léopardé. (...) si le lion, reposant sur trois pattes, la patte antérieure dextre levée, a la tête de face, on le nomme léopard. On appelle léopard lionné un lion rampant ayant la tête de face.
L'Hist. et ses méth., 1961, p. 762.
— P. méton. Peuple symbolisé par un lion. Lion belge/(de) Belgique. À côté de Waterloo, nom flamand, le Mont Saint-Jean, nom français. C'est là, au point de section des deux langues, que s'est combattue la bataille des races celtique et germanique : le lion belge et le lion britannique, contre l'aigle (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 206).
b) ICONOGR. RELIG. Figure de lion ailé symbolisant l'Évangéliste Saint Marc. Le lion de S. Marc (...) me paraît facile à comprendre, si l'on veut considérer que S. Marc, c'est l'école essénienne se ralliant au Messie. Le lion, qui vit au désert et qui passe pour le roi du désert, convenait bien à cette secte (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 827). Dans les grandes églises (...) un pupitre que supporte un aigle (...) quelquefois accompagné de l'ange, du lion et du bœuf, qui, avec lui, forment les attributs des quatre évangélistes (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 341).
— P. méton. [Les reliques de saint Marc étant réputées se trouver à l'église Saint Marc de Venise] Ancienne république de Venise; peuple vénitien. Les Français doivent sortir de Venise (...). Il appartenait au lion de Saint-Marc, disent les officiers vénitiens, de vérifier le proverbe que l'Italie est le tombeau des Français (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 703).
♦ CIN. ,,Lion de Venise, récompense décernée à un film primé lors de la biennale de Venise`` (Lar. Lang. fr.). La métamorphose d'un décor naturel en décor artificiel (...) lui servira [à Antonioni] de contrepoint à la dégradation d'un couple dans « Le Désert rouge », qui obtint le Lion d'Or au Festival de Venise en 1964 (Télé 7 jours, 28 mars-3 avr. 1981, n° 1087, p. 62).
c) NUMISM. Ancienne monnaie portant l'image d'un lion. Et paierez à l'official trois lions d'or, en réparation des crimes, par vous commis (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 367).
3. [Avec une valeur symbolique et peut-être une relation anal. plus ou moins nettes] ALCHIM. (Symbole du) soufre. Le lion, hiéroglyphe du principe fixe et coagulant appelé communément soufre, porte des ailes afin de montrer que le dissolvant primitif, en décomposant et en réincrudant le métal, donne au soufre une qualité volatile sans laquelle sa réunion au mercure deviendrait impossible (FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 228). Animaux de même espèce et de sexe différent (lion-lionne, chien-chienne, etc.) : Soufre et Mercure préparés pour l'Œuvre; fixe et volatif (mâle = le Soufre, principe fixe; femelle = le Mercure, principe volatil) (S. HUTIN, l'Alchimie, Paris, P.U.F., 5e éd. 1975, p. 24).
♦ Lion vert. Mercure philosophal, sulfate ferreux. La pierre philosophale, le mercure; — non le mercure vulgaire qui n'est pour les alchimistes qu'un sperme métallique avorté, — mais le mercure des philosophes, appelé aussi le lion vert (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 126).
C. — P. anal.
1. a) ASTRON. ,,Constellation zodiacale qui donne son nom au 5e signe du Zodiaque, signe dans lequel le soleil entre le 22 juillet`` (BOUILLET 1859). Accours, reine du ciel, éternelle Uranie, Soit que tes pas divins sur l'astre du Lion Marchent ou sur les feux du superbe Orion (CHÉNIER, Amérique, 1794, p. 105). Au solstice d'été et au lieu le plus élevé de la course du Soleil, qui répond au signe du lion, et dont le lever est précédé de celui du cancer, qu'il traverse avant d'atteindre le lion, lieu de son domicile, et où est le siége de sa plus grande puissance (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 185) :
• 3. Jupiter et Mars sont ensemble dans le Lion [it. ds le texte]. Si vous vous levez avant le jour, vous verrez les deux planètes, la rouge et la jaune, au milieu du ciel; et à leur droite vous reconnaîtrez le point d'interrogation renversé qui dessine la tête du Lion [it. ds le texte]. Ces grandes figures ont épouvanté les peuples.
ALAIN, Propos, 1933, p. 1119.
b) ASTROL. Signe astrologique correspondant à ce signe du zodiaque. Être du lion. Son intérêt pour l'argent (...) n'est pas le même que celui de Louis XIII ou de Louis XIV dont la base était l'or. Leur Mars se trouvait dans les signes de feu Lion et Sagittaire ce qui lui donnait une grande virulence (BEER 1939, p. 74).
— P. méton. Personne appartenant à ce signe. Lion. 23 juillet-23 août. Toujours une configuration extrêmement constructive et riche qui joue sur vous, Lions du premier décan, dont les mérites devraient enfin être reconnus : nés à cheval sur les deux mois, l'influx est le plus fort (Télé 7 jours, 13 déc. 1980, n° 1072, p. 138).
2. ZOOLOGIE
a) Lion (d'Amérique/du Pérou). Synon. de puma. Voici le lion, un des cinq « pumas » de Sarah Bernhardt (...). Il a des allongements de cuisse terribles, des griffes (RENARD, Journal, 1896, p. 312).
b) Lion marin/de mer. Phoque ou otarie dont certaines espèces se caractérisent par une crinière. Les lions marins, ces lourds amphibies semblables à des tonnes d'huile, ont deux fortes dents recourbées (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 243). Il a poussé mes flots devant lui comme le lion de mer pousse ses lionceaux (QUINET, Ahasvérus, 1833, 1re journ., p. 71).
c) Lion des pucerons. Larve d'un insecte névroptère qui se nourrit de pucerons. Le lion des pucerons (on appelle ainsi un petit ver) (MICHELET, Insecte, 1857, p. 262). V. aussi barbé ex. 2.
D. — P. métaph.
1. [À propos d'hommes]
a) [Avec une idée de férocité, de puissance déchaînée] Se battre, se défendre comme un lion. Le lion de la guerre, le terrible Malek Adhel l'accompagnera : ils feront briller leur glaive destructeur, et tout tombera devant eux (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 198). Fou de colère après seize mois de prison, ivre de haine jusqu'au crime et à la trahison, il [Condé] revient, lion maté par le renard Mazarin (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 190).
— Expressions
♦ Lion populaire (vieilli). Synon. littér. de peuple. Plus d'acclamations du lion populaire Qui rétracte sa griffe en masquant sa colère (JAMMES, De tout temps, 1935, p. 21).
♦ L'antre/la caverne du lion. [P. allus. à La Fontaine, Fables, Livre VI, fable XIV : Le lion malade et le renard] Endroit où s'exerce le pouvoir absolu, la malveillance, la cruauté de certaines personnes et où il est dangereux de s'introduire. L'archevêque, homme politique, eut de ces semblants à plus d'une reprise : « Que l'on se rapproche et puis on verra », disait-il. Arnault n'était pas tenté de se rapprocher de la caverne du lion (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 166).
♦ La cage/la fosse aux lions. [P. allus. au Livre de Daniel, 6, au 1er Livre des Maccabées, 2, 60] Même sens. Daniel, vous allez descendre dans la fosse aux lions. Les lions littéraires vont venir rugir autour de vous, puis vous flairer avec effroi, puis avec haine, puis ils vous déchireront (VIGNY, Journal poète, 1844, p. 1223).
♦ La part/le partage du lion. [P. allus. à La Fontaine, Fables, Livre I, fable VI : La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion] La plus grosse part, que s'adjuge abusivement le plus fort, le plus autoritaire. Le voleur est comme un bénéficiaire qui prend tout, qui fait le partage du lion (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 328).
♦ Battre un/le chien devant le lion. Cf. chien1 II B 3 b.
♦ Tourner comme un lion en cage. S'impatienter (avec une ,,idée de force impuissante, de courage ou de valeur inutile``) (d'apr. REY-CHANTR. Expr. 1979).
b) [Avec une idée d'excellence, de maîtrise souveraine] Grand lion. Que dites-vous du réveil du lion? Voilà donc enfin notre grand homme sorti de cette position douteuse et fausse qui paralysait son génie (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1834, p. 142). Le vieux lion romantique [Delacroix], quelle fière allure! En voilà un décorateur qui faisait flamber les tons! Et quelle poigne! (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 44).
— [Avec une valeur affective] Vous êtes mon lion superbe et généreux! (HUGO, Hernani, Paris, Ollendorff, 1912 [1836], III, 4, p. 587).
— RELIG. Lion (de la tribu) de Juda. [P. allus. à l'Apocalypse, 5, 5] Synon. de Christ, Messie. Mon Dieu! Lui seul est puissant et juste (...). L'étoile de Jacob, le lion de la tribu de Juda, n'a été vaincu par aucune épreuve (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 64).
— Expressions
♦ Cœur de lion. Cf. cœur II C 1. P. méton. Homme brave. Qui sait jusqu'où pourrait aller l'influence d'une femme exaltée, même sur cet homme grossier, sur cette armure vivante? (...) Presser ce cœur de lion sur ton faible cœur (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, II, 3, p. 135).
♦ Griffe du lion; à l'ongle on connaît le lion. Cf. griffe1 I D 2 b p. méton.
♦ Coudre la peau du renard à celle du lion. Cf. coudre1 A 1 a loc.
♦ C'est l'âne couvert de la peau du lion. [P. allus. à La Fontaine, Fables, Livre V, fable XXI : L'âne vêtu de la peau du lion] C'est un poltron qui prend l'air d'un brave. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. [À propos de choses] Mon plaisir est un lion dévorant : Je porte en mon lit parfumé L'ardeur de la chasse royale (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 129).
E. — P. anal. [Au XIXe s. notamment]
1. Homme célèbre, personnage en vue. Les triomphes qui devaient faire de lui, le favori du public, l'émule des lions du jour (CORTOT, Mus. fr. piano, 1930, p. 64). À dix-huit ans il était déjà célèbre; bien plus que le coq du village, Roger fut le lion de sa province (LA VARENDE, Nez-de-Cuir, 1936, p. 16). À toutes les réunions, il était ce que nos grands-pères nommaient un « lion ». Tout lui réussissait (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 279).
2. Jeune homme élégant, qui vit dans le luxe et l'oisiveté. Il est au monde un être (on le nomme lion, Je ne sais trop pourquoi), dont la profession Est de n'en point avoir (...) Il compte pour ancêtre Les muguets, raffinés, mirliflors, petits-maîtres, Muscadins, merveilleux, incroyables (POMMIER, Colifichets, 1860, p. 116). Je menais une vie de lion, c'est ainsi qu'en ce temps-là, on appelait les élégants du boulevard; aujourd'hui on les nomme : Gandins (AVENEL, Calicots, 1866, p. 87). Avec une extrême élégance, Allan portait — pantalon à sous-pieds, gilet abondant, cravate en remous d'écume — le costume des jeunes lions de 1830 (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 159).
Rem. Lion est utilisé comme élém. de lexie complexe. a) Bot. ) Dent(-)de(-)lion. V. dent D 2 b bot. ) Gueule(-)de(-)lion. Synon. de gueule-de-loup (v. ce mot A bot.). Gillette : J'ai des gueules de lion (...). À Aix, c'est ce que nous avons de plus proche de l'orchidée (GIRAUDOUX, Lucrèce, 1944, I, 1, p. 12). b) Zool. ) Chien-lion. ,,Chien produit par le croisement de l'épagneul et du petit danois, qu'on tond en lui laissant une sorte de crinière`` (DG). Ces petits chiens-lions, si chers à Mme de Pompadour, et dont quelques douairières de Saint-Germain ont conservé l'espèce (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 198). ) Fourmi-lion.
II. — Subst. fém.
A. — Femelle du lion, dont la taille est inférieure à celle du mâle et qui est dépourvue de crinière. La lionne attaquant un lion de ses tentations tendres (...), l'entourant de ses chatteries puissantes (GONCOURT, Journal, 1868, p. 427). Au nom de quoi les sentiments désintéressés, le dévouement, la conscience professionnelle, etc.? Mais, au nom de quoi la lionne blessée se laisse-t-elle abattre pour ne pas quitter ses petits? (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 964). La lionne, si le lion est tué, vous attaque, tandis que le lion, si la lionne est tuée, s'enfuit (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 5, p. 501). V. aussi lionceau A ex. de LAMART., Cours litt., 1859, p. 296.
— P. métaph. Femme qui évoque une lionne par son aspect extérieur, notamment par la blondeur de sa chevelure. On appelait lionnes les jeunes femmes blondes (CHATEAUBR., Rancé, 1844, pp. 13-14). La violence sied à son visage de lionne blonde (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 249).
B. — P. méton. Représentation de cet animal. Je puis t'offrir la couronne Où s'enlace le tortil; Et deux lionnes dressées, De chaque côté placées, Soutiendront ton écusson (DUMAS père, C. Howard, 1834, I, 3, p. 237). Ils faisaient garder la porte de leurs acropoles par des lionnes de pierre à tête de bronze (FAURE, Hist. art, 1909, p. 78).
C. — P. anal., ZOOL. Lionne de mer. Femelle du lion de mer. Pourquoi ne voit-on plus, dans ses vagues stériles, La lionne de mer bondir autour des îles? (...) La lionne de mer cachée en ses roseaux Vers Fusine allaitait ses petits lionceaux (QUINET, Napoléon, 1836, p. 185).
D. — P. métaph.
1. [À propos de femmes; avec une idée de fureur, d'âpreté] Je veux mon enfant! Je suis une lionne, je veux mon lionceau. (...) je vous maudirai, Seigneur, si vous me gardez mon enfant! (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 384). Prophétesse en courroux, triste et fière lionne (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 23). V. aussi fauve II D 1 ex. de FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p. 45 et lionceau D 1 ex. de L. DAUDET, Mésentente, 1911, p. 40.
2. [À propos d'inanimés] Tu t'es (...) épuisé à étreindre la réalité hideuse et féroce. Tu t'es battu avec cette lionne au poil rude (SAND, Lélia, 1833, p. 320). La volonté, lionne à l'indomptable essor, Sous sa griffe superbe emporte au loin la vie (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 143).
— Emploi adj., rare. Une expression qui se fout d'être incorrecte et qui a bonne grâce dans sa hardiesse. J'aime cette façon lionne dans le style (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p. 316).
E. — P. anal. [Au XIXe s. notamment]
1. Femme qui remporte de nombreux succès mondains. Son arrivée [de la Comtesse de Boufflers à Londres] fut un événement (...) elle était la lionne du moment, le sujet de conversation à la mode (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 4, 1863, p. 212). Par l'effacement progressif de la duchesse de Guermantes (rassasiée d'honneurs, et s'annihilant par moindre effort), était en train de devenir la lionne, la reine du temps, la comtesse Molé (PROUST, Sodome, 1922, p. 746). V. aussi galant II B ex. de PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 111.
2. Femme au goût exagéré pour la toilette, aux mœurs libres. Elle veut monter à cheval, aller à toutes les chasses, à toutes les courses, parier, courir, fumer, devenir lionne enfin (A. MARIE, Français peints par eux-mêmes, t. 5, La Belle-Mère, 1842, p. 234) :
• 4. ... il était même allé jusqu'à lui offrir de l'épouser, et de lui donner ainsi les moyens de vivre en honnête femme, elle s'était montrée inflexible. Force avait donc été à M. D'O... de se résigner à perdre sa maîtresse, et à la voir, elle la lionne fringante de la veille, sous l'humble habit des Sœurs Grises.
PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 77.
— Emploi adj., rare. Les plus lionnes donneront des mille francs à poignées pour avoir la pareille [une parure de corail] (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1845, p. 120).
— P. métaph. Si d'autres ont aimé la rime (...), nul n'a plus fait pour elle que M. de Banville (...). Il en a fait une lionne riche à faire pâlir Rothschild (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 10).
Prononc. et Orth. : [], fém. []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. 1100 zool. (Roland, éd. J. Bédier, 2432); id. en la fosse des leons (ibid., 3105); 1121-34 fém. lëune (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 363); 2. 1100 p. compar. « le lion, symbole de la force » fiers cume lëuns (Roland, éd. J. Bédier, 1888); d'où 1609 « personne hardie, forte comme un lion » (MALHERBE, Poésies, éd. L. Lalanne, I, 101, IV, 6); 3. ca 1135 « représentation du lion » escu a lïon (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 971); 1346 « sorte de monnaie » (Ord. II, 250 ds GDF.); 1693 hérald. lion Belgique (BOILEAU, Ode sur la prise de Namur ds LITTRÉ); 1721 le lion de S. Marc (Trév.); 1718 le partage du lion (LE ROUX, p. 299); 1832 se faire la part du lion (HUGO, N.-D. Paris, p. 213); 4. 1836 « marque du génie » la griffe du lion (STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, p. 300). B. P. anal. 1. 1119 « signe du zodiaque » (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 1318); 1130 « constellation » (Paraphrase Cantique des Cantiques, 1 ds T.-L.); 2. zool. 1611 lion de mer (COTGR.); 1690 lion marin (FUR.); 3. 1596 bot. dent de lion (HULSIUS, Dict. françois-alemand d'apr. FEW t. 5, p. 256a); 1600 pied de lion (O. DE SERRES, Théâtre d'Agriculture, VI, 15 ds HUG.); 4. 1732 alchim. lion vert, lion rouge (Trév.); 5. 1831 mar. (WILL.). II. 1. 1830 « jeune femme à la mode » (MUSSET, L'Andalouse cité par BONN., p. 86); 2. 1823 « jeune homme à la mode » (GAUTIER, Jeunes-Fr., p. 129 cité par MATORÉ et GREIMAS ds Fr. mod. t. 15, p. 136). I empr. au lat. leo « lion, constellation, plante ». II empr. à l'angl. lion (lui-même venu du fr.) attesté dep. le XVIIIe s. au sens de « personne remarquable ou célèbre, personnalité à la mode » qui s'explique ainsi : l'usage de faire visiter la Tour de Londres où étaient exposés des lions dans une ménagerie fit prendre au mot lion le sens de « ce qui mérite d'être vu » dans des expr. comme to have seen the lions « avoir vu les lions » prenant au fig. le sens de « avoir vu ce qu'il est essentiel de voir, connaître la vie » (fin XVIe s. ds NED; cf. BRINK-WEHRLI, pp. 45-46, FEW t. 18, p. 80a). Fréq. abs. littér. : 2 580. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 619, b) 6 565; XXe s. : a) 2 862, b) 1 791.
DÉR. Lionnerie, subst. fém., rare, vx. [Correspond à lion I E 2 et II E 2] a) Caractère, comportement de lion ou de lionne. En 1834, Amédée était le seul qui portât des sous-pieds à Besançon. Ceci vous explique déjà la lionnerie du jeune monsieur de Soulas (BALZAC, A. Savarus, 1842, p. 13). Le plan de la marquise est d'arriver ici cinq minutes avant la comtesse, en me disant : « Vous voyez, baron, qu'on n'a pas peur de vous ». Ah! rusée, vous voulez faire vos preuves de lionnerie sans rien risquer (AUGIER, Contagion, 1866, V, p. 412). b) Monde des lions et des lionnes. Nous étions installés dans un restaurant cher à la lionnerie (LARCH. 1858, p. 571). Le pinceau de M. G[uys] était merveilleusement propre à représenter l'élégance de la lionnerie (BAUDEL., Curios. esthét., 1863, p. 361). — []. — 1reattest. 1842 (BALZAC, loc. cit.); de lion II, suff. -erie.
BBG. — KLEIN (J.R.). Le Vocab. des mœurs de la Vie parisienne sous le Second Empire. Louvain, 1976, p. 74. - QUEM. DDL t. 2, 7, 9, 13 (s.v. lionnerie).
ÉTYM. 1080, n. m.; n. f., 1316, var. leon, leune, d'abord lionesse, XIIIe (cf. tigresse, encore au XVIIe, Pascal, in Littré); lat. leo, -onis, désignant l'animal, le signe du zodiaque.
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1 Gros animal sauvage, mammifère carnassier, au pelage fauve, à crinière fournie chez le mâle, à queue terminée par une touffe de poils, vivant surtout en Afrique (Félidés; n. sc. : Felis leo), et dont l'image culturelle de « roi des animaux » est très active. — (Collectif, au masc.). || Le lion est le plus grand, le plus fort des félins. || Le lion rugit, gronde (cit. 4). || Les rugissements du lion. || Le lion s'attaque (cit. 20) rarement à l'homme. || Chasse au lion. || L'antre du lion (→ Aire, cit. 3).
♦ Un lion, des lions : individu, en général mâle, de l'espèce. || Un lion et une lionne; au plur. (masc.) un couple de lions. || Le lion, la lionne et leurs lionceaux (→ Carnage, cit. 1). || Tuer un lion, une lionne. || Tueur de lions (→ Fanfare, cit. 3). || Lion apprivoisé (cit. 14). || Lion, lionne de ménagerie, de cirque. || La cage aux lions. — Un lion adulte, un vieux lion. || Une jeune lionne. — Le Lion, roman de J. Kessel.
1 À ces mots, sort de l'antre un lion grand et fort.
La Fontaine, Fables, VI, 2.
2 Le lion, né sous le soleil brûlant de l'Afrique ou des Indes, est le plus fort, le plus fier, le plus terrible de tous : nos loups, nos autres animaux carnassiers, loin d'être ses rivaux, seraient à peine dignes d'être ses pourvoyeurs (…) le corps du lion paraît être le modèle de la force jointe à l'agilité; aussi solide que nerveux, n'étant chargé ni de chair ni de graisse (…) il est tout nerf et muscle. Cette grande force musculaire se marque au dehors par les sauts et les bonds prodigieux que le lion fait aisément, par le mouvement brusque de sa queue qui est assez fort pour terrasser un homme (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le lion.
3 C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.
Hugo, la Légende des siècles, II, « Booz endormi ».
4 Et ses lions rêveurs traînant leurs cheveux roux
Et balayant du fouet l'essaim strident des mouches.
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Forêt vierge ».
4.1 La lionne, si le lion est tué, vous attaque, alors que le lion, si la lionne est tuée, s'enfuit.
Montherlant, Malatesta, III, 5.
4.2 Dans son ombre (de l'arbre), la tête tournée de mon côté, un lion était couché sur le flanc. Un lion dans toute la force terrible de l'espèce et dans sa robe superbe. Le flot de la crinière se répandait sur le mufle allongé contre le sol.
Et entre les pattes de devant, énormes, qui jouaient à sortir et à rentrer leurs griffes, je vis Patricia. Son dos était serré contre le poitrail du grand fauve. Son cou se trouvait à portée de la gueule entrouverte. Une de ses mains fourrageait dans la monstrueuse toison.
J. Kessel, le Lion, p. 120.
♦ ☑ Prov. Mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort (→ Chien, cit. 41). — Variante : ☑
5 Un lion mort ne vaut pas
Un moucheron qui respire.
Voltaire, Poèmes, « Précis de l'Ecclésiaste ».
♦ Le lion de Némée, tué par Hercule. || Le lion d'Androclès, le lion de saint Jérôme. || Daniel dans la fosse aux lions. — Noble le lion, personnage du Roman de Renart.
♦ N. m. (V. 1135, en blason). Représentation de lion. Blason. || Lion passant. || Lion léopardé. || Chimère à tête de lion (→ Entrer, cit. 6). || Lion sculpté. || La cour des lions, de l'Alhambra de Grenade. — || « Des lionnes de pierre à tête de bronze » (Elie Faure, in T. L. F.). || Lion-jouet. || Lion en peluche. — Le lion belge, le lion des Flandres. || Le lion de saint Marc, le lion de Venise : lion ailé, symbole de la république de Venise. — Le lion de Belfort, sculpture de Bartholdi. — (1346). Par métonymie. || Lion d'or : monnaie d'or frappée à l'effigie du lion (Flandre, Angleterre, Bourgogne, France). || Lion de Saint-Marc : monnaie ancienne de Venise. — Le lion de Saint-Marc : récompense décernée aux films primés lors de la biennale de Venise.
➪ tableau Termes de blason.
♦ Par ext. || Lion d'Amérique : puma.
REM. La tradition lexicographique — et le bon sens — commandent de traiter les formes lion et lionne en une même description. Cependant, selon une règle sémantique du français, le masc. lion vaut pour désigner l'individu quelconque de l'espèce, les emplois collectifs (le lion est…) et généraux (les lions sont moins agiles que les tigres) incluant les femelles. En revanche, la forme lionne étant assez fréquente, lion désigne souvent le mâle, spécifiquement (alors que la situation est différente pour éléphant, par ex.) et l'on ne dira pas un lion femelle. Mais lionne n'est pas lexicalisé au même point que jument par rapport à cheval. Enfin, dans les emplois figurés, lion et lionne s'opposent plus nettement (voir les emplois ci-dessous, et II.) ou bien lion est seul en usage (→ III.; on ne dit guère : une lionne de mer).
➪ tableau Noms de mammifères.
2 (1080, par compar.). Emplois utilisant l'image culturelle du lion : force, courage, générosité, noblesse, n'excluant pas la cruauté (→ cit. 6).
a N. m. et f. Par compar. ☑ Être hardi, courageux, fort comme un lion. ☑ Se battre (cit. 81), se défendre comme un lion. ☑ Furieuse comme une lionne à qui l'on ôte ses petits (→ Comparaison, cit. 13).
6 Combien y a-t-il d'hommes qui vivent du sang et de la vie des innocents : les uns comme des tigres, toujours farouches et toujours cruels; d'autres comme des lions, en gardant quelque apparence de générosité (…)
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 11.
♦ Spécialt. || Lion : homme courageux et généreux au combat. || C'est un lion. ⇒ Brave. || « Lions au combat, ils meurent en agneaux » (cit. 4, Corneille). || « Vous êtes mon lion superbe et généreux » (cit. 4, Hugo). — « Le lion populaire » : le peuple en révolution (A. Barbier).
♦ (Vieilli). || Lionne : femme fière, dangereuse. || C'est une lionne, une tigresse (spécialt : une femme jalouse). — (Avec un possessif). Femme, maîtresse fière et jalouse.
7 Une Andalouse au sein bruni ?
Pâle comme un beau soir d'automne !
C'est ma maîtresse, ma lionne !
A. de Musset, Premières poésies, « L'Andalouse ».
♦ Personne qui a l'aspect d'un lion, d'une lionne (blondeur des cheveux en crinière, face large…). || « Son visage de lionne blonde » (Colette).
c (Seult n. m.). ☑ Loc. Avoir un cœur de lion. ☑ La griffe (cit. 14) du lion : la marque de la personnalité. ☑ Prov. À l'ongle on connaît le lion (trad. du lat. ex ungue leonem). — ☑ Allus. littér. L'âne (cit. 16) vêtu de la peau du lion. ☑ Coudre la peau du renard à celle du lion. — ☑ Vx. L'antre, la caverne du lion (d'après La Fontaine, Fables, VI, 14) : endroit dangereux dont on ne peut sortir; difficulté insurmontable. — ☑ La fosse aux lions : lieu où l'on affronte des adversaires redoutables.
♦ ☑ (XIXe : 1832, Hugo; le partage du lion, 1718). La part du lion : la totalité des parts, et, par ext., très grosse part que s'adjuge le plus puissant et le plus craint (cf. La Fontaine, Fables, I, 6). ⇒ Léonin.
8 (…) l'homme à la discrétion duquel il se livrait devait se faire et se fit la part du lion.
Balzac, César Birotteau, Pl., t. V, p. 377.
♦ ☑ Loc. Tourner comme un lion en cage : s'impatienter (avec une idée de « force », de « valeur impuissante ou inutile »).
♦ ☑ Loc. fig. (Fam.). Avoir mangé, bouffé du lion : être animé d'une énergie, d'un courage inaccoutumés.
9 — Pas possible, il a bouffé du lion, gémirent les camarades qui avaient appris à se méfier des entreprises héroïques.
R. Dorgelès, le Cabaret de la belle femme, p. 180.
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II N. m. et f. (1833, n. m.; angl. lion appliqué au XVIIIe à des hommes en vue, à cause des lions exhibés à la Tour de Londres, qui attiraient les curieux). Vx.
10 Chaque saison avait alors son lion politique, militaire ou littéraire. Byron fut le lion sans rival des soirées de 1812.
A. Maurois, la Vie de Byron, II, XV.
2 N. m. et f. Personne à la mode (notamment de 1830 à 1860; mais on trouve encore ce sens au XXe [lion, chez Proust]). ⇒ Élégant (cit. 8 et 9); → Incroyable, cit. 15.
10.1 On disait que Maze lui-même, le beau Maze, le lion du bureau, tournait autour du père Cachelin avec une intention visible.
Maupassant, Contes et Nouvelles, Pl., t. II, p. 9.
11 Petit chou, ta soirée était un chef-d'œuvre, dit Claudie en embrassant Paule. Et tu as une voix merveilleuse. Si tu voulais, tu serais une des lionnes de l'après-guerre (1).
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 24.
1. Il s'agit de la guerre de 1940-1945.
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III N. m. Par anal.
b (Autres animaux). — (1611). || Lion marin, lion de mer : phoque à crinière. || Lionne de mer (rare).
♦ Lion des pucerons : larve d'un insecte névroptère, qui détruit les pucerons. — En appos. || Fourmi lion (formica leo).
2 (Dans des noms de végétaux). || … de lion (1596). || Dent de lion. ⇒ Dent-de-lion, pissenlit. — Gueule de lion : muflier.
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IV
1 (1119, signe du zodiaque; 1130, constellation; lat. Leo, allus. myth. au Lion de Némée). Constellation boréale de 25 étoiles visibles à l'œil nu (dont le dessin général évoque un lion).
♦ Le Petit Lion : constellation située entre le Lion et la Grande Ourse.
2 Le Lion, le signe du Lion : le cinquième signe du zodiaque (23 juillet-22 août). Ellipt. || Elle est lion : elle est née sous le signe du Lion.
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DÉR. (De I.) Lionceau.
Encyclopédie Universelle. 2012.