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goûter

1. goûter [ gute ] v. <conjug. : 1>
guster XIIe; lat. gustare
I V. tr.
1Percevoir, apprécier par le sens du goût la saveur de (un aliment, une boisson). déguster, savourer. Prenez le temps de bien goûter ce plat. Absolt Avaler sans goûter.
2Spécialt (plus cour.) Manger ou boire une petite quantité de (qqch.), afin d'en éprouver la saveur. essayer. Goûter un plat. Cuisinier qui goûte une sauce. Expert qui goûte un vin. dégustateur. Absolt Goûtez ! Je peux goûter ?
3Fig. Éprouver avec plaisir (une sensation, une émotion). se délecter, jouir (de), savourer. Goûter les joies de la lecture, le calme d'un lieu. « je goûtai pour la première fois l'inexprimable bonheur de la solitude » (B. Constant).
4Littér. Trouver à son goût, juger favorablement. aimer, apprécier, estimer. « je goûte vivement la poésie » (Renard).
II V. tr. ind.
1 ♦ GOÛTER À : prendre un peu d'une chose dont on n'a pas encore bu ou mangé. Goûtez-y, vous m'en direz des nouvelles. On lui avait servi un bon plat, il y a à peine goûté. 1. toucher . Fig. Ils « ont goûté sans vergogne aux plaisirs ordinaires » (Duhamel).
2 ♦ GOÛTER DE : boire ou manger pour la première fois. Fig. et vieilli Faire l'épreuve de. Il a goûté du métier. expérimenter; essayer (de), tâter (de).
III V. intr. (1538) Faire une collation, entre le déjeuner et le dîner. Les enfants goûtent à quatre heures. 2. goûter. Inviter à goûter. IV(Sujet chose) Région. (Belgique, Canada)
1 V. tr. dir. Avoir le goût de. « Ma cigarette goûtait le miel » (R. Ducharme).
2 V. tr. ind. Plaire par le goût. Cette sauce me goûte. Rien ne lui goûte : il n'aime rien, ou n'a envie de rien.
⊗ HOM. Goutter. goûter 2. goûter [ gute ] n. m.
• 1538; de 1. goûter
Nourriture et boisson que l'on prend dans l'après-midi, entre le déjeuner et le dîner (surtout à propos d'enfants; pour les adultes, on emploie plutôt thé). collation. C'est l'heure du goûter. Voilà du chocolat pour ton goûter. Emporter son goûter. fam. quatre-heures. Un goûter d'anniversaire.

goûter verbe transitif (latin gustare) Porter quelque chose à la bouche, pour le reconnaître au goût, pour en éprouver ou en vérifier la saveur : Le cuisinier goûte la sauce. Apprécier un aliment, une boisson par le goût : Il ne goûte même pas ce qu'il mange. Apprécier l'agrément de quelque chose ; savourer : Goûter le calme du soir. Juger favorablement une œuvre, un auteur, un propos, les aimer, ou apprécier en connaisseur le contenu d'une œuvre, d'un propos : Je n'ai guère goûté ce livre. Il n'a pas goûté la plaisanterie.goûter (homonymes) verbe transitif (latin gustare) goûter nom masculin goutter verbegoûter (synonymes) verbe transitif (latin gustare) Apprécier l'agrément de quelque chose ; savourer
Synonymes :
- se délecter
Juger favorablement une œuvre, un auteur, un propos, les aimer...
Synonymes :
- apprécier
goûter verbe transitif indirect Prendre d'un aliment, d'une boisson, en absorber une petite quantité, en particulier pour voir si c'est à son goût : Goûtez donc à ce fromage. Faire l'expérience de quelque chose : Il a goûté de la prison dans sa jeunesse. Faire l'expérience de quelque chose en appréciant, en aimant : Goûter à l'indépendance.goûter verbe intransitif En Belgique, être agréable au goût. ● goûter verbe intransitif (de goûter) Faire un léger repas entre le déjeuner et le dîner : Les enfants ont goûté à quatre heures.goûter verbe transitif indirect Goûter d'un aliment, le prendre, le consommer pour son goûter : Goûter d'une tasse de thé et de gâteaux secs.goûter nom masculin Léger repas qu'on prend au milieu de l'après-midi. ● goûter (citations) verbe transitif indirect Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ? Fables, le Songe d'un habitant du Mogol goûter (homonymes) verbe transitif indirect goûter nom masculin goutter verbegoûter (synonymes) verbe transitif indirect Prendre d'un aliment, d'une boisson, en absorber une petite quantité...
Synonymes :
- éprouver
- expérimenter
Faire l'expérience de quelque chose en appréciant, en aimant
Synonymes :
- tâter de
- toucher à
goûter (homonymes) verbe intransitif goûter nom masculin goutter verbegoûter (homonymes) verbe intransitif (de goûter) goûter nom masculin goutter verbegoûter (expressions) verbe transitif indirect Goûter d'un aliment, le prendre, le consommer pour son goûter : Goûter d'une tasse de thé et de gâteaux secs.goûter (homonymes) verbe transitif indirectgoûter (homonymes) nom masculin goûter verbe goutter verbegoûter (synonymes) nom masculin Léger repas qu'on prend au milieu de l'après-midi.
Synonymes :
- thé

goûter
n. m. Collation prise au milieu de l'après-midi. Tartines pour le goûter. Syn. quatre-heures.
(Madag.) Collation prise au milieu de la matinée.
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goûter
v.
aA./a v. tr.
rI./r (Personnes)
d1./d Apprécier par le sens du goût. Goûter une sauce, un vin.
d2./d Fig. Apprécier. Ne pas goûter une plaisanterie.
d3./d Fig. Savourer, jouir de. Goûter les charmes de la campagne.
rII./r (Choses) (Afr. subsah.; Belgique, Fam.; Québec) Présenter le goût de. Ce vin goûte le bouchon.
aB./a v. tr. indir. Boire ou manger un peu de (une chose) pour juger de sa saveur. Goûter à un plat.
Fig. Tâter de. Il a goûté d'un peu tous les métiers.
aC./a v. intr.
rI./r Prendre une collation au milieu de l'après-midi. Inviter des enfants à goûter.
rII./r (Afr. subsah.; Belgique, Fam.) Avoir bon goût. Cette sauce goûte bien.
Plaire au goût (de qqn). ça te goûte?
|| (Québec) Avoir tel goût. ça goûte bon, mauvais, sucré, sur.

I.
⇒GOÛTER1, verbe
I. — Emploi trans. Percevoir, par l'intermédiaire du récepteur sensoriel qu'est le goût, une impression qui constitue une information sur la saveur de quelque chose. Goûter un plat, une recette :
1. ... tant que le vin est dans la bouche, on est agréablement, mais non parfaitement impressionné; ce n'est qu'au moment où l'on cesse d'avaler qu'on peut véritablement goûter, apprécier, et découvrir le parfum particulier à chaque espèce...
BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 44.
P. méton. Manger ou boire quelque chose en petite quantité afin d'en vérifier la saveur et de l'apprécier à sa juste valeur. [Il] l'envoyait à la cuisine, avant les grands dîners, goûter les sauces (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 189). Regardait-il les gens du haut de sa grandeur, jusqu'à refuser de goûter le vin du pays, de peur sans doute d'être empoisonné! (ZOLA, Terre, 1887, p. 371).
Au fig.
A. — [En parlant de choses susceptibles de procurer un plaisir physique ou intellectuel]
1. Goûter + subst. évoquant un plaisir. Éprouver un sentiment ou une sensation agréable. Goûter le bonheur, la joie, la paix, le repos, le répit, la vie, la volupté. Que du moins j'embrasse ses genoux, à ses pieds que je goûte un moment le bonheur d'être son fils (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, V, 6, p. 66). Goûter l'ivresse d'être ensemble (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 254). C'est sur lui, c'est par lui que j'allais goûter les délices et les voluptés d'une vie qui restait fade pour moi-même (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, I, 1, p. 34).
2. Goûter + subst. évoquant la source du plaisir. Éprouver un plaisir, le savourer ou le déguster :
2. Je puis bien le dire maintenant, je ne dormais pas, pendant que tu m'embrassais sur les yeux. Je goûtais tes baisers.
ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1472.
3. ... je suis capable de me hausser au bien-être, à l'apaisement que nous donne la beauté, bref de goûter l'art pour l'art...
BARRÈS, Greco, 1911, p. 87.
B. — Rare. [En parlant de pers.] Apprécier. Il goûtait ceux qui le bravaient ou le secondaient (COCTEAU, Enf. terr., 1929, 1re part., p. 14).
C. P. plaisant. Éprouver un plaisir ou du plaisir à, voir d'un bon œil. Goûter la bêtise, l'inertie, la sottise. Je goûte assez l'intolérance des jeunes. C'est bon signe qu'un adolescent soit en révolte, par nature, contre tout (MARTIN DU G., Thib., La Sorell., 1928, p. 1169).
II. — Emploi trans. indir.
A. — Goûter à. Boire, manger une certaine quantité de. Ils écoutèrent tinter les éperons et les sabres. Ensuite, ils goûtèrent aux bonbons apportés par le visiteur (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 187). L'avenue devient une des plus éclairées, des plus fréquentées de l'Europe. La clientèle est venue de toutes les capitales à la fois pour goûter à nos huîtres (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 64). L'ivrogne glouton (...) avait voulu goûter à toutes ces gourmandises à bouche que veux-tu et sans même prendre le temps de les déguster comme il se doit (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 310).
B. — Goûter de
1. Manger ou boire pour la première fois. Goûter d'une boisson exotique, d'une orange amère. Tiens, je pourrais faire goûter de ma cuisine aux patrons (DABIT, Hôtel, 1929, p. 147).
2. Au fig. Faire l'essai de. Goûter de la littérature :
4. ... il faut appartenir à une famille, à une société, à une science, à un art; quand on considère une de ces choses comme plus importante que soi, on participe à sa solidité et à sa force; sinon, on vacille, on se lasse et on défaille; qui goûte de tout se dégoûte de tout.
TAINE, Notes Paris, 1867, p. IX.
III. — Emploi intrans. Prendre une légère collation entre le déjeuner et le dîner. Faire goûter; inviter à goûter; rester, venir goûter :
5. ... ma grand'mère, pensant que je serais content d'être seul pour regarder le monument, proposa à son amie d'aller goûter chez le pâtissier...
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 715.
Rem. 1. Ce sens dérive p. méton. de II. 2. Rare, emploi réfl. Se goûter. Avoir du goût pour soi-même, se connaître soi-même. Mais vieillir, c'est vivre, c'est (...) se goûter progressivement jusqu'à sa plénitude (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 57).
REM. 1. Goûtable, adj. Qui mérite d'être goûté. (Ds ROB. Suppl. 1970). 2. Goutéron, gouteron, subst. masc., synon. de goûter2. Au goûteron de seize heures (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 7). Le réveil, la mise en train du travail, « étlées et rétlées [attelées et réattelées] » coupées par les « goutérons », puis le souper du soir, suivi du repos de la nuit (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 117). 3. Goûteur, -euse, subst. a) ,,Individu spécialisé dans une appréciation gustative d'intérêt commercial, pour des expertises de vins, de cafés, d'eaux de vie, etc.`` (PIÉRON 1963). b) Personne qui prend un goûter. Le célèbre pâtissier du numéro 112 perdit soudain ses belles clientes par l'effet de la mobilisation. Les habituelles goûteuses à longs gants forcées tant on avait réquisitionné de chevaux d'aller à pied ne revinrent plus (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 94). 4. Goûteux, -euse. ,adj. ou subst. a) Subst. Synon. de goûteur, supra. Elle regarde si ses hommes, Philippe et le Paul, viennent sur la route (...). Lasse d'attendre, elle fait, tout haut, cette réflexion : — Le goûter est prêt, les goûteux ne viennent pas. Si le goûter n'était pas prêt, les goûteux seraient déjà là (RENARD, Nos frères far., 1910, p. 22). b) Adj., région. (Midi). Succulent. Les arbres s'éployaient comme renouvelés de fraîcheur et de force; des parfums passaient, succulents, gouteux (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p. 58). 5. Goûtonner, verbe, synon. rare de goûter. Prendre une collation au milieu de l'après-midi. M. le curé arriva vers six heures, pendant qu'on « goûtonnait » (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 398).
Prononc. et Orth. : [gute], (il) goûte [gut]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 guster, guster de « manger, déguster une petite quantité de quelque chose » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8978, 14221); 2. fin XVe s. « apprécier, sentir (ici fig.) » (G. CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 312 : le roy [...] s'en ryoit, comme non goustant son propre malheur); 3. ca 1500 se gouster « (de personnes) se plaire, avoir de la sympathie l'un pour l'autre » (P. DE COMMYNES, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 137); 4. 1538 « faire un petit repas dans l'après-midi » (EST.); 5. 1580 « faire pour la première fois l'épreuve de quelque chose » (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. A. Thibaudet, p. 503). Du lat. class. gustare « déguster, goûter (au propre et au fig.) » et en emploi abs. « faire collation ».
II.
⇒GOÛTER2, subst. masc.
Légère collation que l'on prend au milieu de l'après-midi, entre le déjeuner et le dîner. Distribuer le goûter; emporter son goûter; préparer le goûter; le pain, les tartines du goûter :
1. Poil de Carotte et grand frère Félix reviennent de vêpres et se hâtent d'arriver à la maison, car c'est l'heure du goûter de quatre heures.
RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 47.
2. Oh! c'est très simple. Il est exactement quatre heures treize. Eh! bien, Monsieur attend son goûter depuis treize minutes.
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 21.
Prononc. et Orth. : [gute]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1538 « collation » (EST., s.v. merenda), qualifié de pop. par RICH. 1680 qui précise que le lang. de la cour emploie le mot collation. Substantivation de goûter1.
STAT. Goûter1 et 2. Fréq. abs. littér. : 4 199. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 966, b) 5 404; XXe s. : a) 7 475, b) 6 222.

1. goûter [gute] v. tr. et intr.
ÉTYM. 1155, guster; du lat. gustare, de gustus. → Goût.
———
I V. tr.
A
1 Percevoir, apprécier par le sens du goût (la saveur d'un aliment ou d'une boisson). Déguster, savourer; gustation. || Garder un instant du vin dans la bouche pour le mieux goûter (→ Flairer, cit. 4). || Prenez le temps de bien goûter ce plat.
Absolt. || Avaler sans goûter. || Mangez lentement pour bien goûter. || On goûte mal lorsqu'on est enrhumé.
2 Prendre une petite quantité de (un plat, un mets), afin d'en éprouver la saveur. Essayer. || Goûter un plat. || Cuisinier qui goûte une sauce. || Expert qui goûte un vin. Dégustateur.Absolt. || Goûtez ! (→ Fin, cit. 8). || Goûtez et comparez !
1 (…) Comme ces fins gourmets qui vont goûter le vin; Sans acheter d'aucun, à chaque pièce on tâte.
J.-F. Regnard, le Bal, 4, in Littré.
2 (…) elle déclara que personne au monde ne savait faire les omelettes comme elle, que chez ses parents, elle les faisait toujours, et qu'elle suppliait sa marraine d'en goûter une de sa main.
A. de Musset, Nouvelles, « Margot », IV.
3 (Il) fit venir son marchand de cidre tout exprès, goûta la boisson lui-même (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, III.
4 Il goûte lentement, à petites gorgées de gourmet.
R. Dorgelès, les Croix de bois, IV.
B Fig.
1 Éprouver avec plaisir (une sensation, une émotion). Jouir (de), savourer. || Goûter le bruit de la pluie (→ Égoutter, cit. 3), l'ombre et la fraîcheur d'un lieu (→ Asile, cit. 21), les beautés d'une saison, de la nature (→ Chrysanthème, cit.; doré, cit. 3; évoquer, cit. 9). || Goûter des plaisirs (→ Abstrait, cit. 2; épicurien, cit. 1; époux, cit. 10). || Goûter la paix d'une retraite (→ Coriace, cit. 2). || Goûter le repos (→ Agiter, cit. 26), le calme (cit. 10), les charmes (2. Charme, cit. 8), les délices de l'éternité (→ Espérer, cit. 19). || Goûter les joies de la considération (cit. 8). || Goûter une consolation (→ Abreuver, cit. 5), la douceur d'un succès (→ Arme, cit. 34), une parfaite allégresse (cit. 3), une joie intense (→ Blêmir, cit. 2), un vrai contentement (→ Évaporer, cit. 2). || Goûter le bonheur. || Goûter les joies délicates de la lecture, l'harmonie d'un tableau. Délecter (se).
5 Je sais et je sens que faire du bien est le plus vrai bonheur que le cœur humain puisse goûter; mais il y a longtemps que ce bonheur a été mis hors de ma portée; et ce n'est pas dans un aussi misérable sort que le mien qu'on peut espérer de placer avec joie et avec fruit une seule action réellement bonne.
Rousseau, Rêveries…, 6e promenade.
6 Ce fut alors que je goûtai pour la première fois l'inexprimable bonheur de la solitude.
B. Constant, Journal intime, p. 214.
7 Entre la chatte, le rosier, les mésanges par couples et les derniers hannetons, Alain goûta les moments qui échappaient à la durée humaine, l'angoisse et l'illusion de s'égarer dans son enfance.
Colette, la Chatte, p. 33.
2 Par ext. Éprouver (3.), ressentir, sentir. || Goûter l'amertume de l'abandon, du remords, de la déception. || Goûter une joie honteuse (→ Aumône, cit. 14), le poison de l'amour (→ Accoutumer, cit. 1).
8 Cela se paie, le bonheur de ne pas aimer des médiocres. Et aimer des médiocres se paie par la médiocrité du bonheur qu'on y goûte.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 44.
3 Trouver à son goût, juger favorablement. Aimer, apprécier, estimer.
a Vx. || Goûter (qqn). Priser. || Le roi goûtait fort Colbert (→ Extravagant, cit. 1). || « C'est un avantage rare à un prince de goûter un savant » (Fontenelle, in Littré).
9 (…) Gourville, raconte dans ses Mémoires très sincères comment il fit la connaissance de Fouquet, qui le goûta et l'employa à plus d'une sorte de négociations.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 12 janv. 1852, t. V, p. 297.
b Mod. Littér. || Goûter qqch. || Goûter une pièce de théâtre, un morceau de musique qu'on craignait de ne pas aimer. || On goûta très vite les œuvres de ce peintre. || Les érudits goûtèrent peu « Salammbô ». || Une œuvre que je goûte fort. || Un genre que je ne goûte guère.Ellipt. || Goûter Rabelais (→ Comique, cit. 7), || Mozart.Goûter la modération d'un propos, la justesse d'un argument. Approuver. || Il ne goûte pas beaucoup les mathématiques, la poésie : il n'y entend rien, n'y prend aucun plaisir. || Il ne goûte pas la plaisanterie.
10 C'est la louange, Iris. Vous ne la goûtez point (…)
La Fontaine, Fables, IX, Disc. à Mme de La Sablière.
11 Si on ne goûte point ces Caractères, je m'en étonne; et si on les goûte, je m'en étonne de même.
La Bruyère, les Caractères, XVI, 49.
12 Mais peu à peu je goûtai la sociabilité qui nous distingue, ce commerce charmant, facile et rapide des intelligences, cette absence de toute morgue et de tout préjugé, cette inattention à la fortune et aux noms, ce nivellement naturel de tous les rangs, cette égalité des esprits qui rend la société française incomparable et qui rachète nos défauts (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, II, p. 172.
13 — Je ne m'y connais pas non plus, mais je goûte vivement la poésie quelle qu'elle soit (…)
J. Renard, Monsieur Vernet, I, IV.
14 Nous goûtons Cranach et Dürer; mais nous goûtons aussi Delacroix et Goya; et cela va sans dire; et nous avons raison de les goûter; et ne les goûter point, de notre temps, serait sottise : on ne réapprend pas à ignorer.
Gide, Nouveaux prétextes, p. 34.
———
II V. tr. indir.
1 Goûter à… : prendre un peu de (une chose dont on n'a pas encore bu ou mangé). || Quand voulez-vous goûter à notre vin ? (Littré). || Goûtez-y, vous m'en direz des nouvelles. || On lui avait servi un bon plat, il y a à peine goûté. Toucher (à). || Le général a goûté à la soupe des soldats.
Fig. || Quand on a, une fois, goûté à l'action… (→ Alcool, cit. 4).
15 Un moment venu, nombre d'intellectuels, las de se raidir et de s'ennuyer dans la tour d'ivoire, ont goûté sans vergogne aux plaisirs ordinaires (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, III.
2 Goûter de… : boire ou manger (une chose) pour la première fois. || Voulez-vous goûter de notre vin ? (Académie). || Goûtez de cette volaille, elle est excellente (Académie).
16 (…) Goûter la première De ce qu'on sert devant les dieux.
La Fontaine, Fables, IV, 3.
17 Car je vous assure qu'aucun de ceux que j'avais conviés ne goûtera de mon souper.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Luc, 14, 24.
18 Il a d'abord goûté d'une pomme âcre, puis d'une poire rêche (…)
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, I, II.
Fig. Faire l'épreuve de. || Il a goûté du métier (Académie). Expérimenter; essayer (de), tâter (de). || Quand on a goûté de Paris, on ne veut plus le quitter. || Ayant goûté du pouvoir, il n'aspirait qu'à s'y maintenir. || Quand on a goûté de l'amour… || Dans sa vie aventureuse, il goûta même de la prison.
19 Il n'eut pas plus tôt (…) goûté de cette philosophie (…) qu'il sentit son âme enflammée d'amour pour elle.
Rollin, Traité des études, V, III, 2, in Hatzfeld.
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III V. intr. Faire un léger repas, une collation, entre le déjeuner et le dîner ( 2. Goûter, quatre-heures). || Goûter à cinq heures. || Donner à goûter à un enfant. || Goûter sur l'herbe, dans un salon de thé. || Les enfants qui goûtent à quatre heures. Goûteur, goûteux (2.).
20 (…) j'avais perdu l'appétit en entendant traiter ainsi mes amis, on me demanda ce que j'avais. Je répondis que j'avais goûté fort tard.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 28.
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IV (Sujet n. de chose). Régional (Nord, Belgique).
1 V. tr. dir. Avoir le goût de… || La soupe goûte le brûlé.
2 V. tr. ind. || Goûter à (qqn). Plaire par le goût. || Cette sauce me goûte. || Rien ne lui goûte : il n'aime rien, ou n'a envie de rien.
——————
se goûter v. pron.
Être goûté. || Le vin se goûte mieux quand on mange (Littré).
——————
goûté, ée p. p. adj.
Fig. || Un écrivain très goûté de son vivant, dont les œuvres sont encore goûtées et applaudies (→ Coquet, cit. 1; entretien, cit. 8).
DÉR. Goûtable, 2. goûter, goûteur.
HOM. Voir 2. Goûter, goutter.
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2. goûter [gute] n. m.
ÉTYM. 1538; de 1. goûter.
Léger repas que l'on fait entre le déjeuner et le dîner. Collation; quatre-heures; (régional) goûteron. || Le goûter de cinq heures (→ Après-midi, cit. 4; et aussi l'anglic. Five o'clock). || Enfant qui emporte son goûter dans son sac.REM. Goûter s'est longtemps écrit goûté.
1 (…) tu ne rôderas plus tout le jour au quartier des femmes, plus d'échaudés, de goûtés à la crème, plus de main-chaude ou de colin-maillard.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 10.
1.1 À cinq heures et demie on sert le goûter; des pâtisseries, ou des fruits.
Sade, Justine…, t. I, p. 166-167.
2 Il imagina d'aller faire une petite fête avec lui, seul à seul, et à l'heure du goûter il l'enleva.
A. Hermant, l'Aube ardente, VII.
DÉR. Goûteron.
HOM. Formes des v. 1. Goûter, goutter.

Encyclopédie Universelle. 2012.