collation [ kɔlasjɔ̃ ] n. f.
• 1276; lat. médiév. collatio, de collatus, p. p. de conferre → conférer
1 ♦ Relig. Action, droit de conférer à qqn un titre, un bénéfice ecclésiastique, un grade universitaire.
2 ♦ (1361) Vieilli Action de comparer entre eux des manuscrits, des textes, des documents. ⇒ collationnement; collationner.
3 ♦ (1453; « conférence avant le repas des moines » XIIIe) Mod. Cour. Repas léger. ⇒ en-cas, lunch; fam. casse-croûte. Collation de quatre heures. ⇒ 2. goûter.
● collation nom féminin (latin ecclésiastique collatio, -onis, discussion, puis repas du soir) Repas léger, toléré les jours de jeûne, dans la religion catholique. Léger repas : Prendre une collation. ● collation (synonymes) nom féminin (latin ecclésiastique collatio, -onis, discussion, puis repas du soir) Léger repas
Synonymes :
- en-cas
● collation
nom féminin
(latin ecclésiastique collatio, -onis, action de conférer)
Action, pouvoir de conférer à quelqu'un un bénéfice ecclésiastique, un grade, un titre universitaire.
● collation
nom féminin
(latin ecclésiastique collatio, -onis, action de comparer)
Confrontation de textes manuscrits ou imprimés pour s'assurer de leur conformité.
Ensemble des caractéristiques physiques d'un ouvrage (nombre de volumes, format, etc.), permettant son classement.
● collation (difficultés)
nom féminin
(latin ecclésiastique collatio, -onis, action de comparer)
Sens
Bien distinguer les trois sens de ce mot.
1. Repas léger.
Remarque Le verbe correspondant, collationner, prendre une collation, est vieilli.
2. Action de conférer un titre, un grade universitaire.
3. Comparaison de textes, de documents. On dit plutôt collationnement. Le verbe dérivé est collationner. Ne pas confondre avec collection.
● collation (synonymes)
nom féminin
(latin ecclésiastique collatio, -onis, action de comparer)
Confrontation de textes manuscrits ou imprimés pour s'assurer de leur...
Synonymes :
collation
n. f.
d1./d Action de conférer à qqn un titre, un bénéfice. Collation de grade.
d2./d Comparaison de deux textes pour s'assurer de leur conformité.
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collation
n. f. Repas léger.
I.
⇒COLLATION1, subst. fém.
A.— Vieux
1. Action de conférer avec quelqu'un.
Rem. Attesté ds DG, GUÉRIN 1892, ROB. et Lar. Lang. fr.
— Spéc., HIST. Petite conférence qui avait lieu au cours de la soirée chez les moines.
Rem. Attesté ds Lar. 19e Suppl. 1878-Lar. Lang. fr. ainsi que ds DG, ROB. et QUILLET 1965.
2. P. méton. Léger repas que prenaient les moines après cette conférence :
• 1. Vers huit heures, on trouvait, non un bon souper, mais la collation, mot venu du mot cloître, parce que, vers la fin du jour, les moines s'assemblaient pour faire des conférences sur les Pères de l'église, après quoi on leur permettait un verre de vin.
BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 246.
B.— Usuel. Repas léger, que l'on prend à tout moment de la journée, mais le plus souvent dans l'après-midi ou la soirée. Une collation (...) était servie, de gibier, de poisson, de fruits, et de différentes sortes de vins du Rhin, dont Son Altesse porta des toasts (BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 147). Je voyais la table dressée pour la collation matinale (BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1145) :
• 2. Une collation, ou, si l'on veut, un souper champêtre commençant à minuit, et assez varié (...) fut destiné à remplir l'intervalle entre les travaux du soir et ceux du lendemain.
SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 229.
— En partic. Repas léger que prennent les catholiques les jours de jeûne pour remplacer l'un des deux principaux repas, généralement le souper. Légère collation. Si elle [la nonne] fait collation, le soir, elle se contentera d'un peu de lait ou de poisson auxquels elle ajoutera, au besoin, des herbes ou des fruits (HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 172) :
• 3. À la collation, on ne pouvait servir ni beurre, ni œufs, ni rien de ce qui avait eu vie. Il fallait donc se contenter de salade, de confitures, de fruits; mets, hélas! bien peu consistants, si on les compare aux appétits qu'on avait en ce temps-là; mais on prenait patience pour l'amour du ciel, on allait se coucher et tout le long du carême on recommençait.
BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 246.
Prononc. et Orth. :[(l)]. Excepté Pt ROB. et Lar. Lang. fr., les dict. de prononc. distinguent entre le sens de conférence et le sens de repas. Ils transcrivent [ll] double pour le 1er et [l] simple pour le 2e. Cette différence de prononc. veut éviter la confusion entre les 2 sens (cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 310 et BUBEN 1935, § 149). Cette position est jugée artificielle et inefficace par DUPRÉ 1972, p. 463. Lar. Lang. fr. qui transcrit [l] simple dans les 2 cas et Pt ROB. qui admet [l] ou [ll] dans les 2 cas ne font pas cette différence. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose d'ajouter à la différence de prononc. une différence de graph. et d'écrire colation avec 1 seul l pour le sens de repas. Noter que PASSY 1914, Pt ROB. et WARN. 1968 notent [] post. pour la finale alors que DUB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. donnent [a] ant. La prononc. avec [] conviendrait à la rigueur au sens de conférence (prononc. emphatique) et à condition de prononcer [ll] double []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 collatioun « conférence du soir après laquelle les moines prenaient un repas léger »; ici prob. trad. des Collationes de Cassien, v. plus bas (NICOLE, Règle de Saint-Benoît, 2432, Héron ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 460 [Legat unus Collationes]) — XVIe s. « conférence, entretien » (HUG.); 2. a) p. ext. XIIIe s. collation « repas léger des moines » (Règle primitive du Temple, 38, éd. De Curzon ds R. Hist. litt. Fr., loc. cit.); b) 1453 « repas qu'on fait le soir » (Reg. 182 Chartoph. reg. ch. 77 ds DU CANGE, s.v. 2 collatio); c) 1595 « repas léger que font les catholiques en période de jeûne » (MONTAIGNE, Essais III, 13 coll. Pléiade, p. 1239). Empr. au lat. chrét. collatio « conférence, entretien, discussion », « réunion de moines, conférence faite aux moines » (également titre de l'œuvre de Cassien : Collationes, lues au cours des repas du soir dans les monastères), (426-429, Cassien ds BLAISE); « repas du soir dans un monastère » (813 ds NIERM.); dér. du rad. du part. passé du lat. class. conferre « échanger des propos, s'entretenir avec qqn » (v. conférer).
II.
⇒COLLATION2, subst. fém.
Action de comparer des copies avec l'original afin de s'assurer de leur conformité avec celui-ci. Les Clercs de la Vie Commune, aux Pays-Bas, s'occupaient de la collation des originaux dans les bibliothèques, et du rétablissement du texte des manuscrits (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 526; cf. également COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1825, p. 682).
Rem. On rencontre chez FLAUBERT, Correspondance, 1871, p. 298 et chez E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1271, l'expr. collation des rôles. Action de vérifier la longueur des rôles, rôle désignant une certaine quantité de texte (cf. également collationner2 rem. 1).
Prononc. Cf. collation1. Étymol. et Hist. 1. XIIIe-début XIVe s. « comparaison d'une chose à une autre » (Glossaire ds T.-L.) — 1611, COTGR.; 2. 1375 « comparaison de textes » (Ordonnances des rois de France de la troisième race, Paris 1723-1849, t. 6, p. 130 ds H. HEIDEL, Die Terminologie der Finanzverwaltung Frankreichs im 15. Jahrhundert, Leipzig — Paris 1936, p. 73); [prob. attesté dès le début du XIVe s., avant son dér. collationner2]. Empr. au lat. class. collatio « comparaison, confrontation » spéc. « comparaison, collation de textes » en b. lat. dér. du rad. du part. passé du lat. class. conferre « comparer, notamment deux textes » (v. conférer). Bbg. TRACC. 1907, p. 129.
III.
⇒COLLATION3, subst. fém.
Action, droit de conférer quelque chose à quelqu'un.
A.— HIST. Droit, action de conférer un bénéfice. Le bénéfice (...) à la collation du duc (BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, 1821-24, p. 420) :
• ... dans la collation de certains bénéfices ecclésiastiques, entre autres des bénéfices attachés à des concessions féodales, c'était le supérieur, roi, pape ou seigneur qui nommait le bénéficier.
GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, 1828, leçon 5, p. 19.
B.— Usuel
1. Action de conférer un grade universitaire, un titre de capacité. La collation des décorations et des titres honorifiques (G. VEDEL, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel, 1949, p. 218). Les examens qui déterminent la collation du grade de licencié en droit sont au nombre de quatre (Encyclop. pratique de l'éduc. en France, 1960, p. 215).
2. Droit, action de conférer un sacrement. Collation du sacrement (Théol. cath. t. 14, 1, 1939, p. 612). La collation de la tonsure (BILLY, Introïbo, 1939, p. 74).
Rem. Le verbe collationner n'est plus usité. Trévoux 1771 note : ,,ne se dit point dans le sens conférer un bénéfice si ce n'est dans cette phrase, ou par une mauvaise allusion, on dit que l'ordre de Cîteaux dîne bien mais collationne mal, pour faire entendre que les Abbayes de cet ordre ont de gros revenus mais n'ont pas la collation des bénéfices qui en dépendent``.
Prononc. Cf. collation1. Étymol. et Hist. 1. 1276 « action de conférer un office, un bénéfice » (Chartes de S. Bertin, 125, éd. D. Haigneré ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 460); 2. 1808 « action de conférer des grades universitaires » (Décret de mars 1808 ds Documents d'histoire contemporaine, coll. U, t. 1, 1964, p. 128). Empr. au b. lat. collatio « action de conférer (une dignité, un honneur) », spéc. « action de conférer un bénéfice » en lat. médiév. (1167 ds Mittellat. W. s.v., 832, 37), dér. du rad. du part. passé du lat. class. conferre « conférer, confier des honneurs, une charge » (v. conférer).
STAT. — Collation 1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :143.
collation [kɔlɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1276; lat. médiéval collatio, le lat. classique n'a que le sens II « comparaison, confrontation »; de collatus, p. p. de conferre.
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1 (1276; le lat. médiéval collatio a ce sens au XIIe s.). Anc. dr. Action de conférer (à qqn un titre, un bénéfice ecclésiastique). || La collation d'un bénéfice (→ Collatif, cit.). || Le dévolu, dénonciation d'une collation irrégulière. — Droit de nommer à un bénéfice. || Avoir la collation de l'ordinaire.
2 Action de conférer (un grade universitaire). || La collation d'une licence, d'un doctorat.
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II (1361; lat. class. collatio, spécialisé dans ce sens). Action de comparer entre eux (des manuscrits, des textes, des documents). ⇒ Confrontation, examen… (On dit aussi collationnement).
1 Les clercs de la vie commune, aux Pays-Bas, s'occupaient de la collation des originaux dans les bibliothèques (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, VI, V.
2 J'avais dépassé quarante ans; la médecine grecque m'occupait entièrement, sauf quelques excursions littéraires qu'accueillaient des journaux quotidiens et des revues. Je donnais chez M. J.-B. Baillière une édition d'Hippocrate, texte grec, avec collation de tous les manuscrits que je pus me procurer (…)
É. Littré, Comment j'ai fait mon dictionnaire, p. 1.
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III (XIIIe; lat. chrét. collatio « conférence, discussion »).
1 Vx. Action de conférer avec qqn. — (1287). Spécialt. Anciennt. Dans les monastères, courte conférence qui se tenait le soir et après laquelle les moines prenaient quelque nourriture.
2 (1595). Dîner léger que prennent les catholiques les jours de jeûne. || Faire collation. || Prendre une légère collation.
3 (1453, « léger souper »). Mod. et cour. Repas léger, pris le plus souvent au cours de l'après-midi ou de la soirée. ⇒ En-cas, goûter, lunch, quatre heures (fam. et enfantin), souper.
3 (Il) nous a donné la collation où nous avons mangé des fruits … et bu du vin (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 7.
4 La collation vient, composée de quelques laitages, de gaufres, d'échaudés, de merveilles, ou d'autres mets du goût des enfants et des femmes.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, Lettre X, p. 65.
5 Ensuite, je veux qu'on m'apporte une collation bien servie, composée de choses japonaises raffinées.
Loti, Mme Chrysanthème, III, p. 25.
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DÉR. Collationner.
Encyclopédie Universelle. 2012.