disputer [ dispyte ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ V. tr. ind.
1 ♦ Vx ou littér. Avoir une discussion. ⇒ discuter. Disputer d'un sujet, sur un sujet avec qqn. Disputer d'une question. ⇒ débattre. PROV. Des goûts et des couleurs, il ne faut pas disputer.
♢ Vx Engager une lutte violente de paroles avec qqn. ⇒ batailler. « Au lieu de disputer, discutons » (Buffon).
2 ♦ Littér. Être en concurrence, en rivalité (avec). ⇒ rivaliser. Ces deux employés disputent de zèle (cf. Faire assaut de).
II ♦ V. tr. (1609)
1 ♦ Littér. Le disputer en : rivaliser de. « Il n'est point de spectacle [...] qui puisse le disputer en magnificence à celui que vous venez de nous donner » (Molière).
2 ♦ Lutter pour la possession ou la conservation de (une chose à laquelle un autre prétend). Disputer un poste à des rivaux, une femme à un ami (cf. Marcher, courir sur les brisées de qqn). « Cette victoire, si âprement disputée par un ennemi supérieur en nombre » (Madelin) . Animaux qui se disputent une proie. « Les trois fils rebelles qui avant sa mort se disputent son héritage » (Bainville). — Disputer le terrain, le défendre pied à pied, avec acharnement contre l'ennemi. ⇒ défendre.
♢ Disputer une chose, une personne à qqch., tenter de l'arracher, de la soustraire à. « En venant à Paris, lui-même, disputer aux lenteurs administratives son humble part du legs » (Courteline).
3 ♦ Cour. Disputer un match, un combat, en vue de remporter la victoire.
4 ♦ Vieilli, région. ou pop. Réprimander (qqn). « Madame de Pontchartrain le disputa » (Saint-Simon). Il a peur de se faire disputer. ⇒ attraper, gronder.
III ♦ Cour. SE DISPUTERv. pron.
1 ♦ (Récipr.) Avoir querelle. Personnes qui se disputent. ⇒ se chamailler, se quereller; fam. se chicaner, s'engueuler (cf. Se voler dans les plumes). Se disputer avec un ami. Ils n'arrêtent pas de se disputer.
2 ♦ (Pass. ) Sport Être disputé. Le match s'est disputé hier à Paris.
● disputer verbe transitif (latin disputare) Lutter pour obtenir ce que quelqu'un possède ou tente d'obtenir : Disputer la victoire à un adversaire. Participer à un match, une compétition : Disputer un tournoi de tennis. Familier. Gronder quelqu'un, lui faire des remontrances : Se faire disputer par le professeur. ● disputer (difficultés) verbe transitif (latin disputare) Construction 1. Disputer qqn = lui faire des reproches, le réprimander. Registre familier. 2. Disputer qqch. Disputer une question, un sujet = en débattre. Registre littéraire et soutenu. On dit plus couramment aujourd'hui disputer de, disputer sur qqch : ils ont longuement disputé d'un point de protocole. Disputer une compétition, une lutte = y participer. Notre équipe dispute cette année le championnat de ligue. Emploi courant dans tous les registres. Disputer qqch à qqn, contre qqn = lutter avec qqn pour obtenir qqch. Il a âprement disputé le titre à son détenteur actuel. Nos troupes ont longuement disputé la position contre des forces supérieures en nombre. Emploi courant dans tous les registres. 3. Le disputer, le disputer à = entrer en rivalité, soutenir la comparaison avec. « Le prince ne voit à sa cour aucune femme qui puisse vous le disputer en beauté »(Stendhal). Emploi littéraire et vieilli. 4. Se disputer = se quereller. Registre familier. ● disputer (expressions) verbe transitif (latin disputare) Littéraire. Le disputer en quelque chose (à quelqu'un), rivaliser avec quelqu'un : Elle le dispute en beauté à toutes les miss Monde. Disputer le terrain, le défendre pied à pied. ● disputer (synonymes) verbe transitif (latin disputare) Lutter pour obtenir ce que quelqu'un possède ou tente d'obtenir
Synonymes :
- briguer
Familier. Gronder quelqu'un, lui faire des remontrances
Synonymes :
- attraper (familier)
- gronder
- morigéner
● disputer
verbe transitif indirect
Littéraire. Discuter de quelque chose, en débattre âprement : Les députés à l'Assemblée disputent du projet de loi.
● disputer (difficultés)
verbe transitif indirect
Construction
1. Disputer qqn = lui faire des reproches, le réprimander. Registre familier.
2. Disputer qqch.
Disputer une question, un sujet = en débattre. Registre littéraire et soutenu. On dit plus couramment aujourd'hui disputer de, disputer sur qqch : ils ont longuement disputé d'un point de protocole.
Disputer une compétition, une lutte = y participer. Notre équipe dispute cette année le championnat de ligue. Emploi courant dans tous les registres.
Disputer qqch à qqn, contre qqn = lutter avec qqn pour obtenir qqch. Il a âprement disputé le titre à son détenteur actuel. Nos troupes ont longuement disputé la position contre des forces supérieures en nombre. Emploi courant dans tous les registres.
3. Le disputer, le disputer à = entrer en rivalité, soutenir la comparaison avec. « Le prince ne voit à sa cour aucune femme qui puisse vous le disputer en beauté »(Stendhal). Emploi littéraire et vieilli.
4. Se disputer = se quereller. Registre familier.
● disputer (synonymes)
verbe transitif indirect
Littéraire. Discuter de quelque chose, en débattre âprement
Synonymes :
- débattre
- dicuter
- examiner
disputer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Lutter pour obtenir ou conserver. Disputer la possession d'un bien à qqn. Disputer la victoire, le terrain.
d2./d SPORT Disputer un combat, une course, y participer comme concurrent.
d3./d Fam. Disputer qqn, le réprimander.
rII./r v. Pron.
d1./d (Récipr.) Se quereller. Se disputer avec qqn. Cessez de vous disputer.
⇒DISPUTER, verbe.
A.— Emploi intrans.
1. Échanger, avec un interlocuteur, des arguments contradictoires sur un sujet donné (cf. débattre un sujet, discuter d'un sujet).
a) Disputer + compl. introduit par une prép. marquant le propos ou désignant l'interlocuteur.
) Disputer de, disputer sur. Abeilard disputait, dans les écoles, sur les questions qui s'agitaient alors (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 90). Ils [les sénateurs] disputent du vote des femmes (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 163) :
• 1. Qu'est-ce que la science du Moyen Âge, si ce n'est une dispute? La dispute est si chère aux scolastiques, qu'ils se la réservent, se la ménagent, et disposent leurs canons de façon à n'en pas supprimer la matière. Il y a des propositions reconnues fausses que l'on ne condamne pas, pour que l'on puisse en disputer.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 496.
♦ [Avec ell. de la prép. de] Nous disputions philosophie (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 177).
— Loc. proverbiales
♦ Disputer de la chape à l'évêque. Synon. de se battre de la chape à l'évêque (cf. chape A 2).
♦ Disputer des goûts et des couleurs (cf. couleur I A 1).
♦ Disputer sur la pointe d'une aiguille (cf. aiguille I A c).
) Disputer avec, contre qqn. Il [P...] a disputé de très bonne foi contre Duteil et Rollinat, qui s'étaient donné le mot (SAND, Corresp., t. 2, 1812-76, p. 59) :
• 2. Il ne convient donc point de disputer avec le maître, car je t'annonce qu'il est impitoyable et inique, et sourd à la raison; ...
CLAUDEL, La Ville, 1901, III, p. 481.
b) Disputer + prop. interr. indir. avec ell. de savoir. Il n'est plus personne sur la terre avec qui je puisse (...) disputer quelle maîtresse était la plus belle (CHÉNIER, Amérique, 1794, p. 122).
♦ Disputer si. Débattre la question de savoir si (cf. ex. dans rem. s.v. barrésien).
c) Emploi abs. On disputa longtemps et personne ne changea d'avis (FRANCE, Île ping., 1908, p. 294). L'archevêque, durement : — Ne disputez pas. Obéissez. Vous disputerez ensuite (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 1018).
2. P. ext.
a) Entrer en conflit avec quelqu'un pour savoir qui sera le meilleur.
— Disputer (avec qqn) de + compl. désignant l'objet du conflit. Disputer de beauté, d'esprit, de laideur (Ac.). Synon. rivaliser de. Mesdames Tallien et Récamier donnèrent le ton dans ces jours d'étalage et toutes les femmes disputèrent de folie pour les imiter (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1850, p. 332) :
• 3. La nuit dont tes paupières couvrent tes yeux dispute de suavité avec celle que l'Italie assoupie et parfumée verse sur ton front.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 286.
b) Emploi pronom., fam. Se quereller, lutter avec. Un enfant de seize ans qui se dispute avec un frère aîné (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 80). On se disputait assez avec la misère, avec le manque de bois, le manque d'eau, le manque de pain, le manque de laine (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 65) :
• 4. Tu ne trouves pas attristant qu'on ne puisse plus passer une soirée entre amis sans se disputer à propos de politique?
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 252.
Vx. Se disputer de + inf. Deux ou trois collégiens de treize ans se disputaient d'être premiers violons dans un bal (MICHELET, Journal, 1834, p. 159).
c) Disputer précédé du pron. pers. neutre le. Le disputer à qqn (ou à qqc). Chercher à avoir le dessus. On tient à vous le disputer à l'emporter sur vous... adieu, madame (SCRIBE, Verre d'eau, 1840, p. 683). Une voix où le mépris le disputait à l'arrogance (COURTELINE, Gend. sans pitié, 1899, 1, p. 149). Le disputer à qqn ( ou à qqc.) en qqc. Le prince ne voit à sa cour aucune femme qui puisse vous le disputer en beauté (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 105). Ces tours le disputent (...) en hauteur aux monuments les plus élevés de Paris (BALZAC, Splend. et mis., 1846, p. 369).
B.— Emploi trans.
1. a) Lutter pour obtenir ou conserver ce à quoi l'on tient et qu'un autre cherche également à obtenir ou à conserver (cf. arracher, briguer, défendre). Ne perdez pas courage. C'est [Catherine] une femme qui vaut la peine d'être disputée (SAND, Mare au diable, 1846, p. 114). D'autres ambassades cherchèrent à rivaliser avec celle-là, mais elles ne purent lui disputer le prix (PROUST, Sodome, 1922, p. 675). Les vieux platanes de la place disputaient encore leurs feuilles au vent pluvieux (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 233).
SYNT. Disputer une place, un rang, un titre; disputer le pas, la préséance; disputer le pouvoir, la victoire; disputer qqn à la maladie, à la mort, à l'oubli; disputer une victime au supplice; disputer qqn en mariage à qqn d'autre.
— Spéc. Disputer le terrain (pied à pied). Empêcher que l'ennemi prenne possession du terrain que l'on défend. Ne rencontrant devant lui que de faibles unités françaises, impuissantes à lui disputer le terrain (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 93). Au fig. Soutenir avec acharnement ses intérêts ou ses opinions dans un débat :
• 5. Il fallut accepter cette nouvelle espèce de lutte; la mère Angélique y suffit et sans conseil, écrivant lettres sur lettres à l'archevêque, (...) disputant (...) le terrain pied à pied, et retardant ainsi, pour quelque temps du moins, ce dont l'issue était désormais inévitable.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 158.
— Emploi pronom. passif. Je tournais le dos à la table où se disputait mon futur bonheur (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 85). Il fallait que le moment vînt où se disputerait l'unique chance de sa misérable vie (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1446).
— Emploi pronom. indir. à valeur réciproque. Se disputer qqc. ou qqn. Chercher ensemble à s'arracher ce à quoi on tient. Deux beaux enfants blonds, dont les petites mains se disputaient un bouquet de roses (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 360). La gêne, l'humiliation et la rage se disputent son visage crispé (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 2, p. 483).
SYNT. Se disputer l'amour, l'attention, le cœur, les faveurs, la main de qqn; se disputer un emploi, un rôle; se disputer la domination, le monopole, la possession de qqn; se disputer l'avantage, le bonheur, l'honneur de qqc.; se disputer un héritage; se disputer la parole.
♦ Spéc. Se disputer le terrain (cf. supra disputer le terrain). Le monde et l'église occupent et se disputent le même terrain (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 116).
b) P. ext. Être en compétition, lutter pour obtenir la victoire à l'issue d'une épreuve. Disputer un championnat, un concours, un match, un tournoi. On dispute une partie d'échecs (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 246).
♦ Emploi pronom. passif. L'après-midi où se disputa la coupe de football inter-blocs (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 309).
2. Fam. [L'obj. désigne une pers.] Adresser des remontrances à qqn :
• 6. ... « je veux d'abord demander à madame parce que je connais monsieur; si madame n'est pas de son avis, monsieur me disputera pour avoir fait ce qu'il voulait.»
ACHARD, Jean de la Lune, 1929, II, 8, p. 22.
♦ Avec constr. factitive pronom. Se faire disputer. Tu vas te faire disputer; (ARLAND, Ordre, 1929, p. 409).
Prononc. et Orth. :[dispyte], (je me) dispute [dispyt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « discuter, débattre » (Rois, éd. E. Curtius, livre IV, chap. IV, 33, p. 119 : de tutes arbres parlad e desputad); 2e moitié XIIe s. deputer [inf. substantivé] (Epitre de St Etienne, IV a ds T.-L.); 1544 part. prés. subst. (G. D'AURIGNY, Le Livre de la police humaine, trad. J. Le Blond, 18a (1553) ds QUEM. Fichier); 2. 1637 disputer de (qqc.) avec (qqn) « rivaliser de (qqc.) avec (qqn) » (DESCARTES, Méth., IV, 4 ds LITTRÉ : disputer de la félicité avec leurs dieux); 3. a) 1609 « lutter pour la possession de quelque chose » (REGNIER, Satires, éd. G. Raybaud, XI, 198); spéc. 1918 disputer un championnat (MAUROIS, Silences Bramble, p. 9); b) 1667 se disputer (une pers., une chose) (RACINE, Andromaque, V, 3 : Chacun se disputait la gloire de l'abattre); c) 1670 le disputer en (qqc.) à (qqn) (MOLIÈRE, Les Amants magnifiques, I, 2 : il n'est point de spectacle ... qui puisse le disputer en magnificence à celui que vous venez de donner); 4. a) 1680 pronom. « se quereller » (RICH.); b) av. 1755 fam. disputer (qqn) « faire querelle (à quelqu'un) » (ST-SIMON, 62, 48 ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. disputare (proprement : mettre au net après examen et discussion [putare, puto]) « examiner; discuter, raisonner ». Fréq. abs. littér. : 1 700 (disputé : 252). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 358, b) 2 373; XXe s. : a) 1 767, b) 2 033. Disputé : XIXe s. : a) 403, b) 317; XXe s. : a) 289, b) 382. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 122, 237, 320, 390. — GOUGENHEIM (G.). Chercher et fouiller. In : [Mél. Harmer (L. C.)] 1970, p. 22. — QUEM. 2e s. t. 2 1971.
disputer [dispyte] v.
ÉTYM. XIIe; lat. disputare « discuter », de dis- (intensif), et putare « estimer, penser, croire ». → Putatif.
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I V. tr. ind.
1 Vx ou littér. Avoir une discussion. ⇒ Discuter (mod. et cour.). || Disputer d'un sujet, sur un sujet avec qqn (→ Assemblée, cit. 8). || Disputer d'une question. ⇒ Débattre. || Disputer (de qqch.) contre qqn. || Disputer comment…, pourquoi…, si… || Ils disputent entre eux si…, la question de savoir si… — Absolt. || Ils aiment disputer. ⇒ Discourir, raisonner; disputeur. || Il faudra disputer ferme. — ☑ Loc. Disputer sur la pointe d'une aiguille. ⇒ Disputailler, ergoter.
1 On disputera fort et ferme de part et d'autre (…)
Molière, Critique de l'École des femmes, 7.
2 On a disputé chez les anciens si la fortune n'avait point eu plus de part que la vertu dans les conquêtes d'Alexandre.
Racine, Alexandre, Épître.
3 C'est la faim qui les gouverne (les hommes), au reste, comme il est inutile d'en disputer ici, je dirai, si l'on veut, que la vie des mortels a deux pôles, la faim et l'amour.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 239.
♦ ☑ Prov. Des goûts et des couleurs, il ne faut pas disputer.
4 Il faut disputer des goûts et des couleurs. D'abord parce que toute dispute se réduit à cette espèce, et qu'il faut que l'on dispute.
Valéry, Rhumbs, p. 113.
♦ Vx. Engager une lutte violente de paroles avec qqn. ⇒ Batailler, ferrailler.
5 Au lieu de disputer, discutons; après avoir dit des raisons, donnons des faits.
6 Quant à l'argent, ma mémoire est courte, et j'aimerais mieux tout céder que de disputer sur le tien et le mien.
G. Sand, la Mare au diable, IV, p. 35.
2 Vx. || Disputer de… : être en concurrence, en rivalité (avec). ⇒ Rivaliser. || Ces deux femmes disputent de beauté, d'esprit, de laideur (Académie). || Ces deux employés disputent de zèle.
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II V. tr. (1609).
1 Littér. || Le disputer en, rivaliser de. || Le disputer à (qqn, qqch.), prétendre l'égaler.
7 (…) il n'est point de spectacle (…) qui puisse le disputer en magnificence à celui que vous venez de nous donner.
Molière, les Amants magnifiques, I, 2.
8 Thèbes le pouvait disputer aux plus belles villes de l'univers (…)
2 Lutter pour la possession ou la conservation d'une chose à laquelle un autre prétend. || Disputer un poste à des rivaux, une femme à un ami. → Marcher, courir sur les brisées de qqn. || Rang à disputer. ⇒ Brigue (cit. 2); briguer. || Disputer un succès à qqn. ⇒ Jouter. || L'armée a longtemps disputé la victoire (à l'ennemi).
9 (…) ce n'est pas là le langage d'un homme à qui on dispute son droit et qui le défend les armes et la force à la main.
Pascal, Pensées, VI, 388.
10 Je ne savais pas que votre fille fût déjà pourvue de prétendants, et je n'étais pas venu pour la disputer aux autres.
G. Sand, la Mare au diable, XII, p. 102.
♦ Disputer le terrain, le défendre pied à pied, avec acharnement contre l'ennemi. ⇒ Défendre. — Fig. Défendre vivement ses opinions contre un adversaire, dans un débat. ⇒ Soutenir (ses opinions). — Défendre ce qu'on veut garder.
11 Chez les peuples d'Europe, (…) les dernières faveurs sont toujours de même date que la bénédiction nuptiale : les femmes n'y font point comme nos Persanes, qui disputent le terrain quelquefois des mois entiers (…)
Montesquieu, Lettres persanes, LV.
♦ Par ext. || Disputer une chose, une personne à qqch., tenter de l'arracher, de la soustraire à.
12 À bout de patience, écœuré de vaines attentes, il s'était enfin décidé à faire son petit coup d'État en venant à Paris, lui-même, disputer aux lenteurs administratives son humble part du legs Quibolle.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1er tableau, III, p. 48.
13 Même parmi les hommes que l'action n'a jamais disputés à l'étude, peu d'hommes se sont plus que lui adonnés à la lecture.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, VI, p. 84.
3 (1855, in Petiot). Cour. || Disputer un match, un combat, un concours, le faire en vue de remporter la victoire, le succès.
4 Fam. Réprimander (qqn). ⇒ Attraper, gronder. || Il a peur de se faire disputer (emploi soit régional, soit populaire).
14 Madame de Pontchartrain le disputa, et pour fin lui dit qu'avec tout son savoir elle pariait qu'il ne savait pas qui avait fait le Pater.
Saint-Simon, Mémoires, t. I, XLI.
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se disputer v. pron.
♦ Courant.
1 Se disputer qqch. entre rivaux. || Animaux qui se disputent une proie. || Prétendants qui se disputent la main d'une femme. || Théâtres qui se disputent un acteur. || Se disputer la prééminence (⇒ Concurrence, cit. 5), l'honneur de faire qqch. — Par anal. || Des passions contraires se disputent son âme.
15 Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.
Racine, Athalie, II, 5 (→ Affreux, cit. 1).
16 (…) son règne s'achève dans l'impuissance en face de ses trois fils rebelles qui, avant sa mort, se disputent son héritage les armes à la main.
J. Bainville, Hist. de France, III, p. 39.
♦ Par ext. || Épreuve qui se dispute entre concurrents. || Le match s'est disputé hier à Paris.
2 (Récipr.; emploi le plus usuel du verbe). Avoir querelle. || Personnes qui se disputent. ⇒ Chamailler (se), chicaner (se), fam. engueuler (s'), parole (avoir, échanger des paroles), quereller (se). || Se disputer avec un ami. || Ils n'arrêtent pas de se disputer. || Se disputer avec violence, en venir aux coups. || Elles se disputent, se crêpent le chignon. || Se brouiller, se fâcher après s'être disputé.
17 Deux hommes se disputaient. Les épithètes s'échangeaient si vivement et promptement que l'on ne savait plus qui donnait, qui recevait.
Valéry, Mélanges, p. 15.
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disputé, ée p. p. adj.
1 Vx ou littér. Discuté. || Sujet longuement disputé.
2 Qui est l'objet d'une concurrence. || Un titre, un honneur disputé. || Terrain, sol disputé (→ Continuer, cit. 5). — Par ext. || Match chaudement disputé.
18 Cette victoire, si âprement disputée par un ennemi supérieur en nombre, ne pouvait qu'ajouter au prestige déjà si grand de Bonaparte
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte.
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DÉR. Disputable, disputailler, disputant, dispute, disputeur. V. Disputation.
Encyclopédie Universelle. 2012.