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chamailler

chamailler [ ʃamaje ] v. <conjug. : 1>
• 1450; autre sens 1300; p.-ê. crois. entre l'a. fr. chapler « tailler en pièces » et l'a. fr. mailler « frapper » maillet
1 V. intr. Vx Se battre, combattre.
2(1690) Mod. SE CHAMAILLERv. pron. récipr. Se quereller bruyamment pour des raisons futiles. se disputer. « Il intervenait entre les gamins qui se chamaillaient sur la place » (Proust).

chamailler (se)
v. Pron. Fam. Se disputer bruyamment pour des vétilles.

⇒CHAMAILLER, verbe.
Familier
A.— Emploi intrans., vx.
1. Vocab. de la guerre. Combattre l'ennemi. Il a fort bien chamaillé avec 12 ou 15 000 hommes jusqu'à ce que les Russes soient venus manger et vaincre (J. DE MAISTRE, Correspondance, 1806-07, p. 331).
2. Lang. cour. (sens affaibli). Se battre, échanger des coups légers ou des paroles blessantes sans raison valable. Ils ricanent, ils plaisantent, ils chamaillent (A. DUMAS Père, Paul Jones, 1838, VI, p. 168).
Rem. Encore employé dans ce sens par G. DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 161 et GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 222, 244.
B.— Emploi trans.
1. Vieilli. Quereller quelqu'un. Chamâillant son vieux à hue et à dia (R. MARTIN DU GARD, La Gonfle, 1928, p. 1206).
Au fig. À quoi bon chamailler la révolution (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 25).
2. Cour., emploi pronom. Se chamailler, se chamailler avec (qqn). Échanger des coups sans gravité, et plus gén., se disputer, se quereller pour des futilités. Ce sont les gamins qui se chamaillent en revenant de l'école (AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 100) :
1. Une république moderne et une monarchie constitutionnelle sont identiques. N'importe! on se chamaille là-dessus, on crie, on se bat.
FLAUBERT, Correspondance, 1871, p. 282.
2. Un grand bruit éclata : c'étaient deux jeunes paysans qui se chamaillaient à propos d'un héritage, et s'invectivaient en termes grossiers.
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 293.
Rem. S'applique gén. aux enfants dans le sens « échanger des coups »; aux querelles familiales, sociales ou politiques dans l'emploi plus cour. de « se quereller avec des mots ».
Emploi subjectif :
3. Je m'apprête à me chamailler au Sénat à l'occasion de la loi sur les serinettes.
MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, t. 2, 1870, p. 293.
Au fig. [Le suj. désigne des choses formant un assemblage curieux] Être mal assorti, former un contraste désagréable et choquant pour la vue. Synon. jurer. Ongles vernis, mais non assortis aux lèvres : les deux rouges se chamaillent (H. BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, p. 45).
Rem. 1. Chamaillade, subst. fém., néol. d'aut. Synon. expr. de chamaillerie. Phalanstère tout rempli du matin au soir de disputes, de chamaillades, d'engueulements (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1894, p. 545). Cf. aussi asticotage, appartenant également au vocab. des Goncourt. Prendre (...) plaisir aux chamaillades (...) aux asticotages (ID., Manette Salomon, 1867, p. 333). 2. Chamaillement, subst. masc. Autre synon. de chamaillerie. De tous les coins s'élevaient des cris, des paroles vives, d'interminables chamaillements (F. FABRE, Barnabé, 1875, p. 316).
Prononc. et Orth. :[]. [a] ant. pour la finale ds Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Pour le timbre de la finale et pour [] mouillée cf. -ailler. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1307-15 intrans. « se frapper, se battre » (G. GUIART, Royaux lignages, éd. Buchon, I 6812, S. 299 ds T.-L. : Devant li rois ou l'en chamaille, Est li Barrois en la bataille); 1540 pronom. (Amadis, I, 10 ds HUG.); 1540 intrans. (Ibid., I, 13, ibid.); 1690 intrans. « se disputer » (FUR.); 1694 pronom. (Ac.). Prob. issu d'un croisement entre chapler « tailler en pièces, frapper en combattant » (ca 1100 Roland, éd. Bédier 1347, capler), issu d'un lat. cappulare « couper » dér. de cappare lui-même dér. de cappo (chapon), v. chapelure et mailler « frapper, donner des coups » (1172-75 CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 6152 ds T.-L.), dér. de mail. Fréq. abs. littér. :88. Bbg. SAIN. Sources t. 1, 1972 [1925], p. 378; t. 3, 1972 [1930], p. 399.

chamailler [ʃamɑje] v.
ÉTYM. V. 1300, au sens 2; p.-ê. d'un croisement entre l'anc. franç. chapler « tailler en pièces », du lat. cappulare « couper », et mailler « frapper ».
Familier.
1 V. intr. (1450). Vx. Se battre, combattre.
2 V. tr. Rare. || Chamailler qqn, le tourmenter par des disputes (cf. l'emploi transitif de Disputer). || Je ne vais pas vous chamailler pour si peu.
0.1 Je n'enviais pas les familles complètes de mes camarades, chamaillées par des potentats en veston.
Hervé Bazin, Qui j'ose aimer, II, p. 23.
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se chamailler v. pron.
ÉTYM. (1690).
Cour. Se disputer bruyamment, en général pour des raisons futiles. Disputer (se), quereller (se).(Réfl.). || Se chamailler avec qqn.(Récipr.) || Cessez de vous chamailler, les enfants !
1 Depuis trente ans qu'ils étaient mariés, ils se chamaillaient tous les jours.
Maupassant, Toine, p. 12.
1.1 Ah ! ces Parisiens ! ça se chamaille pour deux liards et ça va boire le fond de sa bourse chez le marchand de vin.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 25.
2 Il intervenait (M. Vinteuil) entre les gamins qui se chamaillaient sur la place, prenait la défense des petits, faisait des sermons aux grands.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 157.
3 — Je vous ai entendu crier. Oui, de ma chambre ! Je ne peux pas vous empêcher de vous chamailler : j'ai trop de choses à faire.
Duhamel, le Voyage de P. Périot, III, p. 51.
4 Que voulez-vous ? Je n'aime pas qu'on se chamaille. Mon seul plaisir est, comme ce soir, de rendre service à tout le monde.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 38.
DÉR. Chamaille, chamaillerie, chamailleur, chamaillis.

Encyclopédie Universelle. 2012.