te [ tə ] pron. pers. ♦ Pronom personnel de la deuxième personne du singulier des deux genres, employé comme complément. REM. Te s'élide en t' devant une voyelle ou un h muet.
1 ♦ (Compl. d'objet dir.) « Je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret » (Laclos). « De quel nom te nommer ? » (Hugo). Cela va te rendre malade.
2 ♦ (Compl. d'objet ind.) À toi, pour toi. « Je te donnerai quinze cents francs » (Balzac). « Je vais te faire une redingote » (Vallès). — Par ext. Fam. Elle te court après, après toi. Ils te tomberont dessus, sur toi.
♢ (Compl. de l'attribut) Cela peut t'être utile. Elle t'est devenue étrangère. — (Avec un nom désignant une partie du corps, une faculté) Si cela te vient à l'esprit.
♢ Fam. (explétif et emphat.) Et je te frotte et je te brique : je frotte et je brique tant que je peux. « Si c'était mon fils, je te le dresserais » (F. Mauriac).
3 ♦ Avec un v. pron. Tu te perdras. Tu t'en souviens. (Ne) t'en fais pas.
4 ♦ (Avec voici, voilà) Te voilà enfin.
● Te Symbole chimique du tellure.
Pron. pers. e la 2e pers. du Sing. des deux genres, employé comme complément, toujours placé avant le verbe; s'élide en t' devant une voyelle ou un h muet.
d1./d (Comp. d'objet direct.) Je te quitte.
d2./d (Comp. d'objet d'un v. réfl.) Tu te fatigues.
d3./d (Comp. indir.) à toi. Je te donne beaucoup de souci.
— (Réfl.) Tu te donnes beaucoup de peine.
d4./d (Employé avec la valeur d'un possessif devant un nom désignant une partie du corps, une fonction, etc.) Tu te ronges les ongles. Tu te pervertis le goût.
d5./d (Avec un verbe pronominal.) Tu te repens.
d6./d (Avec un terme servant à présenter qqn.) Enfin, te voilà!
⇒TE, T', pron. pers.
Pron. pers. non prédicatif de la 2e pers. du sing., des deux genres qui assure la fonction objet.
A. — [En fonction de compl. d'obj. dir.]
1. [Devant une forme verbale] Écoute: je ne veux pas du tout intervenir entre ta femme et toi, mais il faut que je te dise au moins une fois que tout le monde te blâme, même ton père (MAUROIS, Climats, 1928, p. 120). « Alors » dit-il d'une voix qui me bouleversa: « Je ne te verrai plus? » (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 267):
• 1. — Qu'as-tu entendu? demanda Jean.
— Épeautre te menaçait. Tu lui disais: « Misérable personnage. » Il riait, il se moquait de toi. On aurait dit qu'il te tenait dans ses griffes.
— C'est un être abominable...
— Que t'a-t-il dit? Pourquoi te menaçait-il?
— Il a tout deviné.
DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 209.
— [Te est « sujet » de l'inf. avec les verbes faire, laisser et les verbes de perception suivis d'un inf.] Il te fait croire, (boire, dire, entendre) qqc.; il te fait manger, il te laisse aller; il t'entend chanter. Oh! Toi, rien ne te fait rire (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 178). Quand tu veux sauver dans la rivière un quelqu'un qui se noie, tu commences par lui taper très fort sur la tête, pour qu'il te laisse tranquillement réussir le bon sauvetage (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 75).
2. [Devant les présentatifs (re)voici et (re)voilà] Te voilà donc! dit Mme Desforges, en trouvant Mme Bourdelais installée devant un comptoir (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 487). Te voilà donc, à près de quarante-deux ans... Que penserait de toi le garçon que tu étais à seize ans, s'il pouvait te juger? (GREEN, Journal, 1942, p. 214).
B. — [En fonction de compl. d'obj. indir.]
1. [Marquant un rapport d'attrib.]
a) [Avec les verbes à double constr.] Il faut que je dise merci, Victorine, tu as été bien gentille; je te ferai un petit cadeau (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 45). Tu me trouves la route de Saragosse, moi je te trouve le champ. Tranquillement (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 810).
— Au passif. Tes paroles courent; tes actions courent. Ta propre loi te sera appliquée, non pas une loi étrangère; et quand les flèches te toucheront au point sensible, en ces punitions si bien ajustées qu'elles promettent encore plus qu'elles ne font, reconnais tes propres flèches, et que c'est toi qui l'as voulu (ALAIN, Propos, 1929, p. 875).
b) [Avec les verbes et les loc. verb. constr. avec la prép. à (appartenir, nuire, obéir, parler, plaire, ressembler, succéder, survivre; donner raison, faire joie, faire plaisir...)] Je te demande pardon de n'être pas venue t'attendre, mais ce petit monsieur s'y est opposé (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 20). Tu dis toujours:— Je n'aime pas les regards faux. Regardez-moi dans les yeux. Je saurai ce que vous pensez. Ainsi tu t'es toi-même prêtée à notre jeu. Tu ne pouvais pas ne plus t'y prêter. Et puis, ça ne te déplaît pas, ma tendre mère! (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 79).
c) [Avec les verbes d'état suivis d'un attribut et constr. avec la prép. à ou la prép. pour: suj. + te + verbe + attribut] Je penche plutôt pour le troisième état, qui t'est plus naturel que les autres (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 619). Et si je te suis chère dans la peine, dans la joie est-ce que je ne suis pas belle aussi? (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p. 644).
d) [Avec les verbes de mouvement (en partic. venir et ses comp.) constr. avec la prép. à, la constr. te + verbe, à côté de la constr. verbe + à toi, insiste sur l'intérêt que l'interlocuteur est censé porter à la réalisation du procès] Je te reviens ≠ je reviens à toi. En préparant tes Cahiers verts mon cher Daniel Halévy, l'idée te vint de me demander un volume; il s'intitulerait Mes modèles (BLANCHE, Modèles, 1928, p. V):
• 2. Lève-toi; descendons; sortons de la maison;
Viens; ne demeure pas dans ces lieux encor sombres;
Regarde: le soleil triomphe à l'horizon
Et de notre jardin chasse déjà les ombres.
Le songe qui te vint tandis que tu dormais
Va quitter pour toujours ton âme inconsolée
MUSELLI, Travaux et jeux, 1914, p. 28.
e) [Dans des tournures impers.]
— [Avec des verbes à constr. indir.] Il te plaît de, s'il te plaît de. Hausse la nature à ta taille, et que l'univers entier ne soit pour toi que le reflet de ton âme héroïque. Combats pour l'honneur; cela seul est digne d'un homme, et s'il t'arrive de recevoir des blessures, répands ton sang comme une rosée bienfaisante, et souris (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 379). Pauvre « surhomme », ainsi il ne te servait de rien de te faire à toi-même ces beaux contes à propos des hommes de l'avenir (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1937, p. 42).
— [Avec des verbes d'état (suivis d'un attribut) constr. avec la prép. à] J'y eusse vécu libre et puissant. Hélas! Hélas! Alors qu'il t'est si aisé de me satisfaire, veux-tu que je paraisse tout à l'heure devant lui, et qu'il rougisse encore de moi? (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 34).
— [Avec les inf. qui dépendent d'une constr. impers. et où le suj. n'est pas exprimé, te peut être interprété comme suj.] Il te faut passer un examen. Tu risques un mauvais coup en trahison, mais il te faut tirer cet enfant de là (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 66).
f) [Avec les prép. après, sur, derrière, devant, la lang. pop. emploie te conjointement au verbe et utilise les prép. adverbialement; sur se transformant en dessus] Tu ne sais pas le mot de passe. Si tu t'éloignes tu vas te faire tirer dessus (GIDE, Si le grain, 1924, p. 558).
2. [Si la prop. comporte l'indication d'une partie du corps ou d'une qualité essentiellement hum. (le courage te manque) ou encore la marque d'un degré de parenté (il t'est petit-cousin), te peut exprimer un rapport de possession, d'appartenance] Tu aurais pu choisir « dans le tas », le courage te manqua, et je le comprends (BLANCHE, Modèles, 1928, p. VI). Mon héritage te colle à la peau; en vain tu t'inities aux mystères de l'Asie, tu n'arracheras pas de toi mon esprit dont je t'ai revêtu (MAURIAC, Journal, 1937, p. 147).
— [Lorsque la prop. contient la mention d'un projet appartenant à l'interlocuteur, il peut y avoir pléonasme avec le poss.] Tu n'as pas honte de tourmenter Paule qui te cire tes souliers chaque fois que j'oublie de le faire? (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 156). Mais le barbare qui campe ne sait point faire chanter ton village. Il s'y ennuie et, se heurtant à l'interdiction de rien pénétrer, il t'effondre tes murs et te disperse tes objets (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 831).
3. [Te explétif (« datif éthique »); marque l'intérêt ou l'importance qu'a pour l'interlocuteur l'action exprimée par le verbe; le locuteur peut attribuer fictivement à l'interlocuteur un intérêt à la réalisation de l'action simplement pour attirer l'attention sur ses paroles] Si le patron m'embête, je te le ramasse et je te l'asseois sur sa bourgeoise (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 621). Enfin les deux patrons de la boîte, tu me comprends, qui ferment la grille à clef, nous dedans! Comme de juste, on te les empoigne (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 744):
• 3. Il y avait comme ça de mon temps, au grand séminaire, un professeur de droit canon qui se croyait poète. Il te fabriquait des machines étonnantes avec les pieds qu'il fallait, les rimes, les césures, et tout, pauvre homme! Il aurait mis son droit canon en vers.
BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1040.
C. — En empl. réfl.
1. [Avec un verbe accidentellement pronom., te est compl. du verbe; il est co-référent avec le suj.] Tu te lèves, tu te laves. Et tu te calmes presque à la pensée qu'il est impossible que quelque chose de trop grand puisse se tenir dans cette étroitesse (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 205).
2. [Avec un verbe essentiellement pronom., te est un morph. verbal qui peut être considéré comme faisant partie intégrante du verbe] Tu t'abstiens, tu t'en vas. Te souviens-tu quand on avait dix-huit ans, et ce fleuve au milieu de la forêt, et toi posé près de moi dans ton bateau sur ce chemin liquide et collant à la main comme de l'hydromel (CLAUDEL, Ours et lune, 1919, 1, p. 590).
D. — [Synt. de te]
1. [Ordre des mots]
a) [Avec l'impér.]
— [Après un verbe pronom. conjugué à l'impér. positif, te (élidé) est utilisé devant en ou y (ailleurs on utilise la forme tonique postposée: souviens-toi)] Des astres qui passaient murmuraient: « Souviens-t-en! » (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 861). Réfugie-t'y, fie-t'y (LITTRÉ, s.v. tu rem. 3).
— [Avec l'impér. nég., on emploie toujours la forme non prédicative te (précédée de la nég. ne) devant le verbe] Ne te promène pas. Ne t'agite pas; dors, mon chéri (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 237).
♦ [La lang. pop. omet la nég. ne et pas assume à lui seul le rôle nég.] Te promène pas. T'occupe pas, sois ton regard, Et sois l'âme qui s'exécute; Tu fournis la matière brute, Je me charge de l'œuvre d'art (LAFORGUE, Imit. Lune, 1886, p. 235).
♦ [Avec t'en et t'y, on rencontre alors l'inversion] J'ai visité avec lui; mais lui n'est pas revenu, comme moi, aux tranchées: n't'en fais. I'n'en r'venait du reste pas non plus, fais t'en pas (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 125).
— Vieilli, littér. [Lorsque deux impér. sont coordonnés ou juxtaposés, te peut se placer devant le second impér. même si celui-ci est positif] Promène-toi et t'amuse. Découvre-toi devant le Pauvre Pécheur, t'incline devant les Monet, génufléchis devant les Degas et Whistler, rampe en présence de Cézanne, te prosterne aux pieds de Renoir et lèche la sciure des crachoirs au bas du cadre de l'Olympia! (JARRY, Gestes et opin. Dr Faustroll, 1911, p. 95).
b) [Avec un autre verbe conjugué]
— Te le, te la, te les, t'en, t'y. Fais donc plaisir à Bordenave, appelle son théâtre comme il te le demande, puisque ça l'amuse (ZOLA, Nana, 1880, p. 1098). Attends, mon garçon, me dis-je avec un sourire qui devait être très sarcastique, attends: je t'en vais accabler, il te rompra les bras, puis la cervelle (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 446):
• 4. Toi, l'aristocrate jusqu'aux moelles, toi qui ne rêves que raffinements de luxe, haute fortune et bonnes fortunes! Mais c'est idiot! Et tu trahis toute ta race, tu vas te la mettre tout entière à dos. Elle est par définition du côté de la richesse, où elle prend sa force.
VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 43.
Rem. L'ambiguïté fonctionnelle de me, te, se, vous (obj. dir. ou indir.) les rend incompatibles entre eux. On ne dit que p. plaisant.: on se t'arrache.
— Te + pron. + verbe + à moi (lui, elle, nous, eux, elles). — Tu n'es pourtant pas gris, murmura la vieille dame. Puis, après réflexion, elle ajouta, avec un sourire maternel:— Je comprends: mâtin, dis-donc, il te les faut jeunes, à toi! (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 95). Je t'en prie, Marie, lâche-la... et laisse-moi la conduire chez Royal... Je te promets que ses oreilles seront percées aujourd'hui... Tu peux t'en rapporter à moi (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 83). Je vais te le présenter à l'instant, ou plutôt, je vais te présenter à lui (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 18).
c) [Avec un inf., te, compl. d'un verbe régissant l'inf., se place toujours devant le verbe conjugué, lorsque celui-ci est faire, laisser ou un verbe de perception (il t'entend chanter); ailleurs te compl. de l'inf. se place normalement devant l'inf. (il crut te voir). Cependant, p. arch. il peut se trouver devant le verbe] Tu vas voir, tout à l'heure, si je ne vais pas me lever et t'aller rappeler, à coups de bottes dans les fesses, au sentiment des convenances! (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 49). Ne va pas demain au ministère; je me suis faite libre et je t'irai voir (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 54).
2. [Omission de te]
a) [Te est répété s'il est régime de verbes coordonnés] Je viens donc te dire, t'ordonner et te signifier que tu aies à produire et exhiber promptement ta finance, sinon tu seras massacré (JARRY, Ubu, 1895, p. 61).
b) [L'omission est possible aux temps simples quand les verbes sont synon.; aux temps composés, l'omission est faite quand les verbes ont un auxil. commun] Cette femme, cette berceuse qui t'a veillé et tenu un an malade sur ses genoux, m'a porté plus de douleur que n'eût fait un drap mortuaire (E. DE GUÉRIN, Journal, 1839, p. 279).
3. [Élision; te s'élide en t' devant une voy. ou un h muet. Dans la lang. pop. l'élision se fait même devant cons.] Je n'veux pas t'faire tort (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Retour, 1884, p. 169). Pis tu causeras si t'sais causer, quand qu't'auras travaillé (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 18).
Prononc. et Orth.:[], élidé devant voy. ou h non aspiré t' [t], il te voit et t'entend. L'élision se produit aussi devant cons. dans nous t(e) voyons (mais pas dans il te voit, ni à l'init., dans te lèves-tu?). Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. Pron. pers. atone de la 2e pers. du sing. I. A. 1. régime dir. a) fin Xe s. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 305: nos te laudam; 359: Nos te praeiam); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 490: si t'oüsse guardet); id. enclitique net [ne te]; jat [ja te] (ibid., 360; 453); b) compl. d'un inf. dépendant lui-même d'un verbe à un mode pers., te précède ce dernier verbe; fin Xe s. placé entre l'inf. et le verbe (Passion, 68: salvar te ving); ca 1050 en tête du groupe verbal (St Alexis, 134: ne n'en sai la contrede U t'alge querre; 153: Ja n'avras mal dunt te puisse guarir); 2. régime indir., 2 compl. se rapportent au même verbe a) fin Xe s. te précède le régime dir. [dém. neutre] (Passion, 56: non t'o permet tos granz orgolz; 188; 299); ca 1050 id. [indéf.] (St Alexis, 224: tut te durai); id. subst. (ibid., 393: Malvaise guarde t'ai fait); b) ) 1174-87 te suit le régime dir. pron. pers. de la 3e pers. (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 1373: Ces armes, qui les te bailla?); 1176 (ID., Cligès, éd. A. Micha, 690: Comant le t'a il tret?); ) fin XIIe s. te précède ce pron.; enclise (Prise d'Orange, éd. Cl. Regnier, réd. AB, 1280: Pris a Guillelme, ne tel celerai mie); ca 1200 (JEAN BODEL, Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 798). B. Élément du verbe pronom. non réfl.; te placé devant le verbe de la 2e pers. ca 1050 (St Alexis, 417: Filz, t'es deduit par alïenes terres!). II. Place de te A. phrases jussives 1. te placé devant le verbe a) fin Xe s. verbe au subj. de souhait à visée de commandement [enclise] (Passion, 295: De me t membres); b) ) ca 1050 verbe à l'impér. précédé de car (St Alexis, 52: Filz, quar t'en vas colcer); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3589, 3892); ) ca 1276 id. précédé d'une nég. (ADAM DE LA HALLE, Jeu de la Feuillée, éd. E. Langlois, 273: Ne t'en caut); id. te placé devant l'inf. compl. d'un verbe à l'impér. (surtout, semble-t-il dans le domaine pic.) (ibid., 363: Biaus niés, va te sir); c) ca 1170 verbe à l'inf. constituant une prop. indép. de défense (Rois, éd. E. R. Curtius, I, 4, 20, p. 11: Ne te tamer); 2. te placé apr. l'impér., fréq. lorsque ce qui suit le pron. est étroitement lié au verbe (fréq., semble-t-il dans les textes pic.; v. MÉNARD Synt.,40, rem. 2); FOULET,169; cf. toi II B 1 a) 1174-76 (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 1221: Reis, purpense te mielz); 1205-50 (Renart, éd. M. Roques, 5545: « Isengrin, fui te... »); ca 1210 (RAOUL DE HOUDENC, Meraugis, 2145 ds T.-L.: met t'a la voie!); ca 1274 (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 2143: Tais te, vielle). B. À partir du XIIe s., te peut se placer en tête de prop. apr. un subordonnant [cf. toi II A 1 b] ca 1160 (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 9076: faire tel samblant d'amor dont te repentes aucun jor); ca 1170 (Rois, I, 10, 8, p. 19: fai ço que te plaist). C. Id. régime de verbe unipers. sans support de il, te se place apr. le verbe [cf. toi II A 2 a] (ibid., II, 2, 1, p. 62: Plaist te sire, que je en alge...?). D. Ca 1190 dans une phrase interr., te peut se placer devant le pron. suj. (Renart, 8863: Renart, viaus te tu confesser?). Du lat. te « toi » acc. de tu (v. tu) en position atone. Fréq. abs. littér.:82 973. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 110 740, b) 131 033; XXe s.: a) 116 452, b) 118 138. Bbg. STEFANINI (J.). La Voix pronom. en anc. et en moy. fr., Aix-en-Provence, 1962, pp. 86-96.
Te [teø]
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♦ Symbole chimique du tellure.
Encyclopédie Universelle. 2012.