pareil, eille [ parɛj ] adj. et n.
• 1155; lat. pop. °pariculus, du lat. class. par → 1. pair
I ♦ Adj.
1 ♦ Semblable par l'aspect, la grandeur, la nature. ⇒ identique, même, semblable, similaire. « il n'y a pas, de par le monde entier, deux grains de sable [...] , deux mains ou deux nez absolument pareils » (Maupassant). Ils ne sont pas pareils : ils ne se ressemblent pas. Ils ont tous les deux un pareil amour des animaux. ⇒ égal, 1. équivalent, même. Ce n'est pas pareil : ce n'est pas comparable, c'est différent. Et votre santé ? — Toujours pareille, semblable à elle-même, sans changement. ⇒ immuable. Hier à pareille heure, à la même heure.
♢ PAREIL À. L'un est pareil à l'autre. ⇒ comparable. — Loc. littér. À nul autre pareil : sans égal. — (Servant à introduire une compar.) ⇒ comme. « L'Océan, pareil au bœuf qui beugle » (Hugo).
2 ♦ De cette nature, de cette sorte. ⇒ tel. En pareil cas. À une heure pareille ! si tard; si tôt. « Jamais il ne se sera vu un réveillon pareil » (A. Daudet). Ne laissez pas passer une occasion pareille. En pareille occasion.
3 ♦ Adv. Pop. ou fam. ⇒ pareillement (cf. De même). « Deux grandes jeunes filles “habillées pareil” » (Allais). Essayez de faire pareil. « La mère ment : — Je vous aime pareil mes trois enfants » (Duras).
II ♦ N. (1210)
1 ♦ Vieilli Personne ou chose semblable ou équivalente (à celle dont il est question). Cette étoffe est superbe, il faudra trouver la pareille. (Avec l'adj. poss.) Personne du même caractère, de la même qualité, de la même condition, d'un rang égal. « si vous aviez épousé une de vos pareilles » (Molière). ⇒ congénère, 1. pair, semblable. — Ne pas avoir son pareil, sa pareille : être extraordinaire, sans équivalent.
♢ SANS PAREIL(LE) : qui n'a pas son égal. ⇒ excellent, exceptionnel, incomparable, inégalable, vx nonpareil, supérieur. « Ces fables, d'une naïveté sans pareille, vrai trésor de mythologie celtique » (Renan).
2 ♦ N. f. (1380) RENDRE LA PAREILLE (à qqn) :faire subir à qqn un traitement analogue à celui qu'on a reçu. ⇒ payer (de retour), région. réciproquer (cf. Œil pour œil, dent pour dent). « Trompeurs, c'est pour vous que j'écris : Attendez-vous à la pareille » (La Fontaine).
3 ♦ N. m. Fam. Loc. C'est du pareil au même : c'est la même chose. ⇒ kif-kif (cf. Bonnet blanc et blanc bonnet). « ça m'a l'air aussi moche qu'ailleurs. — C'est du pareil au même » (Barbusse).
⊗ CONTR. Autre, contraire, différent, dissemblable, inégal.
● pareil adverbe Familier. De la même façon : S'habiller pareil. ● pareil nom masculin Familier. C'est du pareil au même, c'est la même chose, cela revient au même. ● pareil (expressions) nom masculin Familier. C'est du pareil au même, c'est la même chose, cela revient au même. ● pareil, pareille adjectif (bas latin pariculus, du latin classique par, paris, égal) Qui est semblable par l'aspect, la nature, la valeur, etc., à quelqu'un ou quelque chose d'autre : Ces deux anneaux sont pareils. Indique que quelque chose, quelqu'un est exceptionnel, extraordinaire par quelque aspect (mélioratif ou péjoratif) : Comment peux-tu sortir avec un pareil individu ? ● pareil, pareille (difficultés) adjectif (bas latin pariculus, du latin classique par, paris, égal) Emploi 1. Pareil = adverbe. Tournure incorrecte (elles sont habillées pareil toutes les deux ; Paul s'habille toujours pareil). Recommandation Dire ou écrire de la même façon, de la même manière, pareillement ou tourner la phrase autrement : elles sont habillées de la même façon toutes les deux ; Paul porte toujours les mêmes vêtements. 2. Pareil à / pareil que. Recommandation Dire ou écrire : il est pareil à nous, il est comme nous (et non il est pareil que nous). Orthographe Sans pareil, loc. adj. Lorsque le nom auquel sans pareil se rapporte est féminin, pareil s'accorde en genre et en nombre avec ce nom : une intelligence sans pareille ; des beautés sans pareilles. Lorsque le nom est masculin, l'accord en nombre est le plus fréquent (des talents sans pareils) mais il demeure facultatif (des talents sans pareil). Remarque L'invariabilité, plus rare, n'est pas incorrecte : des perles sans pareil (= sans rien de pareil). L'accord semble cependant plus conforme à la tendance actuelle de l'usage. ● pareil, pareille (expressions) adjectif (bas latin pariculus, du latin classique par, paris, égal) Littéraire. À nul autre pareil, extraordinaire. Rester pareil à soi-même, demeurer le même à travers le temps sans être affecté par les accidents de la vie. ● pareil, pareille (synonymes) adjectif (bas latin pariculus, du latin classique par, paris, égal) Qui est semblable par l'aspect, la nature, la valeur, etc....
Synonymes :
- analogue
- égal
- équivalent
- même
Contraires :
- différent
- distinct
- divers
Rester pareil à soi-même
Synonymes :
● pareil, pareille
nom
(Avec un possessif) Les personnes de même condition, de même mentalité : Beaucoup de tes pareils ont rapidement échoué.
● pareil, pareille (expressions)
nom
N'avoir pas son pareil, être remarquable dans son cas, en parlant de quelqu'un.
Sans pareil, incomparable.
● pareil, pareille (synonymes)
nom
Les personnes de même condition, de même mentalité
Synonymes :
- congénères
- semblables
pareil, eille
adj., adv. et n.
rI./r adj.
d1./d Semblable, identique, analogue.
|| L'an passé, à pareille époque, à la même époque.
d2./d Tel, de cette nature. Vous n'allez pas sortir par un temps pareil!
rII./r adv.
d1./d Pop. De la même manière. Elles sont coiffées pareil.
d2./d Pop. Aussi, également. Tu rentres? Moi pareil.
d3./d (Québec) Fam. Quand même. Il pleut, mais elle y va pareil.
rIII/r n.
d1./d Personne égale, semblable à une autre; pair.
|| Il n'a pas son pareil au monde: il est extraordinaire, sans égal.
d2./d Chose équivalente, semblable à une autre. J'ai un chandelier et je cherche le pareil.
d3./d n. f. Rendre la pareille à qqn, lui faire subir le traitement qu'on a reçu de lui.
⇒PAREIL, -EILLE, adj., subst. et adv.
I. —Adjectif
A. —Qui présente une identité ou une ressemblance plus ou moins totale.
1. [Pour introd. une compar. implicite] Semblable (à une autre personne ou une autre chose) par l'aspect, la grandeur, la nature, la valeur ou tout autre point de vue considéré. Synon. identique, même, semblable, similaire. Ce fauteuil, c'était un cadeau du fils pour la mère quand elle serait vieille (...). Et l'on brûlait le bois, et on gardait pieusement l'étoffe. Plus tard, peut-être pourrait-on refaire un fauteuil pareil (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.335). Il se trouvait laid depuis qu'il avait constaté qu'il avait un oeil plus petit que l'autre, et le visage pas pareil des deux côtés (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.84):
• 1. Pour exciter le jeune héros à la défense de son pays, il appelle toutes les passions, touche toutes les cordes du coeur. Ce fut sans doute un pareil chant qui ramena une troisième fois à la charge les Lacédémoniens vaincus, et leur fit conquérir la victoire, en dépit de la destinée.
CHATEAUBR., Essai Révol., t.1, 1797, p.148.
— Expr. À pareil jour, à pareille heure (qu'aujourd'hui, que demain, etc.). Le même jour, à la même heure. À pareil jour que demain, je partis, je dis adieu, pour toujours apparemment, à Saint-Martin; mais que j'étais loin de penser que le maître du lieu en sortirait aussi bientôt! (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1841, p.446):
• 2. À cinq heures du soir (...) nous nous trouvâmes tous réunis au bord du lac; et cela le 14 juillet 1788. On sait que l'année suivante la Bastille fut prise à pareil jour, à pareille heure; de sorte que le reste de notre voyage correspond à l'époque la plus fameuse de notre histoire.
DUSAULX, Voy. Barège, t.1, 1796, p.199.
— Loc. adv. C'est (absolument, exactement, toujours, tout) pareil. C'est (absolument, exactement, toujours, tout à fait) la même chose. Aujourd'hui, ça n'est pas pareil. Merci pour Verhaeren. Tu as touché du premier coup le défaut de la cuirasse. Manque de variété. C'est tout pareil. Quand on en a lu un, on en a lu mille (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1905, p.138). —Eh bien, et toi? fit-il. Qu'est-ce que tu deviens? (...): —Toujours pareil... je travaille; mais la littérature, c'est terriblement difficile... (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p.166):
• 3. —Tra la la la!... se corriger!... répétait la vieille mère, en prenant son air mauvais. Tra la la la, ma fille!... se corriger!... c'est la tête de son père, c'est la même chose, c'est tout pareil, et vous n'avez pas fini d'en voir avec lui; moi, je vous le dis.
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.255.
2. [Pour introd. une compar. explicite] Pareil à. Comparable, semblable à une autre personne, ou à une autre chose. Le désir des choses défendues, pareil à une hirondelle infatigable, volerait toujours au-dessus de leurs têtes sans jamais y poser son aile (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p.98). J'affectai en tous lieux d'être pareil aux autres, et je ne m'interrompis jamais de les dédaigner secrètement (BARRÈS, Homme libre, 1889, p.12). À travers cette brume le soleil monte pareil à une grenade (GIONO, Colline, 1929, p.64).
Rem. Dans la lang. correcte, pareil n'admet que la prép. à comme corrélatif; dans la lang. pop., en partic. dans la lang. parlée, on rencontre le tour pareil que: Chez lui c'est pareil que chez moi.
— Expr. littér. À nul(le) autre pareil(le) ou (vieilli) non pareil(le). Sans égal, incomparable. Le chevalier incomparable et son non pareil écuyer (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p.379). Je rêvais d'une tragédie à l'antique qui se déroulerait (...) dans ce décor non pareil: Stamboul et le Bosphore (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.47):
• 4. Une des ambitions les plus amusantes chez des gens peuple (...) c'est de faire une femme du monde quelconque. Cette conquête est pour leur vanité de démocrate un chatouillement à nul autre pareil...
GONCOURT, Journal, 1890, p.1167.
B. —[En parlant d'une pers.] (Demeurer, être, rester) pareil (à soi-même). (Rester) inchangé, en dépit de l'évolution temporelle. Il tapota ma joue après m'avoir donné l'absolution, pour me calmer. J'entends le ton de sa voix devenue douce et me disant: «Puisses-tu rester toujours pareil!...» (BOURGET, Disciple, 1889, p.86). Notre regard, borné à un petit nombre de siècles, peut reconnaître dans le passé l'homme toujours pareil à lui-même, admirer qu'il n'ait point changé depuis le temps des pharaons (GIDE, Nouv. Nourr., 1935, p.291):
• 5. ... les yeux de M. Baslèvre parcoururent la chevelure et la barbe de Gustave (...). —Tu es vraiment changé, —achevat-il, peut-être pour dire quelque chose. Gustave eut un mouvement d'épaules indifférent: —Si tu te figures que tu es resté pareil!...
ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p.12.
C. —[Avec une valeur dém.] De cette nature, de cette sorte.
1. [Pour marquer la ressemblance, la similitude] Synon. de tel(le). En un pareil moment; en une pareille circonstance, occasion; rien de pareil ne s'était produit. Avec ses maîtresses d'avant, jamais il n'avait connu rien de pareil; non, ceci était différent (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p.270). Le rapport qu'ils jugent décisif a été rédigé en octobre ou novembre 1897 (...). Que signifie un pareil document, sinon que l'état-major lui-même a dû reconnaître que le premier était sans valeur? (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p.428):
• 6. Un autre tableau (...) intitulé: L'Éternel l'avait donné, l'Éternel l'a ôté (...). Une femme assise pleure devant un berceau vide; une autre debout, silencieuse, la regarde, les larmes aux yeux. —Donnez un pareil sujet à un peintre de France et voyez comme il le traiterait; ce serait, à coup sûr, la vignette de romance...
HUYSMANS, Art mod., 1883, p.169.
— Expr. En pareil cas. Dans des circonstances analogues (à celles dans lesquelles on se trouve, auxquelles on fait allusion). En pareil cas, il faut être prudent. Ils passaient en titubant, s'accrochant pour ne pas tomber, et heurtant de la tête ceux qui dormaient: chacun pour soi en pareil cas, on ne prend plus garde à personne (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.140):
• 7. —Eh bien! enfants, une forte journée devant nous! si l'héritage est tout labouré ce soir, je paye une tournée de vin rouge!... qui va me rentrer mes foins avant l'orage? (...) En pareil cas, Gilbert était le premier à partir, à revenir, à se proposer...
R. BAZIN, Blé, 1907, p.51.
2. [Pour marquer l'intensité]
a) [Avec une valeur emphatique, laudative] Dès sept heures du matin, elle m'apportait elle-même une tasse de chocolat. Je n'en ai jamais bu de pareil. Un chocolat à s'en faire mourir (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Morin, 1882, p.853). C'est insensé de me faire un pareil présent (HERMANT, M. de Courpière, 1907, p.9):
• 8. ... si vous aviez consenti à m'écouter pendant le dîner, je vous aurais démontré que le groupe d'hommes politiques auquel j'appartiens est à deux doigts du pouvoir. Ce n'est pas dans un pareil moment que vous devez renoncer à vos devoirs de maîtresse de maison.
A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.91.
b) [Avec une valeur péj.] Voyons, chéri, tiens-toi tranquille... vrai, je ne peux pas... Steiner est là-haut. Mais il était fou; jamais elle n'avait vu un homme dans un état pareil (ZOLA, Nana, 1880, p.1243). Qu'est-ce qui m'a foutu un canasson pareil? Ça serait bien capable de vous ruer par la gueule... (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.62):
• 9. Qui est-ce qui m'a bâti un polichinelle pareil! Tu vas voir, tout à l'heure, si je ne vais pas me lever et t'aller rappeler, à coups de bottes dans les fesses, au sentiment des convenances!
COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., 5, p.49.
— Expr. À une (des) heure(s) pareille(s), à pareille heure. À une heure aussi inhabituelle (matinale ou tardive). —Qui vous a laissée venir ici, maman, pourquoi? dit M. de Clergerie. À une heure pareille! de si bon matin (BERNANOS, Joie, 1929, p.533). Nous sommes trop faibles avec elle, Eugénie. Une fille de quinze ans ne doit pas courir les forêts, à pareille heure (GIRAUDOUX, Ondine, 1939, I, 1, p.12):
• 10. Il s'assit à côté d'elle (...): —Eh bien! dit-elle, vous voilà... quelle heure est-il? —Celle d'aller se coucher. C'est honteux d'être debout, à nos âges, à des heures pareilles. Qu'est-ce que vous en pensez, Juliette?...
MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.70.
II. —Substantif
A. —Masc. ou fém.
1. Chose identique ou équivalente à une autre chose prise comme élément de comparaison. Ce manteau à pèlerine dont j'avais tant désiré porter le pareil (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.539). Chères demoiselles, qui vivez dans cette demeure dont on ne voit pas la pareille à l'étranger pensez aux grandes oeuvres de la France (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.156):
• 11. —Un beau couple tout de même, faut vous marier ensemble, mes enfants, pour conserver l'espèce. Il continua: —Les gens, c'est comme les bêtes, sauf vot' respect. Une supposition, un cheval vaut huit cents francs; si on trouve son pareil, chacun des deux en vaut mille.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p.43.
2. [Souvent précédé d'un adj. poss.] Personne semblable par la condition, le rang social, le caractère, la mentalité. Tout ce que nous demandons, c'est que le plus indigne ne soit pas mis, et laissé, à la tête, et qu'ensuite on ne le remplace pas par un pareil à lui (PÉGUY, Argent, 1913, p.1202). Je sais que la police l'a à l'oeil, et c'est du reste ce qui peut lui arriver de plus heureux pour ne pas finir comme tous ses pareils, assassiné par des apaches (PROUST, Prisonn., 1922, p.311). Jupiter: Tu vois bien que nous sommes pareils. Égisthe: Pareils? Par quelle ironie un dieu se dirait-il mon pareil? (SARTRE, Mouches, 1943, II, tabl. 2, 5, p.77):
• 12. ... l'on rencontre ici, dans les rues, des marchands dont toute l'industrie consiste à vendre des allumettes fabriquées à Vienne et qu'ils crient sous le nom de koughesta féringhi! (allumettes européennes!) avec toute la bonne grâce que pourraient y mettre leurs pareils d'Europe.
GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p.248.
3. Expr. [Avec une valeur emphatique] N'avoir pas son pareil, sa pareille.
a) [En parlant d'une pers.] Être remarquable dans un domaine particulier. Couturière qui n'a pas sa pareille. Pour sûr, il n'avait pas son pareil, et quand il avait un verre dans le nez, il aurait fait rire un tas de cailloux, avec ses histoires (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p.103). Il n'y avait pas son pareil, dans un incendie, pour arracher un enfant des flammes et le rapporter à sa mère (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.75).
b) [En parlant d'une chose] Être unique en son genre, sans équivalent. Panorama qui n'a pas son pareil:
• 13. Vous planteriez, ô Melbournois!
Sur vos coteaux barbares,
Les plus fins de nos ceps gaulois,
Nos «pineaux» les plus rares,
En vain! (...)
Ils ont besoin de ce soleil
Qui couve notre France
Et n'a nulle part son pareil
PONCHON, Muse cabaret, 1920, p.86.
4. Loc. adj. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Sans pareil(le). Incomparable. [Wagner] C'est vraiment le plus étonnant des hommes, et un génie sans pareil (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1870, p.156). C'est un rôle principal à cette heure que celui d'un médecin dans les hôpitaux de la France. Un rôle sans pareil (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1914, p.110):
• 14. ... plutôt que de le pousser dans un bar, rue de Rivoli, boire des cocktails, je le menai chez la veuve Moreau (...), place de l'École. —Tenez, lui dis-je. Voici ce que la France produit de plus raffiné. C'est un bistro unique au monde, sans pareil, vous n'avez pas ça à Londres.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.310.
B. —Fém., dans l'expr. rendre, valoir la pareille (à qqn). Agir (en bien ou en mal) envers quelqu'un comme il a agi lui-même, en des circonstances semblables. En me tenant devant l'autel de Dieu, pécheur, mais prêtre, ton souvenir m'accompagne. Tu me rendras la pareille en m'aimant et me faisant participer à tes prières (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p.10):
• 15. Pour le grec, l'édition devrait être soignée par quelqu'un qui l'entendît et qui voulût prendre la peine d'y ajouter les accents (...). M. Boissonade (...) pourrait se charger de cet ennui (...). J'hésite d'autant moins à l'en prier que je puis lui rendre la pareille, étant tout à son service pour quelque collation ou notice de manuscrits qu'il lui faille de Rome ou (...) de Florence.
COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1808, p.780.
C. —Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, dans l'expr. fam. c'est du pareil au même. V. même I B 2.
III. —Adverbe
A. —De la même façon (que). Deux jumelles habillées (tout) pareil. Je fais ce qu'on veut, je dis ce qu'on demande, on me tripote pareil une poupée en mastic (BERNANOS, Imposture, 1927, p.476). Joseph est allé voir l'artilleur. Il est couché toujours pareil. Il a la figure dans la terre (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.56).
— Expr. Faire pareil (que qqn). Agir de la même façon. Le brigadier, il tenait plus par la chaleur... Il a tombé la tunique... Les autres ils ont fait pareil... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.650).
Rem. Cet empl., critiqué par la plupart des grammairiens, est fort répandu dans la lang. parlée.
B. —Région. (Canada)
1. Quand même, malgré tout. On a été malchanceux tout du long. Mais nous voilà revenus pareil, et ça fait toujours une «job» de faite (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.84).
2. Comme pareil, pareil comme. Tout comme. Et même dans les chantiers, à cette heure, ils sont nourris pareil comme dans les hôtels, avec de la viande et des patates tout l'hiver (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.74). L'année qu'il a fait si chaud, une année à puces qu'elles grouillaient sur les gens comme pareil aussi sur les bêtes (AYMÉ, Le Vin de Paris, Paris, Gallimard, 1947, p.103).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) mil. XIIes. «qui est semblable à quelqu'un» (le Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 265); 1399-1400 pareil de (JEAN FROISSART, Chroniques, I, 521, éd. Luce, VI, 128); ca 1500 pareil que (PHILIPPE DE COMMYNES, Mém., VIII, 13, éd. J. Calmette, III, 204); b) empl. en valeur adv. id. (ID., ibid., 10, ibid., II, 63); 2. 1181-90 «de cette nature» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. W. Roach, 6532); ca 1590 en pareil cas (MONTAIGNE, Essais, III, 5, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 893); 3. 1580 «se dit de quelque chose qui reste le même à travers l'évolution temporelle» (ID., ibid., 12, ibid., 579); 4. 1599 à nulle autre pareil «sans égal» (MALHERBE, Consolation à Monsieur Du Perier, 73); 5. 1666 «si grand, si extraordinaire» (MOLIÈRE, Mélicerte, II, 6, p.429); 1838 à pareille heure (HUGO, Ruy Blas, V, 2, p.448). B. Subst.1. mil. XIIes. «personne semblable à une autre» (Le Jeu d'Adam, éd. cit., 11); fin XIIe-2e moitié XIIIes. «personne de même sorte, compagnon» ([Estoire de] Floire et Blancheflor, éd. M. M. Pelan, 941 [mais v. la note éd. citée vers 602]); 2. 1188 n'avoir son paroil (AIMON DE VARENNES, Florimont, 3705 ds T.-L.); 3. 1204 sans pareil «sans égal» (RECLUS DE MOLLIENS, Charité, 174, 6, ibid;); 4. ca 1559 subst. fém. rendre la pareille (AMYOT, Pélop., 12 ds LITTRÉ); 5. 1866 fam. du pareil au même (DELVAU, p.283). Du lat. pariculus (att. une fois sous la forme adj., dans les Remissoria de la Loi Salique, éd. Geffeken, 101 d'apr. FEW t.7, p.650b), élargissement du lat. class. par «égal». Fréq. abs. littér.: 13884. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 17391, b) 24617; XXes.: a)23720, b) 16749. Bbg. GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Transø, 1972, p.53, 80, 233. — QUEM. DDL t.16.
pareil, eille [paʀɛj] adj., n. et adv.
ÉTYM. 1155; du lat. pop. pariculus, du lat. class. par, paris. → Pair.
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I Adj.
1 (Épithète postposée au nom ou attribut). Qui est semblable par l'aspect, la grandeur, la nature, qui a les mêmes caractéristiques. ⇒ Identique, même, semblable, similaire, uniforme. || Réunir (⇒ Appareillement, 2. appareiller, rappareiller), séparer deux choses pareilles (⇒ Dépareiller). || Caractère de plusieurs choses pareilles. ⇒ Conformité, uniformité. || Malgré les apparences, la peur de la mort est pareille chez tous les hommes (→ Commun). || Conceptions pareilles (→ Analogue, cit. 3). || On allait au même but par un chemin pareil (→ Atténuation, cit.). || Effets pareils produits par des causes (cit. 15) différentes. || Ils sont bien tous pareils ! || Des rues aux maisons toutes pareilles (→ Loqueteux, cit. 2). || Tous les soirs étaient pareils (→ Autre, cit. 45).
♦ (Temporel). Qui ne change pas, qui reste identique à soi-même. || La vie se déroule (cit. 11), toujours pareille, avec la mort au bout. || J'en ai assez, c'est toujours pareil (→ C'est toujours la même chose, la même histoire).
1 Ayant, en outre, posé cette vérité qu'il n'y a pas, de par le monde entier, deux grains de sable, deux mouches, deux mains ou deux nez absolument pareils, il me forçait à exprimer, en quelques phrases, un être ou un objet de manière à le particulariser nettement, à le distinguer de tous les autres êtres ou de tous les autres objets de même race ou de même espèce.
Maupassant, Pierre et Jean, « Le Roman ».
♦ Littér. (Antéposé). ⇒ Même. || Il est quatre heures; hier, à pareille heure, je me préparais à partir.
2 Il y a trois ans, à pareil jour, celui qui m'aimait, le seul homme au bonheur de qui j'eusse sacrifié jusqu'à ma propre estime, est mort (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 766.
⇒ Égal. || « L'infamie (cit. 1, Corneille) est pareille, et suit également Le guerrier sans courage et le perfide amant ».
♦ Non pareil. ⇒ Nonpareil (→ Argent, cit. 17).
♦ Pareil à : qui a les mêmes caractéristiques que. ⇒ Comparable, conforme; identique, semblable. || Tâche de trouver de l'étoffe pareille à l'échantillon. || Images identiquement pareilles à celles qu'ont révérées les ancêtres (→ Immuable, cit. 5). || « L'Océan, pareil au bœuf qui beugle » (cit. 1, Hugo). || Ses cheveux encore mouillés et pareils à des algues (→ Étaler, cit. 44). || Cette route nationale (cit. 4), jamais pareille à elle-même. || « Le fleuve est pareil à ma peine… » (→ Tarir, cit. 4, Apollinaire).
3 Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux
Son front audacieux.
Racine, Esther, III, 9.
4 Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », LVI, II.
4.1 C'est une rue pareille aux autres. Le gamin l'a conduit jusque-là et l'a laissé seul, devant une maison comme les autres, et lui a dit : « C'est là. » Le soldat a regardé la maison, la rue, d'un côté puis de l'autre, et la porte. C'était une porte comme les autres.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 94.
♦ ☑ Loc. Littér. À nul autre pareil : sans égal (→ Dévotion, cit. 8). || « La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles » (→ Beau, cit. 79, Malherbe).
♦ Vx. || Pareil de…, Pareil que… (cf. Commynes, Corneille, in Littré). Mod. Pop. ou enfantin (fautif). || Pareil que… Identique à. || Ici, c'est pareil que chez nous. || Ils sont bien pareils que leur père.
2 Épithète antéposée (littér.) ou postposée (cour.) au nom. De cette nature, de cette sorte; aussi extraordinaire (en bonne ou en mauvaise part). ⇒ Tel. || En pareil cas (→ Brasse, cit. 1; chacun, cit. 14; divertissement, cit. 3). || En pareille occurrence (→ Faire, cit. 212). || En un pareil moment (→ Déserter, cit. 4). || Dans une pareille occasion (→ Dire, cit. 74), dans une occasion pareille. || On n'a jamais vu pareille chose (ou : une chose pareille). || Rien de pareil ne s'était produit depuis… (→ Abracadabra, cit. 3). || Voilà longtemps que je n'avais goûté pareille joie (→ Cambrure, cit. 3). || Jamais il ne s'est trouvé à pareille fête (→ aussi Gymnastique, cit. 16). || Je ne sais qui vous a donné le droit de m'écrire dans de pareils termes (→ Gageure, cit. 5). || Quant aux yeux, il n'en exista jamais de pareils (→ Œil, cit. 18). || Qui m'a donné un enfant pareil !
5 Est-ce croyable ! je vous le demande ! une laideron pareille ?
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, II.
6 (…) toutes ces carafes qui flambent pleines de vins de toutes les couleurs (…) Et la vaisselle d'argent, les surtouts ciselés, les fleurs, les candélabres ! (…) Jamais il ne se sera vu un réveillon pareil.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Trois messes basses », I.
7 On n'avait pas rencontré depuis des années, une pareille puissance d'idées générales mariée à une telle ampleur d'érudition (…)
Paul Bourget, le Disciple, I.
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II N.
1 Personne ou chose semblable ou équivalente (à celle dont il est question). || Cette étoffe est très belle, il faudra trouver la pareille.
8 (…) sur ces commodes des marchandises de toute espèce; deux trictracs; autour de l'appartement, des chaises assez belles, mais pas une qui eût sa pareille (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 690.
♦ Spécialt. (Avec un adjectif possessif). Réplique physique ou morale d'une personne. ⇒ Jumeau (cit. 5). || Son pareil, sa pareille. ⇒ Semblable. — Personne du même caractère, de la même qualité, de la même condition, d'un rang égal… (surtout au plur.). || « Mes pareils à deux fois ne se font point connaître » (→ Coup, cit. 56, Corneille; et aussi 2. Cancre, cit. 1; dédaigneux, cit. 1). || « Lynx envers (1. Envers, cit. 6) nos pareils, et taupes envers nous » (La Fontaine). ⇒ Congénère (péj.), pair, semblable (nos semblables).
9 Oui, notre gendre, elle est votre femme; mais il ne vous est pas permis de l'appeler ainsi, et c'est tout ce que vous pourriez faire, si vous aviez épousé une de vos pareilles.
Molière, George Dandin, I, 4.
♦ ☑ Ne pas avoir son pareil, sa pareille (→ École, cit. 21) : ne pas avoir d'équivalent, être extraordinaire, supérieur à tout le reste. || Elle n'a pas sa pareille au monde.
♦ (Autres emplois négatifs). || La prose française dont la pareille ne se trouve nulle part (→ Chef-d'œuvre, cit. 4). || On n'eût pas trouvé son pareil pour… (→ Gargariser, cit. 1). — ☑ Sans pareil, sans pareille : qui n'a pas son égal. ⇒ Beau, excellent, exceptionnel, incomparable, nonpareil, supérieur. — (En mauvaise part). || Une effronterie sans pareille (→ Impudent, cit. 5).
10 Ce mélange d'eau, de neige et de feu, fait de Grenade un climat sans pareil au monde, un véritable paradis terrestre (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 164.
11 Les chevaux andalous, et ceux-ci étaient cependant des rosses authentiques, n'ont pas leurs pareils pour la montagne. Ils sont si dociles, si patients, si intelligents, que ce qu'il y a de mieux à faire, c'est de leur laisser la bride sur le cou.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 193.
12 Ces fables, d'une naïveté sans pareille, vrai trésor de mythologie celtique (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, Œ. compl., t. II, p. 73.
2 N. f. ☑ (1380). La pareille (avec quelques verbes). || Rendre la pareille : faire subir à quelqu'un un traitement analogue à celui qu'on en a reçu. ⇒ Payer (de retour), réciproque (rendre la réciproque), tac (répondre du tac au tac), talion (faire subir la peine du talion); → 2. Critique, cit. 27.
13 Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille.
La Fontaine, Fables, I, 18.
♦ ☑ (1534). Loc. adv. Vx (langue class.). À la pareille : de la même manière; en échangeant des sentiments, des services égaux.
3 N. m. ☑ Loc. fam. C'est (ça serait…) du pareil au même : c'est exactement la même chose (→ fam. C'est du kif, c'est kif-kif; c'est bonnet blanc et blanc bonnet). ⇒ Même (supra cit. 21).
14 — Dis donc, ça m'a l'air aussi moche qu'ailleurs.
— C'est du pareil au même.
H. Barbusse, le Feu, I, V.
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III Adv. (Fin XVe). Pop. ou fam. De même, de la même façon. ⇒ Pareillement. || Essaye de faire pareil !
15 Il y avait le papa, la maman, deux grandes jeunes filles, « habillées pareil », d'une vingtaine d'années, et une autre petite fille.
A. Allais, Contes et Chroniques, p. 262.
♦ Régional :
16 Non, c'est d'Achille que je veux parler, Guérillot Achille, quoi, qui nous est mort voilà quinze ans, pour bien dire, l'année qu'il a fait si chaud, une année à puces qu'elles grouillaient sur les gens comme pareil aussi sur les bêtes.
M. Aymé, le Vin de Paris, p. 103.
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CONTR. Autre, contradictoire, contraire, différent, dissemblable, inégal, nonpareil.
DÉR. et COMP. 2. Appareiller, dépareiller, nonpareil, pareillement.
Encyclopédie Universelle. 2012.