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TALION
TALION

TALI

Système répressif qui consiste à punir l’offense d’une peine identique à cette offense (talion vient du latin talis , tel). On l’exprime souvent par la formule du Lévitique (XXIV, 20): «Œil pour œil, dent pour dent.» Cette stricte réciprocité traduit un sentiment de vengeance, mais d’une vengeance qui n’est plus discrétionnaire. Le talion se situe donc dans un régime répressif qui n’est plus celui de la seule vengeance privée et où déjà une autorité supérieure intervient, au moins pour en contrôler la mise en œuvre, voire pour prononcer la peine. Le talion est signalé dans les paragraphes 196, 197, 200, 210 du code d’ Hammourabi, souverain de Babylone (\TALION 1728-\TALION 1686). Au contraire, dans la collection de règles juridiques désignée sous le nom de Code hittite, qui nous renseigne sur le droit appliqué en Asie Mineure au \TALION XIVe siècle, le talion est déjà remplacé par des peines pécuniaires. Le Lévitique, composé au \TALION Ve siècle, mais qui conserve des éléments beaucoup plus anciens, fait encore une place au talion. Le talion fut également pratiqué dans la Grèce archaïque. La tradition attribuait à Zaleucos, le législateur de Locres en \TALION 663, son introduction à côté des compositions pécuniaires, pour remplacer la vengeance privée. Vers \TALION 600, dans la législation de Charondas à Catane, le talion cède la place à des actions en justice qui tendent à la réparation du préjudice subi par la victime et au paiement d’une amende à la cité. À Rome, la loi des Douze Tables (milieu du \TALION Ve s.) signale encore le talion pour un membre brisé, mais seulement si les parties n’ont pu se mettre d’accord sur une autre forme de réparation du préjudice (VIII, II). Le talion disparut de bonne heure, remplacé par des condamnations pécuniaires (Aulu-Gelle, Nuits attiques , XX, I, 37). Mais on trouve au Bas-Empire une pratique qui s’inspire quelque peu de l’idée du talion. Pour lutter contre le fléau des accusations téméraires, dans certains procès pénaux, le droit du Bas-Empire décida que l’accusateur qui ne pouvait faire la preuve de ses allégations s’exposait à la peine qui aurait frappé celui qu’il accusait. À la suite des invasions germaniques, alors que la vengeance privée tendait à reprendre une place laissée libre par la défaillance de la justice publique, le talion réapparut. Si la restauration d’une justice d’État entraîna à nouveau son déclin, on ne saurait affirmer que l’idée du talion ne subsista pas, plus ou moins consciemment, dans l’opinion populaire lorsqu’il s’agissait d’«apprécier» la peine.

talion [ taljɔ̃ ] n. m.
• v. 1395; lat. talio, de talis « tel »
Anc. dr. Châtiment qui consiste à infliger au coupable le traitement même qu'il a fait subir à sa victime. La loi du talion : l'institution de telles peines.
Fig. Le fait de rendre la pareille, de se venger avec rigueur (cf. Œil pour œil, dent pour dent). « Tu m'as pris Josépha, j'ai ta femme ! [...] C'est la vieille loi du talion ! » (Balzac).

talion nom masculin (latin talio, de talis, tel) Punition identique à l'offense, qui inspira la législation hébraïque exprimée par la formule célèbre : Œil pour œil, dent pour dent (Lévitique, XXIV, 17-23). ● talion (citations) nom masculin (latin talio, de talis, tel) Bible Tu donneras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, meurtrissure pour meurtrissure, plaie pour plaie. Ancien Testament, Exode XXI, 23-25 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Qui verse le sang de l'homme, par l'homme aura son sang versé. Ancien Testament, Genèse IX, 6 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Si un homme blesse un compatriote, comme il a fait on lui fera : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent. Tel le dommage que l'on inflige à un homme, tel celui que l'on subit. Ancien Testament, Lévitique XXIV, 19-20 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● talion (expressions) nom masculin (latin talio, de talis, tel) Loi du talion, loi qui exige de punir l'offense par une peine du même ordre que celle-ci ; fait de se venger avec cruauté.

talion
n. m. DR ANC Loi du talion: code selon lequel le coupable est châtié en subissant le traitement qu'il a infligé à sa victime. (cf. "oeil pour oeil, dent pour dent").
|| Fig. Appliquer la loi du talion: se venger avec une rigueur égale à celle dont on a été victime.

⇒TALION, subst. masc.
A. — DR. ANC. Loi du talion, ou absol., talion. Loi illustrée par la formule biblique « œil pour œil, dent pour dent » (Exode XXI, 23-25, Lév. XXIV, 19-20, Deut. XIX, 21) et qui prévoit pour le coupable un châtiment identique à l'offense commise, châtiment qui fut très tôt remplacé par une compensation pécuniaire proportionnelle au dommage infligé. Cromwell, croisant les bras: Ici donc la soif du sang te guide? Lord Ormond: J'y venais par le fer punir le régicide. Cromwell: Punir! quel est ton droit? Lord Ormond: Le droit du talion (HUGO, Cromw., 1827, p. 304). Le talion n'est pas comme la phrase du Lévitique qui prescrit la loi d'amour, une prescription morale, c'est une règle de jurisprudence (...) qui proportionne le châtiment à la gravité de la faute ou du crime commis (R. ARON, Lettre ouverte à l'Église de France, 1975, p. 49).
P. métaph. L'inconscient en est resté à la loi simpliste du talion. Quand le fils désire châtrer le père, il a lui-même peur de la castration (CHOISY, Psychanal., 1950, p. 68).
B. — P. ext.
1. Vengeance, représailles. Insensés! À quoi bon cette guerre âpre et rude, Ce duel, ce talion? (HUGO, Contempl., t. 2, 1856, p. 153). On notera le caractère collectif, ou pour mieux dire impersonnel, de tous les processus qui jouent dans la zone instinctive primaire de l'intelligence: identifications, aveuglement à la contradiction, affirmation en « tout ou rien », réaction de talion (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 613).
2. Punition, châtiment. Napoléon ne s'en allait point; il était chassé: et par qui? Bonaparte n'avait cru qu'à la fortune; il n'accordait au malheur ni le feu ni l'eau; il avait d'avance innocenté les ingrats: un juste talion le faisait comparaître devant son système (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 635).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1395 [éd. 1486] (BOUTILLIER, Somme rur., I, f° 76b ds GDF. Compl.). Empr. au lat. talio, -onis « id. », dér. de talis « tel ». Fréq. abs. littér.:38.

talion [taljɔ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1395; lat. talio, -onis.
Peine, châtiment qui consiste à infliger au coupable le traitement même qu'il a fait subir à sa victime. Justice; punition.Le talion, la loi du talion : l'institution de telles peines. || Le talion était pratiqué par les Hébreux (cf. Œil pour œil, dent pour dent).
0 Tu m'as pris Josépha, j'ai ta femme (…) C'est la vieille loi du talion !
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 151.
Fig. Le fait de rendre la pareille, de se venger avec rigueur.

Encyclopédie Universelle. 2012.