2. in- ♦ Élément locatif, du lat. in « en, dans » (var. il-, im-, ir-).
in- ou il-, im-, ir-
élément, du lat. in-, qui indique la négation, la privation (devant l, in devient il-; devant b, m, p, im-; devant r, ir-).
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ir-
Préfixe privatif, variante de in- devant un r.
⇒IN-1, IL-, IM-, IR-, préf.
Préf. négatif, issu du préf. négatif lat. in-, entrant dans la formation de très nombreux adj. (notamment en -able et en -é/-ée), plus rarement de subst.; il sert à indiquer la négation, la privation, l'absence ou le contraire de qqc.; le rad., gén. un adj., parfois un verbe, existe aussi dans d'assez nombreux termes empr. directement au latin.
A. — Adj., part. passé-adj.
1. Adj. (notamment en able/ible, où le préf. reste créatif). V. illisible, illogique; imbattable, imbuvable, immangeable, immanquable, immariable, immoral, imparable, impardonnable, impitoyable, imprécis; inabordable, inadmissible, inamissible, inappréciable, inapte, incapable, incertain, incessible, incroyable, indépendant, inébranlable, ineffaçable, inégalable, inesthétique, infaisable, inharmonieux, inhospitalier, inimaginable, ininflammable, introuvable, inusable, invraisemblable; irrattrapable, irrecevable, irréel, irremplaçable, irrespirable, irresponsable, irréversible, etc. Faites avec moi l'anatomie du mot INCONTESTABLE : vous y trouverez la négation IN, le signe du moyen et de la simultanéité CUM, la racine antique TEST, commune, si je ne me trompe, aux Latins et aux Celtes, et le signe de la capacité ABLE, du latin HABILIS(J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 123). V. aussi :
inchassable. « Qu'il est impossible ou difficile de chasser ». D'invincibles réminiscences d'Alma-Tadéma reviennent encore dans nombre de ses planches ainsi que d'inchassables souvenirs des albums d'Okou-Saï (HUYSMANS, Art. mod., 1883, p. 222). La nuit où revient, entre l'époux et l'épouse pardonnée, le souvenir inchassable de l'adultère (GONCOURT, Journal, 1895, p. 734). Puis, les jours, les mois avaient passé, sans nouvelles. Et l'ombre insaisissable s'épaississait autour de ce cœur de père, l'ombre inchassable de la souffrance humaine à laquelle cet heureux n'avait pas cru jusqu'ici (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 216)
incompossible, in-compossible , philos. « Qui ne peut exister en même temps qu'une autre chose ». Synon. incompatible. V. compossible rem. Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Une sorte d'absolu sans forme, fait d'une exaltation de tous les incompossibles dans l'irréalisable (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 152). Quand le savoir trouvera-t-il l'existence consistante et la consistance existante, le quid avec le quod, les incompossibles cumulés (JANKÉL, Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 56)
indécourageable. « Qu'il est impossible ou difficile de décourager ». Il aurait fallu la volonté unanime, la coalition permanente, obstinée, indécourageable, de toutes les puissances, et c'est la honte indicible de l'Europe que la vermine de Mahomet soit toujours sur les parties sexuelles du monde civilisé (BLOY, Journal, 1903, p. 193). Paisible et têtu, indécourageable (...), il aura répondu sans fin aux silences, aux lenteurs, aux difficultés de son retraitant (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 323)
indécouvrable. « Qu'il est impossible ou difficile de découvrir ». Je m'endormis d'un sommeil frère de la mort, comme une bête fauve longtemps chassée par les chiens et qui trouve enfin un gîte indécouvrable (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 83). Je suis amoureux du vrai en histoire, ce vrai que les passions politiques font, à l'heure qu'il est, indécouvrable (GONCOURT, Journal, 1872, p. 903). Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Je ne saurais ni découvrir ma mort, ni l'attendre, ni prendre une attitude envers elle, car elle est ce qui se révèle comme l'indécouvrable, ce qui désarme toutes les attentes, ce qui se glisse dans toutes les attitudes (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 630).
indéfaisable. « Qu'il est impossible ou difficile de défaire ». Des liens inextricables, indéfaisables, éternels (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1850, p. 175). Après Jésus, avec Jésus (...), ils inventèrent la chrétienté. À présent que c'est fait, c'est pas malin, il est facile de parler d'eux à la légère, fait pour toujours, fait pour éternellement, fait par eux et indéfaisable (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 132). Son calme regard dur voyait (...) l'événement passé, définitif, indéfaisable dont cet homme était cause (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 229)
indétachable. « Qu'il est impossible ou difficile de détacher ». Il y a aussi les feuilles indétachables du chêne qui remuent comme des oiseaux (RENARD, Journal, 1904, p. 892). Comme pour presque tous les fruits de ce pays, la chair est indétachable du noyau, ce qui fait qu'on ne peut que les sucer un peu, avant de les cracher (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 981). Le grand renom d'Auguste Comte (...) ne retraversait plus la mer! Il collait sur la Plata, indélébile, indétachable (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 408).
inémotif, -ive. « Qui n'est pas émotif ». La Sœur aidait avec une précieuse et inémotive efficacité (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 363). Quand il est inémotif, il est livré sans réactions aux événements occasionnels (MOUNIER, Traité caract., 1946p. 398). Emploi subst., psychol. Anton. émotif. L'inémotif-inactif (NENA), par obtusion, l'inémotif-actif (NEA), par objectivation (MOUNIER, Traité caract., 1946p. 280).
insoulevable. « Qu'il est impossible ou difficile de soulever ». Ce qui mettait sur son cœur un poids qu'il sentait dès lors insoulevable (BOURGET, Crime am., 1886, p. 263). Une sorte de voile insoulevable s'interposait entre le marbre et lui (, Aphrodite, 1896, p. 226). Mollement étalés (...) comme de rondes toiles d'araignées dont les fils minces et solides tiennent un cylindre noir, lourd, insoulevable, un coffre-fort! (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 403). Emploi subst. Ils commencèrent [au Louvre] par les insoulevables, par les cinquante tonnes, par les sphinx de granit (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 150). P. métaph. et au fig. Pourquoi cette insoulevable timidité sur mes paupières? (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 242). Le jour mat des Toussaints, un de ces paysages désespérés, au deuil lourd et insoulevable (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 317)
2. Part. passé-adj. (notamment en -é/-ée) où le préf. reste créatif. V. immérité, immotivé, impayé, impoli; inabrité, inaccentué, inaccoutumé, inachevé, inadapté, inanimé, inconditionné, indu, inégalé, inhabité, inoccupé, insoupçonné, invendu; irraisonné, irréfléchi, irrésolu, etc., et aussi :
inapproprié, -ée. « Qui n'est pas approprié; impropre ». Un lapsus (...) peut revêtir mille forme différentes; je puis prononcer, à la place du mot juste, mille mots inappropriés, imprimer au mot juste mille déformations (FREUD, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1923, p. 42). On peut faire retrouver une signification perdue, en changeant un rythme inapproprié (RUYER, Cybern., 1954, p. 194). Symboliser la mainmise du défricheur sur un ancien terrain collectif ou inapproprié (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 118).
inconfessé, -ée. « Qui n'est pas confessé, avoué ». Elle avait maintenant pour le souvenir de celui à qui elle s'était donnée un mélange de rancune et d'attrait inconfessés (ROLLAND, Âme ench., t. 2, 1925, p. 162). Du reposoir du Matterhorn, dressé sur le ciel translucide à des hauteurs de paradis, semblait descendre enfin l'indulgence plénière. La montagne protectrice de Zermatt, son autre Dieu inconfessé, lui serait-elle également propice? (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 13). Il y a beaucoup de suicides (...) qui ne se manifestent pas même à ceux qui en sont à la fois les victimes dociles et les auteurs inconfessés (ARNOUX, Seigneur, 1955, p. 141)
inéclos, -ose , littér. « Qui n'est pas éclos ». Les cloches des dolents dimanches sont des gloses Élucidant le cas des choses inécloses, De ce qui fut naguère et qui n'a pas duré : Raisin qui s'évapore aussitôt pressuré (RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 131). Rebutée par le positif, son âme inéclose et froissée essayait de la poésie (GIDE, Caves, 1914, p. 760). Chaussée de crêpe ou d'amarante Entre vos hautes malles inécloses (SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 290)
inéprouvé, -ée. « Qui n'a pas ou jamais été éprouvé ». Bonheur inéprouvé; sensation inéprouvée. Je cherche des parfums nouveaux, des fleurs plus larges, des plaisirs inéprouvés (FLAUB., Tentation, 1874, p. 189). C'était le désir de m'assimiler des émotions inéprouvées qui m'avait ensorcelé (BOURGET, Disciple, 1889, p. 147). Il connut quelques moments de clarté et de calme inéprouvés depuis des mois, antérieurs à ce long temps de passion et de douleur (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 413)
irréconcilié, -ée. « Qui n'est pas réconcilié ». Conscience et révolte, ces refus sont le contraire du renoncement. Tout ce qu'il y a d'irréductible et de passionné dans un cœur humain les anime au contraire de sa vie. Il s'agit de mourir irréconcilié et pas de plein gré (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 78). Mathieu haussa les épaules, et ils se turent, irréconciliés (SARTRE, Âge de raison, 1945, p. 196)
B. — Subst. abstr. V. immatérialisme, impasse, imprécision, impréparation, imprévision, imprévoyance, impuberté, impudeur; inaction, inaptitude, inattention, incapacité, incivisme, incompétence, inconduite, inconfort, indiscipline, inémotivité, inexistence, insatisfaction, insécurité, insuccès, invraisemblance; irrespect, etc., et aussi :
inhomogénéité, subst. fém. « Absence d'homogénéité ». Sous peine aussi de créer des inhomogénéités dans la masse développée, provoquant dans les tranches d'émulsion des différences de granulation (LEPRINCE-RINGUET, Atomes et hommes, 1957, p. 80). Le corpuscule (...) doit (...) appartenir à la structure même du champ et en constituer une sorte d'inhomogénéité locale (L. DE BROGLIE, Base de l'interprétation actuelle de la mécan. ondul., 1963, p. 44). Si l'on observe une préparation qui présente une transparence uniforme, mais une inhomogénéité optiquement sensible (comme une préparation qui contient des germes vivants et non colorés), (...) au contraire chaque petite inhomogénéité devient visible lorsque cette lame entre en action (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 212)
inordination, subst. fém. « Absence d'ordination, d'organisation ». Son œuvre [du réformateur] n'est qu'un essai de réorganisation selon sa raison, sa logique, du désordre qu'il sent en lui; car l'état d'inordination lui est intolérable (GIDE, Feuillets, 1918, p. 665)
insatiété, subst. fém. « Absence de satiété ». Que les médiocres gourmandises et leurs assouvissements de l'âge mûr paraissent médiocres (...) sans substance universelle, au prix de ces plénitudes d'insatiété! (ARNOUX, Calendr. Fl., 1946, p. 253). Chaque jour augmentait l'anémie qui provenait de son insatiété, de cette façon inassouvie qu'il avait d'elle (LA VARENDE, Goût esp., 1946, p. 193)
C. — Adv., rare :
indiscontinûment. « Sans arrêt, sans discontinuer ». J'accusai le temps (il pleuvait indiscontinûment, cette année) (GIDE, Journal, 1904, p. 144). Ces considérations morales qui s'exposent à la pensée, Mais tout de même, je le sais, indiscontinûment dans la nuit qui se prolonge comme le Symbole des Apôtres, Juste comme ces vérités en marche qui procèdent l'une après l'autre (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 773)
Formation et vitalité :
A. — Le préf. était déjà très vivant en lat. et se retrouve dans des termes d'empr., p. ex. enfant (< lat. infans « qui ne parle pas »), illégal (< lat. médiév. illegalis < in- + legalis), imberbe (< lat. imbarbis < in- + barba « barbe »), immaculé (< lat. immaculatus < in- + macula « tache »), imperturbable (< lat. imperturbabilis < in- + perturbare « troubler »), ingrat (< lat. ingratus), injuste (< lat. injustus), irréconciliable (< lat. irreconciliabilis < in- + reconciliare), etc. Certains mots ont été refaits à partir du mot positif, p. ex. inconnu (d'après le lat. incognitus, refait sur connu), inégal (d'après le lat. inœqualis, refait sur égal), invariant (de in- + varier, d'après l'angl. invariant), etc. Le rad. est gén. un adj.; dans certains cas, l'adj. positif correspondant n'existe pas ou est inusité (p. ex. increvable, indéfectible, indéfrisable, indémaillable, inlassable, innommable, insalissable; incessant, insouciant; inouï), et le terme négatif a été tiré d'un rad. verbal, p. ex. indéniable (de in- + dénier), indescriptible (de in- + lat. describere « décrire »), indispensable (de in- + dispenser), inoubliable (de in- + oublier), insouciant (de in- + soucier), introuvable (de in- + trouver), inusable (de in- + user), irréprochable (de in- + reprocher), etc. Parfois le rad. est un subst. : indémaillable (rad. maille). Les subst. négatifs formés sur un subst. positif (abstr.) sont rares et paraissent anormaux lorsque le rad. n'est pas un déverbal :
infranchise, subst. fém. « Manque de franchise » V. épidémie ex. de Clemenceau
inindulgence, subst. fém. « Manque d'indulgence ». L'inindulgence pour les idées des autres (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 201)
inorthodoxie, subst. fém. « Manque d'orthodoxie ». La seconde constatation (...), c'est que le drame même du livre n'existe qu'en raison de son inorthodoxie (GIDE, Corresp. [avec Claudel], 1909, p. 103)
irréciprocité, subst. fém. « Manque de réciprocité ». Alors par toute la peau et sur un visage à des kilomètres, je sentis la sourde horreur de l'irréciprocité. Un visage qui change, c'est le pire. On reste seul sur la terre (COCTEAU, Potomak, 1919, p. 316)
B. — Le préf. est l'un des plus productifs au XXe s. (notamment dans la lang. publicitaire où il indique une qualité ou une protection : incollable, indéchirable, infeutrable, etc.), où apparaissent de nombreux néol.
1. Néol. usuels, surtout en -able/-ible et en -é/-ée : importable; inactinique, inchauffable, incollable, incompréhensif, indatable, indécidable, indémaillable, indémontable, infeutrable, infroissable, invivable, etc.
2. Néol. éphémère, hapax ou néol. rares
— Adjectif :
incaractérisable. « Qui ne peut être caractérisé ». Le [ce désir de Dieu] biffer de la cosmologie objective pour en retrouver la vraie dimension, incaractérisable, inobjectivable, métaproblématique (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 181)
incueillissable. « Qui ne peut être cueilli ». Et, comme une pervenche incueillissable et refleurie, ses yeux ensoleillés d'un sourire bleu (PROUST, Guermantes, 1920, p. 12)
inétreignable, « Qui ne peut être étreint ». Je ne sais quel angoissant besoin de m'élever, sans pouvoir y atteindre, jusqu'à des idées et des formes inétreignables (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 161). Dans mes rêves, elle m'apparaissait constamment comme une figure inétreignable, insaissable (GIDE, Et nunc manet, 1951, p. 1132)
infixable. « Qui ne peut être fixé ». Desnos (...) emprunte la personnalité de l'homme vivant le plus rare, le plus infixable, le plus décevant (BRETON, Nadja, 1928, p. 28). Une région sans contour défini, incandescente et infixable (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 11)
— Part. passé-adj. :
inécrit, -ite. « Qui n'est pas écrit ». On essaie d'altérer le texte de ces lois inécrites pour nous fermer les yeux sur des résultats désolants (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. XIV). Lacédémone (...) l'a laissé [un poème], mais inécrit, sinon dans Hérodote (THIBAUDET, Réfl. litt., 1936, p. 212)
irrésigné, -ée. « Qui n'est pas résigné ». Une femme (...) aux prunelles irrésignées et pensives (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 240). La pitié produite « par ma vieillesse irrésignée, se donnant l'illusion de produire » (GONCOURT, Journal, 1896, p. 945)
C. — Pour le sens, le préf. in- peut entrer en concurrence (ou être voisin de sens) avec d'autres préf. négatifs ou privatifs (p. ex. insensibiliser/désensibiliser, amoral/immoral, inconnu/méconnu, inharmonieux/disharmonieux, impesanteur/apesanteur/non-pesanteur). Ailleurs, il est voisin du préf. anti- (Des sensations aussi profondément inartistiques, anti-artistiques, que celles de l'alpinisme (GIDE, Journal, 1910, p. 310)) ou du préf. dé- (Simple in-arrangement ou dérangement physiques d'abord, au niveau de la matière (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 346))
— Sert à former des mots ayant une valeur intensive : superl. (incroyable, indescriptible, insondable, insoupçonnable; inouï), méliorative (inattendu; inespéré, insoupçonné, inégalé; incomparable, inégalable, inestimable, inoubliable), péj. (insignifiant; innommable, inqualifiable). Dans leur accept. techn., certains termes prennent la négation non à la place du préf. in- : inadmissible/non admissible, inacceptation/non acceptation, inconsommable/non consommable, inévident/non évident, irrecevable/non recevable (dr.), etc. Pour le subst., l'emploi de non- l'emporte sur in- : non-traitement, non-ingérence, non-existence, etc.
— Sert à former des mots exprimant une idée de refus (à des principes, à des règles p. ex.) : inconvenant, incorrect, indélicat, inhospitalier, impoli, intolérant; indiscipliné, indompté, insermenté, insoumis, insubordonné; impolitesse, impudeur, inacceptation (néol.), incivisme (vieilli), inconduite, inconvenance, incorrection, indiscipline, inobservance, inobservation, insoumission, insubordination, intolérance, irrespect.
Prononc. et Orth. :
I. — In- + voyelle ou h muet > in- [in-] : in-1 : inactif, inhabituel; in-2 : inaugurer, inhérent, etc. Ds innocent... (in-1), innerver, innover... (in-2) in = i car n < nuire, nerf, neuf.
II. — In- + consonne
1. In- + l > ill- [il(l)-] par assimilation de [n] à [l] : in-1; illégal, illisible; in-2 : illusion, illustrer. Except. : inlassable (au lieu de illassable) généralisé à la fin du 19e s. (cf. GREV. 1964 § 147).
2. In- + b ou p > imb-, imp- [-], [-] par nasalisation de la voyelle et labialisation de [n] en
sous l'influence de ou [p]; in-1 : imberbe, imbuvable, impatient, etc.; in-2 : imbiber, imbriquer, implorer, importer, etc.
[b]3. In- + m
a) > imm- [im(m)-] par assimilation de [n] à
dans les dérivés formés dès le lat. : in-1 : immaculé, immuable; in-2 : immanent, immerger.
b) > imm- [-] par nasalisation et assimilation de [n] à
4. in- + r > irr- [()-] par assimilation de [n] à [] : in-1 : irraisonné, irréel; in-2 : irradiation, irriguer, etc. Except. : inracontable. Bien que savants, les mots ainsi formés perdent la prononc. géminée en se banalisant : comparer innocent [] et innocuité [in(n)], illustre [il(l)] et illustré [], irradiation [()] et irritation []. Rarement in-1 s'écrit détaché pour insister sur la négation : in-aimable (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 297), in-médiatisable (MARCEL, Journal, 1920, p. 241).
BBG. — GALL. 1955, p. 365. - PINCHON (J.). Les Préf. négatifs : in-, non-, a-. Fr. Monde. 1971, n° 82, pp. 45-46; 1972, n° 86, pp. 45-46. - STAAFF (E.). Ét. sur les mots composés av. le préf. négatif in- en fr. St. neophilol. 1928, n° 1, pp. 45-73.
ir-
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♦ Variante de 1. in- négatif devant r. Nombreux composés libres, outre ceux traités à l'ordre alphabétique.
1 À Huina, aux premiers signes de vieillesse, les personnes âgées sont rééduquées, comme devenues impropres à sentir le Présent. Si on les laissait aller, sans méthode, elles seraient avant peu totalement irrééducables.
Henri Michaux, Ailleurs, p. 247.
2 L'irréfréné Marchenoir sentait, néanmoins, qu'il se flattait d'une humilité impossible.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 100.
3 Tout à fait simple et dandy, comme l'entendait Brummel, c'est-à-dire irremarquable.
Barbey d'Aurevilly, in G. L. E.
4 (…) Rendre l'irrendable c'est ce que vous avez fait (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 24 janv. 1876.
Encyclopédie Universelle. 2012.