insondable [ ɛ̃sɔ̃dabl ] adj.
1 ♦ Rare Qui ne peut être sondé, dont on ne peut atteindre le fond. Abîme, gouffre insondable. ⇒ abyssal.
2 ♦ Fig. Mystère, secret insondable. ⇒ énigmatique , impénétrable, incompréhensible. « Qui peut sonder de Dieu l'insondable pensée ? » (Lamartine).
3 ♦ Péj. Immense, infini. Une insondable bêtise. « Son insondable misère » (Maupassant). « Une insondable maladresse » (France).
● insondable adjectif (de sonder) Dont on ne peut toucher le fond, connaître la profondeur : Un abîme insondable. Dont l'intensité est extraordinaire : Une insondable tristesse. Qu'il est très difficile ou impossible de comprendre : Mystère insondable. ● insondable (synonymes) adjectif (de sonder) Dont on ne peut toucher le fond, connaître la profondeur
Synonymes :
- abyssal
Dont l'intensité est extraordinaire
Synonymes :
- illimité
- infini
Qu'il est très difficile ou impossible de comprendre
Synonymes :
- énigmatique
- impénétrable
- incompréhensible
insondable
adj. Qu'on ne peut sonder, dont on ne peut mesurer la profondeur. Gouffre insondable.
|| Fig. Désespoir insondable.
⇒INSONDABLE, adj.
A. — Qui ne peut être sondé, dont on ne peut toucher le fond. Abîme, mine, puits insondable. L'eau était magiquement limpide, et Gilliatt y distinguait, à des profondeurs diverses, des stations immergées (...). Certains creux obscurs étaient probablement insondables (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 281). Un gouffre insondable, long de vingt-cinq milles, large de vingt, s'est un jour formé (...) par un écroulement de cavernes au milieu des laves trachytiques du centre de l'île (VERNE, Enf. cap. Grant., t. 3, 1868, p. 114).
♦ P. ext. Qui ne peut être exploré; dont on ne peut connaître les dimensions. Synon. profond, illimité, impénétrable. Le pilmot original était une chimère à plusieurs têtes, (...) dont les contours s'effaçaient dans un brouillard insondable (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 111). Nous voguions vers l'Afrique, la vraie, la grande; celle des insondables forêts, des miasmes délétères, des solitudes inviolées (CÉLINE, Voy., 1932, p. 140).
♦ Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Et dans l'éther profond, sous cette pourpre horrible, Des astres inconnus s'enfonçaient dans le ciel, Toujours, toujours plus loin, au fond de l'insondable (DIERX, Lèvres cl., 1867, p. 177).
B. — P. anal.
1. [En parlant d'un regard] Impénétrable. Vus dans le rapprochement excessif du baiser, les yeux de Chrysis semblent énormes (...). Quand elle les ouvre, un anneau vert (...) éclaire d'une couronne l'insondable prunelle noire qui s'agrandit (, Aphrodite, 1896, p. 182). Elle l'avait haï le premier jour où elle l'avait vu, avec ses yeux bruns moqueurs, insondables et méchants! (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 129).
2. [En parlant de la perception visuelle d'une chose, d'une substance] Dont la nature reste inexpliquée. Toutes les mœurs de l'air, ses transparences insondables, ses brusques opacités, ses infinis de nuances de l'aube à la nuit, de l'averse à la poussière, et de la lune pâle au soleil sombre, il a transposé sur le fond mouvant des bleus, des verts, des rouges, des roses, des jaunes (FAURE, Hist. art, 1912, p. 197).
C. — Au fig. Qui ne se livre pas, qui demeure inexpliqué, incompréhensible.
1. [En parlant d'une pers., de la nature humaine] Énigmatique, impénétrable, insaisissable. Il joue une comédie pateline pour se rendre insondable, mais il ne trompe que les esprits superficiels et prévenus (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 64) :
• 1. C'est [l'homme] un être exigeant, plein de lui-même jusqu'à la stupidité, avec ses nerfs malades, une sorte d'égarement que l'on nomme pensée, sa nature insondable qui ne sera jamais civilisée.
CHARDONNE, Épithal., Paris, Albin Michel, 1951 [1921], p. 7.
— Emploi subst. Personne énigmatique. Il entend avec orgueil parler de sa dure destinée. Dubief l'insondable (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1908, p. 238).
2. [En parlant d'une qualité, d'un caractère, d'un sentiment] Sans limites. Synon. infini. Sottise insondable. Il finissait par ne plus comprendre ce qu'il dirigeait; il avait l'impression nette de la chute dans l'insondable ennui (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 406). Le cœur était touché devant cette scrupuleuse, naïve et presque enfantine reconstitution comme devant l'acte d'une bonté insondable (GRACQ, Argol, 1938, p. 63) :
• 2. Plassans finit par être convaincu qu'un épouvantable malheur avait passé sur lui pendant son sommeil, sans le toucher. Cette catastrophe mal définie empruntait aux ombres de la nuit, aux contradictions des divers renseignements, un caractère vague, une horreur insondable qui faisaient frissonner les plus braves.
ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 240.
3. [En parlant d'un phénomène, d'une institution] Inexplicable, inaccessible. Voies insondables de la justice! Solidarité de tout notre être! Mystère, qui est celui de la mort et de la vie! (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 188). Tout en me déconcertant, ces anomalies me parurent bénignes; je n'y découvris pas l'insondable noirceur du mal. Je jouai paisiblement parmi les massifs d'hortensias et l'envers du monde me demeura caché (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 20).
REM. Insondablement, adv. D'une manière insondable. Au fig. Est-ce à travers un art insondablement lointain que le lien pourra s'établir? (GIDE, Carnets Égypte, 1939, p. 1051).
Prononc. et Orth. : []. Cf. -able. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1578 « qui ne peut être sondé, dont on ne peut atteindre le fond » (J. DE LERY, Histoire d'un voyage faict en la terre du Bresil, p. 359 ds GDF. Compl. : abysmes et gouffres [...] insondables); 2. 1808 fig. « qu'on ne peut pénétrer, comprendre (cœur, etc.) » (BOISTE); 3. 1855 « immense, infini » (HUGO, Corresp., p. 277). Dér. de sonder; préf. in-1; suff. -able. Fréq. abs. littér. : 261. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 64, b) 658; XXe s. : a) 466, b) 421.
DÉR. Insondabilité, subst. fém. Caractère de ce qui est insondable. Au fig. Si, pour légitimer une opinion tout à fait arbitraire, il suffit de se rejeter sur l'insondabilité des mystères, j'aime autant le mystère d'un dieu sans providence (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 362). — []. — 1res attest. a) 1846 fig. id., b) 1873 « caractère de ce qui est insondable » (Lar. 19e); dér. sav. de insondable, suff. -(i)té.
insondable [ɛ̃sɔ̃dabl] adj.
ÉTYM. 1578; de 1. in-, sonder, et -able.
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1 Rare. Qui ne peut être sondé, dont on ne peut atteindre le fond. || Abîme, gouffre insondable. ⇒ Abyssal. || Mine, puits insondable. — Qu'on ne peut explorer. || Des forêts insondables.
2 (1808). Qu'il est très difficile ou impossible de comprendre, d'expliquer. — Fig. || Mystère, secret insondable. ⇒ Énigmatique, impénétrable, incompréhensible, insaisissable. — Littér. || Un regard insondable. ⇒ Impénétrable. || Des yeux insondables. — Douleur insondable. ⇒ Intense, profond. || « L'insondable noirceur du mal » (S. de Beauvoir).
1 Qui peut sonder de Dieu l'insondable pensée ?
Lamartine, Jocelyn, II, 28 févr. 1793.
2 (…) il resta longtemps immobile, torturé par la faim, mais trop brute pour bien pénétrer son insondable misère.
Maupassant, Contes, Le gueux, p. 295.
3 (…) tout moyen nouveau de connaissance la montre (la Nature) plus vaste et diverse, plus féconde, plus imprévue, plus belle, plus riche d'insondable immensité.
Jean Perrin, les Atomes, Conclusion.
3.1 De Bordeaux, j'apprends le retentissement bénéfique du nom du Pinay dans les profondeurs de cette insondable province.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1959-1960, p. 63.
♦ (Personnes). Qui ne se livre pas, ne se laisse pas comprendre. ⇒ Énigmatique, insaisissable.
3 (1855). Péj. Immense, infini. || Bêtise insondable. ⇒ Atroce, gigantesque (→ Un abîme de bêtise). || Un insondable ennui. || Une horreur insondable.
4 Elle s'arrêta au bord d'une insondable maladresse. N'allait-elle pas protester de son innocence !
France, Jocaste, Œuvres, t. II, XII, p. 112.
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DÉR. Insondabilité, insondablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.