indispensable [ ɛ̃dispɑ̃sabl ] adj.
1 ♦ Vieilli Dont on ne peut se dispenser. ⇒ obligatoire, obligé. « Travailler est un devoir indispensable à l'homme social » (Rousseau).
2 ♦ Par ext. (XVIIIe) Mod. Qui est très nécessaire, dont on ne peut se passer. ⇒ essentiel, nécessaire, utile. — Objets, vêtements, meubles indispensables (cf. De première nécessité). Une lecture indispensable. ⇒ incontournable. Strictement, absolument indispensable. « Rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie » (Gautier). ⇒ vital. Condition indispensable pour réussir. — Impers. Il est indispensable de partir maintenant si nous voulons arriver à l'heure (⇒ falloir) . — N. m. « il n'y avait, en fait de meubles, que l'indispensable » ( Hugo).
♢ (Personnes) Il se croit indispensable. ⇒ irremplaçable. « Un général victorieux et qui apportait de l'argent se rendait indispensable » (Bainville).
⊗ CONTR. Inutile, superflu.
● indispensable adjectif Dont on ne peut se dispenser, qui est obligatoire : Il est indispensable que vous preniez rendez-vous avant de venir. Dont on ne peut se passer ; vital : L'eau est indispensable à l'organisme. ● indispensable (synonymes) adjectif Dont on ne peut se dispenser, qui est obligatoire
Synonymes :
- inévitable
Contraires :
- inutile
- superflu
Dont on ne peut se passer ; vital
Synonymes :
- nécessaire
- vital
● indispensable
nom masculin
Ensemble des choses essentielles : N'emporter que l'indispensable.
indispensable
adj. et n. m. Absolument nécessaire, dont on ne peut se passer. Objets indispensables.
|| n. m. Je n'emporte que l'indispensable.
⇒INDISPENSABLE, adj. et subst.
A. — 1. Dont on ne peut être dispensé ou se dispenser, qui est obligatoire (en vertu d'une loi, d'une règle). Les devoirs indispensables de la religion. Le code civil est donc un code de facultés, souvent tristes et fâcheuses, et non un code de devoirs sacrés et indispensables (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 153). Qu'il [l'ouvrier] regarde l'obligation de porter ses épargnes à la caisse de l'association, comme aussi indispensable que le paiement de son loyer ou de ses impositions (SAY, Écon. pol., 1832, p. 378) :
• 1. Je suis bien réellement et bien doctoralement docteur. Quand j'ai vu mes méthodes confirmées par l'expérience, je n'ai eu qu'une hâte, c'est de les appliquer sur la terre ferme, et en grand. Je n'ignorais pas que le doctorat est une formalité indispensable.
ROMAINS, Knock, 1923, I, p. 5.
— [En parlant d'une obligation sociale] À laquelle on ne peut se soustraire (en vertu de certaines conventions). D'indispensables réunions de famille. Elle faisait et recevait les visites indispensables, qu'exigeait l'intérêt de son mari (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1367). Elle se serait même laissée aller avec Guy à des imprudences telles que le mariage devenait indispensable (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 219) :
• 2. Duveyrier, ainsi que Bachelard, jugeait le duel indispensable; il s'en montrait fort ému, à cause du sang (...) mais l'honneur le voulait, et l'on ne transigeait pas avec l'honneur.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 312.
2. P. ext. Nécessité indispensable. À laquelle on ne peut échapper. Synon. inéluctable, contraignant. L'indispensable nécessité qui préside à nos destinées, en vous forçant à rester ici malgré vous et même malgré moi, nous apprend qu'elle ne nous permet plus de nous quitter (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 268). Messe. — Il faut la célébrer tous les jours, et ne l'omettre que par indispensable nécessité (DUPANLOUP, Journal, 1876, p. 54).
3. P. exagér.
— [En parlant d'une chose] Qui ne saurait manquer (puisqu'elle appartient inévitablement à l'image qu'on se fait de quelque chose). Les cailloux blancs (je ne sais s'il y en a là-bas, mais mon imagination les juge indispensables) (DU BOS, Journal, 1923, p. 313). Une figure très française [le lieutenant Trallard] (...). Pas une belle barbe, mais une barbe, je sais très bien ce que je veux dire, une barbe, nécessaire, obligée, indispensable (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p. 12).
— [En parlant d'une pers.] Qu'on ne peut éviter. Nous n'étions pas seuls. Les indispensables cousines que je dispenserais très bien étaient là, bloquées par la pluie ruisselante (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1837, p. 168).
B. — Dont on ne peut se passer.
1. [En parlant d'une chose]
a) Adj. Qui est absolument nécessaire (objectivement ou subjectivement) pour répondre à une certaine fin, au besoin de quelqu'un.
— Indispensable à, pour + compl. indiquant la destination. Le pauvre garçon manque absolument de chic, qualité indispensable pour réussir à Paris (FLAUB., Corresp., 1846, p. 329). L'oxygène est indispensable à la vie (C. BERNARD, Notes, 1860, p. 68) :
• 3. Les points et virgules ne donnent en effet qu'une articulation de la phrase grossière et purement logique. Sans nécessité grammaticale, il y a dans le discours des pauses et des arrêts qui sont absolument indispensables au sens.
CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1907, p. 71.
— Absol. Mon nécessaire d'argent est un meuble indispensable. Qui dit nécessaire, dit chose dont on ne saurait se passer (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 158). De tout le personnel d'une école maternelle, c'est la femme de service qui assume le rôle le plus indispensable (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 34). Je lus l'indispensable livre de Hébert, l'Education physique féminine (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 279). V. colleur ex. 2.
SYNT. a) Complément, élément, outil, matériaux indispensable(s); mesures, moyens, renseignement indispensable(s); condition, précaution, qualité, soin indispensable; connaissances, notions indispensables. b) Être, paraître, devenir indispensable; apparaître comme indispensable; considérer, regarder qqc. comme indispensable; estimer, juger qqc. indispensable; estimer, juger indispensable de (+ inf.).
— [Dans des tournures impers.] Plus encore qu'une bonne adresse, il est indispensable qu'un gentleman ait un bon club (MORAND, Londres, 1933, p. 198). Raymond, voulez-vous demander une paille au garçon? C'est indispensable avec les oranges pressées (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 145) :
• 4. Je me suis bien dupé moi-même en me persuadant qu'il était indispensable de mieux organiser ma vie professionnelle... au lieu de stimuler le travail, toutes ces facilités matérielles ne faisaient que le paralyser!
MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 820.
b) Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est absolument nécessaire. Se procurer l'indispensable. Il fit des recommandations nombreuses (...) conseillant de coudre l'argent dans la doublure des vêtements et de ne garder dans la poche que l'indispensable (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 244). Il avait réduit la correspondance au strict indispensable (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940p. 767) :
• 5. ... la plupart des adolescents traversent la classe de philosophie, sans aucun autre souci que celui d'emprunter à ces ratiocinations l'indispensable pour être reçus bacheliers aux jours chauds.
MAURIAC, Trois récits, 1929, p. 110.
2. [En parlant d'une pers.]
a) Adj. Dont on ne peut se passer, qui a un rôle essentiel.
— Indispensable à + compl. indiquant la destination. Se croire indispensable à qqn, qqc. Il se rendrait indispensable aux appétits débauchés de sa maîtresse (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 119). Un petit sous-marin apparaissait, mais pas un de ses trois hommes qui ne fût indispensable à la manœuvre (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 71) :
• 6. ... apportez-moi moins de fruits et confectionnez-moi moins de vos délicieux sabayons. Vous pouvez m'être utile par votre intelligence, votre goût, votre culture. Ne cherchez pas à vous rendre indispensable où vous ne l'êtes pas.
MONTHERL., Celles qu'on prend, 1950, I, 2, p. 785.
— Absol. Je devenais plus indispensable à mesure qu'on perdait des élèves... On me faisait mille avances (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 287). Philippe (...) prétend que la secrétaire est devenue indispensable, qu'elle pourrait, sans scrupule, signer de son nom les derniers bouquins (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 880).
b) Emploi subst. [P. ell. de personne, personnage...] Faire l'indispensable. Elle était la troisième, une quatrième nourrice aurait tué l'enfant, ce qui faisait d'elle l'indispensable, la providentielle (ZOLA, Fécondité, 1901, p. 316). Il n'était pas fâché de jouer un peu, lui-même, à l'indispensable en présentant au Directeur les rédactions de Chavarax parsemées de larges traits d'encre (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, III, p. 92).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1585 « pour lequel il n'y a pas de dispense, d'exception » peché indispensable (DU FAIL, Contes d'Eutrapel, 2 (I, 94) ds HUG.); 2. 1654 « dont on ne peut se dispenser, qui a un caractère obligatoire » nécessité indispensable (SOREL, Discours de l'Ac., G. Matoré ds Fr. mod. t. 16, p. 216); 3. 1754, 19 mai « dont on ne peut se passer, absolument nécessaire » (VOLTAIRE, Corresp., éd. Th. Besterman, Genève, 1971, t. 15, p. 137). Dér. de dispenser; préf. in-1; suff. -able. Fréq. abs. littér. : 2 190. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 845, b) 2 445; XXe s. : a) 2 459, b) 4 096.
DÉR. 1. Indispensabilité, subst. fém. Caractère indispensable d'une chose, d'une personne. Quant à l'indispensabilité de ma donzelle, tout ce que tu en penses est faux. Elle est indispensable parce que je me suis habitué à travailler exclusivement à ma littérature (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1850, p. 372). Nous le guérirons tous les ans (...) cela vaut mieux et prouvera la nécessité du traitement annuel, l'indispensabilité du retour (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 168). — []. — 1re attest. 1641 (J.-P. CAMUS, Les Debvoirs du bon parroissien, p. 70 ds QUEM. DDL t. 20); de indispensable, suff. -(i)té. 2. Indispensablement, adj. D'une manière indispensable. a) [Correspond à indispensable A] Je me crois encore indispensablement obligé de présenter une observation à Votre Majesté (J. DE MAISTRE, Corresp., t. 1, 1804, p. 271). Tous ceux qui amassent beaucoup d'argent et avec facilité, sont presque indispensablement obligés d'être gourmands (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 155). b) [Correspond à indispensable B] Cette somme commençait à nous être indispensablement nécessaire (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 112). Je ne bougeais pas, je me faisais humble et petit, rétrécissant mon volume avec déférence, ne respirant que juste ce qu'il fallait indispensablement (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 98). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. 1604 (CHARRON, Discours chrét., Redemption, 4, p. 243 ds HUG.); de indispensable, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. 14.
BBG. — GOHIN 1903, p. 296. - QUEM. DDL t. 2 (s.v. indispensabilité).
indispensable [ɛ̃dispɑ̃sabl] adj. et n.
ÉTYM. 1585; de 1. in-, dispenser, et -able.
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I Vx. Dont on ne peut être dispensé (par l'Église). || « La loi de Dieu indispensable » (Bourdaloue).
1 Les ambassadeurs (dit Mélanchthon) prétendent que la défense d'épouser la femme de son frère est indispensable (…)
Bossuet, Hist. des variations, VII, LIV.
2 (…) nous avons indispensable, et indispensablement, qui ont paru si beaux d'abord, qu'il semblait qu'un sermon ne fût pas d'un bon français, si le prédicateur ne s'était servi de ces mots quatre ou cinq fois pour le moins (…)
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II
1 (Mil. XVIIe). Vx. Dont on ne peut se dispenser. ⇒ Obligatoire, obligé. || Devoir, obligation indispensable. || « Travailler est un devoir indispensable à l'homme social » (→ Fripon, cit. 3, Rousseau).
2 (XVIIIe). Mod. Qui est très nécessaire, dont on ne peut se passer. ⇒ Essentiel, nécessaire, utile. || Chose indispensable à qqn. || Cela m'est indispensable, absolument indispensable (→ ci-dessous, cit. 7). — (Sans compl. en à). || Aide, concours (cit. 7), contribution (cit. 1) indispensable. || Éléments (cit. 4), compléments indispensables (→ Farder, cit. 11; galanterie, cit. 10; grotesque, cit. 14). || Garanties, précautions indispensables (→ Empiéter, cit. 8). || Connaissances indispensables (→ Gros, cit. 28). || Fonction, rôle indispensable (→ Emploi, cit. 17). || La continuité indispensable des services publics (→ Grève, cit. 17). — Objets, vêtements, meubles indispensables (→ De première nécessité). || Un habit (cit. 24) vous sera indispensable (⇒ Besoin; falloir, II.). || Somme strictement, absolument indispensable (→ Envoyer, cit. 15). — Indispensable à, pour (qqch.). → Fermer, cit. 10; génie, cit. 45; glande, cit. 2. || Substances indispensables à la vie. ⇒ Vital. — Indispensable pour (suivi d'un inf.). → Apanage, cit. 1. || Condition indispensable pour réussir. ⇒ Salut (point de salut sans…). — Impers. || Il est indispensable de…, que…; c'est indispensable (→ Convenable, cit. 9; exister, cit. 5; fabriquer, cit. 3; génie, cit. 46).
3 Il faut que madame d'Argental ne change point d'avis sur les eaux; elles sont indispensables.
Voltaire, Correspondance, 1208, 29 mai 1754.
4 Rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie. — On supprimerait les fleurs, le monde n'en souffrirait pas matériellement; qui voudrait cependant qu'il n'y eût plus de fleurs ?
Th. Gautier, Mlle de Maupin, Préface, p. 28.
5 Si j'ai les cent louis indispensables au passage, je n'aurai pas un sou pour me faire une pacotille.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 574.
6 (…) le mal est indispensable au bien et le diable nécessaire à la beauté morale du monde.
France, le Jardin d'Épicure, p. 71.
7 La prière m'était à ce moment aussi indispensable que l'air à mes poumons, que l'oxygène à mon sang.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 119.
♦ N. m. || L'indispensable. || Il lui reste juste l'indispensable. || Faire l'indispensable, ce qu'il faut.
8 (…) un taudis sans cheminée (…) où il n'y avait, en fait de meubles, que l'indispensable.
Hugo, les Misérables, III, V, II.
9 Mais on ne pouvait laisser la mort par terre. En un tour de main, la Frimat et la Bécu firent l'indispensable. Comme elles n'osaient transporter le corps, elles retirèrent le matelas d'un lit, elles l'apportèrent et y allongèrent Mouche, en le recouvrant d'un drap jusqu'au menton.
Zola, la Terre, II, II.
♦ (Personnes). || Un homme indispensable à toutes les réunions, à toutes les sorties (→ Fashionable, cit. 1). — (Sans compl.). || Se rendre indispensable. || Il est devenu indispensable. || Il se croit indispensable.
10 (…) le commerce des belles nous les rend bientôt moins nécessaires; au lieu que l'usage des médecins finit par nous les rendre indispensables.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, Lettre (…) sur la critique.
11 Alors, puisqu'un prêtre n'était point indispensable, puisque l'expérience prouvait que les récoltes n'y perdaient rien et qu'on n'en mourait pas plus vite, autant valait-il s'en passer toujours.
Zola, la Terre, IV, IV.
12 Un général victorieux et qui apportait de l'argent se rendait indispensable. Et la popularité de Bonaparte grandissait.
J. Bainville, Hist. de France, XVI, p. 382.
♦ Nom :
13 Pourtant il n'était pas fâché de jouer un peu, lui-même, à l'indispensable, en présentant au Directeur les rédactions de Chavarax parsemées de larges traits d'encre et de rectifications en marge.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 3e tableau, I.
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CONTR. Facultatif. — Inutile, superflu.
DÉR. Indispensabilité, indispensablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.