1. étaler [ etale ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ A ♦ (Concret)
1 ♦ Exposer (des marchandises à vendre). ⇒ déballer. « le commis alla chercher des châles d'un prix inférieur; mais il les étala solennellement » (Balzac). Le marché « Pêle-mêle étalant sur ses tréteaux boiteux Ses fromages, ses fruits, son miel, ses paniers d'œufs » (Samain ). — Loc. fam. Étaler sa marchandise : faire valoir ce qu'on a, ce qu'on fait, en tirer vanité (cf. Faire étalage de).
2 ♦ (1798) Disposer de façon à faire occuper une grande surface notamment pour montrer (chaque objet, chaque partie). Étaler des papiers devant qqn. — Étaler son jeu, ses cartes (⇒ abattre) : fig. rendre claires ses intentions. — Une vingtaine « de petites photographies, étalées sur la table comme un jeu de cartes » (Romains). — Étaler une carte routière, une pièce d'étoffe. ⇒ déplier, déployer, dérouler. « Il avait acheté en gare l'Humanité qu'il étalait avec affectation devant le nez de son père » (Aragon).
♢ Par anal. Le village étale ses maisons dans la plaine, dont les maisons sont réparties dans la plaine. « des vieillards à turban qui étalent leur barbe blanche » (Loti).
3 ♦ (1829) Étendre sur une grande surface en une couche fine. Étaler de la crème, de la pommade, de la peinture sur une surface. Étaler du beurre sur du pain. ⇒ tartiner. Étaler du gravier sur le goudron d'une route. ⇒ épandre.
4 ♦ Fam. Faire tomber; jeter à terre. « D'un coup de poing il l'a étalé » (Littré). ⇒fam. étendre. — Fig. Se faire étaler à un examen : échouer.
B ♦ (Abstrait) (XVIe)
1 ♦ Vx Faire voir, montrer avec solennité, splendeur. ⇒ déployer, exposer, montrer. « Par ce trait de magnificence Le prince à ses sujets étalait sa puissance » (La Fontaine).
♢ Vx ou iron. Étaler ses charmes.
♢ (Choses) Littér. « La nue étale au ciel ses pourpres et ses cuivres » (Hugo). « Une épine en fleurs étalait sa gerbe rose » (Flaubert). ⇒ épanouir.
2 ♦ Mod. Montrer, dévoiler. ⇒ exposer, révéler. « c'est le propre du comique d'étaler aux yeux l'insuffisance humaine » (Taine). « Ce fut comme si l'on étalait à nu devant le jeune homme les secrets de son propre cœur » (Barrès). — Montrer avec excès, impudeur. Étaler sa vie, ses amours, ses secrets les plus intimes.
3 ♦ Péj. Faire parade de, déployer avec vanité, ostentation. ⇒ exhiber (cf. Faire étalage). « on les voyait étaler un luxe insolent » (Flaubert). « Vaine de ses richesses et désireuse de les étaler » (France). — Étaler sa science, son érudition.
C ♦ Répartir dans le temps. Étaler des paiements, des dépenses. ⇒ échelonner. La réforme sera étalée sur plusieurs années. Étaler les vacances : faire en sorte que tous les vacanciers ne partent pas en même temps (⇒ étalement) .
II ♦ S'ÉTALERv. pron.
1 ♦ S'étendre, être étendu sur une surface. Peinture, fard qui s'étale bien. « La ville s'étale dans la plaine » (Maupassant).
2 ♦ Être montré sans retenue ou avec ostentation, affectation. ⇒ s'afficher. « La lâcheté la plus révoltante s'étale » (Péguy).
3 ♦ Se montrer avec insistance, fatuité, impudeur. ⇒ s'afficher, s'exhiber, parader. S'étaler avec affectation, vanité. Rivarol « s'étalait d'abord et partout dans toute la splendeur et l'insolence de son esprit » (Sainte-Beuve). « [...] à m'étaler et à me raconter dégoûtamment » (Céline) .
4 ♦ Fam. Prendre de la place en une posture abandonnée. ⇒ s'étendre; s'avachir, se vautrer. S'étaler sur un canapé. P. p. adj. « Celui-ci, étalé dans un fauteuil de toile » (Mac Orlan).
♢ (1807) Fam. ⇒ choir, 1. tomber. Il s'est étalé de tout son long.
5 ♦ S'étendre dans le temps. Les paiements s'étalent sur trois mois. ⇒ s'échelonner. Les départs s'étaleront sur plusieurs jours.
⊗ CONTR. Remballer. 1. Cacher, dissimuler, 1. voiler. Empiler, entasser, plier, 1. ranger, rouler.
étaler 2. étaler [ etale ] v. <conjug. : 1>
• 1678 ; de étale
I ♦ V. tr. Mar.
1 ♦ Étaler la marée : mouiller sur place en attendant la marée contraire.
2 ♦ (XIXe) Étaler une voie d'eau : empêcher l'eau de monter, la rendre étale.
3 ♦ Résister à. Étaler le vent, le courant.
II ♦ V. intr. Mar. Devenir étale. La mer, la marée étale.
● étaler verbe transitif (de étal) Exposer des marchandises pour la vente après les avoir déballées. Disposer des objets les uns à côté des autres : Étaler des papiers par terre. Étendre une matière, la poser en couche fine sur toute l'étendue d'une surface : Étaler du beurre sur une tartine. Déployer, déplier quelque chose dans sa largeur : Étaler une carte routière. Exposer quelque chose avec vanité, le faire voir avec ostentation, en faire parade : Étaler sa liaison avec quelqu'un. Répartir quelque chose, une action dans le temps, en le divisant, en le fractionnant, en l'étendant sur une plus longue période : Étaler le paiement sur 18 mois, en 18 versements. Littéraire. Exposer quelque chose aux regards sur une large surface : La ville étalait ses maisons jusqu'à la mer. Familier. Faire tomber quelqu'un en lui portant un coup : Il l'a étalé d'un splendide direct du gauche. Familier. Recaler quelqu'un à un examen. Tenir un poisson sans lui filer de ligne. ● étaler (expressions) verbe transitif (de étal) Étaler quelque chose au grand jour, ne pas avoir peur de le faire connaître, le laisser paraître. Étaler son jeu, montrer toutes ses cartes, les abattre. ● étaler (homonymes) verbe transitif (de étal) ● étaler (synonymes) verbe transitif (de étal) Disposer des objets les uns à côté des autres
Synonymes :
- disséminer
- éparpiller
Contraires :
- amasser
- grouper
- ramasser
- ranger
- serrer
Étendre une matière, la poser en couche fine sur toute...
Synonymes :
- coucher
- couvrir
- enduire
- plaquer
- tartiner
Déployer, déplier quelque chose dans sa largeur
Synonymes :
- déplier
- dérouler
- développer
- étendre
Contraires :
- plier
- replier
- rouler
Exposer quelque chose avec vanité, le faire voir avec ostentation, en...
Synonymes :
- afficher
- arborer
- exhiber
Répartir quelque chose, une action dans le temps, en le divisant...
Synonymes :
- échelonner
Contraires :
- grouper
● étaler
verbe transitif
(de étale)
En navigation, diminuer progressivement, par frottement d'un câble sur un bollard, l'énergie cinétique d'un bâtiment lors d'un accostage ou d'un éclusage.
Résister, se maintenir contre le vent, la marée, etc.
● étaler (homonymes)
verbe transitif
(de étale)
étaler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Exposer des marchandises, des denrées à vendre. étaler de la friperie.
d2./d étendre, déployer. étaler une carte routière.
— étaler son jeu: montrer toutes ses cartes; fig. ne rien cacher de ses projets.
d3./d étendre. étaler de la peinture sur une toile.
d4./d Fam. Projeter à terre. Il l'a étalé d'une bourrade.
d5./d Péjor. Montrer avec ostentation. étaler ses charmes.
d6./d Répartir (dans le temps). étaler des paiements.
rII./r v. Pron.
d1./d S'étendre. Le village s'étale sur la colline.
|| Fam. En parlant de qqn, s'avachir. S'étaler sur un sofa.
d2./d En parlant de choses abstraites, se montrer avec ostentation. Sa vanité s'étale.
|| En parlant de personnes, V. sens I, 5. Elle s'étale sans pudeur.
d3./d Fam. Tomber de tout son long. S'étaler dans la boue.
d4./d Se répartir (dans le temps). étaler une réforme sur plusieurs années.
I.
⇒ÉTALER1, verbe trans.
I.— [L'étalement se fait dans l'espace]
A.— Exposer pour la vente des marchandises en les plaçant les unes à côté des autres, en plein air sur un étal ou dans un magasin. Du reste, pourquoi étalez-vous tant de marchandises? C'est bien fait, si l'on vous vole (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 642).
— Absol., vieilli. Les marchandes qui étalaient au carreau des halles, sur l'emplacement où était situé le pilori, payaient une redevance annuelle à l'exécuteur de la prévôté et vicomté de Paris (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1824-30, p. 305) :
• 1. Il y a une grande quantité de ces orfèvres; ils étalent peu : tout est renfermé dans de petites cassettes qu'ils ouvrent quand on leur demande un bijou.
LAMARTINE, Voy. en Orient, t. 2, 1835, p. 226.
— Emploi pronom. à sens passif. Cette place, destinée au commerce, était bordée de comptoirs et de magasins où s'étalaient des marchandises de toute espèce (THIERRY, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 350).
— Au fig. et fam. Étaler sa marchandise. ,,Tirer vanité de ce que l'on fait, de ce que l'on a de rare, de singulier, en faire parade`` (Ac. 1835-1932).
Rem. En arg., cette expr. a pris le sens de « montrer ses seins ou son derrière » (cf. FRANCE 1907).
B.— P. ext.
1. [Sans idée d'ostentation]
a) [L'obj. désigne une pluralité ou un ensemble d'inanimés concr.] Exposer, étendre sur une surface plane.
) [En les éparpillant pour les (faire) voir, les montrer] Étaler des objets, des livres, des papiers sur une table, sur le sol. En un instant, je gagnai cent cinquante ou deux cents louis, que j'étalais devant moi et sur lesquels elle fixait des yeux ardents (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 252) :
• 2. L'autre [la vieille], antique, ridée (...) disposa sur la table ses cartons sales. Elle faisait des tas, les ramassait, étalait de nouveau les cartes en murmurant des mots qu'on ne distinguait point.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Misti, 1884, p. 910.
♦ Étaler son jeu. Déposer ses cartes sur la table pour les montrer aux autres joueurs. Mme de Savageat lance une carte, Gabrielle étale son jeu (BERNSTEIN, Secret, 1913, p. 17). Au fig. Montrer clairement ses intentions. Je ne demande comme vous qu'à étaler mon jeu. Ce que je cherche! Je l'ai déjà dit : la cause du suicide de Mme Clapain, rien de plus (ESTAUNIÉ, Mme Clapain, 1932, p. 271).
♦ Étaler des papillons. Les présenter, ailes déployées, dans les boîtes de collection (cf. H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 121).
) [En les déployant largement ou entièrement] Étaler une couverture, des draps sur un lit, une lessive, un tapis; étaler un journal, une carte de géographie sur une table. Le paon lui étale en roue sa queue brillante (BERN. DE ST-P., Harm. nature, 1814, p. 328). On étala des nappes sur l'herbe, on déballa vaisselle et victuailles (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 277). Cf. affectation1 ex. 9.
♦ Littér. [Le suj. désigne un élément naturel] L'arbre étale son feuillage; le rhododendron étale sa fleur. L'homme [dans Homère] s'épanouit tout entier, harmonieusement et avec aisance, comme ces platanes, ces orangers (...) qui étalent la rondeur de leurs dômes (TAINE, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 56).
SYNT. Étaler sa jupe, sa robe sur ses genoux; barbe étalée sur la poitrine; cheveux étalés sur l'oreiller.
— Emploi pronom. à sens passif. Partout, ensuite, s'étalaient des merveilles, les tapis de la Mecque aux reflets de velours (ZOLA, Bonh. dames, 1883 p. 471).
♦ [Le suj. désigne un élément du paysage] Issoudun s'étale du nord au sud sur un coteau qui s'arrondit vers la route de Châteauroux (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 363). La rivière s'étalait parfois sur de longues grèves plates où le soleil ruisselait (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 97).
♦ Péj. [Le suj. désigne un livre] [Le] grand Meaulnes, dont l'intérêt se dilue; qui s'étale sur un trop grand nombre de pages (GIDE, Journal, 1933, p. 1149).
) [En disposant en couche mince (un produit semi-liquide, une matière à la fois compressible et extensible)] Étaler du beurre sur du pain; étaler des couleurs, des fards, de la peinture; étaler un onguent sur une plaie. La plus rustique façon [d'accommoder les rillettes] consiste à les étaler avec du beurre, sur du pain de maïs préalablement rôti (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 115). Elle lui prit la chaussure des mains. Il allait sur le cuir jaune étaler du cirage noir (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 211).
— Emploi pronom. à sens passif. Cette peinture s'étale bien. Une rougeur s'étale sur sa joue [d'une jeune fille] comme la buée sur un vase d'eau fraîche (RENARD, Journal, 1910, p. 1131).
— P. anal. Étaler du foin pour le faire sécher. Ces plantes entassées ne sécheront pas, il faut les étaler sur cette table (Ac. 1798-1932).
b) [L'obj. désigne une pers.]
) Rare et fam. Étaler qqn. Le faire tomber à terre de tout son long. D'un coup de poing il l'a étalé (LITTRÉ). Un coup de poing a suffi pour l'étaler par terre (Ac. 1932).
— Usuel, emploi pronom. réfl. S'étendre de tout son long à terre, notamment à la suite d'une chute, d'un mouvement involontaire. S'étaler sur le dos, sur le ventre. Faire un faux pas et s'étaler (ZOLA, Page amour, 1878, p. 839). Ma main se retourne, s'étale à plat ventre, elle m'offre à présent son dos. Un dos argenté, un peu brillant — on dirait un poisson (SARTRE, Nausée, 1938, p. 129) :
• 3. L'une d'elles [des branches] accroche son fichu. Elle se jette en avant pour le retrouver, bute contre une souche, s'étale de tout son long.
BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1270.
) S'étaler (dans un siège, etc.). Prendre ses aises à demi-allongé et en prenant une place démesurément large. S'étaler dans un fauteuil. Synon. partiels s'allonger, s'étirer. Vais m'étaler dans mon lit et lire les mémoires de Bassompierre (BARB. D'AUREV., Mémor. 2, 1838, p. 283) :
• 4. Et nouant ses bras mollement en couronne au-dessus de sa tête, elle se laissait aller sur les oreillers et s'étalait joliment sur sa chaise longue, la taille dénouée, le corps abandonné avec une grâce coquette et douloureuse.
GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 313.
— Emploi abs. Le sans-gêne d'un voisin qui s'étale, s'élargit contre la balustrade de la loge voisine, m'indigne (GIDE, Journal, 1912, p. 373).
♦ Au fig. S'installer dans le confort. Je veux m'étaler à mon tour, avoir un chez-moi confortable, mon automobile, des domestiques, et n'être plus obligé de me contenter, en tout et partout, de la seconde classe (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 347).
2. [Emploi intensif avec une idée de mise en valeur et/ou d'ostentation au fig.] Montrer sous toutes ses faces, sous tous ses aspects et avec abondance une chose dans laquelle on se complaît ou qu'on veut faire valoir.
a) [En la faisant paraître avec éclat aux yeux de tous] La nature étale ses charmes, ses couleurs. Les bonnes étalaient des tabliers éclatants de blancheur (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 342). Cf. cimaise ex. 4 :
• 5. Les champs de fleurs, autour des petites maisons basses, étalaient leur parure chatoyante, une fête, une orgie de couleurs blanches, rouges, vertes et violacées, sous un brutal soleil d'août.
VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 252.
— Emploi pronom. à sens passif. Nom qui s'étale en gros caractères dans un journal. La Vérité [journal] où (...) votre nom grossit chaque semaine et s'étale dès maintenant en première page? (BRETON, Manif. Surréal., 1930, p. 127).
— P. anal., emploi pronom. réfl. [En parlant d'une pers.] Quelle inconvenance! Des mariés de quatre jours, cela se cache, ne traîne pas dans les rues, ne s'étale pas dans des salons, ne s'affiche pas avec une mère de la jeune mariée (COLETTE, Sido, 1929, p. 15).
— Péj. [En la faisant paraître avec ostentation, fatuité, en en faisant étalage, parade] Étaler ses bijoux, son luxe, ses richesses; étaler son érudition; étaler du grec. Il aime trop à étaler son esprit, son savoir (Ac. 1798-1932). Les poitrines découvertes des femmes, qu'elles étalent là comme les officiers leurs uniformes (STENDHAL, Amour, 1822, p. 261). Il sait le détail de ses mérites, il les étale, il en fait tapage (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 188).
— Emploi pronom. à sens passif. Ici, cela regorge de familles. La maternité s'y étale, une sorte de maternité animale et poussinière (GONCOURT, Journal, 1864, p. 64).
♦ P. anal. [En parlant d'une pers.] Synon. partiels se faire mousser, se faire valoir, se pavaner. Les femmes ne devinent pas un homme, c'est tout au plus si elles le comprennent; encore faut-il qu'il s'étale au grand jour, qu'il se pavane en leur présence, qu'il se fasse un commentaire à son usage (JANIN, Âne mort, 1829 p. 148).
b) [En développant des arguments en faveur d'une idée, en la faisant valoir] Étaler son approbation. Laurent (...) dressait des embûches, calculait les mauvaises chances, étalait les avantages qu'il aurait à être assassin (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 54). Elle s'étend interminablement sur ses études, étale les raisons qui l'ont fait l'enlever à l'École Alsacienne (GIDE, Journal, 1902, p. 131).
— Emploi pronom. à valeur subjective. S'étaler sur qqc. Parler d'abondance de quelque chose. S'étaler sur tel sujet. Puis [il] s'étale sur la saleté et l'infection de Planche, sa bête d'horreur (GONCOURT, Journal, 1852, p. 79).
c) [En dévoilant ce qui était tenu caché] Preuve étalée au grand jour; étaler sa passion, ses sentiments, sa vie. Étaler son existence (cf. M. DE GUÉRIN, Corresp. 1832, p. 46). Le scandale, la honte étalée devant tout Paris (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 142) :
• 6. Ce fut comme si l'on étalait à nu devant le jeune homme les secrets de son propre cœur. La figure de cette élue, ainsi qu'avait fait son chant, le révéla à lui-même, et le conduisit aux sources de sa vie...
BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 34.
♦ Spéc. Étaler un scandale, un divorce. On demande que les scandales de la vie conjugale ne soient point étalés devant les tribunaux (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 362).
— Emploi pronom à sens passif. Le vice s'étale impunément dans ce pays (Ac. 1932).
II.— Mod. [L'étalement se fait dans le temps] Répartir dans le temps sur une plus longue période qu'il ne semblerait naturel ou normal de prime abord. Étaler les congés, des paiements, des dates de rendez-vous, l'application d'un plan.
— Emploi pronom. à sens passif. Livre (...) qui s'étale (...) sur un long espace de temps (cf. GIDE, Journal, 1933, p. 1150).
Rem. 1. Sens et syntagmes attestés ds ROB., DUB., Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. 2. On relève ds la docum. étaloir, subst. masc. Planche sur laquelle on étend les papillons de collection pour les faire sécher. Les « étaloirs » de liège où séchaient les machaons (COLETTE, Sido, 1929, p. 160). Attesté ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., QUILLET 1965.
Prononc. et Orth. :[etale]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 astaler trans. « assigner une place, installer » (Dialogues Grégoire, 64, 20 ds T.-L.); 2. XIVe s. trans. « exposer des marchandises à vendre » (Recueil de documents relatifs à l'hist. de l'industr. drapière en Flandre, publ. par G. Espinas et H. Pirenne, t. 1, p. 334); 3. 1376-77 intrans. « se montrer avec ostentation » (J. LE FÈVRE, Respit de la mort, éd. G. Hasenohr, 1780), attest. isolée; 4. 1550 etaller « montrer; déployer » (RONSARD, Odes, I, XVII, 41, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 150); 5. 1690 étalé « (d'une personne) qui s'est allongé avec nonchalance » (FUR.); 1819 s'étaler (BOISTE); 6. 1819 s'étaler « tomber » (ibid.); 1864 étaler « faire tomber » (LITTRÉ); 7. 1819 « étendre sur une grande surface en une couche fine » (BOISTE); 8. 1932 dans le temps (CÉLINE, Voyage, p. 328). Dér. de étal; dés. -er.
II.
⇒ÉTALER2, verbe trans.
A.— MARINE
1. [Le suj. désigne un navire] Opposer une résistance égale à la force des éléments; se maintenir contre. Étaler un coup de vent :
• L'alarme régnait, notre vaisseau était le premier bâtiment d'un grand port qui eût osé mouiller dans la rade dangereuse où nous étalions la marée.
CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 263.
— Emploi abs. Le vent était bon pourtant (...) mais les courants le contrariaient, et c'est à peine si le brick étalait (VERNE, Enf. Cap. Grant, t. 3, 1868, p. 35). Cf. aussi CHARCOT, « Pourquoi-Pas? », 1910, p. 55.
— P. ext. Étaler un bâtiment, un navire. Se maintenir à la même vitesse que lui, ne pas se laisser distancer (d'apr. LITTRÉ; cf. également Ac. 1932).
2. [Le suj. désigne une pers.] Étaler une voie d'eau. L'empêcher de progresser dans un compartiment envahi, à l'aide de pompes, etc. (d'apr. LITTRÉ, GRUSS 1952).
B.— Au fig. et fam. (supra emploi abs.). Se maintenir dans une situation délicate ou difficile. Arriver à étaler. En se serrant les côtes, on arriverait à étaler, tous les deux (BOURDET, Sexe faible, 1931, p. 443). Nous pouvions étaler six mois... soutenir plusieurs sièges en règle... On était pourvu!... Épicerie! Bibine! Margarine!... Absolument tout! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 608).Sens attesté ds QUILLET 1953 : Ce commercant arrive juste à étaler, il gagne juste assez pour vivre et couvrir ses frais.
Prononc. et Orth. :[etale]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1678 étaler la marée (GUILLET, III). Dér. de étale adj.; dés. -er.
STAT. — Étaler1 et 2. Fréq. abs. littér. :2 271. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 898, b) 5 032; XXe s. : a) 3 837, b) 3 032.
1. étaler [etale] v. tr.
❖
———
I Spatial.
1 Exposer (des marchandises à vendre). ⇒ Déballer (cit. 2). || Étaler sa marchandise sur la voie publique. || Brocanteur qui étale ses ferrailles (→ Brocanteur, cit. 1).
1 Et le commis alla chercher des châles d'un prix inférieur; mais il les étala solennellement, comme des choses dont on semble dire ainsi : — Attention à ces magnificences.
Balzac, Gaudissart II, Pl., t. VI, p. 859.
2 Sur la petite place, au lever de l'aurore,
Le marché rit joyeux, bruyant, multicolore,
Pêle-mêle étalant sur ses tréteaux boiteux
Ses fromages, ses fruits, son miel, ses paniers d'œufs,
Et, sur la dalle où coule une eau toujours nouvelle,
Ses poissons d'argent clair, qu'une âpre odeur révèle.
Albert Samain, Aux flancs du vase, « Le marché ».
3 Il étale ses échantillons, lentement, devant le client.
A. Maurois, Bernard Quesnay, VI, p. 42.
♦ Absolt. → Assortiment, cit. 6.
4 (…) l'endroit du Pirée où les marchands étalent, et où se trouve un plus grand nombre d'étrangers (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, « De l'ostentation ».
4.1 Les vendeurs à la sauvette ouvraient une valise au lieu d'étaler par terre ou sur tréteau. Ils n'avaient qu'un geste à faire pour refermer et s'enfuir à l'arrivée de la police (…)
Pierre Hamp, la Peine des hommes (Moteurs), p. 30.
♦ ☑ Loc. fam. Étaler sa marchandise : faire valoir ce qu'on a, ce qu'on fait, en tirer vanité.
2 (1798). Disposer de façon à faire occuper une grande surface notamment pour montrer dans son entier. || Étaler une carte, un rouleau de parchemin sur la table. ⇒ Dérouler, développer. || Étaler une robe. ⇒ Déplier. || Étaler des papiers, des livres devant qqn, les disposer à plat de façon qu'ils soient tous visibles. ⇒ Éparpiller. || Étaler divers objets sur le sol. ⇒ Poser. — Étaler des papillons, les présenter dans une collection. — Fam. || Étaler ses jambes sous une table. ⇒ Étendre.
5 Méthodiquement, elle étala sur une dalle voisine une pelle, une serpe, un maillet, puis un vaste carton (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 81.
♦ ☑ Loc. Étaler son jeu, ses cartes (⇒ Abattre); fig., rendre claires ses intentions.
6 Maintenant que la partie était engagée, il valait mieux jouer vite, abattre son jeu devant le commandant comme il l'avait étalé devant la Slaoui.
P. Mac Orlan, la Bandera, XV, p. 185.
♦ Étaler un journal, l'ouvrir, le déployer largement.
7 Il avait acheté en gare l'Humanité qu'il étalait avec affectation devant le nez de son père.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 298.
♦ Littér. || Le village étale ses maisons dans la plaine : les maisons du village sont étalées. || La colline étale ses champs (→ Blond, cit. 3).
8 (…) il y a des vieillards à turban qui étalent leur barbe blanche sur des belles robes vertes ou rouges (…)
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 20.
3 (1829). Étendre sur une grande surface en une couche fine. || Étaler de la crème, de la pommade sur une blessure. || Étaler du beurre sur du pain. ⇒ Tartiner. || Étaler du gravier sur le goudron d'une route. ⇒ Épandre. || Étaler du foin pour qu'il sèche.
4 Fam. (Personnes). Faire tomber; jeter à terre. || D'un coup de poing il l'a étalé.
♦ Fig. || Il s'est fait étaler à l'examen : il a échoué. — Syn. : s'étaler (pron.). || Se faire étaler dans un jeu : être battu, perdre.
B (XVIe). Abstrait.
1 Vx. Faire voir, montrer avec éclat, solennité, splendeur. ⇒ Déployer, épanouir, exposer, montrer. || Étaler sa force, sa puissance, sa magnificence.
9 (…) il (le ciel) étale en vous ses plus rares merveilles (…)
Molière, Tartuffe, III, 3.
10 Par ce trait de magnificence
Le prince à ses sujets étalait sa puissance.
La Fontaine, Fables, VII, 7.
11 Un des premiers, qui étala dans la chaire une raison toujours éloquente, fut le père Bourdaloue, vers l'an 1668.
Voltaire, Louis XIV, XXXII.
♦ Mod., péj. Montrer avec excès, prétention ou impudence. || Il étale son savoir, sa force (→ ci-dessous 4.).
♦ Vx. || Étaler ses appas (cit. 16), ses attraits, ses charmes. || Étaler toutes ses séductions. Syn. : faire étalage de… — Mod. et iron. || Elle étalait ses charmes… ⇒ Exhiber.
12 Ainsi (flatteuses voluptés) n'espérez pas qu'après vous je soupire : Vous étalez en vain vos charmes impuissants (…)
Corneille, Polyeucte, IV, 2.
13 (…) leurs épaules, qu'elles étalent avec leur gorge (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 74.
14 (…) tandis que Cypris passe, étrangement belle, Et, cambrant les rondeurs splendides de ses reins, Étale fièrement l'or de ses larges seins.
Rimbaud, Poésies, V, « Soleil et chair », IV.
♦ Littér. (Sujet n. de chose). || La nature, la terre étale ses splendeurs. || Plante qui étale ses fleurs. ⇒ Épanouir.
15 Burgos de son chapitre étale la richesse (…)
Hugo, les Orientales, XXXI.
16 La nue étale au ciel ses pourpres et ses cuivres (…)
Hugo, les Contemplations, III, XXII.
17 La saison, après quelques pluies, désormais belle et fixée, étalait toutes ses pompes.
Michelet, la Femme, p. 153.
18 Une épine en fleurs étalait sa gerbe rose (…)
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, p. 153.
2 (Av. 1650). Mod. Montrer, exposer, rendre évident (ce qui était caché, inconnu). ⇒ Démasquer, déshabiller (fig.), dévoiler, voir (laisser voir). || Étaler le mal au grand jour (→ Chirurgien, cit. 2). || Étaler un scandale. ⇒ Révéler.
19 La fortune (…) est du moins sincère en ceci, qu'elle ne nous cache pas ses tromperies; au contraire elle les étale dans le plus grand jour.
Bossuet, 2e Sermon, 4e dimanche de carême, II.
20 (…) c'est le propre du comique d'étaler aux yeux l'insuffisance humaine.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 290.
21 Ce fut comme si l'on étalait à nu devant le jeune homme les secrets de son propre cœur.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 34.
22 J'ai soigneusement écarté de mes Faux-monnayeurs tout ce qu'un autre aurait aussi bien que moi pu écrire, me contentant d'indications qui permissent d'imaginer tout ce que je n'étalais pas.
Gide, Journal, 1931, p. 1068.
♦ Vx. Montrer sans retenue. || Étaler ses goûts, ses sentiments.
23 Elle m'étale avec plaisir toute sa belle âme (…)
Mme de Sévigné, 818, 12 juin 1680.
♦ Mod. et péj. Montrer avec impudeur, excès, affectation. || Étaler sa vie, ses amours, ses secrets les plus intimes (→ Démonter, cit. 10; discrétion, cit. 11).
24 Proudhon, qui avait la noble pudeur virile et qui, de tous les hommes, était le moins disposé à étaler sa souffrance (…)
Sainte-Beuve, Proudhon, p. 83.
25 Cette foule étalait un goût si naïf de la vie que toutes mes pudeurs de vieux scribe s'en effarouchaient.
France, le Crime de S. Bonnard, I, Œ., t. II, p. 304.
3 Vx. Faire paraître (sur le théâtre), mettre en scène.
26 Qui sait bien ce que c'est qu'un prodigue, un avare,
Un honnête homme, un fat, un jaloux, un bizarre,
Sur une scène heureuse il peut les étaler (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
♦ Exposer en un langage qui fait valoir les choses. ⇒ Exposer, raconter. — Péj. || Étaler du grec, du latin.
27 Combien de belles et inutiles raisons à étaler à celui qui est dans une grande adversité (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 63.
28 (…) un homme qui étale du grec, qui en vit, et qui en vend au public, aux libraires, au gouvernement.
P.-L. Courier, Pamphlets littéraires, Lettre à M. Renouard, Pl., p. 252.
4 Faire parade de (qqch.), déployer avec vanité, ostentation. ⇒ Étalage. || Elle aime à étaler tous ses bijoux. || Étaler plusieurs rangées de décorations. ⇒ Arborer. || Étaler ses richesses, ses collections pour impressionner un visiteur. || Étaler un luxe prétentieux. || Étaler de vains titres. || Le désir d'étaler ses avantages. ⇒ Briller, valoir (se faire valoir).
29 Il étale ce front chauve qu'il dit rempli de hautes pensées.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, IV.
30 (…) le père Léonard aimait à faire montre de sa richesse, et la veuve n'était pas fâchée non plus d'étaler sa belle vaisselle et de tenir table comme une rentière.
G. Sand, la Mare au diable, XII, p. 104.
31 (…) on les voyait étaler un luxe insolent.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, II.
32 Vaine de ses richesses et désireuse de les étaler (…)
France, M. Bergeret à Paris, XXV, in Œ., t. XII, p. 512.
♦ Étaler sa science, son érudition. || Étaler sa supériorité.
33 Avide de gloire, enfin, j'étalais devant elle ma supériorité (…)
France, le Petit Pierre, XXVIII, p. 191.
34 (…) on respecta son originalité parce qu'il (La Fontaine) n'eut jamais la sottise de la vouloir imposer ou étaler.
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., La Fontaine, II.
♦ ☑ Loc. Par plais. (jeu de mots avec le sens A., 3.). La culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale.
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II (XXe). Temporel. Répartir. || Étaler sur plusieurs années l'application d'un plan économique. || La réforme sera étalée dans le temps. || Étaler ses paiements. ⇒ Échelonner. || Étaler les vacances : faire en sorte que tout le monde ne parte pas en vacances en même temps. ⇒ Étalement.
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s'étaler v. pron.
ÉTYM. (1652, au sens 4.).
A Choses.
1 (1819). S'étendre, être étendu sur une surface. || Nappe d'eau, brouillard (cit. 7) qui s'étale au fond de la vallée. || Buée (cit. 2) qui s'étale sur les parois d'un vase. || Arbre qui s'étale (→ Arbre, cit. 30; coupe, cit. 1). — Peinture, fard qui s'étale bien.
35 Le soleil, dans les monts où sa clarté s'étale, Ajuste à son arc d'or sa flèche horizontale (…)
Hugo, les Contemplations, III, XXVI.
36 Elles (les larmes) s'étalaient, se rejoignaient et formaient un vernis d'eau sur ce visage détruit.
Camus, l'Étranger, p. 29.
♦ Fleuve, ville, village qui s'étale dans la plaine. || La vallée s'étale au pied de la montagne (→ Clair, cit. 3).
37 La ville s'étale dans la plaine, soulevée légèrement par les ondulations de la terre (…)
Maupassant, la Vie errante, p. 146.
♦ Vieilli. Être exposé. || Enseigne qui s'étale à la devanture d'un marchand (→ Caractère, cit. 4).
3 (Dans le temps). S'étendre. || S'étaler sur une longue période. — Se répartir. || Paiement qui s'étale sur dix ans. || Vacances qui s'étalent sur quatre mois. ⇒ Échelonner (s').
38 (…) l'hiver a traîné, s'est étalé pendant des mois et des semaines encore. On n'en sortait plus (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 241.
4 (Abstrait). Être montré sans retenue ou avec ostentation, affectation. || Le luxe, les richesses qui s'étalent aux yeux de tous. ⇒ Briller. || Débauche, vice qui s'étale. ⇒ Afficher (s'), cit. 6.
39 Au moment où nous mettons sous presse, la lâcheté la plus révoltante s'étale.
Ch. Péguy, la République…, p. 40.
40 La richesse, en s'étalant avec une telle liberté, finissait par tout ternir de son prestige.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 255.
B Personnes.
1 (1652). Réfl. Se montrer avec insistance, fatuité, impudeur. ⇒ Afficher (s'), exhiber (s'), paonner, parader; → Faire des effets, faire la roue. || S'étaler aux yeux des voisins (→ Dissipateur, cit.). || S'étaler avec affectation, vanité. || S'étaler devant un inconnu. ⇒ Raconter (se).
41 Rivarol, tranchant, abondant dans son sens, imposant silence aux autres, n'a rien fait pour échapper au reproche de fatuité qui se mêle inévitablement jusque dans l'éloge de ses qualités les plus belles. Il s'étalait d'abord et partout dans toute la splendeur et l'insolence de son esprit. Le sens moral et sympathique ne l'avertissait pas.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Rivarol, 27 oct. 1851, in Œ., t. V, p. 68.
42 Elle m'a écouté pendant des jours et des jours, à m'étaler et à me raconter dégoûtamment (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 211.
2 Fam. Prendre de la place en adoptant une posture abandonnée. ⇒ Étendre (s'); avachir (s'). || S'étaler sur l'herbe. || S'étaler nonchalamment dans un fauteuil.
3 (1829). Fam. ⇒ Choir, tomber; fam. ramasser (se). || En faisant un faux pas, il s'est étalé de tout son long; (vx) tout de son long (Académie). — Fig. || Il s'est étalé à l'examen : il a échoué.
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étalé, ée p. p. adj.
♦ (Dans l'espace). || Marchandises étalées. — Vêtement étalé sur une chaise. ⇒ Déployé (→ Affaire, cit. 64).
43 La queue en panache étalée.
La Fontaine, Fables, VI, 5.
44 (…) ses cheveux encore mouillés et pareils à des algues, étalés autour d'elle sur l'oreiller (…)
Gide, la Symphonie pastorale, p. 150.
45 Les deux hommes examinaient une vingtaine au moins de petites photographies, étalées sur la table comme un jeu de cartes, dans le cercle de clarté que projetait un abat-jour de carton vert.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XVI, p. 187.
♦ (1690). || Personne étalée sur un canapé, dans un fauteuil.
46 Celui-ci, étalé dans un fauteuil de toile, du type transatlantique, le ventre tendu, fumait et regardait par la fenêtre ouverte (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, XV, p. 176.
♦ Étalé avec éclat, solennité, ostentation, impudeur… || Luxe étalé sans pudeur. || Nudité glorieusement étalée (→ Coquille, cit. 6).
47 Voilà donc le corps vivant tout entier et sans voile, admiré, glorifié, étalé sans scandale, aux regards de tous, sur son piédestal.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 164.
♦ (Dans le temps). || Paiements étalés, traites étalées. ⇒ Échelonné.
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CONTR. Détaler (vx), remballer. — Envelopper, plier, rouler; comprimer, entasser. — Relever. — Cacher, dissimuler, voiler.
DÉR. Étalage, étale, étalement, étaleur.
HOM. 2. Étaler.
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2. étaler [etale] v.
ÉTYM. 1678; de étale, adj., lui-même de 1. étaler.
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I V. tr. (Mar.).
1 Étaler la marée : mouiller sur place en attendant la marée contraire.
2 (XIXe). || Étaler une voie d'eau : empêcher l'eau de monter dans un compartiment envahi (au moyen de pompes, etc.).
3 Résister à. || Étaler le vent, le courant. — Par ext. :
0 Le grain extrêmement dur passerait vite, croyait-il. Le mieux était de se mettre en cape pour étaler le mauvais quart d'heure.
Roger Vercel, Remorques, p. 103.
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II V. intr. (Mar.). Devenir étale. || La mer, la marée étale.
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HOM. 1. Étaler.
Encyclopédie Universelle. 2012.