envelopper [ ɑ̃v(ə)lɔpe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1080; envolopet 980; de l'a. fr. voloper « envelopper », probablt du lat. pop. °faluppa;cf. a. fr. filope « frange », fr. mod. friper, flapi, etc.
1 ♦ Entourer d'une chose souple qui couvre de tous côtés. ⇒ couvrir, recouvrir. Envelopper un objet dans du papier, une étoffe (⇒ emballer, empaqueter) , envelopper la vaisselle pour un déménagement. Envelopper un meuble dans une housse. Envelopper un enfant dans une couverture. ⇒ emmitoufler, rouler. « Donnez-moi votre manteau, que j'enveloppe ses petits pieds » (Sand). « Malgré le triple voile de crêpe dont elle enveloppe sa tête » (Baudelaire). Pronom. S'envelopper dans un châle. — Loc. fam. Je vous l'enveloppe ? (pour conclure une vente) : c'est d'accord ? — Il a une manière de l'envelopper, de vous envelopper, de faire passer, de faire avaler la chose.
2 ♦ Constituer l'enveloppe de. Emballages qui enveloppent les marchandises. Organe qui en enveloppe un autre (⇒ amplectif) .
♢ P. p. adj. Personne enveloppée (de graisse),un peu grosse. Il n'est pas gros, juste un peu enveloppé.
3 ♦ (XVIIe) Entourer (de qqch. qui semble recouvrir). — Les ténèbres enveloppent la terre. « Le roi d'un noir chagrin paraît enveloppé » (Racine). « Une atmosphère obscure enveloppe la ville » (Baudelaire).
4 ♦ Littér. Entourer pour cacher. Envelopper la réalité d'un voile. — Pronom. « L'amour véritable s'enveloppe toujours des mystères de la pudeur » (Balzac). — Reproches enveloppés de compliments.
5 ♦ (1636) Milit. Rare Environner de toutes parts de manière à ne pas laisser d'issue. Attaquer l'ennemi après l'avoir enveloppé. ⇒ cerner, encercler, investir; enveloppement.
⊗ CONTR. Déballer, développer. Dégager. 1. Étaler, manifester.
● envelopper verbe transitif (ancien français voloper, peut-être du latin médiéval faluppa, copeau, avec l'influence du latin volvere, faire rouler) Entourer, couvrir complètement quelqu'un, quelque chose avec quelque chose : Envelopper un enfant dans une couverture. En parlant de quelque chose (papier, tissu, matière, etc.), entourer, recouvrir un objet : La gangue enveloppe la pierre précieuse. Se répandre autour de quelqu'un, de quelque chose : La brume qui enveloppe la ville. Accompagner quelque chose de quelque chose pour le dissimuler, entourer : Il enveloppe sa vie de mystère. Contenir quelque chose, quelqu'un, dans quelque chose ; englober, inclure : Envelopper dans son étude tous les aspects du problème. Cerner quelqu'un, le prendre comme dans un filet : Envelopper ses contradicteurs dans d'habiles arguments. Entourer quelqu'un comme de quelque chose qui couvre : Envelopper quelqu'un d'un regard tendre. Se déployer tout autour de l'adversaire pour l'attaquer ; cerner, encercler. Établir une enveloppe autour d'un ouvrage fortifié. En parlant d'une famille de courbes ou de surfaces, avoir une courbe ou une surface pour enveloppe. ● envelopper (difficultés) verbe transitif (ancien français voloper, peut-être du latin médiéval faluppa, copeau, avec l'influence du latin volvere, faire rouler) Orthographe Avec deux p et un seul l, de même qu'enveloppe. ● envelopper (synonymes) verbe transitif (ancien français voloper, peut-être du latin médiéval faluppa, copeau, avec l'influence du latin volvere, faire rouler) Entourer, couvrir complètement quelqu'un, quelque chose avec quelque chose
Synonymes :
- emballer
- engoncer
Contraires :
- déballer
- défaire
Se répandre autour de quelqu'un, de quelque chose
Synonymes :
- enrober
Accompagner quelque chose de quelque chose pour le dissimuler, entourer
Synonymes :
- déguiser
- voiler
Contenir quelque chose, quelqu'un, dans quelque chose ; englober, inclure
Synonymes :
- englober
- entraîner
- inclure
Se déployer tout autour de l'adversaire pour l'attaquer ; cerner, encercler.
Synonymes :
- cerner
- enserrer
- investir
envelopper
v. tr.
d1./d Entourer, emballer au moyen d'un objet souple et mince. Envelopper un objet dans du papier.
d2./d Environner, entourer, encercler. Les blindés ennemis enveloppèrent notre aile gauche.
d3./d Comprendre, inclure. Envelopper qqn dans une accusation.
d4./d Litt. Déguiser, dissimuler. Envelopper sa pensée.
⇒ENVELOPPER, verbe trans.
A.— [Gén. avec un obj. second.] Entourer pour protéger, en couvrant entièrement à l'aide de quelque chose. Synon. couvrir, entourer, recouvrir.
1. [Ce qui sert à entourer n'est pas constitutif de l'obj.]
a) [Le suj. désigne une pers.]
) [L'obj. désigne une chose concr.]
— Envelopper (qqc.) dans/de (qqc.). Envelopper un paquet, envelopper un objet dans du papier, une toile. Quasi-synon. emballer, empaqueter; anton. défaire, déballer, développer (rare). Et les ruches, soigneusement enveloppées de paille, ne faisaient plus entendre cette rumeur confuse de travail (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 65). On l'expédiait [la bouteille de champagne] enveloppée de papier de soie, pour préserver son bel habit d'étiquetage et son chapeau doré (HAMP, Champagne, 1909, p. 181) :
• 1. Il tire de sa poche un petit objet enveloppé dans un morceau de journal : « Regardez ça ». Il déplie le papier : « C'est une dent. J'ai trouvé ça ce matin à l'endroit où il est tombé ».
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 221.
♦ P. métaph. Mais Paulus n'était pas de ces âmes trempées Dans les ondes du Styx, âmes enveloppées D'un bouclier d'airain (BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 124).
— En partic., domaine artis. ou comm. Conditionner un produit, une marchandise, en le mettant sous emballage. Cigare enveloppé d'or (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 126). Bonbons enveloppés de papier frangé (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 270).
♦ Emploi abs. Machines automatiques à envelopper et à emballer en paquets (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 19).
) [L'obj. désigne un être animé, une pers. ou une partie du corps] Envelopper qqn tout entier, chaudement, délicatement, soigneusement.
— Envelopper + compl. d'obj. dir. + dans. Elle enveloppa ses cheveux dans un grand foulard bleu (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 9). Il [l'enfant] fut enveloppé dans une brume de dentelles, et coiffé de bonnets magnifiques (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 137) :
• 2. Il était chaussé de grosses pantoufles, ses jambes étaient enveloppées dans plusieurs tours de bandes de flanelle, et ses doigts étaient recourbés, comme noués aux articulations.
RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, p. 154.
♦ Emploi pronom. réfl. Un châle de cachemire dans lequel elle s'enveloppait si bien que ses formes pouvaient se deviner dans leur nudité (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 393).
P. métaph. La lune s'enveloppe dans les brumes du couchant (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 184).
— Envelopper + compl. d'obj. dir. + de. Envelopper (qqn, la tête, etc.) d'un châle, de fourrures, de voiles, de dentelles; tête enveloppée de pansements. Assis au coin du feu, (...) les pieds dans ses pantoufles et enveloppé de sa robe de chambre (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859p. 217). Elle paraît enveloppée de linons et de mousselines, en capuchons ruchés et neigeux qui l'avantagent extrêmement (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 107).
♦ Emploi pronom. réfl. Elle s'enveloppait de robes simples (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 249).
— Envelopper + compl. d'obj. dir. + avec. Envelopper le scrotum avec des compresses trempées dans l'eau à la glace (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 346). Antonio avait soigneusement enveloppé les pieds de l'animal avec les débris d'une vieille couverture (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 14).
— Emploi pronom réfl. abs. S'habiller, se couvrir chaudement. Synon. fam. s'emmitoufler. Le comte proposa de faire une promenade aux alentours du village. Chacun s'enveloppa avec soin et la petite société partit (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 140).
b) [Par transformation de l'obj. second. en suj.; le suj. désigne ce qui sert à entourer : papier, carton, tissu, feuille, etc.] Constituer l'enveloppe, l'emballage protecteur de. Il froissa et jeta le papier gras qui avait enveloppé la viande (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 133). Notre mère (...) recueillait les feuilles de papier d'argent qui enveloppaient les tablettes de chocolat (FRANCE, Bergeret, 1901, p. 52).
2. [Ce qui sert à entourer est constitutif de l'obj.] Entourer, couvrir naturellement (d'une couche protectrice). Voilà des fruits enveloppés de leurs écorces (BERN. DE ST-P., Chaum. ind., 1791, p. 96). P. méton. Constituer la membrane naturelle protectrice de. La sclérotique enveloppe tout le globe de l'œil, à l'exception de la partie antérieure (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 385). L'ensemble de l'axe cérébrospinal se trouvant enveloppé par les méninges (QUILLET, Méd. 1965, p. 319).
— Emploi pronom. réfl. Cocon qui s'enveloppe dans sa chrysalide. Le végétal a renoncé à la conscience en s'enveloppant d'une membrane de cellulose (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 132).
B.— P. ext. [Souvent avec un obj. second.] Environner de toutes parts.
1. Littér. Entourer délicatement ou environner (pour ceindre, clore ou servir de cadre). Son enceinte fortifiée [d'une abbaye] et les fossés qui l'enveloppaient (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 29). Petit berceau enveloppé de mousseline (MALLARMÉ, Corresp., 1868, p. 276). Sa grosse tête rouge, enveloppée de fins cheveux blancs (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 322).
2. P. ext.
a) [Le suj. désigne un élément naturel] Recouvrir complètement (d'une enveloppe naturelle). Brume, brouillard, nuages, ténèbres qui enveloppent la terre, un paysage. Synon. recouvrir, imprégner, baigner, plonger dans. Une grande ligne de montagnes cornues et bizarres surgit : la Corse, enveloppée dans une sorte de voile léger (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 72). Un jour d'automne sombre et froid, au crépuscule hâtif, dont le voile de crêpe tombait du ciel blafard, enveloppant la terre noire (ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 188) :
• 3. Mais les grands poiriers enveloppaient chaque maison, chaque modeste cour, d'une blancheur plus vaste, plus unie, plus éclatante et comme si tous les logis, tous les enclos du village fussent en train de faire, à la même date, leur première communion.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 155.
b) Au fig. [Le suj. désigne gén. une sensation ou un sentiment] Envahir complètement. Être enveloppé de silence, de lumière, de chaleur. Un bien-être de chaleur l'enveloppait de partout, collant et souple comme un réseau de soie (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 3). On y vivait [dans le jardin] enveloppé de noblesse, de silence et de gravité voluptueuse (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902-04, p. 248) :
• 4. ... un bien-être attendri, la chaleur de son gîte de lapin de choux l'enveloppa [Tartarin] comme une sécurité après tant de dangers et d'aventures.
A. DAUDET, Tartarin sur les Alpes, 1885, p. 266.
— Loc. usuelles
♦ Envelopper (qqn, qqc.) du regard. Contempler avec affection. Il ne le quittait pas des yeux; il semblait, en l'enveloppant de son regard obstinément joyeux, vouloir calmer cette souffrance (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 783).
♦ Envelopper (qqn) d'affection, de tendresse, de sollicitude. Entourer (quelqu'un) de soins, d'égards, de gestes délicats qui concrétisent ces sentiments. Ils l'ont gardé [l'Enfant] avec leurs chiens, et réjoui de leurs pipeaux. Ils l'ont enveloppé de sollicitude, de tendresse, d'adoration (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 121).
3. Au fig. [Le suj. désigne une chose abstr.] Dérober à la vue.
a) [par un simple effet de sa nature] Être enveloppé dans. Être implicitement contenu dans. Toutes les vérités morales sont enveloppées les unes dans les autres (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 159). L'infini enveloppé dans toute réalité spirituelle se révèle à nous (MARCEL, Journal, 1923, p. 293) :
• 5. Nous avons besoin de croire, (...) en ce temps qui n'a pas fini d'être bouleversé, à une espèce de durée végétale de la civilisation, à la propriété qu'elle a de se perpétuer malgré les accidents historiques, suivant des lignes de pousse qui dépendent d'un principe très fort, enveloppé dans le germe à l'origine.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1939, p. 43.
b) [avec l'intention de dissimuler] Crime enveloppé de mystère. Synon. farder, masquer, voiler, déguiser. La politesse est une sorte d'émoussoir qui enveloppe les aspérités de notre caractère, et empêche que les autres n'en soient blessés (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 254). Le sens d'un certain nombre de mots (...) demeurait encore pour moi enveloppé d'une obscurité relative (MÉRIMÉE, Dern. nouv., 1870, p. 141) :
• 6. Elle a été à cheval la veille, et dit qu'elle a aux jambes deux places noires grandes comme la main. Un des assistants veut faire préciser l'endroit, et, comme il a de l'esprit, il enveloppe son insinuation dans une politesse.
TAINE, Notes sur Paris, 1867, p. 243.
— Emploi pronom. réfl. ou passif. S'envelopper de circonlocutions, de précautions oratoires. L'excellent de sa méthode littéraire, réaliste et directe, c'est qu'elle ne masque rien, qu'elle ne s'enveloppe pas de feintes équivoques comme chez tant d'autres. Il ne connaît que les faits et là-dessus nous pouvons juger (MASSIS, Jugements, 1924, p. 120).
c) [avec l'intention d'atténuer l'effet, par égard pour le destinataire] Adoucir, atténuer l'aspect trop rude, trop incisif ou trop direct. Envelopper sa pensée. Il comprit qu'il parlait trop dur et devait au moins envelopper son refus d'apitoiement (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 192).
C.— [Ordin. avec une nuance péj. (idée d'hostilité)]
1. [Hostilité appréhendée par le suj.] Par une réaction de défense s'enfermer obstinément dans. S'envelopper dans sa dignité, dans le mutisme, dans la réserve. Synon. se confiner, se retrancher (cf. la loc. se draper dans sa dignité). Se concentrer finalement en soi, s'enveloppant dans son indigence et dans sa misère, et se séparant absolument de tout intérêt d'autrui (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 408) :
• 7. Quand (...) ils [mes amis] me comprennent tout à fait, ils s'enveloppent dans la réserve la plus sévère et aimeraient mieux, je crois, que leurs actions et leurs pensées intimes fussent connues du diable que de moi.
STENDHAL, Armance, 1827, p. 150.
a) [Avec une idée d'hostilité, de danger, de menace]
— [Le suj. désigne des choses concr. ou des pers.] Cependant, rien de plus sinistre que la position de nos pauvres comédiens, (...) aveuglés de neige et perdus en pleine grande route au milieu de ce vertigineux tourbillon de grains glacés les enveloppant de toutes parts (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 143). Ne peut-il arriver qu'ils soient surpris et enveloppés par les flammes? (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 157). Une Commission centrale d'instruction (...) qui enveloppa l'Allemagne d'un réseau d'espions et d'agents provocateurs (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 590).
— [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Se sentir enveloppé de maléfices. La solitude qui l'enveloppait lui sembla toute menaçante de périls indéfinis (FLAUB., St Julien, 1877, p. 98). Mais pourquoi cette atmosphère de désastre qui enveloppe la terre lorraine? (BARRÈS, Serv. All., 1905, p. 3).
b) Au fig. [Avec une idée de ruse, de perfidie, pour tromper, circonvenir] Fernand (...) ne pouvait deviner l'horrible intrigue dans laquelle il était enveloppé (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 513). Un moment, il avait eu l'idée de l'envelopper dans un réseau de ruses qui l'eussent laissée tout ignorer (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 129) :
• 8. Il y a quelqu'un qui observe les moindres mouvements de ta coupable vie; tu es enveloppé par les réseaux subtils de sa perspicacité acharnée. Ne te fie pas à lui, quand il tourne les reins, car il te regarde; ne te fie pas à lui, quand il ferme les yeux, car il te regarde encore.
LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, p. 162.
— P. ext. [Avec une idée de grâce, de charme, pour conquérir, séduire] Synon. captiver, enjôler. Il ne l'aimait donc pas! ... Elle qui croyait l'avoir si bien captivé, enveloppé (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 368). Conquis (...) par le charme dont elle savait envelopper les hommes (MAUPASS., Notre cœur, 1890, p. 316) :
• 9. Depuis trois mois il [Du Roy] l'enveloppait dans l'irrésistible filet de sa tendresse. Il la [Suzanne] séduisait (...) Il s'était fait aimer par elle...
MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 369.
c) TECHN. MILIT. Se déployer autour de l'ennemi en un cercle de plus en plus resserré en vue de l'attaquer. Envelopper une troupe par surprise. Synon. cerner, encercler. Nous courrions le risque de voir sans espoir nos armées enveloppées par l'ennemi et obligées à livrer une funeste bataille à fronts renversés (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 310) :
• 10. Il confiait donc à cette division et à ces tabors, (...) la mission de pousser aussi vite que possible par les hauts du terrain en enveloppant au sud le dispositif allemand et en prenant pour objectif final le massif de Petrella, près de Pico, sur les arrières de l'ennemi.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 271.
3. Envelopper dans (vieilli). [En parlant d'une pers. ou d'un groupe] Comprendre, inclure avec d'autres dans (quelque chose de funeste). Synon. englober, impliquer. Ne croyez pas du moins, (...) que j'enveloppe tous les juifs dans un sentiment d'aveugle réprobation (FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 357) :
• 11. Je revins à Paris; tous les jours on tremblait pour quelques nouvelles victimes enveloppées dans la persécution générale qu'on faisait subir aux émigrés et aux prêtres.
STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 1, 1817, p. 488.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. enveloppage. Opération qui consiste à envelopper un produit, une marchandise avant son empaquetage. Synon. emballage. Enfin, les articles terminés sont conditionnés : triage, ramassage, enveloppage et emballage en boîtes ou en paquets (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 20). P. méton. Ce qui sert à envelopper (matière souple, papier d'emballage, etc.). Ces nouveaux savons [Monsavon] (...) ne seront plus livrés sous leur bel enveloppage bleu (L'Œuvre, 22 janv. 1941). Les fournitures de conditionnement pour les margarines et les graisses (enveloppages, cartons, étiquettes, caisses, etc.) (BRUNERIE, op. cit., p. 224).
Prononc. et Orth. :[], (j')enveloppe []. Enq. : // (il) enveloppe. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 980 envoloper « entourer, recouvrir » (Passion, éd. d'A. S. Avalle, 344 : [Joseps] l'[lo corps Jesu] envolopet), forme limitée à l'a. fr. et au m. fr.; ca 1175 anveloper (CHR. DE TROYES, Chevalier au lion, 3960, éd. M. Roques); b) 1755 enveloppée fortif. (Encyclop.); c) 1864 enveloppée, enveloppante géom. (LITTRÉ); 2. ca 1235 « encercler, circonvenir » (G. DE COINCI, De l'empeeris [II Ch. 9], 587, éd. V. F. Kœnig, t. 3, p. 326 : Ceste [fame] m'a bien... Envolepé); 3. av. 1549 « comprendre avec d'autres » (MARG. DE NAVARRE, Epistre inédite ds HUG.). Dér. avec le préf. en-, de l'a. fr. voloper « envelopper, entourer » (XIIe-XIVe s. ds GDF.; cf. aussi l'a. prov. volopar et les formes ital. REW3 3173, 3), d'orig. obsc., peut-être à rapprocher du lat. médiév. aluppa « copeau, brin de paille » (Xe s., CGL 5, 525, 32), avec influence du lat. volvere « faire rouler ». Fréq. abs. littér. : 3 194. Fréq. rel. littér. :XXe s. : a) 4 181, b) 5 160; XXe s. : a) 5 449, b) 3 977.
DÉR. Enveloppeur, euse, adj. et subst. masc., rare. (Celui, celle) qui enveloppe. Il prenait ce petit être (...) avec des bras enveloppeurs que l'écroulement des cieux n'aurait pu désenlacer (BLOY, Désesp., 1896, p. 65). Au fig. Le merle envahi du spleen enveloppeur Avait un vol furtif et tremblotant de peur (ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 235). « Corot; un enveloppeur d'aube de crépuscule! » (GONCOURT, Journal, 1891, p. 169). — [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) ca 1330 subst. fém. enveloperresse « trompeuse, menteuse » (G. DE DIGULLEVILLE, Vie humaine, éd. J. J. Stürzinger, 5554), 1686 subst. masc. « (d'un écrivain) qui traite un sujet de façon voilée » (BUSSY-RABUTIN, Lettre à Furetière, 4 mai ds LITTRÉ), b) 1838 subst. masc. « celui qui enveloppe » (Ac. Compl. 1842); du rad. de envelopper, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — PRIGNIEL (M.). Entourlouper, entourloupe, entourloupette. Fr. mod. 1971, t. 39, pp. 345-349. — QUEM. Fichier.
envelopper [ɑ̃vlɔpe] v. tr.
ÉTYM. V. 1175, anveloper; envolopet, 3e pers. sing. parf., au Xe; de en- et anc. franç. voloper « envelopper », probablt du lat. faluppa; cf. anc. franç. filope « frange », franç. mod. fripe, flapi, etc.
❖
1 Envelopper (qqch., qqn) dans (qqch.), (littér.) de (qqch.). (Sujet n. de personne). Entourer de qqch. qui couvre de tous côtés. ⇒ Couvrir, entourer, recouvrir. || Envelopper un objet dans du papier, du carton ondulé, une étoffe. ⇒ Emballer, empaqueter, entortiller, fourrer. || Envelopper un livre dans une enveloppe protectrice. ⇒ Emboîter, enchemiser. || Envelopper un meuble dans une housse. || Envelopper de l'argent dans un mouchoir. ⇒ Nouer. || Envelopper un enfant dans un lange; un malade, un blessé dans une couverture. ⇒ Emmailloter, emmitonner, emmitoufler, rouler. — Envelopper un doigt blessé. ⇒ Bander. — Faux pron. || S'envelopper la tête d'un linge (⇒ Ceindre). — Pron. || S'envelopper dans un manteau.
1 Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope.
Boileau, l'Art poétique, III.
2 — Tenez ! voilà qui est fait, Germain ! Donnez-moi votre manteau, que j'enveloppe ses petits pieds, et ma cape par-dessus son corps. Voyez s'il n'est pas couché là aussi bien que dans son lit ! et tâtez-le comme il a chaud !
G. Sand, la Mare au diable, VIII, p. 66.
3 Et Montès (le torero) saute par-dessus le taureau en lui appuyant le pied sur la tête, ou bien il lui secoue sa cape devant le mufle, et par un mouvement brusque, s'en enveloppe de façon à former une draperie élégante, aux plis irréprochables (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 212.
4 Malgré le triple voile de crêpe dont elle enveloppe sa tête, si haut qu'elle la porte, on peut voir d'en bas la lumière sauvage qui s'échappe de ses yeux (…)
Baudelaire, les Paradis artificiels, Mangeur d'opium, VIII.
5 Et, s'enveloppant plus étroitement dans son châle, elle disparaît sans avoir relevé les yeux.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 171.
♦ ☑ Loc. fig. (pop.; de l'usage des commerçants). Je vous l'enveloppe ? (en conclusion d'un boniment pour vendre une marchandise) : c'est entendu ? c'est d'accord ? || Il a une manière de vous l'envelopper !, de faire passer, de faire avaler la chose.
5.1 Il avait ces gestes que je déteste de nos Juifs algériens, de nos marchands de cacahuètes, de tous ces commerçants qui racolent le client sur le trottoir, les ronds de bras, les ronds de jambe, les sourires gras, les courbettes, les « alors, je vous l'enveloppe ? ». Qu'est-ce que ça veut dire ça ?
Roger Ikor, les Fils d'Avrom, Prologue, p. 34.
♦ (Sujet n. de la chose qui enveloppe). || Envelopper (qqn, qqch.) : entourer, recouvrir de tous côtés; constituer l'enveloppe de. || Emballages qui enveloppent les marchandises. || Vêtements qui enveloppent le corps. || Bandelettes, linceul, suaire qui enveloppent un cadavre (→ Ensevelir). || Le périanthe enveloppe les organes reproducteurs de la fleur (⇒ Enveloppe, I., B., 3.). || Organe qui en enveloppe un autre (⇒ Amplectif). — Au p. p. || Viande enveloppée de papier (→ Charcutier, cit. 1).
6 (…) nous découvrîmes enfin le corps, et nous l'enlevâmes. Nous nous attendions à le trouver enveloppé comme d'habitude de nombreux rubans, ou bandelettes de lin; mais (…) nous trouvâmes une espèce de gaine (…) revêtue d'une couche de plâtre (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, Nouvelles histoires extraordinaires, « Petite discussion avec une momie ».
2 (XVIIe). Avec ou sans compl. second en de. Sujet n. de personne. Entourer (de qqch. qui semble recouvrir, former enveloppe). || Envelopper qqn d'un regard rapide. || Envelopper un petit fait de commentaires superflus.
♦ (Sujet n. de chose). || Les ténèbres enveloppent la terre. || Une chaude lumière enveloppe le paysage. ⇒ Baigner. || Le ciel enveloppe les hautes façades. ⇒ Encadrer (→ Dôme, cit. 1). || Brouillard, brume qui enveloppe le village (→ Automne, cit. 8; blêmir, cit. 4). || Une ambiance joyeuse enveloppait la manifestation. — Au p. p. || Ruines enveloppées de silence. — Paysage enveloppé dans l'obscurité, par l'obscurité.
7 Le roi d'un noir chagrin paraît enveloppé.
Racine, Esther, II, 1.
8 Tu réclamais le Soir; il descend; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville (…)
Baudelaire, les Nouvelles Fleurs du mal, « Recueillement ».
9 Elle les enveloppa tous deux de son regard velouté de barbare et partit.
Colette, la Fin de Chéri, p. 87.
10 L'affection du frère aîné l'enveloppait encore.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 207.
10.1 Des femmes le sein pointe (…)
Elles ont dénoué leur ceinture le ciel couvre la terre la nuit les enveloppe
le jour le plus brillant
Le soleil et la lune vont de compagnie
R. Queneau, Chêne et Chien, « la Fête au village ».
♦ Pron. || S'envelopper dans sa dignité. ⇒ Draper (se). || S'envelopper dans une certaine réserve, une atmosphère d'étrangeté. ⇒ Confiner (se), retrancher (se).
11 Corneille eût mieux fait de s'envelopper dans sa gloire et dans sa modestie que de répondre à l'abbé d'Aubignac.
12 De Vigny exhale tous les matins une petite atmosphère à son usage; il s'en enveloppe et s'en revêt; il y vit, il y habite tout le jour, il s'y glorifie comme dans son nimbe; il s'y conserve merveilleusement et la porte partout avec lui.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. XI, Notes et pensées, p. 523.
3 (1680). Littér. || Envelopper (qqch.) de (qqch.); (vx) dans (qqch.) : entourer (de qqch. qui cache). ⇒ Cacher, déguiser, dissimuler, farder, voiler. || Envelopper la réalité d'un voile, de fictions. || Envelopper la vérité sous une forme agréable (→ Apologue, cit. 4; débile, cit. 7). || Envelopper à dessein sa pensée.
♦ Pron. || Une autorité qui s'enveloppe de douceur. — Au p. p. || Reproches enveloppés de compliments. → Adoucir, édulcorer, mitiger.
13 M. de Mejusseaume a dit à mon fils mille civilités pour moi (…) enfin, toutes sortes de duretés enveloppées dans toutes les honnêtetés du monde.
Mme de Sévigné, 1232, 6 nov. 1689.
14 (…) elle enveloppait tout cela d'un voile de pudeur infiniment aimable.
Voltaire, l'Ingénu, 5.
15 L'amour véritable s'enveloppe toujours des mystères de la pudeur (…)
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 164.
16 On croyait vivre, on croyait avoir quelque expérience de la vie; on voit qu'on ne savait rien, on voit qu'on ne voyait rien, qu'on vivait enveloppé d'un voile d'illusions, que l'esprit avait tissé et qui cachait aux yeux le visage terrible de la réalité.
R. Rolland, Jean-Christophe, II, p. 34.
♦ Envelopper qqn de son influence, l'entourer et ainsi l'influencer, le circonvenir (→ ci-dessous, rem., cit. 23).
4 (1636). Milit. Rare. Sujet n. de personne, de groupe. Environner de toutes parts de manière à ne pas laisser d'issue. || Attaquer l'ennemi après l'avoir enveloppé. ⇒ Assiéger, cerner, encercler, investir; enveloppement (→ Dissiper, cit. 3). — Par ext. || Filet qui enveloppe le gibier (→ Attraper, cit. 1).
17 Pendant qu'à la plumer l'autour est occupé,
Lui-même sous les rets demeure enveloppé.
La Fontaine, Fables, VI, 15.
18 Mais les prêtres bientôt nous ont enveloppés.
On nous a fait sortir (…)
Racine, Athalie, II, 2.
19 Des sortes de lichens longs et fins, comme des toiles d'araignées, enveloppaient de leurs résilles les branches de sapins rouges, les ligotaient des pieds à la tête, passaient d'un arbre à l'autre, étouffaient la forêt.
R. Rolland, Jean-Christophe, Buisson ardent, II, p. 1418.
5 (V. 1235). Fig., vx. Prendre comme dans un filet, dans un réseau de ruses, de mensonges. || Se laisser envelopper par un adversaire habile. || Il veut l'envelopper à force d'astuce, de discours captieux. ⇒ Circonvenir.
20 Vous connaîtriez bientôt que la fraude d'un homme,
Banni de son pays, l'esprit vous a pipé,
Et des liens d'erreur partout enveloppé.
Ronsard, Remontrances au peuple de France.
21 (…) admirables sans doute pour envelopper une dupe (…)
La Bruyère, les Caractères, IX, 26.
22 Le maraud m'embarrassait ! en disputant, il prend son avantage; il vous serre, vous enveloppe… Ah ! friponne et fripon, vous vous entendez pour me jouer !
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 8.
REM. Certains emplois figurés (sens 3.) connotent cette valeur :
23 Il a préféré l'envelopper de son influence, l'habituer peu à peu à une soumission générale.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, II, p. 16.
6 Littér. Sujet et compl. n. de chose. Entourer de façon menaçante, ou gênante. || Un tourbillon de poussière, de sable, l'enveloppait. — Au p. p. || Immeuble enveloppé par les flammes.
24 Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L'enveloppe. Étonnée et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
André Chénier, la Jeune Tarentine.
♦ Fig. Compl. n. de personne. Entourer de façon insistante ou même dangereuse. || Un sombre pressentiment peu à peu l'enveloppait. ⇒ Gagner. || Son esprit se sentait enveloppé de ténèbres. || L'audace, l'ardeur de son complice l'enveloppa. ⇒ Entraîner.
25 Dans beaucoup de familles, la vie intérieure, qu'on pourrait imaginer intime, unie, cohérente, se passe ainsi : (…) les sœurs sont enveloppées dans un tourbillon d'intérêts de familles étrangères à la leur.
Balzac, Une fille d'Ève, Pl., t. V, p. 69.
26 (…) nous enfonçant de plus en plus dans les quartiers de désuétude et de mort où le silence nous fait l'effet de courir après nous pour nous envelopper.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 109.
27 Cette impression du renouveau enveloppait les deux jeunes gens, les gagnait, amollissait leurs nerfs trop vibrants.
Paul Bourget, Un divorce, V, p. 182.
7 (1549). Sujet n. de personne ou de chose. || Envelopper (qqn) dans, comprendre avec d'autres. ⇒ Entraîner. || Envelopper plusieurs personnes dans sa ruine, dans un désastre. || Envelopper qqn dans une accusation. ⇒ Englober, impliquer, inclure. || La guerre enveloppe dans les mêmes dangers civils et combattants.
28 Il croyait qu'il ne pouvait être enveloppé dans sa ruine.
Fénelon, Télémaque, 14.
29 (…) il voulut l'entraîner dans sa rébellion, pour ensuite l'envelopper dans sa perte.
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, II, 1.
30 Les mêmes mouvements intérieurs, qui se combinent, s'enlacent, se nouent et se dénouent, la même volonté du cœur, ici et là, enveloppent un sentiment unique.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », p. 251.
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enveloppé, ée p. p. adj.
♦ Fig., par euphém. Qui est un peu gras, qui a un peu d'embonpoint, en parlant d'une personne. || Je ne suis pas gros ! Juste un peu enveloppé !
2 Fig. Difficile à pénétrer, à comprendre; caché, peu clair. || Dieu, selon les théologiens, a voulu que certaines vérités fussent enveloppées. || Mythes qui donnent à la philosophie platonicienne quelque chose d'enveloppé.
3 Embrouillé et embarrassé à dessein, plein de sous-entendus. || Insinuations répandues dans un long discours enveloppé.
31 (…) Voilà une chose fine, l'entendez-vous bien ? Il me semble, ma bonne, que je vous fais grand tort de douter de votre intelligence sur ce qui est un peu enveloppé (…)
Mme de Sévigné, 182, 8 juil. 1671.
32 (…) parler ambigument, d'une manière enveloppée, user de tours et de mots équivoques (…)
La Bruyère, les Caractères, X, 11.
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CONTR. Déballer, découvrir, développer. — Dégager. — Étaler, manifester. — Désenvelopper.
DÉR. Enveloppage, enveloppant, enveloppe, enveloppé, enveloppée, enveloppement, enveloppeur.
HOM. Enveloppé, enveloppée.
Encyclopédie Universelle. 2012.