enserrer [ ɑ̃sere ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ Littér. Entourer étroitement, de près. « Elle portait une guimpe et un col de guipure qui lui enserrait le cou jusqu'aux oreilles » (F. Mauriac). — Par anal. « Une étroite vallée que la montagne enserre de partout comme un grand mur » (A. Daudet). — Fig. « Une âme si dégagée des liens qui l'enserrent dès sa naissance » (Giraudoux). ⇒ emprisonner.
● enserrer verbe transitif Serrer étroitement quelqu'un, une partie du corps : Deux mains puissantes enserraient son cou. Tenir enfermé dans d'étroites limites ; entourer : Les montagnes enserraient le village. ● enserrer (synonymes) verbe transitif Serrer étroitement quelqu'un, une partie du corps
Synonymes :
- étreindre
- serrer
Tenir enfermé dans d'étroites limites ; entourer
Synonymes :
- cerner
- encadrer
- enfermer
- entourer
enserrer
v. tr. Entourer en serrant. Une ceinture lui enserrait la taille.
— Par anal. Un champ enserré par la forêt.
I.
⇒ENSERRER1, verbe trans.
A.— Vx. Enfermer, tenir enfermé. Ce coffre qui enserre tous les trésors de la maison (ABOUT, Grèce, 1854, p. 184).
B.— Usuel
1. [Le compl. désigne une pers. ou une chose] Entourer en serrant, en comprimant avec plus ou moins de force. Une prodigieuse fraise à gros tuyaux empesés, (...) enserre sa longue tête osseuse (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 202). Je me dégageai tout doucement de la foule qui m'enserrait (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 134) :
• Ils étaient assis l'un près de l'autre, et, lentement, le bras de Henri fit le tour de la taille de Henriette et l'enserra d'une pression douce.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Une Partie de campagne, 1881, p. 379.
— P. métaph. L'Angleterre, ce polype immense dont les bras enserrent la planète (MICHELET, Insecte, 1857, p. 377).
2. P. anal. Entourer étroitement de manière à contenir, à tenir enfermé.
a) [Le suj. et l'obj. désignent gén. un élément du paysage] Enserrer de toutes parts. Synon. border, délimiter. La boucle de la Meuse enserrait la presqu'île d'Iges d'un ruban pâle (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 238). Ces domaines ceints de murs et enserrés si étroitement d'arbres (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 374).
b) ART MILIT. Enserrer un ennemi, une place. Synon. encercler. L'opération principale pouvait également avoir pour but d'enserrer les forces ennemies réunies dans la région de Metz (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 152).
3. Au fig. [Le compl. désigne une pers.] Entourer de liens étroits, enfermer dans des limites qui enlèvent toute liberté ou privent de toute échappatoire. Enserrer qqn dans un dilemme, dans une argumentation (Ac. 1932). Les chagrins de tout genre vont toujours leur allure, enserrant ma vie de mille ligaments (BALZAC, Corresp., 1833, p. 233). L'inextricable toile d'araignée où nous enserrent des milliers d'articles de lois (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 359). V. agripper ex. 9.
— Emploi pronom. Je voudrais aussi M'enserrer des liens suprêmes Où vous vous êtes asservi (JAMMES, De tout temps, 1935, p. 158).
Rem. On rencontre ds la docum., en emploi adj. a) Enserrant, ante. Un brusque effort l'enleva au bras qui le maintenait, tenta de l'arracher à d'autres contacts enserrants (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 70). b) Enserré, ée. La gorge [du vallon] enserrée rendait plus pénétrantes les senteurs lourdes des fleurs (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, En voy., 1833, p. 326).
Prononc. et Orth. :[] et [], (j')enserre []. Demi-longueur de la voyelle radicale en syll. non finale ds PASSY 1914. Enq. : // (il) enserre. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1121-34 « enfermer » (PH. DE THAON, Bestiaire, 1802 ds T.-L.); 1549 « entourer en serrant étroitement » (EST.). Dér. de serrer; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :265. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 133, b) 228; XXe s. : a) 551, b) 556.
DÉR. Enserrement, subst. masc. Action d'enfermer une personne ou une chose dans des limites étroites, d'exercer sur elle une pression, de manière à empêcher sa liberté ou son développement. Synon. contrainte, emprisonnement. Ces enserrements mutuels de deux formes adverses (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 303). Je me débattais encore contre l'enserrement d'une morale puritaine (GIDE, Journal, 1940, p. 49). — Seule transcr. ds LITTRÉ : an-sê-re-man. — 1res attest. 1re moitié XIIIe « prison » (Maugis d'Aigr., éd. Castets ds R. Lang. rom. t. 6 1892, p. 69, vers 2186), XIVe [ms.] « emprisonnement » (L'enserrement de Merlin, RICH. 117 f° 50 ds GDF.); du rad. de enserrer1, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 3.
II.
⇒ENSERRER2, verbe trans.
HORTIC. Mettre dans une serre. Enserrer des orangers (Ac. 1798-1932).
Prononc. et Orth. :[] et []. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1718 (Ac.). Dér. de serre; préf. en-; dés. -er.
1. enserrer [ɑ̃seʀe] v. tr.
ÉTYM. 1549; « enfermer », v. 1120; de en-, et serrer.
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1 (…) lequel lui fit réponse que ses gens (de Picrochole) […] s'étaient enserrés en La Roche Clermauld, et qu'il ne lui conseillait point de procéder outre, de peur du guet (…)
Rabelais, Gargantua, XXX.
2 Il retourne chez lui; dans sa cave il enserre
L'argent et sa joie à la fois.
La Fontaine, Fables, VIII, 2.
2 (1549). Entourer en serrant étroitement, de près. || Une gaine, un corset enserrait sa taille. || Collier qui enserre le cou (→ Col, cit. 4). || Il la tenait enserrée dans ses bras. ⇒ Embrasser. || Le boa, la pieuvre enserrent leur victime.
3 Pour elle, malgré la chaleur, elle portait une guimpe et un col de guipure qui lui enserrait le cou jusqu'aux oreilles.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 19.
4 (…) la main (…) qui enserrait son poignet (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, I, V, p. 48.
♦ Par anal. || Le fleuve enserre la ville. Par ext. || Tout ce que ce domaine enserre de prés, de vignes. ⇒ Englober, renfermer.
5 Notre chair n'est que notre pulpe; nos os, nos membranes, nos nerfs, ne sont que la charpente du noyau où nous sommes enfermés, comme en un étui. C'est par exfoliation que l'enveloppe corporelle se dissipe; mais l'amande qu'elle contient, l'être invisible qu'elle enserre, demeure indestructible.
Joseph Joubert, Pensées, I, XX.
6 (…) une étroite vallée que la montagne enserre de partout comme un grand mur.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, V, p. 53.
♦ (1870). Fig. || Liens qui enserrent l'âme. ⇒ Asservir, emprisonner, retenir (→ Dégager, cit. 36).
7 Certainement, sans l'étau fatal qui m'enserrait, j'eusse aimé Noémie deux ou trois ans après, mais j'étais voué au raisonnement; la dialectique religieuse m'occupait déjà tout entier.
Renan, Souvenirs d'enfance…, p. 96.
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enserré, ée p. p. adj.
♦ || Taille enserrée. || Être enserré par l'ennemi.
8 Le Bouddha n'a-t-il raison de dire qu'enserré dans les seize embarras, on perd le goût de la connaissance délicate ?
Paul Morand, Bouddha vivant, p. 134.
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CONTR. Dégager, libérer.
HOM. 2. Enserrer.
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2. enserrer [ɑ̃seʀe] v. tr.
ÉTYM. 1718; de en-, serre, et suff. verbal.
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♦ Hortic. Mettre en serre. || Enserrer des orangers.
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HOM. 1. Enserrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.