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égard

égard [ egar ] n. m.
• 1549; esguarz v. 1165; de l'a. fr. esgarder « veiller sur »; de é- et garder
1Vieilli Action de considérer (une personne ou une chose) avec une particulière attention. considération. Il faut avoir égard aux circonstances. « Les jugements humains n'ont jamais égard au bien dans le mal, ni au mal dans le bien » (Suarès).
Loc. prép. (1549) Mod. EU ÉGARD À : en ayant égard à, en considération de, en tenant compte de. ⇒ attendu, 2. vu (cf. En raison de). « Je veux bien me rendre à vos ordres, eu égard à votre état d'exaltation » (Courteline). — À L'ÉGARD DE : pour ce qui concerne, regarde (qqn). ⇒ 1. envers. « L'indifférence des enfants à l'égard des adultes » (F. Mauriac). Vous êtes sévère à son égard. Pour ce qui concerne (qqch.). quant à, relativement (à). « Ainsi qu'il arrive à certains aphasiques à l'égard des mots les plus usuels » (Proust). Vx Au regard de. « Un néant à l'égard de l'infini » (Pascal).
Loc. adv. À CET ÉGARD : de ce point de vue. N'ayez aucun souci à cet égard (cf. fam. De ce côté). — À TOUS (LES) ÉGARDS : sous tous les rapports. Il est de bon conseil à tous égards. « Le peuple, dans la démocratie, est à certains égards le monarque » (Montesquieu).
2Par ext. Considération d'ordre moral. déférence, respect. « Bien éloignés même de soupçonner qu'on doive quelque égard aux talents » (Rousseau). Si je l'ai fait, c'est par égard pour vous.
Au plur. Marques de considération, d'estime, ménagements dus à la politesse. Ils l'ont reçu avec les égards dus à son rang. Traiter qqn avec beaucoup d'égards. Plein d'égards envers qqn. « Jamais époux n'a eu tant d'égards pour une femme » (Lesage).
⊗ CONTR. Indifférence; grossièreté, impolitesse.

égard nom masculin (ancien français esgarder, de garder) Estime que l'on témoigne à quelqu'un, à quelque chose ; considération : Avoir des égards pour l'âge de son interlocuteur.égard (citations) nom masculin (ancien français esgarder, de garder) Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 L'importance sans mérite obtient des égards sans estime. Maximes et pensées Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Il n'est pas nécessaire, parce que vous êtes duc, que je vous estime ; mais il est nécessaire que je vous salue. Discours sur la condition des grands, II François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 On doit des égards aux vivants ; on ne doit aux morts que la vérité. Œdipe, Lettre écrite sur « Œdipe » en 1719 égard (difficultés) nom masculin (ancien français esgarder, de garder) Orthographe et emploi 1. Au pluriel : à tous égards, à tous les égards ; à certains égards ; un manque d'égards. 2. Au singulier : à l'égard de, à cet égard ; par égard pour, sans égard pour. Eu égard à. Invariable : eu égard à ses capacités, le poste n'est pas bien rémunéré. Recommandation Attention : eu égard, avec un u (ne pas dire ni écrire en égard). ● égard (expressions) nom masculin (ancien français esgarder, de garder) À cet égard, à ce sujet, sous ce rapport. À l'égard de quelqu'un, de quelque chose, en ce qui le concerne, envers lui : Elle manifeste de l'indifférence à l'égard de ce qu'il dit. À tous (les) égards, à certains égards, à tous points de vue, à bien des points de vue, etc. Eu égard à quelque chose, en en tenant compte : Eu égard aux services rendus, nous oublierons votre erreur. Par égard pour quelque chose, quelqu'un, par respect, par considération pour lui. Sans égard pour quelque chose, quelqu'un, sans le prendre en considération, en n'en tenant aucun compte.

égard
n. m.
d1./d Attention, considération particulière (pour qqn ou qqch). Il n'a eu aucun égard à ce que je lui ai dit.
|| Loc. Prép. Eu égard à: en considération de. Il a été condamné avec sursis eu égard à son jeune âge.
à l'égard de: vis-à-vis de. Il s'est mal conduit à mon égard.
Par comparaison. La Terre est bien petite à l'égard du Soleil.
|| Loc. adv. à tous égards: sous tous les rapports. Il est parfait à tous égards.
à différents égards, à certains égards: sous différents aspects, à certains points de vue.
d2./d Déférence, estime. Je ne le ferai pas, par égard pour vous.
(Plur.) Avoir des égards pour qqn.

⇒ÉGARD, subst. masc.
A.— [Dans des syntagmes figés] ,,Action de prendre quelque chose en considération, d'y faire attention, d'en tenir compte`` (Ac.).
1. Loc. verbale. Avoir égard à. Prendre en considération; tenir compte de. Vous devez d'abord avoir égard à vos forces et à votre santé (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1819, p. 47) :
1. Elle [l'abeille] est si consciencieuse que, pour ne pas perdre un jour de travail dans nos courts étés, elle n'a pas assez égard aux brusques retours d'hiver, aux aigres caprices de bise, qui nous viennent parfois dans les plus beaux jours.
MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 323.
2. Loc. adv.
a) À cet égard. À ce sujet. Voyant qu'il ne pouvait faire un pas sans être gracieusement accompagné du chef, il sut bientôt à quoi s'en tenir à cet égard (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 158). La poterie n'est pas moins significative à cet égard que la métallurgie primitive (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 201).
b) À plus d'un égard; à beaucoup d'égards; à tous, certains, quelques, maints égards; à bien des égards. Synon. point de vue. Le mariage vaut mieux à tous égards que le célibat (AMIEL, Journal, 1866, p. 65). Cela (...) rejoint à bien des égards mon éthique (DU BOS, Journal, 1926, p. 90).
3. Loc. prép.
a) À l'égard de
Pour ce qui concerne; envers (v. aversion ex. 10). Avec la plus grande indifférence à l'égard des décrets, il assura (...) l'existence de la propagande (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 52).
À son propre égard. Envers sa propre personne :
2. Il ne comptait plus vivre qu'en simple pénitent; mais, loin de là, M. Singlin le voulut instituer confesseur de tous les autres, lui rendant ainsi la pareille de M. de Saint-Cyran à son propre égard et se revanchant en quelque sorte sur lui...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 238.
,,Par comparaison, en proportion de. La terre est petite à l'égard du soleil`` (Ac.).
b) Par égard pour. Par respect pour; par considération pour. Depuis que l'aînée est mariée, elle va rarement à confesse, par égard pour son mari (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 180). Elle le suppliait, elle aussi, de faire sa paix avec Dieu, au moins par égard pour la famille (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 98).
c) Sans égard à, pour. Sans tenir compte de; sans prendre en considération. Sans égard pour les convenances, Carlotta le fit entrer dans la chambre (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 448).
d) Eu égard à. En tenant compte de. Ce résultat, si beau en 1823, eu égard à l'état de la papeterie, avait coûté dix mille francs (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 747). Sa présence en cette chambre, tard, était bien insolite, eu égard à leurs relations ordinaires (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 421).
e) En égard à (rare). Même sens :
3. Elles [ces dispositions] incitaient nos alliés à refuser de relever une partie de notre 10e armée au sud-ouest d'Arras, comme il semblait logique de le leur demander en égard à nos effectifs respectifs.
JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 171.
B.— Le plus souvent au plur. Considérations que l'on témoigne à quelqu'un; marque d'estime, de respect. Marque d'égards; manque(r) d'égard(s); mériter des égards; traiter qqn avec égard(s); se montrer plein d'égard(s). « Ça fait plaisir, Jules, qu'il y ait encore des jeunes gens qui aient des égards pour la vieillesse. » (BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1904-06, p. 265). Je suis sûr qu'il te témoignait moins d'égards qu'à ses chiens (AYMÉ, Cléramb., 1950, p. 13) :
4. Corrompu jusqu'aux moelles, mauvais comme une teigne, hargneux comme un cocher, il n'avait aucun égard pour les femmes, et il occupait ses soirées à poursuivre toutes celles qui cheminaient...
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 50.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 « avis, opinion » al mien esgart (GAIMAR, Hist. des angl., éd. Bell. 4946); 2. a) ca 1165 « considération, examen » Bien i avreit mestier esguarz (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, t. III, 17928); b) 1549 eu égard à « en considération de » (EST.); av. 1606 à cet égard « sur ce point » (Desportes ds BRUNOT t. 3, 24); 1740 à tous égards « à tous les points de vue » (VAUVENARGUES, Max, CXI ds LITTRÉ); 3. 1422 sing. « considération particulière dont on entoure quelqu'un, sollicitude » (A. CHARTIER, Quadril. invect., éd. E. Droz, p. 63, 6). Déverbal de l'a. fr. esguarder (ca 1050, « reporter » Alexis, éd. Ch. Storey, 56), dér. de garder; préf. e(s)-. Fréq. abs. littér. :7 023. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 13 709, b) 5 771; XXe s. : a) 4 947, b) 12 103. Bbg. GOHIN 1903, p. 335.

égard [egaʀ] n. m.
ÉTYM. 1549; esquar, v. 1165; esgart, v. 1140; déverbal de l'anc. franç. esguarder « veiller sur, avoir soin », de é-, et garder.
1 Action de considérer (une personne ou une chose) avec une particulière attention. Considération.REM. S'emploie surtout comme complément du verbe avoir, et dans diverses locutions prépositives et adverbiales. — Il a eu quelque égard, il n'a eu aucun égard à ce que je lui ai dit. || Il m'a condamné sans aucun égard, sans le moindre égard pour mes explications.Avoir égard à… || Avoir égard aux circonstances. || Avoir égard à une prière, à une requête.
1 Contre la médisance il n'est point de rempart.
À tous les sots caquets n'ayons donc nul égard (…)
Molière, Tartuffe, I, 1.
2 (…) l'inclination d'une fille est une chose sans doute où l'on doit avoir de l'égard (…)
Molière, l'Avare, I, 5.
3 Qu'ils s'abstiennent de toute colère, de tout égard aux différentes conditions des personnes, et de tout jugement injuste (…)
Racine, Traductions, Appendice, Ép. saint Polycarpe.
4 Les jugements humains ne sont si médiocres et si injustes même, que parce qu'ils n'ont jamais égard au bien dans le mal, ni au mal dans le bien.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », p. 35.
2 (Avec un sens atténué, dans des loc.). — ☑ Loc. prép. (1549). Eu égard à : en tenant compte de. Attendu, considération (en considération de); raison (en raison de), vu. || Il a été dispensé eu égard à son âge. || Eu égard à sa situation difficile. || Eu égard à la saison (→ Autoriser, cit. 23).
5 (…) si je veux bien me rendre à vos ordres, eu égard à votre état d'exaltation, vous ne sauriez moins faire, convenez-en, que de céder à ma prière.
Courteline, Boubouroche, II, 3.
À l'égard de : pour ce qui concerne, regarde (qqn). Envers (→ Agressivité, cit. 2; bienséance, cit. 10; adulte, cit. 6; aiguiser, cit. 10; crédit, cit. 14). || Il a été injuste à votre égard.
6 (Sainte-Beuve) s'est quelquefois trompé, à l'égard des contemporains, pour avoir trop souvent nourri de ressentiments personnels les dessous de ses jugements.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 160.
Pour ce qui concerne (qqch.). Quant (à), relativement (à). || À l'égard de cette affaire, sous ce rapport, de ce côté, sur ce point, de ce point de vue.Vx. || À l'égard de : en comparaison de, en proportion de, au regard de. Regard (au).
7 Car, enfin, qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.
Pascal, Pensées, II, 72.
Sans égard pour : en ne tenant pas compte de… || Il a persévéré sans égard pour les difficultés. Nonobstant.
Loc. adv. (Av. 1606). À cet égard : sous ce rapport, de ce point de vue. || N'ayez aucun souci à cet égard.
(1740). À tous (les) égards : sous tous les rapports. || Il est de bon conseil à tous égards (→ Coulant, cit. 2).
8 Peu de maximes sont vraies à tous égards.
Vauvenargues, Maximes, 111.
(Dans le même sens). || À différents égards, à divers égards, à quelques égards, à certains égards, à beaucoup d'égards, à maints égards. Point de vue (→ Anarchiste, cit. 1; démocratie, cit. 1).
3 Au sens fort (→ ci-dessus 1.), dans des loc.
Loc. prép. Par égard à…, ou, pour égard à… : en prenant en considération, eu égard à. || Il y a consenti par égard pour votre situation.
9 Illustres chevaliers, vengeurs de la Sicile,
Qui daignez, par égard au déclin de mes ans,
Vous assembler chez moi (…)
Voltaire, Tancrède, I, 1.
Sans égard pour… : en ne tenant aucun compte, en n'ayant pas d'égard. || Il a quitté son poste sans égard pour ses protecteurs.
10 (…) vous revenez ici sans y être rappelé; sans égard pour mes prières, pour mes raisons; sans avoir même l'attention de m'en prévenir.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre LXXVIII.
10.1 (…) il est au contraire très-essentiel que l'homme ne jouisse qu'aux dépens de la femme, qu'il prenne d'elle (quelque sensation qu'elle en éprouve) tout ce qui peut donner de l'accroissement à la volupté dont il veut jouir, sans le plus léger égard aux effets qui peuvent en résulter pour la femme, car ces égards le troubleront (…)
Sade, Justine…, I, p. 193.
4 Par ext. (généralt au plur. : les, des égards). Marque de considération, d'estime, de ménagements dus à la politesse. Attention, considération, déférence, ménagement, respect. || Je le fais uniquement par égard pour vous. || Marque d'égards. || Avoir de grands égards pour qqn (→ Déclin, cit. 6). || Témoigner à qqn beaucoup d'égards. || Ils l'ont reçu avec les égards dus à son rang. Distinction, honneur. || Traiter qqn avec beaucoup d'égards. || Les hommes en société se doivent des égards réciproques. || Elle est attentionnée et pleine d'égards pour autrui. || Une critique pleine d'égards. Ménagement (→ 2. Critique, cit. 3). || Manquer d'égards envers qqn. || Manquer aux égards, à la bienséance ( Politesse). || Un manque d'égards inexcusable (→ Attendre, cit. 13).
11 Les grands seigneurs sont pleins d'égards pour les princes (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 76.
12 Jamais époux n'a eu tant d'égards pour une femme, et jamais amant n'a fait voir tant de complaisance pour une maîtresse.
A. R. Lesage, Gil Blas, I, XI.
13 (…) honoré moi-même de ses éloges (de d'Alembert), un juste retour d'honnêteté m'oblige à toutes sortes d'égards envers lui; mais les égards ne l'emportent sur les devoirs que pour ceux dont toute la morale consiste en apparences.
Rousseau, Lettres à d'Alembert, Préface.
14 (…) ces esprits sans culture et sans lumières, qui ne connaissent d'autre objet de leur estime que le crédit, la puissance et l'argent, sont bien éloignés même de soupçonner qu'on doive quelque égard aux talents, et qu'il y ait du déshonneur à les outrager.
Rousseau, les Confessions, XII.
15 Les hommes d'aujourd'hui ont si peu d'égards et de savoir-vivre qu'il faut se montrer toujours sévère. C'est vraiment le règne de la goujaterie.
Maupassant, Contes, « Correspondance ».
16 La timidité de cet homme se communiquait à elle et la gênait; elle n'était pas accoutumée à ce silence, à cette attitude pleine d'égards et de soumission.
J. Green, Léviathan, p. 78.
CONTR. Indifférence. — Dédain, grossièreté, impertinence, impolitesse, inconvenance, insolence, mépris.

Encyclopédie Universelle. 2012.