bienséance [ bjɛ̃seɑ̃s ] n. f.
• 1534; de bienséant
1 ♦ Vx Caractère de ce qui convient, va bien. ⇒ convenance.
2 ♦ Par ext. (Mod.) Conduite sociale en accord avec les usages, respect de certaines formes. ⇒ correction, décence, politesse, savoir-vivre. Observer, respecter les règles de la bienséance. Contre toute bienséance. « Elle avait appris la bienséance chez les Dames du Calvaire » (France). « La bienséance n'est que le masque du vice » (Rousseau).
♢ Au plur. Les bienséances : les usages à respecter. ⇒ convenances, étiquette, protocole, usage (cf. Bonnes manières). Respecter, heurter les bienséances.
⊗ CONTR. Impolitesse, incongruité, inconvenance, indécence, sans-gêne.
● bienséance nom féminin Ce qu'il convient de dire ou de faire dans une société ; savoir-vivre : Observer les règles de la bienséance. ● bienséance (synonymes) nom féminin Ce qu'il convient de dire ou de faire dans une...
Synonymes :
- décence
- étiquette
- honnêteté
- pudeur
- usage
Contraires :
- cynisme
- impudeur
- indécence
- sans-gêne
bienséance
n. f. Conduite publique en conformité avec les usages. Cela choque la bienséance.
⇒BIENSÉANCE, subst. fém.
Qualité de ce qui sied bien; ce qui est bienséant.
A.— Qualité de ce qui répond aux normes morales d'une société donnée :
• 1. Avec le XVIIe siècle commencent des mœurs sociales, sinon meilleures au fond, du moins plus sévères en apparence; le mot de pudeur, inventé par Des Portes, représente désormais quelque chose, et le sentiment de la bienséance va naître et se développer. Il n'est plus permis de tout nommer avec une sorte d'effronterie naïve, et l'obscénité, qui a conscience d'elle-même, devient clandestine en même temps que coupable.
SAINTE-BEUVE, Poésies, 1829, p. 143.
— Au plur. Les bienséances. Ensemble de règles correspondant à l'éthique d'une époque. ... infraction aux bienséances publiques (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 882); la tyrannie des bienséances (GUÉHENNO, Jean-Jacques, Roman et vérité, 1950, p. 165).
SYNT. Conforme, contraire à la/aux bienséance(s); avec bienséance, contre toute bienséance; bannir, braver, heurter, observer, oublier, respecter les bienséances; être esclave des bienséances; manquer aux bienséances. — PARAD. a) (Quasi-)synon. convenance, correction, décence, honnêteté. b) (Quasi-)anton. cynisme, immodestie, impudeur, inconvenance, indécence, messéance (vx).
B.— (Qualité de) ce qui est conforme aux usages de la politesse :
• 2. ... le même moi qui m'avait fait la saluer avant que je l'eusse identifiée, (...), me faisait lui tenir par bienséance jusqu'à l'heure où elle s'en allait, mille propos aimables et insignifiants...
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 402.
PARAD. a) (Quasi-)synon. civilité, décorum, étiquette, protocole, savoir-vivre, tact. b) (Quasi-)anton. grossièreté, impertinence, impolitesse, insolence, sans-gêne.
C.— Rare. (Qualité de) ce qui répond à certains critères d'appréciation esthétique :
• 3. Il était du bel air, et presque de la bienséance, pour un homme aimable, ou qui prétendait l'être, d'avoir ce qu'on appelait une petite maison, ...
MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, p. 313.
— Spéc., LITT. CLASS. Qualité d'une œuvre qui répond aux lois du genre, aux exigences du sujet, des personnages, au goût dominant d'une époque. P. ext., RHÉT. Bienséances oratoires :
• 4. Je le peindrais à la tête d'un des premiers corps de l'État, prononçant ces discours qui sont des chefs-d'œuvre de bienséance, de mesure et de noblesse.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 272.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1534 droict de bien seance « droit fondé sur la commodité, la convenance » (RABELAIS, I, 29 dans HUG.); signalé comme ,,fam.`` par Ac. 1835; 1539 « ce qui convient » (EST.); 1580 « respect de certaines formes » (MONTAIGNE, I, 182 dans LITTRÉ).
Dér. du rad. de bienséant; suff. -ance.
STAT. — Fréq. abs. littér. :164.
BBG. — FABRE (J.). Bienséance et sent. chez Mme de Lafayette. Cah. de l'Assoc. internat. des ét. fr. 1959, t. 11, pp. 33-36. — PIZZORUSSO (A.). Morvan de Bellegarde e una retorica delle bienséances. Rivista di letterature moderne e comparate. 1959, pp. 261-278.
bienséance [bjɛ̃seɑ̃s] n. f.
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1 Vx. Caractère de ce qui convient, de ce qui sied bien. ⇒ Aller (bien), convenir, seoir; convenance.
1 Elles (les étoffes) ont chacune leur agrément et leur bienséance.
La Bruyère, les Caractères, XVI, 4.
2 Ulysse préférait l'intérêt commun de la Grèce et la victoire à toutes les raisons d'amitié et de bienséance particulière.
Fénelon, Télémaque, XV.
♦ Vx. || À la bienséance de qqn, à sa convenance, à sa disposition.
3 Prends donc en récompense
Tout ce qui peut chez nous être à ta bienséance.
La Fontaine, Fables, IX, 15.
4 La Marche Trévisane, le Frioul étaient à la bienséance de l'empereur.
Voltaire, Essai sur les mœurs, 113.
♦ Vx. Ce qui convient, ce qui est conforme à la règle.
5 Il semble que la bienséance y soit un peu forcée (dans ce que le poète a fait pour conserver l'unité de lieu).
Corneille, Examen de Polyeucte.
6 Le caractère d'Angélique sort de la bienséance.
Corneille, Examen de la Place royale.
7 Les belles choses le sont moins hors de leur place; les bienséances mettent la perfection, et la raison met les bienséances.
La Bruyère, les Caractères, 14.
2 (1580, Montaigne). Mod. (Littér. ou style soutenu). Caractère de ce qu'il convient de dire, conduite particulière en accord avec les usages et les coutumes, dans une société, un milieu donné. ⇒ Convenance, correction, décence, décorum, étiquette, protocole, savoir-vivre. || Observer, respecter la bienséance. ⇒ Apparence. || Garder, sauvegarder la bienséance. (→ Sauver les apparences). || Manquer à la bienséance, oublier toute bienséance en dépassant (les bornes, les limites). || Blesser, choquer la bienséance.
♦ Au plur. (→ ci-dessous, cit. 12, 13). || Les bienséances : les usages à respecter à une époque donnée. || Procédés conformes aux bienséances. ⇒ Bienséant. || Connaître les bienséances. || Qualités qui portent au respect des bienséances. ⇒ Délicatesse, éducation, honnêteté (des manières), politesse, pudeur, tact. || Braver, heurter, oublier les bienséances.
8 La bienséance est la moindre de toutes les lois, et la plus suivie.
La Rochefoucauld, Maximes, 447.
9 Serait-il à propos et de la bienséance
De dire à mille gens tout ce que d'eux on pense ?
Molière, le Misanthrope, I, 1.
10 Il y a des règles de bienséance et d'honneur qui doivent être gardées inviolablement, même à l'égard des ennemis (…)
Rollin, Hist. ancienne, XVI, 8.
11 La bienséance (…) n'est que le masque du vice; où la vertu règne elle est inutile !
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, 6.
12 Les bienséances, les modes, les usages qui dérivent du luxe et du bon air, renferment le cours de la vie dans la plus maussade uniformité.
Rousseau, Émile, IV.
13 Braver toujours les bienséances est d'une âme abjecte ou corrompue; en être esclave dans toutes les occasions est d'une âme petite. Le devoir et les bienséances ne sont pas toujours d'accord.
Joseph Joubert, Pensées, VIII, 92.
14 Son passé m'intrigue et cependant, vu ma qualité de gendre, la bienséance m'empêche de pousser trop loin mes questions.
Loti, Mme Chrysanthème, XXXV, 180.
15 Elle avait appris la bienséance chez les Dames du Calvaire; elle avait le goût noble, et le tact de ce qui est décent.
France, Jocaste, II.
16 Tu fus pressant. Mais elle, avec grâce jalouse,
Ne te permit que ce que la bienséance accorde.
Francis Jammes, De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir, « Je pense à Jean-Jacques », p. 221.
17 Bienséance et honnêteté sont plus particuliers (que convenance), ils se disent de la conformité aux usages de la société et relèvent surtout de la morale sociale. La bienséance (…) s'applique à nos rapports avec le milieu dans lequel nous vivons.
Bailly, Dict. des synonymes, Convenance.
3 Didact. En littérature (spécialt en parlant du classicisme). Qualité par laquelle une œuvre respecte les formes canoniques particulières à son époque et répond exactement, dans son genre, aux critères du goût. || Règles des bienséances. — Bienséances oratoires, édictées par la rhétorique.
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CONTR. Cynisme, déshonnêteté, grossièreté, immodestie, impertinence, impudeur, incongruité, inconvenance, indécence, insolence, malséance, messéance (vx), sans-gêne, sauvagerie.
Encyclopédie Universelle. 2012.