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degré

degré [ dəgre ] n. m.
• degret fin XIe; probablt du lat. pop. °degradus, de de et gradus « pas, échelle »; cf. a. fr. gré, greis
I ♦ Concret (XIIe; « escalier » XIe) Littér. Marche (d'un escalier). Degré de pierre, de marbre. « Je gravis d'un pas lourd les degrés de mon escalier » ( France). — Les degrés d'une échelle. ⇒ échelon.
♢ Fig. et littér. Monter, gravir les degrés du trône.
II ♦ (Abstrait) Chacun des états, dans une série d'états réels ou possibles. A ♦ Chacune des positions dans une hiérarchie, un système de valeurs.
1 ♦ (v. 1120) Niveau, position dans un ensemble hiérarchisé. ⇒ échelon. Les degrés de l'échelle sociale. ⇒ classe, niveau, position, rang. Le plus bas degré, le plus haut degré de la hiérarchie sociale. Parvenir au plus haut degré de la gloire, au sommet.
♢ Les degrés, à l'intérieur d'une profession. ⇒ échelon, 1. grade. « Ces artisans qui franchissent [...] les trois degrés d'apprentis, de compagnons, de maîtres » (Huysmans).
♢ Degré de juridiction : place d'un tribunal dans la hiérarchie judiciaire.
2 ♦ Vx Grade, diplôme de l'enseignement. Prendre, avoir tous ses degrés.
3 ♦ (XVIe) État, dans une évolution. ⇒ échelon, stade. « Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés » (Racine). « Si la différence est de degré, s'il ne s'agit que de plus ou de moins » (Caillois ).
♢ Le premier, le dernier, le plus haut degré de qqch., son état de développement. Méd. Brûlure du second degré. Être brûlé au premier, au second degré.
♢ Loc. À (tel ou tel) degré. « Je suis très bon enfant jusqu'à un certain degré » (Flaubert). ⇒ 1. point. Au dernier degré. Il est avare au plus haut degré. ⇒ extrêmement; hyper-, super-. « Au degré d'exaltation où il était parvenu » (Renan).
♢ Loc. adv. PAR DEGRÉ ou PAR DEGRÉS.⇒ graduellement, progressivement, successivement (cf. Par échelons, par étapes, par paliers). S'avancer par degrés vers un but. ⇒ s'acheminer. « L'amour qui croît peu à peu et par degrés » (La Bruyère).
4 ♦ Par ext. État intermédiaire. ⇒ gradation, nuance. « Il est des degrés entre les pauvres comme entre les riches » (Chateaubriand).
5 ♦ Niveau d'interprétation. Au premier degré : à la lettre. Au second, au deuxième degré : à un autre niveau d'interprétation, incluant une distanciation, une métaphore, un jeu de mots. « Les titres des journaux sont construits sur des calembours. Le second degré est partout à la une » (Le Nouvel Observateur, 1985).
B ♦ Dans un système organisé, et sans idée de hiérarchie, de valeur.
1 ♦ (v. 1220) Proximité relative dans la parenté. Degrés de parenté. Le fils et le père sont parents au premier degré; le petit-fils et le grand-père, au second degré.
2 ♦ Gramm. Degré de comparaison ou de signification : forme que prend l'adjectif, l'adverbe pour indiquer l'intensité de la qualité ou de la modalité qu'il exprime (⇒ 1. positif; comparatif; superlatif) .
3 ♦ Math. Exposant de la puissance à laquelle une variable se trouve élevée, dans un monôme. Le degré d'un polynôme est le degré de son monôme composant du plus haut degré. Polynôme du troisième degré en x. Équation du premier, du second degré, dont l'inconnue est à la première, à la seconde puissance. ⇒ quadratique; biquadratique. — Par ext. Degré d'une courbe, celui du polynôme servant à son équation algébrique.
4 ♦ Techn. Degré de fin d'une monnaie. ⇒ titre. — Degré de liberté : nombre d'axes autour desquels un système est mobile.
III ♦ Unité.
1 ♦ (1265) La 180e partie de l'angle plat, ou la 360e partie de la circonférence (⇒aussi 1. grade, radian) (symb. °). Angle de 360 degrés, ou angle plein. Angle de 180 degrés, ou angle plat. Angle de 90 degrés, ou angle droit. Les divisions (⇒ sexagésimal) du degré (⇒ minute, 2. seconde) .
♢ (1557) Géogr. La longitude et la latitude d'un point à la surface de la Terre s'évaluent en degrés. Un arc de méridien vaut un degré quand l'angle au centre vaut un degré (⇒ coordonnées) .
2 ♦ (XVIIe) Mus. Distance de chacune des sept notes de la gamme diatonique par rapport à la note de base. ⇒ dominante, médiante, sensible, 2. tonique. Degrés conjoints, séparés par un intervalle de seconde. Degrés disjoints, séparés par une tierce ou tout intervalle plus grand.
3 ♦ (1685) Sc. Chacune des divisions d'une échelle de mesure. Diviser en degrés. ⇒ graduer. Les degrés d'un baromètre.
♢ Cour. Division d'une échelle de température. Degré centigrade (vieilli)ou degré Celsius (°C) :centième partie de l'intervalle entre la température de la glace fondante (0°) et celle de l'eau bouillante (100°) sous la pression atmosphérique. — Absolt Trente degrés à l'ombre.
♢ Degré Fahrenheit (°F),mesure anglaise. Le zéro Celsius correspond à 32 °F; 100 °C égale 212 °F. — Degré absolu (⇒ kelvin) .
♢ Degré alcoolique, saccharimétrique d'une solution : proportion d'alcool, de sucre mesurée dans des conditions définies. ⇒ titre. Degré alcoolique d'une liqueur. Alcool à 90 degrés. Vin de 11 degrés.
♢ Degré zéro de... : représentation d'(une chose) comme nulle (distincte de l'absence ou l'oubli de). Le degré zéro d'une information. Fig. « Le Degré zéro de l'écriture », de R. Barthes.

● degré nom masculin (latin gradus, degré) Littéraire. Marche d'un escalier (surtout pluriel et pour un édifice monumental). Chacune des positions intermédiaires dans un ensemble hiérarchisé ; niveau, grade, échelon : Les degrés de la hiérarchie. Intensité relative d'un état, d'une qualité, point atteint par quelque chose : Quel est le degré de la brûlure ? Architecture Escalier peu élevé (rachetant par exemple la hauteur d'un soubassement, d'une terrasse). Astrologie Division des signes du zodiaque. (Chaque signe couvre 30°.) Bijouterie Facette allongée en biseau, dans une gemme. Droit Distance qui sépare des parents consanguins ou par alliance. (En ligne collatérale, les degrés se comptent en remontant d'un parent à l'ancêtre commun et en redescendant de celui-ci à l'autre parent : deux frères sont parents au deuxième degré, l'oncle et le neveu au troisième, etc.) Enseignement Division administrative de l'enseignement. (On distingue l'enseignement du premier degré, ou primaire, et du second degré, ou secondaire.) Grammaire Niveau d'intensité variable (égalité, infériorité ou supériorité) auquel peut être porté le concept exprimé par un adjectif ou un adverbe. Métrologie Nom donné à l'unité dans des échelles de mesure empiriques diverses : degré Fahrenheit, degré Celsius (température), degré alcoolique (teneur en alcool), degré Baumé (densité). Unité d'arc de cercle égale à 1°360 de circonférence. Unité d'angle (symbole °) équivalant à l'angle au centre qui intercepte un arc de 1 degré sur la circonférence. Musique Chacun des sons de l'échelle musicale. ● degré (difficultés) nom masculin (latin gradus, degré) Orthographe Par degrés = progressivement. Avec un s. ● degré (expressions) nom masculin (latin gradus, degré) Au premier degré, qui se perçoit de façon évidente, qui doit être compris à la lettre. Au second degré, qui doit être compris en réinterprétant le contenu du message pour y découvrir un sens dérisoire ou les intentions cachées de son auteur : Une plaisanterie au second degré. Le dernier degré, le point le plus intense, le plus fort de quelque chose (de mauvais). Par degrés, graduellement, progressivement, peu à peu. Degré de juridiction, position dans la hiérarchie judiciaire de chaque juridiction (par exemple la cour d'appel est une juridiction du deuxième degré, le tribunal de grande instance, du premier degré). Degré d'une courbe ou d'une surface algébrique, degré du polynôme qui permet de définir une de ses équations. Degré de noblesse, degré qui se mesurait par les quartiers ou générations nobles tant dans la ligne maternelle que paternelle. Degré d'une équation algébrique, degré du monôme non nul de plus haut degré. Degré d'un monôme à plusieurs indéterminées, entier égal à la somme des exposants de chacune des variables. Degré d'un monôme à une indéterminée, entier égal à l'exposant de la variable. Degré d'un polynôme à une indéterminée, degré du monôme composant le plus haut degré. Degré alcoolique, nombre de litres d'alcool éthylique contenus dans cent litres de vin. Degré de polymérisation, nombre de motifs ou unités monomères contenus dans une molécule d'un polymère. ● degré (synonymes) nom masculin (latin gradus, degré) Chacune des positions intermédiaires dans un ensemble hiérarchisé ; niveau, grade...
Synonymes :
- échelon
Par degrés
Synonymes :
- par étapes
Contraires :
- d'un seul coup
Géométrie. Degré d'une courbe ou d'une surface algébrique
Synonymes :
- ordre d'une courbe

degré
n. m.
rI./r Litt. Chacune des marches qui forment un escalier, qui servent d'entrée ou de soubassement aux grands édifices. Les degrés de l'hôtel de ville.
— L'escalier lui-même.
rII./r
d1./d échelon, rang, niveau. Parvenir au plus haut degré de la gloire. Ouvrage d'un haut degré de technicité. Au plus haut degré, au suprême degré (loc. marquant un superl. absolu renforcé). Il est intelligent au suprême degré.
d2./d Rang dans une hiérarchie.
|| DR Degré de juridiction: place qu'occupe un tribunal dans la hiérarchie des juridictions.
|| Degré de parenté: nombre de parents qui séparent les membres d'une famille. Ils sont cousins au septième degré.
|| Place d'un cycle d'études dans un cursus scolaire ou universitaire. Enseignement du 1er degré.
d3./d MED Brûlures du premier degré (rougeur douloureuse), du deuxième degré (avec bulles, oedème) ou du troisième degré (carbonisation des tissus).
|| GRAM Degré de comparaison ou de signification: niveau d'expression d'un adjectif ou d'un adverbe (positif, comparatif ou superlatif).
|| MUS Position relative de chaque note dans la gamme selon la tonalité.
d4./d MATH Degré d'un polynôme, d'une équation, valeur la plus élevée des exposants des monômes qui les constituent. ax 2 + bx + c = 0 est une équation du second degré en x.
d5./d Loc. adv. Par degrés: graduellement. S'acclimater par degrés.
rIII/r
d1./d PHYS Chacune des divisions de l'échelle de mesure d'un système donné.
— Degré Celsius: unité de température. V. échelle. Degré Fahrenheit: degré d'une échelle de température où au 0 °C correspond le 32 °F et au 100 °C le 212 °F.
d2./d GEOM Unité d'arc égale à la 360e partie du cercle.
|| Unité d'angle correspondant à un arc de 1 degré (symbole 0). 360 0 = 400 gr = 2 pi rad.
d3./d CHIM Unité qui caractérise la concentration d'une solution. Degré Gay-Lussac (symbole 0GL): nombre de cm³ d'alcool dans 100 cm³ d'un mélange eau - alcool éthylique.
— Degré Baumé, mesurant la densité d'une solution (non légal, mais employé dans certaines industries).

⇒DEGRÉ, subst. masc.
A.— Domaine littér.
1. Marche d'escalier. Gravissant degré par degré l'escalier (GIRAUDOUX, Amphi. 38, 1929, I, 2, p. 22) :
• 1. Dom Étienne salua l'autel, monta ses degrés, s'assit dans un fauteuil de velours rouge, installé sur la plus haute marche.
HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 204.
• 2. Évariste Gamelin monta l'escalier antique jusqu'au quatrième et dernier étage, où il avait son atelier avec une chambre pour sa mère. Là finissaient les degrés de bois garnis de carreaux qui avaient succédé aux grandes marches de pierre des premiers étages.
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 11.
— P. méton. Escalier. Un large perron à double degré descend sur un jardin en terrasse (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 115). Un degré de bois appuyé au mur (...), ni plus ni moins que l'escalier d'un meunier (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 224).
2. P. anal.
a) Échelon. L'échelle de Jacob avec un ange à chaque degré (FLAUB., Tentation, 1849, p. 420).
b) Niveau d'un terrain s'étageant en hauteur. Les derniers degrés des montagnes noires de l'Anti-Liban (LAMART., Destinées poésie, 1834, p. 397).
♦ Cantique des degrés. Un des Psaumes chantés par les pèlerins juifs montant à Jérusalem (cf. MARCEL 1938). Synon. usuel cantique des montées. Les Lévites redisoient en chœur le cantique des degrés (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 189).
SYNT. Degrés de marbre, de pierre; degrés du perron, du trône; les degrés conduisent, montent; descendre, franchir, monter les degrés; au bas des degrés.
B.— P. ext. Unité de mesure.
1. Domaine de la température. Division d'une échelle servant à mesurer la température; p. méton., intensité de la chaleur correspondant à cette division. Degré centigrade. Une chaleur d'environ trente deux degrés de Réaumur (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 127). Température (...) de 54 degrés Fahrenheit (GREEN, Journal, 1944, p. 116) :
• 3. ... tout s'est calmé et le matin la fièvre est tombée à 38 degrés 6, le soir à 38 degrés 5 (...) et ce matin à 37 degrés 4, ce qui est la température presque normale.
RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1911, p. 288.
♦ Degré de feu. ,,Le point où il faut que le feu soit poussé pour l'opération que l'on se propose`` (Ac. 1798-1932).
2. P. anal.
a) ASTRON., GÉOGR. et GÉOM. Unité d'angle qui vaut 1/360e de la circonférence (symbole usuel °). Degré sexagésimal. Le riz (...) cesse au nord du 32e degré de latitude (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 144). Elle [la lumière] s'étalait en largeur sur cent cinquante degrés de ciel (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 43). Je tiens mon cap à un degré près (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 284) :
• 4. À ce point de 135 degrés de longitude et 32 de latitude, les deux frégates se sépareront. La première s'élèvera jusqu'au parallèle intermédiaire entre 16 et 17 degrés, et s'y maintiendra depuis le 135e jusqu'au 150e méridien à l'ouest de Paris, d'où elle fera route pour l'île d'O-Taïti. L'intervalle du 16 au 17e degré de latitude, sur un espace de 25 degrés en longitude, n'ayant été visité par aucun des navigateurs modernes (...), il est vraisemblable que le bâtiment qui suivra la direction ci-dessus tracée, rencontrera des îles nouvelles...
Voyage de La Pérouse, t. 1, 1797, p. 17.
b) MUS. Chacun des sons de l'échelle musicale. Degré conjoint, disjoint. Synon. note. Les basses, ne chantant plus que sur les degrés élevés de leur échelle (BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 101).
— Au fig. Tous les degrés, toutes les notes de la gamme politique (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 3, 1818-69, p. 851).
c) PHYS. et CHIM.
— Intensité relative d'un phénomène; son évaluation dans une échelle de mesure. Degré géothermique, hygrométrique :
• 5. Il est constant que les phénomènes de la vie exigent, pour se manifester, un ensemble de conditions externes et notamment un certain degré de température et d'humidité, une certaine quantité de nourriture, une certaine tension d'oxygène.
J. ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 101.
— Densité d'une concentration. Degré de concentration. Le degré de salure de presque toutes les mers (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 179).
♦ En partic. [Dans un alcool ou un vin] Teneur en alcool; proportion d'alcool pur, exprimée en cm3 par rapport à 100 cm3 de mélange. Degré alcoolique. Le pastis le moins cher et le meilleur de toute la rive gauche : un vrai 45 degrés (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 30). Le degré et le velouté de l'eau-de-vie de framboise (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 14).
C.— Emplois fig. [Avec une idée de progression p. rapp. à un point de départ]
1. [À l'intérieur d'une succession d'états réels ou virtuels]
a) [L'accent est mis sur la hiérarchie au sein d'une échelle de valeurs] Niveau, position à l'intérieur d'un ensemble hiérarchisé. Synon. classe, échelon, grade, rang. Tous les degrés de l'échelle vivante (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 970) :
• 6. C'est que cette complication apparente n'est, en effet, qu'une juxta-position de simplicités réelles, dont chacune offre à l'esprit un degré, un échelon, une branche, à l'aide desquels il arrive au sommet, en sautant et en se jouant.
JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 459.
— En partic. [À l'intérieur d'un corps soc.]
♦ ARMÉE, vieilli. Grade militaire. Cette échelle de grades dont chaque degré nous coûtait huit ans à gravir (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 128).
♦ ÉGLISE. Rang dans l'Église. Synon. ordre. Il [Lancelot] ne fut jamais prêtre (...) : il s'arrêta au degré de sous-diacre (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 443).
♦ ENSEIGN., vieilli. Titre, diplôme universitaire. L'on me demande (...) où sont mes titres, (...) j'ai pris mes degrés à l'école de Plutarque (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 369). Le degré honoraire de docteur-ès-lettres (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917-18, p. 375).
♦ JURISPR. Degré de juridiction. Place d'un tribunal dans l'ordre hiérarchique des juridictions devant lesquelles on peut appeler une même affaire. Le principe du double degré de juridiction offre la garantie de pouvoir obtenir un second examen des affaires (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 47).
b) [L'accent est mis sur la progression vers un terme] Étape d'une évolution; intensité relative d'un état (sentiment, qualité, faculté, etc.). Synon. point, stade. Il suffit d'un très petit degré d'espérance pour causer la naissance de l'amour (STENDHAL, Amour, 1822, p. 12). Le plus haut degré de civilisation s'exprime par le fait que charité est devenu synonyme d'humanité (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 475) :
• 7. LE DÉMON. — L'esprit du mal
Est né dans tout homme qui est né.
Et d'abord, cédant à la douceur nouvelle
De faire mal, il succombe : tel est le premier degré.
L'habitude se forme, et par le second degré, établi dans sa connaissance et dans sa volonté,
Il pèche, sachant ce qu'il fait, et ce degré est appelé l'Inclination.
Et voici le troisième degré : et celui qui l'a atteint
Est mûr entre les hommes, et n'ayant plus rien à apprendre de moi déjà,
Il est digne d'une demeure plus basse :
Le mal
Ni ne lui cause plus de plaisir, ni ne lui rapporte profit.
CLAUDEL, Le Repos du septième jour, 1901, II, p. 823.
• 8. ... ce n'est pas en élargissant la cité qu'on arrive à l'humanité : entre une morale sociale et une morale humaine la différence n'est pas de degré, mais de nature.
BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 31.
— PATHOL. Stade de l'évolution d'une maladie ou d'une lésion. Le dernier degré de la maladie produit une sorte de fureur (CABANIS, Rapp. phys. mor., t. 1, 1808, p. 467). La carie du deuxième degré atteint la dentine (QUILLET Méd. 1965, p. 177).
♦ En partic. [Dans le cas d'une brûlure] La cuisse brûlée au troisième degré (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 91).
c) P. méton. État intermédiaire. Synon. gradation, nuance. D'étranges degrés, des variétés et des phases ineffables (VALÉRY, Variété I, 1924, p. 205) :
• 9. Et Liebknecht dit avec raison qu'il y aura des degrés, des nuances, des modalités sans nombre dans cette participation du socialisme au pouvoir.
JAURÈS, Ét. socialistes, 1901, p. 58.
• 10. ... l'on conçoit des degrés infinis dans toute la nature, et des degrés infinis en nous, conscience, subconscience, inconscience; et ces derniers degrés, les plus obscurs, conduisent même à dire qu'on peut avoir des pensées sans savoir qu'on les a, ...
ALAIN, Propos, 1928, p. 812.
SYNT. Degré d'abstraction, d'attention, de certitude, de complication, de confiance, de connaissance, de conscience, de culture, de développement, d'énergie, d'évidence, d'évolution, d'exaltation, de force, de généralité, d'importance, d'incertitude, d'intensité, d'intimité, de liberté, de misère, de puissance, de perfection, de perfectionnement, de précision; degré avancé, élevé, éminent, moindre; faible, haut degré; différence de degrés; degrés intermédiaires, insensibles, successifs, variables.
— Loc. fig.
♦ À aucun degré. D'aucune sorte, nullement. Odette n'était à aucun degré une femme remarquable (PROUST, Swann, 1913, p. 271). Au dernier degré. Au maximum, au plus fort. L'irritation de tous les Anglais contre Napoléon était au dernier degré (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 887). Au même degré. De la même manière, pareillement. La responsabilité des trois accusés a été engagée au même degré (GIDE, Souv. Cour d'ass., 1913, p. 660). Au plus haut, au suprême degré. Au plus haut point, extrêmement. Mme Paulin m'avait agacé au suprême degré (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 170).
♦ De degré(s) en degré(s). Progressivement, graduellement. De degré en degré, des collines partant de la plaine s'élevaient (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 288).
♦ Par degré(s). D'une façon progressive, graduellement. Ce ciel qui par degré se peint d'un gris obscur (MICHAUD, Printemps proscrit, 1803, p. 105). Ce lien, se contractant progressivement, bandait par degrés leurs muscles pour la lutte (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 113). Apparaître peu à peu, par degrés (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1135).
♦ Au second, au troisième degré; du second, du troisième degré (pour traduire l'intensité ou l'éloignement). Narcisse (...) est malade d'exagération au troisième degré (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p. 525). Un naturel plus profond, un naturel au deuxième degré que m'offrait son sommeil (PROUST, Prisonn., 1922, p. 71). Des témoignages du second, du troisième degré, des dires de dires (ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 122). Un souvenir au second, au troisième degré (DURRY, Nerval, 1956, p. 13).
2. [À l'intérieur d'un système organisé, sans réf. à une échelle de valeurs]
a) DR. et GÉNÉALOGIE. [L'image est celle de la place sur un arbre généalogique] Distance entre deux parents par rapport à la ligne qui leur est commune. Un amour du sang plus prononcé encore que le degré de notre parenté (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 384). Tous les cousins du premier degré sont conjoints prohibés (LÉVY-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 163). Degré prohibé. Degré de parenté entraînant notamment un empêchement dirimant. Degré de noblesse. Distance d'une génération à une autre, à partir de la première personne anoblie dans la famille. Synon. usuel quartier.
b) [L'image est celle de la place sur une échelle d'intensité croissante ou dans un ensemble progressif]
— ENSEIGN. Division administrative. Un établissement du premier, du second degré (Encyclop. éduc., 1960, p. 367) :
• 11. ... nous avons subi l'imprégnation de nos parents; et de nos maîtres du premier degré; et de nos maîtres du deuxième degré. Mais (...) nous n'avons subi aucune imprégnation de nos maîtres du troisième degré.
PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1136.
— LING. Degré de comparaison, de signification. Positif, comparatif et superlatif de l'adjectif et de l'adverbe. Degré de motivation. Degré zéro (dans le cas d'une description structurale). Absence pertinente d'un trait formel ou sémantique dans une unité du système décrit. Remarquable essai [de Roland Barthes] intitulé « Le degré zéro de l'écriture » (Langage, 1968, p. 456).
c) MATH. et STAT. [L'image est celle d'une succession et d'une complexité croissante] Degré d'un polynôme. ,,Exposant le plus élevé d'un polynôme`` (Sc. 1962). Équation du 1er, du 2e degré. Équation dont l'inconnue est à la première, à la seconde puissance. Les beautés de l'équation du second degré (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 113). Équations de degré supérieur à quatre (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 11). Degré de liberté. ,,Excès du nombre de paramètres sur le nombre d'équations ou des relations qui régissent un système`` (Commun. 1971). Un tel solide comprendrait en effet un petit nombre de degrés de liberté (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 159). Degré d'approximation, degré quelconque.
Prononc. et Orth. :[]. LITTRÉ condamne la prononc. [] qui, d'après lui, s'entend souvent (cf. Ac. 1798 qui note également la prononc. et l'orth. dégré). MART. Comment prononce 1913, p. 170, signale la même tendance pour vedette, besicles, et note que cette tendance a été surmontée pour senestre, gelinotte, frelon, refléter. Étymol. et Hist. A. a) Ca 1050 « escalier » (Alexis, éd. Chr. Storey, 218); b) ca 1100 « marche d'escalier » (Roland, éd. J. Bédier, 2840). B. 1. Ca 1120 « niveau intermédiaire dans l'échelle sociale, professionnelle, des honneurs » (PH. DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 173); 2. ca 1220 « degré de parenté » (G. LE CLERC, Tobie, 1415 ds T.-L.); 3. 1379 « niveau » (J. DE BRIE, Le bon berger, éd. P. Lacroix [Jacob], p. 13 : degré de science); 4. entre 1496 et 1507 enseign. « grade, diplôme » (J. MOLINET, Recollection de merveilleuses advenues, 92 ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 288); 5. 1549 dr. « place d'un tribunal dans la hiérarchie des juridictions » (EST.); 6. 1771 degré de noblesse (Trév.); 7. 1792 enseign. « division dans l'enseignement » (CONDORCET, Organ. Instr. publ. ds Œuvres, t. 7, p. 453 : nous avons distingué cinq degrés d'instruction). C. 1. a) Ca 1265 géom. astron. (B. LATINI, Li livres dou tresor, I, 112, éd. F. J. Carmody, p. 98); b) 1585 géogr. (NOËL DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 52); 2. [1624 (J. LEURÉCHON, Récréation mathématique, 99 ds NED, s.v. thermometer :Thermomètre ou instrument pour mésurer les degrez de chalour ou de froidure qui sont en l'air)]; 1685 métrol. « division d'un thermomètre ou d'un baromètre » (FUR.); 3. 1694 mus. (CORNEILLE); 4. 1814 distill. (NYSTEN, s.v. alcool). D. 1. XIVe s. gramm. (Ms. Paris Bibl. Maz. 578 f° 41 v° ds THUROT, p. 168); 2. 1580 « force, intensité (d'une qualité, d'un sentiment) » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre II, chap. XIII, p. 687 : degré de fermeté); 3. 1691 alg. (OZANAM, Dict. math. ds QUEM. Fichier); 4. 1800 méd. « phase d'une maladie » (GEOFFROY, Méd. prat., p. 280); 5. 1823 méd. « gravité d'une brûlure » ([L. JACQUES], Dict. des termes de méd., chir., etc., Paris, s.v. brûlure [6 degrés de gravité selon G. Dupuytren]). Composé du lat. gradus avec préf. dé-, peut-être d'apr. degradare (dégrader). Cette forme préfixée, qui était répandue dans le centre et l'ouest de la France, s'est imposée aux dépens de gré (répandu de la Wallonie jusqu'en fr.-prov.), prob. en raison de la rencontre phonét. de ce dernier avec gré (< gratus); (FEW t. 4, p. 207 b, s.v. gradus). Gradus avait en lat. class. les sens « pas, marche (d'un escalier); hiérarchie, degré dans les magistratures, degré de considération; degré dans l'échelle des sons »; en b. lat. : « degré d'une circonférence (astron.); degré de parenté, degré de signification (gramm.) »; en lat. médiév. « degré universitaire » (1254, Chart. Univ. Paris., I, 259, n° 231 ds NIERM.). Fréq. abs. littér. :7 594. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 17 556, b) 9 081; XXe s. : a) 6 686, b) 8 427. Bbg. GOHIN 1903, p. 334, 357. — PORTEAU (P.). Deux ét. de sém. fr. Paris, 1961, 88 p. — QUEM. 2e s. t. 1 1970. — Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 27.

degré [dəgʀe] n. m.
ÉTYM. Fin XIe, degret; probablt du lat. pop. degradus, de de- et gradus « pas, marche, degré, échelle »; cf. anc. franç. gré, greis.
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I (XIIe; « escalier », XIe). Concret.
1 Littér. Marche d'un escalier. ⇒ Marche. || Degré de pierre, de marbre, de bois. || Les degrés d'un escalier, d'un perron. || Degrés d'un édifice, d'un temple, d'un palais. || Monter, gravir, descendre les degrés d'une église.
1 De l'auguste chapelle ils montent les degrés.
Boileau, le Lutrin, III.
2 Je gravis d'un pas lourd les degrés de mon escalier.
France, le Crime de S. Bonnard, p. 279.
♦ Par ext. Vx. ⇒ Escalier, perron.
3 Il descend du Palais, et trouvant au bas du grand degré un carrosse (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 7.
2 Les degrés d'une échelle. ⇒ Échelon. || Les degrés d'un escabeau, d'un marchepied. || Les degrés d'un autel, d'un trône. || Degrés d'un amphithéâtre. ⇒ Gradin, rang, rangée. || Degrés d'une étagère. ⇒ Étage, rayon.
♦ Fig. et littér. || Monter, gravir les degrés du trône.
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II (Abstrait). Chacun des états, dans une série d'états réels ou possibles (dans un système organisé, et sans idée de hiérarchie, de valeur).
1 (V. 1220). Proximité relative dans la parenté. || Degrés de parenté. ⇒ Génération, parenté; → Moins, cit. 42. || Le fils et le père sont parents au premier degré; le petit-fils et le grand-père, au second degré… || Degré de parenté proche, éloigné. || Parent à un degré successible. || Degré prohibé : degré de parenté empêchant le mariage (→ Empêchement).
4 La proximité de parenté s'établit par le nombre de générations; chaque génération s'appelle un degré.
Code civil, art. 735.
5 En ligne collatérale, les degrés se comptent par les générations, depuis l'un des parents jusques et non compris l'auteur commun, et depuis celui-ci jusqu'à l'autre parent. Ainsi, deux frères sont au deuxième degré; l'oncle et le neveu sont au troisième degré; les cousins germains au quatrième; ainsi de suite.
Code civil, art. 738.
6 (L'Église) a fini par déclarer empêchements dirimants de mariage tous les degrés d'affinité correspondant aux degrés de parenté où le mariage est défendu.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, I, 1, 10.
2 Vx. Grade, diplôme de l'enseignement. || Prendre, avoir tous ses degrés.
7 Mais quoi ! j'entends déjà plus d'un fier scolastique
Qui (…)
Curieux, me demande où j'ai pris mes degrés (…)
Boileau, Épîtres, XII.
♦ Mod. (angl. degree).
7.1 À l'Université de Princeton pour recevoir le degré de Docteur honoris causa, encore un ! (…) Je reçois le degré en même temps que le physicien Millikan.
Claudel, Journal, 18 juin 1928.
3 Gramm. || Degré de comparaison ou de signification : les trois formes de l'adjectif. ⇒ Positif; comparatif, superlatif.
4 Math. Exposant de la puissance à laquelle une variable se trouve élevée, dans un monôme. || Le degré d'un polynôme est le degré de son monôme composant du plus haut degré. || Équation du premier, du second degré, dont l'inconnue est à la première, à la seconde puissance. || Polynôme du troisième degré en X.
5 Techn. || Degré de fin d'une monnaie. ⇒ Titre.
6 (1834). Méd. || Brûlure du premier, second, troisième degré, qui atteint l'épiderme, le derme. || Brûlé au second degré.
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III (Unité).
1 (1265). La 180e partie de l'angle plat, ou la 360e partie de la circonférence. (Symb. : d ou °). || Angle de 360 degrés, ou angle plein. || Angle de 180 degrés, ou angle plat. || Angle de 90 degrés, ou angle droit. || Degré d'ampleur d'un arc. ⇒ Amplitude. || Les sous-multiples du degré. ⇒ Minute, seconde. || 90 degrés équivalent à 100 grades.
8 Si je veux mesurer un angle de soixante degrés, je décris du sommet de cet angle, non pas un arc, mais un cercle entier; car avec les enfants il ne faut jamais rien sous-entendre.
Rousseau, Émile, II.
♦ Géogr. || La longitude et la latitude d'un point à la surface de la terre s'évaluent en degrés. ⇒ Latitude, longitude. || Un arc de méridien vaut un degré, quand l'angle au centre vaut un degré (⇒ Coordonnées).
9 (…) on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat. Trois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence; un méridien décide de la vérité (…) Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà.
Pascal, Pensées, V, 294.
9.1 (…) il était midi à l'île Lincoln, quand il était déjà cinq heures du soir à Washington. Or, le soleil, dans son mouvement apparent autour de la terre, parcourt un degré par quatre minutes, soit 15° par heure. 15° multipliés par cinq heures donnaient 75°.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 188.
2 (XVIIe). Mus. Son de l'échelle diatonique par rapport aux autres (⇒ Dominante, médiante, sensible, tonique). || Les degrés de la gamme. ⇒ Note. || Degré conjoint : intervalle d'un seul degré entre deux notes, sur la portée. || Degré disjoint : intervalle de plusieurs degrés entre deux notes. || Accroissement progressif, de degré en degré. ⇒ Gradation.
10 (…) alors pour assurer la justesse de cette finale, on la marque deux fois, en séparant cette répétition par une troisième note, que l'on baisse d'un degré en manière de note sensible (…)
Rousseau, Dict. de musique.
11 (…) le chant du cygne, un chant merveilleux tout trempé de pleurs, montant jusqu'aux sommités les plus inaccessibles de la gamme, et redescendant l'échelle des notes jusqu'au dernier degré (…)
Th. Gautier, Fortunia, « Le nid de rossignols ».
3 (1685). Sc. Chacune des divisions d'une échelle de mesure. || Diviser en degrés. ⇒ Graduer. || Degrés d'un baromètre. — Cour. Division d'une échelle de température. || Degré Réaumur, degré Fahrenheit. — (En France, au Canada, 1975). Absolt. || Degré : degré centigrade, Celsius (symb. : °C), centième de la différence entre la température de la glace fondante (0°) et celle de l'eau bouillante (100°). || La température a baissé d'un degré. || Le thermomètre marque trente degrés à l'ombre. || Les degrés Celsius correspondent à (degrés Fahrenheit−32) 5/9. — Degré absolu, degré Kelvin. ⇒ Kelvin.
12 (…) c'est ainsi qu'une demi-once de sel volatil d'urine et trois onces de vinaigre, en fermentant, font baisser le thermomètre de neuf à dix degrés.
Voltaire, Essai sur la nature du feu, II, III, 1.
13 De l'eau passe par une série de degrés quand de froide elle devient tiède, puis brûlante. Le thermomètre les marque. Le langage les exprime à sa façon et avec ses moyens.
Brunot, la Pensée et la Langue, IV, XVII, II, p. 682.
♦ Degré en alcool d'un liquide. || Degré de concentration d'un alcool : pourcentage d'alcool pur (nombre de cm3 d'alcool pur par 100 cm3 de mélange). ⇒ Poids, titre. || Alcool à 90 degrés. || Vin de 11, de 12 degrés. || Degré alcoolique d'une liqueur. — Degré acétique : pourcentage d'acide acétique contenu dans un vinaigre. — Absolt. || Vinaigre à sept degrés (7°). — Degré hydrométrique. — Degré Gay-Lussac : nombre de litres de chlore que peut dégager 1 litre d'eau de Javel ou de chlorure de chaux. — Degré Baumé (°Bé) : unité servant à évaluer la concentration des lessives de potasse, de soude. || Potasse à 45 °Bé.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
♦ Fig. || « Le degré zéro de l'écriture », titre d'un essai de R. Barthes.
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IV (Abstrait). Chacune des positions dans une hiérarchie, un système de valeurs.
1 (V. 1120). Niveau, position dans un ensemble social hiérarchisé. ⇒ Échelon. || Les degrés de l'échelle sociale. ⇒ Classe, niveau, position, rang. || Le plus bas degré, le plus haut degré de la hiérarchie sociale.
14 Au plus bas degré, il y a les humbles, les humiliores, la plèbe des petites gens (…)
Carcopino (→ Classe, cit. 4).
♦ Par ext. État intermédiaire. ⇒ Gradation, nuance.
15 Il est des degrés entre les pauvres comme entre les riches; on peut aller depuis l'homme qui se couvre l'hiver avec son chien, jusqu'à celui qui grelotte dans ses haillons tailladés.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 85.
♦ Les degrés, à l'intérieur d'une profession. ⇒ Échelon, grade. || Sa réclamation devra passer par tous les degrés hiérarchiques. || Il a passé par tous les degrés (→ Rang : sortir du rang.).
16 (Maupertuis) était arrivé par les degrés, de maréchal des logis des mousquetaires, jusqu'à les commander en chef (…)
Saint-Simon, Mémoires, I, 23.
17 Tous ces artisans qui franchissent, s'ils valent, les trois degrés d'apprentis, de compagnons, de maîtres, s'affinent dans leurs états, se muent en de véritables artistes.
Huysmans, Là-bas, VIII, p. 120.
♦ Degré de juridiction : place d'un tribunal dans la hiérarchie. → aussi ci-dessus II., 2. (grade, diplôme).
2 (Fig. de I., 1.). Chaque niveau par lequel on accède à ce qu'il y a de meilleur. Cf. Les degrés de la gloire, de la fortune, des honneurs. || Parvenir au plus haut degré de la célébrité, de son art; à un degré éminent de gloire. ⇒ Cime, comble, culminant (au point culminant), faîte, sommet, summum; éclat, épanouissement, maturité, plénitude.
18 (…) à venir vous féliciter du haut degré de gloire où vous êtes monté.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, V, 3.
19 Mme de Lavardin met au premier degré de toutes ses louanges, la force héroïque que vous eûtes de partir (…)
Mme Sévigné, Lettres, 1133, 4 févr. 1689.
20 Tout ce qui est mort et négation dans les philosophes, Dostoïevski l'a surpassé; mais telle est sa grandeur, qu'il monte d'un degré encore. Il porte à la rédemption l'accablement de nos fatalités.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V, p. 265.
3 (XVIe). État, dans une évolution. ⇒ Stade. || Le dernier degré de la perfection. || Les trois degrés de l'humilité. || Un extrême, un suprême degré de sagesse. || Le dernier, le plus bas degré de l'abjection, de l'avilissement. || À un si haut degré. ⇒ Point. || Au même degré que… ⇒ Comme. — Cette ville avait passé (cit. 33) par tous les degrés de la barbarie.
21 Deux choses vous vont faire voir l'éminent degré de sa vertu (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche, in Littré.
22 Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés (…)
Racine, Phèdre, IV, 2.
23 Les stoïques posent : Tous ceux qui ne sont point au haut degré de sagesse sont également fous et vicieux, comme ceux qui sont à deux doigts dans l'eau.
Pascal, Pensées, VI, 360.
24 (…) je suis très bon enfant jusqu'à un certain degré, jusqu'à une frontière (celle de ma liberté).
Flaubert, Correspondance, II, p. 125.
25 Chaque souffrance n'est-elle pas fatalement un degré de plus vers la perfection ?
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 239.
♦ Par anal. || Les degrés de la connaissance, du savoir.
26 Dès qu'ils sont parvenus à un certain degré de culture et qu'ils ont le sentiment de leurs vertus, de leurs espoirs, les hommes supportent mal les restrictions qui leur sont imposées par le tyran national ou par la domination étrangère (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IV, p. 69.
⇒ Transition.
27 Mais dans l'art dangereux de rimer et d'écrire,
Il n'est point de degrés du médiocre au pire.
Boileau, l'Art poétique, IV.
♦ Intensité relative d'un sentiment, d'une faculté de l'esprit. ⇒ Point. || Il est intelligent au plus haut degré. || Un tel degré de passion est rare. || Le dernier degré de l'insolence. || Être heureux au suprême degré. || Émotion qui atteint son plus haut degré, le degré le plus élevé. ⇒ Paroxysme.
28 Le désespoir a des degrés remontants. De l'accablement on monte à l'abattement, de l'abattement à l'affliction, de l'affliction à la mélancolie.
Hugo, les Travailleurs de la mer, III, I, 1.
29 Au degré d'exaltation où il était parvenu, l'idée chez lui primait tout le reste, à un tel point que le corps ne comptait plus.
Renan, Vie de Jésus, XVIII, in Œ. compl., t. IV, p. 275.
30 Un monde, où les sentiments sont portés au dernier degré de l'acuité et de l'ardeur, semble l'enfer de la souffrance et le paradis des fous.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », III, p. 221.
31 D'ailleurs, pour juger une réaction comme celle-là, il faudrait commencer par pouvoir mesurer le degré de convoitise.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 85.
♦ ☑ Loc. adv. Par degré ou par degrés. ⇒ Graduellement, progressivement, successivement; échelon (par), étape (par), fur (au fur et à mesure), palier (par), pied (pied à pied), proche (de proche en proche). || S'avancer par degrés vers un but. ⇒ Acheminer (s'). || Parvenir par degrés à tel état. || Augmenter par degrés (⇒ Plus : de plus en plus). || Diminuer par degrés (⇒ Moins : de moins en moins).
32 (…) pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés (…)
Descartes, Discours de la méthode, II.
33 L'amour qui croît peu à peu et par degrés ressemble trop à l'amitié pour être une passion violente.
La Bruyère, les Caractères, IV, 13.
34 Lorsqu'un grand changement s'opère dans la condition humaine, il amène par degrés un changement correspondant dans les conceptions humaines.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, III, II, II, p. 22.
4 Niveau d'interprétation. ☑ Au premier degré, qui doit être compris à la lettre. ☑ Au second degré, qui présente deux niveaux d'interprétation, la deuxième incluant un commentaire (généralement sur le mode de la dérision) de la première.
35 De ma place, au café, de l'autre côté de la vitre, je vois Coluche qui est là, figé, laborieusement farfelu. Je le trouve idiot au second degré : idiot de jouer l'idiot (…) je ne ris d'aucun théâtre, fût-il décroché, je n'accepte aucun clin d'œil.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 106.
♦ ☑ Loc. Le deuxième degré : l'appréciation d'une œuvre, d'un spectacle, etc. à un autre niveau — incluant distanciation, jugement sur le jugement social — que la relation directe et normale. → Kitsch.
36 C'est le produit d'un monde où les références ont envahi le réel au point que toute distance est impossible. Rien n'est connoté quand tout est connoté. Alors renaît la fraîcheur du regard. Bref, c'est la fin du deuxième degré, annoncée depuis quelque temps déjà par Coluche, prophète plouc en salopette, l'homme qui fit rire à la fois les racistes et les antiracistes, celui qui eut la suprême élégance d'assumer la vulgarité des autres (…)
« À bas le deuxième degré ! » (badge édité par « Actuel »). « Je suis un spectateur naïf. Surtout, je ne crois pas à l'existence de degrés… Toutes les images sont littérales et doivent être prises littéralement. » C'est Gilles Deleuze qui parle du cinéma (…).
« Le concept de deuxième degré, c'est une manière de ne pas avouer qu'on aime le premier, dit Gilles Millet. Il faut la crise des idéologies pour qu'on ose aimer le deuxième degré à cause du premier ».
Alain Schiffres, in le Nouvel Obs., 4 nov. 1983, p. 64.

Encyclopédie Universelle. 2012.