convenir [ kɔ̃vnir ] v. tr. ind. <conjug. : 22> I ♦ Auxil. avoir
1 ♦ (XIIIe) CONVENIR À (qqch.). Être convenable (1o) pour; être approprié à (qqch.). Les vêtements qui conviennent à la circonstance. ⇒ 1. aller, 2. seoir. « Le prénom d'Isaac convenait d'emblée à son profil, à sa barbe d'émir » (Martin du Gard). ⇒ cadrer (avec), correspondre. — C'est exactement l'homme qui convient. Trouver la phrase qui convient, la phrase juste. Cela pourra convenir, cela conviendra.
2 ♦ CONVENIR À (qqn). Être approprié à son état, à sa situation. Le mari qui lui convient. Ce traitement ne me convient pas. ⇒ réussir.
♢ (déb. XIXe) Mod. Être agréable ou utile (à qqn); être conforme à son goût, à son attente. ⇒ agréer, 1. aller, arranger, plaire, 1. sourire; fam. botter, chanter (à). Cela me convient parfaitement. Cette chambre me convient à peu près, je m'en accommoderai. Venez ce soir, si cela vous convient.
3 ♦ Impers. (XIe; covient « il faut ») IL CONVIENT DE(et inf.). Être conforme aux usages, aux nécessités, aux besoins. « Il convenait de se taire jusqu'à ce que certaines obscurités fussent éclaircies » (Hugo)(cf. Il faut, il est à propos, il sied). C'est ce qu'il convient d'appeler un imbécile. Il pense ce qu'il est convenu de penser (⇒ convenance, convention) . « les problèmes qu'il convient de ne pas soulever » (Caillois).
♢ IL CONVIENT QUE(et subj.) : il est souhaitable que. « Il convient que la raison entreprenne sur le sentiment » (France). Il convient que vous y alliez.
4 ♦ SE CONVENIRv. pron. (récipr.). Être approprié l'un à l'autre; se plaire mutuellement. « Deux créatures qui ne se conviennent pas » (Chateaubriand). ⇒ s'accorder.
II ♦ (XIIIe) CONVENIR DE (qqch.). Auxil. être(littér.)ou avoir
1 ♦ (Sujet sing.) Reconnaître la vérité de; tomber d'accord sur. ⇒ avouer, concéder, confesser, 1. dire, reconnaître. « Je suis âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue » (La Fontaine). Elle ne veut pas convenir de son erreur. Vous devriez en convenir. Il en a convenu. « J'ai convenu de mon tort de trop bonne grâce » (Rousseau ). « une tristesse dont il n'eût jamais convenu » (F. Mauriac). — Convenir que... (et indic.). Je conviens que c'est, que ce serait difficile. Vous conviendrez qu'il a raison. ⇒ admettre.
2 ♦ (Sujet plur.) Faire un accord, s'accorder sur. ⇒ s'entendre. Ils conviennent de partir ensemble. ⇒ décider. Elles ont convenu d'un lieu de rendez-vous. ⇒ arranger, arrêter, fixer, régler.
♢ Vieilli ou littér. (avec être) « Après une longue délibération, nous sommes convenus qu'il achètera un petit vaisseau tout équipé » (Lesage). « Dans le parc de Saint-Leu, où les deux jeunes gens étaient convenus d'aller » (Balzac).
♢ Pass. Il a été convenu que : on a décidé que. Il a été convenu entre nous qu'il commencera à travailler demain. — COMME CONVENU : comme il a été décidé (cf. Comme prévu). Nous vous rejoindrons ce soir, comme convenu.
⊗ CONTR. Disconvenir, opposer (s').
⊗ HOM. Convins :convaincs (convaincre).
● convenir verbe transitif indirect (latin convenire, venir ensemble) Être approprié à quelque chose, présenter un rapport de conformité, d'adéquation, d'harmonie avec quelque chose : Les tapis convenaient parfaitement à la pièce. Être en parfaite conformité avec la situation : Il a su faire le geste qui convenait. Être approprié à quelqu'un, à sa nature, ses goûts, son caractère, etc. : Ce climat lui convient mal. Agréer à quelqu'un, lui plaire, ne le gêner en rien : Choisir un lieu de rencontre qui convienne à tous. Admettre quelque chose, le reconnaître comme vrai ; confesser : Vous convenez de votre erreur ? (auxiliaire avoir ou être) En parlant de plusieurs personnes, tomber d'accord sur quelque chose (opinion, décision, etc.) : Nous avions convenu (nous étions convenus) de nous revoir sous peu. ● convenir (difficultés) verbe transitif indirect (latin convenire, venir ensemble) Conjugaison 1. Convenir se conjugue comme venir. Attention au passé simple : je convins, nous convînmes. 2. Choix de l'auxiliaire. Convenir de = tomber d'accord ou avouer, se conjugue soit avec avoir, soit avec être, selon la situation de communication. Avec l'auxiliaire avoir dans le registre courant : ils ont convenu d'un jour pour se rencontrer ; il a convenu de son erreur. Avec l'auxiliaire être dans l'expression soignée : ils sont convenus d'un jour pour se rencontrer ; il est convenu de son erreur. Convenir à = être adapté à, agréer à, se conjugue toujours avec l'auxiliaire avoir : le climat n'aurait pas convenu à sa santé ; l'appartement nous a convenu, nous l'avons acheté. Construction et sens 1. Convenir que (+ indicatif), convenir (+ infinitif passé), convenir de (+ nom ou infinitif) = reconnaître. Il convient qu'il a commis une erreur ; il convient avoir commis une erreur ; il convient de son erreur. 2. Convenir que (+ indicatif ou conditionnel), convenir de (+ nom ou infinitif) = se mettre d'accord. Ils conviennent qu'ils se rencontreront ; ils convinrent qu'ils se rencontreraient chaque fois qu'il le faudrait ; ils conviennent de se rencontrer prochainement, d'une prochaine rencontre. Remarque La construction convenir que (+ subjonctif) est littéraire et vieillie : « Ils convinrent que cela fÛt fait »(Littré). Il est convenu que (+ indicatif ou conditionnel) = il a été décidé d'un commun accord que. Il est convenu que je ne vous dois rien ; il était convenu que je ne vous devrais rien dans ce cas. 3. Il convient que (+ subjonctif) = il est souhaitable que (tour impersonnel). Il convient que vous cessiez d'être en retard. Remarque Cette tournure est souvent employée comme un équivalent adouci de « il faut que ». Registre Comme convenu est aujourd'hui admis dans la langue courante. Recommandation Dans l'expression soignée, préférer comme il est convenu, comme il a été convenu. ● convenir (expressions) verbe transitif indirect (latin convenire, venir ensemble) Il convient de, que, il est requis par les circonstances, il faut, il est souhaitable. ● convenir (homonymes) verbe transitif indirect (latin convenire, venir ensemble) ● convenir (synonymes) verbe transitif indirect (latin convenire, venir ensemble) Être approprié à quelque chose, présenter un rapport de conformité, d'adéquation...
Synonymes :
- aller à
- cadrer avec
- concorder avec
- correspondre à ou avec
- s'accorder à
- s'adapter à
Contraires :
- disconvenir à
Être en parfaite conformité avec la situation
Synonymes :
- aller
Agréer à quelqu'un, lui plaire, ne le gêner en rien
Synonymes :
- agréer à
- arranger
- chanter à (familier)
- dire à (familier)
- plaire à
- sourire à
Contraires :
- choquer
- déplaire à
- froisser
Admettre quelque chose, le reconnaître comme vrai ; confesser
Synonymes :
- accorder
- admettre
- concéder
Contraires :
- disconvenir de
- nier
- se défendre de
En parlant de plusieurs personnes, tomber d'accord sur quelque chose (opinion...
Synonymes :
- arrêter
- décider
- résoudre de
- se déterminer à
Il convient de, que
Synonymes :
- il appartient à
- il faut
- il sied à
convenir
v. tr. indir.
rI./r (Avec être; cour., fautif, avec avoir.)
d1./d Convenir de: s'accorder sur. Ils sont convenus d'un prix.
d2./d Reconnaître, tomber d'accord. Il avait fait une erreur et a bien voulu en convenir.
rII./r
d1./d (Auxil. avoir.) être en rapport de conformité, être en harmonie. Ce poste ne lui convient pas.
— Plaire, agréer. ça me convient.
d2./d v. Pron. (récipr.) Se plaire, s'entendre. Ils se sont si bien convenu qu'ils ont décidé de se marier.
d3./d Loc. impers. Il convient de (+ inf.): il est convenable de; il est utile de. Il convient de se taire quand qqn parle.
⇒CONVENIR, verbe trans.
I.— Vieilli, absol. [Le suj. désigne deux ou plusieurs choses] Aller bien ensemble, s'accorder. Le silence et le sérieux conviennent absolument (STAËL, Lettres jeun., 1787, p. 157). Ce en quoi des choses conviennent résulte de leurs propriétés communes; ce en quoi elles diffèrent résulte de leurs propriétés particulières (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 419).
— Emploi pronom. [En parlant de deux pers., âmes, caractères, etc.] Aller bien l'un avec l'autre, être faits l'un pour l'autre :
• 1. Sans doute, ma fille, les plus belles amours furent celles de cet homme et de cette femme, sortis de la main du Créateur. (...). Parfaits de l'ame et du corps, ils se convenoient en tout; Ève avoit été créée pour Adam, et Adam pour Ève.
CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 2, 1803, p. 248.
II.— [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Convenir à. Convenir mal, à merveille à.
A.— [Le suj. désigne une chose]
1. Convenir à qqc. Être approprié, adapté à cette chose. Convenir à la situation; le mot qui convient. Le marbre convient à l'œuvre d'art où dans sa pleine force l'artiste, le chef veulent réaliser leur fleur de vie, leur idéal (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1898-1902, p. 45) :
• 2. ... vous vous convaincrez aisément de l'impossibilité de faire à Paris toutes les lois qui conviennent aux colonies et qui leur soient bien adaptées.
BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyage à la Louisiane, 1802, p. 291.
2. Convenir à qqn. Être bon pour lui, correspondre à ses goûts. Convenir à l'homme, au peuple. Tu ne peux souffrir ce qui te convient et tu n'as de penchant que pour ce qui te nuit (AMIEL, Journal, 1866, p. 255).
— Emploi impers. Il convient à qqn de + inf. Il lui plaît de :
• 3. Dans ce moment un aide de camp du gouverneur frappe à ma porte, et me demande s'il me convient de recevoir son général. Pour toute réponse, je me rends à l'appartement de Son Excellence...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 445.
3. Absol. Être conforme aux usages. Elle [Malvina] avait à un haut degré le sentiment de ce qui sied et de ce qui convient (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 397) :
• 4. ... il leur [aux cadavres « très illustres »] refait une vie terrestre toute pleine de mérites et de vertus, car il le faut, car cela convient, car cela importe au bon ordre des choses humaines.
LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 191.
B.— [Le suj. désigne une pers.] Convenir à qqc. ou à qqn. Être fait pour quelque chose ou pour quelqu'un. Madame d'Arbigny ne vous convient pas, vos caractères n'ont aucun rapport ensemble (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 283). Je m'aperçus bien vite que le professorat ne me convenait pas du tout, ou, pour mieux dire, que je ne convenais pas du tout à la tâche toute spéciale du professorat (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 452).
C.— Emploi impers. Il convient de + inf. ou il convient que + subj. (cf. supra II A 3). Il convient de faire, d'observer. Il est conforme aux exigences de la situation et/ou des convenances. J'avais prononcé ces quelques mots d'un ton peut-être plus amer qu'il n'eût convenu (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 254). Je ne sais quoi avertissait ma pudeur, ma fierté qu'il convenait de ne pas m'abandonner mollement (ARNOUX, Roi, 1956, p. 250).
III.— [Le suj. désigne une pers.] Convenir de ou que.
A.— [Le suj. désigne une ou plusieurs pers.]
1. Convenir (ensemble) ou convenir avec qqn. Se mettre d'accord.
a) Convenir de + inf. ou convenir que + ind. (ou cond.) ou subj. Se mettre d'accord avec quelqu'un pour faire quelque chose ou sur une attitude à prendre. Et même j'avais convenu avec lui, ajouta-t-il, qu'au besoin je remettrais de quelques jours mon départ (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1131). Solange a dû vous dire que nous étions convenus que j'aie trois mois par an de vacances conjugales, où je partirais au loin, me détendre (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1286) :
• 5. Comme la nuit s'approchoit, je lui proposai de s'arrêter à une maison que nous rencontrâmes à une lieue de la forêt; elle y consentit : nous convînmes qu'elle s'y reposeroit et y passeroit la nuit...
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 1, 1795, p. 174.
b) Convenir de qqc. Se mettre d'accord sur quelque chose. Convenir du prix (de qqc.); convenir d'un rendez-vous, d'un signal. Durant tout ce temps, il fut encore question de la paix, mais l'on ne put convenir de rien de plus qu'une trève (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 176).
Rem. On rencontre ds la docum. des emplois passifs. Vous me permettrez de demander instamment à ce que cet arrangement d'intérêts soit parfaitement convenu (BALZAC, Corresp., 1830, p. 459). Cf. à ce sujet COLIN 1971 : ,,Bien que convenir ne soit pas transitif direct, le passif est possible et correct.``
2. Convenir de qqc. ou convenir que + ind. Reconnaître, admettre quelque chose ou que. Convenir avec qqn de qqc. Être d'accord avec quelqu'un sur quelque chose. Être forcé de convenir, convenir volontiers de, convenir des faits. Qu'on le nie ou qu'on en convienne, Il n'est qu'un Paris sous les cieux (POMMIER, Paris, 1866, p. 15). Au moment de se séparer d'elle, il ne pouvait se défendre d'une tristesse dont il n'eût jamais convenu (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 277) :
• 6. Je présume trop bien de votre bonne foi, pour douter un instant que vous hésitiez à convenir de votre méprise.
LAMENNAIS, L'Avenir, 1830-31, p. 254.
— Fréq. en incise. Il m'en coûte, j'en conviens, de me justifier d'une lettre que vous avez connue par un moyen si indigne de vous et de moi (STAËL, Lettres jeun., 1787, p. 170).
— Fam. [Tournure ell.] Venir ici [au bal de l'Opéra] pour réciter le calendrier, tu conviendras... (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 62).
Rem. La règle traditionnelle est d'employer convenir : a) avec l'auxiliaire être dans le sens de « se mettre d'accord, reconnaître » (cf. supra III), b) avec l'auxiliaire avoir dans le sens de « être approprié » (cf. supra II); mais cette règle n'est pas toujours suivie, et l'usage tend à employer avoir comme seul auxiliaire, dans les 2 cas (cf. à ce suj. THOMAS 1956, COLIN 1971 et DUPRÉ 1972).
B.— Emploi impers. Il est convenu que + ind. ou de + inf. Il est décidé d'un commun accord. Il fut convenu entre eux, par un accord tacite, qu'ils garderaient leur liberté (ZOLA, Nana, 1880, p. 1430).
Rem. L'expr. fréq. ce qu'on est convenu d'appeler, relève à la fois de l'emploi impers. (supra) et de l'emploi III A 1 a. Nous longeâmes le palais de la reine, qui est un de ces édifices que l'on est convenu d'appeler de bon goût (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 71).
— Expr. fam. Comme il est convenu, comme c'est convenu. Comme il est décidé. Madame, veuillez m'excuser si je ne vais pas chez vous, ce soir comme c'était convenu (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 56).
♦ Fréq. (C'est) convenu. (C'est) d'accord. Il lâcha tout pour une somme tellement dérisoire, que Gouy, d'abord écarquilla les yeux, et s'écriant :« convenu », lui frappa dans la main (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 57). C'est entendu, c'est tout vu, c'est convenu; à demain, Monsieur le Curé. Couillon qui s'en dédit! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Confess. Th. Sabot, 1883, p. 39).
IV.— Emploi pronom., rare, sens passif. Être décidé :
• 7. [LA PEYRADE :] — ... laissez-moi conduire cette longue et difficile affaire; si vous commettez une indiscrétion sur ce qui se dira, se tramera, se conviendra entre nous, je vous laisse, et votre serviteur!
BALZAC, Les Petits bourgeois, 1850, p. 83.
Prononc. et Orth. :[], (je) conviens []. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Mil. du XIe s. impers. « il est bon que, il faut que » (Alexis, éd. C. Storey, 411); 2. début du XIIe s. « être convenable pour, plaire à (quelqu'un) » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel 64, 1 [te decet hymnus]); 3. ca 1165 « aller bien avec, être approprié à (quelque chose ou quelqu'un) » (B. DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 5425); ca 1275 part. prés. adj. « qui convient » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 7641); 4. 1538 intrans. « s'accorder, être en conformité » (EST.). B. 1. 1243 convint que impers. « on tomba d'accord, il fut décidé que » (Ph. MOUSKES, Chronique rimée, éd. De Reiffenberg, 16473); 1752 part. passé adj. « déterminé, fixé » (Trév. Suppl.); 1838 subst. (STENDHAL, Mém. d'un touriste, t. 3, p. 209); 2. XIIIe s. « reconnaître, avouer » (Doc. A. Ille-et-Vilaine ds GDF. Compl.). Du lat. class. convenire « se rassembler, convenir, s'adapter; s'accorder sur quelque chose ». Fréq. abs. littér. : 6 824. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 14 636, b) 8 367; XXe s. : a) 7 025, b) 7 823. Bbg. DARM. Vie 1932, p. 133, 194. — RICKARD (P.). (Il) estuet, (il) convient... In : [Mél. Harmer (L. Ch.)]. London, 1970, pp. 65-92.
convenir [kɔ̃vniʀ] v. tr. ind. [CONJUG. venir.]
ÉTYM. XIe; lat. convenire « venir avec », de con- (cum), et venire.
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I (1538). Être assorti, aller bien avec ou ensemble. ⇒ Accorder (s'), cadrer, correspondre (→ Être en rapport). || Cela convient avec ce que vous disiez. || Ces deux étoffes conviennent bien, ont bien convenu. || Leurs opinions conviennent en tout.
1 Votre âge, monsieur, ne convient pas avec celui de ma fille (…)
Hauteroche, Crispin médecin, I, 3.
2 On est obligé de mettre (les pièces) les unes sur les autres pour voir d'une manière plus sûre que par la vue si elles conviennent en grandeur.
Malebranche, De la recherche de la vérité, I, 6.
———
1 (Sujet n. de personne, au sing.). Reconnaître la vérité de; tomber d'accord sur. ⇒ Avouer, concéder, confesser, dire, reconnaître. || Je conviens de ce que vous dites. || J'en conviens volontiers. || Convenez-en. || Convenir de son erreur. — Vx ou littér. || Il est convenu lui-même de sa faute. — Mod. || Il en a convenu. — Il a bien fallu en convenir. — Convenir que… (et indic.). || Il faut convenir qu'il avait raison. || Convenez que vous aviez tort, convenez-en.
3 Je suis âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue (…)
La Fontaine, Fables, III, 1.
4 Il feint de n'avoir pas aperçu les choses où il vient de jeter les yeux, ou s'il est convenu d'un fait, de ne s'en plus souvenir.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la dissimulation.
5 (…) convenez que me prescrire si affirmativement ce que je dois faire, sans vous être mis en état d'en juger, c'est, mon cher philosophe, opiner en franc étourdi.
Rousseau, les Confessions, IX.
6 Il faut convenir que le bon sens relevé d'esprit et de gaieté soulage un peu de bien des bêtises.
Sainte-Beuve, Correspondance, II, p. 282.
7 — Mais non ! Vous avez eu les sentiments les plus contradictoires et les plus naturels, qu'aurait eus n'importe qui. Mais d'autres auraient l'hypocrisie de ne pas en convenir.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XX, p. 163.
7.1 Dans le hall, il croisa diverses figures qu'il connaissait plus ou moins. Il convint de leur existence mais non de leur intérêt.
R. Queneau, le Chiendent, p. 207.
2 (Sujet plur.). Faire un accord, s'accorder sur. ⇒ Entendre (s'). || Ils conviennent, ils convinrent de partir ensemble. ⇒ Décider. || Nous avions convenu d'un lieu de rendez-vous. ⇒ Arranger, arrêter, régler. || Ils ont convenu entre eux du prix. || Vous devez convenir des termes, vous entendre sur le sens des mots.
♦ Vieilli ou littér. || Ils sont convenus de se retrouver à la campagne.
8 On mit près du but les enjeux.
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
La Fontaine, Fables, VI, 10.
9 (…) avant que de convenir du prix, pour avoir une meilleure composition du marchand, il lui fait ressouvenir qu'il lui a autrefois rendu service.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De l'effronterie causée par l'avarice.
10 (…) après une longue délibération, nous sommes convenus qu'il achètera un petit vaisseau tout équipé (…)
A. R. Lesage, le Diable boiteux, XV, p. 162.
11 (…) dans le parc de Saint-Leu, où les deux jeunes gens étaient convenus d'aller pour visiter les riantes prairies et les bosquets (…)
Balzac, Une double famille, Pl., t. I, p. 933.
REM. Bien que la règle traditionnelle demande l'auxiliaire être avec convenir dans les sens 1 et 2 (cf. Académie, 8e éd., et Littré), de nombreux auteurs emploient l'auxiliaire avoir (cf. Grévisse, no 658 § 3; Hanse, art. Convenir; Littré, in Suppl., cite J.-J. Rousseau).
12 Ne reparlons plus de cela je vous prie; j'ai convenu de mon tort de trop bonne grâce, pour que vous deviez vous en souvenir.
Rousseau, Lettre à Duchesne, 21 nov. 1771.
13 Au moment de se séparer d'elle, il ne pouvait se défendre d'une tristesse dont il n'eût jamais convenu (…)
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, XIII, p. 224.
14 Par besoin d'espérer, il rêvait de son départ de Fréville pour Paris, comme jadis (…) il avait rêvé à Chatenay de son départ de Chatenay, bien que de cela il n'eût jamais convenu.
Montherlant, les Célibataires, X, p. 281.
♦ Passif. || Il a été convenu que : on a décidé que. — ☑ Loc. Comme convenu : comme il a été décidé. || Nous vous rejoindrons demain, comme convenu (→ Comme prévu). || « Vous me permettrez de demander instamment à ce que cet arrangement d'intérêts soit parfaitement convenu » (Balzac, in T. L. F.).
REM. Convenir que, au sens II, 2, de « faire un accord », se construit avec le subjonctif ou l'indicatif. Ils conviennent que chacun prenne sa part tout de suite ou ils conviennent que chacun prendra sa part tout de suite. Dans le sens II, 1, « reconnaître », on emploie l'indicatif. || Nous convenons qu'il a raison. || Il faut convenir que…
15 Il faut convenir que les mœurs vont se dépravant de jour en jour.
Hugo, le Dernier Jour d'un condamné.
16 Et même j'avais convenu avec lui, ajouta-t-il, qu'au besoin je remettrais de quelques jours mon départ.
Gide, les Faux-monnayeurs, p. 1131.
———
III (Auxiliaire avoir).
1 (Déb. XIIe). || Convenir à (qqch.) : être convenable (1.) pour; être approprié à (qqch.). || Les vêtements qui conviennent à la circonstance. ⇒ Aller, seoir. || Ce livre convient mal, convient très bien à ses goûts. || Cela convient à sa situation. ⇒ Cadrer (avec), correspondre. || Cette terre convient à de nombreuses cultures. ⇒ Prêter (se).
17 Ces festons dans vos mains, et ces fleurs sur vos têtes
Autrefois convenaient à nos pompeuses fêtes.
Racine, Athalie, I, 3.
18 J'estime qu'il faut avoir égard à ce qui convient à l'âge aussi bien qu'au sexe (…)
Rousseau, Émile, V.
19 Le prénom d'Isaac convenait d'emblée à son profil, à sa barbe d'émir, à ses yeux fiévreux de mage oriental (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 167.
♦ Absolt. || C'est exactement l'homme qui convient. || Trouver la phrase qui convient, la phrase juste. || Cela pourra convenir; cela conviendra. — Spécialt. || Être conforme aux usages. || « Elle avait à un haut degré le sentiment de ce qui sied et de ce qui convient » (Reybaud, in T. L. F.).
2 Convenir à (qqn). — Vx. Être approprié à son état, sa situation. — Iron. || Il vous convient bien de faire le difficile (cf. Cela vous va bien [mod.]).
♦ Mod. Être agréable ou utile (à qqn); être conforme à son goût. ⇒ Agréer, aller, arranger, plaire, sourire; (fam.) botter, chanter. || Cela me convient parfaitement. || Cette chambre me convient à peu près, je m'en accommoderai. || Si cela vous convient, venez me voir ce soir. || Ce métier ne lui convient pas du tout.
20 (…) pensions, honneurs, tout leur convient et ne convient qu'à eux (…) ils ne comprennent point que sans leur attache (sans leur agrément, leur assentiment) on ait l'impudence de les espérer.
La Bruyère, les Caractères, XVI, 26.
♦ Impers. || Il ne me convient pas de faire ce travail.
21 Il ne convient pas à tout le monde de rester dans une maison qui brûle.
Comte de Saint-Aulaire, Talleyrand, p. 405.
3 (XIe, covient « il faut »). Impers. || Il convient de (et l'inf.) : il est conforme aux usages, aux nécessités, aux besoins. ⇒ Propos (être à), expédient (être); → Il faut, il sied. || Je voudrais savoir ce qu'il convient de faire.
♦ Il convient que (et subj.). || Il convient que vous y alliez : vous devez y aller, il vous appartient d'y aller, c'est votre rôle. || « Il convient que la raison entreprenne sur le sentiment » (→ Attarder, cit. 4).
22 J'ai commandé qu'on porte à votre père
Les faibles dons qu'il convient de vous faire.
Voltaire, Droit du Seigneur, III, 6.
23 Il convient que l'impôt soit payé par celui qui emploie la chose taxée plutôt que par celui qui la vend.
Rousseau, Disc. sur l'économie politique.
24 (…) il convenait de se taire jusqu'à ce que certaines obscurités fussent éclaircies.
Hugo, l'Homme qui rit, II, IV, 3.
——————
se convenir v. pron. (Récipr.).
♦ Être approprié l'un à l'autre; se plaire mutuellement.
25 Deux créatures qui ne se conviennent pas pourraient aller chacune de son côté (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 1 (cf. Bouder, cit. 6).
——————
convenu, ue p. p. adj.
ÉTYM. 1690; covenu « assigné », 1483.
1 Qui est le résultat d'un accord, d'une convention. || Chose convenue. ⇒ Décidé. — Langage convenu. || Mot convenu. || Prix convenu.
26 Toutes les histoires anciennes, comme le disait un de nos beaux esprits, ne sont que des fables convenues.
Voltaire, Jeannot et Colin.
27 Je pensais que c'était chose convenue entre vous (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXIX, p. 196.
27.1 Mes professeurs croyaient tout convenu que je devinsse professeur.
Giraudoux, Simon le pathétique, p. 35.
2 Péj. Conforme à une convention (littéraire, sociale). ⇒ Artificiel, banal, conventionnel. — N. m. || Le convenu.
28 Il (Stendhal) aime en tout être d'un avis imprévu; il ne supporte le convenu en rien.
Sainte-Beuve, M. de Stendhal, p. 13.
29 L'histoire supplanta chez lui le roman dont l'affabulation (…) forcément banale et convenue, le blessait.
Huysmans, Là-bas, II, p. 18.
30 L'on ne voulait rompre qu'avec un langage trop convenu et voici que l'on est près de rompre avec tout le langage humain.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, I, p. 31.
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CONTR. Disconvenir, opposer (s'). — Désaccord (être en désaccord). — Nier.
DÉR. Convenable, convenance, convenant.
COMP. Disconvenir.
Encyclopédie Universelle. 2012.