bras [ bra ] n. m.
• braz 1080; lat. pop. °bracium, class. bracchium, gr. brakhiôn
1 ♦ Anat. Segment du membre supérieur compris entre l'épaule et le coude (opposé à avant-bras). Du bras. ⇒ brachial. Os du bras. ⇒ humérus. Mouvement du bras : abduction, adduction, élévation, rotation. Muscles du bras. ⇒ biceps, triceps.
♢ Cour. (impr. en anat.) Le membre supérieur, de l'épaule à la main. « ses bras, de l'aisselle pleine et musclée jusqu'au poignet rond » (Colette). Avoir un bras cassé, en écharpe. Être amputé d'un bras, manchot. « couché les bras étendus en croix » (Loti). « debout les bras ballants » (Martin du Gard). — Lever, baisser, plier, étendre le, les bras, croiser les bras. Porter sur, entre, dans ses bras. Tenir, brandir à bout de bras, en déployant un grand effort, sans aide. Tenir, serrer qqn entre, dans ses bras. ⇒ embrasser (1o). Se jeter dans les bras de qqn, contre la poitrine de qqn. Tomber dans les bras l'un de l'autre. Être dans les bras de qqn : être enlacé. « Il avait jadis dormi dans ses bras, vécu dans son amour » (Maupassant). — Donner, offrir le bras à qqn, pour s'y appuyer en marchant. Être au bras de qqn. « Elle prenait mon bras, et nous marchions sous les arbres » (Fromentin). Marcher bras dessus, bras dessous, en se donnant le bras. Lever les bras au ciel : prendre le ciel à témoin. — BRAS DE FER : jeu opposant deux adversaires qui ont un coude posé sur la table, leurs avant-bras l'un contre l'autre, et essayent de faire plier le bras du partenaire; fig. épreuve de force. — (1954) BRAS D'HONNEUR : geste injurieux (simulacre d'érection). Faire un bras d'honneur à qqn.
♢ Par méton. En bras de chemise.
♢ Loc. fig. Gros comme le bras (se dit ironiquement pour accompagner une appellation flatteuse). « Ça lui coupait les moyens, d'être “monsieur Sorel” gros comme le bras » (Mallet-Joris). Il se fait donner du « monsieur le directeur » gros comme le bras. Jouer les gros bras : jouer les durs. — (du tennis) Fam. Jouer petit bras : se lancer dans une entreprise sans ambition, sans conviction. — Couper bras et jambes à qqn, lui enlever ses moyens d'action, le paralyser d'étonnement, le décourager. Les bras m'en tombent : je suis stupéfait. Baisser les bras : renoncer à poursuivre (une action). — Se croiser les bras, rester les bras croisés : attendre sans rien faire. Avoir le bras long, du crédit, de l'influence. Tendre, ouvrir les bras à qqn, lui porter secours, lui pardonner. — Tendre les bras vers qqn, implorer son aide. Se jeter, se réfugier dans les bras de : se mettre sous la protection de. Se jeter dans les bras de qqn : faire les avances, se donner hâtivement. — Recevoir qqn à bras ouverts, l'accueillir avec effusion, empressement. — Être dans les bras de Morphée : dormir. S'endormir dans les bras du Seigneur : mourir. ⇒ sein. — Avoir qqn ou qqch. sur les bras, en être chargé, embarrassé. Cela me reste sur les bras, je dois m'en occuper.
2 ♦ Symbole de la force guerrière, du pouvoir. « Ton bras est invaincu, mais non pas invincible » (P. Corneille). Le bras de Dieu. Le bras séculier : la puissance temporelle, opposée à celle de l'Église. Avoir un bras de fer, une grande autorité, une volonté inflexible. Le bras de la justice. ⇒ autorité.
3 ♦ Personne qui agit, travaille, combat. ⇒ travailleur. L'agriculture réclame des bras, manque de bras. « Les humoristes comparent l'agriculture à la Vénus de Milo qui manque de bras » (Bainville).
♢ Le bras droit de qqn, son principal agent d'exécution. — (Être) le bras armé (de qqn, qqch.),l'exécutant.
4 ♦ Loc. adv. À BRAS : à l'aide des seuls bras (sans machine). Il a fallu transporter tout cela à bras. — Loc. adj. Moulin, charrette à bras. — À tour de bras. — Se jeter sur qqn à bras raccourcis, le frapper violemment. — À bras-le-corps. ⇒ bras-le-corps (à).
5 ♦ Dans le membre antérieur du cheval, Partie qui fait suite à l'épaule et qui a pour base l'humérus.
♢ Tentacule des mollusques céphalopodes. Les bras d'une pieuvre.
6 ♦ Par anal. (de forme, de destination) Mar. Manœuvre servant à orienter un espar (vergue, tangon).
♢ Bras d'une ancre. — Techn. Brancard; pièce allongée. Les bras d'une chaise à porteurs, d'une brouette. — Accoudoir (d'un siège). Les bras d'un fauteuil; bras de fauteuil. — Partie mobile (d'une grue, d'un sémaphore). Bras d'une manivelle. Bras de lecture d'un électrophone : longue tige mobile qui porte la tête de lecture. — Mécan. BRAS DE LEVIER : distance d'une force à son point d'appui, évaluée perpendiculairement à la direction de cette force.
7 ♦ Géogr. Division d'un cours d'eau que partagent des îles. Bras principal, bras secondaires. Bras mort, où l'eau ne circule plus. — Bras de mer : détroit, passage.
● bras nom masculin (latin brachium) Partie du membre supérieur de l'homme comprise entre l'épaule et le coude, par opposition à l'avant-bras. Ce membre supérieur tout entier : Se casser le bras. Tendre les bras. Personne qui travaille, agit, combat : L'agriculture manque de bras. Littéraire. Aide, force, protection : Prêter son bras à une cause. Littéraire. Symbole de la force agissante ou exécutrice : Le bras de la Justice. Électroacoustique Sur un tourne-disque, pièce allongée portant la tête de lecture à l'une de ses extrémités et pivotant, ou coulissant, à l'autre, de façon à permettre à la pointe de lecture de se déplacer à la surface du disque en suivant le sillon. Hydrologie Subdivision latérale d'un cours d'eau séparée des autres par des îles. Manutention et stockage Partie horizontale mobile d'une grue. Marine Manœuvre courante servant à orienter une vergue. Mécanique Dans une machine, élément fixe ou mobile (coulissant, articulé, télescopique, etc.) supportant un organe éloigné du bâti. Mobilier et décoration Partie d'un siège où l'on repose le bras. Technique Synonyme de brancard. Zoologie Nom donné aux rayons des étoiles de mer et des ophiures, aux tentacules des poulpes, au segment huméral de la patte de devant des vertébrés tétrapodes. ● bras (citations) nom masculin (latin brachium) Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 Il y a tel homme dont tous les désirs se termineraient à avoir deux bras. Du bonheur Ésope VIIe-VIe s. avant J.-C. Quand on a besoin des bras, les secours en paroles ne servent de rien. Fables, 1161, la Vipère et l'Hydre ● bras (difficultés) nom masculin (latin brachium) Orthographe 1. Avec des traits d'union : à bras-le-corps ; un fier-à-bras. 2. Sans trait d'union : à tour de bras ; à bras raccourcis ; à bras ouverts ; bras dessus, bras dessous ; bras croisés ; un bras de fer ; un gros bras. Emploi En bras de chemise, en manches de chemise. Les deux expressions sont admises. Construction Les tournures du type elle a le bras cassé, il m'a cassé le bras, excluent l'emploi de l'adjectif possessif (on ne dit pas : elle s'est cassé son bras, il m'a cassé mon bras). ● bras (expressions) nom masculin (latin brachium) À bras, se dit d'une voiture, d'une presse, etc., qu'on fait mouvoir par la force des bras. À bras ouverts, très cordialement, avec chaleur. À la force des bras, sans autre secours que les bras. À tour de bras, de toutes ses forces, sans ménagement ; à profusion. Avoir le bras long, avoir beaucoup d'influence. Avoir les bras rompus, être harassé de travail. Avoir quelque chose, quelqu'un sur les bras, avoir à s'acquitter d'une besogne pénible ; avoir quelqu'un à sa charge et en ressentir de la gêne, être importuné par quelqu'un dont on ne peut se défaire. Baisser les bras, renoncer, ne plus lutter, céder. Littéraire. Bras d'airain, de fer, symbole de la force corporelle ou de l'énergie, de la volonté, de l'autorité. Bras dessus, bras dessous, se dit de la position de deux personnes dont l'une a le bras passé sous celui de l'autre ; se dit de deux personnes qui agissent en plein accord. Bras de fer, jeu dans lequel deux personnes, accoudées face à face à une table et les mains empoignées, essaient de rabattre sur la table le bras de l'autre ; lutte opiniâtre ; épreuve de force. Bras d'honneur, geste de dérision effectué en levant un avant-bras vers l'épaule et en tapant du poing au creux de ce bras plié (figurant le membre viril en érection). Couper les bras, couper bras et jambes à quelqu'un, le mettre dans l'impossibilité d'agir, le frapper de découragement. Donner, offrir son bras à quelqu'un, lui présenter son bras pour qu'il puisse s'y appuyer en marchant. Être, tomber dans les bras de Morphée, dormir, s'endormir. Familier. Gros bras, homme fort, en particulier homme de main ou garde du corps ; gorille. Familier. Gros comme le bras, se dit d'un mensonge, d'une erreur ou d'un compliment, d'une flatterie énormes. Familier. Jouer petit bras, ménager ses efforts ; agir sans conviction. Le bras droit de quelqu'un, son principal collaborateur. Les bras m'en tombent, je suis stupéfait ; je suis rompu de fatigue. Se jeter, tomber dans les bras de quelqu'un, l'embrasser avec effusion ; s'offrir, se livrer à lui. Tendre, ouvrir les bras à quelqu'un, l'accueillir avec empressement, avec chaleur ; le secourir ; lui offrir son pardon. Tendre les bras à quelqu'un, être disponible pour quelqu'un. Tomber à bras raccourci(s) sur quelqu'un, se jeter sur lui avec violence ; le critiquer violemment. Tomber sur les bras de quelqu'un, en parlant d'une affaire difficile, l'accaparer à l'improviste. Bras de transept, chacune des deux parties d'un transept de part et d'autre de la croisée. Bras de lumière, synonyme ancien de applique. Port de bras, mouvement des deux bras, exécuté au cours d'un pas sans déplacement ou d'un pas simple ; au pluriel, ensemble des mouvements de bras qui s'exécutent au milieu. Positions des bras, celles qui accompagnent les cinq positions fondamentales des pieds. Bras séculier, pouvoir du juge séculier ou laïque dont l'action répressive complétait celle des tribunaux ecclésiastiques, qui ne pouvaient infliger un châtiment corporel allant jusqu'à l'effusion du sang. Bras de mer, espace maritime allongé et étroit. Bras mort, bras abandonné, ancien bras qu'un cours d'eau ne peut plus emprunter, et qui est devenu un lac ou une zone marécageuse. Bras de manutention, équipement permettant, grâce à un système automatique d'équilibrage, l'évolution en toutes directions d'une charge ou d'un outil, sans effort pour l'opérateur. Bras de levier, distance d'une force au point d'appui de la pièce sur laquelle elle s'exerce, comptée perpendiculairement à la direction de cette force. Bras de chargement, raccord articulé pour remplir les véhicules et navires-citernes. Bras de vigne, branche qui part du cep et sur laquelle naissent les sarments. ● bras (synonymes) nom masculin (latin brachium) Mobilier et décoration. Partie d'un siège où l'on repose le bras.
Synonymes :
- accotoir
Architecture. Bras de transept
Synonymes :
Viticulture. Bras de vigne
Synonymes :
- corne
- mère branche
Arts décoratifs. Bras de lumière
Synonymes :
- applique
Synonymes :
- Technique. brancard
bras
n. m.
d1./d Membre supérieur de l'homme, rattaché à l'épaule, terminé par la main. Lever, plier les bras.
— Spécial. Partie du membre supérieur comprise entre l'épaule et le coude (par oppos. à l' avant-bras, entre le coude et le poignet).
— Donner le bras à une femme, l'accompagner en lui tenant le bras.
— Fig. Les bras m'en tombent: j'en suis stupéfait.
— Fig. Couper bras et jambes à qqn, le mettre dans l'impuissance d'agir, le décourager.
— Rester les bras croisés, à ne rien faire.
— Recevoir à bras ouverts, chaleureusement, avec amitié.
— Avoir sur les bras: être responsable de, ou accablé par. Avoir beaucoup d'affaires sur les bras.
— être dans les bras de Morphée: dormir.
|| Bras de fer: jeu opposant deux adversaires se tenant la main, bras replié et coude sur une table, dans le but de faire fléchir le bras de l'autre par la force du poignet. Syn. (Québec) tir au poignet.
— Fig. épreuve de force.
d2./d Par méton. Homme qui agit, qui travaille. Manquer de bras, de travailleurs. être le bras droit de qqn, son principal collaborateur.
d3./d Pouvoir, autorité. Le bras séculier.
— Fam. Avoir le bras long: avoir du crédit, du pouvoir.
— (Djibouti) Bras cassé: fonctionnaire relégué à un poste non opérationnel.
d4./d Par anal. Ce qui présente une certaine ressemblance avec les bras humains. Les bras d'un fauteuil: les accoudoirs. Les bras d'une croix, d'un sémaphore.
|| ASTRO Développement extérieur d'une galaxie spirale, prenant naissance dans son noyau.
|| MAR Manoeuvre courante fixée à l'extrémité d'une vergue ou d'un tangon et servant à l'orienter.
|| MECA Bras de levier: distance du support d'une force à l'axe de rotation.
|| TECH Tige ou poutre articulée.
d5./d GEOGR Affluent ou subdivision du cours d'une rivière.
— Bras de mer: étendue de mer entre deux terres rapprochées.
d6./d Loc. à bras: en utilisant la force des muscles de l'homme. Pompe à bras, qui se manie avec le bras.
— à tour de bras, à bras raccourcis: de toute sa force. Tomber sur qqn à bras raccourcis.
— Bras dessus, bras dessous: en se donnant le bras.
⇒BRAS, subst. masc.
I.— [Le bras, membre du corps humain]
A.— En gén., au sing. ou au plur.
1. Chacun des deux membres supérieurs de l'homme, allant de l'épaule, sur laquelle ils s'articulent, à la main. Bras droit, gauche :
• 1. De son bras droit, long étendu, on ne voyait que l'extrémité des doigts hors du bâti grossier de la manche; et le bras gauche dans le rang, les talons sur la même ligne, ...
COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., 3, p. 186.
• 2. En manche de chemise, ses forts bras nus dorés d'un rude duvet jaune, il avait par instant, un tressaillement de muscles sous la peau, la crispation nerveuse de ses lourdes mains poilues et charnues sur la barre.
VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 119.
♦ P. métaph. :
• 3. ... mollement couchée sous la caresse des flots et des brises, la ville étend ses bras sur l'océan et semble appeler l'univers entier dans sa couche parfumée et fiévreuse, ...
BARRÈS, Sous l'œil des Barbares, 1888, p. 128.
SYNT. 1. Subst. + adj. a) Subst. + adj. épithète. Des bras fermes, durs, mous; des bras pleins, ronds, grêles, maigres, décharnés; des bras minces, larges; des bras frais; des bras vigoureux, puissants, faibles; des bras souples, agiles, raides; de longs, de grands, de petits bras; de beaux, de jolis bras; d'un bras nerveux. b) Subst. + adj. attribut de l'objet. Avoir des bras forts, robustes; avoir les bras engourdis; avoir les bras croisés (sur la poitrine), en l'air, en arrière; avoir les bras collés au corps, écartés; avoir le bras étendu, levé; avoir le bras blessé, cassé, fracturé. 2. Subst. + subst. L'os, les muscles, le pli du bras; la force des bras; un geste des bras; l'amputation des bras. 3. Verbe + subst. Élever, abaisser, soulever, ouvrir, (re)fermer, balancer, agiter, secouer les bras; tendre, étendre le bras (en avant). Allonger, remuer le bras. Écarter les bras (du corps); rejeter les bras en arrière (à toute volée); replier son bras; avancer son bras libre; déployer ses bras; laisser aller, pendre ses bras; laisser (re)tomber ses bras (en arrière); se croiser les bras (sur la poitrine); s'aider des bras; s'accouder du bras droit; poser la tête dans son bras replié. — Subst. + verbe. Bras qui s'abaissent, (re)tombent, pendent le long du corps.
— Loc.
♦ Avoir le bras en écharpe.
— P. méton., fam. (Être) en bras de chemise. (Être) en manches de chemise, sans veste. Se mettre en bras de chemise : (avoir) les bras retroussés (jusqu'aux coudes). (Avoir) les manches retroussées (jusqu'aux coudes) :
• 4. ... je continue mon œuvre lente comme le bon ouvrier qui, les bras retroussés et les cheveux en sueur, tape sur son enclume sans s'inquiéter s'il pleut ou s'il vente, ...
FLAUBERT, Correspondance, t. 1, 1845, p. 191.
• 5. ... il faisait exprès de s'amener en bras de chemise et en chaussons parce qu'il savait que Trarieux détestait le laisser-aller.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 458.
♦ Fig. [P. réf. à la décontraction, au laisser-aller que peut révéler cette tenue] :
• 6. Aussi longtemps qu'on vit la tour de Saint-Martin, chacun des beaux messieurs garda l'air compassé. Mais sitôt qu'on fut hors des yeux de la cité, tous les fronts s'éclaircirent, et les esprits se mirent comme moi, en bras de chemise.
R. ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, p. 143.
Rem. Ces 2 loc. sont admises par l'Ac.
— ANAT. [P. oppos. à avant-bras] Partie du membre supérieur de l'homme qui s'étend de l'épaule au coude.
♦ Au fig. Gros comme le bras.
a) Donner à qqn du (titre) gros comme le bras. Donner à quelqu'un, avec l'exagération et l'emphase de la flatterie, un titre qu'il a réellement ou qu'il n'a pas. Traiter qqn de (titre) gros comme le bras, appeler qqn (titre) gros comme le bras :
• 7. Elle [mademoiselle Laguerre] n'avait alors [en 1790] que cinquante-trois ans; et, selon sa femme de chambre, devenue la femme d'un gendarme, une madame Soudry à qui l'on dit madame la mairesse gros comme le bras, « Madame était plus belle que jamais ».
BALZAC, Les Paysans, 1844, p. 14.
b) Mensonge gros comme le bras. Mensonge que le manque de subtilité, que la grossièreté devrait rendre évident :
• 8. J'avais une clef de l'appartement ... et j'en profitais pour rentrer à telle heure que je voulais de la nuit, moyennant des mensonges gros comme le bras, ...
VERLAINE, Confessions, 1895, p. 108.
2. Au plur. [Loc. exprimant un mouvement des bras en tant qu'il est expressif d'une émotion, d'un sentiment, d'un état physique ou moral] Lever les bras au ciel; les bras m'en tombent; les bras ballants.
— (Faire de) grands bras. (Faire de) grands gestes :
• 9. Et je le [un gérant] voyais faire des grands bras d'assentiment. Alors on est venu enlever l'addition.
TOULET, Mon amie Nane, 1905, p. 177.
— Faire les beaux bras, les grands bras. Prendre de grands airs, des airs importants :
• 10. Ton arrivée pouvait tout conclure si tu avais voulu me comprendre... Mais non, mademoiselle se pique et fait les beaux bras!
E. AUGIER, La Contagion, 1866, V, p. 437.
— [Dans un cont. relig.] Lever les bras au ciel. Invoquer le ciel ou lui rendre des actions de grâce en levant rituellement les bras.
♦ P. ext. Lever les bras (au ciel).
a) [Pour signifier un appel à l'aide]. P. métaph. :
• 11. Tout ce que l'homme croit, dans l'abîme, est épars.
...
On voit les bras levés de l'espoir qui se noie.
HUGO, Religions et religion, 1880, p. 187.
b) [Dans un cont. de conflit armé] Lever les bras. Faire acte de soumission à un adversaire victorieux, se rendre :
• 12. Je levai les bras, et, comme si ce geste de reddition déclarait ici la guerre, je fus bombardée aussitôt de noix de coco, de bananes, de noisettes...
GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 102.
Rem. ,,Les bras levés des personnes qui se rendent, prisonniers de guerre ou criminels arrêtés, sont évidemment une mesure de précaution imposée par le vainqueur, pour que l'adversaire ne se serve pas d'armes cachées sur lui. Mais ils signifient en profondeur un acte de soumission, un appel à la justice ou à la clémence : le vaincu s'en remet à la volonté du vainqueur. Il renonce à se défendre lui-même. C'est le geste même de la reddition, de l'abandon. Celui qui le fait devient passif, livré au gré de son maître`` (Symboles 1969).
c) [Pour exprimer une réaction d'étonnement, de protestation, un sentiment d'impuissance, de douleur, etc., le ciel étant comme pris à témoin] Les professeurs lèvent les bras au ciel et disent :« Qu'est-ce qu'on nous demande! Nous sommes de trop petites choses! » (BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1911, p. 42) :
• 13. — Voici mes comptes. Il en résulte que je suis aux trois quarts ruiné... Ne t'écrie pas! Ne lève pas les bras!... C'est un fait...
R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 149.
— [Marquant la stupéfaction, la lassitude, la fatigue, le désespoir, etc.] Laisser tomber, pendre ses bras; les bras m'en tombent; (rester) (les) bras ballants, tombants, pendants :
• 14. Il resta saisi, les bras ballants, les yeux ronds, la bouche ouverte.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Martine, 1883, p. 113.
• 15. Le gros homme ne se retourna même pas. Épaules basses, nuque ployée, bras tombants, il offrait au jour blême rayé de pluie son visage triste dans une espèce d'abandon total.
BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1401.
— [Marquant la détente, le repos] Les bras ballants :
• 16. Rien à faire! J'allumai une cigarette et je m'allongeai tout à fait, les bras ballants, les jambes abandonnées, ...
G. DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, p. 119.
— [Marquant l'attente, la satisfaction de soi, etc.] Se croiser les bras; les bras croisés :
• 17. ... le charrieur de pierres du roi cruel reçoit à son tour le droit à l'orgueil. On le voit se croiser les bras devant l'étrave dont le navire de granit commence de menacer les sables (...). Sa majesté est pour lui, comme pour les autres, ...
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 928.
Rem. V., par ailleurs, infra I B 1 b en particulier.
— [Loc. sous forme négative] Ne savoir que faire de ses bras. Avoir des gestes gauches, une attitude empruntée :
• 18. ... l'air plus que commun, l'air valet de chambre. Il avait de grands bras dont il ne savait que faire; ...
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 292.
— CHORÉGR. [Ici s'ajoutent des considérations esthétiques] Position de bras, port de bras. ,,Passage des bras d'une position à une autre`` (A. MEUNIER, La Danse class., 1931, p. 219) :
• 19. La technique des ports de bras est restée à peu près ignorée en France et l'enseignement officiel ne nous offre encore que cinq positions de bras pour accompagner et agrémenter les multiples jeux de jambes.
M. BOURGAT, Techn. de la danse, 1959, p. 70.
— Loc. fig.
♦ Baisser les bras. Renoncer à poursuivre une action qui se révèle trop difficile, cesser d'agir. Cf. laisser tomber qqc. (fig., fam.).
Rem. Attesté dans DUB.
♦ [Manifestant l'inquiétude, le désespoir] Se tordre les bras (cf. se tordre les mains [de désespoir]) :
• 20. Elle se tordait les bras.
— « Mon Dieu, qu'est-ce donc qui l'a changé? »
— « Pas d'autres que toi-même! »
— « Et tout cela pour Mme Arnoux!... » s'écria Rosanette en pleurant.
FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 267.
B.— [Le(s) bras en tant qu'instrument(s) indispensable(s), ou symbole, de l'action gén. énergique] :
• 21. ... le problème
De sa vie, il ne l'a résolu que si peu
Qu'il n'est pas sûr de quoi que ce soit devant Dieu.
...
... Sa parole
Hésite, et l'action semble ôtée à son bras.
VERLAINE, Œuvres posthumes, t. 1, Le Livre posthume, 1896, p. 146.
1. [Le(s) bras en tant qu'il(s) exécute(nt) une tâche, en tant qu'instrument(s) de l'action, souvent en oppos. anton. — explicite ou implicite — avec la tête en tant que siège de la pensée] :
• 22. Elle reprit ses sens dans la soirée; mais, du côté droit, le bras et la jambe n'obéissaient plus.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, p. 767.
a) Au sing. :
• 23. ... le contrat garantit le traité entre le domestique et le maître, entre le chef et l'ouvrier, (...) entre la tête et le bras, entre la pensée et l'exécution.
GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 34.
— Se servir du bras de qqn. Lui faire exécuter un acte dont on a conçu le projet. Avoir besoin du bras de qqn; prêter son bras à qqn :
• 24. Pour mettre à exécution le moyen donné par ce brave jeune homme, Théodore, j'ai besoin de ton bras, tiens-toi prêt, mon fils.
BALZAC, Les Petits bourgeois, 1850, p. 98.
• 25. Roubaud était un lâche, qui, à deux reprises, n'osant tuer lui-même, s'était servi du bras de Cabuche, cette bête violente.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 268.
— P. méton., p. métaph. Être la tête/être le bras. N'être que le bras; servir de bras à une tête :
• 26. Vinet rédigeait le Courrier à lui seul, il était la tête du parti; le colonel, gérant responsable du journal était le bras; Rogron était le nerf avec son argent...
BALZAC, Pierrette, 1840, p. 94.
— [Les loc. ou expr. suiv. privilégient le bras droit et jouent sur son caractère indispensable pour signifier l'importance que l'on attache à qqn ou à qqc.]
♦ P. méton., au fig. Être le bras droit de qqn. Être le principal et indispensable adjoint de qqn, en particulier au niveau de l'exécution.
♦ [Expr. à valeur négative]. P. hyperb. Se couper volontiers un bras, le bras droit pour ...; qu'on me coupe le bras si ... :
• 27. Les Bijoux indiscrets, un mauvais roman fort grossier, dont il dira plus tard « qu'il [Diderot] se couperait volontiers un bras pour ne pas l'avoir écrit ».
BARRÈS, Mes cahiers, t. 10, 1913, p. 220.
Se couper un bras. Sacrifier quelque chose d'important :
• 28. ... il aperçoit de loin le mauvais procès, qui n'est que l'admirable administration; il se méfie de cette raison lente; il transige; il sacrifie quelque chose, il se coupe un bras, comme on dit.
ALAIN, Propos, 1928, p. 801.
b) Au plur.
— Fam. Avoir cent bras. Déployer une grande activité (attesté dans ROB.). Ne pas avoir quatre (ou cent) bras. Ne pas pouvoir, à soi seul, accomplir ce qu'accompliraient deux (ou cinquante) hommes (attesté dans Lar. Lang. fr.).
— [Dans certaines loc. hyperboliques]
♦ Lier les bras à qqn. Lui ôter absolument toute possibilité, tout moyen d'action (cf. lier les mains à qqn). Arrêter, retenir le bras de qqn. Le convaincre de ne pas aller jusqu'au bout d'une action ou l'empêcher d'y parvenir. P. métaph. :
• 29. On dirait que la nature ne sait pas ce qu'elle veut, ou plutôt ne fait pas ce qu'elle veut, que quelqu'un lui retient le bras pour l'empêcher de trop bien faire.
MAETERLINCK, La Vie des fourmis, 1930, p. 240.
♦ Couper, casser bras et jambes à qqn. Priver quelqu'un, au physique ou au moral, de la capacité, du moyen d'agir; lui ôter toute son énergie. (En) avoir les bras coupés; casser les bras à qqn; (les) bras et (les) jambes cassés; ne plus avoir ni jambes ni bras. Ne plus avoir la force de faire un mouvement. Un accablement tombait sur lui. Ce retour au pays lui coupait bras et jambes (DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 248) :
• 30. L'ennemi avec lequel j'ai à lutter en ce moment (...) est une fatigue que je comparerais à une eau tiède, (...) pourvue (...) de tous les attributs du plus infaillible narcotique, qui me coulerait tout le long du corps. Je n'ai ni jambes, ni tête, ni bras, ...
DU BOS, Journal, 1928, p. 140.
• 31. Le soleil. La course. La soif. Une soif jamais connue, une soif de désert, une soif dont on meurt, la première soif de toute une vie, qui coupe bras et jambes, paralyse la langue...
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 407.
Rem. La loc. couper bras et jambes à qqn et ses var., qui mettent simultanément en jeu, dans des proportions différentes, la notion générale d'action et les notions plus partic. d'exécution d'une tâche et d'énergie, pourraient également être présentées infra sous 2.
♦ Rester les bras ballants. Rester impuissant, sans moyen d'action (supra ex. 14 et 16). P. métaph. :
• 32. ... l'honneur n'existe plus ... Vous l'avez avantageusement remplacé par la légalité. Il y a bien encore ... la dette de jeu; mais que la loi la reconnaisse, et l'honneur restera les bras ballants devant le Code...
E. AUGIER, Les Effrontés, 1861, p. 286.
— En partic. [Les bras en tant qu'instruments du travail physique] Le travail de nos bras prend toutes nos heures, monsieur; la tête reste en arrière (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 55) :
• 33. La force, et le droit avec elle, sont aux bras, au travail, aux masses : or, ni les bras, ni le travail, ni les masses n'ont leur compte.
PROUDHON, La Guerre et la Paix, 1861, p. 192.
• 34. ... à 8 heures, à midi, à 4 heures, quand ses bras arrêtés laissent son esprit songer, il fait le tour de ces lieux avec son âme.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 151.
♦ Vivre de ses bras. Vivre du travail de ses bras, subsister par son propre travail (cf. travailler de ses mains). Ne vivre que de ses bras; n'avoir que ses bras. Avoir pour seule ressource le travail. On n'avait plus de parents, on n'avait que ses bras. J'ai travaillé (HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 101). Ne posséder que ses deux bras.
♦ Fam. Se servir de ses bras comme un cochon de sa queue. Ne pas savoir travailler correctement :
• 35. ... on leur refusait deux berlines, l'une parce qu'elle ne contenait pas la quantité réglementaire, l'autre parce que la houille en était malpropre (...) aussi est-ce qu'on devrait prendre des fainéants, qui se servent de leurs bras comme un cochon de sa queue!
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1186.
♦ Travailler à pleins bras. Travailler beaucoup.
♦ Fam. En avoir plein les bras. Avoir les bras rompus de fatigue, être rompu de fatigue par excès de travail :
• 36. C'est ma première journée. J'en ai plein les bras avec leur volant au bout de seize heures.
A. SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 15.
♦ Se croiser les bras. Rester sans rien faire, sans travailler. Ne pas payer qqn pour se croiser les bras; (rester) les bras croisés. Grève des bras croisés; (avoir) les bras ballants. (Être) inoccupé, oisif :
• 37. ... quand bien même je voudrais l'occuper, votre amie, je ne trouverais rien à lui donner à faire. (...) et je ne puis supporter auprès de moi les gens qui restent à me regarder, les bras croisés.
GIDE, L'École des femmes, 1929, p. 1275.
• 38. — Que font-ils dans la journée? (...)
— Rien.
Presque tous en effet, avaient les bras ballants et les mains vides.
CAMUS, La Peste, 1947, p. 1413.
Rem. V. supra ex. 14, 16 et 32.
♦ P. méton. Personne(s) qui travaille(nt); personne(s) en âge de travailler, apte(s) au travail. Travail gigantesque (...) demandant (...) des milliers de bras (A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 167). Les bras manquent :
• 39. Sa famille [de l'ouvrier] s'augmente, mais les bras ne se multiplient pas.
D. POULOT, Le Sublime, 1872, p. 216.
Rem. La valeur symbolique du bras, ainsi que l'oppos. tête/ bras, sont plus sensibles au sing. (supra a) qu'au plur. (supra b), ce dernier servant à mettre davantage en relief le caractère plus « physique », plus « concret » de l'exécution d'une action, d'une tâche.
2. [Le(s) bras en tant qu'instrument(s) privilégié(s) pour exercer et déployer la force, partic. pour porter une charge, ou en tant que symbole de la vigueur physique; souvent par oppos. — implicite ou explicite — à la main en tant qu'organe du toucher, de la préhension, ou symbole de l'adresse] Ô vagues de la mer, berceau des Néréides, / Que je fendais d'un jeune bras (MORÉAS, Les Stances, 1901, p. 135). Il fait également des haltères (...) qu'il lève à la force des bras (COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 3e tabl., 1, p. 93) :
• 40. Vous voulez de Cromwell simplement hériter.
Et son fardeau n'a rien qui vous fasse hésiter,
Pourtant, milord, la charge est pour vous un peu forte;
Je vois la main qui prend et non le bras qui porte.
HUGO, Cromwell, 1827, p. 333.
• 41. ... je vais le charger sur mes épaules, ce ballot, et le porter aussi longtemps qu'il faudra. Si jamais ma vieille maman se trouve dans la rue, avec pareille charge sur les bras, puisse-t-elle rencontrer un passant comme moi, ...
G. DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 54.
SYNT. Avoir les bras chargés; avoir un enfant dans les bras; avoir qqc. sur, sous le bras; avoir les bras alourdis par qqc.; revenir les bras chargés de présents; porter qqc. dans ses bras, sous le bras; serrer qqc. sous son bras.
a) [Avec l'idée de force]
— Loc. métaph.
♦ Avoir un bras de fer, d'acier, d'airain [Au plan physique] Être doué d'une grande force musculaire, avoir un bras qu'aucune charge ne peut faire plier. [Au plan moral, surtout en parlant de personnes détenant un pouvoir qu'elles exercent avec vigueur] Faire sentir son bras de fer (cf. une main de fer dans un gant de velours) :
• 42. L'opinion, que l'on auroit comprimée d'abord, s'échapperoit enfin : lorsque le bras de fer du dernier tyran n'a pu la [l'opinion] tenir terrassée, lorsqu'il n'a pu l'enchaîner dans sa gloire, seroient-ce les foibles mains de quelques agents obscurs qui pourroient la retenir?
CHATEAUBRIAND, Discours et opinions, 1826, p. 193.
• 43. Paccard, qualifié de vieille-garde, de fameux-lapin, de bon-là, homme à jarret de fer, à bras d'acier, (...) gardait sa fougue en dedans, ...
BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 160.
Rem. 1. Se rencontre également, mais plus rarement, à propos d'abstractions, dans le cadre d'allégories : Le malheur m'a reçue à ma naissance dans ses bras de fer (HUGO, Han d'Islande, 1823, p. 394). ,,Cette (...) nécessité aux bras de fer`` (A. DUMAS Père, Intrigue et amour, trad. de Schiller, 1847, II, p. 228). 2. La notion de puissance, de pouvoir s'ajoutant à celle de vigueur, la loc. avoir un bras de fer et ses var. trouveraient également leur place infra sous I B 3.
♦ Avoir un, des bras de coton. Être sans énergie, sans volonté, sans courage.
Rem. 1. Attesté dans Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et ROB. 2. La notion de courage pouvant intervenir, cette loc. est à mettre en rapport également avec la subdivision I B b en partic. infra.
♦ Huile de bras. Énergie. Synon. huile de coude, de poignet. Mettre de l'huile de bras dans (une activité physique). Y mettre de l'énergie. De l'huile de bras! Un peu d'huile de bras :
• 44. Oh hisse! les déménageurs! Enlevez-le avec précaution! Un peu d'huile de bras, s'il vous plaît!
COURTELINE, Un Client sérieux, Le Piano, 1893, p. 221.
— P. méton., pop. Gros bras. Dur, casseur. Faire le gros bras. Jouer à l'homme fort, jouer les durs :
• 45. Sous une musique, prétexte futil[e], quelques gros bras vaguèrent... deux ou trois tronches ... « La raison du plus fort ... etc. [»].
A.-L. DUSSORT, Journal, 1930, p. 14.
♦ SP., fam. ,,Sportif puissant, qui constitue un concurrent sérieux`` (ESN. 1965).
Rem. Également dans Lar. Lang. fr. : ,,Les gros bras.`` Les champions, ceux qui dominent dans une épreuve``.
— Loc. adv. ou adj.
♦ À bras (d'homme), à force de bras. (Mû) avec la seule force de l'homme, en particulier celle de ses bras, sans aucune aide extérieure animale ou mécanique (cf. à main). Des charrettes de boulanger tirées à bras d'homme (FLAUBERT, La 1re Éducation sentimentale, 1845, p. 15). Il se souleva péniblement à force de bras (BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 214) :
• 46. Ce moteur, fonctionnant jadis à bras d'homme, ensuite à manège, puis à vapeur, aujourd'hui enfin, le plus souvent, à l'électricité, est attelé à un tambour...
E. SCHNEIDER, Le Charbon, 1945, p. 247.
SYNT. Porter, mouvoir, actionner qqc. à bras; pompe mue à bras d'homme; transports qui se font à bras; se hisser à force de bras.
♦ À bras tendu. Avec la main, le bras étant étendu de toute sa longueur et tenu écarté du corps (ce qui exige un plus grand effort musculaire). Les serments à bras tendu prêtés (HUGO, L'Âne, 1880, p. 358) :
• 47. ... les Allemands sont plus forts que vous, aux poids? Je le détrompai. J'expliquai que le record à bras tendu était détenu par un Français, celui des deux bras par un Suisse, ...
GIRAUDOUX, Simon le Pathétique, 1926, p. 48.
P. métaph. [P. réf. à l'effort, à la volonté que suppose une action faite à bras tendu] :
• 48. Penser debout au contraire, vouloir la paix, tenir à bras tendu cette espérance, c'est refus de croire et c'est foi.
ALAIN, Propos, 1927, p. 738.
♦ À bout de bras. Balancer (un panier) à bout de bras.
— [Avec une idée d'effort] synon. de à bras tendu. Tenir, brandir qqc. à bout de bras. Le berger hausse l'enfant à bout de bras au-dessus de sa tête (GIONO, Le Grand troupeau, 1931, p. 267). P. métaph. Tenir une affaire à bout de bras. La tenir difficilement, par un effort particulièrement soutenu.
♦ À tour de bras. Avec vigueur, en y mettant toute sa force. Ils (...) frottaient à tour de bras le cuir de leurs basanes (COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re part., 7, p. 83). Fig. À profusion, avec prodigalité. Embrasser qqn à tour de bras; mentir à tour de bras. Il va falloir verbaliser et verbaliser encore, et verbaliser à tour de bras (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 129).
♦ À pleins bras. Entre ses bras ouverts (cf. à la brassée). Saisir, prendre qqn, qqc. à pleins bras; remuer, ramasser qqc. à pleins bras; tenir qqn à pleins bras. Fier, mon ami me ramasse à pleins bras comme une gerbe (COLETTE, La Vagabonde, 1910, p. 169).
— En partic. [Avec l'idée supplémentaire de charge, de responsabilité] Loc. fig.
♦ Avoir qqc. sur les bras. Se trouver dans l'obligation d'en supporter la charge morale ou matérielle, d'en assumer la responsabilité, d'y faire face. Avec son budget sur les bras, il n'a guère le temps d'écrire (MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, 1870, p. 263) :
• 49. ... je me suis continuellement cassé le nez sur des vérités, dont quelques-unes désagréables; sans compter qu'elles sont importunes par leur masse, et par la difficulté de les faire tenir ensemble. On les a sur les bras; ...
ALAIN, Propos, 1930, p. 967.
• 50. « Mais le militant ouvrier qui se trouve un beau matin avec la responsabilité d'une grève sur les bras n'a pas la tentation de chercher dans le communisme un paradis artificiel; il maintient la ligne; ... »
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 164.
SYNT. Avoir sur les bras une bien mauvaise affaire, avoir un état de siège sur les bras; mettre qqc. sur les bras de qqn. Se mettre une (belle, mauvaise) affaire sur les bras (A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 282). Laisser qqc. sur les bras de qqn; qqc. qui tombe, reste sur les bras de qqn.
♦ Avoir qqn sur les bras. Être importuné par sa présence. Impossible de respirer avec de pareilles commères sur les bras! (ZOLA, Les Héritiers Rabourdin, 1874, II, p. 14). Avoir à faire face à son hostilité. Foudre, anathème; on a le pape sur les bras (HUGO, La Légende des siècles, 1883, t. 6, p. 105). En avoir totalement la charge — en particulier la charge financière —, devoir en assumer la responsabilité :
• 51. ... quand je vous prête l'âme du Vinci, de nos grands analystes modernes (...), n'est-ce pas un dieu que je vous mets sur les bras, « pour que du moins le prétexte de votre lassitude soit noble »?
BARRÈS, Huit jours chez Monsieur Renan, 1888, p. 94.
• 52. ... j'ai trop de soucis, en ce moment : Jimmy qui ne se marie pas; Philippe, qui peut me retomber sur les bras d'un jour à l'autre; et pas un sou à la banque...
BOURDET, Le Sexe faible, 1931, p. 297.
SYNT. Être sur les bras de qqn; se mettre qqn sur les bras. « Bon! voilà mon imbécile qui s'est mis une femme sur les bras! » (COURTELINE, Femmes d'amis, 1885, p. 15). Mettre, laisser qqn sur les bras de qqn; qqn qui reste, (re)tombe sur les bras de qqn.
Rem. La docum. ne fournit pas d'attest. de la loc. fig. tenir qqn (ou qqc.) à bout de bras, pour signifier « soutenir avec difficulté une personne (ou une chose) qui fléchirait si cet appui venait à lui manquer » (emploi seulement enregistré par Lar. Lang. fr.).
b) [Avec l'idée de violence]
— Fig. À bras raccourci(s). Avec une grande violence. Tomber à bras raccourci sur qqn (cf. ne pas y aller de main morte). P. métaph. :
• 53. Parfois, quand tous ces grotesques tapaient à bras raccourcis sur la république, on voyait ses yeux rire sans que ses lèvres perdissent leur moue d'homme grave.
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 81.
— En partic. [Avec l'idée de violence guerrière, le(s) bras en tant qu'il(s) sert (servent) à se battre, en tant que symbole de la lutte, de la valeur guerrière] Le fils de Thétis par son bras valeureux / (...) se rend égal aux dieux (MORÉAS, Iphigénie, 1900, p. 59). Armer son bras; un bras armé :
• 54. Va, va! Je ne veux pas qu'un bras obscur te frappe.
Il ne sied pas qu'ainsi ma vengeance m'échappe.
Tu ne seras touché par un autre que moi.
Défends-toi donc. Il tire son épée.
HUGO, Hernani, 1830, II, 3, p. 44.
• 55. Et tous les cœurs étaient de flamme;
Et tous les bras étaient d'airain;
(...)
Et dans la ferme crénelée,
(...)
Le glaive abritait la mêlée; ...
QUINET, Napoléon, 1836, p. 303.
♦ Lever le bras (contre qqn). Le menacer. Avoir le bras levé. Être dans des dispositions agressives (envers quelqu'un) :
• 56. ... il dit ... qu'ils avaient le bras levé; qu'ils se porteraient à des excès, et que c'était à l'Assemblée à épargner l'effusion du sang.
Le Moniteur, 1789, t. 2, p. 561.
[Dans le cadre de l'allégorie de la mort] La mort lève son bras maudit (HUGO, Les Burgraves, 1843, p. 111) :
• 57. Ô mort, je t'ai toujours aimée! Ils ont fait de toi un fantôme hideux, squelette repoussant armé d'une faux et portant superbement ton linceul sur l'épaule. Dans l'orbite de tes yeux ils n'ont point mis de regards; sur ta bouche grimaçante ils ont fait un signe de menace; ton bras est toujours levé, ...
DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 262.
♦ Arrêter, retenir le bras de qqn. Convaincre quelqu'un de ne pas frapper, de ne pas mener une vengeance à son terme... ou l'empêcher d'y parvenir :
• 58. Si vous êtes venu, (...) dans le dessein de me tuer, ce ne sont pas mes supplications les plus éloquentes qui pourront arrêter votre bras.
MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, p. 176.
P. métaph. Arrêter le bras de la vengeance, du Destin.
— P. méton. Personne qui frappe, qui exécute un meurtre pour le compte de quelqu'un d'autre :
• 59. ... je n'ai jamais pu la tuer [une femme], je n'y voyais point, et j'étais trop pauvre pour acheter un bras.
BALZAC, Facino Cane, 1836, p. 385.
— Proverbe. Les bons bras font les bonnes lames. ,,Toute arme est bonne entre les mains d'un homme courageux et adroit`` (Lar. 19e).
Rem. Également attesté dans BESCH. 1845, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e.
3. [Le bras en tant que symbole de la puissance, du pouvoir, notamment juridique]
a) [Par anthropomorphisme]. Le bras de Dieu (cf. la main de Dieu) :
• 60. ... celui qui est le Puissant, (...). Il a témoigné de la puissance de Son bras, Il a dispersé ces superbes dont le cœur trouble l'esprit. Il a déposé les puissants de leurs sièges et Il a relevé les humbles.
CLAUDEL, Poésies diverses, Magnificat, 1952, p. 861.
— [Le bras de l'homme p. oppos. au bras, à la parole ... de Dieu] Combien le bras de l'homme est moins puissant que la parole de Dieu! (HUGO, Han d'Islande, 1823, p. 152). S'appuyer sur un bras de chair. ,,Mettre sa confiance dans les hommes, au lieu de la mettre en Dieu`` (Ac. 1932); (attesté dans la plupart des dict.) :
• 61. ... je sais comment se précipitent rois et nations à force d'offenser Dieu. Quiconque espère en la puissance de son propre bras, sera confondu et n'obtiendra point la victoire; ...
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, 1840, t. 2, p. 49.
b) [En parlant d'institutions dépositaires d'une puissance, d'une autorité de fait] Le bras de l'État; le bras de la justice; le bras de l'Église :
• 62. ... ils [les jésuites] appelèrent à leur aide contre [la théorie de Descartes] le bras de l'Église et celui de l'État.
COUSIN, Cours d'hist. de la philos. mod., 1847, t. 1, p. 478.
• 63. ... on trouve la chose impossible [que les Bourbons adoptent le gouvernement établi] : les libertés naturelles, se redressant dans l'absence du bras qui les courbait, auraient repris leur ligne verticale sous la faiblesse de la compression.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, 1848, t. 2, p. 518.
♦ HIST. [Sous l'Ancien Régime] Le bras séculier. La puissance, l'autorité de la justice laïque par rapport à la justice ecclésiastique, les juges d'Église ne pouvant exécuter eux-mêmes leurs propres ordonnances relatives à des biens temporels ou à des châtiments avec effusion de sang et étant obligés de faire appel aux juges laïques et de leur livrer les condamnés (d'apr. Lar. 19e). ,,Livrer un ecclésiastique au bras séculier`` (Ac. 1835-1932). Être à l'abri du bras séculier :
• 64. ... si elle [Jeanne] ne veut pas donner de réponse du tout, je requiers expressément que le juge la déclare hérétique sans débat, par défaut, et l'abandonne au bras séculier!
PÉGUY, La Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc, 1913, p. 570.
P. méton. La justice laïque :
• 65. ... la paix de demain ne peut avoir comme base simplement une ou plusieurs déclarations, mais qu'il lui faut une organisation concrète avec le tribunal, la procédure et le bras séculier.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 629.
c) P. ext. [Le bras en tant que symbole de l'influence]
— Avoir le bras long. Jouir, socialement, d'une grande influence; avoir beaucoup de crédit, de pouvoir; avoir des possibilités d'action importantes :
• 66. Il y a des écrivains français hors de France... S'ils allaient parler ... il faut les en empêcher. Comment faire? bâillonner les gens à distance, ce n'est pas aisé. M. Bonaparte n'a pas le bras si long que ça.
HUGO, Napoléon le petit, 1852, p. 45.
• 67. Le bonheur n'aurait-il pas le bras plus long que le malheur et certaines de ses forces ne s'approcheraient-elles pas davantage de l'âme humaine?
MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, p. 163.
— Conserver un bras (dans un lieu, un milieu, etc...). Conserver, dans la place, un allié par l'intermédiaire duquel il est possible d'intervenir, d'influer sur le cours des événements :
• 68. Corentin fut, non pas le conseil de ce ministre [Fouché], mais son âme damnée ... aussi Fouché l'avait-il laissé naturellement au ministère de la Police, afin d'y conserver un œil et un bras...
BALZAC, Une Ténébreuse affaire, 1841, p. 97.
• 69. ... vous êtes trop aimable en cette occasion pour votre pauvre amie. Vous me dites des choses à faire prendre le vol pour tomber vite dans ces bras qui embrassent si tendrement; ...
E. DE GUÉRIN, Lettres, 1840, p. 384.
1. Au sing. [Prép. à, de, par; le bras, donné ou pris, en tant qu'appui] À l'oreille, il nous dit à quelle dame chacun de nous doit offrir le bras (RENARD, Journal, 1897, p. 390); elle prit son bras (geste horrible :« je te tiens bien! ») (MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1401).
SYNT. (Femme) accepter le bras (d'un homme); (homme) avoir une femme à son bras; prendre le bras de qqn, prendre qqn par le bras; quitter le bras de qqn; sortir, marcher au bras de qqn; donner le bras à son mari; être au bras de son mari; s'appuyer au bras de son mari; passer le bras de sa femme sous le sien.
— P. métaph. :
• 70. ... dans ces espaces déserts, la grande et légère duchesse de Châtillon s'est jadis appuyée sur mon bras. Je ne donne plus le bras qu'au temps : il est bien lourd!
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 249.
— [Avec l'idée d'appui réciproque] Se donner le bras.
♦ Loc. adv. Bras dessus bras dessous. [Le plus souvent, signe d'amitié, notamment entre pers. du même sexe] En se donnant le bras. (S'en) aller bras dessus bras dessous (avec qqn).
2. Au plur. [Prép. dans, entre; d'entre; à, vers, de; les bras en tant qu'instruments ou symbole d'union très étroite (plus étroite que l'union symbolisée par les mains jointes)] :
• 71. Comme elle pleurait, Gasparine la prit à son tour dans ses bras, la garda contre sa poitrine plate et ardente, pendant que Campardon accourait les consoler. — Pourquoi pleures-tu? disait-elle avec maternité.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 164.
• 72. Je la prends dans mes bras. Et elle frémit. Toute sa bonne chair jeune et forte s'émeut. Je la serre dans mes bras, je l'embrasse. (...) elle se trouble tout de suite profondément.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 253.
SYNT. Tenir, presser qqn dans, entre ses bras; saisir, écraser qqn dans ses bras; viens dans mes bras; refermer ses bras sur qqn; être dans les bras de qqn; se jeter, se précipiter, se blottir dans les bras de qqn; se retirer des bras de qqn; l'étreinte des bras de qqn; au sortir des bras de qqn.
a) Locutions
— Tendre les bras à / vers qqn.
♦ Tendre les bras à qqn. Solliciter qqn., réclamer sa présence, son amour... Reviens auprès de ta vieille mère qui te tend des bras désespérés (MAUPASSANT, Une Vie, 1883, p. 242). Venir en aide à qqn. ; lui accorder son pardon. Synon. ouvrir ses bras à qqn (cf. tendre la main à qqn [fig.]) :
• 73. ... pour un homme de votre mérite, l'Italie n'est point une patrie, et la France vous tend les bras; répondez à son appel!
A. DUMAS Père, Le Comte de Morcerf, 1851, I, 1, p. 18.
• 74. Puisse ne point trop tarder la libération de ce peuple qui tend les bras vers ses amis dont il fut hier et sera demain l'avant-garde!
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 514.
♦ Tendre les bras vers qqn. L'appeler à son secours, implorer son aide. Tendre les bras vers qqc. Souhaiter, désirer quelque chose.
— Ouvrir ses/les bras à qqn.
♦ Accueillir qqn. avec joie, avec bonheur. P. métaph. La sympathie aux bras ouverts (T. GAUTIER, Poésies, 1872, p. 328); les bras ouverts de mon Église (VERLAINE, Sagesse, 1881, p. 240); je veux marcher libre entre les bras ouverts du monde (COCTEAU, Le Potomak, 1919. p. 258).
• 75. Nous n'avons rien à lui [la France] demander excepté, peut-être, que le jour de la liberté elle veuille bien nous ouvrir maternellement ses bras pour que nous y pleurions de joie...
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 125.
♦ Lui accorder son pardon. Synon. tendre les bras à qqn :
• 76. Quant à ma bénédiction, je m'en vais vous la donner tout de suite — et le vieux ouvrit ses bras pour l'accueillir.
GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 730.
— Arracher qqn des bras de qqn. L'en séparer, l'en éloigner. S'arracher des bras de qqn.
— Agoniser, s'éteindre, mourir, expirer dans les bras de qqn. Agoniser, s'éteindre... en ayant cette personne auprès de soi :
• 77. La mère de Mme Seguin nous dit :
— Ma fille a été admirable de dévouement. M. Charcot est mort dans ses bras.
— Dans mes bras! Qu'est-ce que tu dis donc, maman? (...). Je n'y ai même pas touché!
RENARD, Journal, 1897, p. 421.
— Loc. adv. À bras ouverts. Avec joie, avec cordialité. Recevoir, accueillir qqn à bras ouverts :
• 78. Aussi, lorsque la réaction cléricale de 1849 se déclara, presque toute la bourgeoisie de Plassans passa-t-elle au parti conservateur. Elle y fut reçue à bras ouverts.
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 74.
b) En partic.
— [Dans le domaine de l'amour, pour signifier des relations sexuelles] P. euphém. Prendre, serrer une femme dans ses bras; être dans les bras d'une femme; tomber dans, entre les bras d'un homme :
• 79. ... un soir, elle se retrouva dans les bras de Saccard, définitivement à lui, laissant s'établir des relations régulières.
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 173.
• 80. ... le jeune chrétien se disait : « L'inconnu qui pleure à la tombée du soir en écoutant le muezzin est plus près de ce haut chanteur inconnu que ce sultan du cœur de cette femme qu'il prendra cette nuit dans ses bras. »
BARRÈS, Mes cahiers, t. 4, 1904-06, p. 236.
♦ P. métaph. :
• 81. ... je suis allé me coucher avec l'espérance; je ne l'avais pas serrée dans mes bras depuis longtemps; mais elle ne vieillit point, et on l'aime toujours malgré ses infidélités.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 206.
— [Avec l'idée de refuge] Se jeter dans, entre les bras de qqn. Chercher un refuge, une protection, une consolation, etc., auprès de lui. Synon. se réfugier dans les bras de qqn :
• 82. ... nous sommes perdus et n'avons d'autres ressources que de nous jeter dans les bras des héros de Juillet.
Mme DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847, p. 184.
• 83. ... des libres penseurs tout de paroles, fort amis de l'autorité, se jetant dans les bras du premier sauveur venu, au moindre grondement du peuple.
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 40.
♦ P. métaph. Se jeter, se réfugier dans les bras de qqc. :
• 84. M. Bonneau, riche rentier de Vonges, et qui ne savait à quoi occuper son temps, se jeta avec fureur dans les bras de l'archéologie.
CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 132.
Rem. V. d'autre part infra 3.
3. Au plur. [Mêmes prép. que supra 2, mais l'idée de domination supplante celle d'amour]
a) Se jeter dans, entre les bras de qqn (qui est hostile). Se (re)mettre à son pouvoir, à sa merci, entre ses mains (cf. tomber aux mains, dans les mains de [ses ennemis]) :
• 85. ... qui ne verrait le doigt de Dieu dans cet aveuglement qui poussa cette famille à se jeter sans cesse dans les bras de ses ennemis...
Mme DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847 p. 176.
b) P. métaph. Être dans les bras de Morphée. Dormir. Dans les bras de la mort ... cher et triste objet d'une passion qui me consume jusque dans les bras de la mort (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 238).
c) P. métaph. Verbe + dans les bras de qqc. Dans le sein, sous l'influence de quelque chose :
• 86. De quelque façon qu'on ait vécu, on veut au moins expirer dans les bras de la Religion, et dans le sein de ses espérances...
LAMENNAIS, Essai sur l'indifférence en matière de relig., t. 2, 1817-23, p. 238.
II.— P. ext. ou anal.
A.— P. ext., ANAT. ANIMALE
1. [Chez les vertébrés] Membre thoracique dans sa totalité ou dans son premier article seulement :
• 87. L'aile d'un Oiseau, homologue du membre antérieur d'un quadrupède, comporte la même division en bras, avant-bras et main...
E. PERRIER, Traité de zool., t. 4, 1928-32, p. 3180.
— [Chez le cheval] Partie de la patte antérieure allant de l'articulation de l'épaule à celle du genou. Un cheval plie bien le bras, plie bien la jambe (BESCH. 1845); il [un beau cheval] a la tête sèche, peu de ganache et les bras gros (A. FRANCE, Thaïs, 1890, p. 166).
2. [Chez certains crustacés] Chacune des pinces [Chez les céphalopodes, certains mollusques, certains polypes] Chaque tentacule. [Chez certains arachnides] Chaque appendice buccal. Le poulpe aux bras touffus (HUGO, La Fin de Satan, Le Glaive, 1885, p. 796); l'araignée fauve, l'affreux gymnaste aux six bras (LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 349); de hideux polypes qui serpentent avec leurs sept bras longs, armés de ventouses (BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 194).
B.— [P. anal. (de forme, de position ou de fonction)]
1. Sc. et techn. de la terre
a) GÉOGRAPHIE
— HYDROGRAPHIE. Bras d'un fleuve, d'une rivière. Subdivision latérale qu'une île sépare du bras principal. Bras fluviaux; les deux bras de la Seine. Sans tenir compte des obstacles, des bras sinueux de la source, qui se croisaient devant elle (G. SAND, Consuelo, t. 2, 1842-43, p. 154) :
• 88. Le fleuve qui, (...)
Traîne ses marnes et ses eaux
Au milieu des pâles roseaux,
Presse en ses bras une longue île, ...
A. FRANCE, Les Poèmes dorés, La Vision des ruines, 1873, p. 38.
♦ P. métaph. :
• 89. Ce dernier et vieux bras du grand fleuve de la légitimité, qui semblait peu guéable et qu'on essayait depuis longtemps de tourner et de saigner de mille manières (...) avait été brusquement franchi par un accident sublime, par un miracle de l'audace populaire.
SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, t. 2, 1869, p. 117.
♦ Bras mort. Bras abandonné par le cours d'eau parce qu'il est encombré d'alluvions et devenu marécageux :
• 90. Là aussi, il fallut conquérir les varennes sur les eaux, marais, bras morts, boires ou ramifications des rivières.
VIDAL DE LA BLACHE, Tabl. de la géogr. de la France, 1908, p. 166.
Poét. [P. oppos. à bras mort] Bras vif. Eau des bras morts et des vifs, nerveuse et coulante ou d'un sommeil plat (A. ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 311). P. ext. :
• 91. La paisible rue Chanoinesse et la rue des Chantres (...) voyaient bien peu de promeneurs fouler leurs pavés ronds à l'ordinaire. Elles formaient bras mort pour la circulation.
J. DE LA VARENDE, Le Roi d'Écosse, 1941, p. 286.
— OCÉANOGR. Bras de mer. Étroite et profonde pénétration de la mer à l'intérieur d'une côte, ou son passage resserré entre deux bandes de terre :
• 92. On s'en allait par les îles, tout un dédale compliqué de terres et de bras de mer, que forment les embouchures réunies de la Meuse, de l'Escaut et du Rhin.
VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 136.
b) HORTIC. [En parlant d'un cep de vigne, d'un arbre en espalier] Chaque ramification principale s'écartant du tronc à l'horizontale. Les bras de la souche; les gros bras de vigne; souches de vignes à trois bras. Ce poirier, ce pêcher a le bras droit plus fort ou plus faible que le bras gauche (É.-A. CARRIÈRE, Encyclop. horticole, 1862, p. 69).
2. Sc. phys.
a) ASTRON. Bras galactique. Prolongement, généralement double et disposé symétriquement, d'une galaxie vers l'extérieur et tendant à s'enrouler autour de son noyau. Bras spiraux, spiraloïdes d'une galaxie; bras galactique local, intérieur; les deux bras d'une nébuleuse spirale. Elle [la voie lactée] entoure tout le ciel approximativement d'un grand cercle, et se divise en deux bras de la constellation du Centaure à celle du Cygne (E. SCHATZMAN, Astrophysique, 1963, p. 95).
b) PHYS. Bras de levier d'une force (qui agit sur un solide). ,,Distance de la ligne d'action de cette force à l'axe de rotation du solide`` (Lar. encyclop., s.v. levier).
Rem. Cf. infra 3 d technol. bras de levier.
3. Autres domaines
a) AMEUBLEMENT.
— [En parlant d'un fauteuil; vx, en parlant d'une chaise] Le bras gauche du fauteuil; chaise à bras. Synon. accoudoir, accotoir. La chauffeuse capitonnée / Vous tend les bras (T. GAUTIER, Émaux et camées, 1852, p. 128); toujours un rien, un détail (...), le galbe des bras et des jambes faisait de mon fauteuil une pièce originale (BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1912, p. 344); il (...) se laissa tomber (...) entre le bras valide et le moignon du fauteuil manchot (A. ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 13).
— Vx. Bras-applique ou bras d'applique, bras de lumière, bras. Chandelier mural à une ou plusieurs branches comportant à l'extrêmité, du moins à l'origine, un ornement figurant un poing. Des bras d'argent, de vermeil. Les aigles constituant les bras de lumière (S. GRANDJEAN, L'Orfèvr. du XIXe s. en Europe, 1962, p. 102) :
• 93. ... le lampier, (...) excelle à modeler et à fondre de grands chandeliers, des candélabres d'autel, des bras pour recevoir des cierges, ...
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 7, 1863-69, p. 186.
♦ P. ext. Bras (de cheminée). Chandelier sur pied se posant sur le manteau d'une cheminée. Tu garniras de bougies les bras de cheminée et les flambeaux (BALZAC, Les Chouans, 1829, p. 345).
b) CH. DE FER. [Dans un sémaphore] Voyant mobile, articulé sur un plan vertical par rapport auquel, se tendant comme un bras, il prend la position horizontale généralement pour signifier la nécessité d'un ralentissement ou d'un arrêt du train.
c) MAR. Bras d'un aviron. Partie d'un aviron allant de la poignée au point d'appui. Bras d'une vergue. Les bras d'une ancre. Les deux branches de l'ancre, qui portent à leur extrémité la pièce triangulaire plate appelée patte.
d) TECHNOLOGIE
— [Pour désigner, dans une pièce, un élément en forme de tige, de barre, permettant de saisir, de soutenir, d'actionner, de transmettre un mouvement...] Bras d'une manivelle, d'une pompe, d'un élévateur, d'une grue; machine à grands bras articulés. La matière première est introduite dans l'appareil (...) par un moyeu évidé muni de bras en hélice (J. CAHEN, E. BRUET, Carrières, plâtrières, ardoisières, 1926, p. 221); un écrou qui actionne (...) le bras moteur d'un arbre transversal appelé arbre de frein (HERDNER, Locomotives..., p. 321).
♦ Bras de levier. Barre rigide, mobile autour d'un point d'appui fixe, soumise au moins à l'action contraire de deux forces, la force motrice et la résistance, et servant à soulever, à déplacer des charges; barre permettant d'actionner un mécanisme :
• 94. On trouve (...) au rapprochement [des essieux] l'avantage de disposer d'un plus grand bras de levier, pour tourner à force de bras les wagons sur les plaques de croisement.
J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 717.
Rem. Cf. supra II B 2 b physique.
— Spéc. Bras (d'un véhicule). Prolonges parallèles situées à l'avant et servant à porter, à mouvoir (le véhicule). Synon. brancards. Les bras d'une brouette, d'une civière; voiture, charrette à bras. Bras de lecture ou bras de pick-up. Tige mobile, articulée sur le plateau de l'électrophone et portant à son extrémité libre la pointe de lecture explorant les sillons du disque.
— [P. anal. avec la position d'un homme, se tenant debout, les bras écartés tendus à l'horizontale] Les bras d'une croix, d'un crucifix, d'un gibet, d'un poteau indicateur. Et tout se règle [dans les monts d'Espagne] avec l'équerre / Que font les deux bras du gibet (HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Liberté, 1865, p. 248) :
• 95. La Croix, c'est Dieu à l'œuvre. Elle est non seulement son instrument, elle est sa forme active, son opération extractrice et unificatrice, son extension entre les quatre points cardinaux : le Nord ou Zénith qui est cette racine dans le firmament; le Sud ou Nadir qui est cette matière échauffée par la grâce sur laquelle force s'exerce; ces bras, à droite et à gauche, qui sont les instruments de son énergie temporelle.
CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 255.
♦ P. méton., ARCHIT. RELIG. [Dans une église] Bras de croix droit ou gauche. Nef latérale correspondant au bras droit (ou gauche) de la croix, située dans la nef centrale. L'homme regardait les choses du bras de croix gauche par où il était entré (VERLAINE, Œuvres posthumes, t. 1, Souvenirs, p. 241).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[] ou []. Les dict. mod. optent pour [a] ant. Cf. BARBEAU-RODHE 1930, DUB., Pt ROB., Pt Lar. 1968 et WARN. 1968. Pour [a] cf. encore GRAMMONT Prononc. 1958, p. 27. Cependant PASSY 1914 admet [a] ou [] post. Quant aux dict. de la fin du XVIIIe et du XIXe s. [] est long dans FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834 et GATTEL 1841. Par contre [a] est ant. et bref dans NOD. 1844, FÉL. 1851, LITTRÉ et DG. Pour l'hésitation entre [a] et [] cf. également KAMM. 1964, p. 92 : ,,Le a final est plutôt ouvert [= post.] dans beaucoup de mots qui se terminent par le son a écrit as [cependant] le a final tend à se fermer [= à devenir ant.] dans plusieurs de ces mots, notamment : bras, embarras, chas, taffetas, galetas, matelas, chasselas, cervelas, verglas, cadenas, ananas.`` À ce sujet cf. la finale -as. Cf. encore BUBEN 1935, § 11, et ROUSS.-LACL. 1927, p. 135. Pour LITTRÉ devant voyelle l's se lie. Cf. aussi FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841 et FÉL. 1851. Enq. ://. 2. Forme graph. — ,,Bras et les mots de sa famille s'écrivent avec des s : brassard, brassière, embrasser... excepté bracelet et brachial [cf. ces mots]`` (Ortho-vert 1966, p. 119).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca. 1100 « membre du corps humain » ici empl. par image (Roland, éd. J. Bédier, 597 : Dunc perdreit Carles le destre braz del corps); 1611 zool. les bras d'un scorpion (COTGR.); 2. p. anal. a) ca 1165 « bras de mer » (M. DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Lai de Guigemar, 150); b) entre 1175 et 1180 [en parlant d'une croix] (Renart, éd. M. Roques, branche III b, 4983); c) 1606 mar. plur. « cordages » (NICOT); 3. a) ca 1350 « force, pouvoir, puissance » (G. LE MUISIT, Poésies, I, 347 dans T.-L.); b) 3e quart du XVe s. « agent, exécutant » (GEORGES CHASTELLAIN, Chron. du Duc Philippe, Introd. dans GDF. Compl.).
Du lat. class. bra(c)chium « bras » (empr. au gr. « id. »); 3 lat. chrét. a, Tertullien dans TLL, 2159, 38; b, Vulg. Is., 53, 1, ibid., 2159, 61 : brachium domini.
STAT. — Bras. Fréq. abs. littér. :27 032. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 31 385, b) 49 052; XXe s. : a) 45 320, b) 34 643. Bras dessous bras dessus. Fréq. abs. littér. :10.
BBG. — BENVENISTE (É.). Anal. d'un vocable primaire. B. Soc. Ling. 1956, t. 52, pp. 61-71. — DELAMAIRE (J.). Meuniers et moulins à vent. Vie Lang. 1970, p. 629. — DUCH. 1967, § 15. — Encyclop. 4. Informat. (L'). 1973, n° 37, p. 64. — GOHIN 1903, p. 342. — GOUG. Mots t. 2 1966, pp. 14-15. — GRIMAUD (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111. — HENRY (A.). Un Passage difficile de Rutebœuf. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 387. — HORNING (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1906, t. 30, p. 455. — LABORIAT (J.). Bras de chemise et soutien-gorge. Vie Lang. 1970, pp. 228-230. — LEONARD (C.). « Strong » and « weak » in Gallo-Romance. Rom. Philol. 1965, t. 18, p. 298. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 364. — ROG. 1965, pp. 25-26; p. 127, 180. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 85; pp. 135-136. — SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], p. 452. — THURNEYSEN 1884, p. 92. — Vocab. techn. des Quilles. Cah. de l'Office de la lang. fr. 1972, n° 15, p. 17.
bras [bʀɑ] n. m.
ÉTYM. 1080, braz; du lat. pop. bracium, lat. class. bracchium, grec brakhiôn.
❖
1 a Anat. Segment du membre supérieur compris entre l'épaule et le coude (opposé à avant-bras). || Du bras. ⇒ Brachial. || Os du bras. ⇒ Humérus. || Mouvement du bras : abduction, adduction, élévation, rotation. || Muscles du bras. ⇒ Biceps, triceps, deltoïde. || Système artériel du bras. || Pli entre le bras et l'avant-bras. ⇒ Saignée.
b Cour. (impropre en anat.). Le membre supérieur, de l'épaule à la main (argot brandillon). ⇒ Arrière-bras (rare), avant-bras. || Bras droit, bras gauche (en blason : ⇒ Dextrochère, senestrochère). || Avoir de longs bras. || Bras nerveux, décharné, bras charnu, gros, musclé. || Avoir des bras musclés (⇒ Biceps, fam. biscoteau), forts, gros. → ci-dessous, Gros bras. || La force des bras. || Avoir le bras fatigué, ankylosé; blessé. || Avoir un bras cassé, en écharpe (cit. 2 et 3). || Être estropié, amputé d'un bras, manchot. — Avoir les bras couverts, nus.
1 (…) les manches pagodes relevées jusqu'aux épaules, laissant nus les bras gracieux qui ont le poli de l'ambre et qui en rappellent un peu la couleur.
Loti, Mme Chrysanthème, XI, p. 79.
2 Ils demeuraient si beaux, ses bras, de l'aisselle pleine et musclée jusqu'au poignet rond, qu'elle les contempla un moment.
« Belles anses, pour un si vieux vase ! »
Colette, Chéri, p. 156 (→ Anse, cit. 4; et aussi amphore, cit. 2).
2.1 Et des bras plus jolis que les vôtres. Et les marques du vaccin sur son bras (…)
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 58.
2.2 Deux bras nus, deux angoisses froides
Gelaient tout le long de son torse.
Robert Vivier, Au bord du temps, « Le motocycliste ».
♦ Lever, baisser, plier, étendre les bras. || Se croiser les bras. || Écarter, arrondir les bras. — ☑ Loc. Lever les bras au ciel (pour prendre le ciel à témoin, en signe de désespoir, etc.). || Balancer les bras. || Agiter les bras. || Faire des signaux à bras. || Les bras en croix. || Croiser les bras sur la poitrine. || Avoir les bras collés au corps. || Écarter les bras du corps. — Porter sur ses bras, entre ses bras, dans ses bras. || Tenir entre ses bras, dans ses bras (⇒ Brasse, brassée). ☑ Lever un poids à bras tendu, à bout de bras. || Brandir à bout de bras. || Porter, tenir un objet sous le bras. || Rester l'arme au bras.
3 (…) des danseuses antiques (…) arrondissant en l'air leurs bras blancs et frêles comme les anses d'une amphore d'albâtre (…)
Th. Gautier, Fortunio, XVI, p. 110.
4 (…) un matelot, qui était couché les bras étendus en croix.
Loti, Mon frère Yves, V, p. 25.
5 Elle s'imposait de rester là, debout, les bras ballants (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 264 (→ Ballant, cit. 2).
5.1 (…) le médecin lève les bras au ciel en ouvrant les doigts, comme un inspiré qui prêche une nouvelle religion, ou comme un chef d'État qui répond aux acclamations de la foule.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 202.
5.2 Le soldat porte un paquet sous son bras gauche.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 20.
♦ Danse. || Port de bras. || Positions de bras.
c Loc. et syntagmes verbaux. || Saisir, tenir qqn par le bras. || Ouvrir les bras, tendre les bras. || Jeter les bras au cou de qqn (→ Sauter au cou). || Serrer dans ses bras, entre ses bras. ⇒ Embrasser. || Se jeter entre les bras, dans les bras de qqn. || Tomber dans les bras l'un de l'autre.
6 Par quels embrassements il vient de m'arrêter !
Ses bras, dans nos adieux, ne pouvaient me quitter (…)
Racine, Britannicus, V, 3.
7 Il avait jadis dormi dans ses bras, vécu dans son amour.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, « Rencontre », p. 248.
8 Tes bras, qui se joueraient des précoces hercules,
Sont des boas luisants les solides émules,
Faits pour serrer obstinément,
Comme pour l'imprimer dans ton cœur, ton amant.
Baudelaire, les Fleurs du mal, LII, « Le beau navire ».
9 (…) elle s'arrêtait de dormir (…) éclatait de rire, me disant, en nouant ses bras à mon cou (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 231.
10 (…) elle s'était jetée sur lui, elle l'avait serré des deux bras, l'embrassant, l'étouffant (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 94.
♦ Être dans les bras de… : être enlacé avec (une personne, dans une situation érotique).
11 Vous veniez de mon front observer la pâleur,
Pour aller dans ses bras rire de ma douleur.
Racine, Andromaque, IV, 5.
♦ Donner, offrir le bras à qqn, pour qu'il puisse s'y appuyer (cit. 31) en marchant. || Donner le bras à deux femmes (→ Faire le pot à deux anses). || Elle donnait le bras à son fiancé; elle était au bras de son mari. || Se donner le bras. || Marcher en se donnant le bras (cf. infra, Bras dessus, bras dessous). || Donner, tendre, offrir le bras à un vieillard. || Prendre le bras, s'appuyer au bras de quelqu'un.
12 Elle prenait mon bras, et nous marchions sous les arbres (…)
E. Fromentin, Dominique, XIII.
13 (…) le Marquis s'avança, et, offrant son bras à la femme du médecin, l'introduisit dans le vestibule.
Flaubert, Mme Bovary, I, VIII.
14 Elle se mit debout avec effort, et, appuyée au bras de Bernard, gagna la pièce qu'elle occupait au-dessus du grand salon
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, p. 173.
♦ ☑ Loc. littér. Lever le bras sur qqn, menacer de le frapper; par ext., le menacer.
♦ ☑ Arrêter le bras de qqn, l'empêcher de frapper, d'exécuter une violence.
d ☑ (1660, Oudin). Loc. fig. Gros comme le bras (se dit ironiquement pour accompagner une appellation flatteuse).
15 Ça lui coupait les moyens, d'être « monsieur Sorel » gros comme le bras.
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 71.
16 Tous les plus gros monsieurs me parlaient chapeau bas :
« Monsieur de Petit Jean », ah ! gros comme le bras !
Racine, les Plaideurs, I, 1.
17 Aujourd'hui Pierrotte n'est plus Pierrotte : c'est M. Pierrotte gros comme les deux bras.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 2.
♦ ☑ Vx. Faire les beaux bras : affecter la grâce, prendre de grands airs.
♦ ☑ Couper bras et jambes (à qqn) : lui enlever ses moyens d'action, le paralyser d'étonnement, le décourager. || Cet arrêt nous a coupé bras et jambes (Académie). || Ce malheur lui a coupé bras et jambes. ⇒ Anéantir (supra cit. 12), décourager.
17.1 Martial s'assit, hébété. Il ne dit rien, de quelques instants. Enfin il dit une chose qui pouvait sembler relativement peu appropriée à la circonstance :
— Oh, putain !
(…) Ça me coupe bras et jambes (…)
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 47.
♦ ☑ Les bras m'en tombent : je suis stupéfait.
♦ ☑ Baisser les bras : renoncer à agir, à poursuivre une action entreprise (cf. Laisser tomber). ⇒ Abandonner.
♦ ☑ Rester les bras ballants (devant qqch.) : ne savoir que faire, ne rien pouvoir faire; rester oisif.
♦ ☑ Se tordre les bras de douleur (d'inquiétude, de désespoir) : manifester sa douleur, etc., en s'agitant.
♦ ☑ Lier les bras : empêcher d'agir.
18 (…) la gentilhommerie vous tient les bras liés.
Molière, George Dandin, I, 3.
♦ ☑ Vivre de ses bras, d'un travail manuel. ☑ Avoir les bras rompus, fatigués par un travail excessif; les bras retournés, à la retourne (fam.) : être paresseux. ☑ Se croiser les bras, demeurer, rester les bras croisés, sans rien faire.
19 (Je) demeure les bras croisés comme un jocrisse (…)
Molière, Sganarelle, 16.
20 Je ne sais rien faire de mes bras… Je ne paie pas ma place au soleil de la vie.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 14.
♦ ☑ Tendre, ouvrir les bras à qqn, lui porter secours, lui pardonner.
♦ ☑ Tendre les bras à qqn, vers qqn, implorer son aide, son secours. ⇒ Implorer, prier.
♦ ☑ Se jeter, se réfugier dans les bras de : se mettre sous la protection de. Par métaphore. || Dans les bras de (qqch. d'abstrait). → cit. 22 et 25. — ☑ Recevoir qqn à bras ouverts, l'accueillir avec effusion, empressement. || S'arracher des bras de quelqu'un.
21 Je reviens à son âme (de Turenne)… nul dévôt ne s'est avisé de douter que Dieu ne l'eût reçue à bras ouverts (…)
Mme de Sévigné, 431, 16 août 1675.
22 (…) il vaut mieux se jeter entre les bras du christianisme ou de la philosophie, que de s'arrêter plus longtemps sur ce désagréable endroit.
Mme de Sévigné, 1101, 9 déc. 1688.
23 Le pape, à qui Charles Martel était nécessaire, lui tendait les bras.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXXI, 11.
24 Je m'attendais que, confus de ma condescendance et de mes avances, Grimm me recevrait les bras ouverts, avec la plus tendre amitié.
Rousseau, les Confessions, IX.
25 (…) Claude, contristé et découragé dans ses affections humaines, s'était jeté avec plus d'emportement dans les bras de la science, cette sœur qui du moins ne vous rit pas au nez (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, 5.
25.1 Enfin, vers minuit et demi, une pirogue, portant deux hommes, accosta la grève. C'était Ayrton, légèrement blessé à l'épaule, et Pencroff, sain et sauf, que leurs amis reçurent à bras ouverts.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 623.
♦ ☑ Être dans les bras de Morphée : dormir. || Tirer qqn des bras de la mort. ☑ S'endormir dans les bras du Seigneur : mourir.
26 Elle se trouve toute vive et tout entière entre les bras de la mort, sans l'avoir presque envisagée.
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
♦ ☑ Sur les bras. || Avoir qqn ou qqch. sur les bras, en être chargé, importuné. || Avoir des enfants sur les bras. ⇒ Charge (à charge). || Avoir un importun toujours sur les bras. || Avoir de nombreux ennemis sur les bras, avoir à se défendre seul contre eux. || Avoir des affaires, des soucis, sur les bras. || Se mettre, s'attirer sur les bras une vilaine affaire.
27 Vous voilà sur les bras une fâcheuse affaire (…)
Molière, le Misanthrope, I, 3.
28 Je me lasse de vous avoir sur les bras, et la garde de deux filles est une charge un peu trop pesante pour un homme de mon âge.
Molière, les Précieuses ridicules, 4.
29 (…) il se trouve que j'ai le gouvernement de Provence sur les bras (…)
Mme de Sévigné, 245, 3 févr. 1672.
30 Jamais la France ne se vit tout à la fois tant d'ennemis sur les bras.
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
30.1 (…) il savait (…) qu'une fois de plus, il s'était mis une sale histoire sur les bras.
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 87.
♦ ☑ Fam. En avoir plein les bras : en avoir assez, être épuisé (cf. Par-dessus la tête, plein le dos).
♦ ☑ Fam. Huile de bras : force, énergie (cf. Huile de coude).
2 (Dans des loc.; symbole de la force guerrière, du pouvoir). ☑ Le bras de Dieu. || Un bras protecteur, un bras puissant. ☑ Le bras séculier : la puissance temporelle (par oppos. à celle de l'Église). || Le bras de la justice (⇒ Autorité).
31 (…) Ce n'est pas que je veuille avec cet artifice
Dérober un coupable au bras de la justice :
Quoi qu'il ait fait pour vous, traitez-le comme tel,
Et punissez en moi ce noble criminel (…)
Corneille, Horace, V, 3.
32 Et quand les Dieux vengeurs laissent tomber leur bras,
Il tombe assez souvent sur qui n'y pense pas.
Corneille, Œdipe, II, 2.
33 Nous trouverons très naturel qu'ils nous abandonnent ici-bas au bras séculier, s'ils ne trouvent aucun autre moyen de prouver leur bienveillance à l'égard des vainqueurs.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 147.
♦ ☑ Avoir un bras de fer, d'airain, une grande autorité, une volonté inflexible ou tyrannique. ☑ Avoir un bras de coton : être mou, lâche, veule. || La force, la valeur de son bras. || La patrie a besoin de son bras.
♦ ☑ S'appuyer sur le bras de qqn, être soutenu, aidé par lui. — ☑ En terme de mystique. S'appuyer sur un bras de chair : mettre son espoir dans les choses temporelles.
34 Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.
Corneille, le Cid, II, 2.
35 Mon bras, qu'avec respect toute l'Espagne admire (…)
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Corneille, le Cid, I, 5.
36 C'est moi qu'Amphitryon députe vers Alcmène,
Et qui du port Persique arrive de ce pas;
Moi qui viens annoncer la valeur de son bras (…)
Molière, Amphitryon, I, 2.
37 La bataille sans doute allait être cruelle,
Et son événement vidait notre querelle,
Quand du fils de Créon l'héroïque trépas
De tous les combattants a retenu le bras.
Racine, la Thébaïde, III, 4.
♦ ☑ Avoir le bras long : avoir un grand pouvoir. ⇒ Crédit, influence.
♦ ☑ Vx. Avoir cent bras : être fort actif.
38 Voyez comme Mme de La Fayette se trouve riche en amis… elle a cent bras, elle atteint partout (…)
Mme de Sévigné, 1268, 26 févr. 1690.
3 (Fin XVe). Par métonymie. a Personne qui agit, travaille, combat. ⇒ Agent, soldat, travailleur. || Ce domaine demande plus de cent bras pour l'entretenir. || L'industrie réclame des bras. || Avoir plusieurs bras à son service. || Mille bras se sont armés pour le défendre (Académie).
39 (…) j'ose dire encor qu'un bras si renommé
Peut-être aurait moins fait si le cœur n'eût aimé.
Corneille, Héraclius, II, 7.
40 (…) les humoristes comparent l'agriculture, pour se moquer de certains orateurs, à la Vénus de Milo qui manque de bras.
J. Bainville, la Fortune de la France, p. 348.
♦ Spécialt. Personne qui exécute, par oppos. à celle qui organise. || Les tueurs n'ont été que les bras d'un complot dont la tête est à l'étranger.
♦ ☑ (1801). Bras droit. || Le bras droit de qqn, son principal agent d'exécution.
41 Quand le bras a failli, l'on en punit la tête.
Corneille, le Cid, II, 8.
42 On disait le « général Vendémiaire » appelé à se faire, contre « les factions », le bras du gouvernement résolu à les combattre toutes.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, L'ascension de Bonaparte, I, p. 5.
42.1 Ces femmes ont laissé tomber douceur, tendresse (…) pour cultiver en elles intelligence, logique, organisation, honnêteté, rigueur et surtout discipline. (…) Ces femmes sont des « bras-droits ». Elles ne rivalisent pas avec l'homme-patron, s'abritent à l'ombre de son aile d'où elles jaillissent pour matraquer au moyen d'une force qui n'est pas la leur (…)
Michèle Perrein, Entre chienne et louve, p. 127.
♦ ☑ Fam. Gros bras. || Un gros bras : un dur, un casseur. ☑ Jouer les gros bras : jouer les durs. — Spécialt. Homme de main, garde du corps. ⇒ Gorille. || « Les “gros bras” qui étaient chargés de la sécurité dans certaines équipes (sportives) de l'Est » (l'Équipe, 22 oct. 1972). — Chauffeur de poids lourd.
b ☑ Bras de fer : jeu opposant deux adversaires qui ont un coude posé sur une table, leurs avant-bras verticaux l'un contre l'autre, et essayent de faire plier le partenaire par des pressions de la paume de la main. — Fig. || « Entre sylviculteurs et papetiers on parle bien de se concerter, de passer des contrats à long terme (…) Ici on préfère encore les parties de bras de fer aux franches négociations » (le Monde, 5 janv. 1980, p. 21).
♦ ☑ Bras d'honneur : geste injurieux qui consiste à lever le bras droit plié en même temps qu'on pose l'avant-bras gauche sur la face antérieure du coude (simulacre d'érection). || Faire un bras d'honneur à qqn.
42.2 Le chauffeur de taxi Jules Pasderas (…) résumait deux fois par jour la situation d'une manière peut-être grossière, mais toute la population d'Alger partageait à cette époque son point de vue : L'expédition d'Égypte ? … mon zeb. — Le tout accompagné d'un magnifique « bras d'honneur ».
Jean Lartéguy, les Centurions, p. 347.
♦ ☑ Loc. mod. En bras de chemise : en chemise, sans veste.
42.3 Mais si l'hôtel de Guermantes commençait pour moi à la porte de son vestibule, ses dépendances devaient s'étendre beaucoup plus loin au jugement du duc qui (…) se faisait la barbe le matin en chemise de nuit à sa fenêtre, descendait dans la cour, selon qu'il avait plus ou moins chaud, en bras de chemise, en pyjama, en veston écossais de couleur rare, à longs poils, en petits paletots clairs plus courts que son veston (…)
Proust, le Côté de Guermantes, Folio, t. I, p. 36.
42.4 (…) le jeune receveur des postes, M. Gabriel Pichobre, ouvre sa fenêtre et apparaît en bras de chemise au premier étage.
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 67.
42.5 (…) le notaire, qui a perdu le bouton de son faux col, descend en bras de chemise.
R. Queneau, le Chiendent, p. 71.
4 a (Animaux). Dans le membre antérieur du cheval, Partie qui fait suite à l'épaule et qui a pour base l'humérus.
♦ Tentacule des mollusques céphalopodes. || Les bras d'une pieuvre.
43 Quand un poulpe est retiré de sa coquille, une infinité de petites pierres s'attachent à ses bras.
Racine, Remarques sur l'Odyssée.
♦ Chacune des divisions radiaires du corps de certains Échinodermes (astérides, ophiures…). || Les cinq bras de l'étoile de mer; les dix bras ramifiés des crinoïdes.
b Hortic. Branche qui part du tronc à l'horizontale. || Bras d'un cep de vigne, d'un poirier en espalier.
♦ Vx (par métaphore ou compar. poétique). Branche d'un arbre.
44 Je vois les tilleuls et les chênes,
Ces géants de cent bras armés.
Racine, Poésies diverses, 22.
45 Un lieu très silencieux au-dessus duquel des chênes et des hêtres séculaires nouaient comme des bras leurs grosses branches moussues.
Loti, Mon frère Yves, p. 242.
5 Par anal. (de forme, de destination). a (1606). Mar. Manœuvre servant à orienter un espar (vergue, tangon), à le brasser. ⇒ Écoute, bouline. || Bras de spi. — Pêche. Filin de manœuvre d'un filet. — Bras d'une ancre. ⇒ Branche, patte.
b (1175). Techn. Brancard, pièce allongée. || Les bras d'une chaise à porteurs. ⇒ Bâton. || Siège à bras. — Les bras d'un gibet, d'une croix.
46 Ne soyez pas inexorable à ce fauteuil qui vous tend les bras (…) contentez un peu l'envie qu'il a de vous embrasser.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
REM. Il s'agit d'une métaphore précieuse sur le sens 1, encore vivante dans la langue courante.
d Partie mobile (d'une grue, d'un sémaphore). || Le bras d'une manivelle. || Bras de lecture d'un électrophone : longue tige mobile qui porte la tête de lecture.
46.1 Le pick-up avait perdu son moteur et son bras. Il ne restait que l'interrupteur.
Boris Vian, Vercoquin…, p. 61.
♦ Bras de levier : distance de la direction d'une force à son point d'application, évaluée perpendiculairement à la direction de cette force.
6 a (V. 1165). Division (d'un cours d'eau) que partagent des îles. || Bras principal, bras secondaires. || Bras mort, où l'eau ne circule plus. || Bras secondaire, à eaux stagnantes, dans la plaine du Mississipi. ⇒ Bayou.
46.2 Trop lointaines, ces fenêtres, pour que je puisse rien voir, bien que ce bras du fleuve ne soit pas très large en cet endroit de l'île.
Claude Mauriac, le Dîner en ville, p. 276.
♦ Bras de mer : détroit, passage. || Traverser un bras de mer.
b Par anal. (emploi stylistique). Division d'une chaussée.
46.3 En réalité, il rentrait à pied du Lycée Condorcet et après avoir franchi un premier bras de la place Clichy, il attendait sur le refuge du métro l'instant de franchir le second.
M. Aymé, Maison basse, p. 7.
7 ☑ Loc. adv. À bras : à l'aide des seuls bras (sans machine). || Il a fallu transporter tout cela à bras. || Moulin, charrette à bras, qu'on meut à bras.
♦ ☑ À tour de bras : de toute sa force. || Frapper à tour de bras. — Fig. En grande quantité, sans arrêter (avec des verbes comme donner, distribuer…).
47 Des jets de pompe, des seaux d'eau lancés à tour de bras.
Loti, Mon frère Yves, XCII, p. 219.
47.1 (…) il donnait aux Israélites, à tour de bras, des certificats de baptême de toutes dates, à condition pourtant de les baptiser (…)
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 9.
♦ ☑ (1871). À bras raccourcis. || Frapper, se jeter sur qqn à bras raccourcis, avec la plus grande violence.
47.2 (…) quelques louches individus (…) s'avisèrent de prendre la défense de leurs collègues et tombèrent sur les philosophes à bras tant raccourcis qu'allongés.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 16.
♦ Fig. Sans ménagement.
47.3 (…) je tombais à bras raccourcis sur la première bourgeoise venue.
Elle goûtait avec sa sœur et les enfants de sa sœur.
« Ce n'est pas tout ça » lui dis-je entre deux éclairs au chocolat.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 177.
♦ ☑ (Fin XVIIIe; a brache de corps, 1465; de brac(h)e « les deux bras », et corps). À bras-le-corps : avec les bras et par le milieu du corps. || Traîner, porter, tenir, saisir, prendre qqn à bras-le-corps.
48 Saisi à bras-le-corps, soulevé, il gigota une seconde; puis, acceptant le jeu, il éclata d'un rire clair.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 26.
48.1 La voyant bondir vers l'air libre, l'instinct de proie me saisit, je la rattrapai vers l'escalier, la pris à bras-le-corps et la ramenai en la traînant à terre jusque sur le lit où elle tomba tout à fait.
M. Blanchot, l'Arrêt de mort, p. 67.
♦ ☑ Bras dessus, bras dessous : en se donnant le bras.
49 (…) Et on s'en va, bras dessus, bras dessous, du côté de Recouvrance (…)
Loti, Mon frère Yves, IV, p. 21.
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DÉR. et COMP. Bracelet, brassée, 2. brasser, brassier, brassière. — Appui-bras, dessous-de-bras, fort-à-bras, garde-bras, repose-bras, sous-bras, tire-bras. — V. Braquer, brassard, brasse, 1. brasser. — (Du lat. bracchium) Brachial, brachiopodes.
Encyclopédie Universelle. 2012.