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bénir

bénir [ benir ] v. tr. <conjug. : 2; p. p. béni bénit >
• 1080 ; lat. benedicere « louer », puis « bénir », de bene « bien » et dicere « dire »
I
1En parlant de Dieu, Répandre sa bénédiction sur. protéger. Fam. Dieu vous bénisse, souhait adressé à qui éternue (cf. À vos souhaits).
2En parlant du prêtre, du pasteur, Appeler la bénédiction de Dieu sur (les hommes). consacrer, oindre, sacrer. Bénir les fidèles. Je te bénis au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le prêtre qui a béni leur mariage. Fig. Les temps bénis : l'époque heureuse. Loc. Être béni des dieux : être favorisé par le sort, avoir beaucoup de chance.
Spécialt Consacrer par une bénédiction, par des cérémonies rituelles ( bénit). Bénir le buis des Rameaux. Bénir un bateau. baptiser.
3Par anal. Souhaiter solennellement bonheur et prospérité (en invoquant, le plus souvent, l'intervention de Dieu). Bénir ses enfants en mourant.
II
1Louer et glorifier (Dieu) pour le remercier par des actions de grâce. Béni soit le Seigneur !
2Par anal. Exalter (qqn ou qqch.) pour manifester sa satisfaction et sa reconnaissance. applaudir, exalter, glorifier, remercier. Soyez béni ! Je bénis le médecin qui m'a sauvé. Je bénis le jour où je l'ai rencontré.
⊗ CONTR. Maudire; exécrer.

bénir verbe transitif (latin benedicere, de bene, bien, et dicere, dire) En parlant de Dieu, combler quelqu'un de biens, faire prospérer quelque chose par une faveur divine : Dieu bénit Abraham. Appeler sur quelqu'un, quelque chose la bénédiction de Dieu, selon le rituel fixé par l'Église : Bénir une union. Louer quelqu'un, son action par reconnaissance ou, ironiquement, les maudire ; se féliciter de quelque chose : Bénir un ami de son intervention.bénir (expressions) verbe transitif (latin benedicere, de bene, bien, et dicere, dire) Bénir Dieu, le louer pour le remercier de ses bienfaits. Bénir le ciel, le sort, s'estimer heureux, se féliciter de quelque chose. Familier. (Que) Dieu vous bénisse, souhait qu'on adresse parfois à quelqu'un après un éternuement. ● bénir (synonymes) verbe transitif (latin benedicere, de bene, bien, et dicere, dire) Appeler sur quelqu'un, quelque chose la bénédiction de Dieu, selon le...
Synonymes :
- consacrer
- sacrer
Louer quelqu'un, son action par reconnaissance ou, ironiquement, les maudire ;...
Synonymes :
- applaudir
- encenser
- exalter
- glorifier
Contraires :
- abhorrer
- abominer
- détester
- exécrer
- haïr
- maudire

bénir
v. tr.
d1./d Répandre sa grâce, sa bénédiction sur (en parlant de Dieu).
d2./d Appeler la bénédiction divine sur. Le prêtre a béni les fidèles.
d3./d Consacrer au culte divin. Bénir une chapelle.
d4./d Louer, rendre grâce avec reconnaissance à. Les malheureux bénissent sa mémoire.
|| Par ext. Se féliciter, se réjouir de. Je bénis cette rencontre.

⇒BÉNIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— [Domaine des relations entre la divinité et les hommes]
1. [La bénédiction descend de la divinité sur les hommes]
a) [En parlant de Dieu] Combler de biens, de faveurs, faire prospérer. Terre bénie du ciel :
1. L'officiant acheva : « Comme jadis tu daignas bénir et sanctifier la maison d'Abraham, d'Isaac et de Jacob (...), fais qu'entre ces murs, les anges de ta lumière séjournent et que, par le Christ-Jésus, ils la gardent, et tous ceux qui y vivent, dans la chasteté, la bonté, la vertu, le bonheur. »
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 169.
Emploi abs. Il s'inclinait devant ce visage de Dieu, qui en a mille autres, qui bénissent et secourent (ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 417).
Fam. (Que) (le bon) Dieu vous bénisse!
♦ ,,Se disait autrefois à une personne qui éternuait`` (Ac. 1835-1878); cf. FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, II, 1, p. 30).
♦ ,,On le dit quelquefois à un pauvre quand on n'a rien à lui donner`` (Ac. 1835-1878).
♦ ,,Se dit ironiquement, en signe de mécontentement, à une personne dont le discours ou la conduite nous fâche ou nous contrarie. (Ac. 1835-1878)Vous nous donnez là une belle nouvelle, Dieu vous bénisse!`` (Ac. 1835-1878).
Loc. fig., fam. Être béni des dieux. ,,Être favorisé par le sort`` (ROB.).
b) P. ext.
[En parlant d'un inanimé assimilé à une puissance divine] Le doux ciel d'une nuit d'été / Bénit le sommeil de la cité (MORÉAS, Les Syrtes, 1884, p. 146); Je t'adore, Soleil! ô toi dont la lumière / Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel, ... (E. ROSTAND, Chantecler, 1910, I, 2, p. 26).
[En parlant d'une pers.] Rare. Bénir (qqn) de. Accorder (quelque chose) comme bénédiction (à quelqu'un), combler (quelqu'un) de (quelque chose) :
2. ... la convalescence se fit lentement, d'abord douloureuse, (...) puis paisible et câline en réponse aux gâteries prudentes dont me bénissait ma mère...
VERLAINE, Confessions, 1895, p. 40.
2. [La bénédiction monte des hommes vers la divinité]
a) Louer la divinité pour ses bienfaits, glorifier Dieu par des actions de grâces. Bénir Dieu de/pour qqc. :
3. L'ABBESSE. — Monseigneur, nous bénissons Dieu pour votre guérison imprévue.
MONTHERLANT, Port-Royal, 1954, p. 1016.
Bénir le ciel, la fortune, la providence, le sort. Se féliciter de. Le ciel en sort béni (Ac.).
[Le compl. d'obj. désigne un saint, une sainte] :
4. « Vous êtes bénie entre tous les femmes... »
À force de répéter très vite la courte prière elle finissait par s'étourdir et s'arrêtait quelquefois, l'esprit brouillé, ne trouvant plus les mots si bien connus.
HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, p. 125.
b) P. ext.
Exalter (quelqu'un ou quelque chose) pour exprimer sa reconnaissance, sa satisfaction. Je bénis le hasard qui me fait vous rencontrer (Ac.).
Fam., pop. Flatter (quelqu'un), promettre (quelque chose). Bénir les dieux, bénir la mémoire de qqn, bénir qqn ou qqc. Être béni de/pour + subst. ou inf. passé. Soyez béni de m'avoir ouvert les yeux (MAURIAC, Asmodée, 1938, V, 7, p. 218) :
5. Quand on lit Mme de Noailles il faut admirer, bénir, remercier notre langue française qui donne à une ignorante, mais une ignorante qui a le sens de sa langue, toute la formation intellectuelle antique. C'est par la langue que le trésor du génie antique s'est maintenu en France.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, 1903-04, p. 99.
6. S'ils avaient le sens commun et s'ils avaient vraiment le désir de protéger la société contre un accroissement de la brutalité, ils n'acculeraient pas les socialistes à la nécessité de la tactique qui s'impose aujourd'hui à eux; ils resteraient tranquilles au lieu de se dévouer pour le devoir social; ils béniraient les propagandistes de la grève générale qui, en fait, travaillent à rendre le maintien du socialisme compatible avec le moins de brutalité possible.
SOREL, Réflexions sur la violence, 1908, p. 282.
7. ... laissons le passé : on est libre de le bénir ou de le détester : on ne le changera pas : il est.
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 290.
P. anal. ,,Que ce jour soit béni (comme un jour de bonheur)`` (DG).
[Parfois par figure étymol.] Dire des choses agréables à quelqu'un.
Emploi abs. ,,J'ai tant maudit dans ma vie, dit-il [Schumacker], que je saisis maintenant sans examen toutes les occasions de bénir`` (HUGO, Han d'Islande, 1823, p. 566).
Par antiphrase, iron. Maudire, Arrivez, arrivez, on vous a béni (BESCH. 1845).
B.— LITURG. CHRÉT. Accomplir un geste rituel et prononcer des paroles qui donnent un caractère sacré et souhaitent le bonheur à quelqu'un.
1. [En parlant du prêtre, du pasteur, etc.]
a) Appeler la protection de Dieu sur une ou plusieurs personnes par des paroles, des gestes rituels (signe de la croix, etc.). Bénir l'union de deux époux, bénir l'anneau conjugal :
8. De ces eaux courantes mêlées à ses pensées hérésiarques et à ses souvenirs, Léopold faisait spontanément des prières. Mais peu à peu, il se donna mission de bénir et d'absoudre les réprouvés qui reposaient dans les champs mortuaires des lieux sur son passage.
BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 284.
Formules consacrées. [Au début d'un repas] Bénissez, Seigneur, ce repas. [Au début d'une confession, le fidèle s'adressant au prêtre] Bénissez-moi, mon père, parce que j'ai péché.
Emploi abs. Le droit sacerdotal de maudire ou bénir (LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 848); le geste sacerdotal de bénir (BLANCHE, Mes modèles, 1928, p. 165).
P. anal. Je ne crains pas qu'un sort mauvais tombe des branches noires [des arbres] étendues pour me bénir (MAURIAC, Mémoires intérieurs, 1959, p. 114); les grands moulins à vent bénissaient, avec la croix de leurs ailes, la ville [de Schiedam]... (HUYSMANS, Sainte Lydwine de Schiedam, 1901, p. 334).
b) Spéc. [le compl. d'obj. désigne une pers., une chose qui doivent être voués au service du culte]
Bénir un abbé, une abbesse. ,,Les installer dans leur dignité avec certaines cérémonies et en faisant sur eux certaines prières. C'est aux évêques de bénir les abbés et les abbesses`` (Ac. 1835-1932).
♦ Consacrer une chose (objet, etc.) destinée au culte. Bénir une cloche :
9. ... il avait été convenu que les religieux occuperaient l'église le dimanche de Pâques, mais que l'honneur de bénir l'eau baptismale, le samedi, reviendrait au curé.
HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 66.
P. ext. [Le compl. désigne une réalité (objet, etc.) profane] Bénir des armes, des drapeaux, le lit nuptial, la table, un vaisseau, Bénir une locomotive (GUÉRIN 1892); bénir un haut fourneau (QUILLET 1965) :
10. ... durant trois matins une procession
Passe et bénit les champs; c'est les rogations.
JAMMES, Les Géorgiques chrétiennes, Chants 3-4, 1911, p. 43.
Loc. fam. ou pop. Autant de... qu'un évêque en bénirait; peut en bénir! (s'emploie surtout pour exprimer une énorme consommation). Il mangerait autant d'huîtres qu'un évêque en bénirait (Lar. 19e).
Au fig. :
11. Daigne Votre Sainteté [le pape] bénir nos projets et la foi du peuple français, dont je dépose ce témoignage à Ses pieds.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 638.
Arg. Bénir la verdure, bénir des pieds. ,,Être pendu; allusion aux saccades des pendus`` (FRANCE 1907). ,,On dit aussi être évêque des champs`` (ESN. 1966).
2. Rare. [En parlant de l'aspersion d'eau bénite faite par les assistants sur un cercueil au moment des funérailles] Arrivé devant le catafalque (...) ce père cruellement éprouvé deux fois en moins d'un an bénit le corps de son fils... (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 10, col. 4).
3. P. anal. [En parlant d'un père, d'une mère, d'une pers. vénérable, âgée, etc.] Souhaiter prospérité et bonheur, en faisant appel à la protection divine. Bénir des enfants :
12. Il était mort dans les bras de sa femme en bénissant ses fils et en me nommant parmi ceux qu'il regrettait de laisser sur la terre et qu'il désirait de retrouver ailleurs.
LAMARTINE, Les Confidences, 1849, p. 320.
13. Les paysans regardaient, ébahis, sur le pas de leurs portes, cette petite femme, grêle et noire, qui gesticulait et s'arrêtait pour embrasser les enfants, leur demander leurs noms et leur âge et les bénir en leur dessinant avec le pouce une croix sur le front.
HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 26.
Emploi abs. Un vieillard va venir, Dont la main est, dit-on, toujours prête à bénir! (A. DUMAS Père, Christine, 1830, 3, p. 296).
Emploi métaph. (avec réf. aussi au sens B 1) ,,Ces trois lumières dégradées, l'ombre du vieillard, la douce lumière du ménage, le rayonnement des enfants, semblent l'admirable image des trois formes, des trois âges et des trois images de la famille : soir, midi, aube. Le passé bénissant de son ombre, devant le présent lumineux, l'avenir éblouissant des enfants`` (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1860, p. 793)
4. Fam., iron. Accorder son approbation, voire sa protection à un projet, à une initiative. Ils bénissent n'importe quoi.
Rem. Dans cet emploi, récent, entre aussi pour une part le sens I A 2 (« louer »).
II.— Emploi pronom.
A.— emploi pronom. À sens passif (cf. supra I B 1) :
14. On fit [pour les basiliques] des autels en bois, en métaux précieux (...) : dans ce cas, une pierre incrustée sur la table supérieure contenait la relique et était consacrée; le reste se bénissait seulement.
A. LENOIR, Archit. monastique, t. 1, 1852, pp. 197-98.
B.— emploi pronom. réciproque (cf. supra I A 2 b) :
15. BELLIDOR [contemplant Béatrice prosternée devant la Vierge]. — (...) Mes regards vous confondent, et je crois voir deux sœurs dont les mains se bénissent dans la gloire de l'amour! ...
MONTHERLANT, Théâtre III, Sœur Béatrice, 1930, p. 240.
Rem. L'emploi pronom. est omis par les dictionnaires.
PRONONC. ET ORTH. :[], (je) bénis [beni]. PASSY 1914 attribue à la voyelle de 1re syll. une demi-longueur. FÉR. Crit. t. 1 1787 note : ,,Richelet ne met point d'accent. La Touche prétend que l'e est muet, et que de très habiles Académiciens qu'il fit consulter faisaient cet e fém. dans benin, benit et masc. dans bénignité, bénédiction, bénédicité. On a suivi cette décision dans le Dict. Grammatical. Mais l'usage a changé, et l'é est fermé au masc. dans tous ces mots.``
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— 1. 1100 « (en parlant de Dieu), répandre sa bénédiction » (Roland, éd. Bédier, 2017); 1er quart XIIIe s. part. passé adj. benëite (RENCLUS DE MOIL., Miserere, CCLXXI, 1 dans GDF. Compl.); 2. 1100 « (en parlant du prêtre) appeler la bénédiction de Dieu sur les hommes » (Roland, 1137); spéc. ca 1170 « consacrer par des cérémonies rituelles » (Aymeri de Narbonne, 1229 dans T.-L.); 3. 1100 p. anal. « (d'un laïc) souhaiter solennellement bonheur et prospérité » (Roland, 3066).
B.— Début XIIe s. « louer et glorifier Dieu pour le remercier » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, LXII, 5); 2e moitié XIIe s. p. anal. « exalter (qqc.) pour exprimer sa satisfaction » (Berte, LIX dans LITTRÉ).
Du lat. benedicere + datif « dire du bien de qqn » (PLAUTE, dans TLL s.v., 1867, 30) d'où « louer » (APULÉE, ibid., 41) d'où en lat. chrét. « louer Dieu, lui rendre gloire » (Itala, ibid., 43), puis « répandre ses bienfaits sur qqn (en parlant de Dieu) » (Tertullien dans BLAISE); « invoquer l'assistance divine sur qqn » (Itin. Sil., 16, 7 dans TLL s.v., 1868, 73); « consacrer par un rite » (SULPICE SÉVÈRE, ibid., 1869, 63). Le part. passé benëit d'apr. le lat. , altération de la forme régulière (d'où benëeit, v. benoit), d'apr. (FOUCHÉ, p. 198); béni par amuïssement ultérieur du -t (appuyé par c > y), p. anal. avec les part. passés en it devenu final n'était pas appuyé par une consonne immédiatement antérieure ( > finit > fini).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 392. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 009, b) 2 111; XXe s. : a) 1 724, b) 1 182.

bénir [beniʀ] v. tr. [CONJUG. finir.]
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; du lat. benedicere « louer », puis « bénir », de bene « bien », et dicere. → Dire.
———
I
1 (Le sujet désigne Dieu, une divinité). Répandre sa bénédiction sur (qqn, qqch.). || Dieu bénit les hommes, leurs projets, leurs efforts. Protéger, récompenser.Formules de souhait. || Que Dieu les bénisse !
1 Que l'Éternel te bénisse, et qu'il te garde ! Que l'Éternel fasse luire sa face sur toi, et qu'il t'accorde sa grâce ! Que l'Éternel tourne sa face vers toi, et qu'il te donne la paix !
Bible (Segond), Nombres, VI, 24-26.
2 Dieu les bénit (l'homme et la femme) et leur dit : Croissez et multipliez-vous (…)
Bible (Sacy), Genèse, I, 28.
3 Mon enfant, le bon Dieu puisse-t-il vous bénir (…)
Molière, l'École des femmes, II, 6.
4 Ce ne lui est rien (à Louis XIV) d'être l'homme que les autres hommes admirent : il veut être, avec David, l'homme selon le cœur de Dieu; c'est pourquoi Dieu le bénit (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
5 Malheur aux cœurs durs !
Dieu bénira les âmes tendres; il y a je ne sais quoi de réprouvé à être insensible.
Voltaire, Lettre au Prince Royal de Prusse, 12 août 1739.
6 Le ciel bénit toujours les nombreuses familles.
Collin d'Harleville, Châteaux en Espagne, V, 10.
N. B. Cette phrase, passée en proverbe, exprime parfois l'ironie ou l'amertume.
Fam. Vieilli ou régional. || Dieu vous bénisse, te bénisse : souhait adressé à qqn, et, spécialt, à qqn qui éternue (→ À vos souhaits).« Que Dieu te bénisse, et te fasse le nez aussi gros que la cuisse » (ou : « que j'ai la cuisse »), formule plaisante.
7 Je dirai à celui qui éternue, Dieu vous bénisse et va te coucher à celui qui bâille (…)
Beaumarchais, le Barbier de Séville, III, 5.
2 (Le sujet désigne un prêtre). Appeler la bénédiction de Dieu sur (les hommes). Consacrer, oindre, sacrer. || Bénir les fidèles au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Croix (signe de la croix). || Bénir la foule. || Le prêtre bénit un mariage.
8 Il (le prélat) tire du manteau sa dextre vengeresse;
Il part, et, de ses doigts saintement allongés,
Bénit tous les passants, en deux files rangés (…)
Boileau, le Lutrin, V.
Par ext. Consacrer par une bénédiction, par une cérémonie rituelle (un objet relatif au culte; Bénit). || Bénir une église, un autel, des vêtements liturgiques. || Bénir une médaille, un chapelet, le buis.
Par anal. (le compl. désigne un objet profane). || Bénir la table. Bénédicité. || Bénir un bateau ( Baptiser), un pont, un drapeau. || Bénir un jour qui commence, une nouvelle année.
9 Le merveilleux de cette entreprise infernale (une guerre) c'est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Guerre.
10 Parmi les préparatifs de la croisade, on ne doit pas oublier le soin que prenaient les croisés de faire bénir leurs armes et leurs drapeaux (…)
Michaud, Hist. des Croisades, I, an 1095.
Figuré :
11 En même temps il semblait, d'une main en conque, absoudre et bénir tout ce que sa parole condamnait.
Colette, la Naissance du jour, p. 132.
3 Par anal. (le sujet désigne un personnage parental ou vénérable). Souhaiter bonheur et prospérité à (qqn), en invoquant, le plus souvent, l'intervention de Dieu. || Isaac bénit Jacob avant de mourir.
12 (…) Jacob, mourant et bénissant ses enfants, s'écrie (…) : J'attends, ô mon Dieu ! le Sauveur que vous avez promis (…)
Pascal, Pensées, IX, 613.
13 Au milieu même des horreurs de la mort, elle voulut bénir les jeunes princes, ses enfants (…)
Fléchier, Oraison funèbre de la Dauphine.
4 Relig. Asperger d'eau bénite. || Bénir le corps d'un mort.
———
II
1 (Déb. XIIe). Louer et glorifier (Dieu) pour le remercier par des actions de grâce. || Bénir Dieu, le ciel, l'Éternel, le nom du Seigneur. || Mon âme bénit l'Éternel.(Dans des formules optatives). || Que le nom de Dieu soit béni !
14 Alors ces trois hommes louaient Dieu dans la fournaise et le glorifiaient et le bénissaient d'une même bouche (…)
Le Maistre de Sacy, Trad. de la Bible, Daniel, III, 51.
15 (…) Voilà quels sont mes sentiments, et je bénis tous les jours de ma vie mon Rédempteur qui les a mis en moi (…)
Pascal, Pensées, VII, 550.
16 Que son nom (du Seigneur) soit béni; que son nom soit chanté;
Que l'on célèbre ses ouvrages
Au delà des temps et des âges,
Au delà de l'éternité !
Racine, Esther, III, 9.
17 De la même bouche dont on vient de bénir le Seigneur, on déchire ses frères (…)
Massillon, Carême, Culte.
18 Le monde entier te glorifie;
L'oiseau te chante sur son nid;
Et pour une goutte de pluie
Des milliers d'êtres t'ont béni.
A. de Musset, l'Espoir en Dieu.
Louer (le Ciel, la Providence, la Fortune). Féliciter (se).
19 Et grande, je l'ai vue à tel point innocente,
Que j'ai béni le Ciel d'avoir trouvé mon fait (…)
Molière, l'École des femmes, I, 1.
2 (Deuxième moitié XIIe). Exalter (qqn ou qqch.) pour manifester sa satisfaction et sa reconnaissance. Exalter, glorifier, remercier. || Les pauvres bénissent leurs bienfaiteurs. || Je bénis le médecin qui m'a sauvé. || Bénir un concours de circonstances. Applaudir (à).
20 Bénissant votre nom de louange immortelle.
Ronsard, Sonnets à Hélène, XLII.
21 Partout, en ce moment, on me bénit, on m'aime (…)
Racine, Britannicus, IV, 3.
22 (…) la paix, après de si longues luttes, est un si grand bien qu'on est toujours tenté d'en bénir les auteurs, eussent-ils été un peu pressés de la conclure.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. II, p. 160.
Iron. || Ah celui-là, je le bénis !
——————
bénit, ite adj.
ÉTYM. 1493; de l'anc. franç. beneit, p. p. de benëir, bénir, d'après le lat. benedictum. → Benêt, benoît.
(En parlant d'objets du culte). Qui a reçu la bénédiction du prêtre avec les cérémonies prescrites. || Pain bénit. || Médaille bénite.
23 Le pape s'était engagé à l'envoyer nonce extraordinaire à Vienne porter les langes bénits au prince dont l'impératrice accoucherait (…)
Saint-Simon, Mémoires, 457, 196.
24 (…) L'eau sainte, où trempe un buis bénit (…)
Hugo, Odes et Ballades, 14.
Loc. (XIIe, ewe benëeite). Eau bénite : eau qui a fait l'objet d'une bénédiction (d'un prêtre) et qui sert elle-même à bénir. || Se signer avec de l'eau bénite. || L'eau bénite est placée dans les bénitiers.
25 M. le Curé prit de l'eau bénite dont il aspergea le malade et le lit.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, p. 282.
Loc. Vx. Eau bénite ou eau bénite de cour : vaines protestations de service, démonstrations hypocrites.
26 Son œil tout pénitent ne pleure qu'eau bénite (…)
Mathurin Régnier, Satires, XIII.
Loc. fam. C'est pain bénit : c'est bien fait, bien mérité (cf. Vous ne l'avez pas volé).
27 Mais c'est pain bénit, certes à des gens comme vous.
Molière, l'École des maris, I, 3.
Fam. || Cul-bénit. Cul.
——————
béni, ie p. p. et adj.
1 P. p. (Au sens I).
27.1 Ô l'autre monde, l'habitation bénie par le ciel, et les ombrages !
Rimbaud, Illuminations, « Ouvriers ».
(Au sens II). || Sois béni ! || Le nom béni du Seigneur.(Formules optatives). || Soyez béni !
28 Que béni soit le ciel qui te rend à mes vœux (…)
Racine, Esther, I, 1.
29 Béni soyez-vous, mon père, qui justifiez ainsi les gens !
Pascal, les Provinciales, 4.
30 Béni de Dieu, honoré des rois, aimé des peuples, et loué même des pécheurs (…)
Fléchier, Panégyriques, II, 468.
31 Ô palais, sois béni ! sois bénie, ô ruine !
Hugo, les Rayons et les Ombres, II.
32 Mais vous Maria Favart, vous Sarah (…) soyez bénies pour avoir fait couler de vos lèvres divines, comme le miel et l'ambroisie, les vers d'Esther, de Phèdre et d'Iphigénie.
France, le Petit Pierre, 34.
2 Adj. a Qui jouit, ou semble jouir, d'une protection divine. || Un peuple béni. || Des jours heureux et bénis. || Une maison bénie, un pays béni.
Fam. Être béni des dieux : être favorisé par le sort, avoir beaucoup de chance.
b Loc. Herbe bénie. Benoîte.
REM. La distinction entre les deux formes béni et bénit, élaborée au XVIIe s., s'est imposée au XIXe s.; elle n'est cependant pas toujours appliquée comme ci-dessus : d'après le dictionnaire de l'Académie (1935), bénit s'emploie aussi comme p. p. quand il s'agit d'objets ayant reçu la bénédiction d'un prêtre (Les drapeaux ont été bénits); cet emploi semble archaïque.
DÉR. Bénissable, bénissage, bénissant, bénissement, bénisseur. — V. aussi Benêt, bénitier, benoît.

Encyclopédie Universelle. 2012.