consacrer [ kɔ̃sakre ] v. tr. <conjug. : 1>
• XII e; lat. consecrare → sacrer
1 ♦ Rendre sacré en dédiant à un dieu, une divinité (⇒ consécration). Consacrer un temple à Jupiter. Consacrer une église, un autel, un calice. ⇒ bénir. Autel consacré à la Vierge. — Consacrer un évêque (⇒ sacrer) , un prêtre (⇒ oindre, ordonner) . — Spécialt Consacrer l'hostie, le vin au cours de la messe. ⇒ consécration.
♢ Par ext. Donner, offrir à (un dieu, etc.). Consacrer un enfant à Dieu, à la Sainte Vierge. ⇒ vouer. Consacrer sa vie à Dieu (cf. Entrer en religion). — Pronom. Se consacrer à Dieu.
2 ♦ Destiner (qqch.) à un usage. ⇒ 2. affecter, appliquer, dédier, destiner, donner, vouer. Consacrer sa jeunesse à l'étude. Consacrer son énergie, son temps à une tâche. Combien de temps pouvez-vous me consacrer ? ⇒ accorder. « Je t'ai élevée, je t'ai consacré ma vie » (Chardonne). — Pronom. Se consacrer à une tâche, à une œuvre.
3 ♦ Littér. Rendre saint, sacré. Consacrer un lieu par le sang des martyrs. ⇒ sanctifier.
4 ♦ Rendre durable et faire considérer comme légitime, valable. ⇒ affermir, confirmer, entériner, ratifier, sanctionner. Consacrer un abus. — Expression consacrée par l'usage.
⊗ CONTR. Profaner, violer. Abolir, annuler, invalider. Abandonner.
● consacrer verbe transitif (latin consecrare, avec l'influence de sacrer) Dédier à Dieu ou aux dieux un lieu, un édifice, les réserver à un culte divin : Consacrer un autel. À la messe, convertir le pain et le vin en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ. Donner à un évêque la consécration. Rendre quelque chose durable, en faire une règle habituelle, le sanctionner, le ratifier : Une expression que l'usage a consacrée. Donner à quelqu'un, quelque chose une place éminente dans le public : Les critiques ont consacré cette œuvre. Employer quelque chose totalement dans un but, pour le bien de quelqu'un : Consacrer son énergie à achever un ouvrage. ● consacrer (citations) verbe transitif (latin consecrare, avec l'influence de sacrer) Juvénal, en latin Decimus Junius Juvenalis Aquinum, Apulie, vers 60 après J.-C.-vers 130 Consacrer sa vie à la vérité. Vitam impendere vero. Satires, IV, 91 Commentaire Devise de Rousseau. Profession de foi de Descartes et de Pierre Larousse. ● consacrer (synonymes) verbe transitif (latin consecrare, avec l'influence de sacrer) Dédier à Dieu ou aux dieux un lieu, un édifice...
Synonymes :
- sacrer
Contraires :
- profaner
Rendre quelque chose durable, en faire une règle habituelle, le sanctionner...
Synonymes :
- entériner
- ratifier
Donner à quelqu'un, quelque chose une place éminente dans le public
Contraires :
Employer quelque chose totalement dans un but, pour le bien de...
Synonymes :
- affecter
- destiner
- donner
- utiliser
- vouer
consacrer
v. tr.
d1./d Dédier à (une divinité). Consacrer un temple à Zeus.
|| Par ext. Offrir à Dieu. Consacrer une église.
— Consacrer le pain et le vin, les transformer en le corps et le sang du Christ, lors du sacrifice eucharistique.
d2./d Litt. Rendre sacré, saint, vénérable. Ce lieu fut consacré par le sang des martyrs.
d3./d Faire accepter de tous. L'usage a consacré ce mot.
d4./d Destiner (qqch) à. Consacrer sa vie à qqn.
d5./d v. Pron. Se vouer à.
⇒CONSACRER, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne un lieu liturgique ou non, un obj., une pers.] Revêtir d'un caractère sacré en dédiant à quelque divinité par une action rituelle. Consacrer un temple. Synon. bénir, sacrer; anton. profaner.
♦ Emploi pronom. à sens passif. Les églises se consacrent par de longues cérémonies (Lar. 19e-20e).
— Spéc. Consacrer le pain et le vin et, absol., consacrer. Opérer la transsubstantiation par le rite eucharistique :
• 1. ... prenez garde et faites attention à ce grand sacrement qu'est le mariage, de crainte qu'il ne soit profané. Ce que Dieu a créé, il le consomme en nous. Ce que nous lui sacrifions, il le consacre. Il achève le pain et le vin.
CLAUDEL, L'Otage, 1911, II, 2, p. 268.
♦ Emploi pronom. à sens passif. L'hostie se consacre avant l'élévation (LITTRÉ).
— P. ext. Faire don à Dieu, avec ou sans cérémonie :
• 2. Que pouvait-on avoir en vue, par exemple, en substituant à la fête de Napoléon, le 15 août, une procession pour célébrer le vœu de Louis XIII, qui consacre la France à la Vierge?
Mme DE STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 2, 1817, p. 211.
♦ Emploi pronom. Se consacrer à Dieu :
• 3. J'allais être sous-diacre, j'allais me consacrer à Dieu sans retour possible!
BILLY, Introïbo, 1939, p. 88.
B.— [L'obj. désigne une chose ou une pers.] Affecter à une fin déterminée et parfois exclusive. Consacrer ses forces, sa fortune, son temps, sa vie à (qqn, qqc.) :
• 4. ... lui [Pétain] voulait que toutes les forces françaises fussent consacrées à Verdun; au contraire, je tenais à ne consacrer à cette bataille d'usure (...) que le strict minimum.
JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 219.
— Emploi pronom.
1. Synon. s'adonner à, se destiner à, s'employer à, se livrer à, se vouer à :
• 5. ... Je crois aussi que cette jeunesse courageuse est la victime d'une monstrueuse erreur : elle croit, de bonne foi, se consacrer à une noble cause; en réalité, elle est simplement au service du capital...
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 341.
2. Rare. [Avec valeur réfl. du compl. indir.] Se réserver. Part de butin que les chefs se consacraient (Nouv. Lar. ill.).
C.— Littér. Rendre digne de respect, conférer un caractère presque sacré. Synon. sanctifier :
• 6. Nos prêtres saluèrent les beaux sites de l'Amérique et les consacrèrent de leur sang...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 306.
D.— [L'obj. désigne une chose ou une pers.] Conférer la célébrité, rendre durable, sanctionner. Synon. confirmer, entériner, ratifier; anton. abandonner, infirmer, invalider :
• 7. Le grand prix de littérature, en la personne de Jean Schlumberger, consacre une œuvre noble entre toutes, un peu austère sans doute, mais qui rend témoignage à la profonde vie spirituelle de notre race.
MAURIAC, Journal du temps de l'occupation, 1942, p. 331.
• 8. Ce jour-là, ce ne seraient ni la propriété ni le jeu des prix, mais un verdict des autorités sociales qui consacrerait ou destituerait les chefs d'entreprises.
PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 626.
— [L'obj. désigne un mot, une loc.] Adopter en conférant une signification particulière qu'on ne peut changer :
• 9. Je n'hésite point à consacrer ici des expressions que la religion positive doit faire déjà passer dans la circulation universelle, vu la haute importance de leur usage intellectuel, et même moral.
COMTE, Catéchisme positiviste, 1852, p. 12.
— Pronominalement, avec val. passive :
• 10. ... mon oncle, son père [à Emmanuèle], (...), venait de mourir; elle et moi nous l'avions veillé, penchés, rejoints sur ses derniers instants; il me semblait que dans ce deuil s'étaient consacrées nos fiançailles.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 519.
Prononc. et Orth. :[], (je) consacre []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1121 cunsecrer « dédier à Dieu » (PHILIPPE DE THAUN, Bestiaire, éd. E. Walberg, 3076); 1155 consacrer (WACE, Brut, 5248 ds KELLER, p. 174a); 2. 1536 « dans la religion catholique, convertir le pain et le vin en la propre substance de Jésus-Christ » (CALVIN, Instit., 1104 ds LITTRÉ); 3. p. anal. 1578 « destiner, dévouer quelque chose de manière exclusive » (H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., II, 162 ds HUG.); 1680 se consacrer « se donner tout entier » (RICH.); 4. 1641 « rendre honorable, respectable » (CORNEILLE, Horace, II, 1); 5. 1669 « ratifier, sanctionner » (RACINE, Britannicus, IV, 2). Anc. fr. cunsecrer, consecrer, empr. du lat. consecrare, class. « rendre sacré en dédiant aux dieux; reconnaître comme ayant un caractère sacré » puis passé en lat. chrét. spéc. au sens de « consacrer le pain, célébrer la messe »; consacrer sous l'infl. de sacrer. Fréq. abs. littér. :1 807. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 762, b) 1 571; XXe s. : a) 1 837, b) 2 527. Bbg. BRÉAL (M.). Notes d'étymol. B. Soc. Ling. 1910-1911, t. 16, p. 63.
consacrer [kɔ̃sakʀe] v. tr.
ÉTYM. XIIe; lat. consecrare d'après sacrer.
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1 Rendre sacré en dédiant à un dieu, à une divinité (⇒ Consécration). || Consacrer une église (→ Relique, cit. 2), un temple, un autel, un calice. ⇒ Bénir. || Consacrer un évêque (⇒ Sacrer), un prêtre (⇒ Oindre, ordonner).
1 (…) chant des litanies des Saints, pour obtenir la protection céleste sur ceux que le Pontife va « bénir, sanctifier et consacrer » (…)
Mgr Grente, les Sept Sacrements, p. 110.
♦ Spécialt. || Consacrer l'hostie, le vin au cours de la messe. ⇒ Consécration.
♦ Consacrer (qqch.) à (une divinité, un saint…) : rendre sacré en dédiant à… || Consacrer un temple à Jupiter. ⇒ Bâtir, dédier.
♦ Donner, offrir à (une divinité, un saint…). || Consacrer un enfant à Dieu, à la Sainte Vierge. ⇒ Vouer. || Consacrer sa vie à Dieu. ⇒ Religion (entrer en).
2 Les fidèles apprennent que le vrai Dieu, le Dieu d'Israël, le Dieu un et indivisible auquel ils sont consacrés par le baptême, est tout ensemble Père, Fils et Saint-Esprit.
3 (…) les païens en foule adorent Dieu et mènent une vie angélique; les filles consacrent à Dieu leur virginité et leur vie; les hommes renoncent à tous les plaisirs.
Pascal, Pensées, XI, 724.
♦ Théol. || Consacrer certains mots, pour en déterminer et fixer le sens. ⇒ Définir.
2 Consacrer (qqch.) à (un certain usage, qqn) : destiner, affecter à. ⇒ Appliquer, attribuer, dédier, destiner, dévouer, donner, sacrifier, vouer. || Consacrer sa jeunesse à l'étude. || Consacrer sa vie à un être cher, à une œuvre. || Consacrer son énergie à une tâche. || Consacrer son temps à qqn. || Combien de temps pouvez-vous me consacrer ? ⇒ Accorder.
4 Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières
Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières.
Racine, Athalie, I, 2.
5 Jamais vocation d'écrivain ne fut plus évidente; jamais vie ne fut plus entièrement consacrée à une œuvre.
A. Maurois, Études littéraires, M. Proust, t. I, p. 113.
6 (…) je t'ai élevée, je t'ai consacré ma vie, je t'ai appris le bien, je suis restée ici seule, malade, malheureuse, pour qu'il y ait auprès de toi un exemple d'honneur. Voilà ma récompense ! Tu veux me quitter, toi aussi … Vous voulez me crucifier !
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, Porcelaine de Limoges, p. 474.
3 Littér. Rendre saint, sacré, vénérable. || Consacrer un lieu par le sang des martyrs. ⇒ Sanctifier.
7 (Les lévites) Consacrèrent leurs mains dans le sang des perfides (…)
Racine, Athalie, IV, 3.
4 Rendre durable et faire considérer comme légitime, valable. ⇒ Affermir, asseoir, confirmer, entériner, ratifier, sanctionner. || Consacrer un abus. — (Sujet n. de chose). || Le temps consacre les erreurs, les préjugés. || Consacrer une coutume par l'usage.
8 Les droits de mes aïeux, que Rome a consacrés (…)
Racine, Britannicus, IV, 2.
9 (…) je suis, dans la ville des livres (Paris), en un coin désert, consacré par quatre ou cinq siècles d'héroïsmes, de labeurs, de détresses, de sacrifices, d'avortements, de suicides et de gloire.
E. Fromentin, Dominique, p. 112.
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se consacrer v. pron.
2 Fig. || Se consacrer au service de qqn. ⇒ Attacher (s'), employer (s'), livrer (se). || Elle s'est consacrée à ses enfants. || Se consacrer entièrement à une œuvre, à l'étude. || Se consacrer à une discipline particulière. ⇒ Spécialiser (se); occuper (s').
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consacré, ée p. p. adj.
1 Qui a reçu la consécration religieuse. ⇒ Saint. || Hostie consacrée. || Terre consacrée (d'un cimetière). || Jour consacré : fête liturgique. → Bannière, cit. 7. || Lieu consacré (sanctuaire, temple…). || Homme consacré : prêtre. ⇒ Oint (→ Autorité, cit. 33).
♦ Prêtre consacré à Dieu. || Autel consacré à la Vierge.
2 Fig. Attribué, réservé à. || Fonds consacré à une dépense. — Habituel, ratifié (par l'usage…). || Gloire consacrée par le temps. || Expression consacrée par l'usage. || Terme consacré, habituel (pour un emploi, dans un sens).
10 On me reproche d'avoir mis des termes de piété dans la bouche de mon imposteur (…) Il suffit (…) que j'en aie retranché les termes consacrés dont on aurait eu peine à lui entendre faire un mauvais usage.
Molière, Tartuffe, Préface.
11 (…) elle (la mémoire de Turenne) est consacrée à l'immortalité (…)
Mme de Sévigné, 431, 16 août 1675.
12 (…) les résultats acquis et les conquêtes faites, bourgeois, soldats, prêtres jureurs, ouvriers, paysans, tous ne souhaitent plus que de les voir consacrés, assis, assurés à jamais par un gouvernement fort (…)
Louis Madelin, De Brumaire à Marengo, IV, p. 54.
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CONTR. Profaner, violer. — Abolir, annuler, défaire, invalider. — Abandonner.
DÉR. Consacrant. — V. Consécration.
Encyclopédie Universelle. 2012.