balancer [ balɑ̃se ] v. <conjug. : 3> I ♦ V. tr.
1 ♦ Mouvoir lentement tantôt d'un côté, tantôt d'un autre. Balancer les bras, les hanches (⇒ onduler) en marchant. Balancer un enfant pour l'endormir. ⇒ bercer. Les vagues balancent les navires à l'ancre. ⇒ ballotter. Balancer l'encensoir. « Les hélices des ventilateurs bourdonnaient sans répit, balançant les pendeloques des lustres, les palmes des plantes vertes » ( Martin du Gard).
2 ♦ (XIIe, repris XIXe pop.) Fam. Jeter (avec un mouvement de balancement, de bascule). ⇒ jeter. Balancer un objet par la fenêtre. ⇒ envoyer. — Balancer une gifle à qqn.
♢ Par anal. Faire passer, communiquer (une information). Ils ont balancé la nouvelle au journal de vingt heures.
3 ♦ Fig. et fam. Se débarrasser de qqch. ou de qqn. ⇒ jeter, rejeter. Il a balancé ses vieux vêtements. Il veut balancer son employé. ⇒ congédier, renvoyer; fam. lourder, virer.
4 ♦ Arg. Dénoncer. ⇒ donner; 2. balance. Ils l'ont balancé aux flics.
5 ♦ Mettre en équilibre. ⇒ équilibrer. Mar. Balancer une cargaison. — Peint. Balancer une composition. — Style Balancer ses phrases. — Comptab. Balancer un compte : rendre égales les sommes du crédit et du débit en ajoutant un solde à la moins élevée.
6 ♦ Fig. et vieilli Mettre en balance. ⇒ comparer, examiner, opposer, peser. Balancer le pour et le contre. « Tout bien balancé » (Boileau).
7 ♦ Fig. et vx Faire équilibre à. ⇒ équilibrer; compenser, contrebalancer. « Il n'existe pas dans la création une loi qui ne soit balancée par une loi contraire » (Balzac).
II ♦ V. intr. Fig. et littér.
1 ♦ Être incertain, pencher d'un côté puis de l'autre. ⇒ hésiter, tergiverser; Suisse balan. Il balançait encore et ne pouvait se décider. « J'aurais fait sans balancer le sacrifice de mes jours à ces nobles sentiments » (Chateaubriand).
2 ♦ Fam. Ça balance ! il y a du rythme (d'une musique).
III ♦ SE BALANCER v. pron.
1 ♦ Se mouvoir alternativement d'un côté et de l'autre. ⇒ osciller. Ne te balance pas sur ta chaise. Un navire qui se balance. ⇒ rouler, tanguer. — Être sur une balançoire en marche. Pousser un enfant qui se balance.
2 ♦ (1914) Fam. S'EN BALANCER : s'en moquer. Si tu savais comme je m'en balance ! ⇒ 1. foutre (s'en foutre).
⊗ CONTR. Décider , trancher.
● balancer verbe transitif (de balance) Faire osciller quelque chose, une partie du corps, quelqu'un, en leur imprimant un mouvement qui les porte alternativement de part et d'autre d'une position d'équilibre : Le vent balance la cime des pins. Faire équilibre à quelque chose, le contrebalancer : Les avantages balançaient les inconvénients. Équilibrer harmonieusement les éléments d'une composition, d'un discours ; rythmer : Orateur qui balance ses périodes. Familier. Envoyer, lancer quelque chose à une certaine distance : Balancer un objet par la fenêtre. Populaire. Se débarrasser de quelque chose ; congédier brutalement quelqu'un : Balancez-moi ces paperasses inutiles ! Le directeur voulait le balancer. Populaire. Appliquer, allonger un coup à quelqu'un, ou lancer à son adresse un propos acerbe ou déplacé : Il lui a balancé une gifle. Populaire. Dénoncer quelqu'un à la police. Familier. En parlant d'un coureur cycliste, forcer un adversaire à se déporter et à serrer le trottoir. Réaliser le balancement des marches d'un escalier. Équilibrer le total des débits et des crédits d'un compte en portant le solde approprié. ● balancer (difficultés) verbe transitif (de balance) Conjugaison Le c devient ç devant o et a : je balance, nous balançons ; il balança. ● balancer (synonymes) verbe transitif (de balance) Faire osciller quelque chose, une partie du corps, quelqu'un, en leur...
Synonymes :
- branler
Faire équilibre à quelque chose, le contrebalancer
Synonymes :
Populaire. Se débarrasser de quelque chose ; congédier brutalement quelqu'un
Synonymes :
- bazarder (populaire)
- envoyer paître (populaire)
Populaire. Appliquer, allonger un coup à quelqu'un, ou lancer à son...
Synonymes :
- flanquer (populaire)
● balancer
verbe intransitif
Hésiter entre deux partis, être indécis : Balancer entre l'action et l'abstention.
● balancer (expressions)
verbe intransitif
Familier. Ça balance, cet air a du rythme.
● balancer (synonymes)
verbe intransitif
Hésiter entre deux partis, être indécis
Synonymes :
- flotter
- osciller
- vaciller
Contraires :
- décider
- se déterminer à
balancer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mouvoir, agiter par balancement. Balancer les bras.
d2./d Fig. Faire un examen comparatif de. Balancer le pour et le contre.
|| Spécial. Balancer un compte: réaliser l'équilibre entre débits et crédits.
d3./d Compenser. Son gain balance ses pertes.
d4./d Fam. Lancer (qqch).
d5./d Par ext., Fam. Jeter (qqch); renvoyer (qqn).
|| Arg. Dénoncer (qqn).
rII./r v. intr. être en suspens, hésiter. Balancer entre l'espoir et la crainte.
rIII/r v. Pron.
d1./d S'incliner alternativement d'un côté et de l'autre. Fleurs qui se balancent au gré du vent. Syn. (Québec) bercer.
d3./d Fam. S'en balancer: s'en moquer.
⇒BALANCER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— [Renvoie au principe d'équilibre de la balance]
1. [Avec une idée de balancement] Imprimer un mouvement alternatif de part et d'autre d'un point fixe visible ou supposé
a) [Le suj. est un animé]
— [L'obj. est un inanimé] :
• 1. À trois pas d'elle, assis sur une chaise qu'il balançait d'un mouvement saccadé, appuyant son coude à un vieux meuble vermoulu, un grand garçon de vingt à vingt-deux ans la regardait d'un air où se combattaient l'inquiétude et le dépit; ...
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 25.
• 2. Des peintres balançaient leurs pots à couleur; un zingueur rapportait une longue échelle, dont il manquait d'éborgner le monde; tandis qu'un fontainier, attardé, avec sa boîte sur le dos, jouait l'air du bon roi Dagobert dans sa petite trompette, un air de tristesse au fond du crépuscule navré.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 765.
• 3. Cependant, autour de la nappe, Marie-Ange se dépensait, se distribuait les rôles, faisait le suisse, faisait le prêtre, faisait la veuve, faisait tout. Elle balançait un encensoir imaginaire, secouait le goupillon, le passait à la petite Cendrine, qui le passait à Jean-Noël.
DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 94.
— [L'obj. est une partie du corps d'un être vivant] Balancer la tête, les hanches :
• 4. Les autres membres du jury balançaient lentement leur menton dans leur gilet, en signe d'approbation.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 166.
b) [Le suj. est un inanimé, le plus souvent un arbre, une branche, etc.] :
• 5. Sur le sable éclatant, plus jaune que l'orange,
Les grands pins balançant leur large parasol
Avec l'ombre agitaient leur silhouette étrange.
T. GAUTIER, Poésies, Pétrarque, 1872, p. 205.
• 6. Devant la fenêtre, Albert regardait les feuillages éteints par la nuit; les arbres balançaient leurs cimes noires sur un fond gris clair et comme humide.
CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 313.
c) Au fig. Mettre en balance, peser, comparer; p. ext. égaler :
• 7. D'un autre côté, l'homme a continuellement besoin d'échanger ses produits; incapable de balancer des valeurs sous des espèces différentes, il se contente d'en juger par approximation, selon sa passion et son caprice; et il se livre à un commerce infidèle, dont le résultat est toujours l'opulence et la misère.
PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 321.
• 8. Souvent des personnes de qualité les demandaient pour donner la comédie en leur hôtel, à l'occasion de quelque fête ou régal, à des dames curieuses de voir ces acteurs qui balançaient ceux de l'hôtel de Bourgogne et de la troupe du Marais.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 356.
2. [Sans idée de balancement]
a) Vieilli. Tenir en équilibre. Un danseur de corde qui ne balance pas bien son corps est en danger de tomber (Ac. 1798-1932).
— Au fig. Faire équilibre (à), compenser, équilibrer :
• 9. ... sous Philippe Le Bel, les hommes libres du tiers-état, alors en petit nombre, puisqu'il y avait encore beaucoup de serfs, ont été associés aux deux autres ordres, les rois n'ont pu se servir d'eux pour balancer le pouvoir, sans les reconnaître pour citoyens : ...
Mme DE STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 1, 1817, p. 110.
• 10. ... mais cela ne prouve pas que les destructions ne balancent pas les créations, cela prouve seulement que les destructions, étant souvent brutales et sautant tous les échelons, sont moins intéressantes pour la science.
RUYER, Esquisse d'une philos. de la structure, 1930, p. 313.
• 11. Mais dans cette œuvre de compromis deux traits sont évidents : le premier est que, selon l'expression même du rapporteur général de la constitution, la ligne générale de ces compromis est de balancer le pouvoir, c'est-à-dire l'Assemblée Nationale, par des « magistratures morales ».
G. VEDEL, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel, 1949, p. 581.
Rem. En ce sens, on emploie plus volontiers auj. le composé contrebalancer :
• 12. Cependant Morel signalait en même temps les faiblesses qui contrebalançaient ces avantages : manque de cohésion de ces bibliothèques, défaut d'un programme d'ensemble qui leur eût donné leur pleine valeur, bibliothèques parfois multiples pour une même science, ...
La Civilisation écrite, 1939, p. 4809.
• 13. Néanmoins, quand les danses magiques sont utilisées comme moyens de propitiation, il s'agit de rendre favorable d'une façon très générale et assez vague, soit tout le peuple des esprits, soit une catégorie d'esprits, soit même un seul esprit assez puissant, alors, pour contrebalancer, par sa protection, les maléfices de tous les autres.
J. CUISINIER, La Danse sacrée en Indochine et en Indonésie, 1951, p. 115.
b) Emplois techn.
— COMPTAB. Balancer un compte. Mettre en équilibre, rendre égaux le crédit et le débit.
— MUS., LITT., PEINT. Balancer des notes, ses phrases, des masses, des volumes, etc. Équilibrer les parties d'une composition pour former un ensemble harmonieux :
• 14. D'autres suent sang et eau pour balancer leurs phrases, pour limer leurs mots et arriver à la musique, à la couleur, au mouvement; lui [T. Gautier], laissait courir sa plume, et il n'en tombait que des perles tout enfilées.
ZOLA, Documents littér., Ét. et portraits, 1881, p. 109.
• 15. ... les instruments à cordes balancent gravement les notes sourdes du glas...
A. PIRRO, Jean-Sébastien Bach, 1919, p. 103.
• 16. Il trouvait son ton à lui, éloquent, sentencieux et fier. Ce genre dans lequel il travaillait, le discours d'académie, comportait bien des servitudes : il arrondissait ses périodes, combinait les arguments, balançait les paragraphes, enchaînait les anecdotes. Mais à travers tout cela la première inspiration menait le train.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des « Confessions », 1948, p. 287.
♦ Balancer les lignes. ,,Veiller à l'harmonie des lignes dans un tableau`` (HUGUES, Expr. d'atelier).
B.— Imprimer le mouvement de va-et-vient d'une balançoire :
• 17. J'éprouve ce soir la lassitude — mais cette fois particulièrement agréable — consécutive à un accès de fièvre de plusieurs jours, et, encore inapte en fin de journée à un effort soutenu, jouissant d'ailleurs d'une langueur que la dictée balancera (au sens de ce jeu de la balançoire que l'on goûte tant lorsqu'enfant) je cède à la tentation du journal.
DU BOS, Journal, 1928, p. 90.
• 18. Je te laisse sur l'escarpolette où la main de ton fiancé te balancera pour le plaisir de ses yeux entre tes deux idées de la mort, entre l'enfer d'ombres muettes et l'enfer bruissant, entre la poix et le néant.
GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, III, 4, p. 195.
C.— Pop. ou arg.
1. Lancer, jeter avec un mouvement de balancement. Balancer des grenades :
• 19. Y a des soirs, Antoine, il devenait quelquefois si furieux à propos des sous, qu'il menaçait de lui balancer son bocal à travers la gueule... je croyais chaque fois qu'il s'en irait... et puis pas du tout!...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 197.
— P. anal. Balancer une gifle, un coup d'œil :
• 20. Le patron et Sabotier n'avaient pas encore rejoint leur place. Jacques se vit donc obligé de balancer quelques boniments à Madame Baponot du genre vous aimez le cinéma ou bien qu'est-ce qui joue dans le prochain film vous l'aimez moi pas beaucoup.
QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 112.
♦ Balancer une lazagne. Envoyer une lettre.
— [Avec une idée de violence] Balancer la lourde. Pousser, enfoncer la porte.
♦ [Chez les coureurs cyclistes] Bousculer pour faire perdre l'équilibre :
• 21. Je remonte l'Anglais entre les deux. Arrivé à sa hauteur, il me balance et je suis forcé de le repousser de la main.
L'Auto, 22 août 1934, p. 4 (A.-O. Grubb, French sports neologisms, 1937, p. 17).
2. Au fig. Se défaire de quelque chose ou de quelqu'un, s'en débarrasser, s'en désintéresser. Avoir envie de tout balancer, balancer sa maîtresse :
• 22. Je balancerai les deux affaires et j'en chercherai d'autres, car, plus je vais, plus une voix intérieure me dit qu'en affaires il ne faut pas se presser.
BALZAC, Lettres à l'étrangère, t. 2, 1850, p. 140.
• 23. « J'ai conservé provisoirement les anciens employés; quand ils auront formé les patriotes, nous les balancerons. » (Delahodde, 1850).
LARCHEY 1872, p. 39.
♦ Balancer la cavalerie. Dénoncer, moucharder. Balancer qqn. Le dénoncer.
II.— Emploi intrans.
A.— Être animé d'un mouvement d'oscillation :
• 24. Au jardin quelque pomme roulait sur les buis d'où sortaient les limaçons et la branche balançait en s'égouttant.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 61.
— Spécialement
1. CHORÉGR. Exécuter un balancé (cf. balancé III).
2. ÉQUIT. [En parlant d'un cheval] Se dandiner en cadence en jetant alternativement de côté et d'autre soit l'avant-main, soit l'arrière-main (d'apr. GITEAU 1970).
B.— Au fig. Être dans l'incertitude; hésiter. Balancer dans, balancer sur :
• 25. C'est une vieille traduction d'un vieil auteur en vieux français, que j'ai complétée de quelques pages et réimprimée, non pour le public, mais pour mes amis amateurs de ces éruditions, et sans balancer j'en ai destiné le premier exemplaire à M. de Humboldt.
COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1810, p. 819.
• 26. Dans son trouble extrême, l'honnête jeune homme alla consulter M. l'abbé Germot, son directeur, qui, touché de sa vertu, ne balança pas à lui ordonner de rester à Paris et d'entreprendre la conversion de Lamiel.
STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 202.
• 27. Hulot n'hésitait pas, son parti de refuser était pris; mais, pour remercier la bonne et excellente cantatrice qui faisait le bien à sa manière, il eut l'air de balancer entre le vice et la vertu.
BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 324.
• 28. Tout à l'heure, je balançais entre deux avis : je m'interrogeais si nous étions vraiment devenus pires, ou seulement plus véridiques, et comme plus nus devant nos esprits, et tels quels.
VALÉRY, Variété 4, 1938, p. 182.
Rem. Diverses constr. sont possibles : absol. (ex. 25); prép. (entre + subst. ex. 27, 28); (à + inf. ex. 26).
III.— Emploi pronom.
A.— [Renvoie à I A]
1. [Le suj. est un animé] Se mouvoir alternativement d'un côté et de l'autre :
• 29. ... Aline apprenait des rondes aux petites, elle, dressée au centre, les bras élevés en lyre au-dessus de sa tête, se balançait et tournait sur elle-même de plus en plus vite, ...
CHARDONNE, Les Destinées sentimentales, Porcelaine de Limoges, 1936, p. 187.
• 30. Le ton était frémissant, contenu. Mais le jeune homme affectait une certaine indifférence, se balançait d'une jambe sur l'autre, et il ne la pressait pas trop de répondre.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 411.
• 31. Les yeux fermés, droites pourtant, elles [les jeunes noires] se balançaient légèrement d'avant en arrière, sur la pointe de leurs pieds, presque sur place.
CAMUS, L'Exil et le royaume, 1957, p. 1675.
2. [Le suj. est un inanimé]
a) Être animé d'un mouvement d'oscillation :
• 32. La mer se retourne dans son lit, les blés se balancent sous le vent, les caravanes passent, la poussière s'envole, les cités s'écroulent; — et mon regard, que rien ne peut dévier, demeure tendu à travers les choses sur un horizon inaccessible.
FLAUBERT, La Tentation de st Antoine, 1874, p. 189.
• 33. Les grands ormes qui croissent à la proue de l'Île Saint-Louis se balançaient doucement ainsi que des mâtures.
DRUON, Rendez-vous aux enfers, 1951, p. 27.
• 34. Il me renversa doucement sur la bâche. Nous étions inondés, glissants de sueur, maladroits et pressés; le bateau se balançait sous nous régulièrement. Je regardais le soleil juste au-dessus de moi.
F. SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 136.
b) Flotter, ondoyer dans l'air :
• 35. Six bulles du Potomak éclatèrent au contact les unes des autres. Quatre se balancèrent, puis, atterrissant, s'anéantirent après une série de petits sauts.
COCTEAU, Le Potomak, 1919, p. 307.
• 36. ... tandis qu'en haut de la muraille se balance l'odeur des lilas...
TOULET, Almanach des trois impostures, 1920, p. 5.
— Au fig. :
• 37. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet, et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace.
CAMUS, Noces, 1938, p. 18.
B.— Au fig.
1. Se trouver dans l'incertitude :
• 38. [À sa sœur :] ... Elles [certaines situations] ont quelque chose de heurté et d'inflexible qui jette dans un étonnement où l'esprit en vertige se balance et ne se fixe pas. La mer est partout, le port nulle part, et l'imagination, maîtresse d'erreurs, agite l'ensemble dans un vide énorme et démesuré.
RENARD, Correspondance, 1883-1910, p. 33.
2. S'équilibrer, se compenser.
a) Dans la lang. cour. Se faire équilibre :
• 39. D'un autre côté, nous voyons les organes partager les affections les uns des autres, entrer en mouvement de concert, s'exciter mutuellement, ou se balancer et se contrarier dans leurs fonctions respectives.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 399.
• 40. Louvois combattit de toute son influence celle de Colbert; mais, sous Louis XIV, deux ministres ne pouvaient que se balancer et non l'emporter définitivement l'un sur l'autre.
BALZAC, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 152.
b) Spécialement
— COMPTABILITÉ
♦ Se compenser :
• 41. MME DE TREMBLE. — ... je ne sais pas comment cela se fait... j'ai beau faire des économies... réduire mes dépenses... À la fin de l'année, ça ne se balance pas... Enfin, j'ai un passif.
E. LABICHE, Un Mari qui lance sa femme, 1864, II, 8, p. 428.
♦ Se solder :
• 42. [Le jeune notaire :] — ... le contrat se balance par une perte des quatre cent mille francs à votre charge et au profit des enfants.
BALZAC, Le Contrat de mariage, 1835, p. 288.
— LITT., MUS., PEINT. [En parlant des parties d'une compos.] Se répondre harmonieusement :
• 43. Quel magicien du rythme et du mouvement il [Villon] s'affirme (...) avec cet incomparable huitain où la sensibilité jointe à la cadence des mots, l'équilibre de la construction, l'abréviation des formes, de l'image, se balancent dans la perfection.
F. CARCO, Nostalgie de Paris, 1941, p. 111.
3. Se livrer au mouvement de la balançoire (cf. I B) :
• 44. Et le mari écoute ça! Il a l'air un peu idiot. Elles se balancent sur un rocking-chair, à qui lèvera les jambes le plus haut.
RENARD, Journal, 1898, p. 486.
• 45. Lorsque, un peu plus tard, je lus Les Orientales, c'est elle que j'imaginais, « belle d'indolence », se balancer dans le hamac. Elle était bizarrement vêtue, et l'échancrure de son corsage laissait voir une gorge formée.
GIDE, Geneviève, 1936, p. 1352.
C.— Pop. S'en balancer. Ne faire aucun cas de (cf. I C) :
• 46. Je dis, cria Mathieu [à Longin], que tu peux boire tant que tu veux : je m'en balance.
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 108.
• 47. [Nadine à Henri :] Il paraît que Marconi a des disques dernier cri; moi, je m'en balance, mais tu prétends que tu aimes le jazz.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 147.
PRONONC. :[], (je) balance [].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1165 trans. « faire mouvoir de côté et d'autre » (CHR. DE TROYES, G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 2320 dans T.-L. : L'une onde a l'autre la balance [la nef] Si com an joe a la pelote); 1539 pronom. se balancer « se mouvoir dans un mouvement d'oscillation (en partic. pour un oiseau de proie, rester immobile dans l'air) » (EST. : L'aigle se balance d'en hault); 1914 arg. s'en balancer « ne faire nul cas de qqc. » (ESN. Poilu 1919, p. 59); 2. ca 1175 trans. « jeter, lancer (avec un mouvement de balancement) » (CHR. DE TROYES, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 534 dans T.-L. : prant la lance, Anmi la sale la balance) — début XIVe s. B. de Sebourc, ibid.; repris au même sens en arg. 1821 (ANSIAUME, Argot en usage au Bagne de Brest, f° 5 v°, § 17), p. ext. 1844 « se débarrasser de qqn » (Dict. complet de l'argot employé dans les Mystères de Paris dans SAIN. Sources t. 2, p. 196); d'où 1929-34 arg. « dénoncer » (A.-L. DUSSORT, Mémoires); 3. fin XIIe s. intrans. fig. « hésiter, mettre en balance deux partis » (BLONDEL DE NESLE, Chansons, éd. L. Wiese I, 3 dans T.-L. : Soupris sui d'amours ou mes cuers balance); 4. début XIIIe s. trans. « peser » (RAIMBERT DE PARIS, Ogier le Danois, éd. J. Barrois, 1500, ibid. : vos formages conter e balancher); XVIe s. fig. « mettre en équilibre, peser » (DU BELLAY, VI, 25 dans LITTRÉ : Ballancer tous ses mots, respondre de la teste, Avec un Messer non ou bien un Messer si).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 726. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 790, b) 2 492; XXe s. : a) 2 353, b) 2 203.
BBG. — DUCH. 1967, § 37. — KUHN 1931, p. 73, 230. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 387.
balancer [balɑ̃se] v. tr. et intr. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. Fin XIIe; de balance.
❖
———
I V. tr.
1 Mouvoir tantôt d'un côté, tantôt d'un autre. ⇒ Agiter, aller (faire aller et venir), mouvoir, osciller (faire osciller), remuer. || Balancer alternativement les bras et les jambes. || Cet enfant ne cesse de balancer ses jambes, sa tête. ⇒ Brandiller (vx), dandiner. || Balancer les hanches, le derrière en marchant. ⇒ Onduler, tortiller. || Balancer doucement la tête. ⇒ Bercer, dodeliner (la tête, un enfant). — (Sujet n. de chose). || Les vagues balancent les navires à l'ancre. ⇒ Ballotter.
1 Le magnolia n'a d'autre rival que le palmier, qui balance auprès de lui ses éventails de verdure.
Chateaubriand, Atala, Prologue.
2 (…) il balançait sa tête avec une insouciance de napolitain.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, 4, p. 48.
3 Dans sa couche enfantine il erre au gré du vent;
L'eau le balance, il dort, et le gouffre mouvant
Semble le bercer dans sa tombe.
Hugo, Odes, III, IV, 3.
4 Et du fond des boudoirs les belles indolentes
Balançant mollement leurs tailles nonchalantes (…)
A. de Musset, À la Mi-Carême.
5 Elles balançaient leurs hanches mollement, au son du gong, tenant leurs mains en l'air et leurs doigts écartés comme des fantômes.
Loti, Mon frère Yves, XXVIII, p. 93.
6 Au plafond, les hélices des ventilateurs bourdonnaient sans répit, balançant les pendeloques des lustres, les palmes des plantes vertes, et soulevant autour des couples de danseurs, le pan des écharpes de mousseline.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 92.
♦ Par ext. Mar. || Balancer les machines, leur faire effectuer quelques minutes d'essai en avant, puis en arrière.
2 a Fam. Jeter (avec un mouvement de balancement, de bascule). ⇒ Jeter. || « Balancer arrive au sens de jeter parce qu'on balance le bras avant de lancer un objet au loin » (Dauzat, Argot de la guerre, p. 155). || « Qu'est-ce qu'ils nous ont balancé comme marmites ! » (Bauche). ⇒ Envoyer. — REM. Ce sens que la langue populaire a fait renaître est l'un des plus anciens du verbe. On le trouve dès le XIIe s. Cf. Littré qui donne également cet exemple du XIVe s. (dont nous modernisons l'orthographe) :
7 (Les Anglais) Ont par-dessus Français
Jeté et balancé
Chaude eau, vive chaux et aussi poix bouillie.
♦ Fam. || Balancer une gifle, un coup de poing à qqn.
♦ Par anal., fam. Faire passer, communiquer (une information). || « L'information a été “balancée” immédiatement sur l'antenne dans ce pays où la plupart des citoyens sont habitués à garder jalousement leurs secrets » (l'Express, no 1372, 24 oct. 1977). ⇒ Envoyer. || Balancer des blagues. || Qu'est-ce qu'il a pu balancer comme vannes ! — (Le compl. est une proposition). ⇒ Dire.
7.1 Personne ne doit savoir, personne ne doit pouvoir balancer combien j'aime Maria. Dans une taule collective, il faut cacher ses amitiés plus soigneusement que ses haines.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 116.
b Fig. Se débarrasser de (qqch., qqn). ⇒ Rejeter. || Il a balancé toutes ses vieilleries. ⇒ Bazarder (fam.). || Il a balancé cet employé. ⇒ Balayer, congédier, renvoyer; balanstiquer (argot), lourder, virer. || Il a balancé sa maîtresse; il s'est fait balancer. ⇒ Larguer, plaquer (fam.).
7.2 — Jamais tu ne me feras croire que Silien ne m'a pas balancé (…)
— Ah ! bon ?… Mais à qui crois-tu devoir ta libération ?
7.3 Le mec s'est bien comporté. Il ne connaissait que moi, mais il ne m'a pas balancé.
Henri Charrière, Papillon, p. 264.
3 Didact. ou littér. Mettre en équilibre. ⇒ Équilibrer.
♦ Mar. || Balancer la voilure : équilibrer les voiles, les disposer de telle sorte que le vent ne fasse pas pencher le navire d'un côté plus que de l'autre. || Balancer une cargaison.
♦ Art. || Balancer une composition, des masses… pour qu'elles forment un ensemble harmonieux.
♦ Par anal. || Balancer ses phrases, en parlant d'un écrivain. || Bossuet balance admirablement ses phrases. || Il balance si exactement ses phrases qu'elles s'annulent (cit. 5) les unes les autres.
♦ Compt. || Balancer un compte : rendre égales les sommes du crédit et du débit en ajoutant un solde à la moins élevée. ⇒ Balance, solde.
4 Fig., vx. Mettre en balance. ⇒ Comparer, opposer, peser. || Balancer le pour et le contre, les avantages et les inconvénients… || Après avoir tout balancé, on résout… (Littré).
8 Il se juge en autrui, se tâte, s'étudie,
Examine en secret sa joie et ses douleurs,
Les balance, choisit, laisse couler des pleurs (…)
Corneille, Pompée, III, 1.
9 Mais, tout bien balancé, j'ai pourtant reconnu
Que de ces contes vains le monde entretenu
N'en a pas de l'hymen moins vu fleurir l'usage (…)
Boileau, Satires, X.
5 Fig. (vx ou littér.). Faire équilibre à… ⇒ Compenser, contrebalancer, corriger, égaler (en importance), équilibrer. || Force qui balance une force contraire. ⇒ Neutraliser.
10 Les bienfaits dans un cœur balancent-ils l'amour ?
Racine, Bajazet, III, 7.
11 La joie que l'on reçoit de l'élévation de son ami est un peu balancée par la petite peine qu'on a de le voir au-dessus de nous.
La Bruyère, les Caractères, IV, 51.
11.1 Cette pensée désolante m'accable à un point que j'en mourrais, si je n'étais pas persuadée que vous m'aimez. Mais une si douce consolation balance mon désespoir et m'attache à la vie.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. II, p. 33.
12 Condillac ne peut seul balancer Locke, Descartes, Malebranche et Leibnitz (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, III, II, 3.
13 Il n'existe pas dans la création une loi qui ne soit balancée par une loi contraire : la vie en tout est résolue par l'équilibre de deux forces contendantes.
Balzac, Physiologie du mariage, Pl., t. X, p. 672.
♦ Les recettes ne balancent pas les dépenses. ⇒ Couvrir.
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II V. intr.
1 Vx. Osciller.
♦ Danse. « Osciller sans fléchissement d'avant en arrière et d'arrière en avant, les pieds servant de pivots » (M. Bourgat). ⇒ Balancé.
2 Fig. (vieilli ou littér.). Être incertain, pencher d'un côté puis de l'autre. ⇒ Hésiter; flotter, vaciller. || « On hésite devant un obstacle; on balance entre divers objets. En général, celui qui balance a plusieurs partis à prendre; celui qui hésite peut n'en avoir qu'un » (Littré).
14 Balancer, c'est mettre deux choses dans la balance, en comparer le poids, examiner laquelle l'emporte sur l'autre, chercher à s'éclairer sur leur valeur relative (…)
Hésiter c'est ne pouvoir se résoudre, ne pouvoir prendre sur soi de faire une chose. Balancer marque l'incertitude, et hésiter l'irrésolution. Quand vous balancez, vous ne savez que faire; quand vous hésitez, vous n'osez pas faire (…)
Lafaye, Dict. des synonymes, Balancer, hésiter.
15 Partout où est l'infini, et où il n'y a point infinité de hasards de perte contre celui du gain, il n'y a point à balancer, il faut tout donner.
Pascal, Pensées, t. II, p. 151.
16 J'ai balancé (…) entre l'impatience de donner à mon livre plus de rondeur (…) et la crainte de faire dire (…)
La Bruyère, les Caractères, Introd.
17 Ce n'est pas que mon cœur (…)
alance pour t'offrir un encens qui t'est dû (…)
Boileau, Disc. au roi.
18 Un de ces jeunes gens dit : s'il fallait prendre des libertés avec la reine ou avec Mme Scarron, je ne balancerais pas, j'en prendrais plutôt avec la reine (…)
19 Je flotte, je balance entre trois femmes charmantes : loin de m'être déclaré, je ne suis pas encore fixé moi-même.
Louis Picard, le Capitaine Belronde, I, 4.
20 J'aurais fait sans balancer le sacrifice de mes jours à ces nobles sentiments, qui seuls donnent du prix à la vie et de la dignité à la mort.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, II, 5.
21 Elle réprima sa répugnance, et, sans balancer davantage, s'y rendit (à cette adresse).
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 53.
21.1 Il ne balance pas un instant, il n'hésite pas une minute; et il montre par là combien peu comptent toutes les barrières qui pourraient lui être opposées.
A. Artaud, le Théâtre et son double, Idées/Gallimard, p. 39.
♦ Vx. (Choses). Rester, demeurer en suspens.
22 Le général accoutumé à une victoire prompte, étonné de la voir balancer si longtemps (…)
Massillon, Oraison funèbre du prince de Conti.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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balancé, ée p. p. adj.
1 Qui balance, se balance. || Trot balancé. || Démarche balancée. ⇒ Chaloupé.
2 Équilibré, harmonieux. || « Les phrases balancées de Chateaubriand » (Sartre). — ☑ Fam. (personnes). Bien balancé : bien bâti, bien fait. || Une femme rudement bien balancée.
3 Tout bien balancé… (→ ci-dessus, cit. 9).
23 Il faut vous présenter les hommes balancés entre la damnation et la rédemption.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, XVIII.
24 Un gouvernement informe, instable, une organisation politique primitive, balancée entre la démocratie et l'oligarchie (…)
J. Bainville, Hist. de France, I.
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se balancer v. pron.
1 Se mouvoir alternativement d'un côté et de l'autre. ⇒ Osciller. || Le bateau se balance. ⇒ Rouler, tanguer. || Cette femme se balance trop en marchant (Académie). ⇒ Dandiner (se), onduler, tortiller (se). || Se balancer sur ses jambes, d'une jambe sur l'autre (⇒ Vaciller, tituber).
25 Une ou deux voiles à l'horizon qui se balançaient sur des collines écumeuses.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 3.
26 Par moments, les palmiers se balancent comme pour secouer la poussière du jour.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, III.
27 Elle s'avançait en se balançant sur ses hanches, comme une pouliche des haras de Cordoue.
Mérimée, Carmen, III.
28 (…) la mélodie, comme incertaine, semblait se balancer quelque temps, flotter entre le rire et les larmes, pour s'épanouir enfin dans une région supérieure où la joie et la douleur n'existent plus.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 269.
♦ Se balancer sur sa chaise, une berceuse, un rocking-chair, une balançoire, une escarpolette. — Être sur une balançoire en mouvement. || Pousser un enfant qui se balance.
2 Être compensé, être égal. || Pour que les recettes et les dépenses se balancent. || Les avantages et les inconvénients se balancent.
♦ Comptab. || Le compte se balance par telle somme au crédit ou au débit. ⇒ Solde.
29 — Il faudra faire nos comptes, dit-il à demi-voix.
Certainement, ce soir, murmura-t-elle. D'ailleurs, ça doit se balancer. J'ai déjeuné avec toi quatre fois, n'est-ce pas ? mais je t'ai prêté cent sous, la semaine dernière.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 168 (1875).
3 Art, littér. S'équilibrer, se correspondre, se faire pendant. || Ces groupes, ces masses, ces phrases se balancent (→ ci-dessus, balancé).
4 ☑ (1914). Fam., cour. S'en balancer : s'en moquer.
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CONTR. Arrêter, immobiliser. — Décider. — Déterminer (se déterminer à).
DÉR. Balançage, balançant, balancé, balancement, 2. balancier, balancine, balançoire, balanstiquer.
COMP. Antibalançant.
Encyclopédie Universelle. 2012.